Requiem pour un astre
Disclaimer : L'histoire et les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada
Auteur : Ardell
Chapitre un
Anomalies
Japon – Propriété Kido
Mardi 13 juin 1989
Assise dans un fauteuil, Saori Kido lisait Notre dame de Paris en français. Ses yeux s'embuèrent à la lecture de certaines scènes. Ce n'était pas la première fois qu'elle parcourait cette œuvre, mais toujours le destin poignant de ses héros la remplissait de pitié.
Soudain on frappa à la porte et celle-ci s'ouvrit sur Tatsumi. Saori referma aussitôt son livre, alertée par la mine soucieuse de son majordome.
— Que se passe-t-il, Tatsumi ? demanda-t-elle en se levant.
— Mademoiselle, je crois que vous devriez regarder les informations.
Aussitôt la jeune fille saisit la télécommande du téléviseur et alluma la chaîne d'informations. A l'écran, le journaliste, la mine perplexe, annonçait :
— … et alors que la Polynésie connaît ses premières chutes de neiges, on nous signale que sur les plages de l'océan Atlantique, la marée haute le serait beaucoup moins que prévu...
Saori coupa le son et se tourna vers Tatsumi :
— Des anomalies géophysiques ? Et moi qui lisait tranquillement, comment puis-je être aussi désinvolte ? se reprocha-t-elle.
— Non, mademoiselle, vous n'avez rien à vous reprocher. Ils passent ces informations depuis moins de deux heures, et c'est moi qui ne vous ai pas avertie avant.
— Merci Tatsumi mais j'aurais dû m'en rendre compte bien avant.
La jeune fille alla près de la fenêtre et posa son regard pers sur le jardin en contrebas.
— Nous avons vaincu et enfermé Poséidon, cela ne peut pas être lui. Hadès est mort... dit-elle comme pour elle-même. Quel ennemi auront-nous a combattre cette fois ? Parce que ces anomalies se poursuivront, j'en ai l'intuition. Et il n'y a qu'un dieu pour faire cela.
Elle se retourna vers son majordome et ordonna :
— Allons au laboratoire de la fondation, je veux parler avec les scientifiques qui y travaillent.
— Bien, mademoiselle.
Alors que la limousine roulait dans les rues vers les ruines du Colisée Graad, dans le sous-sol duquel se trouvaient toujours les installations scientifiques, Saori nota la teinte particulière du jour. On était au milieu de l'après-midi et déjà celui-ci se teintait de sombre. Le soleil n'était pourtant censé se coucher que beaucoup plus tard... Encore une irrégularité sur la planète bleue qui l'incitait à craindre le pire. Qui donc s'amusait ainsi avec le climat et la course du soleil ?
Laboratoire de la fondation Graad
A l'arrivée de Saori, les scientifiques se levèrent et la saluèrent avec respect. Le professeur Mizuko la conduisit jusqu'à un fauteuil situé en bonne place pour observer à la fois les différents moniteurs d'ordinateurs ainsi qu'un grand écran placé juste au-dessus de ceux-ci. La jeune fille prit place et interrogea le savant :
— Professeur Mizuko, que signifient ces bouleversement écologiques ? En avez-vous une idée ?
— Et bien, nous avons reçu des données de notre satellite. Il semblerait que l'axe de la Terre ait légèrement changé. Ce qui peut entraîner des anomalies climatiques.
— Mais à quoi est-ce dû ?
— Vous devez savoir que l'astre lunaire exerce une influence énorme sur notre planète. Il ne contrôle pas uniquement les marées, mais également l'axe de la Terre. Si celui-ci venait à dévier, ce seraient les saisons qui seraient bouleversées. De plus, c'est grâce à la lune que les journées durent ce temps là. Sans elle, elles seraient beaucoup plus courtes, de l’ordre de six à douze heures. Aujourd'hui par exemple, le soleil est censé se coucher à 18h57, or il fait déjà sombre, alors qu'il n'est que 16h21 !
— La lune est donc très importante, comprit Saori. Cet astre a-t-il changé de forme ou de parcours ?
— Pour l'instant, nous avons remarqué un recul de la lune par rapport à la Terre. En fait, elle s'éloigne de trois virgule soixante dix-huit centimètres par an. Nous avons noté une distance un peu plus grande qu'elle ne devrait l'être mais pas de quoi provoquer ces bouleversements. Non, il doit se passer autre chose...
— Merci professeur, tenez-moi au courant.
Saori se leva et prit congé. Elle et son majordome rentrèrent au manoir. Elle demanda ensuite à Tatsumi de la laisser seule. A présent, elle se trouvait dans le jardin, songeuse. La lueur de la lune éclairait les lieux, la lune si belle, si...
Artémis ! Elle qui était la déesse de la lune, qu'avait-elle à voir avec tout cela ? Aurait-elle décidé de détruire la Terre, alors même qu'elle avait repris le rôle de sa jeune sœur ?
En la jeune fille se mit à bouillir une énergie puissante, qui venait du plus profond d'elle-même et s'étendait aux alentours, illuminant la presque obscurité qui régnait. Une aura dorée et chaude.
Désormais elle n'était plus Saori Kido mais Athéna.
Jardin de la propriété Kido
Et Athéna n'eut pas à attendre bien longtemps. Une lueur argentée brilla non loin de la déesse, et en son sein une silhouette apparut. L'aura d'argent qui la parait s'estompa et Artémis fit un pas vers sa jeune sœur.
— Artémis, que cela signifie-il ? attaqua Athéna.
— Je suis au courant des anomalies qui ont lieu en ce moment sur Terre, néanmoins ne m'accuse pas trop vite. Ce n'est nullement de mon fait.
— Mais la lune est bien en cause, non ?
Artémis hocha la tête.
— Oui mais personnellement je n'y suis pour rien, se défendit-elle. Je ne suis pas la seule à contrôler cet astre.
— Que veux-tu dire ?
— Personne ne pense à elles car elles ne sont pas des Olympiennes. Pourtant ces divinités mineures sont très importantes. Toutes les trois nous garantissons la bonne tenue et la stabilité de la lune. Même si c'est moi qui ai le rôle le plus important, je serais perdue sans mes deux sœurs.
— Tes sœurs, tu veux parler de...
— Hécate, déesse de la lune noire ou nouvelle lune, et Séléné, déesse de la pleine lune. Il leur est arrivé quelque chose, je le ressens au fond de moi. Et cela peut expliquer tous ces changements.
"Je dois te dire encore une chose. Cette nuit, un guerrier s'est introduit dans mon sanctuaire et a tué mes Anges à lui seul... Je n'aurais pas cru que cela soit possible. Il m'a dit être Bran Mac Febail, un Sidhe Noir du seigneur Cythraul. Ce dernier est le dieu du mal dans la mythologie celte. C'est lui qui est à l'origine de tout !
— Et tu es venue me voir parce que...
— Je n'ai plus de défenseurs, et tes Chevaliers ont prouvé qu'ils étaient les meilleurs protecteurs qui soit... maintenant que mes Anges ne sont plus. Tu n'es pas sans savoir que s'il nous arrivait malheur, à moi et à mes sœurs, la lune pourrait disparaître et ainsi, la Terre subirait de graves changements. Beaucoup plus importants que ceux auxquels les humains assistent en ce moment. L'espèce humaine serait menacée. Et tu tiens plus que tout à cette humanité, n'est-ce pas ?
Athéna avait comprit. Artémis ne s'inquiétait pas pour les humains, non. Elle était préoccupée par sa propre survie. A présent que les Anges n'étaient plus là pour assurer sa défense, elle se retrouvait seule. Mais pourquoi n'avait-elle pas éliminé elle-même ce Bran ?
— J'ai essayé, dit Artémis comme si elle avait entendu la question silencieuse de sa sœur. A ma grande honte, j'avoue que je n'ai même pas pu l'égratigner.
Athéna se rendit compte de l'importance du problème. Une Olympienne qui ne parvenait pas à blesser un simple humain... Celui-ci devait être sous l'effet d'un charme, d'une protection très puissante. Ce Cythraul, quels autres guerriers, quels autres personnes avait-il sous sa coupe ?
— Je te rappelle tout de même que mes Chevaliers de Bronze ont perdu la mémoire et coulent désormais des jours heureux, loin des combats. Je ne veux pas leur imposer de revivre cela.
— Mais tu n'as pas que des Saints de Bronze, n'est-ce pas ?
— En effet, acquiesça la déesse de la guerre. Artémis, j'accepte bien volontiers de t'aider. Pour cela, je vais ordonner à mes Chevaliers de se mettre à ton service momentanément et de d'assurer ta protection.
— Quand tu dis tes Chevaliers, tu veux parler de...
— Disons que j'ai ma petite idée...
Et Athéna hocha la tête avec un air déterminé.