L'Héritage des Woodstone
Chapitre 2 : L'Héritage des Woodstone - 2cd partie
7213 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 28/02/2017 22:40
Bonjour, bonjour !
Ce sera ma toute première review sur le site, j’espère que ce sera à la hauteur. Mais sans plus tarder, passons au vif du sujet.
Forme :
Orthographe, grammaire, conjugaisons : L’orthographe est globalement bonne, en dehors d’une poignée de coquilles que j’ai repérées çà et là mais qui sont clairement plus des erreurs d’inattention qu’une véritable méconnaissance des règles. Les chapitres sont assez longs, donc ce n’est à mon sens ni étonnant ni rédhibitoire d’y trouver une poignée d’erreur même après une relecture attentive. Donc à mon sens, même si ce n’est pas parfait, ça reste très bien.
Il y a par contre des fautes qui restent dans le résumé, auquel il faut faire attention car c’est le premier aperçu que le lecteur aura de l’histoire, donc il faut vraiment qu’il soit impeccable.
Style : On sent une volonté de rester dans un style assez proche de celui des aventures originales de Sherlock Holmes. Pour me remettre dans le bain, je suis allée relire une poignée des nouvelles de Conan Doyle et je retrouve dans ta fanfiction le même type d’ambiance. J’ai beaucoup aimé d’ailleurs, la préface « à la façon » des préfaces qu’on pourrait trouver dans un vrai roman. Par contre, la phrase « nous avons écrit la plupart de ces scènes en écoutant des chansons d’amour débiles » dans ladite préface, qui casse un peu tout ce côté faussement sérieux. Certes, ce n’est qu’une phrase — un bout de phrase pour être exacte — mais c’est comme un bout de salade entre les incisives d’une jolie fille, une fois qu’on l’a remarqué, difficile de voir la beauté du reste. D’autant plus que ça aurait pu être pertinent si tu étais partie sur une romance Holmes/Watson comme on en trouve pas mal en fanfiction, alors qu’ici, on n’a aucun élément qui permettrait de « justifier » cette remarque, qui arrive donc un peu comme un cheveu sur la soupe.
Pour le reste du texte, rien à redire, on retrouve bien la voix du Docteur Watson, ce qui, j’imagine, était le but de la manoeuvre. La narration est simple, sans trop de fioritures, ce qui correspond assez bien à ce qu’on peut trouver dans l’oeuvre originale et tout reste globalement « d’époque ». On n’a pas d’incartade malheureuse d’une expression trop moderne dans le texte, piège dans lequel il est facile de tomber quand on écrit un texte qui se situe dans le passé.
Bref, dans l’ensemble, et malgré quelques coquilles qui, comme je le disais plus haut, sont excusables dans un texte de cette longueur — en tant qu’amateurs, demander la perfection à ce niveau-là relèverait de l’utopie, de toute manière —, on a un texte d’une très bonne qualité, avec un style adapté pour le sujet, ni trop pauvre ni trop « je vais mettre plein de mots compliqués pour montrer à quel point j’ai plein de vocabulaire ». J’ai senti un(e) auteur(e) qui voulait se mettre au plus proche
Fond :
La cohérence : Je retrouve bien l’univers d’Arthur Conan Doyle. Comme je disais dans la partie précédente, on sent très bien une volonté de rester au plus près de l’oeuvre de base en matière de style et ici, tout est bien respecté. L’histoire du vélo m’a fait tiquer au début, je me demandais si on pouvait vraiment faire autant de kilomètres à bicyclette à cette époque, mais après avoir fait des vérifications de mon côté, ça ne m’a pas l’air aussi choquant que ça, finalement.
Les personnages : On retrouve bien les personnages, le Watson en totale admiration de Holmes qui lui est toujours très détaché, toujours beaucoup dans l’intellect. Les petits passages de déduction, au début avec le client et ensuite avec les Woodstone sont intéressants, plus dans la caractérisation du personnage de Holmes, qui va remarquer le moindre petit détail, en même temps que celle de Watson qui détaille tout ce processus de déduction de façon aussi naïve qu’impressionnée, que vraiment dans une pirouette de génie dont Holmes peut parfois avoir le secret. Par contre, je suis assez d’accord avec le commentaire sur la seconde partie : la réplique où Holmes explique à Watson qu’il est une « machine humaine » sonne un peu faux, je le vois assez mal avoir assez de recul sur lui-même pour présenter les choses de cette manière. La phrase n’est pas fausse en soi mais elle est beaucoup trop directe pour un personnage comme Holmes et je l’aurais plus vu dire quelque chose à propos de ses principes et du fait que pour lui, quelqu’un qui lui ment volontairement ne mérite pas sa pitié ou du moins, quelque chose dans cette idée-là.
Pour ce qui est des personnages originaux, tu te débrouilles bien aussi. J’ai particulièrement apprécié l’ambiguité de Torez, qui passe du méchant évident à peut-être juste un mauvais bougre incompris, certes pas blanc comme neige mais pas responsable de ce dont on l’accuse (la scène du dîner m’a fait pas mal osciller de ce côté-là notamment) à finalement véritablement innocent à la fin. C’était un exemple simple mais bien mené du fameux « hareng rouge », utilisé pour mener le lecteur sur une fausse piste et le détourner de ce qui est véritablement important. Pour le coup, j’ai trouvé qu’il était bien rythmé, contrairement au mystère qui entoure Timothée et Victoria (mais j’y reviendrai plus tard, à ces deux-là)
J’ai eu un peu de mal à situer Harrington tout au long de ton texte, c’est un personnage que j’ai trouvé finalement assez « plat ». Au moment de la révélation, je me suis dit aussi que, possiblement, c’était le frère, mais le fait qu’il ne soit pas au courant de tout ce qui se tramait en coulisses lui donne tout de même assez de relief sur la fin pour en faire un personnage intéressant.
Le développement de l’intrigue, la narration : On se retrouve face à une intrigue policière relativement classique mais ce n’est pas du tout dérangeant car, au risque de me répéter, ça s’inscrit très bien dans cette volonté de rester au plus près de l’oeuvre de base. On commence avec l’arrivée du client, puis Holmes et Watson arrivant sur les lieux du « crime ». Le mystère s’égrène petit à petit, on a une foule d’éléments qui nous arrivent assez vite, certains pertinents pour la suite, d’autres non, ce qui est appréciable dans ce type d’intrigue parce qu’on peut ensuite s’amuser à deviner ce qui sera important ou non pour la suite. Pour ma part, j’avais compris dès son entrée en scène que Timothée était en fait une femme travestie, ce qui s’est confirmé de plus en plus par la suite. Je pense que c’est l’insistance du docteur Watson sur l’aspect féminin de ses mains dès le début qui amène directement cette idée sur le tapis, sans doute de façon un brin trop brusque. Même en comptant le fait que j’ai moi-même l’habitude d’écrire ce genre d’intrigues et que je vais donc sans doute voir ce genre de petites ficelles plus facilement que le lecteur lambda, un lecteur averti l’aurait aussi remarqué très vite. Une personne qui n’a pas l’habitude de lire sur des scénarios d’enquête pourrait facilement le laisser passer comme une simple description mais un amateur de romans policiers se douterait tout de suite de ce qui se passe. A mon sens, le moment de l’entrée en scène de la soeur aurait été le bon moment pour insister plus sur ce point. Par la suite, le fait qu’on ne les voit jamais ensemble permettrait de créer une incertitude dans l’esprit du lecteur, et ça coïnciderait avec le fait qu’on se rende compte que finalement, l’affaire est peut-être plus compliquée que « Torez méchant, Woodstone gentil ». La révélation, elle, arrive par contre, je trouve, au bon moment, ni trop tôt ni trop tard. Comme la ficelle est assez grosse, ça aurait été assez décevant que cette révélation soit le clou du spectacle. Cela dit, ce n’est pas non plus une mauvaise chose de l’inclure, ça rajoute une couche d’intrigue qui évite que le tout soit trop linéaire.
Appréciation personnelle :
Objectivement, mis à part l’histoire avec le frère et la soeur Woodstone qui mériterait d’être un brin plus subtile, je n’ai pas grand-chose à redire sur cette fanfiction, autant sur le fond que sur la forme. On sent que tu connais très très bien l’oeuvre d’Arthur Conan Doyle et que tu t’es attaché(e) à le reprendre de la façon la plus fidèle possible. En terme de la ligne éditoriale du site, c’est nickel sur presque tous les points et c’est bien pour ça que j’ai mis une note aussi haute. Que ce soit sur la longueur, la qualité de la prose ou le respect de l’oeuvre originale
Subjectivement, maintenant. On arrive ici sur une partie qui tient complètement à mes goûts personnels, et qui d’autant plus va assez à contresens de ce qui est préconisé dans la ligne éditoriale du site, donc à prendre en compte uniquement si tu trouves ça pertinent par rapport à ce que tu souhaites écrire.
Ton texte est quasiment canon. C’est vraiment un scénario que je n’aurais pas été étonnée de trouver dans l’oeuvre originale. Mais c’est peut-être trop canon, justement. Personnellement, quand je lis une fanfiction, ça ne m’intéresse absolument pas de retrouver un quasi copier-coller de l’oeuvre de base. Si je veux quelque chose qui ressemble au plus proche à l’original, je vais plutôt retourner lire l’original, qui a en plus de fortes chances d’être de meilleure qualité. Toute la beauté de la fanfiction, à mon sens, c’est de voir la patte personnelle d’un auteur sur un univers qui n’est pas « le sien » à la base. Du coup, j’aurais aimé voir un peu plus d’AlienStation et un peu moins d’Arthur Conan Doyle.
Ce qui n’empêche pas, en somme, et je tiens à le redire, que l’histoire est réussie. Ce n’est pas parfait, il reste quelques points d’amélioration que j’ai souligné plus haut, mais dans ce qui se fait sur le site, tu te situes très clairement dans le très très haut du panier. L’intrigue est bien menée, les personnages et l’univers cohérent, et le style globalement très bon.