Truth End

Chapitre 1 : L'affaire

2587 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/11/2020 17:13

Un studio simple de Kitakanada, un jeune homme était affairé à lire un livre, semblant n'avoir rien de mieux à faire de cette après-midi tranquille. Une bibliothèque, une commode, une table basse servant à la fois de table pour les repas, et pour travailler, ainsi qu'un grand plan de travail pour la cuisine, et quelques ustensiles de cuisine, complétaient le tableau d'un appartement somme doute assez banal. Assez petit également, comme le montrait le nombre de cartons, placés un peu n'importe où, voire empilés parfois les un sur les autres, et qui contenaient principalement quelques livres, laissés ici, faute de place pour les ranger.

L'on aurait pu penser à quelqu'un venant tout juste d'emménager, mais à la vérité, cela faisait bien quelques années que Fumiya Nichizawa occupait cet appartement, et il n'était juste pas du style à se préoccuper de ce genre de détails. L'important était qu'il avait un endroit où dormir, de quoi stocker ses affaires, et de pouvoir faire ce qu'il voulait dans la vie, du moins dans la mesure du possible. Fumiya, habillé en chemise noire, jean, et avec quelques bijoux, présentait un air décontracté, faussement négligé, qu'il aimait bien qualifier lui-même de plutôt stylé. Même si ceux qui le croisait parlaient plutôt d'un air de petite frappe, du fait de ses doubles anneaux à l'une de ses deux oreilles, et de quelques tatouages, dont l'un visible au niveau de la manche retroussée de sa chemise. Son air sombre, souvent sérieux et imperturbable, n'aidant pas les gens à se défaire de cette impression.

" Pff, quand il faut y aller." Commença t'il en enfilant rapidement une veste, et en prenant ses clés. Soudain, son portable sonna. Numéro inconnu. Bon, il avait bien 5 minutes d'avance quand même. Et dans le pire des cas, le patron passerait sans doute l'éponge s'il n'était pas là pendant les dix premières minutes de service. Ce n'était pas les plus chargées au restaurant. Et puis, de toute façon un numéro inconnu quoi, cela allait sûrement être un pauvre type, chargé de vendre quelques broutilles par téléphone, et qu'il allait congédier vite fait. Il décrocha donc.

- Bonjour, je suis bien chez Mr Fumiya ? Ici la police de Takasone.

L'homme se crispa alors légèrement. La police ? Ce n'est quand même pas comme s'il avait fait quelque chose dernièrement. Ou même jamais à vrai dire, bien que cela ne l'ai pas déjà empêché d'être emmené au commissariat sur une quelconque erreur.

- Allô, Vous m'entendez ?

- Euh, oui, c'est moi. Il y a quelque chose de particulier ?

- L'on aurait malheureusement quelque chose à vous annoncer, il faudrait que vous passiez nous voir rapidement. Vous êtes disponible maintenant ?

- ... Pas vraiment, il faut que je me rende au travail. Je suppose que cela peut bien attendre demain, voir plus tard encore, n'est ce pas ?

- Permettez-moi d'insister, cela sera je pense mieux pour tous les deux, que cela soit fait au plus vite. Comme je passais dans le coin, j'ai d'ailleurs pris la peine de me garer devant chez vous. Si cela vous semble plus pratique pour venir, l'on pourra ainsi vous déposer directement, Mr Fumiya.

Allons bon. Voila qui devenait sérieux, on lui fournissait même une escorte. Finalement, il envoya un sms au patron du restaurant, pour le prévenir d'un problème personnel, et qu'il ne pourrait malheureusement pas venir ce soir. Et il lui souhaitait bonne chance malgré tout pour le service d'aujourd'hui. Quelques secondes plus tard, le patron lui répondait "Ok. Porte-toi bien. Et dommage pour toi, tu ne pourras pas gouter à ma nouvelle recette de ramen vietnamien qui sort aujourd'hui. Bien fait pour toi. Aah, aah, aah. ". Le sms lui aurait presque arraché un petit rire dans des circonstances normales. Mais bon, maintenant, dans une voiture de police, avec un policier qui était apparemment un vieux de la vieille, il n'était pas vraiment d'humeur à rire. Enfin bon, cela aurait pu être pire. Pas de menottes, pas d'escorte autre qu'un homme d'âge mûr, un peu près la quarantaine. Il s'attendait à pire. Ils venaient donc l'arrêter, mais c'était juste cela son escorte ? La police devait vraiment manquer de budget en ce moment. Ou alors, ils ne le soupçonnaient pas de quelque chose de très important.

Un peu plus tard, dans une des pièces du commissariat, lui et la personne l'ayant amené, se retrouvaient seul à seul. La pièce en elle même était plutôt sobre, une table, deux chaises, une fontaine à eau, et un tableau accroché au mur. En regardant un peu mieux, l'on pouvait également voir une caméra à l'un des angles de la pièce, qui regardait dans sa direction. Le policier s’avança alors vers lui, puis sortit son portefeuille qu'il ouvrit devant lui, pour lui montrer son insigne.

- Tout d'abord, rebonjour. Comme je vous l'ai dit, je m'appelle Kito, chef d'équipe de la police. Vous auriez d'ailleurs dû vérifier mon identité, ou mon appartenance à la police, Mr Fumiya, c'est assez imprudent de votre part. Enfin bref, il ne s'agit pour ainsi dire pas du sujet de la conversation. Mais tout d'abord, j'avais quelques questions pour vous. Sauriez-vous par hasard, si votre soeur avait des personnes qui lui en voulaient ? Des problèmes d'argent peut-être ? Des querelles de voisinage ? Ce genre de chose ?

- Ma grande soeur ? Eh bien, je l'ai vu assez peu dernièrement, donc il m'est assez dur de répondre à votre question. Je sais juste qu'elle s'entendait bien avec la famille. Peut-être éventuellement son ex-mari qui pourrait lui en vouloir. Et encore, c'était lui qui l'a trompé, donc je ne vois pas de quel droit il pourrait lui en vouloir ce salaud.

- Hum, très bien. Et vous pensez par hasard, qu'elle pourrait avoir des fréquentations susceptibles d'être dangereuses ? Au hasard, d'anciens junkies, des personnes violentes, d'anciens détenus,...

- Pff... Pas vraiment. On voit que vous ne la connaissez pas. Non c'était quelqu'un de très comme il faut d'une certaine manière. Pas vraiment comme moi qui faisais honte à notre père, comme il me le répétait souvent. Répondit l'interrogé avec un petit air agacé.

Kito, le policier, resta silencieux un petit moment. Il souffla un peu, chercha ses mots, puis regarda à nouveau Fumiya de son air sérieux.

- Bien, merci de vos réponses. Je suis maintenant au regret de vous annoncer une mauvaise nouvelle. Mr Fumiya, votre soeur est décédée. Mrs Kumi Nishizawa a été retrouvée dans son appartement hier soir, victime d'un meurtre violent, peut-être prémédité, par le tueur End. Le suspect, Masato Haruno, est actuellement au commissariat, et vous pourrez si vous le souhaiter avoir une confrontation avec lui plus tard. Je m'excuse au passage pour vous avoir pressé pour venir, ainsi que pour mes questions indélicates. Je pense néanmoins que vous comprendrez, que j'ai besoin d'autant d'éléments que possible, pour ne pas faire d'erreurs sur cette affaire.

Durant le silence qui suivit, Fumiya ne répondit pas, restant silencieux, peut-être choqué par la nouvelle. Kito avait essayé d'être aussi professionnel que possible, néanmoins, certaines choses étaient toujours dures à annoncer. Il avait quand même préféré qu'il l’apprenne de cette manière, plutôt qu'au journal télévisé, ou par un journaliste qui viendrait lui poser des questions, le meurtrier End étant un sujet très médiatisé dernièrement. Quoique cela serait sûrement pire pour les proches du meurtrier supposé. Le policier dit alors qu'il avait malheureusement besoin de lui pour une dernière tâche, qu'il lui allait falloir être fort, mais que cela était malheureusement nécessaire. Il le suivit donc, de façon mécanique, sans sembler réagir plus que cela à son annonce.

Les deux personnes sortirent du commissariat, et s'arrêtèrent devant un bâtiment plutôt discret qui se trouvait non loin du commissariat de Takasone. Une femme brune en blouse blanche, de grande taille, se trouvait à la porte du bâtiment en train de fumer tranquillement quand le policier lui parla. Elle éteignit rapidement sa cigarette, et emmena les deux personnes à l'intérieur du bâtiment de taille plutôt moyenne. Après être rentré, le mot morgue, écrit en lettre de bonne taille, se détachait sur une porte située un peu plus loin. Les trois personnes rentrèrent lentement dans la pièce sombre, principalement vide, et la médecin légiste demanda qu'elle personne devait être identifiée. Après que Kito eu donné le nom de Kumi Nishizawa, il fallut encore quelques minutes à la médecin légiste, pour aller rapporter le cadavre, enfermé dans un sac de toile bleu. "Vous êtes prêt, monsieur Fumiya ? " demanda sobrement la jeune femme. Après un signe de tête de l'intéressé, elle ouvrit alors le sac, révélant un cadavre en grande partie découpé. Tête, Bras, jambe, main, torse, tout était sens dessus dessous, offrant par la même une vision difficile à voir. D'abord pris d'un hoquet de surprise, le frère referma alors la bouche, et sembla reprendre son calme habituel, bien que cela n'était sûrement que ce que l'on voyait de l'extérieur. End, le meurtrier tristement célèbre qui tuait ses victimes, et les découpait en morceau, afin de former cet unique mot "End". Le visage était tout du moins resté intact, permettant de facilement reconnaître les victimes.

- Est-ce que vous reconnaissez votre soeur ? Demanda le policier.

Le jeune homme fit lentement un signe de tête affirmatif.

- J'aimerai vous l'entendre dire à haute voix, monsieur. Est-ce que vous reconnaissez votre soeur ?

- Oui...

Le sac contenant le cadavre fut prestement refermé, et Kito raccompagna Fumiya à la sortie. Les deux personnes partirent lentement du bâtiment, et ressortirent dans la nuit froide de Takasone. Les enseignes des magasins illuminaient la rue de façon presque voyante, et faisaient presque oublier le commissariat proche, ainsi que la morgue, qu'ils venaient de quitter. La nuit semblait presque normale, et l'on peinait à croire qu'un meurtre avait été commis il y a peu. Du moins serait ce le cas, s'il n'y avait pas quelques larmes en train de couler le long du visage de l'un des deux hommes, qui venaient de ressortir du bâtiment. Le policier fit mine de ne rien voir par politesse, et il demanda à Fumiya s'il souhaitait qu'il le raccompagne chez lui.



Quelques jours plus tard, une autre après-midi. Cette fois-ci Fumiya rentrait juste du boulot, après avoir travaillé le midi au restaurant. Il disposait de quelque temps libre à tuer, bien que cela ne lui convenait guère à vrai dire. Il n'y avait rien de mieux que le boulot pour oublier ces derniers jours. Quoique à vrai dire, malgré la tristesse qui restait présente, il ressentait autre chose, comme une sensation de vide. Comme s'il lui manquait quelque chose, pour être vraiment triste. Était ce parce qu'il avait toujours eu du mal à faire ressortir ses sentiments ? Était-ce parce qu'il voyait assez peu sa soeur ces derniers temps ? Il avait malgré tout l'impression qu'un petit frère digne de ce nom, aurait sûrement dû ressentir un plus grand chagrin après sa mort. Il ne restait au final pour lui qu'une tristesse légère, une colère peut-être un peu aussi envers le meurtrier. Sûrement encore un de ces déséquilibrés, un de ces accidents naturelles en quelque sorte, contre lequel on ne pouvait rien faire. Des fous il y en aurait toujours, au moins celui-là était t-il derrière des barreaux. Il avait bien vu quelques débuts de reportage aux informations sur l'affaire, avant de zapper directement. Il ne voulait rien en savoir. Il n'avait aussi pas donné suite à la proposition du chef d'équipe à la police, Mr Kito, de pouvoir avoir une confrontation avec le meurtrier. A quoi bon ? D'après les dires de celui-ci, il s'agissait d'un flagrant délit. L'affaire serait close. Point final.

Alors qu'il pensait à cela, son téléphone sonna à nouveau. Numéro inconnu. Encore la police ? Un démarcheur ? Un plaisantin, souhaitant juste embêter les gens en cette après-midi ? Il préféra ne pas répondre. Quelques secondes plus tard, la musique prévenant d'un nouveau message reçu se fit entendre. Il s'agissait du policier de la dernière fois, qui lui demandait de le rappeler. Malgré plusieurs messages de celui lui demandant de le rappeler, il ne donne pas suite. Et cela, jusqu'à ce que trois jours plus tard, il reçut un message plus long de sa part.

" Bonjour Mr Fumiya, ici Mr Kito, chef d'équipe à la police. Je suppose que vous vous rappelez toujours de moi d'il y a quelques jours. Puisque je n'arrive pas à vous joindre directement, je me permets de vous donner ces informations par message. Vous avez dû sûrement l'apprendre aux informations entre-temps, mais voila, je vous préviens au cas où. Il a été trouvé que votre soeur n'a pas été assassinée. Le tueur supposé End, n'aurait fait que maquiller différents suicides en meurtres, avec une mise en scène morbide. On est encore en train de confirmer cette hypothèse dans le cas des autres meurtres, mais dans le cas de votre soeur cela fait peu de doute, car l'on a retrouvé sur la scène du crime la corde qu'elle a utilisée pour se pendre, ainsi qu'une lettre d'adieu de sa part. Ces éléments avaient bien sur était déjà découverts, mais afin de préserver le secret de l'enquête, et pouvoir plus facilement questionner le coupable, nous avions préféré garder un peu le silence sur cela. Je m'excuse d'ailleurs de ne pas vous l'avoir dit la dernière fois. Je pense que vous comprendriez que cela était nécessaire. Vous pouvez récupérer la lettre d'adieu de votre soeur, ou un autre membre de sa famille, au commissariat de Takasone, en venant avec une pièce d'identité. Je suis désolé de vous apprendre cette mauvaise nouvelle. Au revoir. ".

Fumiya se laissa alors tomber dans son fauteuil. Un suicide ? Sa grande soeur se serait suicidée ? Pourquoi ? C'est vrai qu'elle n'avait plus l'air d'avoir le moral depuis qu'elle avait quitté son mari. Comme il la voyait assez peu depuis quelque temps, il lui était aussi assez dur de savoir ce qu'elle pensait ces derniers temps. Elle semblait toujours esquiver ses invitations, et lui disait souvent "être occupée" ou "qu'il devrait plutôt traîner avec des jeunes de son âge". Mais il avait malgré tout du mal à le croire. Il fallait qu'il voie cette lettre d'adieu. Et si c'était à cause de son pauvre type d'ex-mari qu'elle avait fait ça, il allait voir ce qu'il allait voir celui-là. Pff, il ne l'avait jamais aimé de toute façon.



Une semaine plus tard, un nouveau cadavre fut retrouvé. Le corps de la victime, retrouvé dans une mise en scène macabre, formait le mot "End". Le suspect, Masato Haruno, se trouvait toujours derrière les barreaux...




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