Les Psychonautes dans la B(o)u(c)lle Temporelle

Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum Fanfictions.FR : "La Boucle Temporelle" (septembre - octobre 2024).

Rendez-vous sur le sujet cité ci-dessus dans "Ateliers et défis" du Forum pour plus d'informations !

Mon tout premier Défi de FFR, rendu juste à temps pour Halloween ! (et le délai imparti, aussi XD)

Vu que c'est une fanfic qui démarre un peu "sur les chapeaux de roues" niveau univers, je vais faire un bref résumé de ce qu'il faut savoir pour comprendre le fandom Psychonauts et rentrer dans l'histoire sans trop de difficultés pour ceux qui ne connaissent pas ce jeu complètement déjanté (quand même nommé The Most Excellent Game je signale ! XD).

Cette histoire étant placé en continuité de Psychonauts 2, les informations suivantes contiennent des spoilers (gardés au minimum) sur tout les jeux de la licence.

Dans un univers où certaines personnes possèdent des pouvoirs psychiques, le jeune Razputin Aquato, acrobate de 10 ans et surtout psychique, a fugué du cirque familial pour tenter d'entrer chez les Psychonautes, une agence gouvernementale spécialisée dans les affaires paranormales et fondée il y a plus de vingt ans par les Psy-7, groupe de sept prodiges psychiques.

Après de nombreuses péripéties et au moins deux sauvetages du monde en juste une semaine, Razputin a enfin réalisé son rêve de devenir un agent (junior) des psychonautes, et surtout a pu se réconcilier avec sa famille et en particulier son père, auparavant anti-psychiques à cause d'un apparent différent avec les Galochio, une famille rivale de voyants qui les auraient maudits à tous mourir dans l'eau.

Maintenant autant accepté par ses héros psychonautes que par ses proches (dont certains étaient psychiques malgré leur animosité envers ces derniers), Raz travaille aux côtés des autres agents juniors au Mégalobe, quartier général des Psychonautes.

Quelques détails et vocabulaires pour faciliter la lecture : les pouvoirs psychiques dans cet univers vont des capacités classiques (télékinésie, télépathie, etc.) à des dons plus divers et presque magiques (pyrokinésie, hydrokinésie, création d'objets Psy…). Pour une liste détaillée des pouvoirs psy, je recommande le wikia psychonauts.fandom.com (en anglais, faute de site VF).

Deux minéraux quartziques influençant les capacités d'un psychique existent : le psitanium, de teinte violette et augmentant les pouvoirs Psys mais pouvant risquer de rendre plus instable les personnes déjà instables, et le psilirium, de couleur jaune-orangé et étant nocif pour les psychiques car les affaiblissant bien que certains possèdent une résistance contre lui.

Le Mégalobe possède un moyen de voyage rapide nommé l'Otto-Route, système de conduits servant à la base au transport des cerveaux qu'étudie l'agent Mentallis (un des fondateurs) mais qui est utilisé par certains des agents pour se déplacer à travers le QG et ses environs. En jeu, il s'agit du moyen de téléportation (fast-travel) pour se rendre d'une zone à une autre sans avoir à tout retraverser et semble d'ailleurs être une sorte de passage secret ; mais l'interprétation apparemment commune dans le fandom est que tout le monde s'en sert pour se déplacer, en dépit de sa supposée dangerosité… (tout n'est pas très clair à ce sujet ^^').

Voilà, c'est tout ce qu'il faut savoir pour suivre sans trop de difficultés (je pense XD) cette fanfiction dans la B(o)u(c)lle Temporelle… et vous aurez plus tard l'explication à cette singulière orthographe du titre… Hé hé ! XD

Sur ce, très bonne lecture à tous, en espérant que ce premier Défi FFR de ma part vous plaira !

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Le temps se passa au ralenti, les alentours perdirent leurs couleurs en une myriade de rayons arc-en-ciel, et l’action se figea dans le temps – quand soudain une détonation d’enfer déchira les cieux et-!

Raz ouvrit brusquement les yeux, iris vert malachite brillant de stupeur rivés sur le plafond de la caravane.

Le garçon passa un instant ainsi, cœur battant et souffle étrangement court. Son regard écarquillé fixait sans trop savoir pourquoi les vieilles arabesques boisées de ce qui fut pendant ses dix premières années sa maison, allongé dans sa couchette presque trop petite pour lui maintenant. Ses mains tremblantes agrippant la vieille couverture finirent par se défaire d’elles-mêmes, et les yeux encore désorientés du psychonaute junior dérivèrent enfin vers la fenêtre inondant de lumière son matelas, le vent faisant doucement onduler les rideaux mités et portant avec lui les odeurs familières de forêt et de petit-déjeuner au dehors.

Razputin resta encore un moment comme ça, contemplant sans vraiment les voir les rais de soleil pénétrant leur vieille roulotte et l’oreille attentive aux bruits de couvert et de trampoline non loin ; puis il secoua la tête, chassa de son esprit les rémanences de son rêve éveillé, et se releva pour rejoindre le Mégalobe.

Une longue journée l’attendait.

L’agent Aquato se laissa porter par sa bulle de pensée à travers le lévit-ascenseur et re-atterrit avec souplesse dans l’Atrium, jetant comme d’habitude un regard aux alentours pour voir si les agents semblaient préoccupés ou s’il y avait une nouvelle affiche au tableau de bord. Ne voyant toujours rien, il se dirigea vers le Centre Névralgique, entendant pour la troisième fois la voix pré-enregistrée de l’Otto-matique vanter sa nouvelle broche augmentant tout les pouvoirs psy sans distinction (pour 500 psitaniums seulement et garanti testé !) et promouvoir encore d’autres de ses articles usuels à des prix défiant toute concurrence (laquelle n’existait pas d’ailleurs). Laissant le lecteur d’empreinte cérébrale autoriser son entrée, il passa les multiples (et inutiles) portes automatiques du couloir et pénétra dans la salle de conférence, envahie comme précédemment d’hologrammes et autres écrans montrant l’état des affaires psychiques.

Au milieu de la salle où trônait le bureau de réunion, se trouvaient déjà comme d’habitude les agents vétérans Sasha Nein, Milla Vodello, Morceau Oléander et la Chef en second Hollis Forsythe, n’attendant plus que lui. Se sachant désiré (pour une étrange raison, d’ailleurs), l'agent Razputin Aquato se dépêcha de les rejoindre sur le podium central, saluant encore ses collègues tandis que leur supérieure souriait, satisfaite de les savoir à nouveau prêts pour la prochaine mission et leur présenta des hologrammes d’un geste de main :

- Bien, voici les derniers rapports : nos agents de surveillance ont repéré des activités anormales autour du périmètre immédiat du Mégalobe. D’habitude, ils sont chargés d’enquêter seuls, mais la présence d’énergie psychique plus haute que la normale nous oblige à mobiliser toute l’aide possible.

- Ils ont vu quelqu’un alors ?

L’agent Forsythe, qui s’’apprêtait à poursuivre son breffage, s’arrêta net avant de se tourner vers le jeune psychonaute qui venait de parler, fronçant un sourcil circonspect :

- Comment savez-vous cela, Agent Aquato ?

L’intéressé allait répondre, avant de se figer bouche ouverte et de baisser la tête, aussi étonné qu’elle à cette réplique :

- Ben… l’énergie psychique augmente pas comme ça sauf s’il y a quelque chose de vivant qui la provoque, alors j’ai supposé que c’était à cause de quelqu’un ? fit-il finalement en haussant les épaules.

Sa supérieure le regarda encore un instant, le regard plissé, avant que l'agent Nein n’intervienne en réajustant ses lunettes :

- C’est effectivement une hypothèse correcte, bien qu’il soit possible que la source de cette énergie psychique en surplus ne provienne d’un animal ou végétal influencé par le psitanium, et non d’un humain potentiellement psychique.

- Bref, reprit Hollis en reportant son attention sur les hologrammes devant eux, toujours est-il que nous ne savons pas d’où proviennent cette énergie ni cette activité suspecte aux alentours de notre périmètre. C’est pourquoi je vous ai convoqués ici : chacun d’entre vous ira assister un agent à l’inspection de leur zone, et ce afin de déterminer l’origine de cette activité anormale et si possible d’y mettre un terme. Maintenant, je vais vous montrez où et avec qui vous serez associés aujourd’hui…

Razputin ne put s’empêcher de s’affaisser à demi sur le rebord de la table en entendant encore une fois cette partie de la mission, sentant qu’il n’allait pas vraiment apprécié s(a)n partenaire du jour… En fait, pourquoi il avait déjà cette impression-là ? Il ne connaissait même pas les agents dont les noms figuraient sur la liste qu’affichait Forsythe (même s’ils étaient vaguement familiers), alors pourquoi assumer qu’il finirait avec le plus austère d’entre eux ?

Se demandant encore d’où lui venait cette pensée pas très sympathique, le jeune agent se gratta la tête, juste au moment où Hollis levait une main vers sa tempe, signe qu’elle recevait une transmission télépathique. Quelques instants plus tard, elle se tourna à nouveau vers ses collègues s’étant tus par politesse, l’air plus préoccupée qu’avant :

- L’agent Iggrek vient de m’informer avoir repéré une augmentation d’activité dans son secteur il y a quelques minutes ; Agent Nein, allez le rejoindre et faites-moi un rapport en temps réel, ordonna-t-elle alors que le scientifique hochait la tête et quittait immédiatement la pièce. Je ne voulais pas en arriver là, soupira leur supérieure, mais je crains qu’il ne nous faille toute l’aide possible pour cette mission ; j’appelle les agents juniors disponibles en renfort.

Raz sentit un frisson de pressentiment remonter son échine à cette déclaration, sans qu’il comprenne pourquoi d’ailleurs, tandis que Forsythe indiquait à ses employés leurs partenaires et zones assignées où les attendraient les psychonautes juniors libres pour cette mission. Suivant ses collègues, il se dirigea à leur suite vers l’Otto-Route la plus proche pour s’y engouffrer et rejoindre sa destination au plus vite, quand une nouvelle voix l’interpella en le faisant (à demi) sursauter :

- Ah, Agent Aquato ! Je te cherchais !

L’intéressé se retourna vers Otto Mentallis qui l’avait appelé, curieux mais étrangement pas surpris à cette dernière phrase tandis que le Psy-7 s’approchait de lui, un petit objet entre le pouce et l’index :

- Helmut t’a appris à faire une Bulle Temporelle, ce me semble ? demanda-t-il alors que l’enfant acquiesçait. J’aurai un petit service à te demander…

- Euh, je voudrais bien aider mais Forsythe vient juste de nous demander d’aller inspecter les alentours du Mégalobe pour…

- Oh, je suis au courant pour la mission, ne t’inquiètes pas ! Tu peux parfaitement faire ce que je te demande en même temps, je dirais même que ça tombe à pic !

Disant cela, il s’agenouilla un instant et accrocha ce qu’il tenait sur la veste du garçon, juste à côté du badge de psychonaute comme toujours astiqué comme un sou neuf.

- J’ai mis au point une nouvelle broche pour les Bulles Temporelles ; c’est censé combiner les améliorations de toutes celles que j’ai déjà fabriquées jusqu’à présent, expliqua l’adulte pendant que le jeune agent examinait le nouvel accessoire à son poitrail, mais je n’ai pas encore pu le faire tester, et comme tu sais qu’Helmut et Bob sont en repos après notre mission en Grulovia…

Razputin ne put s’empêcher de grimacer, autant au rappel de la fructueuse mais longue mission où ils avaient enfin pu retrouver et re-cérébrer le corps du Psy-7 que des perspectives qu’offrait cette nouvelle broche :

- Euh, y’a pas genre un risque que ça fasse exploser quelque chose quand je vais l’utiliser ? osa demander le garçon en risquant un regard inquiet vers l’inventeur.

- Non, voyons ! Les Bulles Temporelles ne sont même pas explosives ! Tu m’aurai demandé ça pour la nouvelle broche de Tir Psy que j’ai confié à l'agent Nein, peut-être que j’aurai dit oui, mais pour cela…

- Je vois, merc… Attendez une seconde, la nouvelle broche de Tir Psy ? s’étrangla le jeune agent en ouvrant des yeux ronds.

- L’agent Nein connaît les risques ! fit l’inventeur qui s’en allait déjà. Tu me diras comment cette broche a fonctionné à la fin de la journée, Razputin !

Le jeune psychonaute resta un moment interdit face à cette révélation, qui bizarrement ne lui était pas si surprenante que ça en fait, et secoua la tête pour se remettre les idées en place : bien qu’il sache l’inventeur enclin à ce genre de "test", il se trouvait quelque peu étonné de son propre manque de surprise à ses déclarations… Chassant ces pensées pour se concentrer sur sa mission prochaine, Raz rejoignit l’Otto-Route de l’Atrium et sauta dedans, direction la zone Sud du Mégalobe.

Le jeune agent jaillit du conduit et attrapa une bulle de pensée pour amortir sa chute comme précédemment, atterrissant souplement cette fois-ci dans la flaque de boue juste devant la trappe. Soupirant devant les éclaboussures venant de tacher légèrement sa jambe de pantalon et sa chaussure, Raz sentit un lourd poids (à peine provoqué par la surprise) s’abattre sur ses épaules lorsque une voix féminine bien connue vint siffler à ses oreilles :

- Oh, très belle entrée en matière, Agent Aquato…

Retenant un troisième soupir, l’agent en question releva la tête, ses yeux verts redécouvrant la silhouette parée d’orange et au sourire moqueur derrière ses lunettes géantes qui s’était plantée devant lui :

- Salut, Norma.

- Alors c’est toi le psychonaute assigné à l'agent Heinz ? fit-elle en réajustant ses lunettes sur son nez. J’aurai dû m’en douter vu ton retard-

- Bon je suis là, on peut aller inspecter la zone au lieu de parler ? la coupa cette fois-ci le garçon en la dépassant pour sauter du petit surplomb où se trouvait l’Otto-Route.

Sa collègue écarquilla ses yeux devant sa réaction différente de précédemment, mais n’eut pas le temps d’y répliquer que l’enfant rejoignit ledit agent Heinz un peu plus loin, lequel examinait un petit écran dans ses mains et se tourna vers le nouvel arrivant, son air pètesec malgré sa bonne silhouette rondouillarde détaillant immédiatement le jeune psychonaute qui instinctivement se renfrogna à la future réprimande :

- Vous voilà enfin, Agent Aquato ; j’espère que vous n’étiez pas trop occupé à faire vos emplettes à l’Otto-matique ?

- C’est l'agent Mentallis qui m’a retenu d’urgence, mais…

- Peu importe, trancha presque impitoyablement l’adulte, rejoignez votre collègue Natividad et allez inspecter la zone S-2 ; il n’y a eu pas beaucoup d’activité, mais nous avons besoin d’une inspection complète. Je me chargerai de la zone S-1 où ont été repérées le gros des fluctuations suspectes.

Quelque rebuté (mais pas si surpris, bizarrement) par l’autorité de l’agent vétéran, Razputin obtempéra et prit la direction indiquée par Heinz, traversant un bosquet d’arbres qui tranchaient avec l’aire rocailleuse vers laquelle se dirigeait leur superviseur pour cette mission. Ne souhaitant pas encore perdre davantage de temps, le garçon sauta sur sa balle de lévitation et roula habilement à travers les troncs, esquivant cette fois-ci un peu plus précisément la branche trop basse du coin et moins assurément la liane accrochée juste devant avant de s’arrêter à temps pour éviter de tomber comme un abruti depuis le rebord quasi-invisible peu après. Se stabilisant sur sa balle orangée, Raz scruta les environs à la recherche d’éléments étranges – quand soudain un bruit de feuilles se fit entendre derrière lui, et il n’eut pas le temps de se retourner pour savoir de quoi il s’agissait qu’une masse lui rentra dedans, faisant éclater sa bulle de pensée et l’envoyant voler en contrebas. Ses réflexes d’une vie d’acrobate lui permirent de se rattraper en urgence sur une branche avant de finir cramponné au tronc voisin, et il calma son souffle et surtout son cœur qui battait subitement la chamade (ce qui le surprenait presque plus que d’avoir été surpris lui-même par ce qu’il s’était passé) avant de se retourner d’un regard ahuri mais surtout vexé vers ce qui l’avait envoyé dans le décor :

- Tu pourrais prévenir quand tu t’arrêtes, Agent Aquatastrophe ! lui cria avant qu’il n’ait pu parler Norma encore en déséquilibre sur sa propre lévi-balle pile sur le rebord.

- Tu pourrais prévenir quand tu me fonces dessus sans regarder, Agent Nativenin ! lui répliqua sur le même ton le garçon toujours fermement accroché à son tronc à quelques mètres du sol.

L’intéressée lui jeta un regard tout aussi envenimé que le surnom que l’enfant venait de lui donner spontanément (et qui étrangement lui était presque venu tout seul, en fait), puis se redressa sur sa bulle marine enfin stabilisée (ou prétendant l’être) et repoussa d’un index les lunettes sur son nez, l’air moqueusement hautaine :

- Bien, puisque nous sommes enfin regroupés pour discuter de comment procéder à l’exploration de la zone, je te laisse faire les suggestions, Razputin !

Fronçant les sourcils au sourire suffisant (mais pas étonnant venant de sa part) de la jeune fille, le garçon n’eut pas à réfléchir longtemps avant de déclarer :

- On n’a pas une très bonne vue d’ensemble d’ici, le mieux serait de trouver un point en hauteur et de voir si on repère déjà quelque chose d’inhabituel dans le coin, fit-il une main au menton.

- Excellente idée, et je vois que tu as déjà pris les devants ! Pourquoi tu ne continuerai pas d’ailleurs ? minauda l'agent Natividad d’un sourire mielleux en révoquant sa lévi-balle.

Raz haussa un sourcil perplexe qu’il re-fronça en comprenant quasi-immédiatement ce qu’insinuait la pyrokinésiste, et grimpa le reste de l’arbre auquel il était accroché pour gagner la cime et inspecter les environs lui-même. Atteignant le sommet, l’ancien acrobate sauta sur une deuxième puis troisième pointe plus en hauteur, puis tourna son regard vers l’horizon, la main en visière.

Ils étaient dans une zone plutôt rocailleuse, avec quelques regroupements forestiers ci et là dont celui où se trouvait son poste d’observation, mais la présence arborée était mineure ; dans la direction d’où ils venaient et où était parti l'agent Heinz, le paysage montait en plateaux rocheux qui rappelaient la carrière juste devant le Mégalobe, formant un mur pierreux qui ne laissait rien voir par delà. Tournant son attention de l’autre côté, le garçon vit que le décor descendait quelque peu, dévoilant une mini-plaine clairsemée avec un point d’eau ; non loin, un promontoire en à-pic surplombait cette vallée miniature, cerclée par le même mur rocheux derrière lui.

Plissant les yeux, le jeune agent chercha à déceler la moindre forme d’activité anormale dans les reliefs alentours, malgré la sensation étrange mais déçue qu’il n’allait rien y trouver d’ici ; d’ailleurs c’était bizarre cette impression, comme si ses sens psychiques étaient tellement en éveil qu’il pouvait quasiment détecter ou non s’il y avait quelque chose, ou si-

- Alors Aquato, que vois-tu de tes yeux d’acrobate ?

Soupirant agacé (mais bizarrement moins surpris qu’il n’aurait pensé l’être) devant la soudaine réplique de Norma restée en bas, le garçon secoua la tête et se laissa prestement glisser le long du tronc, freinant sa descente peu avant le sol tandis qu’il disait à sa collègue un ou deux arbres à sa droite :

- Rien de bizarre, mais il y a un promontoire pas loin ; on devrait aller jeter un œil et transmettre nos informations à l'agent Heinz une fois qu’on aura examiné le coin, fit-il en époussetant son pull des épines de pin s’y étant accrochées.

- T’es bien sûr de n’avoir rien vu de là-haut, Razputin ? critiqua sa camarade d’un sourcil méfiant, bras croisés. Tu n’es pas resté très longtemps…

- Je suis resté assez longtemps pour voir qu’on y voyait rien d’ici ! Allons voir de plus près qu’on soit sûrs !

Répliquant cela, le garçon s’était déjà éloigné en courant en direction du plateau sans attendre les réflexions de Norma, sautant de justesse par dessus la racine cachée par les fougères basses et freinant sa course dès qu’il dépassa l’orée des arbres pour ne pas glisser du rebord à juste quelques mètres. Devant lui s’étendait le même paysage qu’auparavant, seulement vu de plus près, dévoilant les rares détails qu’il n’avait pu distinguer depuis son poste en hauteur tels que les chèvres qui broutaient au point d’eau et les petites émissions de bulles violettes caractéristiques de psitanium enterré. Observant aussi attentivement qu’il le pouvait malgré la distance, Razputin entendit un bruissement sur le côté et n’eut pas à se retourner pour savoir avec un soupir que c’était sa camarade du jour qui venait de le rattraper, venant se planter juste à côté de lui mains sur les hanches :

- Tu laisses souvent tes coéquipiers derrière en mission, à ce que je vois ?

- Non, je suis parti en avant, nuance, répliqua le jeune agent d’un air blasé sans arrêter son inspection des alentours, la main en visière pour bloquer les rayons aveuglants du soleil.

- Si c’est pour te la jouer « Bonnet blanc, blanc bonnet », tu vas pas aller…

- Bon tu vois quelque chose de ton côté sinon ?

Apparemment surprise par sa répartie, Norma ne répliqua pas et jeta de mauvaise grâce un œil aux environs devant eux, avant de croiser les bras en soupirant après un long moment :

- Alors, Raz-oir ? Tu vois quelque chose ?

- …À part des chèvres et des rochers, pas d’activité suspecte ou non apparente dans la zone, soupira l'agent Aquato en baissant sa main, sourcils froncés devant le surnom peu amical de la jeune fille. Et toi ?

- Et bien… je vois deux psychonautes qui devraient aller dire à l'agent Heinz qu’il ne se passe strictement rien de leur côté ! fit malicieusement l'agent junior en remontant ses lunettes d’un doigt. À moins que l'agent Aquato ne désire aller demander aux chèvres si elles auraient remarqué des intrus perturbant l’énergie psychique du coin ?

Bien qu’il n’apprécie pas la suggestion ni le ton employé par sa collègue, Razputin ne pouvait qu’admettre être d’accord avec elle : même avec une inspection minutieuse, il n’y avait nulle part trace d’activités suspectes dans leur zone, aucune qu’il voyait ou détectait par ses sens psychiques ; et même si c’était effectivement une bonne idée d’aller interroger les animaux, il n’était pas assez doué en zoolépathie pour pouvoir comprendre quoi que ce soit des cabris ruminant en contrebas. À contrecœur, il acquiesça et tourna les talons, levant une main à sa tempe pour contacter leur superviseur et l’informer de leurs découvertes (ou manque de) tandis qu’ils revenaient sur leurs pas.

Sans surprise (ce qui l’étonnait quelque peu), l'agent Heinz ne répondit pas exactement au message télépathique, mais envoya une impulsion psychique similaire à un muet ordre de « Revenez au point de rendez-vous ». Un peu rebuté (mais toujours pas surpris, bizarrement) par cette réponse sèche, le jeune psychonaute sauta sur sa balle de lévitation et rejoignit la clairière d’un peu plus tôt, évitant avec aise cette fois les obstacles sur son chemin et Norma sur les talons.

Le garçon fut intrigué (mais pas surpris, étonnamment) à l’arrivée de voir la figure rondelette de leur superviseur les attendre visiblement de pied ferme ; sautant de sa balle psychique, Razputin allait demander à l’agent quelles étaient les nouvelles de son côté quand ce dernier se tourna vers lui l’air sévère, sa voix autoritaire tranchant presque littéralement l’espace entre eux :

- L’influx d’énergie psychique détectée dans ma zone s’est déplacée le temps que j’arrive pour l’inspection ; Agent Aquato et Natividad, êtes-vous sûrs et certains de n’avoir rien observé d’anormal de votre côté ?

Le psychonaute junior s’apprêtait à avouer que bien qu’ils n’avaient rien vu, ils auraient peut-être dû demander aux animaux leur avis quand Norma s’avança, le devançant autant physiquement que verbalement :

- À part des chèvres qui broutaient, rien qui bouge dans le secteur S-2, fit-elle nonchalamment malgré un air navré.

L’agent Heinz accepta cette information d’un ferme hochement de tête, avant de se tourner à nouveau vers son appareil d’un œil austère mais intrigué ; Razputin jeta un regard désapprobateur envers sa camarade dont la déception s’était déjà effacée (preuve qu’elle feignait, ce qui n’étonnait pas le garçon… quoique c’était étonnant qu’il ne soit pas plus étonné de sa réaction) tandis qu’elle redressait ses lunettes sur son nez. Leur superviseur consulta son écran un moment, avant d’informer ses sous-agents que leur inspection était terminée et qu’il pouvaient retourner à la base pour donner leur rapport pendant qu’il reprenait sa surveillance. Quelque peu étonné (mais toujours pas surpris, étrangement) par ce manque d’activité malgré le breffage d’Hollis, Razputin se dirigea vers l’Otto-Route, évitant la flaque dans laquelle il avait marché tout à l’heure, et ouvrit la trappe en visualisant mentalement l’Atrium pour rejoindre le Centre Névralgique et faire son rapport.

Mais à sa frustration (et manque étonnante de surprise), un message mental s’afficha dans sa tête tandis qu’il le faisait :

« Pour des raisons de sécurité, l’utilisation de l’Otto-Route depuis l’extérieur du Mégalobe vers l’intérieur des locaux est temporairement indisponible. »

- Quoi ? fit à côté la voix bien réelle de Norma, qui apparemment avait reçu le même message. C’est quoi cette histoire ?

- Je suppose qu’avec l’activité psychique anormale, ils veulent éviter de laisser des intrus rentrer si facilement au QG le temps de savoir ce qu’il se passe, lui répliqua immédiatement Raz avec une rapidité qui l’étonnait lui-même.

- Oui mais y’a que les psychonautes qui connaissent le code de l’Otto-Route ! protesta sa camarade avec indignation. Un intrus même psychique ne pourrait pas l’emprunter comme ça !

Ne désirant pas débattre de cette question avec la pyrokinésiste, l'agent Aquato haussa les épaules et sauta dans l’ouverture, se dirigeant comme les dernières fois vers l’entrée du Mégalobe pour accéder à la réception et aller faire son rapport au plus vite. Jaillissant de la trappe sur la piste d’atterrissage du jet Pélican, le jeune garçon retomba en souplesse sur la plateforme déserte et se dirigea vers les portes coulissantes de l’entrée du bâtiment en forme de cerveau… avant de reculer lentement, son regard rivé vers l’autre côté de la carrière.

Quelque chose de mouvant vers le laboratoire d’Otto Mentallis avait fait réfléchir la lumière du zénith au coin de son œil un bref instant, non loin du pont-levant joignant liant la Zone Aberrante au Mégalobe. Razputin plissa les yeux, essayant de distinguer à nouveau ce qui avait causé cet éclat qui ne le surprenait toujours pas ; mais il ne retrouvait pas le mouvement ayant attiré son attention. Fronçant les sourcils, et mû par une sorte d’impression de certitude, le jeune agent tourna les talons de l’entrée et se dirigea vers le bord du tarmac, déterminé à découvrir ce qui avait provoqué ce phénomène qui ne l’étonnait étrangement pas (ce qui était inquiétant).

Sautant de plateforme flottante en plateforme flottante sur une sa lévi-balle, le psychonaute junior se rapprocha du laboratoire de l’inventeur, ignorant comme à l’accoutumée les messages et panneaux d’interdiction d’approche à l’entrée du petit bâtiment ; s’arrêtant un moment, il observa les environs, cherchant le moindre indice expliquant l’éclat anormal qu’il avait vu dans les parages. Mais rien. L’espace d’un instant, l'agent Aquato considéra demander au surveillant du pont s’il avait remarqué quelque chose, mais réfuta cette idée devant l’agent contemplant distraitement l’autre côté du passage relevé et se tourna plutôt vers l’intérieur du laboratoire.

Après tout, l'agent Mentallis ne lui reprocherait pas une petite visite de courtoisie, non ? Et puis, il avait peut-être quelques inventions en rab à lui faire tester, comme cette broche améliorant les pouvoirs Psy ! Sa décision prise, le garçon révoqua sa balle de lévitation et passa les portes automatiques, pénétrant dans les quartiers de l’inventeur. Arrivant dans le bureau principal après que le lecteur d’empreinte cérébrale y ait autorisé son accès d’un rapide scan, la première chose que Razputin remarqua dans l’espace fut l’ajout d’une espèce de patio à la droite des portes coulissantes, comme une extension mal agencée dans le capharnaüm préexistant du Psy-7. L’enfant s’en étonna un (très bref) instant, avant de se rappeler que Hollis avait ordonné à l'agent Mentallis (sur conseil très recommandé du médecin de l’organisation) de sortir plus souvent de son atelier pour ne pas finir en déficit de vitamine D ; et vu l’arrivée du nouvel espace ouvert sur l’extérieur, c’était de cette façon que l’inventeur avait décidé de régler le problème.

(au grand dam de la Chef en second, puisque ça avait entraîné de nouvelles dépenses qu’elle voulait éviter à la base)

Souriant à cette idée saugrenue de Mentallis, le garçon s’approcha du patio en question, à demi couvert de lierres et pierrailles, remarquant au passage que l’usager des lieux n’était pas à son bureau-comptoir de gadgets comme il l’était d’habitude. Peut-être était-il dans l’Encéphalotèque, ou ailleurs dans son laboratoire en train d’effectuer d’étranges expériences en laissant l’endroit sans surveillance…

Haussant les épaules à cette pensée, Raz reporta son attention vers la porte en baies vitrées installées sans trop de regard envers l’esthétisme ; il vit alors une très grande machine aux innombrables cadrans et moniteurs affichant des données incompréhensibles à ses yeux au milieu du patio. Haussant un sourcil curieux, il s’approcha quelque peu, remarquant les légères émission de psitanium de l’ordinateur aux ronflements audibles mais réguliers. Sa curiosité l’incita à aller le voir de plus près, mais il se retint et se retourna vers le reste de l’atelier, poussé par une intuition… et vit une silhouette inconnue, penchée par dessus le comptoir des gadgets comme si elle essayait de le franchir.

La silhouette leva subitement la tête vers l’intrus l’ayant surpris, leurs regards se croisèrent l’un l’autre, et tout deux se figèrent totalement.

Un moment passa en silence tendu, comme si le temps s’était arrêté en ce bref instant de stupeur mutuelle.

Raz cligna des yeux, et soudain le cours de ses pensées repris brusquement, ne laissant qu’une claire et unique pensée dans son esprit :

Un inconnu a pénétré dans le laboratoire d’Otto Mentallis. Arrête-le.

Puis comme si quelqu’un avait remit l’action depuis la télécommande d’un film, l'agent Aquato se redressa en posture offensive, main à la tempe et l’autre tendue en direction de l’intrus sur le bureau central :

- Plus un geste ! Qui êtes-vous ?

Pour toute réponse, l’inconnu resta figé encore une seconde, avant de détaler en jetant quelque chose sur le comptoir en direction du jeune garçon qui arrêta le projectile d’une rapide TK ; tandis que l’homme lui balançait encore d’autres objets pour vraisemblablement le ralentir, l'agent Aquato envoya un signal de détresse sur le fil mental du Mégalobe, espérant que quelqu’un à proximité l’entende :

Alerte, intrus au laboratoire de l'agent Mentallis ! Je répète, intrus au laboratoire de Mentallis !

Ici Nein et Oléander, nous sommes en route Agent Aquato ! lui répondit bientôt la voix de Sasha Nein par delà la communication télépathique.

En difficultés, soldat ? fit le coach en tandem tandis que Razputin déviait une autre boîte en carton en suivant de son mieux les mouvements de l’intrus.

Le voyant brusquement courir vers l’Encéphalotèque, le garçon sauta par dessus le comptoir et tendit une main vers l’inconnu, projetant une imitation éthérée de celle-ci juste au-dessus de l’homme ; elle se referma sur son col, le soulevant légèrement de terre en arrêtant net sa course. Satisfait de sa prise, le jeune agent se permit un sourire, tournant l’intrus vers lui et portant une main à la tempe tandis qu’il lançait sur la connexion mentale :

Nan, j’ai attrapé notre visiteur ! Plus qu’à vous attendre et…

L’homme en face de lui leva alors la main à la tempe à son tour, et le sourire de l’enfant se défit en voyant une légère concentration d’énergie rouge se former au niveau de son front ; l’instant d’après, un Tir Psy fusa droit sur sa propre tête.

Esquivant d’une roulade acrobatique, Raz relâcha néanmoins sa prise mentale sur l’intrus qui retomba au sol et en profita pour repartir dans l’autre sens, non sans envoyer un ou deux autres tirs psychiques dans sa direction.

Je retire ce que j’ai dit, besoin de renfort ! L’intrus est psychique et connaît les Tirs Psy ! s’écria mentalement l’agent junior retranché momentanément sous l’escalier.

Maintiens la position soldat, on y est presque !

Es-tu blessé ?

Non, mais ça a bien failli… OULÀ ! s’exclama malgré lui Razputin en esquivant une main psychique écarlate ayant essayé de le saisir de derrière sa cachette pendant qu’il jetait un œil. Il connaît la télékinésie aussi !

Tiens bon, nous arrivons ! lui cria l'agent Nein d’une voix neutre qui cachait mal son inquiétude soudaine.

Trop occupé à essayer de ne pas se faire choper par la prise télékinétique (qui ne l’étonnait guère, bizarrement), l'agent Aquato ne répondit pas à cette dernière pensée et sauta derrière le comptoir, envoyant quelques uns de ses propres tirs psy pour déstabiliser et si possible arrêter l’intrus. Il sentit et entendit (à sa grande crainte… sans qu’il ne la comprenne vraiment) un ou deux autres projectiles mentaux fuser juste quand il s’aplatissait derrière le meuble ; se plaquant contre la paroi, il se tourna pour lancer de la voix la plus aimable possible malgré la situation :

- Hé, je sais qu’on a pas démarré du bon pied, mais peut-être qu’on peut résoudre ça sans plus se taper dessus, d’accord ?

- Je ne discute pas avec les espions des Psychonautes ! cria pour la première fois la voix de l’inconnu quelque part derrière des cartons à l’opposé.

- Et ben au moins ça c’est clair… soupira l’enfant en secouant la tête, évitant un peu machinalement (tiens ? C’est bizarre ça) une autre main écarlate venue farfouiller dans son coin.

Se déplaçant judicieusement le long du comptoir, Razputin se dirigea en silence vers l’endroit d’où venait la voix, tentant de prendre par surprise l’homme ; juste quand il arrivait au recoin du meuble, un bruit le fit prudemment jeter un œil au-delà, une main à la tempe prêt à répliquer à un Tir Psy. Mais cela eut pour seul effet de constater que l’intrus avait quitté précipitamment sa cachette pour détaler vers le patio ; tentant à nouveau de l’arrêter même brièvement, Raz leva une main télékinétique vers lui ; mais juste à ce moment-là, l’inconnu se retourna et effectua un vif geste de saisie. L’agent junior se sentit alors soudainement soulevé de terre, la paume écarlate de l’intrus refermé sur lui et plaquant ses bras contre ses flancs. Laissant échapper un bref cri de douleur face à cette subite préhension, le garçon se débattit en donnant des coups de pieds, son regard maintenant alarmé tombant sur son ravisseur une main levée vers le haut et l’autre à la tempe, un Tir Psy rougeoyant se concentrant déjà sur son front ; l’inconnu grinça des dents, son expression agacée fixant le jeune enfant à sa merci :

- Soit un gentil garçon et reste tranquille pour me servir de ticket de sortie, maugréa-t-il les dents serrées.

Il relâcha alors le tir qu’il concentrait droit sur le front de son prisonnier ; Raz écarquilla les yeux, mais eut le réflexe salvateur d’ériger un bouclier psychique autour de lui, juste à temps pour parer le projectile mental qui ricocha et frappa son propriétaire au torse. La prise télékinétique autour du garçon se relâcha aussitôt, laissant retomber ce dernier à terre tandis que l’intrus fut envoyé valdinguer contre la baie du patio. Se redressant une main au sol, Razputin eut la précaution d’élever un autre bouclier en cas de riposte immédiate, mais heureusement l’homme semblait assez sonné par son propre tir (et peut-être le coup dans la vitre) pour ne pas contre-attaquer.

Juste à ce moment-là, la porte coulissante du laboratoire s’ouvrit, et les agents Nein et Oléander accompagnés de quelques autres psychonautes que Razputin ne reconnut pas accoururent dans la pièce, leur attention immédiatement tournée vers la baie brisée et le jeune agent devant eux.

- Agent Nein, Coach ! sourit l’enfant avec soulagement à la vue de ses mentors enfin arrivés.

- Tout va bien, Agent Aquato ? demanda immédiatement le scientifique en se plaçant à ses côtés, son regard et une main levée vers l’intrus.

- Plus de peur que de mal, j-

- À TERRE !

Tournant aussitôt la tête vers l’autre côté au cri du coach, le psychonaute junior eut tout juste le temps de voir l’homme projeter deux mains télékinétiques vers eux, et sauta presque par réflexe par dessus le comptoir pour éviter l’assaut en balayage qui suivit. Se redressant sur une main, il entendit plus qu’il ne vit Sasha tirer plusieurs projectiles bleutés en direction de leur adversaire en réponse, et releva la tête pour constater que l’intrus avait apparemment évité (au moins en grande partie) les attaques, au contraire de la machine juste derrière lui qui ne sembla pas apprécier cette action vu comment elle émit des étincelles et de la fumée en tremblant et vrombissant encore plus qu’avant. L’inconnu répliqua de ses propres tirs écarlates sur le groupe ; l'agent Oléander riposta d’un bouclier vert entre lui et l’assaillant, faisant ricocher les assauts au hasard de l’espace ; Razputin esquiva plus par prudence que nécessité un tir qui avait touché la machine et rebondit dans sa direction, le faisant se rapprocher de l’intrus qui remarqua sa présence et se tourna vers lui, semblant décider de faire de lui sa cible.

L’agent Aquato leva à son tour la main vers lui, prêt à riposter à l’attaque qu’il savait allait suivre ; la force psychique traversa ses veines en même temps que l’adrénaline, comme à chaque fois qu’il usait de ses pouvoirs ; il sentit la familière accumulation parcourir ses tempes, ses iris verts fixés sur sa cible alors que les vrombissements se faisaient de plus en plus forts et l’odeur de fumée de plus en plus intense ; ses muscles se tendirent à l’extrême, et en un éclat opalin il relâcha l’énergie psychique droit sur sa cible. Le temps se passa au ralenti, les alentours se grisèrent en une myriade de rayons arc-en-ciel, et l’action s’arrêta dans le temps – quand soudain une détonation d’enfer déchira les cieux et-!

Raz ouvrit brusquement les yeux, iris vert malachite brillant de stupéfaction rivés sur le plafond de la caravane.

Le garçon resta un moment ainsi, cœur battant et souffle curieusement court, son regard grand ouvert fixant sans trop savoir pourquoi les cernes du vieux bois composant la maison de ses dix premières années, allongé dans son lit pratiquement trop petit maintenant. Ses mains tremblantes agrippant la vieille couverture restèrent bloquées avant de se défaire d’elles-mêmes, et les yeux encore confus du psychonaute junior dévièrent enfin vers la fenêtre inondant de rais sa couchette, les rideaux mités ondulant dans le vent portant avec lui les odeurs rassurantes de feu et de petit-déjeuner au dehors.

Razputin resta encore un instant comme ça, contemplant sans réellement les voir les rayons de lumière pénétrant leur vieille caravane et l’oreille attentive aux bruits d’assiettes et de trapèze non loin ; puis il secoua la tête, dissipa de son esprit les images de son rêve éveillé, et se releva pour aller au Mégalobe.

Ça allait être une longue journée.