Sherlock rentre à la maison
- Chérie, je sors! Cria John en enfilant son manteau. Il traversa le couloir et passa la tête par la porte du salon. "Je vais promener Gladstone" ajouta t il.
-D'accord, mon coeur, répondit Mary. Elle était confortablement installée dans un fauteuil, un roman sur les genoux. John lui sourit. Son ventre était déjà bien rond -cela faisait maintenant six mois qu'elle était enceinte. Depuis le debut de la grossesse, il essayait de rester le plus possible auprès de Mary, mais il devait tout de même travailler quelques fois. Heureusement, Elisabeth, la jeune soeur de Mary, était venue habiter chez eux quelques temps pour aider John à s'occuper de son épouse.
- Ne vous en faîtes pas, John, rit doucement Elisabeth en levant les yeux de sa broderie.Sortez vous promener un peu avec Gladstone, vous n'êtes pas sorti depuis trois jours! Aérez vous l esprit, je m'occupe d'elle, conclua t elle. John sourit a nouveau.
- Merci, Lisa. Vous nous êtes d'une grande aide: nous adorons vous avoir ici.
- C'est un plaisir partagé. Et puis, je vais bientôt être tante, je ne pouvais pas rester à Oxford après un télégramme pareil! Dit elle en faisant un clin d'oeil à Mary.
- Bon, et bien je vous laisse toutes les deux! Je reviens d'ici une vingtaine de minutes, promit John. Il attrapa son chapeau, le vissa sur son crâne et sortit, la laisse de Gladstone dans une main et sa canne dans l'autre.
Tout en marchant dans les rues agitées de Londres, John ne pouvait s'empêcher de penser à Mary et à leur bébé. Il allait être père! Évidemment, il avait des doutes: allait il etre un bon père? Saurait il élever son enfant? Tout cela lui traversait l esprit, mais John avait appris à se détacher de l'angoisse que ces questions lui procuraient. Cependant, si le bébé et Mary n'étaient pas sujets de ses réflexions, quelqu'un d autre venait le hanter.. John soupira. Depuis qu'il avait reçu il y a sept mois ce petit paquet sans expéditeur, juste avant leur voyage à Brighton, il était persuadé que Sherlock Holmes n'avait pas péri dans sa chute en Suisse, en tuant Moriarty. Mais à part ce petit paquet, il n'avait eu aucun autre signe. Si son ami était vivant, pourquoi ne pas venir le voir? Pourquoi ne lui donner aucune nouvelle? Ça faisait dix mois maintenant que les évènements suisses s'étaient déroulés. Plus les jours passaient, plus John désésperait de revoir un jour Sherlock. Il soupira à nouveau, et sentit un étau douloureusement familier lui serrer le coeur. Son ami lui manquait affreusement.
Après une promenade de quinze minutes, John gravit les marches menant au perron de sa maison et se mit a fouiller ses poches pour retrouver les clefs. C'est alors qu'il sentit une vive piqûre dans son cou.
- Aïe! Cria t il en portant la main a sa nuque. Il se retourna vivement, mais ne vit personne sinon les passants qui le regardaient d'un air étonné. Perplexe, il se remit à chercher ses clefs en grommelant quand il sentit une nouvelle piqûre juste sous l'oreille. Gladstone aboya.
- Eh! S'exclama t il. Il fit une nouvelle fois volte face, mais cette fois, il eut le souffle coupé. "Seigneur tout puissant.. murmura t il.
Face à lui se tenait un homme aux grands yeux marrons brillant de malice et d'intelligence, avec des boucles brunes toutes emmêlées. Un sourire lui soulevait les coins des lèvres sous sa barbe de trois jours. Les doigts de sa main droite faisaient habilement virevolter une petite sarbacane.
- Vous avez bien vite oublié mes enseignements, Watson; je vous suis depuis le début de votre promenade et vous ne m'avez même pas remarqué. Il semblerait que comme je l'avais prédit, votre nouvelle vie de famille ennuyeuse à en mourir a ramolli le peu de cervelle que vous possédiez. Dit il d'une voix calme en souriant de plus belle.
- Seigneur Dieu, repeta John. C'est.. c'est vous! Sherlock!