Quatorze Juillet - Chapitres bonus

Chapitre 1 : – Chapitre α –

1120 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/06/2019 14:28

Chapitre α –


« Raphaël ?

– Oui ?

– Jusqu'où irais-tu pour moi ? »


Le jeune homme leva les yeux au ciel, et se perdit entre les nuages. Jusqu'où irait-il pour Marie ? Il aurait aimé dire que la réponse était toute simple. Et pourtant...


Ils s'étaient rencontrés quatre ans et demie auparavant, au mois de juillet, dans une ambiance estivale et festive, alors que la fête de Paris s'approchait grandement. Leur rencontre semblait être le fruit d'un pur hasard, mais il chérissait l'intime conviction que sa bien-aimée ne s'était pas trouvée sur sa route par hasard ce jour-là.

Il s'était toujours demandé où le mènerait ce fil rouge noué à l'auriculaire de sa main gauche. Il l'avait vu apparaître plusieurs années avant cela, mais il l'avait toujours suivi plus ou moins consciemment. Et voilà qu'aujourd'hui, ce fil était réduit à une poignée de centimètres de longueur, puisque son extrémité était nouée au doigt de celle de qui il tenait la main.


Il dut rapidement redescendre sur Terre ; ils se promenaient dans les rues parisiennes, cela aurait été stupide de se blesser en ne regardant pas son chemin. Et pourtant, son esprit divaguait encore.


Cet été-là, il avait repoussé dans leurs retranchements sa peur et sa lâcheté. Il avait dû mobiliser tout le courage qui pouvait l'animer, pour sauver Marie, ainsi que la ville. Cela avait été une épreuve intense, à laquelle il n'avait pas pensé pouvoir survivre. Et pourtant, cela n'était rien comparé au stress intense qu'il avait ressenti lorsqu'il avait voulu lui déclarer son amour. Par chance, ses sentiments furent réciproques, et il avait alors pensé qu'il passerait des jours paisibles à ses côtés, dans une routine romantique animée par des bouquets de fleurs, des dîners aux chandelles, et des cadeaux innocents.

Pourtant, si le destin l'avait mené à une si ravissante personne, il semblait facétieux, et souhaitait le mettre à l'épreuve. Il avait dû se battre contre lui-même et se réveiller d'un long sommeil, et il avait à nouveau dû mobiliser ce courage lâche qui le fuyait à la moindre épreuve lorsqu'une nouvelle menace avait émergé. Tout sembla être paisible par la suite, mais à présent, il n'en était plus si sûr.


Voilà que le destin le mettait à nouveau à l'épreuve, et cette fois, il avait animé Marie.


Il posa un regard tendre sur sa petite amie. Elle affichait un sourire toujours aussi radieux, ses lèvres rougies par le froid faisaient naître une tentation sans pareille, tant l'envie de l'embrasser à tout instant le rongeait de l'intérieur. Ses yeux azur, pétillants de malice et de joie de vivre, s'illuminaient à chaque fois qu'elle les ouvrait. Ses joues rougies par le froid lui donnaient une envie irrépressible de les prendre entre ses mains pour les réchauffer. Et bien qu'il souhaitait ne pas l'avouer, son immense manteau blanc, son bonnet en laine et ses gants doux, ainsi que les vêtements qu'elle portait, qui tous autant qu'ils étaient dissimulaient son corps, animaient ce désir qu'il portait en lui de la dévêtir pour mieux l'admirer. Elle était si belle et radieuse, il ne pouvait se l'imaginer tant elle l'éblouissait.


La question qu'elle lui avait posée tournait encore et encore dans ses pensées.


Jusqu'où était-il capable d'aller ?


Il avait fait face à un mégalomane dangereux, il avait voyagé dans le temps, il avait affronté des monstres sans pareille, et bien plus encore, et il était toujours parvenu à protéger l'être qui lui était le plus cher. À présent qu'il la côtoyait chaque jour ou presque, il en était venu à se dire qu'il était prêt à lui décrocher la Lune et toutes les étoiles du ciel nocturne si cela pouvait la faire sourire.


En ce jour d'hiver, alors que les fêtes de fin d'années battaient de leur plein, il avait rassemblé tout le courage dont il avait besoin. Peut-être était-ce un courage bien plus grand encore que celui qu'il avait dû mobiliser lorsqu'il avait déclaré sa flamme.


Non-loin d'eux, le clocher de la Cathédrale de Notre-Dame retentit, sonnant les douze coups de minuit. Un nouveau jour débutait. C'était le vingt-quatre décembre.

Raphaël entraîna doucement Marie jusqu'au parvis de Notre-Dame. Elle lui avait fait part à plusieurs reprises de son rêve d'enfant, de célébrer ses noces dans cette splendide bâtisse. Près de l'immense porte, sous le regard des Saints et de Dieu qui devait habiter en ce lieu, il la prit dans ses bras, la serrant de toutes ses forces.


« Marie, dit-il finalement en s'éloignant d'elle, un tendre sourire dessiné sur ses lèvres, j'irais jusqu'où tu voudras. Je suis prêt à tout pour te voir sourire ne serait-ce qu'un instant. Je veux pouvoir t'accompagner dans chaque moment où tu auras besoin de moi. Je veux que ce fil rouge qui nous lie ne s'allonge jamais. »


Elle lui sourit amoureusement. Il se fit violence pour ne pas dévorer ses lèvres dans un baiser.


« Marie... »


Il fit un pas en arrière, avant de s'agenouiller. Sa main droite sortit de la poche de son manteau un discret écrin de velours sombre, qu'il ouvrit de sa main gauche, révélant une magnifique bague en or blanc, sertie de saphirs minuscules et brillants.


« Veux-tu m'épouser ? » dit-il avec tendresse en la dévorant du regard, tandis que ses yeux s'écarquillèrent de plus belle, brillant de mille feux.


Elle porta ses mains gantées à sa bouche, dissimulant tant bien que mal sa gêne mêlée à la surprise. Ce fut finalement la joie qui triompha, alors qu'elle prit les mains nues du jeune homme entre les siennes, avant de s'incliner vers lui pour les embrasser.


« Je le veux, Raphaël, répondit-elle, les larmes de joie perlant aux coins de ses yeux. De tout mon être, je le veux. »


Le sourire du rouquin s'élargit un peu plus ; il se releva, et ôta le gant gauche de la jeune femme afin de mettre l'anneau sur son annulaire, près de ce fil rouge qu'il voyait encore, avant de remettre le gant afin de la préserver du froid.

Il serra Marie dans ses bras ; son cœur n'avait jamais battu aussi fort de toute sa vie. Ce courage lâche ne l'avait finalement pas abandonné. Il avait pu faire de l'être qu'il aimait et désirait par-dessus tout sa fiancée.


Il l'embrassa tendrement, sur le parvis de la cathédrale de Notre-Dame de Paris.


Oh, il irait jusqu'où elle voulait qu'il la suivît.


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