Mon juif
En ce lundi de cours, Stan est ailleurs et regarde au moins 15 fois par cours la chaise vide de Kyle.
*Ca va être long sans lui... Rah ! Mais pourquoi je pense ça moi ?! Enfin, c'est mon meilleur ami au pire c'est normal que le temps soit long sans lui aussi !! *
Le brun se frappe la tête dans la main sous le regard surpris de Wendy. Elle l'a trouvé étrange et distant toute la matinée et elle compte bien lui demander quelques explications.
L'heure de déjeuner vient et Cartman paraît plus jouasse que d'habitude. Kenny, Stan et lui s'installe pour manger.
- Les meeeeeecs...
- Qu'est-ce que t'as, gros lard ?
- Ta gueule, connard. J'ai mis au point le meilleur plan du monde pour enculer Butters.
- Oh, c'est pas vrai, souffle Stan en levant les yeux au ciel.
- Pourquoi tu recommence à le faire chier lui ? Tu t'ennuies à ce point ?
- Tout simplement parce que notre cher juif n'est pas présent pendant ces deux jours et qu'il me faut une distraction conséquente.
- Tu peux pas arrêter de faire chier l'monde ?
- J'vous fais pas chier à vous à c'que je sache. C'est pas vrai ? Hein ?! C'est pas vrai ?!
Les deux garçons soupirent et se contentent de dévorer leur steak.
- Voilà, alors je pensais emmener ce con de Butters dans la forêt, genre on va camper. J'emmènerai des bières et j'le ferai boire jusqu'à ce qu'il s'endorme,
Il joint ses doigts de façons machiavélique avec un calme olympien.
- Ensuite c'est là que j'hésite vous voyez. J'sais pas si je fais venir les pédophiles que j'ai rencontré sur un site pour l'enculer. Je prévois de tout filmer bien évidemment et je lui enverrai la vidéo en prenant soin de cacher mon adresse IP et...
Les garçons le regardent, choqués.
- T'es complètement fou, Cartman ! Tu peux pas faire ça à Butters ! Là tu dépasses les bornes !
- Et on te dénoncera si jamais tu fais quoique ce soit.
- Mais.... Maiiiis !!
Devant les regards réfractaires et menaçants de ses amis, Cartman croise les bras, contrarié. Il récupère vite son sourire sournois.
- Ou alors, je ferai comme j'avais prévu à l'origine. C'est moins pire mais bon ça fera l'affaire.
- ... Balance.
- Au lieu de faire venir les pédophiles, fait-il avec un sourire victorieux, je mets une cagoule, je déshabille Butters, j'enclenche la caméra et j'le branle !
Kenny lâche sa fourchette qui tombe bruyamment dans son assiette et Stan manque de s'étouffer avec une frite.
- Bordel Cartman, mais t'es... complètement allumé !
- Pourquoi ?! Qu'est-ce qui va pas encore !!
- Alors après avoir mis sa teub dans ta bouche, maintenant tu veux le branler ?!
- Ouais ! rigole le gros. Et ensuite je balance la vidéo dans tout le lycée et sur internet et il passera pour un pédé ! Il osera même plus revenir en cours ce con !
- Mais c'est pas possible d'être aussi con ! lâche Kenny. On t'avait déjà dit que ça te faisait passer pour un gay la première fois ! Tu crois que c'est qui qui vas passer pour un gay c'te fois aussi ?! Toi ! Et juste toi !
- N'importe quoi ! Là, c'est différent, on me reconnaitra pas je serai masqué !
- Tu peux cacher ta tête on reconnaitra ta graisse, gros lard.
- Ta gueule, enculé !
- Stan a raison, si tu fais ça c'est bien toi qui seras le « pédé » dans l'histoire. Après, tu fais c'que tu veux, c'est toi qui passeras pour un con et nous on rigolera bien !
Les deux potes se marrent devant un Cartman vexé qui serre la mâchoire.
- Ah ouais ?! Et bah... et bah on a qu'à demander à chef, bande de cons !!
- Ouais, bonne idée !
// Milles excuses, je fais une exception en faisant revenir chef pour une seule fois, c'était plus fort que moi dans ce contexte >< \\
Les enfants courent voir Chef après avoir abandonnés leurs plateaux.
- Chef ! Chef !
- Salut, les enfants !
- Chef, est-ce que faire une vidéo de nous en train de branler un gars qui dort ça fait de nous un gay ?
- Q-quoi ?!
- Evidemment, ça fait de toi un gay, gros cul !
- Bien sûr que non gros con ! C'est l'autre qui...
- Les enfants, les enfants, dit Chef en se frottant les yeux, déjà fatigué par la question. Un gars qui aime branler ou se faire branler par un autre gars, aime les hommes, bien évidemment. Si CA, ça n'était pas le cas, alors je me demande ce qui le serait ! Mais qui est-ce qui veut...
Les enfants sont déjà repartis en riant de Cartman qui tremble de colère.
- VOS GUEULES ! J'suis pas gay !!
Les autres se retournent et un court silence se fait au milieu du réfectoire. Cartman se met à rougir de honte et de colère.
- Et vous qu'est-ce que vous regardez bande de tarlouzes ?! grogne-t-il aux autres qui finissent par l'ignorer. C'est vous les deux connards ! Vous êtes rien qu'une bande de lopettes !
Il fonce dans les couloirs en continuant d'insulter Kenny et Stan.
Les deux potes, rieurs, vont récupérer des affaires dans leurs casiers.
En parlant de ce sujet, Stan repense à Kyle et son expression change en quelques instants. Chose que Kenny remarque bien évidemment. Il referme son casier et attrape le regard de Stan, pensif.
- Comment ça se passe avec Kyle ?
- C-comment ça ?
- Bah, vous vous êtes écrit ? Comment ça va ?
- Euh, non. Et je suppose que ça va oui.
- Tu voudrais pas qu'on aille prendre de ses nouvelles ce soir ?
Stan déglutit et se mord la lèvre.
- Euh, j'pense pas que ce soit une bonne idée...
- Tu comptes l'éviter combien de temps ? Tu sais qu'il va bien finir par se poser des questions ?
- ... Je sais. Mais...
- T'as peur de quoi ?
Le regard de Stan prend une étrange lueur.
- J'ai peur de ce que je pourrais ressentir la prochaine fois que j'le reverrai...
Kenny réalise que à quel point la situation semble bien plus complexe que prévue.
- Il faut que tu saches dans tous les cas, Stan. Et plus tu vas attendre plus ce sera dur.
- Je... je sais. Et puis, toute la matinée je...
- Stan ! crie Wendy qui fait irruption entre eux.
- Je vais vous laisser tous les deux... Stan ?
- O-oui ?
- Ce soir, c'est ok ?
Le brun hésite quelques secondes puis inspire profondément.
- Oui. C'est ok...
Kenny sourit, soulagé. Il faut qu'il fasse quelque chose pour aider ses amis. Car il a la nette impression que leur amitié à de grandes chances d'en prendre un coup prochainement. Mais il ne peut pas non plus balancer leur secret, c'est à eux de le faire, pas à lui. Heureusement que Cartman n'était pas là et heureusement qu'il ne sait rien.
*Oh putain. Il faut vraiment pas que Cartman l'apprenne. J'espère que personne n'en reparlera. Il serait capable de rire d'eux pendant des semaines et d'être aussi infect que possible... *
- Stan... tu peux me dire pourquoi tu es si bizarre depuis la fête ?
- Hein ? Euh, comment ça ? N-non, pas du tout !
- ... Stan, ne me mens pas. Tu sais tu peux tout me dire. Et je sais quand tu mens.
- Tout va bien Wendy, je suis juste un peu fatigué en ce moment. T'inquiète.
Avant que Wendy ait le temps de répondre quoique ce soit, la sonnerie retentit et Stan fonce dans la salle de classe.
- Oh toi, tu me cache quelque chose... marmonne Wendy sans pour autant insister.
Le soir venu, Kyle est seul chez lui allongé sur le canapé à écouter de la musique. Il reçoit soudain un message de Kenny.
- Q-quoi ?! Bordel de merde ! Kenny t'es pas sérieux là !?
Le roux se redresse d'un seul coup en comprenant que ses amis vont arriver chez lui d'un instant à l'autre. Son téléphone vibre de nouveau alors que la pression monte déjà dans ses veines.
Kenny : Et stresse pas ;)
Kyle : Et comment je fais ! T'avais dit que ça irait mieux aujo
La sonnette le coupe dans sa réponse. Son cœur bat à 100 à l'heure. Il saisit la poignée de la porte en se pinçant les lèvres.
* Y'a Kenny, t'es pas seul avec lui, c'est bon, déstresse, DESTRESSE ! *
- Oh, s-salut les gars ! fait Kyle avec un air qui se veut détendu.
- Salut vieux, alors comment c'était la journée à glander ?
- Oh euh, * j'ai passé la journée à essayer de pas penser à Stan mais tout va bien... * j'ai... j'ai regardé la télé et... j'me suis avancé dans les devoirs...
- Evidemment ! C'est Stan qui a eu l'idée de te rendre visite ce soir !
- Oh... c'est vrai Stan ?
- Euh, je... ouais, 'fin c'est normal...
Le brun se met à rougir et donne un coup de coude furtif à Kenny. Les yeux de ce dernier roulent innocemment dans le salon, un petit sourire en coin. Kyle se sent un peu moins stressé mais ne regarde toujours pas franchement son ami dans les yeux.
Les 3 garçons s'installent devant la télé pour regarder Terrence et Philip puis l'atmosphère devient peu à peu de plus en plus légère. Presque comme si rien n'était arrivé.
- J'vais pisser, dit Kenny en lâchant son paquet de chips.
Quand Kenny se lève, un silence pesant s'installe dans la pièce. Kyle se mord la lèvre et se triture les doigts.
- Alors, euh, c'est demain que tu reviens ?
- N-non, mercredi...
- Ah oui, c'est vrai. Hum.
- Et sinon... Cartman, toujours pareil ?
Pour qu'il en arrive à parler de Cartman c'est que Kyle a un besoin vital de combler le vide...
- Oh, il s'est mis en tête de faire un putain de sale coup à Butters.
- Ah oui ? Quoi ?
- Il veut le branler quand il dormira, filmer et balancer la vidéo ensuite.
- Quoi ?! Mais quel gros con !
- C'est c'qu'on lui a dit.
- Je suis sûr que c'est pour faire passer Butters pour un homo.
- Ouais, alors que c'est lui qui passera pour un gay ! se moque Stan.
- C'est clair. Je me demande si au fond...
- Quoi ?
- Bah, si au fond il aime pas réellement faire ce genre de choses, sans se l'admettre... c'est pas la première fois qu'il fait des choses chelou. Tu t'souviens, pendant son tourette, il avait balancé qu'avec son cousin ils s'étaient touchés la bite et qu'il avait kiffé ça !
- Ah ouais c'est vrai...
- Et puis l'histoire des photos avec la teub de Butters...
- Ouais, ça craint vraiment !
- ... Q-qu'est-ce qui craint ?
- Bah qu'il soit comme ça ! Enfin, qu'il fasse tous ces trucs ! C'est vraiment trop dégeu...
- Je... ouais je vois, dit Kyle d'une voix étranglée.
Le jeune juif baisse les yeux, la gorge atrocement nouée. Maintenant il sait. Il sait que Stan désapprouverait Cartman s'il était vraiment gay. Et la réaction de son meilleur ami l'affecte au plus haut point.
- Je... j'reviens, dit Kyle en se dirigeant vers la cuisine.
- * J'ai l'impression qu'il est de nouveau bizarre... Qu'est-ce que j'ai dit de mal ? * Euh, Kyle ?
- O-oui ?
- J'ai dit quelque chose qu'il fallait pas ? demande-t-il, coupable, face au malaise palpable.
- Non.
Voyant Stan s'approcher de lui, il détourne rapidement le regard et se sert un verre d'eau.
- On peut pas tous aimer les même... choses.
- Euh, oui évidemment, mais...
Stan marque une pause se souvenant de leurs dernières phrases.
- ...tu parles de Cartman ?
- Ouais. Enfin bref, peu importe.
- Ouais on s'en fou c'est qu'un gros lard.
- ... Mais j'pensais pas que toi tu réagirais comme...
- Vous matez plus Terrence et Philip ?
Kenny se rend compte trop tard que les deux amis étaient en pleine conversation sérieuse.
- Je... j'peux retourner pisser si vous voulez...
- Non, non pas la peine, fait Kyle avec un faible rictus. Et puis de toute façon, je suis fatigué les gars. Merci d'être passés.
Le blond regarde Stan qui paraît désemparé face à la demande claire de Kyle de gentiment le laisser tranquille. Kenny tapote l'épaule du jeune juif en lui disant de lui écrire s'il avait besoin de quelque chose puis s'en va. Il n'a pas envie d'insister ça rendrait les choses plus difficiles encore. Il sera là en cas de besoin, c'est tout ce qu'il peut faire. Stan passe l'encadrement de la porte et se retourne sur le visage éteint de son meilleur ami. Il ouvre la bouche pour tenter de dire quelque chose.
- Salut, Stan. Merci. A mercredi.
- ... Oui... à mercredi.
Déconfit, le brun baisse les yeux et s'en va lentement, les mains dans les poches. Quand il entend la porte se refermer, il a l'impression qu'une partie de lui se déchire. Le cœur lourd, il reste là, immobile dans la neige, remplis de regrets.
Le petit juif se laisse glisser le long de la porte et s'assoit par terre, les genoux ramenés contre lui. Comme une révélation qui lui éclate au visage, tout lui apparaît un peu plus clair et son cœur semble désormais peser des tonnes. Le rouge lui monte aux joues et le stress se transforme en immense tristesse. Une tristesse qu'il n'avait encore jamais ressentie. Les larmes noient ses beaux yeux forestiers.
- J'ai mes réponses maintenant, Stan. Oh oui, je les ai...
Il enfoui son visage dans ses coudes, secoué par de longs et profonds sanglots.