Lorsque tu te réveilles

Chapitre 2 : Welcome back

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:15

Second chapitre de ma fanfiction. Cette fois-ci, nous passons du point de vue de John...
Les personnages ne m'appartiennent pas et proviennent de l'excellente série Sherlock de la BBc ainsi que des oeuvres de Sir Arthur Conan Doyle.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !


Welcome back

Il faisait noir, mais un noir d'encre, un noir insondable et glacé, qui paralysait les sens, qui emprisonnait l'esprit, qui angoissait l'âme. John avait déjà ressenti cela. En Afghanistan, lorsqu'il s'était enfoncé dans l'inconscience, lorsqu'il avait été blessé. Pour rien au monde il n'aurait voulu revivre ça. Non, pour rien au monde.

Bloqué au fin fond de sa conscience, le docteur luttait pour reprendre contact avec le monde qu'il savait à portée de main. Oui, il le voulait. Du moins, il le croyait. L'ancien militaire ne savait pas pourquoi, mais il sentait que quelque chose l'empêchait de revenir, quelque chose de ténu, quelque chose qu'il refusait de voir, d'entendre, de penser. Et pourtant, il savait ce qui faisait barrage.

Il avait peur. Peur de ne pas avoir su protéger Sherlock. Peur d'avoir perdu ce colocataire exaspérant, imbu de lui-même, génial et en même temps ignorant de certaines choses qui paraissaient si évidente, si froid, hautain et en même temps si humain lors de ses crises de bouderies, de gamineries. Un sourire se forma dans l'esprit de John. Si Sherlock l'entendait, il y avait fort à parier que ce dernier n'aurait guère apprécié.

Encore fallait-il qu'il soit vivant. Cette pensée le frappa de plein fouet. Etrangement, cela lui faisait bien plus mal qu'il ne le pensait, de se dire que le détective consultant n'était peut-être plus en vie. Il refusait d'y songer, il refusait d'y prêter une quelconque foi.

Il savait qu'il n'aimait pas le détective. Il aimait Sarah. C'était vers la jeune femme qu'allaient ses désirs. Ce qui le liait à Sherlock était cependant un lien plus étrange encore. Plus fort. Il avait rapidement comprit que le détective, aussi borné, hautain, froid et sociopathe qu'il pouvait être, ce détective avait besoin de lui. Il était son seul véritable ami. Pas une connaissance non, mais un ami sur qui on pouvait compter. Réellement. Et lui, le docteur John Watson, avait autant besoin de Sherlock Holmes que ce dernier avait besoin de lui. L'un et l'autre étaient seuls. Terriblement seuls. Et c'était leurs souffrances et leurs ténèbres qui les avaient rapprochées. Pas leurs lumières.

John sentit le noir se faire moins pesant. La conscience de son corps lui revenait petit à petit, fragment par fragment. Au bout de quelques minutes, il ouvrit lentement les yeux. La vue d'un plafond entièrement blanc l'informa qu'il était dans un hôpital. Tournant la tête doucement, connaissant les effets d'une inconscience plus ou moins prolongée, il put voir Sherlock endormit dans le lit voisin. Sa respiration calme et régulière le rassura. Le détective s'en était sorti.

Il se souvenait encore de l'angoisse qui l'avait saisi lorsqu'il avait vu le corps du détective sombrer dans l'eau, teintant cette dernière d'un rouge poisseux à l'infâme goût de fer et de rouille. De la montée d'adrénaline qui l'avait fait plonger et ramener le détective à la surface. Du bruit du troisième tir, de la douleur atroce qui lui avait traversée l'épaule droite. De sa panique face au visage livide de l'adulte aux cheveux de jais qu'il tenait dans ses bras. Des souvenirs qui l'avaient assailli sans crier gare. La peur, l'étouffement, le désespoir. Le bruit des mitraillettes qui avait envahi ses oreilles. Les sirènes de l'ambulance et des policiers lui avaient paru lointaines, presque irréelles. Il n'avait pu reprendre contact avec la réalité que lorsqu'une main s'était posée sur son épaule et qu'on lui avait retiré Sherlock de ses bras. Ensuite, c'était très flou. Il n'avait pas souvenir de s'être débattu, mais plutôt d'être resté passif, presque spectateur. Après avoir été conduit à l'ambulance, il ne se souvenait de rien. Ce devait être à ce moment qu'il s'était évanoui.

Un soupir franchit ses lèvres, alors que les premières lueurs de l'aube éclairaient la pièce aseptisée dans laquelle lui et Sherlock se trouvaient. Cette fois-ci, ils l'avaient vraiment échappé de peu. À croire qu'ils étaient protégés par une quelconque étoile qui tentait tant bien que mal de limiter les dégâts. Du coin de l'œil, le docteur remarqua le léger sourire de son colocataire, grâce à la faible lumière qui daignait enfin le seconder.

Une douleur soudaine à l'épaule droite le fit grimacer. L'anesthésiant devait avoir fini d'agir maintenant. Et nul doute que cela n'allait faire qu'empirer si on ne leur remettait pas du produit d'ici une ou deux heures. Dans tous les cas, son corps était épuisé, et son esprit aussi. Autant dire que les bras de Morphée lui paraissaient très accueillants. Fermant les yeux, le docteur Watson se laissa donc aller à l'assoupissement, satisfait de la situation dans laquelle il se trouvait avec Sherlock.

Lorsqu'il se réveilla, il trouva l'inspecteur Lestrade en grande conversation avec son colocataire. Quoi de plus normal après tout, ils avaient subits l'explosion d'une bombe, et étaient donc de ce fait des témoins dans l'enquête que menait la police en ce moment même. Ce fut Sherlock qui remarqua son réveil en premier. Coupant court à sa discussion avec Lestrade, il lui sourit et le salua

- Bonjour John, comment allez-vous ?

- Eh bien… Assez bien je dirais, du moins pour quelqu'un qui vient de survivre à une explosion et à un tir dans l'épaule droite. Et vous-même ?

- Bien, tout comme vous je pense. L'inspecteur Lestrade venait d'ailleurs s'enquérir de notre état et de ce qui s'était passé.

-Exact, intervint l'intéressé. J'ai été affecté sur cette affaire, vu qu'elle est liée à notre poseur de bombe. Ainsi, cette fois, c'était vous qui avez été bardé d'explosif, docteur Watson ?

- En effet.

- Et je suppose que comme pour les autres victimes de ce malades, et au vu de vos blessures, vous étiez menacés par des snipers, vous et Sherlock.

- Oui.

- Bon sang Sherlock ! explosa soudainement l'inspecteur. Vous auriez pu au moins nous envoyer un message ou nous prévenir au lieu d'aller seul au lieu de rendez-vous !

- Si je l'avais fait inspecteur, croyez-vous qu'il se serait montré sous son vrai visage ? C'était la seule manière de le faire sortir de l'ombre, répliqua calmement l'intéressé. Au fait, l'avez-vous retrouvé ?

-Justement, non. À part vous deux, on a trouvé personne à la piscine, ni aucun indice. Le souffle de l'explosion ayant détruit en grande partie le bâtiment, les preuves sont soit détruites soit ensevelies sous les gravats.

-Nous n'avons donc rien pour le trouver. Je doute fort que l'identité qu'il nous ait donné soit la vraie. Donc, nous repartons de zéro.

-Et le portrait-robot ?

-Peu de chances que ça marche John. Cet homme n'est pas un criminel de bas étage. C'est un génie. Il ne se laissera pas prendre aussi facilement.

- En attendant, vous allez quand même nous le donner. Peut-être que ce sera totalement inutile, mais c'est toujours mieux que rien Sherlock.

Ainsi fut fait. Une fois l'inspecteur parti, les deux hommes furent prit en charge par les médecins et les infirmières.

Ils passèrent deux bonnes semaines à l'hôpital, le temps estimé nécessaire par le personnel à leur rétablissement. Inutile de dire que durant ces deux semaines de totale inactivité ou presque, le brun s'ennuyait à mourir et John en supportait les conséquences. Vraiment, l'inactivité n'allait pas au petit duo. Si Sherlock s'ennuyait de pied ferme, John lui se remémorait son passé en Afghanistan durant son sommeil. Ces deux semaines furent peuplées de cauchemars où il mélangeait ces souvenirs et les évènements de la piscine. Il n'était pas rare qu'il se réveille en sursaut la nuit, couvert de sueur, cherchant des yeux le détective qui dormait dans le lit d'à côté. Ses songes sanglants le hantaient, mais il n'en parla à personne, pas même à Sarah, qui était venu leur rendre visite plusieurs fois au cours de leur convalescence. Oh bien sûr, le détective s'était bien aperçu que quelque chose travaillait l'ancien soldat, mais il eut la gentillesse de ne rien relever.

À leur sortie, madame Hudson les accueillit avec un immense sourire, non sans les réprimander quelque peu au passage. Elle s'était véritablement fait du souci pour les deux hommes lorsqu'on lui avait appris qu'ils avaient été victimes d'une explosion, peut-être parce qu'elle les considérait un peu comme ses fils. En tous les cas, Sherlock fut heureux de retrouver leur appartement et la présence chaleureuse de ce petit bout de femme. Cependant, il lui manquait une affaire sur laquelle passer ses nerfs et éprouver son génie. John, lui, retrouva son cabinet et ses malades, ainsi qu'un semblant de tranquillité, qu'il savoura du mieux qu'il put, sachant que cette situation n'allait pas durer longtemps. Il ne se doutait pas que son pressentiment allait se vérifier si vite…

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