Et si tout était different ?

Chapitre 10 : CHP 10: les méandres du couple.

3711 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/03/2022 14:06

Nous sommes restés un long moment tous les 4, nous regardant de biais pour savoir lequel oserait partir en premier ou remettre le sujet sur le tapis.

Comment tirer un trait sur une vie entière pour une autre qui s’est soldé par la mort ?

Cette question était bien présente dans nos esprits mais c’était tellement difficile à formuler de vive voix. Dans notre autre vie ce qui nous liait était bien plus fort qu’une simple amitié, nous étions les 4 royaux. Liés par l’amour mais aussi par les convictions. Jamais nous n’aurions sacrifiés la vie de l’un ou de l’autre juste pour sauver la nôtre, jusqu’à ce fameux moment ou Valandra nous a trahis.

J’en gardai un goût amer mais je savais pertinemment que la femme assise en face de moi n’était pas elle. Elle lui ressemblait beaucoup mais jamais elle ne trahirait son frère, ce frère plutôt introverti qu’elle s’était efforcé de protéger toute sa vie. Mais je ne pouvais pas savoir ce qui passait dans sa tête et si elle se souvenait de notre fin à tous.

Max me regarda et me tendit la main.

 

-       Tu viens ?

-       Ou allez-vous tous les deux ? demanda Michael

-       Dans un petit restau en dehors de la ville, je lui ai promis une discussion franche et honnête. Dit-il un petit sourire au coin des lèvres.

-       Vous passez par le Ranch ou il y a le vaisseau ? demanda Isabel

-       Oui on passe devant, aller en route, on te dépose.

-       Je vous suis en moto, je te ramènerai comme ça Isa.

Nous prîmes la route tous les 3 en jeep, Michael en moto nous suivant de près. Après les avoir laissé au Ranch, Max m’emmena devant un Fast food en plein milieu de nulle part. j’appréciai sincèrement qu’il fasse l’effort de nous accorder un moment seul à seul mais franchement pour un presque premier rencard il y a mieux qu’un bus transformé en grillade sur le bord d’une route. Je n’ai jamais été une frimeuse mais la quand même je restai sur ma faim.

-       Je sais que je ne suis pas Liz Parker mais j’aurai quand même apprécié un endroit avec des WC au moins.

 

Il pouffa de rire et me tendit la main pour descendre de la jeep.

 

-       J’ai choisi cet endroit parce qu’ils servent ici le meilleur chili de la région et aussi parce que nous pourrons être tranquille sans aucunes tiers personnes pour nous déranger.

Il est vrai je vous l’accorde, que j’étais sur la défensive. D’une part j’étais en rencard pour la première fois en tête à tête l’homme dont je rêvais depuis des années et d’autre part je déjeuné avec mon mari que je n’avais pas vu depuis plus de 50 ans. Faut avouer que c’est plus que perturbant. Après quelques bouchées de ce fameux chili je me décidai à briser la glace, puisque j’avais envoyé le dernier pic.

-       Je dois admettre que ce chili est divin.

Mais ça n’eut pas l’effet voulu puisque je ne réussis qu’à lui arracher un petit sourire tendu. Je m’apprêtais à lui sortir un truc débile dont j’avais le secret lorsqu’il prit les devants et coupa le sifflet.

-       Je suis désolée d’être partie sans toi.

-       Lorsque vous êtes sortis des incubateurs ?

-       Oui, nous sommes sortis pratiquement en même temps et je t’ai regardé de longues minutes mais tu ne bougeais pas. Tu flottais là paisiblement. Et lorsqu’Isabel m’a tendu la main je l’ai prise et je t’ai laissé en arrière. Pardon Ava, pardon !

Alors là si je m’attendais à ça ! j’aurai pas parié §

-       C’est pour ça que lorsque l’on s’est vu au Crash’ tu m’as dit, que tu me connaissais ?

-       Oui c’était là enfoui depuis très longtemps et lorsque je t’ai vu j’ai eu un flash et j’ai fait semblant pour ne rien laisser transparaître. Je me suis dit que ça serait peut être plus facile à oublier.

-       Pourquoi veux-tu m’oublier ? Liz et toi êtes si amoureux que ça ?

-       Non tu ne comprends pas je rêve de ton visage toutes les nuits depuis que je suis sorti de l’incubateur, mon premier mot à l’orphelinat à même été Ava. Alors quand je t’ai vu là devant moi au Crash’ j’ai perdu pied et lors de notre échange mental je n’ai pas su me contenir. Je ne pouvais pas résister au besoin de te prendre dans mes bras et encore moins de t’embrasser. C’était vital pour moi.

Jusqu’à l’akino je n’avais pas de réel souvenir à exploiter mais ce visage, ton visage, lui était réel pour moi. Comme inscrit sous ma chair.  

Devant tant d’émotions je me mis littéralement à pleurer. Max enjamba la table et se mit devant moi prenant mon visage dans ses mains.

Ca y est on y était enfin, lui et moi nous étions réunis. Chaque mot qui sortait de sa bouche rendait encore plus intense les sentiments que j’éprouvai pour lui. Je ne pouvais m’empêcher de pleurer tellement j’avais attendu ce moment et ces paroles. Je sentais l’intensité de notre lien se renforcer et j’entendis sa voix dans ma tête.

« ne pleures pas mon amour je suis là et plus jamais je ne te quitterai »

Nous sommes restés un long moment enlacés, seul au monde, enfin presque ! parce que devant la pureté de notre lien, je baissais ma garde et il assista aux souvenirs que j’avais de Khivar et les dernières paroles qu’il avait gravé dans ma mémoire juste avant ma mort. Il ne fallut à Max que quelques secondes pour voir ce souvenir et sa réaction ne se fit pas attendre. 

-       Mais c’est quoi ce bordel, après m’avoir pris ma planète et la vie il veut aussi me prendre ma femme ? expliques moi parce que là je ne comprends pas.

-       Lorsque j’ai grillé Nasedo et que je suis tombée dans le coma j’ai dû faire face à quelques imprévus, notamment celui-là.

-       Hein ? de quoi tu parles ?

-       Je ne me suis pas réveillée en même temps que vous car Nasedo et Khivar ont tout fait pour que l’on soit  séparé. Je ne connais pas tous les détails mais en gros j’ai subi l’akino pendant l’incubation de sorte que j’ai prit du retard sur vous ce qui a laissé à Nasedo le temps de venir me chercher après votre départ.

Et la scène que tu as vu faisait partie de mes souvenirs refoulés durant les quelques minutes avant notre mort.

-       Ava j’étais dans la pièce avec toi et ça ne s’est jamais produit, je l’aurai vu faire, je l’ai vu te tuer. Ce souvenir me hante depuis mon akino.

-       Oui je sais moi aussi je ne m’en souvenais pas mais pendant mon coma mon subconscient m’a montré ce que nous n’avions pas vu jusque-là.

-       Mais ça veut dire quoi ? et toi à quoi tu penses ?

-       Je sais pas je sais que je peux me fier à moi-même, malgré que mon subconscient m’ai dit de voir avec Nasedo pour la prophétie alors que je venais de le griller… donc comme quoi même ma tête débloque ! mais je sais que ça s’est passé, c’est certain.

-       La prophétie ? tu parles de celle du mur des harpies, sur le temple ?

-       Tu l’as connais ?

-       Oui bien sûr c’est même grâce à ça que j’ai su que tu étais la femme parfaite pour moi et …

-       Hein ? de quoi ? tu savais quoi ? je commençais à bouillonner !!!!

-       Et bien ne te fâche pas mais tous les couples royaux sont prédits par le grannilith, c’est comme ça que mes doutes se sont évanouis le soir ou je t’ai demandé ta main.

Voyant mon regard devenir de plus en plus intense il me prit la main et m’accorda la possibilité de voir le souvenir le plus précieux qu’il possédait.

   

Je me retrouvais debout à ses côtés et au loin il était là. Mon Zan, mon mari enfin en devenir, se tenait là au bord du quai d’amarrage, perdu dans ses pensées. En habit de cérémonie il était là pour un bal.

-       Je me souviens de ce moment-là, c’est là que nous nous sommes rencontrés. Au bal donné par mon père en ton honneur.

-       Oui je sais regardes.

Le roi marchait vers Zan qui restait là sans bouger, perdu.

Lorsqu’il arriva à sa hauteur il le dévisagea un long moment et brisa le calme du silence.

-       Zan ne fais pas cette tête voyons, ce bal est en ton honneur notre hôte ne mérites pas que tu le boudes.

-       Je ne le boude pas père je réfléchis. Et je me cache aussi.

-       Ah oui ? et pourquoi cela ?

-       Tous les gouverneurs ont amené leur fille pour que je tombe sur elle toute la soirée et ça fait des mois que c’est comme ça et j’avoue être las de ce genre de soirée.

-       Tu ne peux pas leur reprocher de tenter leur chance.

-       Non c’est vrai mais ils ne peuvent pas me reprocher d’être désintéressé. Depuis que Lyssa est partie je préfère me protéger que de souffrir à nouveau.

Le roi regardait son fils souffrir depuis des mois, sa femme et lui, se sentaient impuissants devant tant de peine. Contre toute attente le roi décida d’enfreindre quelques règles.

-       Zan écoutes moi, Lyssa est partie parce que ta mère le lui a demandé. Avant de t’énerver laisses moi finir s’il te plaît. Notre destin est dicté par le grannilith et nos ancêtres, c’est pour cela que Lyssa est partie. Car les anciens et le grannilith ont prédit la naissance de ton épouse, sa date de naissance est apparu à côté de la tienne sur le mur du temple des harpies tout comme celle de ta mère est apparu à côté de la mienne il y a bien longtemps.

-       Pardon ? vous avez congédié ma fiancée ?

-       Non Zan elle n’était pas ta fiancée, je veux bien admettre que tu avais des sentiments pour elle mais ça s’arrête là.

-       Et pourquoi ne pas me l’avoir dit avant ? vous aviez des remords ?

-       Non nous lui avons demandé de partir parce que cela n’était pas juste pour elle. Rêver à un avenir royal alors quel ne l’aurait jamais eu ce n’étais pas juste.

-       Et maintenant que fait-on, je fouille les cinq mondes à la recherche d’une femme qui est naît un certain jour ?

-       Non mon fils ce ne sera pas nécessaire, parce que le soir ou Lyssa est partie le mur du temple à révéler le nom de ta future épouse.

-       Qui est-ce ?

-       Ava de Synalie.

-       Mais c’est la fille de notre hôte.

-       Oui mon fils, nous sommes à votre réception de fiançailles.

Après cet échange Zan était furieux. Il partit laissant son père seul sur le quai, il errait sur la berge jusqu’à arriver à une plage de sable rouge. Avec la nuit qui se mêlait aux éclats des deux lunes vif-argent le sable avait des allures de tapis persans ; le spectacle était magnifique.

Au loin il aperçut une jeune femme assise à même le sable, il s’approcha.

-       Bonsoir, vous êtes perdus ?

-       Non, pas du tout et je ne veux pas de compagnie, merci, au revoir.

-       Oh d’accord mais je…

-       Et bah non vous ne voulez rien, aller au revoir, aller embêter quelqu’un d’autre.

-       Je voudrais bien mais nous sommes seules mademoiselle.

-       Justement avec vous nous sommes un de trop alors du vent…

-       Est-ce que vous accueillez toujours les gens de cette façon ?

-       Bon écoute M. je-me-crois-partout-chez-moi, j’ai passé une sale journée. Et le reste de ma vie ne sera pas mieux alors si tu ne veux pas que je trifouille la cervelle passes ton chemin.

Le comportement de cette demoiselle l’intriguait et il décida de s’asseoir près d’elle. Quelques minutes passèrent et il le regarda. Elle était sublime, des yeux d’un bleu pure comme un saphir, des cheveux si blonds et longs… une véritable beauté.

-       Pour tout vous dire je n’ai pas passé une bonne journée et peut-être qu’un remaniement léger de mon cerveau me ferait du bien.

Son ton provocateur lui arracha un sourire, elle le regardait et relâcha légèrement la pression qui l’a maintenait en ébullition.

-       Qu’est-ce qui t’arrive ?

-       Mon père vient de me faire quelques confidences qui ne présagent rien de simple pour mon avenir. Et j’avoue que cela m’agace au plus haut point.

-       Bienvenu au club ! moi le mien il veut me faire épouser un type que je ne connais pas.

-       Ah oui en effet ce ne doit pas être simple…

Il se raidit et comprit à qui il s’adressait.

-       Non comme vous dîtes, je pensais que j’allais pouvoir faire de ma vie ce qui me chantait mais en fait ….

-       En fait tu te retrouves piégée…

-       Oui c’est ça, je voulais vivre une vie intense et apprendre le plus possible sur les mondes qui nous entourent et au lieu de ça je vais devoir passer ma vie avec un vieux machin trop nul pour se trouver une femme tout seul…

Ils sortirent du songe et Ava eut un petit rictus.

-       Je suis désolée je ne le pensais pas.

-       Si tu le pensais et c’est ce que j’ai aimé chez toi dès le début. C’est pour cela que j’ai demandé à mon père de ne pas te dire qui j’étais, afin que tu te fasses ta propre opinion sur moi et que tu m’aimes pour ce que j’étais.

-       J’avais oublié à quel point tu pouvais être…

-       Long à la détente…

-       Oui c’est ça et je te remercie pour ça, nous revoir ainsi m’a rappelé à quel point nous étions similaire.

-       J’espère que ce sera aussi facile pour Rath et Valandra.

-       De quoi te souviens-tu Zan ?

-       Des mêmes choses que toi, leur relation, leurs fiançailles, la trahison de Lonnie et j’espère que Rath à oublier parce que sinon sa réaction sera bien pire que ce que l’on peut imaginer.

-       Oui ce serait pas mal si nous allions à leur rencontre, histoire de voir comment tout se passe ?

-       Oui allons-y, montes dans la jeep je te rejoins.

Les blessures n’étaient entièrement pansées mais elles étaient beaucoup moins à vif. Nous revoir m’a fait un bien fou, la perspective de redevenir ces personnes étaient grisantes. Je sais qu’un jour nous rentrerons chez nous et au train ou vont les choses ça sera sûrement plus rapide que ce qui était prévu. La vision de Khivar me laisse à penser qu’il n’attendra pas encore 50 ans. Nos discussions devinrent beaucoup plus fluide voire même naturelle, je retrouvai même le lien psychique qui nous unissait et bien entendu la télépathie qui allait avec. L’un commençait une phrase et l’autre se glisser dans sa tête pour la terminer. Redevenions-nous Zan et Ava ? je me plais à le croire et je l’espère de tout cœur.

Lorsque nous arrivâmes devant la grotte des incubateurs, l’environnement était calme. La nuit commençait à tomber et une légère brise fraîche pointer le bout de son nez.

-       Tu crois qu’ils sont encore là ? ça à l’air désert !

-       Oui je pense, connaissant ces deux là ça peut être tout ou rien. Me rétorqua Max.

-       J’espère que ça se passe bien…

-       Le mieu chère Reine serait d’aller voir… il me tendit la main et m’entraîna jusqu’à lui.

Mais avant de monter le pic rocheux il y a une chose que je n’ai pas fait depuis un demi-siècle et qui me manque cruellement. Il haletait rien que d’y penser.

-       Zan je… enfin… on est pas tout seul et puis pas en plein milieu du désert. J’en avais le souffle coupé et tout mon épiderme se mit à vibrer, lorsqu’il mit sa main sur ma nuque pour attirer ma bouche contre la sienne et m’embrasser. Sans langue s’empara de la mienne pendant qu’une main tenait ma nuque et l’autre le bas de mes reins. J’étais complètement hypnotisée, je ressentais enfin la présence de mon mari. Fort et doux à la fois.

-       C’est tout ce que je te donnerai pour le moment, même si j’ai très envie de toi. Hors de question que nos retrouvailles se fassent sur le sable du désert.

Ses mots me firent défaillirent, « Nos retrouvailles ». Tout mon être le réclamait et le voulait. Mais comment cela allait-il se passer ? Je me souviens de notre première fois sur Antar et de tout ce que j’ai éprouvé. Mais ici et dans cette vie, il sera encore et toujours le premier, est-ce que pour lui aussi je serai la première ?

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