John au pays des merveilles

Chapitre 4

1923 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 17:52

La nuit tombait lorsqu’il arriva devant la jolie petite maison – et non un terrier – entourée d’une barrière blanche.

« Elle est magnifique ! C’est exactement comme ça que j’imaginais ma future maison. » S’émerveilla John.

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John avançait d’un pas fébrile et son cœur battait la chamade.

« De quoi ai-je peur ? Ce n’est qu’un lapin après tout. »

Oui, mais pas n’importe lequel ! C’était celui qui l’avait plongé dans ce monde irréel et il avait bien l’intention de demander réparation ne serait-ce qu’en l’en faisant sortir et accessoirement emportant un souvenir poilu en passant.

Il passa le petit portillon et après quelques pas, il se tenait sur le paillasson de l’entrée.

Il inspira fort et relâcha son souffle deux fois de suite. Maintenant que son pouls battait de nouveau normalement, il leva le bras et toqua trois coups. Il attendit un instant et la porte s’ouvrit.

John se retrouva nez à nez avec ce lapin tout blanc, habillé comme la première fois où il l’avait vu. Un bien beau spécimen maintenant qu’il pouvait l’apprécier de près.

Ses yeux ronds le scrutaient, curieux de découvrir qui se tenait devant lui.

— Bonsoir, Monsieur. À qui ai-je l’honneur à cette heure tardive ? Demanda le lapin.

— J-Je suis John. John Watson, hésita-t-il. Je-Je viens de la part de la Duchesse Natricia qui m’a dit que vous pourriez m’héberger pour la nuit. Vous êtes bien le lapin blanc ?

John était nerveux. Cela lui faisait bizarre de s’adresser à un lapin, alors qu’il avait conversé sans problème avec d’autres animaux toute la journée.

— Mais absolument, cher Monsieur. Entrez donc !

Il baissa la tête pour passer la porte ronde. La maison était petite bien que John ne soit pas très grand non plus. Il entra directement dans le salon qui faisait aussi office de cuisine et salle à manger. Du blanc et du rose dominait dans toute la décoration. Un petit canapé se tenait devant la cheminée éteinte. La maison se composait de deux pièces au rez-de-chaussée dont le garde-manger. Un escalier face à la porte menait à l’étage.

— C’est charmant chez vous.

— Cette maison appartient à ma famille depuis plusieurs générations. J’y tiens beaucoup. J’imagine que vous avez déjà mangé.

— En effet, mais je ne suis pas ici que pour demander le gîte. Je devais absolument vous parler depuis que je vous ai rencontré la première fois.

— Ah oui ? À quelle occasion était-ce ?

— C’était dans un parc à Londres.

— À Londres dites-vous ? Jamais entendu parlé.

— Pourtant, c’est de là que je viens et c’est en vous suivant que je suis arrivé ici.

— Ah oui ? Peut-être… je n’ai pas la mémoire des noms, dit le lapin sans donner plus d’explications. Venez avec moi que je vous montre où vous allez dormir.

Ils montèrent l’escalier et entrèrent dans une chambre tout aussi rose qui jouxtait une salle de bains.

— Vous n’avez qu’une chambre ? Où dormirez-vous ?

— Sur le canapé, ça ne me dérange pas.

— Ça m’ennuie de vous déloger, je peux prendre le canapé.

— Non, non, non, ne vous en faites pas. J’aime que mes invités soient bien installés.

Le lapin se dirigea vers une petite commode et en sortie un grand T-shirt.

— Je n’ai rien de mieux qui puisse vous aller, mais ça vous fera un modeste pyjama.

— Euh, merci. J’apprécie ce que vous faites pour moi alors que l’on ne se connaît pas.

— Au contraire, je vous connais bien… tout le monde vous connaît plus ou moins en fait.

— Comment vous pouvez savoir qui je suis, c’est la première fois que je mets les pieds dans cet endroit.

— Je ne peux rien vous dire. Vous n’êtes pas prêt à l’entendre.

— Le chat et le chapelier m’ont dit la même chose. Pourquoi je n’ai pas le droit de savoir ?

— Prenez vos aventures parmi nous comme elles viennent. Rencontrez du monde, amusez-vous ! Les réponses arriveront en temps voulu.

— Bon, de toute façon, je n’ai pas le choix. Je découvrirais par moi-même de quoi il en retourne. Après tout, je suis l’associé d’un grand détective, j’utiliserai ses méthodes.

— Un grand détective, dites-vous ?

— Oui, Sherlock Holmes est mon meilleur ami et colocataire. Le connaissez-vous ? Dit-il d’un ton de défi.

— Je ne pense pas qu’il soit très réceptif à l’imagination, n’est-ce pas ?

— Non, il ne croit qu’aux faits. D’ailleurs, à ce propos : j’aimerais vous le présenter. Puis-je vous inviter chez nous lorsque je quitterais cet endroit ?

— Et pourquoi ?

— Pour lui prouver que vous n’êtes pas le fruit de mon imagination.

— Avez-vous l’impression que vous rêvez, John ?

— En fait, non. J’ai beau me pincer, j’ai mal à chaque fois.

Il y eut un moment de flottement où l’impression d’avoir tout dit s’installa.

— Bon, je vous laisse. Le petit déjeuner sera prêt à sept heures.

John observait le lapin. Il était comme hypnotisé.

« Comme sa fourrure doit être douce », pensa-t-il.

Au moment où le lapin allait passer la porte, les paroles de John sortirent de sa bouche sans qu’il prenne conscience de ce qu’elles contenaient.

— Dormez avec moi, il y a de la place pour deux dans ce lit.

Il rougit violemment, venait-il vraiment de demander à un lapin de dormir avec lui ? Pourtant, l’animal ne semblait pas s’en offusquer.

— Vous n’avez peut-être pas l’habitude de dormir seul. Je suppose que vous dormiez avec votre ami.

— Pas du tout ! Se défendit-il. Nous sommes seulement amis, rien de plus.

— Ai-je dit quelque chose qui vous a offensé ? Dormir avec quelqu’un pour se tenir chaud est courant.

— Non, ou-oubliez ma demande, bredouilla-t-il. C’était déplacé. Merci… pour votre hospitalité.

— Pas de quoi, à demain.

Une fois seul, John se laissa tomber sur le lit, les bras en croix.

« Non mais quel idiot ! Idiot, idiot, idiot ! Pourquoi je lui ai dit ça ! » se fustigea-t-il.

Il se redressa, prit le maxi T-shirt et se dirigea vers la salle de bains. Après une bonne douche, il fut prêt à se mettre au lit. Alors qu’il s’assit sur le lit, son regard s’attarda sur la chaise qui se situait sous la fenêtre. En fait, il n’en avait rien à faire de la chaise, toute banale qu’elle était. Ce qu’il y avait dessus le percuta bien plus : une peluche de lapin exactement identique que son hôte, en position assise, qui semblait le regarder.

« Une simple coïncidence, pourtant, il ne m’a pas semblé qu’elle était là tout à l’heure. »

Il allongea le bras pour toucher la douce fourrure. L’expérience était troublante et un frisson le parcourut. Il s’allongea sous les draps et éteignit la lampe de chevet.

Un silence complet s’installa.

Puis, d’un coup, il se leva, attrapa la peluche et replongea dans le lit avec son trophée dans les bras. Il frotta son visage contre la douceur de cette laine, il se sentait enfin apaisé depuis la première fois qu’il était arrivé au pays des merveilles.

Il repensa à sa drôle de journée. Sa rencontre avec le chapelier l’avait profondément troublé, pourtant, malgré sa ressemblance avec Sherlock, ils étaient diamétralement opposés : Plutôt marrant et enjoué, il ne prenait rien au sérieux. Pourtant, son regard pénétrant l’avait bouleversé.

Je suis en toi mais tu ne m’entends pas car si tu m’entends tu me vois. Qui suis-je ?

Cette énigme lui revint en mémoire.

« Qu’a-t-il essayé de me faire comprendre ? Mes sentiments ? Mon cœur ?… La nuit porte conseil, je trouverais peut-être la réponse à mon réveil », songea John.

Il se tourna sur le côté et serra encore davantage la peluche contre lui. Il se laissa gagner par le sommeil.

Au milieu de la nuit, on entendit l’air d’une comptine.

 

Tic tac, tourne l’heure

Docteur, quel est cet imposteur

Tic tac, tourne l’heure

Qui a volé ton cœur

Tic tac, tourne l’heure

Oublie ton esprit menteur

Tic tac, tourne l’heure

Regarde au fond de ton cœur

Tic tac, tourne l’heure

Ne lui tiens pas rancœur

Tic tac, tourne l’heure

Ne laisse pas ce sentiment devenir douleur

Tic tac, tourne l’heure

Où le temps deviendra malheur

Tic tac, tourne l’heure

Écoute les conseils de ta sœur

Tic tac, tourne l’heure

Accueille-les avec douceur

Tic tac, tourne l’heure

Réveille-toi et deviens acteur

Tic tac, tourne l’heure

Ouvre-lui ton cœur

Tic tac, tourne l’heure

Et tu trouveras le bonheur.

À SUIVRE…

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