Panne de chauffage
Sherlock referma la porte derrière lui. John se rendit compte qu'il avait oublié son pyjama, il le lui fit remarquer, mais Sherlock balaya sa remarque d'un revers de main.
– Tu n'en auras pas besoin, tu vas vite avoir très chaud.
Le blond rougit, ses phrases avaient toujours un double sens et son cerveau n'interprétait pas toujours le bon. Il commença à se déshabiller. Alors qu'il s'attaquait à la boucle de sa ceinture, il se rendit compte que Sherlock n'avait pas bougé. Il l'observait comme s'il était hypnotisé par un spectacle extraordinaire. John était très mal à l'aise.
– Tu comptes rester figé encore longtemps ?
– Euh… Non-non.
Finalement, il se déshabilla, lui tournant le dos. John en profita pour enlever son pantalon et ses chaussettes et vite se glisser sous les draps. En se retournant, Sherlock sembla perdu, vêtu de son boxer. John souleva le drap et l'invita à entrer dans le lit. Il s'y glissa et rabattit la couverture sur lui. Le lit n'était pas très large et ils étaient allongés côte à côte, leurs épaules se touchant, fixant le plafond. John était nerveux et il ne savait pas pourquoi. Son rythme cardiaque avait augmenté. Finalement, il aurait peut-être dû demander à Sarah de l'héberger. Ça ne lui avait même pas traversé l'esprit. II faut dire que leur couple battait de l'aile depuis quelque temps. La cause était en parti due à l'homme allongé à côté de lui, mais malgré son égoïsme et son ingérence sur sa vie privée, il n'arrivait jamais à lui en vouloir très longtemps. Au lieu de ça, le voilà à partager le lit de son colocataire, son espace vital qu'il n'avait jamais partagé avec qui que ce soit – sauf Irène Adler, mais elle n'avait pas demandé la permission. Il se sentait un peu privilégié qu'il lui accorde de l'importance dans sa vie, peut-être même plus qu'à son frère. Jamais il n'a eu d'amis aussi proches et qui se souciaient de son confort.
Pour le moment, il avait toujours froid, un frisson le parcouru.
– Sherlock, que proposes-tu pour se réchauffer ?
Il tourna la tête vers lui.
– Il y a plusieurs solutions, mais je doute que tu les apprécies toutes.
– Tu me connais assez pour savoir ce que j'accepterais ou non.
– Une seule me parait correcte. Se tenir dans les bras l'un de l'autre. Nos corps doivent être collés pour produire suffisamment de chaleur.
John le regarda un moment en écarquillant les yeux. Jamais il ne se serait douté qu'il lui propose quelque chose d'aussi intime. En même temps, s'il trouvait cela correcte, qu'est-ce qu'auraient été ses autres propositions ? Il n'osa même pas y penser.
– Euh, non merci. Tu es mon meilleur ami et je ne peux donc vraiment pas faire ça. On va dormir chacun de notre côté, le lit va progressivement se réchauffer sans en venir à de telles extrémités.
– Si tu le dis…
– Bonne nuit Sherlock, dis-je, en me tournant de l'autre côté.
– Bonne nuit John.
ooOOoo
La nuit avançait et Sherlock ne dormait pas. De son côté, John était profondément endormi. Ce n'était pas dans l'habitude de Sherlock de se coucher si tôt et il était tenté de se lever pour travailler sur une expérience ou jouer un air de violon, mais d'un autre côté, il avait réussi à amener son cher docteur dans son lit. Tous ses efforts depuis de longs mois étaient enfin récompensés. Il s'approcha de John et l'observa un moment. Son dos se soulevait à chacune de ses inspirations, son souffle était lent et régulier. Il posa sa main sur sa peau, il était froid. Il fit donc la seule chose qu'il trouva appropriée. Il se colla à son dos et passa ses bras autour de sa taille, posant son menton sur sa tête. Progressivement, le corps de John se réchauffa. Celui-ci remua dans son sommeil. Tout à coup, il se retourna et se retrouva face à Sherlock. Il dormait toujours, mais il se détendit tel un gros chat et fondit sur lui, se collant à lui, la tête contre son torse, les bras autour de sa taille et une jambe sur les siennes. Sherlock n'osa plus bouger ni respirer. Soit il le prenait pour un polochon, soit il rêvait d'une femme. À cette dernière pensée, il fit la moue. John gémissait. À n'en pas douter, il faisait un rêve agréable alors que la plupart de ses nuits étaient ponctuées de cauchemars. Il se consola en se disant que cette fois, il lui apportait un peu de réconfort. Finalement, il s'assoupit.
Deux heures s'étaient écoulées lorsque John s'éveilla. Il était rare que ce ne soit pas un cauchemar qui ne le fasse sursauter. Pendant son sommeil, il avait rêvé avoir pris dans ses bras une jolie femme qu'il avait courtisée. Tout semblait si réel alors qu'il sentait un corps chaud contre lui... Pourtant, là, il était sidéré, il était littéralement dans les bras de Sherlock. Comment en était-il arrivé là ? Avait-il confondu rêve et réalité comme lorsque que l'on parle dans son sommeil sans s'en souvenir ? Le point positif était qu'il n'avait pas froid alors qu'il sentait que l'air autour de lui était gelé. Mais cette position était indécente surtout en sentant où certaines parties de sa personne étaient collées. Il allait pour se dégager, enlevant sa jambe de Sherlock puis en retirant ses mains, lorsque les bras de Sherlock raffermirent leur pression contre son dos le serrant davantage contre lui. Il tenta de réveiller Sherlock en le secouant légèrement, mais il ne réagissait pas, puis, sans prévenir, son corps pivota le surplombant légèrement, sa tête au creux de son cou. Il s'empourpra. Il tenta de le repousser, mais sa position ne lui donnait pas assez de force. Que faire maintenant, le réveiller complètement ou se rendormir dans cette position. Quoi qu'il en soit, peu importe ce qu'il se passera cette nuit, personne ne devra le savoir. Les gens jasaient bien assez, inutile d'en rajouter. Sur cette pensée, il se rendormit.
Il sonnait trois heures, Sherlock et John se réveillèrent en même temps. Leurs visages se retrouvèrent à quelques centimètres l'un de l'autre. Aucun des deux n'osa bouger. Leurs positions respectives étaient suffisamment équivoques pour qu'un embarras s'installe entre eux.
– Hem… Sherlock, je crois qu'il vaudrait mieux se séparer.
Sherlock hésita quelques secondes puis chacun s'allongea sur le dos, côte à côte.
John fut parcouru d'un frisson. Il soupira. Il se leva pour aller aux toilettes. Parcourir les quelques mètres étaient dignes du parcours du combattant. Après quelques instants, il revint dans le lit. Décidément, il était difficile de dormir pleinement cette nuit. Il était de plus en plus tenté de retourner dans les bras de Sherlock même s'il savait que ce n'était pas bien, mais Sherlock ne le lui refuserait sûrement pas. Il agissait parfois comme un gamin qui a besoin de réconfort et ça ne le gênerait pas plus que ça. Après tout, il est marié à son travail. Il sourit.
– Qu'est-ce qui te faire sourire ?
John tourna la tête vers lui. Il se demanda comment il avait pu le deviner alors qu'il faisait nuit. Seuls les réverbères dans la rue diffusaient un peu de lumière vu que Sherlock ne fermait jamais ses volets.
– Rien de particulier. En fait, je me demandais comment je m'étais retrouvé dans tes bras. Je n'en ai pas le souvenir.
– C'est toi qui t'es retourné et s'est précipité sur moi. Je n'ai rien pu faire.
– Moi ? Je devais faire un rêve… Je suis désolé Sherlock, je ne voulais pas t'embarrasser.
– Aucun problème, j'en ai profité pour me réchauffer.
– À ce propos… Il hésita. La nuit n'est pas encore finie et honnêtement, j'ai de nouveau très froid. Donc, j'accepte ta proposition de tout à l'heure si tu le veux bien, mais à une seule condition : que personne n'ait vent de cette nuit.
– Tu peux compter sur ma discrétion. Mets-toi sur le côté.
John s'exécuta. Sherlock s'approcha de lui et se colla contre son dos et croisa ses bras sur le torse de John. Celui-ci frissonna à son contact, mais la chaleur se répandit sur lui. Il se sentait vraiment bien. Il remercia Sherlock et ferma les yeux. Tout deux se rendormir paisiblement sans que plus rien ne les réveille jusqu'au matin.
Malheureusement, John était loin de se douter qu'il ne se trouvait pas à l'abri des regards. Derrière la fenêtre, quelqu'un était monté afin d'espionner Sherlock, mais il eut la surprise et la confirmation de ce qu'il avait toujours plus ou moins su. Il se passait vraiment quelque chose entre ces deux-là. Une idée germa dans son esprit et il décida qu'il l'appliquerait dès le lendemain, puis il redescendit et s'évanouit dans la nuit.
John s'éveilla lentement. Il était toujours dans les bras de Sherlock. Il tourna sa tête vers lui, il semblait dormir. John appela doucement. « Sherlock ? Il grogna. Il faut se lever, on doit aller au club Diogène. »
Sherlock ouvrit les yeux, il avait toujours John contre lui. Il souriait. Sa peau chaude et douce sous ses mains, son odeur musquée, tout en lui l'enivrait. Il le serra un peu plus, profitant encore de sa chaleur. John se fâcha. Même s'il avait accepté cette proximité un peu trop intime à son goût, il ne comptait pas prolonger cet état de fait. Il se redressa et s'assit. Sherlock n'eut pas d'autres choix que de le lâcher. Alors que John se levait, il frissonna. Après tout, il ne portait que son boxer. Sherlock lui suggéra de prendre sa robe de chambre. Ensuite, John prit ses vêtements laissés sur une chaise et sortit de la chambre pour aller chercher une nouvelle tenue dans la sienne. Sherlock, quant à lui, se leva et s'habilla. Après un rapide petit déjeuner, ils quittèrent Baker Street en direction du club Diogène.
ooOOoo
Mycroft les attendait dans son bureau. Après les premiers détails concernant le respect de l'anonymat des membres qui ne devaient jamais apparaître dans les récits diffusés sur le blog de John, les noms qu'il rapporterait, seraient donc totalement inventés.
Ils entrèrent dans un salon dans lequel une trentaine de personnes étaient présentes soit assises soit debout. Sherlock jugea chaque homme comme il le faisait à chaque fois qu'il travaillait sur une enquête.
Après examen, Sherlock demanda à deux d'entre eux de rester, Mycroft congédia les autres. Il s'agissait de sir George Carter et Mr Andrew Wright. À première vue, John se dit qu'il s'agissait d'hommes d'affaires d'âges mûrs aux vues de leurs tenues soignées et élégantes. Sherlock leur posa des questions qui lui paraissaient tout à fait anodines, mais qui semblaient mettre mal à l'aise Mr Wright. Sir Carter fut également reconduit à la porte.
– Mr Wright, il me semble que vous n'avez pas répondu précisément à une question : où étiez-vous la nuit du 11 au 12 ?
– Eh bien, j'étais sorti prendre l'air, j'ai nombre de préoccupations dans mon métier et j'étais préoccupé. Vous ne pouvez pas me reprocher de m'inquiéter pour mes investissements.
– En effet, j'ai eu vent de nombreuses difficultés financières. Vous êtes au bord de la faillite et il est compréhensible qu'un coup de pouce financier pourrait vous sauver encore fallait-il avoir quelque chose à proposer en échange.
– Comment ? Non… Je suis un honnête homme, je ne trafiquerais jamais…
– Les documents volés, mais surtout leurs mises en œuvre étaient connus de tous les membres. Il me semble que vous y avez participé occasionnellement. Vous saviez que c'était confidentiel et inconnu du grand public. Des indices, vous confondants sur le lieu du vol, ont été retrouvé. Vous n'êtes pas un homme malhonnête Mr Wright, mais je suppose qu'une personne vous a fait du chantage, une personne qui connaissait parfaitement l'existence de ces documents et qui vous a menacé de tout dévoiler à votre femme.
Mr Wright baissa la tête en signe de résignation. John était, quant à lui, assez perplexe, il ignorait encore quels rapports il y avait entre leurs activités pas très morales et ces documents.
– À qui avez-vous vendu ces documents ? demanda Mycroft.
– C'était un homme, mais je ne l'ai pas vu. Je l'ai rencontré un soir en sortant de mon travail. Il était dans l'ombre. Je ne sais rien de plus. Il ajouta d'autres détails comme le lieu, la taille de l'homme…
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En sortant, John constata avec désespoir qu'il s'était remis à neiger. D'habitude, il aimait la neige, surtout observée depuis la fenêtre de leur petit appartement bien chaud. Aujourd'hui, l'électricien s'occupait du rez-de-chaussée alors qu'il n'y avait pas de problème de chauffage immédiat à ce niveau, mais on le disait souvent : les femmes d'abord. Encore une journée glaciale en perspective. Une idée lui traversa l'esprit et il en fit part à son ami.
– Sherlock, je pense que ma présence est inutile sur cette affaire, vu qu'il n'y a pas eu de meurtre. Je vais aller à mon cabinet, j'ai suffisamment pris de retard sur mes consultations.
– En effet, je pense même résoudre cette affaire avant ce soir. Va donc te mettre au chaud ! ajouta-t-il ironiquement.
Il haussa les épaules. Décidément, ses intentions seraient toujours aussi claires que de l'eau de roche pour son ami.
Il appela un taxi. Il annonça sa destination et la voiture démarra. Pendant un moment, tout se déroula bien, mais au bout d'un certain temps, la voiture bifurqua dans une ruelle. Il appela le chauffeur, mais celui-ci ne répondit pas. Il s'arrêta devant la porte d'une usine. Le chauffeur se retourna en pointant un revolver avec un sourire mauvais. John se recula contre le fauteuil, il se trouvait en bien mauvaise posture.
– Docteur Watson, veuillez descendre de voiture, une personne souhaite vous rencontrer.
Il ne se fit pas prier, il sortit et se dirigea vers la porte, suivit de l'homme qui l'avait conduit ici. Le bâtiment était déserté depuis peu, les meubles n'avaient pas tous été emportés. Après être passés par le hall, ils prirent un ascenseur en direction du troisième étage. L'homme faisait des bulles avec son chewing-gum ce qui agaça John. Il essaya néanmoins d'en savoir plus, mais le type ne lui répondit pas. Ils longèrent un couloir puis entrèrent dans une petite pièce qui donnait sur une autre, derrière une grande baie vitrée. Assise sur un des sièges de la pièce, se trouvait la seule personne qu'il ne pensait pas revoir un jour : Irène Adler.
– Bonjour Docteur, c'est un plaisir de vous voir.
– Mademoiselle Adler, pouvez-vous m'expliquer ce que tout ceci signifie ?
– Oh, ça me semble évident ! Vous êtes, avec Mr Holmes, sur une affaire. Vous voilà en présence de la personne responsable de tout ceci.
– C'est donc vous qui avez fait chanter Mr Wright et fait voler les documents de Mr Wilson ? Pourquoi ?
– C'est pourtant très simple, vous connaissez mes talents de dominatrice. Je voulais mettre un peu de piquant dans mes séances et je sais que les membres du club Diogène font exactement la même chose. Le professeur Wilson est un grand chimiste de renommée et il a mis au point dans le plus grand secret un gaz qui permet d'augmenter le désir sexuel à un point tel que vous pouvez faire l'amour des heures durant allant d'orgasme en orgasme sans éprouver le moindre moment de fatigue.
John était abasourdi d'entendre ça, maintenant qu'il connaissait la nature de ce gaz, toutes les pièces du puzzle venaient de s'assembler. Pour la première fois, il avait involontairement résolu l'affaire avant Sherlock. « Mais qu'est-ce qu'il faisait ici alors ? Peut-être qu'Irène avait des vues sur Sherlock ? » , pensa-t-il.
– Docteur, faites-moi le plaisir d'entrer dans cette pièce.
N'ayant pas trop le choix, il s'approcha lentement de la porte vitrée qui était ouverte lorsque il fut brusquement poussé à l'intérieur par l'acolyte d'Irène qui ferma la porte à clé. La pièce n'était pas très grande et totalement vide. Irène parla à travers un micro.
– Docteur, vous m'avez caché que vous entreteniez une relation très intime avec Mr Holmes. J'ai été surprise en vous espionnant la nuit dernière. J'avais prévu une petite surprise pour Mr Holmes, mais en vous voyant dans les bras l'un de l'autre, je vous ai trouvé adorables, dit-elle en ricanant.
John piqua un fard, ses pires craintes se réalisaient. Entre les caméras de Mycroft qu'il avait découvert quelques semaines plus tôt et qui l'avait mis en colère et maintenant le fait qu'on l'espionne par la fenêtre pendant son sommeil. Il se sentait mis à nu et balancé sur la place publique. Devant son air dépité, Irène le rassura.
– Allons Docteur, je n'ai pas l'intention de vous nuire. Votre relation avec votre colocataire ne regarde que vous. Et en ce qui concerne le gaz, je n'ai nulle intention de m'en servir publiquement, il s'agit juste d'un usage privé. Si vous êtes ici, c'est pour tester le gaz, je veux être sûre de son effet et en même temps, je vous fais une fleur Docteur, vous serez un cadeau idéal que Mr Holmes appréciera, j'en suis sûre. Et n'essayez pas de briser les vitres, elles sont blindées. Cette pièce était un laboratoire d'expérimentation de toute sorte qui nécessitait des protections.
Pendant un moment, rien ne se passa, puis le gaz se propagea dans la pièce à travers les aérations. Il sentit un parfum fort agréable qui lui piqua d'abord les yeux et il eut l'impression de suffoquer, ensuite, il commença à ressentir dans son corps une réaction qu'il était censé pouvoir contrôler, il se rendit compte qu'il était devenu le spectacle de ses deux geôliers qui l'observaient tels des loups affamés. Il tomba à genoux et se plia en deux, terrassé par une vague de sensations humiliantes. Il ne put réprimer quelques gémissements. Des larmes coulaient, jamais il ne s'était senti aussi vulnérable. Dans son désespoir, un seul mot sorti dans un murmure : « Sherlock »
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Sherlock était rentré directement à Baker Street. Au vu des informations qu'il avait pu récolter, il avait pu faire un profil de l'homme que Mr Wright avait rencontré. C'était de toute évidence un homme de main. Le véritable maître chanteur restait dans l'ombre. L'heure du déjeuner passa, l'après-midi avançait. Il lui manquait toujours un élément et le dénominateur commun. Son téléphone bipa. Il consulta ses messages :
"J'ai une surprise pour vous, veuillez me retrouver à cette adresse." -IA
Sherlock leva un sourcil. Il savait qu'Irène Adler était revenue à Londres récemment et sa participation à ce chantage était tout à fait son style, d'ailleurs son implication était en haut de sa liste. Venant d'elle, il pouvait s'attendre à tout. Il envoya un message à John, lui demandant de venir le rejoindre. Après un petit moment, il constata qu'il n'avait pas répondu, il lui envoya trois autres SMS. Finalement, il semblerait qu'il ne puisse pas compter sur lui.
Il prit son manteau et sortit. Il arriva sur les lieux quinze minutes plus tard. Un homme était assis sur le muret à côté d'une porte. Il fit signe à Sherlock d'entrer et lui emboîta le pas.
Irène était assise sur le comptoir de l'accueil. Elle tenait dans ses mains le fameux dossier que tout le monde recherchait.
– Sherlock Holmes, c'est une joie de vous revoir.
Sherlock s'approcha d'Irène, mais son complice se mit entre eux.
– Ça ira Mike, il ne me veut aucun mal, n'est-ce pas Mr Holmes ?
– Je suis venu pour récupérer le dossier que vous avez volé. Si vous me le rendez sans faire d'histoires, je consens à vous laisser partir.
– Naturellement, c'est d'ailleurs l'une des raisons de votre présence ici. Je vous rassure sur le fait que je n'avais nullement l'intention de nuire à qui que ce soit. Ceci était d'un but très personnel et je suis sûre que vous comprenez.
– Je connais vos mœurs, loin de moi de vous juger sur ce point.
Irène lui remit le dossier. Alors qu'elle s'éloignait, elle s'arrêta et se retourna.
– Oh, Mr Holmes, j'allais oublier votre cadeau, je ne vous ai pas fait venir sans une police d'assurance. Comme vous vous en doutez, je n'ai pas fait tout cela pour rien. J'ai fait une copie des documents qui sont à l'abri.
Sherlock la regarda perplexe.
– Si ce n'était pas pour les documents, que de toute évidence, vous n'aviez aucune intention d'abandonner, pourquoi suis-je donc ici ?
– J'avais besoin d'être sûre de l'efficacité de ce gaz et ma première idée était de le tester sur vous, le puceau. Mais une vision totalement inattendue m'a fait changer d'avis. Vous trouverez votre cadeau au troisième étage, deuxième porte à gauche. J'espère qu'il sera à votre goût.
Et sans plus de cérémonie, ils s'en allèrent.
Sherlock prit donc l'ascenseur, un doute le submergeant. Il avançait prudemment et ouvrit la porte. La pièce éclairée ne contenait pas de fenêtre. Deux sièges étaient posés devant une table face à une grande baie vitrée. Un micro était posé sur la table. Une pièce se trouvait derrière plongée dans le noir. Il s'approcha plus près et crut apercevoir quelque chose contre le mur du fond. Puis il réalisa ce qu'il voyait. John était assis la tête sur ses bras qui entouraient ses genoux. Sherlock alluma la lumière de la pièce. John frissonna. Il déverrouilla la porte et s'avança. Il s'arrêta, se figea à mi-chemin. Il huma l'air ambiant, une odeur de fleurs exotiques, de gingembre ainsi que d'autres fragrances qu'il n'arrivait pas à déterminer. Il ouvrit le dossier et lut la composition du gaz et comprit enfin ce qu'il s'était passé. Il s'approcha de John et s'accroupit en face de lui. Le blond n'avait toujours pas fait un seul mouvement. Sherlock avança son bras et au moment où il toucha son épaule, celui-ci releva la tête et hurla.
– NE ME TOUCHE PAS ! VA T'EN ! ÉLOIGNE-TOI DE MOI !
Sherlock se leva précipitamment et recula comme s'il avait été giflé. Il se retourna et appela Mycroft.
John ne comprit pas ce qu'il disait, mais il s'en fichait. Tout ce dont il était sûr, c'est qu'il n'arrivait pas à rassembler ses esprits. Il frissonnait de tous ses membres. Il se concentra pour maîtriser son corps. Dans l'état où il était, il était capable de se faire le premier venu. Jamais il n'avait été dans un tel état d'excitation. Il releva les yeux, Sherlock était dans la pièce d'à côté, toujours au téléphone. « Mais que faisait cet imbécile, appelait-il les urgences ? » bougonna-t-il.
Mycroft décrocha immédiatement. Sherlock lui annonça qu'il avait retrouvé les documents, mais que les voleurs s'étaient enfuis et sûrement très loin à l'heure qu'il était. Puis, il lui annonça le problème de John. Mycroft lui demanda juste de ne pas bouger avant qu'il ne les rejoigne puis raccrocha.
Sherlock se tourna vers John, celui-ci le regardait fixement, mais pas de la manière habituelle. Il décida donc de s'approcher à nouveau de lui pour comprendre ce qui se passait, car c'était un aspect de John qu'il n'avait encore jamais expérimenté. Il semblait sauvage, comme si son côté maîtrisé et humain avait laissé place à un instinct plus basique.
Il s'accroupit devant lui.
– John ? Que ressens-tu en cet instant ?
– Je… Je n'ai pas envie d'en parler avec toi. Il détourna les yeux.
– Tu sais maintenant à quoi servait ce gaz. Si je m'étais douté qu'Irène t'eût pris pour cible…
– Tu ne pouvais pas le savoir. Elle m'a dit nous avoir espionnés par la fenêtre de ta chambre. C'était sur toi qu'elle pensait tester le gaz. J'aurais mieux fait de me geler dans ma chambre, soupira-t-il.
– Mycroft va arriver, il aura sûrement une solution pour toi.
– Ton frère ? Pourquoi n'as-tu pas appelé les urgences ?
– Tu sais bien que personne ne doit être au courant pour le gaz et puis les médecins auraient posé tout un tas de question embarrassante pour toi.
John ronchonna, mais ne désapprouva pas sa remarque.
Vingt minutes plus tard, Mycroft arriva, suivit par quelques experts qui devaient faire le ménage pour effacer toute trace du gaz dans la ventilation.
Sherlock rejoignit son frère.
– Il semblerait que le gaz ait été répandu sous sa forme pure. Nous-mêmes l'utilisons dilué, car il est très agressif et provoque des effets secondaires... Je suis étonné qu'il arrive à se maîtriser alors que vous étiez seuls tous les deux, dit-il, en regardant John du coin de l'œil.
– Je pense au contraire qu'il est à bout, continua Sherlock, il ne résistera plus très longtemps surtout avec tout le va-et-vient de ces personnes à proximité. Que peut-on faire pour lui ?
Mycroft sortit une bombe aérosol et le remit à Sherlock. Celui-ci l'interrogea d'un regard appuyé.
– Il s'agit du gaz dilué que les membres du club utilisent. J'ignore si cela suffira, mais il est déconseillé d'en utiliser plus la première fois. Ça permettra de tenir une bonne partie de la nuit, car John est gonflé à bloc et ça promet d'être long, intense et douloureux.
– Attends ! Si je comprends bien ce à quoi tu penses, pour le soigner, tu suggères qu'il ait une relation sexuelle ?
– Bien sûr, qu'est-ce que tu croyais ? C'est le moyen le plus efficace de lui faire évacuer toute l'adrénaline et la tension qu'il a dans son corps, sans danger. S'il continue à résister, cela pourrait avoir des conséquences désastreuses sur son système nerveux.
– Et l'heureuse élue sera… Il y a bien cette Sarah qu'il côtoie de temps en temps…
– Allons Sherlock, tu ne vas pas me dire que tu laisserais une femme avoir tous les honneurs depuis le temps que tu me bassines sur ton cher Docteur ? Sinon, je me ferais une joie de prendre ta place. John est un très bon parti…
– C'est bon ! Je m'en occupe ! répondit-il d'un air mauvais et il s'en alla rejoindre John.
– John, lève-toi, on rentre !
– Et alors, tu as quelque chose pour me soigner ?
– Oui, j'ai ça, dit-il, en lui montrant l'aérosol.
John fit un léger sourire, ce cauchemar allait bientôt se terminer. Un frisson le parcourut et son bas-ventre le sollicitait de plus en plus. Il se releva doucement et se dirigea vers la sortie en se tenant par les bras. Il regardait le dos de Sherlock devant lui et se prit à rêver d'être à nouveau blotti dans ses bras.
À SUIVRE...