Amiral. M
J’avais entendu des histoires à propos de son grand père lorsque j’étais enfant, et j’ai eu le sentiment que Jacen Solo suivait le même chemin. Vador aussi appréciait d’avoir une élite militaire à ses côtés. Et parfois la fin justifie les moyens.
Nous nous attendions à des protestations de la part des médias et des groupements de défense des droits civils lors de notre annonce de la formation d’une garde de l’Alliance Galactique destinée à faire face à cette nouvelle menace contre la sécurité publique. Je n’étais en revanche pas tout à fait préparé à m’entendre qualifier de nouveau Palpatine.
— Chef d’État Omas, Mémoires
Arrivée au dernier repère. Pare à tirer. » L'enseigne de vaisseau Cardones parlait à mi-voix, les yeux étrécis, le regard concentré sur son écran de visée. Sa main droite avança doucement, son index se posa légèrement sur le gros bouton carré au centre de sa console d'armement, tandis que la main de son officier supérieur restait au-dessus du panneau des doubles commandes.
« Attention... feu! »
L'index de Cardones s'abaissa brutalement et une vive lumière envahit son affichage quand la touche générale de tir s'enfonça. Une seconde s'écoula, puis l'écran s'illumina de nouveau, pour afficher cette fois une estimation des coups au but.
Cardones se redressa et essuya la sueur qui lui couvrait le front, les épaules raides et douloureuses de tension au bout de quarante-cinq minutes d'exercices tactiques. Il avait presque peur de regarder les résultats, mais il se ressaisit pour s'obliger à poser les yeux sur l'écran – et la surprise lui fit battre des paupières. Quatre-vingt-trois pour cent sur les armes à énergie, nom de Dieu!
Et presque aussi bien sur les missiles : trois coups sur cinq tirés !
« Excellente exécution », dit une voix sombre ; il pivota soudain et trouva Jagged Fel debout à ses côtés. Il n'était pas encore tout à fait habitué à sa façon silencieuse de se déplacer et il ne s'était pas rendu compte de sa présence. Pourtant, il était bien là et ses yeux bruns étaient pensifs lorsqu'il enfonça une touche pour appeler le poste de suivi de l'officier superviseur. Les vecteurs complexes et tire de l'approche soigneusement travaillée de Cardones repassèrent à l'accéléré, et le lieutenant hocha la tête.
« Vraiment très bien, canonnier », dit-il, et Cardones, tout à sa fierté, se retint tout juste de prendre l'air satisfait de lui-même. Recevoir les compliments d’un héros de guerre comme Fel, valait les longues minutes de concentration qu'il venait de vivre – et les interminables heures d'entraînement qui y avaient mené. On était loin de ce jour épouvantable où il avait dû avouer qu'il avait salopé les programmes de largage des détecteurs.
« Cependant, poursuivit Jag en faisant défiler l'enregistrement en arrière, que pensez-vous de cette manœuvre-ci ? » Il mit l'affichage sur pause en tapotant l'écran du doigt.
« Monsieur ? fit Cardones, circonspect.
— À ce moment-ci, vous avez opéré un changement de cap dans le même plan à trois cents g pour passer sur zéro-trois cinq », dit-il : il n'y avait aucune sécheresse dans sa voix ; Jag lui rappelait même plutôt un de ses instructeurs de l'Académie. « Vous vous êtes retrouvé sur le cap que vous recherchiez, mais regardez ceci. » Son index se déplaça jusqu'aux chiffres de portées et de direction en haut de l'affichage. « Vous voyez où était pointée sa batterie principale ? »
Cardones étudia l'écran, puis sa gorge se serra et le rouge envahit ses joues. « Droit sur l'avant de mes générateurs de bouclier, monsieur, dit-il à contrecœur.
— Exactement. Vous auriez dû virer de biais et changer de plan pour activer vos boucliers afin de vous couvrir, vous ne croyez pas ?
— Si, répondit-il en sentant son exultation fondre comme neige au soleil. Mais Jag lui tapota l'épaule avec un sourire.
«Ne vous en veuillez pas trop; dites-moi plutôt pourquoi l'ordinateur ne vous a pas épinglé.
— Monsieur ? » Les yeux de Cardones se reportèrent sur son affichage et il fronça les sourcils. « Je n'en sais rien, monsieur. La fenêtre d'attaque était pourtant assez large.
— Peut-être pas. » Fel tapota de nouveau les chiffres. « L'élément humain, enseigne; n'oubliez jamais l'élément humain. L'ordinateur tactique est programmé pour assigner un temps de réaction à votre adversaire prétendument de chair et de sang, et, cette fois – cette fois-ci, canonnier –, vous avez eu de la chance. La distance était suffisante pour que votre adversaire dispose de moins de trois secondes pour voir l'ouverture, la reconnaisse et en profite, et l'ordinateur a estimé qu'il n'avait pas réagi assez vite pour tirer. Je pense qu'il a eu raison, mais ne comptez pas là-dessus dans la réalité. D'accord ?
— D'accord, lieutenant ! » répondit Cardones, son sourire rayonnant retrouvé, et Jag lui tapota gentiment l'épaule avant de poursuivre sa ballade dans le pont du Brunhilde. Le Bosco annonça l’arrivée du commandant sur la passerelle, ce dernier aperçut Jag et ne lui demanda même pas ce qu’il faisait ici, entre les deux hommes s’était créé un lien qui se rapprochait presque a de l’amitié. Musel l’appelait Jag et ce dernier l’appelait par son prénom aussi. Ils étaient amis sans même se l’expliquer, au grand étonnement de Jag qui était resté solitaire depuis sa mésaventure sur Tenupe.
— L’ambassadeur de l’Alliance refuse de me recevoir, annonça Musel. Son assistante m’a donné rendez-vous dans deux semaines !
— Deux semaines ? s’exclama Jag surpris. Il passe son temps à jouer au Dejarick ou quoi ?
— Je n’en sais rien, vous croyez qu’il est dans le coup ?
— Si c’est le cas, ce sera une déclaration de guerre entre l’Alliance et les Vestiges, et je doute qu’Omas prenne ce risque, à moins qu’il soit forcé.
Meinhard lui fit signe de le précéder et Jag obtempéra, les deux se dirigèrent vers la salle de réunion du Brunhilde, une fois la porte fermée, le commandant prit place dans l’un des siège. Jag lui, resta debout en croisant les bras.
— J’ai crus comprendre que vous avez combattu aux côtés de Jacen Solo, fit Meinhard d’une voix douce.
— Durant la guerre contre les Vongs, oui ! répondit Fel d’une voix naturelle.
— Parlez-moi un peu de lui, pas sur le plan personnel, mais sur le plan psychologique.
Jag observa le vide un moment, puis regarda le commandant dans les yeux.
— Disons que sur le plan psychologique, il croit avoir le "monopole de la morale" et que chaque Jedi devrait arrêter d'utiliser la Force, comme lui, pour réfléchir. Du moins c’est ce qu’il était avant la guerre des Vong.
— C’était donc un pacifiste ? demanda Meinhard intrigué.
— Là n’est pas la question, il est arrogant. Et c’est cette même arrogance qui l’a éloigner de sa sœur Jaina qui était occupée à dézinguer du Vong et furieuse que son frère jumeau demeure inactif, ainsi que de son père Han, qui - décidément – n’a jamais douter de l'efficacité d'un blaster par rapport à la Force.
— Pourtant les Jedi n’ont pas pour habitude de rester les bras croisés, non ?
— Jacen se posait beaucoup trop de question, expliqua Jag en prenant place en face de Meinhard. Cela a était fatal, vous connaissez les Voxyns ?
— Oui, j’ai lu quelque part que c’était des Vornskrs modelés par les Yuuzhan Vong dans le but de sentir et de pourchasser les Jedi.
— Alors sachez ceci : Anakin Solo avait imaginé un plan pour détruire ces créatures et Jacen s’était proposé de participer à la mission imaginée et dirigée par son propre frère cadet, et ceci afin de souder mentalement le groupe dans un lien mental très puissant. Ne me demandez pas comment ça marche, mais croyez-moi ça marche ! J’ai vu à l’œuvre des pilotes Jedi en fusion mental, et c’était effrayant comme spectacle.
— Que s’est-il passé ensuite ? demanda Meinhard intrigué.
— Cela a dérapé, fit Jag d’une voix triste. Jacen s’interrogeait sans cesse sur les motivations et les méthodes d’Anakin, il le forçait à se remettre en question tout le temps, quoi qu’il faisait. Résultat en prime, les Jedi ne se concentraient plus sur la mission, passant plutôt leurs temps a ergoter sur le comment et le pourquoi. Le groupe en a payer le prix. Et le reste c’est de l’histoire commandant !
— La mort d’Anakin Solo, et la capture de Jacen par les envahisseurs. Oui, j’avoue que je connais aussi l’histoire, mais tout de même ! Pourquoi Anakin à emmener un gars aussi oscillant dans une mission commando ? Un soldat qui passe son temps à contredire son supérieur devrait être abattu.
— Sauf qu’ils n’étaient pas des soldats, mais des Jedi et les Jedi…
— Passent leurs temps à ergoter sur le comment et le pourquoi, dit Meinhard gravement. C’est drôle, cela me rappelle la vieille histoire du mille-pattes qui marchait parfaitement jusqu’à ce que quelqu’un lui demande comment il arrivait à gérer toutes ses jambes. Dès que l’insecte a commencé à y réfléchir, il n’a plus pu avancer. Finissant comme petit déjeuner d’un chauve-faucon.
— Voilà aussi pourquoi j’avais du mal à travailler avec eux, fit Jag avec un léger sourire. Ils s’inquiètent trop des dommages collatéraux.
— Mais pas Jacen Solo, je regarde HNE et je me demande comment les Jedi peuvent approuver que l’un des leurs passe son temps à interner des civiles dans des camps de concentration.
— Ce n’est pas le genre de Luke de rester sans rien faire, dit Jag en secouant la tête
— Cela s’appelle du népotisme, lieutenant Fel ! Luke Skywalker n’hésiterait pas à agir contre quelqu’un qui n’est pas de sa famille, mais trouve des excuses aux agissements de son neveu, parce que… c’est son neveu.
— Auriez-vous agi différemment ? contra Jag sur la défensive.
— Sans hésiter une seconde, nous sommes vous et moi des soldats ! dit Meinhard avec des yeux brillants. Et les soldats agissent avant qu’il ne soit trop tard.
Jag allait protester mais quelque chose l’en empêcha. Le souvenir de Han et Leia Solo dans le Faucon Millenium, ces derniers n’avaient pas hésité à le descendre pour sauver leur fille qui était dans le camp ennemi, et qui avait trahi sa confiance alors qu’il s’était porté garant d’elle et de ses compagnons auprès des Chiss.
Une sonnerie de com brisa le silence, c’était celui du commandant.
« Commandant ? » Le ton du lieutenant Jaggers était plus tendu que d'habitude. « J'ai une transmission personnelle du courrier pour vous. » Il se tut un instant. « Je la transfère sur l'écran de votre salle de briefing ?
— Oui, lieutenant. » Meinhard s'exprimait aussi calmement et courtoisement que d'ordinaire, mais l'officier des communications, l'ouïe aiguisée par l'inquiétude, détecta la tension sous les mots. « Transférez-la ici.
— À vos ordres, commandant. Transfert en cours. »
L'affichage com du fauteuil de commandement s'alluma et Meinhard se retrouva face à celui qui était peut-être l'homme le plus riche des Vestiges de l’Empire. Il ne l'avait jamais rencontré en chair et en os, mais il n'eut aucun mal à reconnaître son visage carré de bulldog.
« Commandant Musel ? » D'innombrables interviews holo avaient rendu sa voix célèbre, un baryton grondant trop velouté pour être naturel. Il s'exprimait avec courtoisie, mais les yeux bleus de ce masque trop séduisant étaient durs.
« Oui ? » répondit-il avec affabilité, refusant de s'aplatir devant sa réputation et même d'admettre qu'il le connaissait, et il vit ses yeux se rétrécir imperceptiblement.
« Je suis Cassian Tagge, reprit le baryton. Le Moff Quille a eu la bonté de me permettre de prendre place à bord de son courrier quand j'ai appris qu'il en envoyait un.
— Je vois. » Tagge se maîtrisait trop bien pour exprimer autre chose que ce qu'il voulait bien montrer, mais Meinhard crut percevoir chez lui un tressaillement de surprise devant son calme olympien. Peut-être n'avait-il pas envisagé que l'équipe de Meinhard détachée au Centre de contrôle de Praxlis aurait l'esprit assez vif pour comprendre l'importance de son arrivée et en prévenir son commandant. À moins, au contraire, que, le supposant prévenu, il s'étonne de ne pas le trouver tremblant de tous ses membres. Eh bien, s’il ne montrait pas sa crainte, il ne pourrait pas s'en servir contre lui.
« En venant ici, commandant, poursuivit-il, j'avais pour but de vous faire une... visite de courtoisie. Me serait-il possible de monter à bord de votre navire pendant mon séjour à Praxlis ?
— Naturellement, monsieur Tagge. La Flotte est toujours heureuse d'étendre son hospitalité à un personnage aussi éminent que vous. Voulez-vous que j'envoie ma navette vous chercher ?
— Tout de suite ? » Tagge ne parvint pas à cacher tout à fait sa surprise et Meinhard hocha la tête d'un air aimable.
« Si cela vous convient, monsieur. Je suis pour l'instant dégagé de tout devoir urgent ; bien entendu, si vous préférez repousser votre visite à plus tard, je me ferai un plaisir de vous recevoir à un moment où je pourrai me libérer. À condition que nos emplois du temps respectifs le permettent.
— Non, non. Tout de suite, c'est parfait, commandant. Merci.
— Très bien, monsieur Tagge. Ma navette viendra vous chercher dans une demi-heure. Au revoir.
— Au revoir, commandant », répondit Tagge.
Meinhard coupa la communication et se tourna vers Jagged Fel qui était resté en retrait.
— Si l’Alliance Galactique est dans le coup, elle vient de frapper la première.
— Qu’allez-vous faire ? demanda Jag.
— Riposter comme je le fais si bien, répondit Meinhard avec des yeux brillants d’une lueur inquiétante.