Chapitre 23

Corvo Attano

- Hé, regarde-là.

Pour la troisième fois du cours, je jetais un coup d'œil aussi discret que possible vers la nouvelle obsession de Dante.

Yang, endormie sur son bureau les bras croisés sous l'œil irrité de Weiss et l'indifférence de Blake.

- Et donc ?

- Et donc c'est une nouvelle preuve que je la dérange énormément.

Je passais une main sur mes yeux et jetais un regard sur le reste de la classe, assommée devant l'histoire de Port. Ouais, tu perturbe énormément cette pauvre Yang, Dante.

- Il y a une différence entre l'ennui et le manque de sommeil, mon cher partenaire. Elle s'est effondrée sur son bureau dès les premières minutes du cours, là ou tout les autres durent environ vingt minutes.

Je me contentais d'acquiescer et tentais de me concentrer sur l'histoire de Port.

ça va bientôt faire deux jours que Dante est obsédé par tout ce que fait Yang. Au début j'aurais bien pensé que Dante était tombé amoureux de Yang, mais j'ai l'impression que plutôt que de l'observer comme tout adolescent en émoie devant une fille aussi magnifique que Yang il semble l'étudier et - encore plus étrange - je crois que Yang l'observe aussi de la même manière.

J'ai pu le constater quand Dante m'a demandé de m’asseoir à l'autre bout de la cafétéria et de surveiller Yang pour voir si elle l'observe. Je pensais qu'il se foutait de moi mais à ma grande surprise elle a jeté un coup d'œil vers Dante et pas qu'une seule fois. Elle était visiblement intrigué par mon partenaire mais ce n'était pas du désir, j'en suis certain.

Peut-être a-t-elle des doutes concernant Dante ? Est-ce qu'il aurait fait une connerie qui ai attiré l'attention de Yang ? Si Dante en savait quoi que ce soit, il ne m'a rien dit, juste des indices ça et là.

Il dit déranger son sommeil, qu'il se sent un peu mal de l'embarrasser, que Ruby comprend la situation de travers…

Est-ce que Dante teste ses pouvoirs de contrôle sur Yang et la force à…

- Mais t'es con ?

Le ton sec de Dante interrompit le fil de mes pensées et je tournais ma tête vers mon partenaire en calmant ma peur du mieux que je le pouvais.

- Premièrement, continua-t-il en chuchotant sous le regard curieux de nos voisins, je ne ferais pas ce genre de chose ne serait-ce que par décence humaine, deuxièmement, si je veux être aimé ce sera pour ce que je suis, pas pour ce que j'ordonne. Et troisièmement, si je me mettais à faire ce genre de chose, Ozpin ou toi le remarquerais.

- Dans ce cas-là, qu'est ce qui se passe entre vous ?

- Un problème privé dont je n'ai aucune envie de te parler, désolé. Si ça peut te rassurer, je sais comment arranger ledit problème, il me faut juste un petit moment pour discuter avec elle.

- Je vois, dis-je en faisant une note mentale de faire un rapport à Ozpin. Je grimaçais en voyant le regard de Dante qui me lança un regard désabusé :

- Il faudra vraiment que je t'apprenne à te protéger un de ces quatre. Dès que j'aurais réglé ce problème avec Yang on fera ça. Promis c'est facile à faire, faut juste y penser.

…quoi ?

- Parce que oui, partager tes pensées c'est très désagréable et gênant pour moi, t'as juste pas idée.

Entre deux tentatives de Dante pour acculer Yang dans un coin afin de lui parler, j'envoyais un rapport à Ozpin qui lui expliquait la situation et mes conclusions et lui demandais s'il fallait que je fasse quelque chose.

Et si…et si Ozpin jugeait que Dante risque de devenir une menace pour le royaume ? Selon ce que j'ai compris de la situation, Dante utilise ses pouvoirs sur Yang. Peut-être pour les tester, probablement pour le plaisir, mais si c'est le cas il n'y a rien qui tient debout. Pourquoi est-ce qu'il est aussi transparent à ce propos ? Est-ce qu'il pense qu'il ne craint rien de ma part ? Mais il n'est pourtant pas quelqu'un d'arrogant.

Je frissonnais en pensant à la liste exhaustive des pouvoirs de Dante qu'Ozpin m'avais fourni comprenant le contrôle mentale, la manipulation des souvenirs etc…

Je laissais échapper un long soupir.

Non, c'est très improbable. Si je me fis à la personnalité de Dante il est plus probable qu'il ai gaffé d'une manière ou d'une autre et que ça affecte Yang.

Dante rentra dans la chambre en sueur, me jeta un coup d'œil, et abattit une main sur son visage :

- J'ai passé la putain d'après-midi à courser Yang alors s'il te plaît épargne-moi tes pensées paranoïaque.

Ah. Je levais un sourcil interrogateur et Dante eut la gentillesse de changer de sujet pour m'éviter l'embarras.

- Cette fille est très douée à l'art d'improviser une sortie à toute situation. Un coup elle prétexte avoir un rendez-vous urgent avec son équipe, un autre elle dit qu'elle doit à tout prix aller faire un footing de plusieurs kilomètres au travers de la forêt d'émeraude et, summum du ridicule, quand elle n'arrivait plus à quoi que ce soit, elle a ramassée une lampe qui traînait et l'a envoyée juste à côté d'un professeur qui passait par là.

Ah ouais, quand même. Elle doit vraiment pas avoir envie de parler avec lui, si elle préfère faire face aux heures de retenus de Mlle Goodwitch plutôt qu'à Dante.

- Je crains que ta dulcinée ne veuille pas entendre parler de toi, fis-je à mon partenaire en lui tapotant l'épaule.

- Tu n'y crois même pas, me répondit-il d'une voix fatiguée.

Il alla s'avachir sur son lit, épuisé d'avoir littéralement couru après Yang toute l'après-midi.

- Je vais m'exercer, j'imagine que tu ne viens pas ?

Il fit un grognement inintelligible.

- Ok, à plus tard.

J'ouvris la porte et tombais nez à nez avec Jaune.

- Hé, salut Corvo, tu vas t'entraîner ?

Je jetais un rapide coup d'œil sur la tenue de sport qu'il portait, la pose qu'il tentait de rendre cool et décontracté en s'appuyant sur le mur et la nervosité qui transparaissait de son regard, et surtout le fait douloureusement évident qu'il m'attendait.

Tout ça me dit qu'il a quelque chose d'embarrassant à me demander.

- Bonjour Jaune, et oui. Tu m'accompagne ?

Il acquiesça vivement et nous nous dirigeâmes vers le gymnase de Beacon.

Après tout, je pourrais bien avoir besoin d'un camarade d'entraînement.

- Redresse ta lame plus haut et baisse ton centre de gravité.

- Comme ça ?

- Non, ta prise sur ton épée est trop ferme, tu doit y mettre un peu de souplesse si tu veux pouvoir parer et attaquer correctement, tout en gardant une prise ferme pour éviter que ton épée s'envole au premier coup.

Il se trouve que je n'ai pas eu droit au moindre exercice, car Jaune avait un besoin terrible d'entraînement. J'ai du mal à croire qu'il a réussi à rentrer à Beacon avec des lacunes aussi grossières dans les bases !

- C'est un peu mieux, maintenant tu vas devoir te défendre en maintenant cette position.

Sans autre avertissement, je m'élançais vers Jaune en sortant mon épée du fourreau.

Ce n'est pas la lame que j'utilise d'habitude, car il y a un vrai risque que quelqu'un la reconnaisse. Après tout, je l'avais utilisé devant une ou deux centaines de témoins pour tenter de tuer Ozpin.

Jaune, de manière assez prévisible para mes deux premiers coup, les yeux fixés sur mon épée que je faisais danser devant ses yeux pour le distraire tandis que je m'approchais brusquement et d'un mouvement fluide, passais un pied derrière son pied gauche - le plus en arrière - et mis un coup d'épaule dans son plexus.

Il s'étala sur le dos et s'immobilisa quand il sentis la pointe de ma lame sur sa gorge.

- C'était pas trop mal, on va recommencer.

Il se releva et cette fois-ci je jetais mon épée pour le distraire avant de le tacler pour lui faire une clé de bras.

- La prochaine fois, il faut que u te concentre sur moi plutôt que mon arme. Je pensais que tu l'avait compris la première fois mais…

- Oui, tu peux lâcher mon bras Corvo ?

 Je l'aidais à se relever :

- En fait Corvo je voulais te demander de l'aide.

Je m'en doute bien, mais j'évitais de lui dire de but en blanc. Après tout, ça doit lui coûter de me demander de l'aide en entraînement.

- J'aimerais que tu m'aide à séduire Weiss, demanda-t-il, les pommettes rougissantes.

...pourquoi est-ce que je suis étonné ? S'il avait voulu que je lui apprenne à se battre, il aurait demandé à sa partenaire rousse et sexy quatre fois championne d'un tournoi nationale qui a visiblement un faible pour lui. Quand je pense que je suis le seul mec à avoir pour partenaire un mec gras, caractériel, imprévisible et immensément puissant qui ne supporte pas que quelqu'un soit meilleur que lui…

- Je pense pas que ce soit possible.

- Ah, même pour toi elle est difficile à approcher ? répondit Jaune en fermant les yeux.

- Non, avec un peu de patience je suis certain que je pourrais la séduire sans trop de problèmes. C'est juste que je ne pense pas qu'elle puisse tomber amoureuse de toi.

Il ouvrit de grand yeux étonnés, comme si cette pensée ne l'avait jamais effleuré auparavant.

Je décidais de répondre à la question muette que son regard me posais :

- Ce n'est pas que tu n'es pas assez bien ou une autre connerie dans le genre, c'est d'ailleurs assez faux. Non, ce qui fait que tu ne pourras sans doute pas te mettre en couple avec elle est qu'elle a déjà une opinion toute faite sur toi.

- Mais…c'est pas juste, répondit-il d'une voix tremblante.

- En effet, elle ne voit que ce que tu lui a montré la première fois que vous vous êtes vu. Comment ça s'est passé d'ailleurs ?

- Je…elle discutait avec Pyrrha et je l'ai approchée pour lui demander si elle voulait être dans mon équipe. Mon père m'a toujours dit d'être confiant alors je l'ai abordée comme ça, et puis…Weiss à demandé à Pyrrha de m'éloigner d'elle et Pyrrha m'a cloué à un casier.

Il était encore plus rouge que tout à l'heure et son regard était fuyant. Bien, il semble avoir compris.

- Je me suis comporté comme un connard arrogant, pas vrai ?

- De ce que tu m'a raconté, du début à la fin, confirmais-je, et c'est encore plus appuyé par le surnom que tu lui a donnée.

- Ange des neiges ? Mais c'est très mignon ! protesta Jaune.

- Oui, et c'est aussi très paternaliste. Jaune, Weiss n'est pas une princesse qui rougis aux compliments, elle est plutôt du genre à te les faire ravaler.

Il enfonça son visage entre ses mains en gémissant tandis que je passais une main sur son épaule pour le réconforter sous les regards curieux des autres élèves qui aiment visiblement les ragots.

Je tapotais l'épaule de Jaune :

- Crois-moi, même si tu te sens au fond du trou ça va mieux aller dans pas longtemps, surtout si tu t'occupe l'esprit.

Et que tu consacre tout ton temps à t’entraîner.

- Facile à dire pour toi, les filles te tombent dans les bras !

- C'est faux, elles ne me tombent pas toutes dans les bras.

Jaune esquissa un sourire mauvais et laissa tomber ses mains :

- Ben voyons, ça doit être pour ça que je t'ai vu avec trois filles différentes alors qu'on ne se connait que depuis deux semaines tout au plus !

- Certes, mais j'ai dragué bien plus de filles que trois tu sais. Parfois je passe des heures à tenter de séduire différentes filles et je repart bredouille, soit parce qu'elles sont déjà prises, soit parce qu'elles ne sont pas intéressées, il n'y a aucun chemin facile vers le cœur d'une fille Jaune, même pour moi.

Il baissa les yeux, visiblement peu convaincu. En même temps je ne pense pas qu'il soit sorti avec une fille de toute sa vie.

- Sinon, je peux t'apprendre une astuce très pratique pour séduire les filles.

Il releva aussitôt les yeux avec une petite lueur d'espoir.

- C'est de devenir quelqu'un dont tu es fier, dès que tu aura fait ça tu n'aura plus besoin de te conduire comme si tu as confiance en toi, car tu n'en aura pas besoin et ça, tout le monde le verra, filles comme garçon.

Son visage se crispa comme s'il avait mordu dans un citron, puis il passa une main dans ses cheveux trempés de sueur par l'exercice :

- Ok, merci Corvo, je vais y réfléchir.

Puis il se retourna et parti en direction des vestiaires.

J'espère pour lui qu'il ne va pas avoir trop de mal à se remettre en question et qu'il va se bouger niveau entraînement.

Après tout, on est dans une école qui nous envoi régulièrement tuer des monstres conçu pour détruire l'humanité.

- Et bien, je pensais qu'il n'allait jamais partir, susurra une voix langoureuse tandis qu'une main douce et chaude caressait mes abdos en flirtant avec la limite de mon pantalon.

- Re-bonjour Kristel, répondis-je en passant une main sur le bras de ma compagne et posais l'autre sur sa joue afin de l'embrasser.

Audacieuse, elle introduit sa langue dans ma bouche et approfondit le baiser.

Nous nous séparèrent après quelques secondes de ce délicieux manège sous le regard envieux des spectateurs.

Quelque chose me dit qu'elle veut reprendre la partie là où nous nous étions arrêtés quand Dante nous a interrompu.

- Allons dans un endroit un peu plus discret...j'ai convaincue mes équipiers de me laisser la chambre pour les prochaines heures.

Je pris son bras et l'entraînais vers la sortie, les problèmes de Jaune et Dante sortis de ma tête remplacés par la beauté plantureuse aux longs cheveux corbeau pendue à mon bras.

Bonjour tout le monde, je vous invite à jeter un coup d'œil sur le chapitre suivant que j'ai publié en même temps que celui-ci, j'expliquerais pourquoi à la fin du chapitre suivant.