Plus loin que le sommet!

Marui Bunta était dans sa salle de classe, sa gomme à mâcher discrètement dans la bouche pour ne pas se faire attraper par le professeur, retenant de toutes ses forces son envie de la gonfler en permanence. Il n’avait aucune envie de se faire coller. Sanada ne le lui pardonnerait jamais si jamais cela arriverait. Il ne pensait pas qu’il existait quelqu’un de plus strict que leur vice-capitaine dans toute l’école Rikkai Dai. Il y avait bien Yagyuu Hiroshi qui était aussi très à cheval sur les règles, mais il n’avait pas l’autorité qu’avait l’empereur.

Il n’y avait qu’un membre de la classe qui savait que ce jeune homme à la chevelure rouge était toujours en train de mâcher quelque chose. Cet élève, cette fois, avait décidé de l’imiter et de lui aussi mâcher une gomme tout en mimant la posture de celui-ci.

Marui était trop perdu dans ses pensées pour s’en rendre compte. Malgré tout, l’élève continua, donnant l’impression inconsciente au professeur qu’il avait deux Marui Bunta dans la classe. Le vrai continuait à se remémorer en boucle l’événement d’hier soir. Cela n’arrêtait pas de tourner dans sa tête. Il fallait aussi avouer qu’il ne se forçait pas vraiment à penser à autre chose. Après tout, c’était son tout premier baiser. N’était-ce pas normal d’y penser après tout? Bon, ce n’était qu’un accident en fait, ce n’était pas comme si les deux personnes avaient décidé ça de leur propre chef. Akutagawa de Hyoutei ne s’était pas fait prier pour s’amuser à les taquiner par la suite! Bon, il était bien temps de passer à autre chose quand même! Il haussa les épaules comme si ce geste servait à tour-.

Pow!

Ce fut ce bruit qui le sortit de ses pensées. Revenant brusquement à la réalité, tout ce qu’il vit de ses yeux mauves était un étudiant qui venait de faire exploser sa gomme en face de lui.

« Puri! »

Niou sourit en voyant son camarade de classe étonné. Celui-ci lui répondit seulement en gonflant son propre chewing gum aussi gros qu’il le pouvait. La grandeur avait largement dépassé celle de l’illusionniste. Mais ça n’empêchait l’homme à la chevelure argentée de continuer à imiter tous les faits et gestes de celui qui s’autoproclamait le génie. Marui entra dans le jeu voyant jusqu’où Niou allait aller. Étonnement, celui-ci persistait longtemps ce jeu. Bien vite, le plus âgé se tanna et commençait à menacer son camarade si celui-ci n’arrêtait son jeu mesquin. Mais il fit la sourde oreille. Marui se mit à ses trousses à travers les pupitres, mais il ne semblait pas aussi rapide que le joueur de tour le plus réputé de l’école. En plus, Niou amplifiait sa gestuelle pour énerver de plus en plus le mangeur de sucre.

La porte de la classe ouvrit et un autre troisième année y entra. Celui-ci redressa ses lunettes tout en regardant les deux bouffons courir d’un bout à l’autre de la salle.

« Niou-kun, Marui-kun! » fit-il.

Les deux hyperactifs s’immobilisèrent et regardèrent l’intrus. Il s’agissait du partenaire de double de l’illusionniste.

« Il serait intéressant pour vous de venir au club avant que Sanada-kun ne vous expulse de la pratique quotidienne. » continua-t-il en voyant les deux idiots.

Sur ce, il rebroussa son chemin pour se rendre sur le terrain de tennis. Marui se dépêcha de sortir de la classe. Il n’avait pas du tout aperçu qu’il n’y avait plus personne et que les cours étaient terminés. Et Niou eut la brillante idée de l’embêter au lieu de lui fournir une telle information… Il n’avait pas non plus jeté un coup d’œil pour savoir quelle heure il était. Mais une chose était sûre, si Yagyuu était venu les chercher, c’est que cela faisait déjà un moment qu’ils étaient censés être présents sur les courts de terrain…

Marui n’avait pas du tout hâte de voir ce que leur vice-capitaine allait leur réserver à leur arrivée… Niou ne semblait pas s’en soucier. En dehors des Big Three, il était probablement le seul qui ne redoutait pas les foudres de l’empereur.

Les deux retardataires arrivèrent finalement sur les terrains de leur club, prêts pour l’entraînement de l’après-midi. Dès qu’ils y mirent le pied, Sanada ferma les yeux.

« Tarundoru! » cria-t-il à l’intention des deux jeunes hommes.

Niou agit comme à l’habitude alors que Marui sursauta. Il était pourtant habitué à ça, mais cette fois, il semblait plus en colère que lorsqu’il emmenait ses sucreries sur le court.

« Trente tours de terrains! » ordonna Sanada.

Sans répliquer, Marui et Niou lui obéirent sous les regards des autres membres du club. Yanagi s’approcha de son ami.

« Ils ne pourront pas suivre le reste de l’entraînement, Genichirou. »

« Cela m’est égal. Ils n’ont aucune excuse pour leur retard. »

L’entraînement continua pour tous les membres même si deux de leurs titulaires couraient toujours. Une fois que la pratique prit finalement fin, Marui s’aventura vers les vestiaires aux côtés de Jackal, mais fut intercepté par Sanada.

« Marui. Où étais-tu passé hier après la sortie de l’hôpital? » demanda-t-il de son ton strict.

« Eh… »

Il n’osait pas avouer qu’il avait rejoint Akutagawa Jirou en douce. Mais le silence marquant ainsi que l’hésitation du plus âgé laissa de grands doutes à Sanada.

« Vingt tours de terrains! »

« Eh?! »

Déjà épuisé après l’échauffement de trente tours de terrains et de toute la pratique, il devait maintenant faire vingt tours en plus… Il ne chercha pas à se justifier au risque d’amplifier sa sentence. Il n’était pas non plus sans tords. Il aurait bien pu avertir les autres titulaires de son départ, mais il ne l’avait pas fait. Il s’était enfuit en douce puisqu’il était trop pressé de retrouver ses pockys égarés. Sanada pensa que cela lui servirait de leçon. Mais il ne lui avait pas dit qu’ils s’étaient inquiétés de sa disparition soudaine. Il n’avait pas besoin d’en avoir conscience.

C’est avec un grand soulagement que Marui acheva le vingtième tour de terrain. Cet entraînement était réellement le plus demandant depuis le début de l’année scolaire! Il se dépêcha de se changer puisque cette fois, il avait bien sué! En sortant des vestiaires, il attrapa un chewing gum et commença à le mâcher de plein cœur. Il devait bien se revigorer d’énergie après tout ça!

Il marcha d’un pas nonchalant jusqu’au portail principal de l’école où deux jeunes filles l’attendaient depuis une trentaine de minutes. C’est en les voyant qu’il se souvint de la promesse qu’il avait fait… "Eh… Oops?" pensa-t-il tout en se rapprochant de celles qui l’attendaient. Il redoutait les reproches, surtout l’une d’entre-elles... Mais lorsqu’il les rejoignit enfin, il ne remarqua aucune expression de colère chez elles.

« Je te l’avais dit qu’il viendrait! Bon, en retard, mais il est là. » fit Horitaka.

« Oui… » répondit son amie, timide.

« Désolé du retard! »

« Bon, rendez-vous à la salle d’arcade maintenant! » lança Horitaka.

Marui lui sourit, aussitôt elle détourna le regard subtilement. Depuis hier, elle était maintenant sensible aux faits et gestes du garçon. En premier lieu, elle ne voulait pas se présenter, annuler tout, mais au fond d’elle, elle n’avait pas réussi à se convaincre. C’était pour son amie au départ, elle ne pouvait pas la laisser tomber à cause de ses propres problèmes. En même temps, elle ne se retrouvait pas seule à seule avec Marui, donc ça devrait aller! Elle projeta subtilement son regard bleu vers le garçon. Il agissait comme si de rien n’était… Cela ne signifiait rien pour lui? Probablement puisqu’après tout, ce n’était qu’un accident tout ça. Aucune raison qu’il y ait à s’imaginer quoi que ce soit… Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se faire des scénarios dans son esprit.

La deuxième année resta plutôt silencieuse jusqu’à ce que Marui décide de lui poser dix millions de questions. Pas n’importe quelles questions, mais des questions précises sur Kirihara Akaya. Elle était plutôt gênée lorsqu’il les lui posait, mais elle prit la peine d’y répondre. Elle n’avait pas non plus d’expérience dans le domaine des jeux vidéo. Mais le jeune garçon allait bien y remédier malgré l’énorme fatigue qu’il ressentait.

Les trois collégiens arrivèrent à la salle d’arcade de la ville. Il y avait déjà pas mal de monde, mais plusieurs jeux restèrent disponibles. Horitaka s’excusa et s’éclipsa quelques instants. La deuxième année en profita pour demander à son senpai quel genre de jeu Kirihara aimait. Marui essaya de se remémorer le jeu qu’ils avaient joué l’année passée lorsqu’il l’avait suivi quand le jeune Kirihara s’était fait battre par Sanada. Après quelques secondes de réflexions, il s’en souvint! C’était un jeu de combat. Il expliqua rapidement le principe du jeu.

Horitaka revint alors avec plusieurs pièces servant à jouer à toutes les bornes d’arcade se trouvant dans la salle. Elle en donna à la fois à sa kouhai ainsi qu’au garçon.

« Ah mais, Horitaka-senpai! Je peux très bien payer pour moi-même! » insista la deuxième année, gênée par la situation.

« Non! Et j’insiste, Chizu-chan! De plus, c’est mon idée à la base! » répliqua la troisième année avec un sourire pour éviter qu’elle ne veuille la rembourser encore.

« Par contre, je peux payer mes propres jetons, tu sais! » intervint Marui.

« Je te demande ton aide, donc non. » trancha-t-elle.

La deuxième année et le garçon se regardèrent mutuellement, ne sachant ni l’un ni l’autre comment faire pour rembourser cette têtue qui se trouvait devant eux. Mais avant de régler ce problème, Marui vit que le jeu en question qu’il expliquait à sa kouhai était libre. Avant qu’il n’y ait des personnes qui s’installent, il la pressa d’y aller.

Marui installa la deuxième année et demanda à Horitaka d’assister son amie pendant qu’il allait prendre le siège en face. La troisième année avait déjà joué, donc elle pouvait l’aider avec les contrôles et en lui expliquant les stratégies qu’elle connaissait. Elle n’avait aucunement tout le savoir du garçon, mais il était toujours recommandé de jouer contre une personne plus forte que soi pour apprendre plus rapidement et s’améliorer également.

Ils rentrèrent plusieurs jetons et commençaient les matchs. Sans surprise, ce fut Marui le gagnant de tous. Mais de combat en combat, il voyait que la deuxième année commençait à assimiler de mieux en mieux les contrôles et les techniques qu’elle pouvait faire avec le même personnage qu’elle choisissait. En très peu de temps, elle s’était déjà amplement améliorée. Elle n’avait pas encore le niveau, mais avec le temps, elle pourrait bien l’atteindre.

Horitaka avait un certain plaisir à les regarder. Voir son amie se concentrer réellement sur le jeu et voir aussi le garçon simplement s’amuser à y jouer. C’était vraiment une belle ambiance qu’il y avait en ce moment. Elle alla regarder l’écran de Marui même si elle savait parfaitement que l’image n’était guère différente. Mais la manière dont il était installé pour appuyer sur les boutons étaient particulières. Avant qu’elle n’ouvre la bouche pour lui demander, elle vit un jeune garçon entrer dans la salle d’arcade. Elle le reconnut aussitôt. Sans perdre un instant, elle tapota l’épaule du garçon.

« Marui-kun! Kirihara est là! » fit-elle tout en pointant dans sa direction.

« Oh! Voilà qui est inattendu! » rigola le jeune homme.

« Qu’est-ce qu’on fait? »

« Humm… Je pense avoir une idée! »

Il lui en fit donc part à voix basse pour ne pas que la deuxième année en ait conscience tout de suite, sinon la surprise ne sera plus au rendez-vous. Horitaka sourit. Elle aimait bien cette idée! Elle retourna en compagnie de son amie et d’excusa auprès d’elle. Elle devait s’absenter un moment, mais elle lui dit de rester ici et de continuer à s’exercer.

Elle revint aux côtés de Marui et lui fit signe qu’ils pouvaient se dissiper maintenant. En la suivant, le garçon libéra sa place et suivit la jeune fille. Ils s’éloignèrent un peu, mais pas trop pour qu’ils puissent garder un œil sur la deuxième année. Ils virent alors Kirihara s’asseoir à la place qu’occupait Marui peu avant. Comme prévu.

« Bingo! » fit le jeune homme.

Horitaka sourit. Elle ne pensait pas du tout que la situation se terminerait comme ça! En même temps, cela avait un bon côté! Elle tourna son regard et vit le jeune garçon à ses côtés. Elle n’avait pas pensé qu’elle se retrouverait seule avec Marui… Elle détourna tout de suite son regard pour observer de nouveau les deux deuxièmes années. Elle ne voulait pas y repenser.