Who you gonna call?

Chapitre 5

608 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/02/2023 18:48

Cimetière Calvary, Woodside, New York.


« - Je suis désolé… Vraiment, c’est gentil, je suis sûr qu’Oncle Henry aurait apprécié… mais pars, je te le demande… Si elle te voit… 

-     Clay… Pourquoi ? On est amis depuis… »


Clayton Saint-Clair, grand blondinet pâlot, engoncé dans un par-dessus et costume noirs un peu justes, se dandina et ne cessait de jeter des regards stressés derrière lui. Chaque bourrasque de neige le faisait frissonner. A une centaine de mètres de là, une foule d’une vingtaine de personnes endimanchées se recueillait auprès de la dernière demeure du professeur Henry Saint-Clair. Clayton retroussa son nez piqueté de tâches de rousseur.

Alba Jones se tut, le bouquet de roses qu’elle tenait à la main battant sa jambe. La neige tombait à gros flocons.

« -Elle va te tuer et me tuer ensuite, insista Clayton en tordant ses mains rougies par le froid, ou inversement. Ça me peine franchement de te le dire mais tu n’es pas la bienvenue… Cela ne vient pas de moi, tu le sais bien…»

L’élégant Morton se matérialisa juste derrière Clay :

« -Madame Saint-Clair me fait dire que le spectacle a assez duré, annonça-t-il métalliquement, il est temps pour Mademoiselle Jones de s’en aller. Quant à vous, Clayton, votre père vous réclame.

-J’ai le droit d’être ici ! Aboya la jeune femme la bouche déformée par la colère, j’ai connu Hank toute ma vie ! Toute ma vie ! »

Ses éclats de voix attirèrent l’attention de quelques endeuillés.

« - Il y a un problème ? »

Deux officiers de police en attirail d’hiver s’invitèrent dans la conversation ; mains sur les hanches. Morton prit son air le plus guindé :

« -Cette jeune personne allait justement partir (puis, se penchant à l’oreille du policier le plus proche, d’un ton convenu: ) Assurez-vous qu’elle ne revienne pas. »

Alba Jones jeta furieusement le bouquet de roses sur le torse malingre de Clayton Saint-Clair avec un glapissement aigu. Il recula légèrement et prit la suite de Morton sans se retourner.

La colère montait dans le sternum de la jeune femme. L’un des officiers la prit par le coude :

« -Allons, on va vous raccompagner à votre véhicule », lui ordonna-t-il paternaliste.

Elle dégagea son coude et rabattant les pans de sa veste trop ample, elle fit demi-tour, encadrée par les forces de l’Ordre. Ils ne la lâchèrent pas d’une semelle, jusqu’au pick-up Ford F250 d’un jaune désertique qui lui appartenait. Elle chercha les clés, ouvrit la portière et se hissa sur le siège conducteur.

« - Je peux voir les papiers du véhicules, votre permis et votre carte d’identité ? » demanda le plus âgé des agents.

Alba obéit en soupirant.


Le policier inspecta les documents en se frottant le menton, pensif et en considérant à tour de rôle la jeune femme et ses papiers. Il les lui rendit, lentement.

« -Foutez-moi l’camp », conclut-il avec raideur.

Les deux policiers regardèrent le pick-up éreinté s’éloigner du cortège funèbre de véhicules stationnés.

« - Tu crois pas qu’on devrait rentrer au poste, Eamon ? demanda l’officier plus jeune, la tête penchée en arrière. C’est qu’il caille, ici. »

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