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Professeur Layton et l’héritage des Aslantes :
Sans titre numéro 5 :
Douze ans, sept mois, et huit jours.
C’était exactement le temps qu’il lui restait avant de sortir de prison.
Léon Bronev était assis dans sa cellule, un livre entre les mains. Il ne prettait pas attention aux autres prisonniers, se concentrant uniquement sur sa lecture. Du moins, c’était ce qu’il paraissait faire. Car, loin des lettres gravées en encre noire sur du papier légèrement jauni, les pensées de l’ancien chef de Traget étaient ailleurs…
Pour être une punition, la prison en est une. On s’ennuie tellement qu’on pense à tout. On a le temps d’analyser bien comme il faut les raisons de notre présence en ces lieux, comment, et pourquoi on a échoué dans des plans qu’on a passé des années à préparer.
Et on se demande comment la personne qu’on était dans le passé a pu être aussi stupide…
Il tourna une page comme pour se convaincre encore plus qu’il lisait. Chaque instant, il se demandait pourquoi il avait agi de la sorte, comment il n’a pas remarqué ceci, comment il a pu passer à côté de cela. Il avait sacrifié toute sa vie pour un rêve, il avait perdu sa femme, son fils ainé le détestait et le cadet ne le reconnaissait même plus comme père.
Et malgré tout cela, il s’était permis d’échouer. Il avait permis à son rêve de s’évaporer, comme ça, alors qu’il était tout proche. Aveuglé par son obstination, il n’a pu que réveiller le côté obscur de l’héritage des Aslantes. Il n’a pas été capable de comprendre ce que tous les autres ont compris, et dire qu’il était celui qui connaissait le mieux cette civilisation…
Il termina de lire une page. Et si, à ce moment, quelqu’un était venu lui demander de quoi elle parlait, il n’aurait su répondre.
Si quelqu’un avait été capable de lire ses pensées, il aurait sans doute essayé de le consoler en lui disant que le plus important, c’était que tout le monde allait bien. Que les conséquences auraient pu être bien plus graves, que l’humanité a été sauvée malgré tout…
Les gens croient toujours comprendre. C’est parce que, eux, même s’ils ont connu l’échec, n’avaient pas eu à l’affronter de la manière qu’il avait dû le faire.
Léon Bronev acceptait la prison ; il acceptait le ressentiment de ses deux fils à son égard, la réputation noire qu’il avait acquise, la perte de son statut de chef de Traget, l’avenir inconnu qui l’attendait…
Il y avait une seule chose qu’il n’acceptait pas, une chose qu’il trouvait absolument injuste.
« Y a-t-il pire dans la vie que l’échec ? »