Sentaï Scoop

Chapitre 8 : Good bye my Sentaï ! (Itsudatte my Sentaï !)

3591 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/09/2015 15:52

Chapitre 8

 « Alors ta décision est prise ? Tu te casses ?

- Oui. » Répondit simplement Olys à Vipère en refermant son casier d’un coup sec. La tôle était déformée, les deux tiers des casiers avaient été défoncés par des étudiants de la Villains School.

« Je vais quitter la Sentaï School.

- ….. mauvaise idée…… amis ? Murmura Bibi d’une petite voix triste.

- Des amis que mon ambition a failli annihiler ? Je préfère arrêter là les frais.

- Et ton rêve de devenir journaliste tu fais une croix dessus ?

- Si je voulais faire ce métier c’était pour aider la justice à triompher… Pas pour aider des super-vilains à détruire le monde et transformer un justicier en robot tueur.

- ….bêtise.

- J’uis d’accord avec Bibi, c’est quand même grâce à toi que Wilka est sous les verrous et que les affaires de Tôa ont repris de plus belle. En plus tu vas faire quoi à la place ?

- Je pensais me lancer dans le roman-photo. J’ai eu plein d’idées de scenario pendant ces quelques mois passés à l’école.

 - C’est complètement débile ! Lâcha Vipère. T’es monomaniaque, tu n’pourras pas te reconvertir. En plus on s’est bien marré toutes les trois pendant ces quatre mois.

- …dire au revoir…… garçons, au moins ?

- Tout à l’heure. Là j’ai rendez-vous avec mademoiselle Gégé, elle voulait me voir. Après je pars, c’est pas la peine que je reste pour la fête de Noël...

- Olys ! Brailla Vipère. On me la fait pas à moi : je t’ai vu sur le toit face au terminaken : t’as ça dans les tripes. T’es pas une journaliste, t’es une foutue héroïne qui s’ignore !

- Peut-être, mais je ne changerai pas d’avis. » Répliqua Olys avant de tourner les talons. Shinobi et Vipère la regardèrent s’éloigner.

« ….faire quelque chose. » Marmonna Bibi à l’oreille de Vivi.

Lorsqu’elle fut assez éloignée de ses deux amies, Olys ouvrit son gilet et regarda la photo qu’elle avait glissée dans sa poche. C’était un portrait de Ken très simple, en uniforme d’hiver, le doigt levé avec perplexité, son regard stoïque et ingénu habituel regardait dans sa direction. Olys soupira, la gorge serrée. Les autres photos étaient déjà dans un carton prêt à partir pour l’incinérateur de la déchetterie. Il ne lui restait que celle-là et elle n’avait pas le cœur de s’en débarrasser

Elle rangea soigneusement la photo dans sa poche puis elle se décida à entrer dans le bureau de mademoiselle Gégé.

Bibi et Vipère de leur côté étaient parties alerter leurs amis de la décision irrévocable d’Olys. Emmitouflés dans leurs doudounes et leurs écharpes, les garçons s’étaient regroupés près d’un arbre dans le parc devant l’école. Toute la façade du bâtiment était recouverte d’échafaudages sur lesquels s’activaient de multiples ouvriers. Le bruit des scies et des perceuses était assourdissant, élèves et enseignants attrapaient des migraines, alors Ultra Sama avait raccourci la durée des cours et augmenté la longueur des pauses pour le temps des réparations. Elles devaient durer au moins deux mois.

« Manquait plus que ça. Ce départ va encore plomber nos fêtes de Noël ! Râla Hongo. Comme si le fiasco de l’an dernier n’avait pas suffi.

- C’est vrai qu’entre ça et Keiji qui refait des crises gothiques… » Soupira Duke, sa guitare accrochée dans le dos et son chibi à l’air tristounet sur la tête.

Tôa et lui se retournèrent vers Keiji, adossé contre les restes d’un muret démoli pendant l’attaque de la Villains School, les mains dans les poches. Il avait troqué sa veste rose contre un tee-shirt noir avec une tête de mort. Les cernes sous ses yeux étaient revenus et il négligeait sa toilette. En sentant le regard de ses amis posé sur lui, il les toisa avec un regard sombre et fit la grimace.

« N’aviez qu’à pas faire arrêter Wilka. Il était le seul à mettre un peu de joie de vivre dans ma morne existence… Lâcha dark-Keiji d’une voix dégoulinante.

- Il faut raviver la flamme de la justice qui brûle en elle ! Proposa Hongo en prenant une pose héroïque.

- Je peux composer une chanson spécialement pour l’occasion… Dit doucement Duke. Ma mélodie effacera ses peines, elle la réconfortera et je toucherai son âme de justicière.

- Fougni, fougnigni…

- Pas vrai Chibi ? Toi non plus tu ne veux pas qu’elle s’en aille.

- Organisons un diner d’adieu. Je vais lui préparer mes meilleurs plats ! Lança Tôa. Ce sera un véritable chef-d’œuvre, un orgasme culinaire ! Elle ne voudra plus partir après cela.

- Ouais, Olys et saucisse ça rime ! Ironisa dark-Keiji.

-…… seule chose….la retenir... » Susurra Bibi.

Elle jeta un coup d’œil rapide et tendre à Hongo puis se mit à rougir comme un coquelicot. Les autres comprirent assez vite où elle voulait en venir et, dans un même mouvement synchronisé, ils se tournèrent tous vers Ken, son doigt perplexe dressé vers le menton. Vraisemblablement, on parlait de lui.

Pendant ce temps, dans le bureau de mademoiselle Gégé…

« Comment ça je ne pars pas ? Fit Olys en haussant un sourcil.

- Je n’ai pas fait votre transfert de dossier, répondit Mademoiselle Gégé de manière abrupte. Sur son bureau devant elle étaient posées une veste et une chemise violettes toutes neuves avec l’écusson de la Sentaï brodé dessus.

- Mais pourquoi ? Demanda Olys, perplexe.

- Parce que nous avons besoin d’étudiantes comme vous ici mademoiselle Allen ! »

La conseillère farfouilla dans sa paperasse.

« A ce propos, j’ai pris la liberté de modifier votre emploi du temps. Désormais, vous êtes intégrée aux quatrièmes années. Vous serez dispensée de cours de magical-chorégraphie. Par contre, je vous ai inscrite aux cours de robotique avancée et vous allez désormais vous occuper du journal de l’école.

- Mais il n’y a pas de journal à l’école…

- Si maintenant il y en a un : je l’ai appelé le "Sentaï Scoop". J’espère que vous aimez car je ne changerai pas le titre. 

- Mais je ne comprends pas… Attendez, des cours de robotiques ? » Un énorme doute s’immisça dans l’esprit d’Olys. Comme si mademoiselle Gégé l’avait deviné, elle lui expliqua.

« Mes lunettes sont à quadruple foyers, anti-rayures, antireflets et teintées. Vous pensiez vraiment que le flash de ce chien bizarre me ferait quoi que ce soit ? Ken Eraclor est un gentil robot, pardon je voulais dire un gentil garçon, mais je ne veux pas que ce genre d’incident se reproduise. Ultra Sama ne s’en remettrait pas et j’en ai marre de supporter ses crises de nerfs à longueur de journée. Je compte sur vous pour le tenir à l’œil, vous avez déjà fait vos preuves, même si je suis la seule à m’en souvenir. 

- Mais j’ai promis à Nonos 2 de ne plus…

- A qui ?

- Au tuteur légal de Ken. Le chien bizarre.

- Ah, et bien moi je suis membre du corps enseignant de la Sentaï School et en tant qu’apprentie héroïne, ce sont vos engagements auprès de moi qui prévalent. Vous pouvez disposer. Bon retour parmi nous, mademoiselle Allen ! »

Olys sortit du bureau, interdite. Elle resta un long moment seule devant la porte face au mur, ou plus exactement au trou béant dans le mur en face du bureau de mademoiselle Gégé. De loin, sur le trottoir d’en face, elle pouvait voir la boutique wilka fermée définitivement. Les vitres étaient recouvertes de planches de bois et un panneau à vendre était accroché à la porte.

(D’accord… Et je fais quoi maintenant ? Je n’arriverai jamais à les regarder en face à nouveau.)

« Elle en met du temps pour sortir du bureau de mademoiselle Gégé ! » S’impatienta Hongo. Il tournait en rond comme un lion en cage ou, au choix, un futur papa dans une salle d’attente de maternité. Il ne l’admettrait pas mais lui aussi s’était attaché à Olys.

« Ca s’trouve elle s’est barrée sans nous dire en revoir, baragouina dark-Keiji, bon débarras… Aïe ! »

Bibi frappa son frère à l’arrière du crâne pour le punir de sa méchanceté. Duke jouait un petit air avec sa guitare pour passer le temps. Il s’arrêta un instant et regarda Ken.

« Ken tu fais quoi depuis tout à l’heure avec ce sèche-cheveu et ce bac à glaçons ?

- Eh mais tu voles ! » S’exclama Tôa qui n’en revenait toujours pas, même après avoir vu de ses propres yeux Ken secourir Olys dans les airs. L’enfant robot lévitait effectivement à quelques centimètres au-dessus du sol.

« J’ai lu dans un livre que les humains amoureux se sentaient légers au point d’avoir l’impression de voler. Qu’ils avaient chaud et froid en même temps et que leur cœur battait fort et vite. J’ai beau essayer, c’est une sensation très difficile à obtenir, se justifia Ken.

- Ken… S’affligea Tôa en se prenant la tête entre les mains. Ce n’est pas comme ça qu’on va réussir à la retenir.

- Eh la voilà ! » S’écria Vipère.

Olys déglutit avec difficulté en apercevant son petit groupe d’amis. Elle avait toujours honte de ce qu’elle avait fait subir à toute l’école. Ce qu’elle ignorait toutefois c’est que Ken et ses acolytes avaient si souvent provoqué la destruction de l’école que, pour eux, Olys venait de gagner ses lettres de noblesse.

Ils se ruèrent vers elle avec excitation.

« Olys, on s’est tous concertés, déclara gravement Tôa, et on pense que tu ne dois pas partir ! Regarde ! »

Il lui colla un magazine de cuisine sous le nez, Tôa trônait en première page, il tenait entre ses mains une boîte de biscuits parfumés à la saucisse.

« Ma nouvelle gamme de produits pour le goûter, ils vont remplacer les produits wilka : je les ai appelé Olys, en ton honneur. Ils sont ronds et une fleur de lys est dessinée dessus. Génial non ?

- Olys… » Dit gravement Hongo en bousculant Tôa pour se tenir face à sa camarade. Il prenait une pose terriblement ténébreuse et avait posé sa main contre son cœur.

« Je sais que nous avons eu des différents par le passé toi et moi, mais nos cœurs battent à l’unisson face à l’adversité. Nos âmes sont muées par un désir de justice et nous partageons le même idéal. Olys, tu ne peux nous abandonner dans notre quête contre les forces du mal. Nous avons besoin de toi ! »

Il tendit une main bienveillante vers elle et Shinobi fronça les sourcils.

- ….fais pas trop… » Marmonna Bibi qui trouvait son petit ami un peu trop entreprenant envers une autre fille qu’elle. Elle l’écarta pour pouvoir parler à Olys à son tour mais le chibi goldo galopa vers Olys et se jeta sur elle pour qu’elle le prenne dans se bras.

« Fougniiiiii gnignigniiiiii ! » La petite créature sensible pleurait à chaudes larmes dans les bras d’Olys, Duke en retrait jouait un air terriblement triste et mélancolique, et prenait sa guitare pour un violon… Olys en venait à douter de la sincérité du chibi, elle se demandait si Duke ne l’influençait pas avec sa musique.

C’est alors que Ken se dressa devant Olys. Il se tenait à quelques centimètres de son visage. Les joues pourpres, elle chercha des yeux de l’aide autour d’elle et tomba sur dark-Keiji, indifférent qui gardait les bras croisés avec un air impatient.

« Ouais ben quoi ? » Grogna-t’il. « On ne va pas attendre toute la journée, Ken tu lui dis ou pas ?

- Olys, je veux que l’on résolve des énigmes ensemble. Acceptes-tu ? »

(C’est quoi cette question ? Et pourquoi il est à genoux comme s’il me demandait en mariage ?)

« Rah, mais quel boulet ! Râla Vipère. Il est naze ton texte ! Tu n’as pas observé Bibi et Hongo tout à l’heure comme je te l’ai demandé ?

- Shinobi s’est évanouie au début de la démonstration… J’ai improvisé, avoua Ken tandis que Bibi, gênée, se cachait derrière son col de chemise.

- Calmez-vous, dit Olys d’une voix forte. Je ne pars pas !

- Ah… Ah bon ? S’étonna Tôa.

- Mademoiselle Gégé n’a pas fait mon transfert de dossier. Et elle m’a fait sauter une classe, désormais je serai avec vous en cours les garçons.

- Sans rire ? Demanda Duke, perplexe.

- Quoi ? Trop nul ! Protesta Vivi.

- C’est super !!! » S’écria Keiji en quittant brutalement son mode so-dark. Il se jeta sur Olys pour la serrer dans ses bras et la fit basculer en arrière. Allongée par terre, Olys dut faire face à l’excès de gentillesse et à la joie débordante de Keiji et de Chibi Goldo en même temps.

Péniblement, elle réussit à se défaire des leurs étreintes étouffantes et à se relever. Malgré un sourire ému, elle était toujours mal à l’aise.

« Ca ne change rien, dit Olys en époussetant sa jupe. Je n’ai pas ma place ici. »

Tôa lui sourit, avec beaucoup de sympathie.

« Sur ce point, répondit-il, tu te trompes. »

Tôa agrandit son sourire, Olys ne comprit pas immédiatement pourquoi. Elle sentit alors une chose moelleuse et tiédasse se resserrer autour de sa main… Puis lui écraser les doigts au point de les faire craquer.

« A-ouch ! Ken ? Pourquoi tu me tiens la main ?

- J’ai lu dans un livre que les couples se tenaient par la main.

- Tu n’as pas lu par contre qu’il ne fallait pas casser les doigts de sa compagne ? Je vais appeler SOS femmes battues. Aïe !

- Désolé, je réduis la pression de quelques pascals.

- Ken tu es…

(Comment lui dire ça sans le vexer ? Rah bon sang Olys, tu ne risques pas de le vexer c’est une machine ! Et arrêtes d’avoir des vapeurs comme une héroïne de Jane Austen c’est ridicule !)

- Ken tu es un robot… Je ne crois pas qu’on puisse former un véritable couple.

(Cela dit il avait l’air anatomiquement normalement constitué… Mais à quoi je pense moi ?!?)

- Je suis un robot humanoïde, il faut que j’aie l’air humain pour pouvoir m’intégrer et devenir un jour un véritable héros. Les humains se marient et font des enfants. Les autres m’ont dit que tu serais d’accord pour m’aider.

- Pour se marier et avoir des enfants ? »

Olys, le regard assassin, tourna vivement la tête en direction des "autres" : Vipère, Bibi et toute la clique. Tous fixaient au choix leurs chaussures ou les nuages avec beaucoup d’attention.  Elle secoua la tête.

(Bon on arrête là, stop ! Ca devient trop zarbi là… Enfin… Je crois…)

Olys ferma les yeux pour réfléchir, ses joues étaient toujours plus roses qu’à l’ordinaire. Elle finit par les rouvrir, en souriant timidement à Ken.

« Tu veux vraiment que je t’apprennes à être humain ?

- Ce serait fort aimable à toi.

- Un oui aurait suffi… »

Et elle resserra un peu ses doigts autour de ceux de Ken.

« Comment dois-je t’appeler désormais ? Mon amour ? Ma chérie ? Ma bibiche ? Ma colombe ? Petit panda ? Mon…

- Olys ça ira très bien, Ken.

- Tu es sûre ? J’ai lu dans un livre que les surnoms permettent de renforcer les liens entre deux êtres humains.

- Je t’assure que ce n’est pas nécessaire.

- Je peux essayer de trouver quelque chose de plus personnel, qui te correspondrait mieux comme bigleuse ? Brunette ? Tête d’ampoule ? Gros sourcils ? Bonnet C ?

- Ken, si tu continues je te quitte pour un grille-pain. »

A suivre...

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