Chevalier, mais pas trop ...

Chapitre 29 : S.O.S.

3728 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/05/2024 14:38

Disclaimer : cf. chapitre 1

CHAPITRE 29

S.O.S.

 

Quatre années s’étaient écoulées, quatre années pendant lesquelles la réputation d’Iris avait fait le tour de l’île. Milo avait eu raison. Bien sûr, il existait quelques réfractaires ou méfiants. Le passé d’Iris n’était pas à remettre en cause, c’étaient plutôt ses méthodes. Passe encore pour la phytothérapie mais ses pouvoirs de chevalier intriguaient. Par moments, la jeune femme se sentait menacée de délation à l’instar de la chasse aux sorcières médiévale. Mais dans plus de 95% des cas, l’accueil des patients était chaleureux et enthousiaste. Surtout quand on savait dans quelle situation vivaient les insulaires.


L’île du Sanctuaire qu’avait connue Iris, l’image de carte postale pour touristes férus de témoignages antiques, avait cédé la place à un état militaire : des soldats à chaque coin de rue, des emprisonnements arbitraires, des disparitions d’opposants à ce nouveau régime, sans parler des exécutions. Bien trop souvent, les gardes abusaient de leur pouvoir et maltraitaient ouvertement la population. Iris s’était d’ailleurs retrouvée à plusieurs reprises à empêcher un ou plusieurs soldats à commettre des exactions. Elle en avait déjà corrigé plus d’un et se moquait ouvertement d’être dénoncée. Autant dire qu’au vu de la situation de l’île, les soins qu’Iris prodiguait à une population de plus en plus exsangue lui laissait très peu de temps pour elle.


La seule qualité qu’Iris reconnaissait au Pope, c’était de n’être jamais revenu sur sa promesse : il ne lui avait jamais confié de mission. Quant aux soins personnels, c’est elle qui forçait la chose pour lui soumettre un rendez-vous pendant lequel elle lui faisait part de sa façon de gouverner et de son inquiétude … pour lui : soulèvement de la population, rébellion des chevaliers. Ce à quoi il lui répondait qu’une telle chose n’arriverait jamais car il veillait.


Pendant ces rares rendez-vous, Iris tentait de trouver les causes de l’état du Pope. Elle n’avait aucune formation psy mais elle était à deux doigts de dire qu’une entité maléfique possédait l’esprit de l’homme. Un exorcisme était peut-être envisageable ; il fallait creuser dans cette direction. Mais Iris s’était jurée de soigner cet homme en souffrance, dans le secret et la discrétion la plus absolue afin que le Pope n’ait pas de soupçons et ne revienne sur sa première envie qui était de la tuer.


Iris était la seule à œuvrer dans l’ombre mais pas l’unique personne à déplorer la situation sur l’île ou à se méfier du Pope. Milo était tiraillé entre son serment l’obligeant à obéir et ses doutes toujours plus grandissants sur la légitimité de certaines de ses actions. Aioria, le frère cadet du Sagittaire, était, lui, totalement dévoué à son supérieur. Il faut dire que le jeune homme devait racheter la conduite de son aîné. L’opprobre était retombée sur lui : être le frère d’un traître, de celui qui avait tenté d’assassiner la réincarnation d’Athéna, avait de quoi motiver le jeune chevalier du Lion pour redorer l’image de sa famille. On pouvait néanmoins parler de tout avec lui, excepté de cette affaire qui l’avait profondément traumatisé. Ce serait très dur de lui faire entendre raison.


Un autre chevalier pour lequel ce serait également mission impossible était le Cancer. Si Milo était cruel dans ses traitements assassins, il restait un ami agréable, bon vivant et de bonne compagnie. « Death Mask » dont on ne connaissait même pas le véritable nom était un véritable psychopathe. Il se délectait d’envoyer ses ennemis au royaume d’Hadès mais affichait surtout sa cruauté et son cynisme dans la « décoration » de son temple constituée des visages de tous ceux qu’il avait exécutés. Pour lui, c’étaient des trophées. Absolument pas fréquentable. Iris et lui s’étaient même écharpés dans la grande salle et en présence du Pope. La conversation avait dégénéré ; Iris avait fini par lui envoyer un « Je soigne les corps blessés, pas les esprits perturbés ! » assorti d’une langue tirée. Death Mask voulut répliquer mais le Pope intervint et sépara les deux belligérants puérils.


Shura était tout aussi zélé mais gardait dans le cœur l’exécution de son camarade Sagittaire. Lui se vantait d’être le plus fidèle serviteur de la déesse, avec ou sans Pope. Il pourrait peut-être la rejoindre dans sa cause, alors ! Mais il faudrait que l’ordre vienne d’Athéna en personne.


En parlant de divinité, Shaka de la Vierge demeurait un mystère pour elle. Il semblait à mille lieues des problèmes humains. D’une part, parce qu’il gardait toujours les yeux fermés, mais aussi parce qu’il s’estimait la personne la plus proche de Bouddha. S’il était aussi sage que cela, il aurait dû avoir des doutes sur les agissements du Pope ! Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir !


Avec Aldébaran, l’imposant chevalier du Taureau, il y avait certainement moyen de le faire adhérer à sa cause. Cette montagne humaine était certes dotée de force mais aussi dotée de cœur, d’intelligence et d’énormément de gentillesse. Iris avait toujours de l’affection pour le géant discret qui lui rappelait une autre personne d’Asgard et réciproquement. Le Taureau était un géant au caractère de nounours ; lui la voyait comme une fragile poupée de porcelaine mais au caractère bien trempé. Avec lui, elle osait parler de ses doutes ; Aldébaran attendait des preuves concrètes et factuelles. Ce n’était pas une cause perdue.


Ne restait plus que le froid Camus. Le plus intellectuel aussi. Le meilleur « ami » de Milo. Le froid et le chaud. Il y avait vraiment une osmose bien particulière entre ces deux chevaliers. Iris savait très bien qu’il y avait plus entre ces deux là et ne s’en formalisait pas ! Pour Milo, la bisexualité n’était pas un tabou mais il ne faisait pas étalage de sa vie privée. Pour Milo, Camus et Iris étaient ses deux « glaçons » adorés. Il ne se privait pas de leur mettre la main sur l’épaule ou bien de les réunir dans une embrassade à trois.

 

—   Je suis Français, pas Nordique !, corrigeait Camus.

—   Tu t’es entraîné en Sibérie, non ?


Iris ne pouvait même pas dire qu’elle était Grecque. Qu’importe. Si le Scorpion avait eu l’occasion de les mettre tous les deux dans son lit en même temps, il ne s’en serait pas privé. Malheureusement pour lui, Camus fut appelé en Sibérie pour entraîner son disciple, un chevalier de bronze. Quel crève-cœur pour le Scorpion qui venait à peine de retrouver son âme sœur après des années d’entraînement.


—   Il vaut mieux éviter d’être trop brillant intellectuellement. Voilà ce qui risque de t’arriver.


Mais Iris ne savait dire quelle était l’opinion de Camus sur le Pope. Trop réservé. Trop discret.


En somme, Iris avait senti que le Pope et sa manière de gouverner étaient le sujet à éviter, surtout qu’il était l’interprète de la volonté d’Athéna. Tout le monde devait penser la même chose mais personne n’osait intervenir. A qui se fier sans risquer de finir comme Aioros ?


Et quand elle ne menait pas se petite enquête interne, Iris était très sollicitée en tant que médecin, rebouteux, coupeur de feu, magnétiseur, voire « ange de la mort » quand la situation était trop critique. Il y avait bien eu deux médecins sur toute l’île mais la population n’ayant plus les moyens de se payer les services d’un praticien plus conventionnel, ils avaient fermé leur cabinet et étaient retournés sur le continent. En aucun cas, Iris ne leur avait fait concurrence et ils le savaient. Elle était leur complément. Mais la situation économique et surtout sécuritaire de l’île avait fait en sorte que leur cabinet soit déserté au profit de soins gratuits.


Bien sûr, Iris ne pouvait et ne voulait pas soigner les maladies graves. Tout au plus soulageait-elle les douleurs inhérentes aux lourds traitements. Plaies, foulures, fractures, problèmes de digestion, de peau et autres … ses pouvoirs et préparations suffisaient amplement. On faisait même appel à elle pour des soins palliatifs. C’était vraiment très éprouvant de voir une personne mourir sous ses yeux. Mais quand une famille lui demandait de l’aide pour soulager les douleurs jusqu’au dernier moment, elle ne pouvait refuser. Iris sentait l’incroyable gratitude que le mourant, et son entourage, lui témoignait. Le sourire qu’il affichait à son dernier souffle en était le signe le plus concret. Malgré cela, Iris était terriblement ébranlée alors que la famille l’enlaçait chaleureusement. Elle pleurait encore plus que les proches mais ces derniers lui étaient reconnaissants d’avoir pu assister à un départ sans aucune souffrance.


Au rythme où la jeune femme parcourait l’île, elle ne pourrait plus tenir longtemps physiquement, qu’elle ait la résistance d’un chevalier d’or ou non. Les rares jours où personne ne venait la voir, elle les passait à dormir. Milo s’inquiétait de la voir sur les rotules.

 

—   Tu devrais au moins t’accorder un jour de repos par semaine. Sinon, c’est toi qui auras besoin d’un médecin et je serai plus que ravi de te veiller ! A quoi ça sert un docteur qui ne peut pas soigner ?


Le bougre avait tellement raison mais la misère de la population l’empêchait de fermer l’œil.


—   Pense un peu à toi au lieu de penser aux autres sinon tu ne seras d’aucune utilité.

—   L’égoïsme du Scorpion !

—   L’altruisme déraisonnable des Poissons !

—   Je tâcherai de t’écouter. Et dès demain !


Milo la quitta, satisfait mais néanmoins inquiet. Il savait pertinemment qu’elle ne pourrait pas refuser son aide au premier moribond qui allait frapper à sa porte. Il était même prêt à la séquestrer chez lui pour qu’elle ait l’air un peu moins cadavérique. Il s’étonna toutefois qu’elle ait demandé audience au Pope le lendemain pour demander l’envoi d’au moins un médecin humanitaire sur l’île car elle ne pourrait plus tenir longtemps la cadence. Rendez-vous avait été pris dans la soirée. Avant de s’éclipser, Iris avait inscrit une note qu’elle avait placardée sur la porte du cabinet et s’était envolée vers le palais.


Il faisait déjà nuit. La salle dans laquelle elle patienta était éclairée par des torchères et un brasero. Elle s’assit sur l’un des riches canapés de velours rouge qui entouraient une table basse sur laquelle trônait une corbeille de fruits richement fournie qu’elle regarda avidement. Si déjà ils étaient là, ç’aurait été dommage de les laisser pourrir. Et puis de quand date son dernier repas revigorant ? Elle se servit et mangea délicatement en attendant qu’on la convoque. Et elle attendit. Et elle mangea. Et elle finit par s’endormir.


Dans une autre aile du palais, trois jeunes femmes dormaient nues, le corps allongé de façon anarchique aux côtés du Pope qui se dégagea des trois nymphes sans aucune considération pour leur sommeil et encore moins pour les quelques heures de plaisir qu’elles lui avaient procurées. Une fois sa longue tunique enfilée et son masque remis en place, il se dirigea vers l’immense porte de ses quartiers privés sans jeter un seul regard aux trois créatures. Il sortit et croisa une femme de chambre à qui il donna des directives sans empathie pour l’exfiltration des jeunes anonymes. L’homme parcourut ensuite de longs couloirs, peu éclairés pour arriver dans le « salon pourpre ».


Iris était allongée sur l’un des canapés, ou plutôt recroquevillée, dans son grand manteau noir. Elle s’était déchaussée. Il ne pourrait jamais lui reprocher son manque de savoir-vivre, sauf peut-être sa gloutonnerie et ses fautes de goût. Seuls ses pieds dépassaient de sa couverture, pieds emmitouflés dans d’immondes chaussettes rouges à flocons blancs. Le Pope faillit exploser de rire si Iris n’avait pas le sommeil léger. Il focalisa ensuite son attention sur la corbeille de fruits qu’elle avait pillée. Au lieu de rentrer, Iris était restée, à l’attendre pendant des heures, alors que lui batifolait éhontément un peu plus loin.


L’homme s’agenouilla délicatement à côté de la jeune femme. Elle respirait paisiblement à côté du monstre qu’il était, du tyran. Elle était épuisée. Il pouvait voir des cernes sous ses yeux. Même ses joues semblaient un peu plus creusées. Son rôle de médecin sur le territoire du Sanctuaire lui pompait toute son énergie. Le Pope glissa ses doigts dans les cheveux d’Iris pour lever une mèche. Il retira son masque et porta la mèche à ses lèvres pour l’embrasser avec ferveur et révérence. Une voix résonna dans sa tête.


—   Prends-la ! Tu la désires et elle sait qui tu es. Pourquoi hésites-tu ?

—   Non ! Non ! C’est Saga qu’elle aimait ! Pas le monstre qu’il est devenu !

—   Alors pourquoi reste-t-elle à tes côtés, d’après toi ?

—   Par pitié ? Pour m’aider ?

—   Ce que tu peux être naïf !


La voix maléfique cessa. Le Pope relâcha les cheveux et inclina son visage vers celui d’Iris. Ce n’était pas un acte vil ! Et puis goûter enfin ces lèvres… Il n’était qu’à quelques millimètres du Graal quand Iris émit un borborygme assourdissant, fronça les sourcils et se releva presque mécaniquement, d’un trait, pour se retrouver en tailleur face à l’homme agenouillé devant elle. Le Pope avait repositionné son masque in extremis. Le regard d’Iris semblait vide comme si elle ne réalisait pas encore où elle se trouvait. Les deux protagonistes étaient figés. Puis Iris s’adressa, pas du tout effrayée, au Pope :


—   Voilà ce qui arrive quand on mange trop de fruits. Je file et je reviens. On pourra discuter.


Sans voix ! L’homme était hébété ! Au lieu de « crier » au scandale ou à l’agression, elle allait satisfaire un besoin naturel et nécessaire. Le Pope qui ne s’était même pas rendu compte qu’il avait retenu son souffle expira bruyamment.


—   Toi, alors ! Imprévisible ! Si tu avais prêté serment, tu m’aurais effectivement donné du fil à retordre. Avec ton statut, je suis nettement plus tranquille mais aussi plus amusé.


Iris revint, le Pope se releva. Tout en chaussant ses bottes et en se drapant dans sa cape, elle n’attendit même pas d’être dans la grande salle pour exposer sa demande.


—   Je vais suivre les recommandations de Milo … pardon … du chevalier du Scorpion : me réserver un jour par semaine pour récupérer et peut-être même occuper cette salle où on ne risquera pas de me déranger. Pour cela, je vous serai reconnaissante de faire appel à un médecin, même bénévole, pour cela. Navrée d’avoir abusé de votre temps pour un détail aussi futile.


Une petite révérence et elle prit le chemin de la sortie. Mais cette fois, l’homme put enfin avoir le dernier mot.

 

—   Attends, Iris !


Cette voix ! Cette voix qui avait certes un peu mué au fil des années mais cette intonation si particulière ! Son prénom enfin prononcé ! Iris en avait des frissons. L’intéressée s’arrêta et se retourna. Le Pope se rapprocha d’elle et se planta devant elle. Il la surplombait d’une bonne tête.


—   J’ai … j’ai besoin de toi, confessa-t-il presque penaud.

—   Médicalement ? taquina-t-elle car elle savait très bien qu’il se portait comme un charme.

—   Il faut que je te parle, fit-il timidement, d’une voix qui contrastait totalement avec son statut.

—   Je suis toute ouïe !


Qu’avait-il à lui dire qui le rendait tout chose, lui, le tyran, le maître craint du Sanctuaire. C’est Iris qui reprit, amusée, en lui faisait comprendre implicitement qu’elle connaissait son identité :


—   Il y a quelques années, on a été interrompus par les gardes ; maintenant, c’est à cause d’une bonne dia…


Le mot n’était pas des plus glamours ; elle préféra s’interrompre pour reprendre plus sérieusement :


—   Mais si tu y tiens, le tutoya-t-elle sans plus aucun respect pour la fonction et trahissant enfin sa connaissance de la situation.


Iris se dressa sur la pointe des pieds pour prendre la tête de l’homme entre ses mains et déposa un long baiser sur les lèvres froides du masque en métal. Elle se désolidarisa et avant de quitter définitivement le palais, elle lui confia :


—   Je sais, Saga. Depuis toutes ces années. Depuis mon arrivée. Je n’ébruiterai rien de ton identité mais sache que tu me verras souvent dans les parages parce que je veux t’aider et t’empêcher de sombrer davantage.


La porte claqua. Saga retira son masque et, de son index, effleura la partie qu’elle avait touchée. Imprévisible !


Quelques semaines avaient passé et Iris s’était appliquée une nouvelle hygiène de vie, plus réglée. Un jour qu’elle était au village pour quelques courses et non pas consultations, elle vit Milo entouré d’un essaim de jeunes femmes avec lesquelles il plaisantait et riait. Laquelle finirait dans son lit, ce soir ? Elle regardait cette scène, amusée. C’est alors que le Scorpion la vit et se détacha de ses groupies sans même les vexer.


—   Toi aussi tu fais ton « marché » ? plaisanta-t-elle. Tu es vraiment très populaire !

—   C’est un compliment ou une critique ? Mais détrompe-toi : je suis peut-être populaire mais pas « le plus » populaire.

—   C’est bizarre car je ne vois personne d’autre flanqué d’autant d’admiratrices !

—   Si tu avais été là il y a quelques années, tu aurais pu admirer TON Saga à l’œuvre.


Iris serra son paquet de papier kraft.


—   Ce que je veux dire c’est que tout le monde l’adorait : hommes, femmes, jeunes, vieux … tout le monde voulait lui parler, même le toucher, obtenir un mot gentil de sa part, un regard amical … c’était un dieu ! Mais il restait simple et toujours accessible. A côté de lui, j’étais un débutant. Je comprends pourquoi tu l’aimais.


Iris baissa la tête, le rose aux joues.


—   Oups ! Désolé d’avoir remué des souvenirs.

—   Non ! Ca me fait du bien d’entendre un avis objectif, venant de son plus grand rival.


Effectivement, ce témoignage redonna espoir à Iris et espoir en Athéna tant et si bien que parfois, la nuit, Iris se faufilait en douce dans le palais en prenant soin de ne pas manifester son cosmos. Elle parvenait ainsi jusqu’à l’immense statue d’Athéna qui surplombait le palais. Et avec la déesse dont elle savait que la réincarnation n’occupait pas la pièce qui lui était réservée, elle conversait, elle priait, elle suppliait, les mains étendues sur la bas de la tunique plissée de la statue ou bien assise sur l’une des épaules, tout à côté de ses oreilles. Elle parlait ainsi comme à une amie dans le besoin. Ce soir-là, elle était debout, minuscule devant la divinité et touchait sa robe.


—   Tu sais que je n’ai pas prêté serment. Je n’ai rien contre toi mais j’aimerais beaucoup que tu me guides pour le guérir. Il a commis énormément de crimes en ton nom mais curieusement, il ne m’a jamais fait le moindre mal, preuve qu’il n’est pas totalement condamné. Egoïstement, je veux le sauver. Aide-moi, Athéna ! A deux, et entre filles, on va le sauver : toi, tu récupères ton chevalier le plus exemplaire ; et moi, l’homme que j’aime.

 

Iris leva les yeux vers la tête de la statue et versa quelques larmes. De son balcon, Saga vit la scène et frappa le rebord qui se fendit et s’écailla.


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