Chevalier, mais pas trop ...

Chapitre 1 : CE FUT COMME UNE APPARITION

1775 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/11/2023 14:58

CHEVALIER MAIS PAS TROP

CHAPITRE 1

CE FUT COMME UNE APPARITION


 

DISCLAIMER : Je ne possède pas les personnages de Saint Seiya. Seul Masami KURUMADA en est l’authentique créateur et détenteur.

Pour ma part, je n’ai fait que changer le chevalier des Poissons et je m’en excuse immédiatement auprès du fanclub. Aphrodite sera, dans cette fic, une femme portant le prénom d’Iris. J’ai créé certains personnages pour les besoins de l’histoire. Certains épisodes de la série animée ont dû subir quelques modifications que vous m’excuserez d’avoir effectuées (chronologie, attaques du chevalier des Poissons …). C’est pour la bonne cause.

L’histoire risque d’être longue : une bonne cinquantaine de chapitres que je pense publier à raison d'un chapitre par semaine.

Attention : certaines scènes pourront choquer un jeune public de par leur contenu graphique (sexe, violence).

Sinon, je vous souhaite une bonne lecture. Si quelqu’un est intéressé pour une exploitation imagée, faites-moi signe, tout comme pour vos commentaires.


 

CHAPITRE 1

CE FUT COMME UNE APPARITION


 

         Il n’avait qu’une envie : rentrer au plus vite dans la petite chambre qu’il occupait à côté de celle de Polydeukès, son maître. Il était trempé sous cette pluie battante du mois de mars. Il faisait déjà nuit (l’entraînement finissait tard), il avait froid et il était couvert de blessures qu’il allait immanquablement faire soigner chez Daphné, le « médecin » du village. Son maître lui reprochait d’ailleurs d’aller un peu trop souvent la voir pour quelques « égratignures » et s’attarder quand elle lui préparait un repas pour le revigorer.

         L’entraînement était pénible : un chevalier brûle vite ses calories tout apprenti qu’il soit. Polydeukès devait régulièrement le chercher chez Daphné qui ne manquait pas de lui reprocher sa dureté à son égard.


—  Un enfant de quatre ans ! A-t-on idée de l’entraîner aussi cruellement par tous les temps !


Au lieu de se vexer, son maître lui répondait par un grand éclat de rire :


—  Un futur chevalier a besoin d’un rude entraînement s’il veut être capable de protéger sa déesse et ses semblables. Je ne veux pas en faire une femme d’intérieur !

—  Ce futur chevalier a avant tout besoin d’une mère et de ses attentions. L’entraînement peut bien attendre ! rétorquait la jeune femme en passant sa main dans la tignasse azur du garçonnet. Tu veux que l’oisillon vole mais ses ailes ne sont même pas formées !

—  Justement ! C’est à cela que je travaille ! Plus tôt ses ailes seront formées, plus vite il volera !


Le garçon les observait se chamailler mais chacun savait que l’autre n’avait pas totalement tort. Ils respectaient leurs opinions. Jamais un mot plus haut que l’autre. Daphné n’hésitait pourtant pas à critiquer ouvertement son maître alors qu’elle savait qu’elle aurait pu être instantanément pulvérisée si Polydeukès levait le petit doigt. Mais jamais le chevalier n’aurait osé lever la main sur la jeune femme ni même avoir ce genre d’idée complètement déplacée face à un être qui ne possédait pas un pour cent de son extraordinaire pouvoir. Non, jamais ! Il se contentait de rire à ses provocations.


Quand Saga les regardait se disputer comme l’auraient fait deux enfants pour un jouet, il savait que tout allait se terminer par deux éclats de rire simultanés et des regards complices. Il se surprenait alors à penser qu’ils pourraient l’adopter et que tous les trois (voire quatre, si Daphné connaissait la vérité) formeraient une famille. Non. Malheureusement un chevalier n’avait pas le bonheur personnel pour vocation. Il était donc évident que Polydeukès et Daphné ne pourraient jamais … alors que le petit bonhomme savait pertinemment, malgré son très jeune âge, ce que chacun éprouvait tacitement pour l’autre.


La pluie redoublait d’intensité. Des éclairs, relayés par un grondement menaçant, zébraient à présent le ciel. Pour arriver plus rapidement chez Daphné, il aurait pu se déplacer à la vitesse de la lumière mais il n’en était qu’à ses balbutiements de chevalier d’or. Malgré l’orage, Saga décida quand même de passer par la forêt alors qu’il pouvait à tout moment risquer que la foudre ne tombe sur un arbre mais il pensait qu’il était à l’abri de tout danger. Il ralentit son pas lorsqu’il entendit un cri se détacher du bourdonnement ambiant.


Saga se demanda si c’était son imagination qui lui jouait des tours ou un nouveau caprice du tonnerre qui déchirait l’air. Il s’arrêta un instant puis reprit sa course. Un second cri finit par lui glacer le sang : il était sûr à présent d’avoir entendu un hurlement, plus précisément une femme crier. Il fallait qu’il sache. Mais où se trouvait-elle ? Il n’entendait plus que le tonnerre et la visibilité était très mauvaise. Il décida alors d’appeler :


—  Y a quelqu’un ? Où êtes-vous ? Vous êtes blessée ?


Il n’eut pour seule réponse que le grondement des éléments, le bruit des gouttes d’eau qui achevaient leur course sur lui ou le feuillage des arbres, ainsi que celui de ses pas qui s’enfonçaient dans la terre détrempée. Puis, en tendant bien l’oreille … de petits gémissements plaintifs recouverts par le brouhaha. Il pressa le pas dans la direction où il avait cru entendre la femme quand un éclair illumina brièvement une scène à laquelle il ne se serait jamais attendu.


Il s’agissait bien d’une femme : elle gisait adossée contre un arbre. Visiblement, elle n’était pas blessée mais pourquoi donc criait-elle ? Ce n’est qu’en se rapprochant qu’il comprit ce qui se passait. Elle était assise, au pied de l’arbre, les jambes écartées, sa robe relevée jusque sur ses cuisses maculées de sang et d’une substance blanchâtre. Dans sa main droite, une dague, elle aussi souillée et devant elle … un bébé de quelques minutes qui gisait à même le sol mouillé. La jeune femme venait d’accoucher.


Eberlué par le spectacle auquel il venait d’assister, Saga n’osait bouger davantage. La parturiente et lui étaient face à face mais elle ne s’effraya même pas lorsqu’elle le vit. Elle n’était pas grecque, cela se voyait à ses vêtements mais aussi à son apparence : les fréquents éclairs lui avaient donné l’image d’une femme d’origine nordique. Sa peau était blême bien que tâchée de sang et de boue ; ses yeux d’un bleu très clair presque transparent lui prêtaient vaguement attention et, le plus surprenant peut-être, étaient ses cheveux gris alors qu’elle était très jeune, pas plus âgée qu’une adolescente. Toutes ces hypothèses confirmèrent sa première impression. Soudain, elle leva sa main droite qui renfermait la petite dague et la dirigea vers le minuscule être, apparemment sans vie, entre ses jambes.


—  Non ! Ne faites pas ça ! Ne le tuez pas !


Malgré ses supplications, le garçonnet était incapable d’agir tellement il était pétrifié par le spectacle inhabituel qui se déroulait sous ses yeux. Mais la lame vint s’enfoncer dans la terre pour couper ce qui reliait encore la mère à son rejeton. Saga était soulagé mais toujours aussi médusé. La jeune femme procédait maintenant à sa délivrance, toujours en faisant abstraction de son unique spectateur. Puis, elle se releva péniblement, en s’aidant du tronc et, pour la première fois, sembla remarquer la présence de l’enfant. Son regard limpide indiquait un vide total et une profonde déception. Elle jeta la dague près du bébé dont elle ne se préoccupait même pas et lança au garçon d’une voix pleine de tristesse :


—  Jamais plus je ne pourrai rentrer et je n’ai pas la force ou le courage de l’élever.


Croyant qu’elle avait l’intention de se débarrasser de la petite créature qui était donc une fille, Saga s’interposa mais la réaction de la jeune femme fut tout autre que celle que le garçon avait prévue. Elle se releva péniblement puis s’enfuit et s’enfonça au cœur des ténèbres de la forêt malgré les appels répétés de l’enfant qu’elle laissa seul aux côtés du nouveau né.


Tout cela l’avait dépassé. Saga restait auprès du bébé qu’il croyait mort puisqu’il ne bougeait ni ne vagissait. Une curiosité salutaire pour ce dernier fit se pencher l’apprenti chevalier sur cet amas de chair tout juste sorti des entrailles de sa mère : elle était sale, recouverte d’un mélange de boue et de fluides humains. En s’inclinant un peu plus, mais sans oser le toucher, il remarqua que sa poitrine se soulevait imperceptiblement : la fillette était en vie ! Il fallait qu’elle vive !


Oubliant les blessures dues à son entraînement, Saga décida de prolonger, peut-être pour quelques heures, la vie de cette innocente créature abandonnée aux éléments déchaînés par sa mère. Il retira donc sa tunique trempée, l’essora du mieux qu’il pût, et y enveloppa le nourrisson qu’il porta contre sa poitrine dans l’espoir de le réchauffer un peu malgré la pluie et surtout de le maintenir en vie jusqu’à son arrivée chez Daphné. Il récupéra également la dague qui pourrait peut-être identifier la mère, puis il courut aussi vite que possible vers la maison du médecin où la lumière brillait encore malgré l’heure tardive.

 


Laisser un commentaire ?