Chevalier, mais pas trop ...

Chapitre 43 : ENTRE FRERES

4260 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/08/2024 11:40

Disclaimer : cf. chapitre 1

CHAPITRE 43

ENTRE FRERES

 

Malgré la nuit agitée en raison de leur retour mais aussi de leur échange physique, Iris et Saga s’éveillèrent à une heure tout à fait raisonnable. Il était à peine huit heures du matin quand ils ouvrirent les yeux, face à face mais jambes entremêlées, à leur grande surprise, car ils ne se souvenaient pas avoir bougé pendant leur sommeil de plomb. Cela les fit sourire. Saga caressa le visage d’Iris, passant quelques mèches derrière son oreille et exhibant dans le procès sa poitrine couverte des signes de son amour. Comment réagirait la jeune femme quand elle découvrirait ses témoignages. Au pire, ce serait leur première scène de ménage. Iris caressa le torse de Saga, surtout la cicatrice qu’elle lui avait laissée, toujours incrédule. En plus de cette dernière, quelques petites tâches rouges de forme circulaires s’étaient ajoutées. En guise de bonjour, elle pouffa :

 

—   Quoi ?

—   Rien, trois fois rien. C’est nerveux.

—   Bon, alors dans ce cas, comme je n’ai rien dans l’estomac, je vais préparer le repas.

 

Il embrassa Iris puis se leva du lit. Il s’étira mais s’effraya quand il sentit, malgré la longueur de sa chevelure, la main d’Iris se plaquer sur ses fesses. Il tourna la tête mais Iris persistait. Elle caressait et flattait les deux rondeurs, presque en extase. Saga feignit un soupir.

 

—   Je le savais ! Je savais que Milo t’avait influencée ! Ce n’est pas déplaisant mais j’apprécierais davantage avec le ventre plein. Et pour une déesse réincarnée, chaste qui plus est, je trouve que …

 

PLAFF !

 

Saga se prit un oreiller en pleine figure. C’était LA chose dont il fallait éviter de parler. Mais Iris non plus ne pouvait pas nier l’évidence. Elle bouda, les mains croisées sur la poitrine.

 

—   Tu sais que tu es magnifique quand tu fais la moue ! explosa de rire Saga.

 

Iris récupéra le coussin et le brandit à nouveau.

 

—   Rends-toi utile si tu ne veux pas une vraie correction. Et ne te promène pas tout nu, si jamais des gens viennent. Tu trouveras des vêtements dans la chambre de Daphné. Porte droite de l’armoire. Moi je vais prendre une douche et lancer une machine.

 

Saga se sauva et Iris se hissa hors de son lit pour se lever. Quand elle voulut se mettre à marcher, elle eut une drôle de sensation entre les jambes, comme si ces dernières étaient aussi molles que du coton. De plus, elle se déplaçait les jambes arquées à la manière d’un cavalier ayant chevauché pendant des heures. Pas très agréable. Elle sortit de la chambre avec le linge de lit dans les bras pour rejoindre la salle de bain. Elle croisa Saga malheureusement habillé qui ne manqua pas de l’embrasser à pleine bouche pour rejoindre la cuisine. Une fois dans la pièce, Iris sentit quelque chose de chaud couler très lentement à l’intérieur de sa cuisse. Elle prit le drap pour se nettoyer : un peu de sang mêlé au sperme de Saga. Loin d’être dégoûtée, elle se fit une note pour elle-même : penser à acheter des préservatifs. La douche acheva de la décontracter pendant que la machine ronronnait. Une odeur familière la pressa de finir plus vite.

 

—   Tu t’en souviens ?

—   Bien sûr mais j’espère que ce n’est pas trop grillé, dit Saga en se servant pendant qu’Iris versait le café. Et ça ? Tu te souviens ?

 

Saga désigna un objet jeté dans un coin de la cuisine : une énorme flèche recouverte de sang séché ainsi qu’un masque. Iris déglutit bruyamment et prit une bonne gorgée de son breuvage pour faire passer la tartine.

 

—   C’est la dernière personne, ou plutôt chevalier, que j’ai soigné avec mon cosmos : ton frère.

 

Aussitôt après sa réponse, Iris sortit la flèche sur le perron et passa rapidement la serpillière sur une bonne partie du sol. Puis elle se rassit. Iris regarda Saga qui avait ouvert de grands yeux. Puis son visage devint grave. La jeune femme mit sa main sur celle de son amant qui entrelaça ses doigts entre les siens. Tous les deux étaient sombres. Iris avait énormément de peine pour Saga. Le repas avait été avalé péniblement.

 

—   Viens, on va en parler dehors, au soleil.

 

Ils s’assirent sur le perron. Saga s’empara de l’arme.

 

—   Je regrette de t’avoir caché son existence, commença Saga, sa main dans celle d’Iris. Mais les chevaliers nés sous le signe des Gémeaux sont « maudits ».

—   Tu veux dire que Polydeukès aussi ?

 

Saga hocha la tête. Iris reprit :

 

—   Je ne crois pas à toutes ces histoires de malédiction. Moi, j’y vois un problème d’éducation. Ton maître avait un jumeau, alors.

—   Exactement. Suite à la mort violente de Daphné, il n’était plus que l’ombre de lui-même. Tu te souviens qu’il avait porté le corps de ta mère hors de la maison ? Deux jours plus tard, on retrouvait leur corps dans le précipice, à l’autre bout de l’île, qui se trouve sous la falaise de l’olivier. J’ai préféré ne pas te parler de ça quand tu étais au cachot. C’est donc son frère, Kastor, qui a poursuivi mon entraînement. Tu imagines ma surprise de voir la copie conforme de mon maître mais avec une personnalité bien différente !

 

Iris acquiesça.

 

—   Et c’est le même Kastor qui entraînait ton frère en secret ?

 

C’était plus une affirmation qu’une question. Iris avait compris toute l’histoire mais…

 

—   Pourquoi est-ce qu’on cache le jumeau ? C’est quoi cette tradition débile ?

—   Pour l’armure ! Il n’y en a qu’une ! Tu préfèrerais que deux frères s’affrontent pour l’obtenir ? Un duel à mort ? Non. Il vaut mieux séparer la fratrie.

—   Et créer encore plus de jalousie et de rancœur. Tu vois que c’est l’éducation qui est à repenser. On entraîne les deux, ensemble, au vu et au su de tous. Et si l’un des deux souhaite devenir chevalier …

—   J’aime tes raisonnements, sourit Saga, même s’ils sont parfois simplistes, termina-t-il en l’embrassant.

 

L’homme se reprit, en repensant à la dernière bataille.

 

—   Je suis quand même fier de lui. Il a trouvé la bonne voie, il s’est rangé du bon côté et n’a pas hésité à donner sa vie.

 

Là, Iris fit la moue. Oui, il a donné sa vie, juste après l’avoir embrassée, même si l’âme de Saga l’avait incarné au début. Elle devait en parler à Saga. Mais uniquement quand il aurait terminé son propre récit.

 

—   Vous avez été séparés à quel moment ?

—   Environ un an avant que tu n’arrives. Le Pope est venu dans notre demeure et il m’a désigné comme chevalier. J’étais honoré même si je ne saisissais pas trop les enjeux. Kanon a immédiatement été emmené par un garde. On a pleuré quand nous avons été séparés de force mais Kanon m’a regardé méchamment.

—   Ben oui ! Tu étais l’élu, le chouchou. Lui devait rester dans l’ombre. On ne devait même pas savoir qu’il existait. Il y a de quoi devenir jaloux ! Une réforme s’impose : ça éviterait bien des drames.

—   C’est la déesse qui parle ou bien le chevalier épris de justice ?

—   Cette façon de provoquer tout en plaisantant ! Kanon agissait de la même manière ! Du coup, je ne sais pas si je dois te liquéfier le cerveau ou t’arracher à nouveau le cœur.

 

Sourires complices.

 

—   Si on se voyait, c’était en cachette. Mais plus les années passaient, plus Kanon manifestait des ambitions assez dangereuses voire dérangeantes, surtout quand j’ai obtenu mon armure. Il ne s’était pas caché de m’associer à son plan pour mettre la main sur le Sanctuaire tout en profitant de notre secret. Il avait bien l’intention de tuer Athéna, de se débarrasser du Pope si je n’étais pas choisi comme son successeur et de revenir à la lumière une fois notre domination établie.

—   Quand je pense que tu étais déjà torturé par des problèmes autrement plus sérieux que les miens. J’ai vraiment été une sale gamine en t’embarquant dans mes caprices. Il était au courant pour moi, n’est-ce pas ?

—   Très difficile à dire. Il n’a jamais mentionné ton nom mais avec la ressource qu’il avait, je ne serais pas étonné qu’il ait été au courant de ton existence et ait gardé tout pour lui dans un but inavouable. C’est aussi pour ça que j’ai décidé de l’enfermer au Cap Sounion. Il était devenu un danger pour tout le monde, même si c’était mon frère. Au final, il avait raison : si le mal était en lui, il était en moi aussi.

 

Saga posa ses mains sur ses genoux, paumes visibles, dégoûté par ses propres appendices. Iris le réconforta comme elle put en le prenant par les épaules et en lui murmurant des paroles rassurantes et encourageantes.

 

—   Comme tu l’as dit, il a de la ressource. Il a survécu à la prison et c’est en tant que marina que je l’ai rencontré. La tête que j’ai faite en le voyant ! Et la sienne en me voyant revêtue de ton armure ! On se croyait tous les deux face à un revenant. Ou alors, il n’a pas accepté que l’armure soit sur mon dos au lieu du sien.

—   Je voulais te protéger ; je ne voulais pas que tu mettes fin à tes jours pour moi. Milo avait ma bénédiction pour te donner ce que je n’ai jamais pu.

—   Tu m’as tellement bien protégée que le trident de Poséidon ne m’a pas tuée. Juste mise KO. Et c’est là que Kanon est intervenu, qu’il s’est occupé de moi sans révéler son identité. Ton esprit lui a donné l’ordre de …

—   Je t’arrête tout de suite. Je ne lui ai jamais rien dit, ni ne me suis manifesté par la suite.

—   Mais il m’avait dit qu’il avait entendu une voix venant de l’armure !

—   Quel comédien ! sourit franchement Saga.

—   Non ! Très mauvais comédien ! J’ai pratiquement tout de suite su qui c’était, même s’il avait dissimulé son cosmos. Vous avez ça en commun : des maîtres en matière d’illusion, mais de vraies nullités pour la dissimulation. La gémellité dans toute sa splendeur !

 

Saga éclata de rire. Iris était toujours aussi franche et maladroite à la fois. Mais cette dernière était contente de voir Saga considérer son cadet comme autre chose qu’une menace. Il en pleurait même de rire.

 

—   Et comment, hoqueta-t-il en séchant ses larmes, tu as su.

—   A cause de ça.

 

Elle tourna le dos à Saga, souleva sa tunique grise pour lui laisser voir son dos. En plus des cicatrices dues aux coups de fouet, apparaissaient très nettement, car plus fraîches, trois plaies que Saga n’avait pas vues la veille. Mais il se promit d’explorer plus en détail le corps d’Iris. Cette dernière refit glisser la tunique dans sa ceinture.

 

—   Quand il a soigné mes plaies, je me suis retrouvée des années en arrière, quand tu t’étais occupé de mon dos malmené. Le même toucher, la même délicatesse et douceur dans l’application du baume et sa gêne pour me bander le corps. De plus, avec son masque, je l’ai tout de suite associé à toi. C’est ce petit détail qui a attisé mes certitudes. Finalement, ça a du bon la gémellité, conclut Iris en souriant.

 

Saga resta silencieux quelques instants. Le virage à cent quatre-vingts degrés de Kanon avait donc débuté au sanctuaire sous-marin. Il avait eu la vie sauve alors qu’il aurait été juste qu’il périsse puisque son plan avait échoué. Peut-être que c’était Athéna elle-même qui lui avait demandé de s’occuper d’Iris afin de se racheter. Il aurait apprécié sa bienveillance et accepté sa mission sans broncher. Mais pourquoi était-il resté avec Iris une fois qu’elle était rétablie ? Il en voulait pour preuve la présence de cette énorme flèche qui l’avait traversé de part en part. Iris le sortit de ses réflexions en continuant son récit.

 

—   Quand j’étais à nouveau sur pied, il est resté presque naturellement à la maison, me servant de chien de garde contre Milo. Notre Scorpion a vu rouge ! Partager ma demeure avec un étranger quand je le connaissais lui depuis des années ! Kanon, ou plutôt Démis, m’a énormément soulagée dans les travaux de la maison. A moi les soins, à lui les tâches ménagères. Et puis, un soir, il y a trois jours en fait, son cosmos s’est manifesté un court instant, sous le coup de la douleur, à cause de cette flèche tirée accidentellement par Géryon. Je lui ai retiré ce « javelot » et pour le soigner …

—   … tu as utilisé ton cosmos. C’est pour ça que tu es arrivée comme un cheveu sur la soupe, vidée, au Sanctuaire et qu’il s’est passé ce que tu es devenue. Et aux Enfers, tu as pu te battre ? Kanon t’a aidée ?

—   On s’est mutuellement aidés même s’il jouait le détaché et le mufle, tout le contraire de Démis.

 

On arrivait au moment crucial où elle devait confesser ce qui s’était passé avant le combat contre Rhadamanthe. Ça allait être difficile mais il fallait jouer carte sur table et chasser toute ambiguïté quand un cri retentit au loin.

 

—   Iriiiiis !

 

Une voix d’enfant paniqué se rapprochait.

 

—   Bon … ben je crois que je vais reprendre mes bonnes habitudes, soupira Iris qui se releva pour prendre sa sacoche dans son cabinet, laissant Saga sur le perron.

—   Ir…, l’enfant s’interrompit brutalement.

 

La jeune femme passa la tête par la porte pour voir ce qui avait pu engendrer un tel arrêt dans l’urgence. Elle reconnut le petit Elias, le fils du pêcheur, qui s’était planté net devant Saga, les yeux hagards.

 

—   Mais qu’est-ce qu’il fait là ? C’est pas possible ! Ou alors c’est deux fois le même !

 

Saga et Iris se regardèrent et se comprirent immédiatement :

 

—   KANON ! dirent-ils en chœur.

 

Sans perdre plus de temps, Saga saisit Elias, complètement passif, et le jucha sur ses épaules tandis qu’Iris montrait le chemin. Grâce à leur rapidité, ils se retrouvèrent devant la maison du garçon qui avait encore des étoiles plein les yeux, comme s’il avait testé le dernier manège à sensation. Le père d’Elias était en train de réparer ses filets quand les deux chevaliers arrivèrent. Il laissa provisoirement tomber son ouvrage ; le garçon se dirigea vers son père, enthousiaste. L’homme salua Iris et fit un geste pour l’inviter à entrer dans la maison ; il considéra ensuite Saga.

 

—   Il faut juste que je me remette de toutes ces nouvelles. Tu as disparu il y a tellement longtemps et ce matin, j’ai cru t’avoir repêché. Si on m’avait dit que tu avais un jumeau !

—   C’est une longue histoire et je crois que tous les habitants de l’île ont le droit de savoir ce qui s’est passé, se justifia Saga.

 

Le pêcheur sourit et accompagna le chevalier jusqu’au moribond. Saga trouva Iris en pleine conversation avec la femme, devant le lit où se trouvait son frère. La femme se retourna et ses yeux s’illuminèrent quand elle vit Saga.

 

—   Le chevalier des Gémeaux ! Saga ! fit-elle en tordant nerveusement son torchon comme une groupie devant son idole. Tu as toujours été considéré comme un dieu. Et puis un jour, plus rien !

—   Ma chérie, fit le pêcheur, il nous en parlera déjà. Maintenant, laisse faire Iris.

 

Le couple sortit pour laisser les deux chevaliers face à l’homme allongé sous un drap. Les deux retinrent leur souffle ; Kanon semblait dormir paisiblement.

 

—   C’est quand même incroyable ! Quelle ressource il a, ton frère !

 

Saga demeurait immobile sous le coup de l’émotion. Iris avait raison : il était plutôt coriace, son cadet. C’est sa persévérance qui lui avait permis d’arriver à ses fins, très peu louables à l’époque. Mais Saga passa bien vite sur le passé de son frère. Il le voyait là, étendu, paisible même. Il se voyait sur ce lit. C’était la première fois qu’il trouvait qu’ils se ressemblaient autant. Cela le rendait nostalgique ; ils étaient identiques jusqu’à ce qu’on les sépare, bien que Kanon fût déjà le plus intrépide des deux. Iris fit sortir Saga de son voyage temporel quand elle s’approcha du lit pour retirer brutalement le drap. Saga mit ses mains sur les yeux d’Iris mais un peu tardivement quand il constata que son frère était nu. La jeune femme protesta :

 

—   Il faut bien que je l’examine ! Il a peut-être un coup sur le crâne, des fractures…

—   Tu ne peux pas le faire à travers le tissu ?

 

Toujours entravée, Iris n’en perdit pas son humour. Elle recouvrit, à l’aveugle, Kanon, en espérant que la modestie de l’alité soit préservée. Elle dut bien viser puisque Saga se recula.

 

—   Tu en fais des manières ! Tu sais que j’ai été amenée à voir des hommes nus à plusieurs reprises. Ça ne m’a pas retourné le cerveau pour autant !

—   Oui mais là, c’est mon frère !

—   De quoi tu as peur ? se moqua-t-elle en passant ses mains sur les membres de Kanon. Que je voie que ton frère est mieux pourvu que toi ? pouffa-t-elle franchement tout en poursuivant méticuleusement son travail.

 

Saga ne répondit pas, préférant laisser Iris concentrée et surtout éviter de se ridiculiser. Iris n’émit aucune remarque, signe que tout allait bien, jusqu’à ce que Kanon remue légèrement et émette un léger soupir. Saga s’inquiéta :

 

—   Il est blessé ?

—   Pas du tout ! sourit le docteur. Il émerge simplement de son sommeil. Il va se prendre un sacré coup sur la tête en réalisant que …

—   Hmmm … Athéna, marmonna Kanon, la voix éraillée.

 

Iris fronça les sourcils. Cette fois, c’est Saga qui fut amusé. Sans aucune considération pour la léthargie de Kanon, elle retira violemment le coussin sur lequel reposait sa tête et le lui aplatit tout aussi délicatement sur le visage, suscitant une plainte de l’alité.

 

—   Vous êtes vraiment jumeaux ! Très vexants tous les deux au réveil, maugréa Iris en sortant de la maison.

 

Saga voulut la retenir mais aussi aider son frère à respirer. Quel dilemme ! Bien sûr, Kanon était sa priorité. Il savait pertinemment qu’Iris exagérait. Cette scène venait de lui rappeler ce qui s’était passé il y a à peine quelques heures entre la jeune femme et lui. L’agression au coussin suite à une malheureuse évocation de la déesse. Oui ! Définitivement jumeaux ! Et cette fois en meilleurs termes !

 

Saga dégagea l’objet duveteux du visage de son frère. Ce dernier avait froncé les sourcils en signe d’inconfort. Iris n’y était pas allée de main morte car elle savait qu’il ne risquait rien. Saga s’agenouilla et prit l’une des mains de Kanon dans les siennes. La main du cadet se resserra et il ouvrit les yeux.

 

Dehors, Iris s’était adossée contre un mur de la maison, à l’ombre, et semblait perdue dans ses pensées. Kanon aussi avait bénéficié des grâces d’Athéna bien avant tout le monde. Elle était vraiment contente et émue que les deux frères puissent repartir de zéro, apprendre à mieux se connaître, partager de bons moments, retisser ce lien si particulier qui unit les jumeaux. Du coup, elle sentait sa présence intrusive et dérangeante. Mais un autre problème la tracassait : elle s’était mise en tête d’avouer à Saga qu’elle et Kanon s’étaient embrassés. Cet aveu n’aurait pas porté à conséquence si le cadet n’avait pas été sauvé : une petite dispute et puis voilà ! Mais il était revenu dans le tableau. Fallait-il tout de même être sincère et risquer une querelle destructrice entre les deux frères, sachant toutes les tragédies que cela avait engendrées ? Ou bien cacher cet événement, très certainement anodin pour le second Gémeau. Car ce baiser n’était qu’une manifestation désespérée, un cadeau d’adieu.

 

Personne n’aurait imaginé que tous les acteurs de cette gigantesque tragédie se retrouveraient à nouveau sous les projecteurs. Iris opta pour le second raisonnement. Elle devait reconnaître que Kanon ne l’avait pas laissée indifférente. Vivement intéressée même ! Et pas en tant que substitut ! Elle l’aimait vraiment. AIMAIT ?! Iris se fit peur et secoua vigoureusement la tête. Non ! Hier soir, elle n’avait aucune pensée pour Kanon ! C’était avec Saga qu’elle faisait l’amour. Donc, elle n’était pas amoureuse de son cadet. CQFD.

 

—   Iris ?

 

Saga était sur le point de sortir lui aussi. Elle se ressaisit et se planta devant le duo. Saga supportait son frère affaibli. Ce dernier était enfin vêtu d’une tunique et d’un pantalon que la femme du pêcheur lui avait prêtés.

 

—   Merci pour tout, s’inclina Iris.

—   C’est très peu par rapport à tout ce que tu as déjà fait pour nous. On te devait bien ça.

 

Iris rejoignit les deux frères pour encadrer Kanon et ainsi l’aider à marcher. Le regard de la jeune femme et du ressuscité se croisèrent enfin. Iris fut rassurée de voir la mine renfrognée de ce dernier.

 

—   D’abord tu manques m’étouffer avec un coussin et maintenant, tu veux m’aider ! C’est quoi ton problème ?

 

Iris lui sourit franchement et passa son bras autour du cou.

 

—   Heureuse de te retrouver aussi, Kanon !

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