Usual suspect
Chapitre 5 : Hammer to Fall
1773 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 21/09/2023 13:50
You don't waste no time at all
Don't hear the bell but you answer the call
La pièce était vaste, mais les nombreuses étagères et vitrines rendaient les lieux étroits. Aux travers les immenses vitraux, le soleil levant laissait tomber un voile scintillant sur les innombrables coupes et trophées ornant les présentoirs. Les diodes et ampoules des packs à proton s'y reflétaient également.
La surface lisse des coupes lustrées renvoyaient le visage fasciné de Stantz.
-Les mecs, vous avez vu ? Ils font des compétitions de je-ne-sais-quoi à cheval sur un balai!
-Ouais, bah plus vite on aura fini ici, plus vite on sera parti, lâcha Venkman excédé, quelques mètres devant son collègue.
Ils avaient tous leur canon vibrant entre les mains, exception faite d'Egon dont le PKE semblait enfin daigner se montrer utile.
-On reste concentré. Il y a quelque chose avec nous dans cette pièce.
Winston se stoppa devant une armure aux chromes passés. Il lui avait semblé l'entendre grincer… Il toqua le haume du bout de la buse lumineuse de son canon. Intrigué, il poussa un léger soupir et demanda au reste de la troupe :
-Si vous étiez un poltergeist, vous vous cacheriez où ?
-Une bibliothèque.
-Un laboratoire abandonné.
-Les vestiaires d'une équipe de football féminine...
La réflexion de Venkman fit retomber comme un soufflé les rêveries de Stantz et Spengler. Winston les rappela à l'ordre:
-Plus sérieusement les mecs.
Il pointa du pouce la pièce d'antiquités se tenant derrière lui.
-Le fameux Peeves, il ne pourrait pas se planquer dans une armure ?
Ray objecta :
-Ça fait un peu Scooby....
Dans un fracas digne du tonnerre, l'armure éclata. Ray se pencha à temps pour éviter un avant-bras qui était parti en cloche au-dessus de Zeddemore. Ce dernier, quand à lui, reçu douloureusement le plastron derrière la tête et s'effondra contre les dalles froides du sol.
Une longue silhouette bleue grise s'était éjectée hors du cocon d'acier pour dessiner dans les airs des arabesques de ses halos luminescents.
Venkman ouvrit le feu en premier, secondé par Spengler. Les deux flux d'énergies relâchés par les canons à proton emportèrent le haut des vitrines, déversant sur le sol une pluie de verre et d'échardes.
Sous le choc de l'explosion, Raymond se retrouva sur les fesses.
Pete senti la chaleur du fouet d'énergie orange et bleu du canon de Egon lui frôler la mèche.
-Gère ton effluve, Spengler ! J'ai pas envie de finir grillé !
Coupant de justesse son tir, il évita de peu de le flux de Venkman. Croiser les effluves aurait causé bien plus de dégâts que ceux qu'ils causaient déjà. Un nouveau jet d'énergie attrapa le spectre par la cheville : Winston venait de se relever. L'esprit était malmené dans les airs et semblait se tenir la tête. L'effluve de Venkman s'enroula tel un lasso autour du torse de la créature azur.
Couché dans les débris de verre, Stantz hurla :
-Tenez-le, les gars ! Je vais faire de la place !
Il se leva et plaqua ses larges paumes sur l'une des rares vitrines encore intactes. Il tenta de la faire glisser, malheureusement l'un des pieds s'enfonça entre deux dalles. Lentement, le meuble bascula en arrière pour finir en un fracas de métal et de verre sur le sol. Raymond n'eut pas le temps de s'excuser.
-Ray, écarte-toi! Ordonna Spengler qui lança une petite boîte noire retenue par un long câble.
Ray s'exécuta. Egon indiqua à ses collègues :
-J'ouvre !
Un jet de lumière s'éleva du piège à la verticale. Tirant avec force, Winston et Peter ramenèrent leur proie en direction du faisceau lumineux. Stantz hurla :
-Maintenant !
Egon écrasa du pied la petite pédale à l'extrémité du câble. Durant un court instant, la lumière fut aveuglante. La forme bleue semblait se maintenir la tête alors qu'elle était aspirée dans la petite boîte. Le piège se referma, la lumière disparue, un petit son indiqua enfin que l'esprit était dans la boîte.
Peter esquissa quelques pas de danse autour du piège. Raymond s'esclaffait nerveusement. Winston, les bras ballants, contemplait les dégâts. Il eut un vertige lorsque au milieu des débris apparut un homme. Ses trois compagnons ne mirent pas longtemps à remarquer la présence de l'individu sortit du néant.
Vêtu d'un interminable manteau bleu ciel retombant sur une longue toge mauve aux motifs argentés, le vieil homme avait les mains jointes sur une élégante barbe blanche qui lui cascadait sur la poitrine. Sous un chapeau pointu assorti à sa toge, il affichait un visage sévère derrière de fines lunettes en demi-lune. Avec fermeté, il ordonna d'une voix calme :
-Messieurs, je vais devoir vous demander de bien vouloir laisser mon ami sortir de cette boîte. Dans le cas contraire, je serais dans l'obligation morale de vous y contraindre.
À peine eut-il formulé son ultimatum qu'il sortit de l'une de ses manches bouffantes une fine baguette de sureau.
Venkman, toujours le canon en main, eut le réflexe malheureux de menacer le sorcier qui d'un mouvement gracieux leva le morceau de bois en déclamant :
-Expelliarmus!
Le canon sauta hors des mains de son propriétaire pour aller tomber derrière lui, la poignée toujours retenue par le câble qui le relié au pack à proton.
-Calme-toi Venkman, s'interposa Stantz. Visiblement, il y a une méprise.
-Effectivement, cela semble indéniable, renchérit le sorcier, toujours armé du petit morceau de bois.
Le concierge fit également son apparition, traversant honteusement la porte grande ouverte, un chat ronronnant dans les bras. Penaud, il avoua :
-Et j'en suis le seul fautif.
La déception se lisait dans les yeux du vieil homme, visiblement le supérieur hiérarchique de Rusard.
-Argus, mon ami, quelle folie vous a prise ? Faire venir des moldus ici pour vous débarrasser de Peeves?
Le regard profond du sorcier se fit plus insistant. Rusard marmonna un début d'excuse qui tenait plus du plaidoyer :
-Mon boulot consiste aussi à me débarrasser des nuisibles et Peeves est un nuisible, Monsieur...
Rangeant sa baguette, l'homme au chapeau pointu rappela gentiment à l'ordre son subalterne. Cela ne le calma pas tout à fait. Il ajouta :
-On ne peut déjà plus pendre les gosses par les poignées...
-Argus, mon ami, reprenez-vous. Vous devez bien vous rendre compte que vous avez outrepassé vos prérogatives ?
Les doigts enfoncés dans les poils de son chat, le concierge regardait ses chaussures. Le vénérable sorcier conclu, en guise de sentence :
-Vous comprendrez sans peine qu'il vous faudra nettoyer les dégâts, sans faire appel à une quelconque aide magique, avant le retour des élèves.
Le regard inquisiteur se posa ensuite sur les quatre New Yorkais. Le sorcier pointa du doigt la boîte encore fumante sur le sol.
-Messieur, dois-je me montrer plus persuasif ou allez-vous enfin accéder à ma requête ?
Le quatuor se jaugea silencieusement et après un vote quasi unanime, Egon se pencha vers le piège. Il manipula l'arrière de la petite boîte, ouvrant les trappes à son sommet, relâchant l'esprit bleuté dans un flot de lumière fugace.
Une haute silhouette tout en noblesse s'éleva au-dessus des vitrines. Le bourgeois translucide défroissa son pourpoint et s'étira :
-Diantre! Ça vous file un de ces torticolis !
Sa tête tomba sur son épaule avant qu'il ne la réajuste sur la fraise qu'il portait autour du cou.
-Comment allez-vous Sir Nicholas ? s'enquit le sorcier qui venait de se rapprocher.
Voulant se donner une certaine distinction, le spectre bomba le torse:
-En dépit de ce léger désagrément, je vais bien, merci, Albus.
Sir Nick toussota, un peu gêné, puis avoua, les mains jointes :
-Je me suis permis d'induire ces gentlemen en erreur afin de les éloigner de Peeves.
-Vous avez bien fait, le rassura le sorcier.
Winston se pencha vers ses collègues, les yeux écarquillés, il souffla :
-On n'avait pas chopé le bon ?
Moins discret, Venkman éclata :
-J'en peux plus de cette maison de fou !
Ignorant les doléances et l'étonnement du groupe, Raymond s'improvisa médiateur :
-Monsieur Albus, sachez qu'à aucun moment, nous n'avons pensé vous manquer de respect. J'ai une profonde admiration pour l'occulte et la magie...
-Oui. Coupa Albus, avec bienveillance. Nous avons aussi des sorciers passionnés par votre monde. Cela étant dit, sachez que je ne vous garde aucune rancune. Ce n'est qu'un peu de dégâts matériels. Rien qu'un peu de bonne volonté ne puisse réparer.
Il jeta un coup d'œil autoritaire au concierge qui faisait profil bas.
-Je suis également enclin à vous faire confiance, continua-t-il. Je vous permets donc de garder vos souvenirs.
-Trop aimable...
Albus eut un léger rire :
-Oui, Peter. Je trouve également.
Nerveusement, le Ghostbuster chuchota, pour lui même :
-Comment il connaît mon prénom celui-là ?
Albus Dumbledore, magistral, pris la question au vol:
-Je sais beaucoup de chose, Peter. Je sais notamment que vous ne risqueriez en aucun cas votre réputation précaire dans le seul but de dévoiler l'existence d'une école de sorcellerie dont vous ignorez la position.
Egon avait une idée assez précise de l'emplacement de l'établissement, il lui fallut un effort considérable pour ne pas démentir le sorcier. Il semblait parfaitement en capacité de leur effacer la mémoire, et, aux yeux du scientifique, ses neurones avaient plus d'importance que son ego.
Le directeur de Poudlard repris :
-Votre fascinant véhicule est déjà de retour aux États Unis. N'y voyez là aucune animosité, mais je vais vous indiquer la marche à suivre pour que vous puissiez le rejoindre.
Il n'eut aucun mal à obtenir la coopération du quatuor qui s'excusa pour les dégâts et le malentendu. Venkman garda pour lui de rappeler qu'ils avaient été rémunérés pour un travail pour lequel ils ne s'étaient pas acquittés.
Ce n'est qu'une fois de retour à la caserne qu'il vida le contenu du pochon sur le formica de la petite table de la salle commune. Une petite pièce tournait encore à côté du petit amas doré, lorsqu'il s'écria :
-Mornille?! Gallions?! C'est quoi cette monnaie ?
Il se laissa tomber sur sa chaise puis décida en haussant les épaules :
-Tant pis... Je les ferai fondre.