Pour une seconde chance

Chapitre 4 : Une bouteille à la mer...

7351 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a environ 6 ans

Chapitre 4: Comme une bouteille à la mer.

 

Grèce. Le sanctuaire.

 

Épuisé, Mu releva la tête vers ses compagnons. Shaka et Saga se tenaient près de lui dans la grande salle du treizième temple et la fatigue se lisait sur leur visage. Depuis plusieurs jours, ils tentaient régulièrement d’établir un contact avec la dimension d’où prétendait venir Kanon. Pour la première fois, ils y étaient parvenus. Au prix d’un immense effort ils étaient arrivés à ouvrir et à maintenir un vortex. Ce passage entre les mondes était leur dernière chance. C’était une bouteille à la mer comme se plaisait à le dire Shaka. Le chevalier du bélier soupira, Kanon avait bien franchi le vortex mais il n’était pas revenu. Les trois chevaliers d’or échangeaient des regards interloqués quand soudain Kanon entra trombe dans la pièce, il semblait déboussolé et promenait des yeux effarés autour de lui :

-       Où est Athéna ? Elle était avec moi… Je lui tenais la main…

-       Mais c’est impossible ! Comment as-tu pu perdre Athéna ? Je n’aurais jamais dû te faire confiance… S’écria Saga.

-       C’est toi qui dis ça ? Railla son Kanon. Si tu avais été digne de sa confiance d’Athéna il y a 14 ans nous n’en serions pas là ! Elle était près de moi, mais nous avons été séparés dans le vortex ! 

-       Taisez-vous tous les deux. 

Les deux jumeaux se turent et se retournèrent d’un même mouvement vers Shaka qui depuis quelques mois assurait les fonctions de grand pope.

-       S’il y a un responsable, ça ne peut être que moi, continua Shaka, je n’aurai pas dû accepter de faire ça. Mu, ramène Saga dans sa cellule et demande à Shura de venir.

 

Depuis qu’il avait avoué ses crimes à l’encontre du grand pope Shion et d’Athéna, Saga avait été emprisonné dans une cellule dans le sous-sol du sanctuaire. Beaucoup demandaient son exécution, en particulier Aiolia dont le frère ainé Aiolos avait été assassiné sur les ordres de l'usurpateur. Cependant, Shaka s’y était refusé. Saga était coupable de trahison, en effet, mais la guerre sainte contre Hadès s’avérait imminente et pour cela, il aurait besoin de tous les chevaliers d’or, y compris de Saga qui était l’un des plus puissants. En outre, depuis que l’esprit maléfique qui l’habitait l’avait quitté, Saga était torturé par la culpabilité et il était si on peut dire lui aussi une victime.

 

Shaka soupira, le projet de faire venir Athéna au sanctuaire ne s’était pas déroulé comme prévu. Il devait réfléchir et retrouver la jeune déesse au plus vite. Il se tourna vers Kanon :

-       A ton retour, où es-tu arrivé cette fois-ci ? 

-       Au cimetière du sanctuaire.

-       Là où ont été ensevelis les restes de ton double n’est-ce pas…? 

 

Kanon acquiesça, commençant à comprendre où voulait en venir le chevalier de la vierge.

Il leur fallait retrouver le lieu où reposait la dépouille de la réincarnation d’Athéna de leur dimension, autrement dit, la fillette que Saga avait assassinée après l’avoir retrouvée au Japon.

-       Kanon, tu vas te rendre au Japon pour rechercher la dépouille d’Athéna puisqu’elle a été tuée là-bas. Je crois savoir que tu connais déjà ce pays pour y avoir passé beaucoup de temps ces dernières années. 

-       Je pars tout de suite, répondit l’intéressé avant de quitter la salle d’un pas précipité. 

-       Quant à toi Shura va à l’endroit où tu as tué Aiolos, je doute que les restes d’Athéna soient enterrés là-bas mais c’est notre seule piste pour le moment.

-       Très bien, répondit le chevalier du capricorne.

 

***

 

 

Grèce. Une île, non loin du sanctuaire.

 

Les colonnes usées d’un ancien temple se dressaient sur un tertre surplombant la mer. En contrebas on distinguait les maisons blanches et bleues d’un petit village de pêcheurs et de frêles esquifs qui tanguaient mollement au gré des vagues. Quelques touristes étrangers, sillonnaient les ruines et admiraient le paysage en prenant des photos.

-       Maman ! Maman ! Regarde cette belle dame, elle est apparue par magie ! Tu crois que c’est une fée ? S’écria une fillette aux boucles rousses et aux joues roses en tirant sa mère par le bras.

-       Shirley ! Arrête de dire des sottises, répondit la mère en n’adressant qu’un bref regard à la jeune fille aux longs cheveux mauves et aux yeux bleu-vert que lui désignait la fillette. Laisse-moi encore prendre une ou deux photos avant de retourner à l’hôtel.

-       On achètera une glace ensuite ?

-      Oui, si tu veux, soupira la mère. Attends juste quelques minutes. 

 

Saori, sourit à la jolie fillette rousse qui la regardait avec curiosité. Rassurée, l’enfant lui rendit son sourire et s’approcha.

-       Comment tu as fait pour apparaître comme ça ?

Saori amusée, s’agenouilla près de la fillette avant de lui répondre avec franchise.

-       Je ne sais pas exactement. J’ai emprunté une sorte de porte entre plusieurs mondes.

-      Tu t’appelles comment ? Continua l’enfant.

-       Saori. 

 

Elles devisèrent quelques minutes puis la petite fille lui adressa un signe de la main avant de s’éloigner avec sa mère. La jeune déesse resta songeuse. Visiblement elle avait eu de la chance car seule l’enfant avait remarqué son arrivée. Les autres rares touristes ne semblaient pas se préoccuper d’elle. Elle regarda le paysage qui s’étalait autour d’elle et en conclu qu’elle se trouvait en Grèce. Mais où était Kanon ? Il s’était comme volatilisé lorsqu’ils se trouvaient tous deux dans le vortex.

Elle attendit dans les ruines encore quelques instants puis prit la direction du village qui se trouvait en contrebas quand soudain une voit retentit derrière elle :

-       Athéna ? 

Elle fit volte-face et se retrouva nez à nez avec le chevalier du capricorne. Vêtu d’un jean et d’un tee-shirt quelconque il se fondait aisément aux quelques touristes qui se promenaient à près de ces vestiges d’une autre époque. Ils se dévisagèrent quelques instants puis Saori lui sourit et répondit :

-       Je suis heureuse de te revoir Shura.

 

Le chevalier du capricorne demeura interdit quelques secondes. Ainsi donc, elle savait qui il était. Kanon avait dit vrai et cette dimension parallèle dont il prétendait venir existait réellement. De plus, le gémeau avait bel et bien réussi la mission que lui avait confiée le grand pope Shaka et il était parvenu à ramener Athéna dans leur monde, car à n’en pas douter celle qui se tenait devant lui à présent était bien la réincarnation d’Athéna. Frappé par cette évidence, il tomba à genou devant elle.

-       Relèves-toi Shura et conduis-moi au sanctuaire.

-       Oui, le grand pope Shaka attend votre venu. Remarquant la surprise dans les yeux de la jeune femme, il continua : Notre monde et le vôtre sont bien différents je crois...

-      En effet, dit-elle d'un air songeur.

 

 

Quelques instants plus tard, tous deux avaient regagné le sanctuaire et après avoir traversé les douze maisons du zodiaque, Saori accompagnée des chevaliers d’or présents, pénétrait dans la salle principale du palais des grands popes où l’attendait Shaka. Après lui avoir juré fidélité comme l’avait fait les autres chevaliers, il lui exposa rapidement la situation à laquelle ils étaient confrontés dans cette dimension.

 

Il y a quatorze ans, Athéna s’était réincarnée dans le corps d’un nouveau-né et elle avait été amenée au sanctuaire où le grand pope devait prendre soin d’elle. Mais ce dernier, était en réalité le chevalier d’or des gémeaux Saga. Gouverné par un esprit maléfique, il avait assassiné Shion, le véritable grand pope et avait pris le pouvoir à sa place. Seule la réincarnation d’Athéna l’empêchait de renforcer son emprise sur le sanctuaire. Le chevalier des gémeaux avait donc tenté de tuer l’enfant en 1973, mais elle avait été sauvée de justesse par Aiolos du sagittaire. Saga avait alors ordonné à Shura de pourchasser et de tuer Aiolos et le bébé qu’il avait avec lui mais le capricorne n’avait pas complétement remplie sa mission. Il avait laissé la vie sauve à l’enfant. Mortellement blessé, le sagittaire avait confié la jeune Athéna à un touriste japonais, Mitsumasa Kido qui l’avait adoptée et élevée comme sa fille.

Cette version de l'histoire était semblable à ce qui c'était passé dans le monde d'où elle venait et Saori n'en fut pas surprise mais ce qui suivit la troubla.


Après trois ans de recherches acharnés, Saga, complètement rongé par le mal, était parvenu à retrouver la jeune Athéna au Japon et il avait assassinée lui-même assassiné la fillette avec la dague d’or qu’il avait déjà tenté d’utiliser contre elle alors qu’elle n’était qu’un bébé.

 

Après avoir commis cet acte abominable, l’esprit du mal qui l’habitait l’avait quitté le laissant seul face à l’horreur de son crime. Saga avait alors regagné le sanctuaire et tenté de réparer tout le mal qu’il avait causé en étant un grand pope exemplaire pendant de nombreuses années. Il avait su renforcer le sanctuaire et protéger la paix. Cependant, la résurrection d’Hadès était imminente et sans Athéna, Saga savait qu’il était impossible de le combattre et il avait finalement avoué son identité à ses compagnons d’armes. Depuis, il était détenu dans une cellule dans le sous-sol du sanctuaire. Kanon, le chevalier des gémeaux qui prétendait venir d'une autre dimension, avait été laissé libre mais il était loin d’avoir la confiance de tous car bien qu'il soit arrivé au sanctuaire depuis 1980, il avait protégé le secret de l'usurpateur. Shaka, après maintes réflexions, avait cependant accepté de faire appel à lui pour prendre contact avec la déesse Athéna de cette autre dimension. Les gémeaux avaient unis leurs pouvoirs à ceux de Mu et Shaka afin d’ouvrir un vortex pour rejoindre le monde d’où venait Kanon.

 

Athéna l’écouta sans l’interrompre puis déclara :

-       Dans le monde d’où je viens, la guerre sainte contre Hadès a déjà eu lieu et malgré de lourdes pertes nous l’avons définitivement vaincu. Je ferai tout mon possible pour qu’il en soit de même ici.

-       Oui, Kanon nous a parlé de votre dimension mais ici les choses semblent différentes. Par exemple, ce garçon qui a accueilli l’âme d’Hadès dans votre monde ne sera pas son réceptacle ici puisqu’il s’est suicidé.

-       Comment ? ! Shun est mort… Mais Seiya et les autres chevaliers de bronze… Sont-ils au sanctuaire ?

-       Seiya ? Non, je ne connais aucun chevalier de ce nom.

-       Qui est le chevalier de Pégase alors ?

-       Mais, personne… L’armure de Pégase se trouve encore au sanctuaire et elle n’a eu aucun possesseur depuis près de deux cents ans… 

 

Un voile d’incrédulité, traversa le regard bleu vert de la jeune fille qui, malgré elle, commençait à regretter d’être venu dans cette dimension sur un coup de tête.

-       Je suis désolé pour vos amis s’excusa Shaka.

-       Tu n’es pas responsable dit Athéna. J’espère seulement être en mesure de vous aider. Je crains cependant que l’expérience de la guerre contre Hadès que j’ai vécue ne me soit d’aucune utilité ici car …

 

Shaka et Athéna se regardèrent et d’un même mouvement se tournèrent vers la fenêtre ouverte pour apercevoir, dans le crépuscule naissant, une lumière blanche qui, s’élevant vers le ciel, disparaissait à l’horizon du côté de l’est.

-       C’est l’armure de Pégase… Murmura le chevalier de la vierge.

-       Elle quitte le sanctuaire. Ajouta Athéna en se retournant vers le chevalier de la vierge. Tous deux savaient ce que cela signifiait. 

 

 

***


Un petit restaurant de plats à emporter à Tokyo, Japon.

 

Seika terminait de ranger la cuisine pour la fermeture quand la clochette au-dessus de la porte d’entrée de la petite boutique tinta derrière elle. 

-       C’est toi Seiya ? Demanda-t-elle en continuant de sortir les couverts du lave-vaisselle. Je pensais que tu devais voir Miho ce soir.

-       Dommage qu’il ne soit pas là j’avais à lui parler.

En entendant cette voix Seika se retourna vivement. Kanon se tenait à l’entrée de la boutique comme la première fois qu’elle l’avait rencontré il y a des années.

 

Elle se souvenait de ce moment comme si c’était hier. C’était peu de temps après la mort de leur père adoptif, qui croulant sous les dettes s’était suicidé les laissant seuls avec leur mère adoptive déjà malade. La veuve était régulièrement harcelée par des créanciers dont certains n’hésitaient pas à user de violence pour récupérer leur argent.

Ce matin-là, elle s’apprêtait à partir pour l’école avec Seiya quand quatre malfrats aux mines patibulaires s’étaient engouffrés dans la boutique.

-       Restez là les gosses on a besoin de vous pour faire comprendre les choses à votre petite maman ! S’était écrié l’un des voyous qui semblait être le chef, en la repoussant violemment à l’intérieur de la boutique. Déséquilibrée, elle s’était écroulée sur le sol.

-       Touche pas à ma sœur espèce de sale brute ! Avait hurlé le petit Seiya en se jetant sur l’homme et en le criblant de coup de poings. Le malfrat s’était mis à rire, méchamment en se tournant vers l’un de ses sous-fifres :

-       Daichi, occupe-toi de cet avorton ! »

L’homme répondant à ce prénom, était un colosse de près de deux mètres qui souleva Seiya par les bretelles de son cartable et l’envoya voltiger à l’autre bout de la pièce où l’enfant était demeuré inerte.

« Je vous en prie arrêter ! » avait hurlé leur mère en tentant de s’interposer. « Mes enfants ne sont pour rien dans tout ça ! »

Le chef des bandits avait alors attrapée leur mère et l’avait assise de force sur une chaise :

-       Ferme-là ! Il va leur arriver d’autres bricoles si tu ne nous paies pas ! Avait aboyé l’homme, un mauvais sourire sur le visage. Il avait fait un signe de tête à ses complices et Seika s’était senti soulevé du sol et plaqué contre le mur par le troisième homme qui sortant un couteau à cran d’arrêt de sa poche, avait posé la lame contre son visage. Seika se souvenait encore du contact froid de l’acier contre sa peau. Tétanisée par la peur, elle ne parvenait même pas à crier.

-       Votre fille est bien mignonne… Si vous voulez qu’elle le reste, rendez-nous rapidement notre argent, avait susurré le chef à leur mère, qui le suppliait pour qu’il épargne ses enfants.

-       J’ai pris le contenu de la caisse patron ! y a pas grand-chose mais c’est déjà ça… Dit le dernier malfrat en ricanant.

Seika avait alors entendu tinter la clochette de la porte d’entrée et elle l’avait vu. Un homme qu’elle ne connaissait pas avec de longs cheveux bleu clair. Il se tenait sur le pas de la porte, et ne semblait pas impressionné le moins du monde par le groupe de malfrats bien que deux d’entre eux soient taillés comme des armoires à glace.

-       Lâche cette gamine ! avait-il ordonné.

-       Tu te prends pour qui l’étranger ? On est quatre et t’est tout seul !

-       Quel courage… Ironisa le nouveau venu. Quatre pour frapper une femme et deux enfants ?

-       Réglez-lui son compte vous autres avait grogné le chef.

Les deux armoires à glace avaient alors bondit sur Kanon qui les avaient évité aisément. D’un coup droit, il avait allongé le dénommé Daichi et d’un coup de coude dans l’estomac il avait envoyé au tapis la seconde brute qui tentait de le frapper par derrière. L’homme qui la retenait contre le mur l’avait lâchée et Seika en avait profité pour courir vers le fond de la pièce où elle avait retrouvé Seiya, inconscient mais vivant.

Kanon était venu facilement à bout des deux derniers voyous puis les avaient jetés dehors où ceux qui pouvaient encore marcher, avaient regagné leur voiture en titubant et en soutenant leurs camarades. Il s’était agenouillé près d’elle et avait semblé soulagé en voyant que Seiya allait bien puis il avait rassuré leur mère en larmes.

-       Vous avez sauvé mes enfants…

-       Tenez, je crois que ceci vous appartient, avait-il dit en tendant à leur mère les billets que leur avait pris les malfrats.

-       Merci, monsieur… Si je peux faire quoi que ce soit pour vous….

Kanon avait proposé alors à leur mère adoptive de l’embaucher dans la boutique contre le gîte et le couvert et il était resté auprès d’eux quelques années bien qu’il s’absenta très souvent pour effectuer de mystérieux séjours à l’étranger. Il était toujours très discret et encore aujourd’hui, Seika ne savait que peu de choses sur lui.

Il les avait beaucoup soutenus après le décès de leur mère et s’entendait très bien avec Seiya. Ils partageaient tous deux le même intérêt pour les sports de combat et ils passaient beaucoup de temps à s’entraîner dans le hangar que Kanon avait reconverti en dojo. Seika n’était pas fan de la violence, mais elle préférait que son petit frère soit avec Kanon malgré ses manières un peu étranges plutôt qu’avec les voyous du quartier.

 

-       Kanon ! Je ne savais pas que tu étais rentré. Seiya m’avait dit que tu voyageais en Europe. Je t’offre une tasse de thé ?

-       Je ne voudrais pas te déranger… 

-       Cela ne me fait plaisir au contraire, dit-elle en installant une soucoupe, du sucre et une petite cuillère pour son invité. Et puis Seiya ne devrait pas tarder, si tu veux lui parler tu peux l’attendre ici.

 

Kanon accepta et regarda Seika qui s’affairait derrière le comptoir. Il s’était beaucoup attaché à elle et à son jeune frère ces dernières années.

Quelques instant plus tard, la jeune fille déposa la tasse fumante devant son invité qui, l’air absent semblait écouter avec attention quelque chose qu’elle ne pouvait pas entendre.

-       Tout va bien ? demanda-t-elle inquiète.

-       Oui. Surtout ne bouge pas d’ici Seika ! ordonna-t-il en quittant la pièce comme s’il avait le diable aux trousses. 

***

 

Une rue animée de Tokyo.

 

La nuit étaient tombée depuis longtemps sur les grands immeubles mais les lumières artificielles avaient pris le relais et le quartier branché qui abritaient salles de jeux, cinémas et restaurants à la mode, brillait comme en plein jour quand la moto de Seiya démarra en trombe.

-       Va moins vite Seiya ! J’ai peur… Hurla Miho en se s’accrochant à la taille de son compagnon.

-       T’inquiète pas je fais attention, la rassura-t-il, mais si je ralentis, tu ne rentreras jamais à l’heure à l’orphelinat et le directeur va encore t’engueuler…

-       Ce n’est pas grave tu sais…

-       Je ne veux pas que tu aies des ennuis à cause de moi.

 

La moto venait de quitter le quartier animé où les deux jeunes gens étaient allés au cinéma pour s’engager sur une voie express. Seiya accéléra encore malgré les supplications de Miho puis s’engagea sur la bretelle de sortie. Quelques minutes plus tard, les deux adolescents arrivaient devant l’orphelinat des étoiles où vivait la jeune fille. Cette dernière retira son casque et réajusta rapidement sa coiffure.

-       Merci Seiya, j’ai passé une excellente soirée.

-       Oui, moi aussi, répondit le garçon en retirant son casque. Je passerai te chercher samedi soir comme prévu.

-       D’accord, s’écria, je t’attendrai ici !

Ils s’embrassèrent puis Miho lui adressa un signe de la main avant de prendre en en courant la direction du bâtiment. Seiya attendit qu’elle soit bien rentrée pour redémarrer. Depuis le début de la journée, il avait l’étrange sensation qu’on le regardait.

 

Il traversait à toute allure une zone industrielle déserte à cette heure tardive quand deux silhouettes noires se dressèrent brusquement devant lui. L’adolescent fit une embardée pour tenter de les éviter.

-       Tu crois t’en tirer comme ça ? Demanda le plus grand des deux intrus en ricanant.

-       Mais qu’est-ce que vous me voulez ?

Pour toute réponse, l’intrus s’auréola d’une lumière violette et cria :

-       Rolling Bomber Stone !

Une avalanche de rochers venus de nulle part déferla autour de Seiya et lui bloqua le passage. Il fit un vol plané et se rétablit adroitement sur ses pieds alors que sa moto finissait sa course dans le mur de l’immeuble le plus proche.

-       Non, mais vous êtes qui ? ! Hurla Seiya en se retournant vers les deux silhouettes sombres, qui, il ne l’avait pas remarqué plus tôt, étaient revêtues d’une sorte d’armure sombre qui recouvrait leur corps.

-       Je suis Rock du Golem, Spectre de l’étoile céleste de la Cible.

-       Et moi Raimi du ver, dit le plus petit des deux spectres en s’approchant de Seiya pour le frapper. Ce dernier évita le coup de son adversaire en roulant sur le côté.

-       Tu sembles être un adversaire moins pathétique que les autres, le complimenta Raimi, mais tu vas finir comme eux… Tu vas mourir !

-       Oui, mais avant il va nous supplier comme les autres et pleurer pour qu’on l’épargne… Ajouta le spectre du Golem goguenard.

 

Les deux spectres partir d’un grand éclat de rire, pendant que Seiya tentait désespérément de trouver une solution. Réfléchis ! Réfléchis, s’exhorta-t-il.

Il était inutile qu’il tente de fuir à pied, les deux affreux le rattraperaient tout de suite et le mettraient en pièces. Il devait gagner du temps pour espérer s’en sortir.

-       Les autres ? Quels autres ? Interrogea-t-il. Et qui vous envoie ?

-       Tu sais que tu poses beaucoup trop de questions », gamin, déclara Rock.

-       Laisse-moi remédier à ça… ajouta son comparse. « Worm’s Bind ! »

 

Seiya constata effaré que des tentacules semblables à d’énorme vers verdâtres avaient surgi du surplis du spectre pour venir s’enrouler le long de ses membres pour l’emprisonner. Il était à présent incapable de faire un seul mouvement. Il hurla de douleur lorsque les tentacules, resserrèrent leur emprise sur ses membres menaçant de lui briser les os. L’une d’elles s’enroula sournoisement autour de son cou pour l’étrangler.

-       Attendez… Si... Si je dois mourir aujourd’hui, dites-moi au moins pourquoi…, articula péniblement Seiya pour tenter de retarder l’échéance.

-       Vous devez tous disparaître, toi et tes demi frères pour éviter que l’un d’entre vous ne s’en prenne à notre dieu…Et ensuite on s’occupera des autres misérables humains de cette planète en commençant par ta sœur.

-       Non… Je… Je ne vous laisserai pas… faire ça…

-       Tu seras mort imbécile, tu ne pourras rien faire pour empêcher ça ! Rétorqua Raimi dans un éclat de rire révélant d’horribles dents pointues.

 

Seiya n’était plus en mesure de répondre, les tentacules l’enserraient de toutes parts l’empêchant de respirer. Il était sur le point de perdre connaissance quand un souvenir refit surface dans son esprit…

Il devait avoir environ dix ans, il s’entraînait avec Kanon près des docks dans un grand hangar où s’amoncelaient poutrelles de métal, tas de gravats et vielles carcasses de véhicule.

-       Ta technique est correcte Seiya mais cela ne suffit pas. A présent, tu dois utiliser ton cosmos.

-       Mais peut être que j’en ai pas…

-       Ne me contredis pas ! S’énerva Kanon.

Une énorme poutrelle de métal vint s’abattre violemment sur Seiya, qui instinctivement la repoussa et l’envoya valdinguer d’un coup de poing à l’autre bout du hangar. Sous le regard satisfait de son maître.

-       Tu vois, cette force fait déjà partie de toi, Seiya, Si tu te concentres suffisamment, tu pourras à l’utiliser à ta guise.

-       Mais c’est pas facile…

-       Je n’ai jamais dit que ça l’était. Mais tu voulais t’entraîner pour devenir plus fort n’est-ce pas ? 

-       Hmm, fit Seiya en hochant la tête.

-       Alors arrêtes de te plaindre et fais un effort ! Aboya Kanon.

 

Seiya sursauta comme il l’avait fait à l’époque et revint à lui. Il tenait peut-être là, son seul moyen de s’en sortir et de protéger Seika. Il concentra son cosmos et dans une explosion de lumière les tentacules qui l’enserraient craquèrent et le libérèrent de toutes entraves. Il retomba lourdement sur le sol un peu sonné, luttant pour reprendre son souffle sous le regard stupéfait des spectres.

-       Mais... Mais comment a-t-il fait ça ? C’est impossible !

-       Méfies-toi Raimi, je crois que nous avons enfin trouvé le garçon que recherchait Pandore sama.

-       En effet. Je me ferai un plaisir de m’occuper de lui.

-       Rolling Bomber Stone ! Hurla Rock du Golem en lançant son attaque.

 

Une avalanche de rochers déferla sur Seiya qui plongea sur le côté pour les éviter. Il se releva prestement bien décidé à contre attaquer. De toute façon il n’avait pas le choix, il n’avait pas d’armure et donc aucune protection… Il lui faudrait être le plus rapide et tout miser sur l’attaque. Il laissa son cosmos exploser en lui et lança une série de coups de poings de plus en plus rapides qui se changèrent en météores sur son adversaire qui venait d’envoyer encore une fois son attaque. Les météores semblaient tournoyer à une vitesse prodigieuse. Ils désintégrèrent les pierres qui explosèrent dans un grand nuage de poussière grise puis continuèrent leur route vers le spectre du Golem impuissant qui fut balayé et projeté à plusieurs mètres.

 

Voyant la défaite de son camarade, Raimi tenta de s’enfuir subrepticement mais Seiya l’apostropha :

-       Hé ! Te sauves pas toi… Non seulement t’as essayé de me tuer mais en plus t’as menacé ma sœur. Tu crois tout de même pas que je vais te laisser partir à si bon compte !

Il se mit en position d’attaque et son cosmos rayonna plus intensément qu’il ne l’avait jamais fait. Seiya lança une vague de météores de plus en plus rapides. Le surplis de Raimi se fissura.

-       Je me rends. Ne me tue pas ! Supplia le spectre.

-        Contrairement à toi je ne suis pas un assassin… dit Seiya en cessant son attaque.

Profitant de l’hésitation du jeune homme, le spectre du vers tenta de lancer sournoisement son attaque :

-       Worm’s Bind ! 

Seiya crut sa dernière heure arrivée. Quand soudain, dans un éclair de lumière l’armure de pégase recouvrit son corps. L’attaque du spectre le projeta au sol où les tentacules l’emprisonnèrent à nouveau. Cette fois Seiya s’en libéra facilement et lança son attaque. Il sourit, à présent il avait un nom tout trouvé pour son attaque :

-       Par les météores de pégase !!!

 

Le spectre poussa un hurlement et fut balayé. Son corps fracassa un réverbère avant d’atterrir sur le mur d’un entrepôt qui s’effondra sous l’impact.

Épuisé, Seiya se laissa glisser sur le sol. Des applaudissements retentirent sur sa droite. Il tourna la tête pour découvrir Kanon nonchalamment appuyé contre un mur, un sourire ironique sur les lèvres.

-       Vous êtes là depuis longtemps ?

-       Depuis le début.

-       Quoi ! Vous êtes resté là sans rien faire ? Mais ils auraient pu me tuer !!!

Kanon haussa les épaules :

-       Peut-être. Mais si je t’avais aidé, je n’aurais jamais su ce dont tu étais capable et tu n’aurais pas obtenu cette armure.

 

L’armure de pégase, Seiya l’avait presque oubliée. Il baissa les yeux, détailla les pièces de son armure :

-       Cette armure ? Mais est-ce que ça veut dire que… J’ai réussi ?

-       Finalement, je n’ai peut-être pas perdu mon temps avec toi, répondit Kanon avec une once de fierté dans la voix.

-       Wahou ! J’ai réussi ! S’exclama Seiya en sautant de joie, puis soudain il se rembrunit et ajouta : Mais maintenant je dois tout raconter à ma sœur et ça va pas être une partie de plaisir…

 

 

                                                                               ***

 

- Je vous faisais confiance et vous m’avez menti tous les deux ! S’écria Seika en lançant des regards courroucés à Seiya et Kanon.

Tous trois se trouvaient dans le petit appartement situé au-dessus du restaurant. Seiya, couvert de poussière et les vêtements déchirés, se tenait tout penaud devant sa sœur et il répandait à chaque mouvement des grains de poussière qui maculaient de tâches grises les motifs géométriques du tapis du salon. Kanon, se tenait un peu en retrait près du coffre qui contenait l’armure de Pégase. Son regard croisa celui de Seika.

-       Et vous ! Vous rendez-vous compte de ce que vous me demandez ? Lui lança la jeune fille.

Sans même lui laisser le temps de répondre elle enchaîna :

-       Vous voulez emmener mon petit frère se battre dans une sorte guerre contre un dieu maléfique de la mythologie ! C’est n’importe quoi ! Vous aller le faire tuer !

-       Mais il m’a sauvé la vie au contraire… Intervint Seiya.

Seika se retourna vers lui prête à le tancer vertement mais ses yeux s’attardèrent sur les marques violacées que les tentacules de Raimi avaient laissées sur les bras et le cou de son frère et elle se radoucit.

-       Il faudra soigner ça, dit-elle.

-       Nous n’avons pas le temps, je dois partir maintenant.

-       Tu peux venir avec nous si tu le souhaites Seika mais dépêche-toi, dit Kanon qui s’était rapproché.

-       C’est… C’est d’accord… Répondit-elle hésitante. Laissez-moi prendre quelques affaires.

La jeune fille revint quelques instants plus tard avec deux gros sacs à dos. Elle tendit l’un d’eux à son frère qui s’était changé et sommairement débarbouillé, puis elle se dirigea vers la petite vitrine qui se trouvait dans l’un des angles du salon et prit délicatement une des boules à neige qui trônait sur l’étage supérieur.

-       Seika, tu sais, on a peut-être pas besoin d’emporter ce genre de truc... Commença Seiya.

Sa sœur se retourna et lui adressa un regard noir avant de fourrer tant bien que mal la boule à neige dans son sac à dos au milieu des vêtements. 

-       Maintenant on peut y aller... Dit Seika en se dirigeant résolument vers la porte.

 

Grèce. Le sanctuaire.

 

La nuit était tombée, lorsque Seika, Seiya et Kanon arrivèrent par téléportation dans l’arène du sanctuaire, déserte à cette heure tardive. Nauséeuse, Seika se sentait plus déboussolée qu’après un tour de grand huit. Elle chancela. Son frère la rattrapa et la fit asseoir sur un banc de pierre.

Elle garda la tête dans ses mains pendant quelques secondes tentant de reprendre ses esprits, puis leva les yeux vers Seiya et Kanon qui se tenaient près d’elle et la regardaient avec un sourire en coin.

-       Pourquoi ai-je l’impression que vous vous moquer de moi tous les deux… ?

-       Ben, non… en fait je suis plutôt admiratif grande sœur… La première fois que j’ai été téléporté j’ai bien failli dégobiller sur…

-       Seiya ! Je me passerai des détails si tu veux bien… Coupa Seika en réprimant un haut le cœur.

 

Elle jeta un regard autour d’elle. Le banc où elle se trouvait appartenait au premier rang des gradins d’une sorte d'arène circulaire comme on en construisait en Europe dans l’Antiquité. Cet amphithéâtre de marbre blanc rongé par le temps, entourait une vaste piste de terre battue.

-       C’est incroyable ! S’écria la jeune fille. Sa voix se répercutant étrangement sur les pierres alentours.

-       Ouais… Et t’as encore rien vu, dit Seiya qui s’était rapproché de l’entrée de l’arène. Regarde là- bas ! Il montrait du doigt un point qu’elle ne voyait pas de là où elle se trouvait.

 

Seika se redressa, se dirigea lentement vers son frère et s’arrêta subjuguée par ce paysage d’un autre temps. Une haute colline s’élevait derrière l’arène, sur ses flancs se dressaient une douzaine de temples de marbre blanc reliés entre eux par d’immenses escaliers éclairés par des torchères. Un temple rectangulaire plus grand que tous les autres occupait le sommet de la colline. Au pied de cette dernière, se serraient de petites maisonnettes formant une sorte de village entouré de colonnes de marbre en ruines, de quelques plants de vignes et de vieux oliviers aux troncs tourmentés. Elle se tourna vers son frère qui se tenait près d’elle :

-       J’ai l’impression d’avoir fait un voyage dans le temps…

-       Bienvenue au sanctuaire d’Athéna, dit Kanon.

-       Et maintenant, est-ce que l’on… commença Seiya.

 

Une cavalcade l’interrompit et un groupe composé d’une demi-douzaine de personnes vêtues d’armure les entoura rapidement. Il détailla les nouveaux venus. Trois d’entre eux étaient des jeunes femmes dont le visage était recouvert d’un masque. Deux d’entre elles, Marine de l’aigle et Shaina du serpentaire, étaient des chevaliers d’argent et semblaient diriger le petit groupe. La troisième, Mila de la licorne, portait une armure violette et son opulente chevelure noire et ondulée lui arrivaient jusqu’à la taille. Trois jeunes gens les accompagnaient. Le premier était un colosse qui faisait bien deux têtes de plus que ses camarades, il répondait au nom de Cassios et était le chevalier de bronze de l’ours. Le second, un garçon calme et froid aux cheveux vert pâles, prénommé Isaak détenait l’armure de bronze du cygne. Meknès, le troisième garçon portait l’armure du loup. Il semblait un peu plus âgé que les autres. Son teint mat faisait ressortir ses yeux verts perçants et ses longs cheveux noirs ondulés encadraient un visage résolu. Kanon, les présenta brièvement.

-        C’est le nouveau chevalier de Pégase je suppose, dit Marine en évaluant Seiya du regard. 

-       Oui, et voici sa sœur Seika. 

-       Nous allons vous accompagner auprès d’Athéna, elle vous attend et nous a demandé de vous escorter. continua Marine.

 

Le visage de Kanon s’éclaira. Si Athéna était au sanctuaire, cela signifiait qu’en fin de compte, ils avaient réussi la mission qu’ils s’étaient fixés. Après tout, il serait peut être possible de contrer Hadès et de sauver ce monde et ses occupants.

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