Requiem pour un astre
Disclaimer : L'histoire et les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada
Auteur : Ardell
Chapitre deux
Le choix
Propriété Kido
Tatsumi jeta un autre coup d'œil dans l'embrasure de la porte entrouverte. Pas de doute, c'était toujours Elle. Le port de tête fier et altier, elle faisait les cent pas dans le salon. Une fois de plus, le majordome dut se retenir pour ne pas entrer et lui conseiller de se détendre. Ne vous tracassez pas comme cela, mademoiselle, je suis sûr que tout va s'arranger.
Seulement la personne qui allait et venait ainsi n'était pas une demoiselle mais une déesse. Oh, Tatsumi la connaissait bien, elle n'était faite que de douceur et de compassion. Habituellement. Car à cet instant c'était l'impatience divine qui se dégageait d'elle, et le majordome n'osait la déranger. Pourvu que son attente cesse bientôt !
Enfin, après trois heures d'attente, elle se dirigea vers la porte. Aussitôt, Tatsumi se recula et resta là, tête baissée. Elle passa devant lui sans sans un regard, très vite. Puis, alors qu'il n'avait plus d'espoir, elle se retourna vers lui et lui adressa un doux sourire.
— Pourvu que ça marche ! chuchota-t-elle avant de repartir.
Le majordome soupira de contentement. Cette fois, c'était bien sa Saori qui s'en allait dans le jardin obscur. Obscur, le jardin n'allait pas le rester longtemps, pas avec la lumineuse cosmo-énergie d'Athéna.
Qu'allaient donc se dire les deux déesses ?
Rongé par la curiosité, Tatsumi resta pourtant à sa place. Un humain ne peut assister à l'entretien de deux divinités.
Les rayons de lune jetaient leur poussière d'argent sur les arbres et les fleurs, leur donnant ainsi une luminosité laiteuse. Mais deux autres sources de lumière, dorée pour l'une et d'une blancheur nacrée pour l'autre — faisant concurrence à l'opalescence de l'astre de nuit, illuminèrent le jardin d'un éclat bien plus fort.
— Alors ? fit Athéna, impatiente de savoir.
— Je reviens directement de l'Olympe, répondit Artémis. Ta proposition est rejetée.
La déesse de la Guerre accusa le coup.
— Avoue que c'était d'une rare impudence que de demander à ce que les Chevaliers d'Or soient libérés de leur prison de pierre, afin d'aller combattre notre nouvel ennemi ! rappela sa sœur d'un ton sévère. Tu t'en doutes, cette idée n'a pas fait l'unanimité.
Athéna avait baissé la tête. Elle qui avait espéré donner une chance aux Chevaliers d'Or de se racheter aux yeux des Olympiens et, ainsi, d'annuler la punition qui les frappait... Elle se redressa, l'œil brillant de défi.
— Je n'ai pas dit mon dernier mot. J'ai encore dans mon armée des guerriers d'une grande valeur. Les autres Olympiens ne veulent rien savoir des Saints d'Or ? Très bien. Dans ce cas, je confierai cette tâche à d'autres combattants, tout aussi vaillants !
— Je suppose qu'il ne s'agit pas de tes Chevaliers de Bronze...
— En effet, acquiesça Athéna. Je veux parler de mes Saints d'Argent.
Elle fit quelques pas puis s'arrêta et ajouta :
— Plus j'y pense, et plus je me dis qu'il s'agit là de la meilleure solution. Suite à la prise de pouvoir de l'un de mes Chevaliers, la caste Argent a été complètement dupée et conduite, malgré elle, à lever la main sur moi et à combattre les Saints de Bronze alors qu'ils me protégeaient. Or je connais mes Chevaliers, tous sans exception ont voué leurs vies à la protection de la Terre, à travers moi. Je suis sûre que les Saints d'Argent seront heureux de se racheter en menant à bien cette nouvelle mission.
Artémis objecta :
— Les Chevaliers d'Argent sont presque tous morts. Comment comptes-tu faire ?
La déesse de la guerre lui fit de nouveau face.
— Je vais tout simplement demander de l'aide à la personne qui a pris la place d'Hadès aux Enfers, dit-elle. Perséphone n'est pas comme l'était son époux, elle sera sensible à notre cause, j'en suis certaine.
— Voilà qui est bien hardi de ta part...
Ces mots avaient été prononcés par Perséphone. La déesse était apparue dans le jardin, après qu'Athéna et Artémis l'avaient appelée via leur cosmos. Ses yeux rouge sang contrastaient avec sa chevelure turquoise, laquelle était ramenée en chignon ceint d'un bandeau sombre, tandis que quelques mèches frisaient autour de son visage. Sa robe noire était à la fois sobre et élégante. Athéna portait un chemisier blanc à manches courtes ainsi qu'une jupe d'un mauve très pâle, et ses longs cheveux violets cascadaient sur ses épaules. Artémis, quant à elle, était habillée d'une robe blanche avec des ornements bleus ; ses épaules étaient nues, les manches, elles, étaient longues. Sa chevelure blonde ondulée était détachée comme celle de sa sœur.
— Je sais, dit Athéna. Je fais appel à toi car je connais ton bon cœur. Nous nous sommes toujours bien entendues toutes les deux. Je t'en prie, acceptes-tu de nous aider ?
— Comment puis-je faire autrement ? Tes Chevaliers et toi-même, vous avez affronté Hadès et l'avez vaincu. Or tu n'ignores pas qu'à cause de lui je dois passer six mois de l'année dans les Enfers. Moi, la fille de Déméter, qui aime tant les promenades à l'air libre, sous le soleil ! Je n'ai jamais eu de réelle affection pour mon défunt époux, celui qui m'a enlevée jadis. Pour m'avoir libérée de son emprise, je vais t'aider bien volontiers.
"Seulement tu devras choisir six Chevaliers d'Argent, pas un de plus. En effet les guerriers qu'ils auront à combattre seront au nombre de cinq. De plus, il te faudra un Saint pour protéger Artémis.
— Comment le sais-tu ? voulut savoir la déesse de la guerre.
— Tout simplement parce que Cythraul règne sur un monde nommé Anwvyn, qui se trouve dans le Sidh, l'autre univers. Étant moi-même souveraine des Enfers, j'ai connaissance des différents mondes liés à d'autres panthéons. Je te dirai comment tes Saints peuvent y pénétrer aussitôt que j'aurai réuni assez d'informations. Alors, quel est ton choix ? Réfléchi bien !
Dans un monde inconnu
Au même moment
L'arbre, un pommier, n'avait rien d'extraordinaire. Des feuilles vertes, de jolies fleurs, rien que de très normal. Quiconque aurait posé son regard sur lui s'en serait détourné avec indifférence. Sans chercher à savoir ce qu'il y avait à l'intérieur.
Pourtant, cet intérieur était gigantesque. Si grand qu'il pouvait aisément contenir deux cages faites de racines entrelacées. Et il y avait encore assez de place pour se mouvoir aisément à côté de ces prisons. Lesquelles n'étaient pas vides.
— Pourquoi ne sont-ils pas encore là ? gémit l'une des prisonnières.
Celle qui venait de parler était vêtue d'une longue robe blanche avec des entrelacs dorés. Ses cheveux dénoués avaient la pâleur du clair de lune et ses yeux d'un beau gris clair illuminaient son visage un peu rond. Son léger embonpoint ne gâchait nullement sa beauté et ses gestes restaient gracieux alors qu'elle touchait les barreaux végétaux de sa geôle.
— Si Artémis n'a pas encore envoyé ses Anges, alors personne ne viendra, prédit sa sœur. Nous ne sommes pas des Olympiennes, Séléné. Il serait très étonnant que l'un de ces dieux ordonne à son armée de venir nous sauver.
— Ne dis pas cela ! Déjà cette pierre me rend folle ! Ah si je pouvais l'arracher de mon front...
Séléné portait en effet, incrustée sur le front, une pierre grise, laquelle se teintait progressivement de rouge. Lentement mais sûrement. Maudite roche qui aspirait leur énergie ! Parce que Hécate, car c'était elle la deuxième prisonnière, en avait une elle aussi. Cette dernière portait ses cheveux, mêlés de mèches blondes et noires, en grosse natte qui reposait sur son épaule. Sa robe, aussi fluide que celle de sa sœur, rassemblait quant à elle des teintes blanches et sombres.
— Mais tu ne peux pas, dit-elle. Je te le répète, nous devons nous en sortir toutes seules.
Soudain un rideau de lumière jailli brièvement tandis qu'une nouvelle personne entrait dans l'arbre. La nouvelle venue était habillée d'une ample robe blanche semblable à une tenue druidique. De multiples petites tresses ornaient ses cheveux émeraude, et une longue mèche bleue encadrait un côté de son visage. Elle s'avança vers l'une des cages et posa à terre, à proximité, une écuelle en bois remplie d'eau. Séléné lui porta un regard méprisant.
— Je te conseille, Hécate, de ne pas boire cela, prévint-elle, méfiante.
Comme pour défier sa sœur, Hécate passa les mains à travers les barreaux, saisit le récipient et le porta à ses lèvres. Après de longues gorgées, elle le reposa et s'adressa à Séléné :
— Ce n'est que de l'eau fraîche, ne sois pas si suspicieuse !
Puis, en posant son regard gris — le même que celui de sa sœur — sur sa bienfaitrice, elle ajouta :
— Merci, Aifé.
Et elle lui sourit.
— Je ne suis pas censée fraterniser avec vous, protesta celle-ci d'un air sévère.
— Et tu nous apportes tout de même à boire. Ta générosité est toute à ton honneur, insista Hécate d'une voix douce.
Aifé fronça les sourcils, puis elle fit demi-tour et sortit.
— Que fais-tu ? s'écria Séléné. Je te rappelle que c'est cette sorcière qui nous a incrusté ces pierres sur le front ! Je croyais que nous devions nous en sortir toutes seules.
Hécate lui adressa un regard dur.
— Justement, fit-elle.
Au cœur des Enfers
— Saints d'Argent, je vous appelle. Entendez ma voix et sortez de votre sommeil éternel.
Perséphone se tenait dans un obscur lieu désolé. La terre était sombre et le ciel anthracite était par moments illuminé d'éclairs.
— Réveille-toi, Algol de Persée !
Obéissant à cet ordre divin, le sol fut comme inspiré de l'intérieur, et une main en jaillit. Puis ce fut le corps en entier qui sortit de terre. Le Chevalier ressuscité ne portait que des haillons. Il resta là, abasourdi.
— Réveille-toi, Dante de Cerbère ! Réveille-toi, Jamian du Corbeau ! Réveille-toi, Misty du Lézard ! Réveille-toi, Astérion des Chiens de Chasse ! Réveille-toi, Algethi d'Hercule !
Cinq autres fois, à chaque fois que son nom était prononcé, un Saint d'Argent sortait de terre. Tout comme Algol, tous ne portaient que des loques. Ils frissonnaient, moins de froid que d'inquiétude à l'idée de ce qui les attendait. Pourquoi l'épouse d'Hadès les avait-elle ramenés à la vie ? D'ailleurs, s'agissait-il réellement d'une vie ?
— Il s'agit d'une promesse de vie, répondit Perséphone à cette question silencieuse. Votre déesse bien-aimée a besoin de vous. Si vous vous montrez dignes de la confiance qu'elle vous a accordée, cette vie ne vous sera pas enlevée et vous retournerez dans le monde d'en haut, baigné de lumière. Mais si vous échouez, sachez que vous serez condamnés à revenir aux Enfers.
S'agissait-il d'un piège ? Les Chevaliers n'avaient cependant retenu qu'une chose : Athéna avait besoin d'eux. C'était suffisant pour prendre tous les risques.
Propriété Kido
A présent, ils étaient revêtus de leurs armures sacrées, lesquelles brillaient d'un bel éclat argenté. Quel soulagement cela avait été de constater qu'elles ne portaient pas de teintes sombres aux reflets violets ! Des Saints, ils étaient des Saints, et non des Spectres. Agenouillés devant Athéna, dans le jardin, ils attendaient les ordres.
— Chevaliers, je suis si heureuse de vous revoir, commença-t-elle en souriant d'un air très doux. Comme vous l'a dit Perséphone, j'ai une mission pour vous. J'aimerais que l'un d'entre vous protège ma sœur Artémis. En effet, un nouvel ennemi menace une fois de plus notre planète, et cette fois en s'attaquant à l'astre lunaire. Sans laquelle la vie sur Terre serait bien différente, voire impossible pour les humains.
"Je voudrais également que les autres se rendent dans un monde appelé Anwvyn, qui se trouve dans le Sidh, sorte d'univers parallèle, pour sauver les sœurs d'Artémis, Séléné et Hécate.
— Il en sera fait selon votre volonté, déesse Athéna, promit Astérion.
— Mademoiselle, pourquoi eux ? Ils étaient à la solde du Pope Saga, ils ont combattu Seiya et les autres. Jamian, par exemple, rappelez-vous qu'il a tenté de vous enlever avec ses maudits corbeaux. De plus il n'est pas très fort...
— Justement, Tatsumi, répondit Saori, assise dans un fauteuil du salon. Comme je l'ai dit à Artémis, ils ont été manipulés et n'auront de cesse de retrouver leur honneur de Chevaliers. Après tout, la plupart d'entre eux sont revenus en tant que renégats pour avertir les Saints de Bronze qu'il y avait un problème au Sanctuaire, lors de la bataille contre Hadès. Quant à leur force... J'ai confiance en eux, je sais qu'ils pourront évoluer. Ce sera pour eux, enfin, l'occasion de faire leurs preuves. Et n'oublie pas que ce sont tout de même des Chevaliers d'Argent : ils ne sont pas n'importe qui pour avoir obtenu leurs armures !
"Dès que Perséphone sera revenue avec des informations sur cet endroit, Anwvyn, je dirai aux Saints de remplir leur mission.
La jeune fille se tut brièvement, puis ajouta d'un ton plus grave :
— Et si besoin est, Athéna leur prêtera main forte lorsqu'il sera question d'éliminer ce dieu du mal celte.