DAEI
Chapitre 8 : Chapitre 8 – …la mort…bon, c’est un peu injuste
5518 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 17/02/2018 00:55
Chapitre 8 – …la mort…bon, c’est un peu injuste
Je rouvris les yeux, complètement affolé.
Je tâtonnais fébrilement ma poitrine pour m’apercevoir qu’il n’y avait pas la moindre blessure, seulement une sensation de chaleur, aux antipodes de se que j’ai ressentis quand La Mort m’a arraché le cœur…
Je me souvins de la sensation et de ce que j’ai cru être ma dernière vision, puis je me pliais en deux avant de vomir tout ce que contenait mon estomac sur mon lit. Forcément, se faire arracher le cœur par une jolie psychopathe, ça choque, même en rêve. Bien que le rêve – ou plutôt, le cauchemar – était un peu trop réaliste pour en être un, car je suis certain qu’on ne peut pas ressentir les sensations à ce point dans les rêves. Ni s’en rappeler intégralement.
Quoi qu’il en soit, je jetais la couette sur le côté avant de me lever et jeter un œil à mon horloge. Elle affichait 17h43. Je me frottais activement les yeux avant de retenter mon coup. 17h44.
Non, non, non. C’était trop irréel. Vu le balai qu’elle semble avoir dans le cul, Mlle Goodwitch serait déjà venue me massacrer pour avoir osé manquer ne serait-ce que quelques secondes de cours, ou au moins vérifier que je ne me suis pas échappé.
D’ailleurs, il faisait trop sombre dehors pour qu’on soit au milieu de l’après-midi, il n’y avait pas de soleil. Il n’y avait même pas de dehors non plus...que du vide. Oh.
- Hé, l’Outsider ! On est dans le Vide ? criais-je.
L’Outsider apparut au dessus de mon lit, les bras croisés.
Comme la dernière fois, il portait une chemise en soie et un pantalon en toile avec des bottes lustrées, et son visage était toujours autant flou, à l’exception de ses yeux entièrement noirs. Enfin, pas flou, c’est juste que je ne pouvais pas réussir à me rappeler le moindre détail de son visage.
Et comme la dernière fois, il flottait au dessus de mon lit.
- Bonsoir Corvo, me dit-il de sa voix suave, je crois savoir que tu as fait la connaissance d’une vieille amie à moi.
- Vous voulez parler de la psychopathe à la faux ?
- Oui, celle-là même qui t’a tué en te faisant faire une crise cardiaque.
Un moment de silence suivit sa déclaration.
- …je suis mort ? Mais comment c’est possible ? murmurais-je d’une toute petite voix.
Je relevais la tête, dévisageant la créature aux yeux de charbons :
- Ce n’était qu’un rêve ! Comment peut-elle me tuer comme ça ?
Ce n’était qu’une impression, mais j’eu la sensation qu’il s’amusait de ma colère :
- Les dieux peuvent voyager dans les esprits des mortels et aux frontières de la réalité, et, après tout, ce n’est pas très difficile à croire qu’elle ait pu arrêter ton cœur en te l’arrachant en rêve, je t’ai bien marqué de mon emblème en le gravant sur ta main en rêve.
Je me forçais à me calmer, résistant à l’envie de lui mettre un coup de boule parce qu’il parlait de ma mort avec détachement, comme si ce n’était pas important.
- Et donc ? fis-je en soufflant fort par le nez, vous êtes ici pourquoi ? Vous voulez me faire la bise avant que je ne passe de l’autre côté ?
A son ton, j’eus l’impression de l’amuser et l’agacer en même temps :
- Les humains sont des créatures tellement amusantes, capable de s’énerver comme des gamins et de faire du sarcasme la seconde d’après.
Il secoua la tête, comme pour désapprouver mon comportement. De mon côté, j’étais trop estomaqué pour répliquer. Il disait sérieusement que je m’énervais comme un gamin pour la simple raison que j’étais mort ?
L’Outsider reprit d’un ton tellement mielleux qu’il donnait l’impression d’avoir toute une ruche dans la gorge :
- Et dire que j’avais une proposition pour t’éviter de mourir si jeune…
Je plissais les yeux, m’attendant à une arnaque de sa part :
- Et quelle est-elle ?
Il tendit sa main dans laquelle apparut un cœur avec un cadran révélant des engrenages qui tournaient au rythme de ses battements.
- Voici un cœur humain fabriqué de mes propres mains, je n’ai qu’à le remplacer par celui que tu as perdu, et tu revivras. Il te donnera accès à des facultés dont je suis certains que tu sauras apprécier, en contrepartie, j’aimerais que tu me rendes un petit service…
Après qu’il eu finit de me préciser ce qu’était le service, je soulevais un sourcil :
- Ce n’est pas comme si j’avais le choix de toute façon, non ? Je veux dire, soit je fais ça, soit je meure...
- Et tu ne pourras pas venger ton père...
J’esquissais une grimace :
- Je ne sais pas trop si j’ai envie de le venger, Daud fut un deuxième père pour moi, même si il est en partie responsable de l’exécution de mon père.
- Qui t’a dit que je parlais de Daud ? fit l’Outsider tandis que le cœur s’effritait dans sa main.
Je sentis une intense douleur qui semblait brûler l’intérieur de ma poitrine. Je sentis chacune de ses pulsations dans ma poitrine, envoyant ce qui me semblait être de l’acier en fusion parcourir chacune de mes veines.
Quand je sentis le flot bouillant m’arriver à la tête, je m’effondrais en hurlant de douleur...
En me réveillant, j’entendis une conversation.
Non, pas une conversation, un monologue :
- ...et c’est là que je leur ai dit : « Question sang-froid, vous êtes tous très bon, mais si vous saviez observer, vous aurez remarqué que j’avais mis mon index et sucé mon majeur ! » fit la voix d’un homme avant de pouffer de rire.
J’ouvris un œil quand je sentis une sensation de picotement au niveau de mon estomac suivit par une sensation de fraîcheur assez douloureuse :
- Oui, continua l’homme, comme vous le dîtes M. Attano, ils tiraient une de ces gueules ! et il recommença à pouffer de rire.
Je vis un vieil homme avec des lunettes en blouse de médecin avec charlotte et masque hygiénique, penché sur mon ventre avec un scalpel à la main. Attends. Un scalpel ?
- Sinon, je peux voir que vous aviez bien mangé M. Attano, sacré plâtré de pâtes, vous les aimez comment ?
Je tentais de faire une réponse, dans le genre « Carbonara, et vous ? », et ce fût à ce moment que je me rendis compte que je n’avais pas suffisamment d’air dans les poumons, ce qui eut pour résultat de me faire pousser une sorte de plainte sifflante.
Il s’interrompit pour me regarder. Puis je le regardais. Et il me regarda. Et je pris une grande inspiration qui me fit presque mal avant de lui dire :
- Salut.
Il lâcha le scalpel avant de partir en hurlant « UN ZOMBIE ! J’AVAIS RAISON ! AU SECOURS ! »
…mouais, j’imagine que c’est normal comme réaction. J’aurais quand même aimé qu’il prenne le temps de me recoudre avant de partir.
Je ne réussis pas à trouver la force de bouger, et tout mon corps était froid comme une pierre, ce qui indiquait que j’étais ‘mort’ depuis un peu plus de quelques heures.
Je jetais un œil dans la salle où j’étais : il y avait des casiers en acier, et j’étais d’ailleurs devant l’un d’eux, ouvert (le casier, pas m…moi aussi, en fait), et c’est là que je remarquais que j’étais dans un brancard. Ah ouais. Évidemment, j’étais dans une morgue.
Une ou deux minutes plus tard, j’entendis des pas dans le couloir et des éclats de voix :
- Mais je vous jure que c’est vrai !
Une autre personne, à la voix plus étouffée et morne lui répondit :
- Vous réalisez que c’est tout ce qui me manque pour réclamer votre renvoie ? Vous savez, une preuve de démence.
- Mais c’est vrai !
- Mais oui, mais oui.
C’est à ce moment-là qu’ils ouvrirent la porte de la morgue pour rentrer.
Je reconnu le gars qui m’avait ouvert le bide, il avait enlevé son bonnet et son masque, révélant ses quelques rides et ses cheveux bruns clairs striés de gris, je lui donnais cinquante ans.
La personne qui l’accompagnait était une fille qui semblait avoir la vingtaine bien tassée. Elle avait des cheveux noirs complètements bordéliques qui partaient dans tous les sens, des yeux avec des cernes tellement gros que j’ai d’abord crus qu’elle avait un poil abusée du maquillage. Elle avait des traits relativement communs et le visage un peu plus rond que la moyenne, des yeux noirs et semblait avoir tout le poids du monde sur les épaules. Ou complètement crevée.
Cela dit, elle était plutôt mignonne, même si elle n’était pas aussi canon que certaines filles que je connaissais. Elle avait des formes agréables à regarder et des lèvres pulpeuses et douces, ainsi qu’une peau d’albâtre.
- Vous voyez ! fit l’homme complètement surexcité, c’était complètement vrai !
- Oui, soupira la femme, visiblement ennuyée que l’homme ne fût pas dément, hélas, vous aviez raison.
Puis son regard fatigué tomba sur mon estomac et sembla remarquer quelque chose :
- Dîtes…si son estomac reste ouvert comme ça, il va se vider de son sang et on aura non-plus un mort vivant mais un mort-mort sur les bras.
Le quinquagénaire fit un pas en arrière quand elle lui dit ça :
- M-mais…et si il essaie de me manger ?
- Vous savez, je me contente très bien de grosses plâtrées de pâtes, vous vous souvenez ?
- Vous voyez, même lui vous le dit.
- Evidemment ! Il n’allait pas dire qu’il allait me bouffer !
- Ecoutez, vous ne pouvez pas me recoudre le bide ? Parce que je reviens littéralement des portes de la mort et j’apprécierais de ne pas y retourner.
- Je ne veux pas ! répliqua le vieil homme en essayant de se cacher derrière un battant de la porte.
La fille roula des yeux en soupirant avant de se diriger vers moi :
- Toujours tout faire soi-même…ronchonna-t-elle en prenant une aiguille et du fil, avant de se mettre à suturer mon ventre.
J’attendis un peu, les piqures que je sentais à l’estomac me faisaient tressaillirent et grimacer.
Quand elle eut finit, elle tourna son visage vers moi :
- Voilà, c’est fini, vous pouvez vous relever ? me demanda-t-elle.
Je tentais de bouger, mais je ne parvins qu’à remuer faiblement mes bras.
Par la suite, elle me sortit de la morgue en poussant le brancard sur lequel j’étais :
- Bon, Octavio continuez vos autopsies, je vais voir pour ça, et ensuite bonne nuit.
- On est au milieu de la journée.
- Pas grave...
Quelques heures plus tard, j’étais installé dans un lit d’hôpital assez confortable, et recouvert d’une épaisse couverture pour réchauffer mon corps. Apparemment, mon corps était aussi froid qu’un glaçon, donc je devais réchauffer le réchauffer urgemment.
La femme-médecin avait passée un coup de fil à Beacon les informant que j’étais toujours vivant. Parait qu’une voix féminine avait gueulée « QUOI !? » en arrière-plan.
- Ça, c’est forcément Goodwitch, lui dis-je, elle réussie pas à m’encadrer.
- Goodwitch...la Chasseresse ? Celle qui fait carton-plein auprès des gangs de criminels ?
- Celle-là même, et je peux vous assurer qu’elle aurait tout aussi bien pu s’appeler ‘Icequeen’, elle pourrait vous refroidir en plein désert ! dis-je le sourire aux lèvres.
Elle plissa ses yeux :
- Oooh...
- Oooh quoi ?
- Vous avez essayé de la draguer, hein ?
Je me frottais l’arrière de la tête pour paraître embarrassé.
- Draguer...c’est un bien grand mot...dis-je d’une voix volontairement gênée, je dirais plutôt...taquinée ?
Ses yeux se sont éclairés d’un coup :
- Mon dieu, vous êtes amoureux !? dit-elle d’une voix suraigüe, visiblement excitée.
- Et bien…en vérité…
Je m’interrompis en remarquant ses pupilles dilatées.
- Dites...vous êtes droguée ? demandais-je d’un ton un peu nerveux.
J’avais eu ‘affaire’ avec une droguée (vierge) qui, pour se donner du courage avant de passer aux choses sérieuses, elle s’est envoyé une ligne. Après elle avait eu des hallucinations, dont l’une d’entre elles lui avait fait confondre mon entrejambe avec une saucisse.
Et ouais, j’en ai encore la marque.
Quoi qu’il en soit, j’étais un peu nerveux en présence de toxicomanes depuis, et oui, c’est con mais ça ne l’est pas plus que d’avoir peur des insectes ou du noir.
- Moi ? demanda-t-elle avant de ricaner d’une manière un peu bête, noooooon…jamais en service !
Elle prit ensuite une petite pilule dans sa poche avant de ma la mettre sous les yeux (en fait, elle me l’a presque mis dans l’œil), puis je reconnus une pilule de caféine que j’avais moi-même déjà utilisé plusieurs fois quand je surveillais des cibles.
- J’ai dû en prendre quelques unes parce que mon gros con de chef voulait que je reste éveillée en attendant Ozpin et Goodwitch ! poursuivit-elle un poil trop fort.
- J-je vois…dis-je en compatissant un peu, et sinon, vous en avez pris combiens ?
- Trois ! dit-elle en brandissant les cinq doigts de sa main.
- COMBIENS !? criais-je, complètement pris au dépourvus.
Déjà que le contrecoup de ces pilules était important avec une seule, alors avec autant ce serait presque létale !
Ce fut à peu près à ce moment-là que la porte s’ouvrit, révélant Ozpin et Goodwitch derrière accompagnés d’une femme en blouse de médecin.
- Je croyais franchement que ce serait une mauvaise plaisanterie, ou un coup de folie de ce crétin d’Octavio…murmura Goodwitch.
Je la regardais avec un demi-sourire :
- Que voulez-vous, je suis increvable. Mais par contre, Mme, cette demoiselle (j’attrapais par le bras la fille qui m’avait tenu compagnie) à pris plusieurs pilules de caféine, ça peut être très dangereux pour…
- Oui, fit-elle avec un signe de la main, elle fait souvent ça, mais ne vous inquiétez pas, elle a un cœur particulièrement résistant. C’en est presque effrayant. D’ailleurs, quand elle n’en prend pas, elle est complètement amorphe, c’est une vraie dépendance.
Je lâchais son bras sous l’effet de la surprise.
- C’est comme le professeur Oobleck, fit remarquer Ozpin, lui aussi quand il est à court de café c’est une vraie loque.
Mlle Goodwitch soupira :
- Vous aussi je vous rappel.
Ozpin se tourna vers elle, buvant une autre gorgée de son éternel tasse de café :
- Je vous demande pardon ? demanda-t-il.
- Une fois, une seule fois, je vous ai vu sans café à la main. Et c’était quand le professeur Oobleck vous l’avait volé à l’arrachée.
Ozpin fronça les sourcils :
- D’accord, j’aime beaucoup le café, mais je n’ai pas une addiction pour autant.
Goodwitch s’esclaffa :
- Vous ne laissez même pas votre tasse de côté, même pour combattre ! Et, plus récemment, je vous rappel que vous avez éclaté le crâne de Corvo parce que votre tasse s’était brisée dans l’explosion !
Devant le regard interrogatif des médecins, j’haussais les épaules :
- C’était une journée un peu folle.
Puis je percutais enfin ce qu’avais dit Goodwitch :
- Attendez, c’est pour ça que vous m’avez brisé le crâne ? Vous êtes malade !
Ozpin, visiblement mal à l’aise, tenta de reprendre en main la conversation :
- Quoi qu’il en soit, ce n’est pas le sujet de notre conversation. Directrice Nightingale, pourriez-vous nous laisser seuls je vous prie ?
La vieille femme, Mme Nightingale, fit signe a la fille surexcitée à côté de moi qui contenait difficilement son trop plein d’énergie. Elle se tortillait sur sa chaise, se balançant d’en avant en arrière.
Quand elle vit qu’elle devait partir avec Mme Nightingale, elle se leva de sa chaise et déposa un petit bout de papier dans ma main :
Sylvana Frontída
05468634 – 4848625
Appelle-moi vite !
Je m’autorisais un demi-sourire en mémorisant le nom de Sylvana.
- Bien, maintenant que nous sommes seuls, je pense que nous pouvons aller droit au but.
Je me repositionnais sur mon oreiller afin de mieux me couvrir avec la chaude couverture.
- Je vous en prie.
Il prit une autre gorgé de sa tasse de café fumante :
- Comment est-ce possible ? J’avais cru vous tuer quand je vous avais assommé…
- Fracturé le crâne pour une tasse de café…
- …mais vous avez régénéré vos blessures en à peine une journée alors qu’elles auraient dû vous prendre une bonne semaine avec votre aura, et encore c’est si vous ne mourrez pas entre-temps, pourtant, vous aviez guéri et réussi à vous échapper alors que vous étiez menotté à un lit en acier !
- Que voulez-vous, je suis un homme comme on en fait peu, résistant et endurant…j’y ajoutais un sourire malicieux envers Goodwitch.
- Ne jouez pas avec mes nerfs M. Attano, recommanda cette dernière.
J’haussais les épaules.
- Corvo, j’aimerais également savoir comment vous avez réussi le prodige de ressusciter sans la moindre séquelle alors que votre cœur s’est arrêté de battre pendant plus de dix-huit heures.
Je soupirais.
- Vous ne voulez pas me lâcher avec ça ? Ne plus jamais en parler ?
- Non, c’est trop important pour que nous puissions juste l’oublier comme ça.
Ils allaient me prendre pour un fou mais bon, si je leur dit que je ne sais pas ou que je ne peux pas leur dire, ils vont me hacher menue les parties jusqu’à ce que je cède, en plus je suis trop fatigué pour trouver autre chose…
- C’est très simple à vrai dire, quand vous m’avez explosé le crâne, je suis rentré dans un coma dans lequel m’a visité un dieu qui m’a donné sa marque qui m’a permit de guérir rapidement et de me donner une force monstrueuse en plus d’une meilleure maitrise de ma semblance, entre-autre. La nuit ou je suis décédé, en fait c’était une déesse, la Mort, qui m’a expliqué que normalement j’étais sensé mourir suite à votre coup (je fis un regard appuyé à Ozpin) et qu’elle n’aimait pas les morts en retard, et du coup elle m’a arraché le cœur en rêve, après le dieu qui m’a donné sa marque m’a, cette fois-ci, refilé un cœur artificiel avec un cadran et des engrenages dessus, puis j’ai ressuscité.
Curieusement, un long silence suivit ma déclaration. Ozpin et Goodwitch se consultaient du regard, comme pour se demander si mon cerveau a subi des dommages dû au manque d’oxygène ou si je me foutais d’eux.
- C’est ça, ou alors j’ai quelques séquelles dû à ma mort d’une ou deux dizaines d’heures.
Ils commencèrent à réagir :
- M. Attano, commença Goodwitch, vous vous rendez compte de ce que vous dîtes ? Des dieux ? Vraiment ?
- Et ben, ouais, pourquoi pas ? En quoi c’est moins réaliste qu’une fracture du crâne qui guérit en moins d’un jour, d’une mort temporaire de quelques heures…
- Il a raison, concéda Ozpin, de plus, c’est la seule explication valable que nous ayons.
- Mais tout de même, des dieux…
- Vous pouvez y croire ou refuser la vérité, c’est vous qui voyez, mais j’apprécierais que vous gardiez le secret sur ce que je viens de dire.
- De toute façon, qui nous croirait ? demanda Goodwitch.
Plus tard, nous quittions l’hôpital.
Nous avions convaincu Mme Nightingale, Sylvana et Octavio de garder le silence sur moi, et nous avions convenu de ne pas dire toute la vérité aux autres personnes, de leur faire croire que j’avais été dans un coma très profond pendant un certain temps et que Goodwitch s’était trompée en me déclarant mort.
Finalement, nous retournâmes à Beacon avec un BullHead qui vint nous chercher sur le toit de l’hôpital.
Sur le trajet, Ozpin et Goodwitch voulaient en savoir plus sur les dieux avec qui j’étais rentré en contact ainsi que les pouvoirs que j’avais acquis à leur contact. Je ne leur ais dis qu’une partie de la vérité, comme quoi la Marque de l’Outsider ne renforce que ma maîtrise sur ma semblance et mon aura. Il s’agit de prévoir un coup à l’avance, car je suis certain que si mes crimes venaient à êtres exposés au grand jour, Ozpin ne prendrait certainement pas le risque de devenir hors-la-loi pour mes beaux yeux, et a ce moment-là, je devrais fuir un pays.
Encore.
Tandis que j’allais me coucher sur mon lit, je tentais de refouler les souvenirs qui m’assaillaient à propos de Dunwall, et du quartier inondé où j’ai grandis.
Les entraînements de Daud qui se déroulaient à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, Billie et Emilie…
C’était aussi là où j’ai retrouvé Campbell, devenu un geignard qui vomissait ses repas et crachait du sang, les mouches tournant autour de lui comme s’il était un cadavre…
Je me pinçais fort le nez en essayant de me concentrer sur un autre sujet…comme la mer, la vue était à couper le souffle depuis Dunwall Tower…
Je me souvins du kiosque au milieu des jardins de l’Impératrice, là où nous avions l’habitude de jouer avec Emilie quand nous étions enfants…
Et ça y est, j’ai le mal du pays…
Soupirant, j’allais ranger quelques affaires qui avaient été éparpillées, sans doute pour chercher des indices sur ma mort si peu naturelle.
Par la suite, et après avoir changé ma blouse de patient pour des vêtements plus décents, je décidais d’aller faire une ballade autour de l’académie pour me vider l’esprit. Je passais donc ma ceinture à armes, mon manteau et mon autre ceinture avec les porte-bonheurs. J’étais paré. Je marchais donc pendant une dizaine de minutes avant d’apercevoir le professeur Port discutant avec une jolie élève au corps svelte et gracieux, et aux cheveux d’un blanc lumineux qui n’était pas sans rappeler les premières neiges qui tombent à l’approche de Noël.
J’attendis qu’ils finissent de discuter, puis m’approchais de Port :
- Bonsoir professeur.
Il sursauta quand il entendit ma voix et sembla ne pas y croire quand il me vit.
- Corvo ? Mais…vous êtes mort !
- Dans une sorte de coma à vrai dire, Mlle Goodwitch a mal interprété la situation, je me suis réveillé il y a quelques heures.
- Je vois, fit le professeur qui ne semblait toujours pas y croire.
Il y eut quelques secondes de silence quand je repris :
- Et donc ? Qui était cette jolie jeune fille ? demandais-je avec un demi-sourire.
- Weiss Schnee, elle…demandait des conseils. Elle est également dans le même cours que vous, M. Attano.
- Et voilà, vous me donnez encore du M. Attano ! Hors de cours, je préférerais vraiment que vous m’appeliez Corvo.
- Et bien…c’est vous qui voyez, Corvo. Cela dit, je vous recommande de demander les notes de cours à votre camarade, vous pourriez en avoir besoin.
- Très juste professeur, à plus tard !
Je repartis en pressant le pas afin de rattraper la jolie fille aux cheveux blancs.
Quand je retrouvais sa piste, elle me rentra dedans au détour d’un couloir :
- Ow ! fit-elle tandis que son postérieur faisait une rencontre douloureuse avec le sol, faites attention, espèce de…balourd !
Mon dieu, vient-elle vraiment de me traiter de balourd ?
De mon côté, j’étais toujours debout mais le contact de son front avec mon nez était un poil douloureux. Oui, j’avais un nez sensible.
Ignorant la douleur qui me donnait l’impression que mon nez était cassé, je lui tendis la main :
- Excusez-moi, je ne vous avais pas vu.
Elle attrapa ma main pour se relever, puis leva vers moi (elle était quelques centimètres plus petite que moi) ses yeux d’une nuance de bleu clair qui me faisait penser à de la glace.
Elle était jolie, vraiment. Elle avait des traits gracieux de princesse. Sa peau semblait avoir la pureté de la neige et la douceur de la soie, sans aucune autre imperfection qu’une cicatrice sur son œil gauche conférant à son visage une sorte de particularité, une imperfection qui ne la rendait que plus attirante. Cela dit, elle était plus plate qu’une planche à repasser.
Sinon côté vêtements, elle savait s’habiller. Elle avait une sorte de jupe courte dont les couleurs passaient par différentes nuances de blanc et de bleu, et qui se terminait un peu au dessus de ses genoux, une veste à manches longues dont les couleurs allaient du bleu clair à un blanc immaculé, tandis que l’intérieur était rouge vif, elle avait également un bustier entièrement blanc, et portait des bottes assorties.
Puis, je revins à la réalité en me rappelant ce pour quoi je l’avais suivis :
- Excusez-moi, en fait j’aurais besoin de votre aide.
Elle soupira avant de me demander :
- Et pour quoi ?
- Voyez-vous, pour le premier jour de classe j’ai eu un léger…incident qui m’a empêché de participer aux cours, et j’aurais besoin de vos notes si vous le permettez, j’aimerais pouvoir rattraper le retard que j’accuse par rapport à la classe.
Une sorte de lueur illumina très brièvement ses yeux, et je su qu’elle allait accepter :
- Très bien, mais mes notes sont dans le dortoir de mon équipe.
Suite à cela, je l’accompagnais jusqu’à son dortoir, puis je me rappelais l’avoir vu dans l’équipe de Yang et de machin…Ruby ! Voilà, son nom est Ruby. Il y avait également la fille qui m’avait débusqué parmi les poutres du hall principale où je m’étais caché après avoir tenté de faire sauter Ozpin.
Sur le chemin, en discutant, je découvris qu’elle entretenait des rapports…compliqués vis-à-vis de sa jeune chef d’équipe, du fait qu’elle était selon elle trop jeune et impulsive mais qu’elles avaient toutes les deux prise la décisions de faire chacune de leur mieux, Ruby pour s’améliorer dans les cours et être un peu plus réfléchie, et Weiss de s’améliorer sur le plan sociabilité et tolérance.
Enfin, ça n’était pas exactement ce qu’elle avait dit, elle semblait essayer de raconter tout ça sans reconnaître ses erreurs et défauts.
Quoi qu’il en soit, nous arrivons en quelques minutes à son dortoir (situé au dernier étage) où elle me remit ses notes de classe.
Après l’avoir remerciée et convenu que je lui rapporterais ses notes le lendemain, je retournais ensuite à ma chambre, quelques étages en dessous, puis me préparais un repas parce que je commençais à avoir faim et que la cafétéria était fermée à cette heure-ci.
Après avoir dégusté une poêlée de riz cantonnais, je me penchais sur les notes de cours de Weiss.
Je parcourus l’écriture propre et soignée de Weiss recouvrant la première page. Apparemment, elle avait dû être à la limite de tuer quelqu’un pendant le cours, il y avait la trace d’un crayon qu’on aurait fracassé sur la page.
Je parcourus ainsi ses notes, successivement sur l’étude des Grimms, le fonctionnement de la Dust et sur l’Histoire (à noter que les notes de la dernière matière semblent avoir été prises un peu à l’arrache, j’imaginais donc qu’Oobleck avait frappé).
Après m’être assuré que je retenais absolument tout ce que j’avais lu, je posais le livre et me divertit en dessinant le visage de Weiss, puis constatant qu’il était un peu tard, j’allais me coucher, me préparant à accomplir la petite faveur de l’Outsider.
Loin d’ici, dans un autre royaume dans une autre dimension, une femme belle comme le jour et terrible comme la nuit sentie que quelque chose n’allait pas. Complètement dénudée, elle croisa ses jambes, assise sur un trône d’ébène et d’os. D’un claquement de doigts, elle fit apparaître le registre des damnés.
Se fiant à une intuition, elle chercha le nom de l’homme qui l’avait déjà défiée une fois, mais ne le trouva nulle part parmi les colonnes de noms. Elle siffla d’agacement, faisant une grimace qui souleva ses séduisantes lèvres pulpeuses, révélant des dents pointue propres à déchirer la chair.
Ce n’était pas qu’une impression, ça n’allait vraiment pas. Quelque chose avait encore réussi à sauver le garçon de son emprise. Le galant, et très joli garçon.
Elle secoua la tête pour faire partir ces pensées de sa tête. Si c’était ce qu’elle craignait, il était très probable qu’elle devrait dévorer son âme la prochaine fois qu’ils se verraient, ne serait-ce qu’à titre préventif. Elle ne pouvait pas prendre le risque de laisser la moindre trace de son existence lui échapper.
Elle agita un bras devant elle, et les ténèbres vinrent envelopper sa silhouette dénudée, puis elle saisit sa faux, avant de se diriger vers un obélisque de pierre noire recouvert d’inscriptions vertes brillantes.
Elle effleura sa surface, laissant une petite fissure brillant du même vert que les runes. La petite fissure s’élargit d’un coup, recouvrant l’obélisque qui se brisa en mille morceaux qui restèrent suspendus dans les airs.
Au centre de l’obélisque se trouvait une lumière verte et spectrale, que la femme toucha avant de se faire avaler par elle.
Quelque part, dans un autre royaume, une autre dimension, un homme se tenait debout au milieu d’une arène faite d’ombres et de pierres craquelées.
Ses yeux étaient fermés, sa respiration calme et maîtrisée en dépit du hurlement du vent glaciale qui mordait sa peau.
Il était calme, en attendant La Mort.