Une étourvol dans une cage dorée.
Jonathan fit atterrir son pokémon sur une plage, près de la crique, au sud de Parmanie. De là, les dresseurs pouvaient emprunter le chenal 19 vers les îles Ecume.
John mit pied à terre et aida Marguerite à descendre à son tour. Marguerite admira la mer devant elle, éblouie par tant de beauté. Jonathan caressa Tornade pour la féliciter de son vol puis la renvoya dans sa pokéball.
« Pourquoi tu nous a posé ici ? Tu ne m'avais pas dit qu'on allait vers Johto ? On est parti dans la direction opposée non ?
- Oui, tu es décidément excellente en géographie pour une demoiselle qui ne voyage pas. »
Il commença à marcher en direction des rochers et Marguerite, intriguée, le suivit. Il emprunta un sentier escarpé qui longeait une longue paroi de granit. Marguerite se stoppa alors John se tourna vers elle et lui tendit la main.
« Viens avec moi, dit-il d'une voix douce. Fais très attention, les rochers sont coupants.
- Jonathan... Où tu m'emmènes ? Demanda Marguerite en lui donnant la main pour qu'il l'aide à grimper.
- Pas très loin ne t'inquiètes pas. Tu ne t'es jamais posé de question sur le fait que je n'avais jamais de sac avec moi ?
- Euh... Non. Avoua-t-elle.
- Tu ne voyages pas, alors la question ne t'est pas venue à l'esprit... » Commenta John. Il s'arrêta devant une grosse pierre mal taillée qui obstruait à moitié le chemin. Marguerite trouvait que cette roche était presque irréelle, pourtant elle pouvait la toucher et il n'y avait pas de doute, c'était du vrai granit.
« Recule-toi un peu Princesse. »
Jonathan sortit Lambert, son lombre et lui montra le gros rocher du doigt.
« Force cachée ! »
Le pokémon souleva la pierre avec une facilité déconcertante et la repoussa un peu plus loin. Marguerite découvrit avec étonnement l'entrée d'une petite grotte jusqu'alors parfaitement dissimulée par le bloc de granit.
« Bienvenue chez moi ! » Déclara Jonathan avec un sourire.
Il s'inclina devant Marguerite en l'incitant à entrer dans la crevasse. La jeune femme pénétra dans la grotte avec de grands yeux ronds ébahis. L'endroit était étonnement sec pour une grotte de falaise. Au sol était installé un matelas gonflable et un sac de couchage. Dans un coin, un petit réchaud à gaz était également posé sur le sol, à côté d'une demi-douzaine de boîtes de conserves et d'une bombonne d'eau. Un gros sac à dos reposait contre la paroi de la grotte à côté du lit spartiate et une lampe de camping trônait au milieu de la caverne.
« Tu... Tu vis ici ? Demanda Marguerite incrédule.
- Quand je viens te voir oui. »
Marguerite rougit, à la fois flattée et gênée qu'à cause d'elle son ami doive vivre dans de telles conditions. Alors c'était ça être pauvre ?
Jonathan s'afféra autour de son sac tandis que le lombre s'allongeait comme un pacha sur le lit de son maître.
« Nous levrons le camp demain, en attendant allons sur la plage. Il faut que tu fasses connaissance avec ton nouvel ami. »
Marguerite hocha positivement la tête avec un large sourire. Les deux compères ressortirent main dans la main de la grotte, laissant Lambert à sa sieste, et retournèrent sur la plage.
Côte à côte, tournant le dos à l'océan, Jonathan et Marguerite échangèrent un regard entendu. Marguerite serrait contre sa poitrine la superball que lui avait confié John. Elle lança la ball dans les airs et la capsule libéra son occupant.
Un petit pokémon vert et jaune, arrivant à la mi-cuisse de Marguerite apparut devant eux. La bête regarda un bref instant les deux humains à travers ses multiples iris jaune puis, effrayé, sa peau se colora instantanément pour imiter la silice blonde du sable qui les entourait. Marguerite aurait comparé cette apparition à un mirage dans un désert, un mirage avec des yeux.
« C'est un kecleon, souffla t'elle impressionnée. Où l'as tu trouvé ?
- A Hoenn... Comme je te l'ai dit, c'est pour ça que j'ai été un peu long. »
Marguerite se tourna vers John et se jeta sur lui pour se pendre à son cou, un sourire radieux illuminait son visage.
« Il est merveilleux Jonathan ! Et c'était une idée grandiose !
- Content qu'il te plaise... » Répondit John en regardant son amie. Elle avait vraiment des yeux magnifiques, plus bleus et plus profonds que la mer qui s'étalait derrière eux. Il attrapa une mèche de cheveux noirs qui volait devant le nez de Marguerite.
« Ton chignon se défait. »
Marguerite passa une main dans ses cheveux, effectivement elle sentait entre ses doigts des épis et des touffes qui partaient dans tous les sens. Evidemment, sa coiffure sophistiquée n'était pas prévue pour le saut dans le vide, le vol à dos d'Etouraptor ou même la promenade en bord de mer... Avec un sourire et un petit soupir charmant, elle glissa ses doigts sous son chignon pour retirer les pinces et les élastiques qui le maintenaient en place puis libéra sa crinière brune, sombre et soyeuse comme le plumage d'un corboss. Ses cheveux mi longs lui tombèrent sur les épaules avant de s'envoler aussitôt au rythme de la brise.
Jonathan la regarda fixement, hypnotisé par sa beauté... Ses joues le chauffaient un peu. Marguerite debout en face de lui ne l'avait jamais vu rougir avant cet instant. Le jeune homme dégagea doucement les cheveux de Marguerite et lui caressa le visage avant de l'embrasser tendrement. La belle aristocrate rougit à son tour en se laissant embrasser. Quand John décolla ses lèvres et voulut reculer un peu, la jeune femme se blottit contre lui et l'enlaça. Alors, tout en souriant, il ferma à nouveau les yeux et passa ses bras autour des épaules de son aimée pour la serrer contre lui. Ils restèrent un long moment ainsi immobiles. Apaisé, John ouvrit les yeux, sans lâcher sa compagne, pour regarder le paysage.
« Ton kecleon s'enfuit... Dit-il d'une voix douce comme des ailes d'un altaria.
- Quoi ? Demanda distraitement Marguerite.
- Ton kecleon s'enfuit. »
Cette fois John relâcha Marguerite qui le regarda, perplexe. Le dresseur souriait largement, elle était persuadé qu'il se retenait rire. Elle se retourna et chercha des yeux son nouveau pokémon. Elle finit par le repérer : une rayure rouge tremblait au dessus du sable en s'éloignant d'eux à petite vitesse, Marguerite perçut autour de la bande une vague silhouette jaunâtre.
« Eh ! Kecleon ! Non reviens ici ! »
La jeune fille essaya de courir mais ses chaussures n'étaient pas pratiques, alors elle les dégagea dans deux coups de pieds secs et se mit à trottiner pieds nus après le petit fuyard. Jonathan n'avait jamais vu Marguerite courir auparavant (la seule fois où ils avaient fuient ensemble les malosses de Jean-François De Richemensueur, John courait devant et tirait Marguerite derrière lui, sans la regarder), la scène était cocasse. La jeune femme n'avait jamais couru de sa vie, elle ne semblait pas savoir comment faire. Malgré sa silhouette svelte, sa démarche rappelait celle d'un goinfrex, ou éventuellement celle d'un spinda. Jonathan se pinçait le nez pour ne pas rigoler. Heureusement pour la jeune femme, Kecleon ne courait pas très vite. Elle finit par le rattraper et le saisit par les côtes.
« Je te tiens petit voyou !
- Kecle ! »
Elle voulut le porter comme elle le faisait avec natu mais kecleon était beaucoup plus lourd. Jonathan se rapprocha du duo avec un sourire en coin, assez agaçant. Il avait ramassé les chaussures de Marguerite.
« Je te conseille de ne pas les renfiler tout de suite, sinon tu vas mettre du sable dedans.
- Kéclé ! Kéclé ! »
Le petit pokémon gigotait nerveusement entre les mains pourtant douces de Marguerite.
« Pourquoi il agit comme ça ?
- Il a peur c'est tout. Il est jeune et n'a pas dû souvent voir des humains, alors on l'effraye.
Marguerite soupira, désolée.
- Qu'est-ce que ça aurait donné si je l'avais libéré dans ma chambre au manoir...
- Ne t'en fais pas Princesse, il va s'habituer à nous.
- Jonathan ?
- Oui Princesse ?
- Ne m'appelle plus Princesse, je ne suis pas une princesse.
- Tu te trompes, répondit simplement John.
- En réalité je suis Comtesse, renchérit Marguerite sans prendre en compte la remarque de Jonathan. Mais je ne veux pas non plus que tu m'appelles comme ça. »
John étouffa un petit rire moqueur qui agaça Marguerite, mais son agacement s'effaça aussitôt lorsque que le dresseur posa une main sur sa joue.
« Tu es une princesse. Tu n'as toujours pas compris ? Tu es MA princesse.
- Jonathan... S'étrangla Marguerite, émue.
- Et tu seras sa princesse à lui, avec un peu d'entraînement. » Ajouta le jeune homme en désignant kecleon prostré sur le sol d'un mouvement de menton.
Finalement, au grand dam de Marguerite qui commençait à se laisser porter par des flots romantiques, Jonathan retira sa main et s'éloigna d'elle de quelques pas.
« A ce propos, il faudrait commencer à entraîner Natu et Kecleon, dès ce soir.
- Je... Quoi ? Pourquoi faire ?
- Tu veux devenir dresseuse oui ou non ?
- Non, enfin je ne sais pas, répondit Marguerite, prise de court par la question. Si je voulais des pokémon c'était surtout pour me sentir moins seule au manoir... Je voulais des compagnons à qui parler, avec qui jouer.
- Ça c'était au manoir, dit gravement John. Là on est dehors et il faut que tes pokémon apprennent à se défendre et à te défendre toi.
- Tu as raison. » Admit Marguerite tandis que l'idée commençait à germer dans son esprit comme une vampigraine.
« Bien, reprit John avec un sourire confiant. Si tu es d'accord, on va commencer maintenant avec natu. Kecleon n'est pas encore en confiance, si tu l'envoie déjà au combat il va être traumatisé.
- Oui. » Marguerite hocha positivement la tête. Elle écoutait attentivement ce que lui disait Jonathan, comme professeur il était autrement plus captivant que Madame Piafabec, il était aussi beaucoup plus beau.
« Je vais laisser sortir Maelle pour l'entraînement et Florie pour qu'elle s'occupe de kecleon. La zone où l'on trouve les kecleon sauvages à Hoenn est remplie de chétiflor, il a forcément déjà vu un empiflor, ça devrait le rassurer un peu. »
John sortit la ball de Manternel. Marguerite était impressionnée, elle savait beaucoup de choses sur les pokémon, elle avait tout appris dans les livres. Mais Jonathan lui en savait tout autant, des éléments qui ne pouvaient s'apprendre que sur le terrain.
Marguerite laissa sortir Natu qui se rua vers elle pour lui faire un câlin. Le pauvre n'avait pas revu sa dresseuse depuis le moment où son père avait tenté de la frapper, il avait ensuite senti un grand désarroi dans le coeur de sa maîtresse, au point qu'elle veuille en finir... Et elle l'avait enfermé dans la loveball pour qu'il ne puisse pas intervenir.
Marguerite caressait avec bonheur la tête de son pokémon oiseau sous le regard attentif de Jonathan. Il patienta jusqu'à ce qu'elle reporte à nouveau son attention sur lui. Natu aussi se retourna pour regarder John, il reconnut sans peine le dresseur qui l'avait capturé.
« Tou tou !
- On dirait qu'il est content de te voir, commenta Marguerite d'une voix douce.
- Tant mieux, j'espère qu'il sera toujours heureux après ça. »
Jonathan lança la ball de sa manternel pour la libérer. En arrière plan, son empiflor avait attrapé kecleon avec ses lianes et le serrait contre elle avec douceur. Elle lui avait fait un cocon protecteur avec ses feuilles pour le rassurer.
Marguerite eut du mal à détacher ses yeux de cette scène émouvante et à revenir sur Jonathan qui attendait avec manternel.
« Natu tou ?
- Euh, Natu on va essayer un nouveau jeu. Tu vas attaquer Maelle et après tu devras esquiver les attaques qu'elle va te renvoyer ok ?
- N'tou ?
- Aller essaye. »
Le natu regarda son adversaire avec de grands yeux curieux. Au lieu de l'attaquer, il se mit à courir autour d'elle sur ses petites pattes en battant furieusement des ailes, non pas pour s'envoler mais juste pour faire le fou. Maelle le suivit du regard, en restant impassible.
Marguerite replia ses doigts devant sa bouche avec un air gêné tandis que Jonathan se massait les tempes.
« Hum... Ca ne s'annonce pas simple. Essayons autre chose. Maelle, attaque-le. Doucement s'il te plaît.
- Man ?
- Ce que tu veux, un faux-chage tiens. »
Manternel obéit à son maître sans grande conviction. Dans un mouvement lent, elle tenta de frapper natu qui lui fila entre les pattes. Elle essaya à nouveau et l'oiseau s'échappa encore en piaffant d'amusement. Manternel commençait à s'agacer. Elle regarda son dresseur qui hocha positivement la tête. Alors le pokémon insecte se décida pour une attaque plus violente, elle lança une tranche et le natu s'envola sur quelques mètres pour échapper au deux pattes coupantes de manternel.
L'oiseau pioupiouta à nouveau, son cri ressemblait à un rire d'enfant. Manternel, franchement agacée, lança à toute vitesse une attaque lame-feuille. L'attaque arracha quelques plumes au croupion de natu qui poussa un cri de frayeur avant de filer se cacher derrière les jambes de sa dresseuse.
« Niuk, natu natu tou tou... »
Marguerite s'agenouilla auprès de son pokémon et le caressa pour le calmer. L'oiseau enfouit son bec dans la jupe de Marguerite.
La jeune femme se tourna vers Jonathan dont les bras ballaient, affligé.
« Ce n'est pas la peine d'insister, déclara Marguerite. Il n'attaquera que si je suis en danger.
- D'accord... » Soupira Jonathan.
Le jeune homme fit signe à sa manternel de reculer. Il ramassa un petit galet rond dans le sable à ses pieds. Il le fit pivoter entre ses doigts, il regarda à droite puis à gauche.
« Pardon Princesse, mais je n'ai pas le choix. »
Marguerite ne comprit pas immédiatement ce qui se passait. John balança son galet sur un gros rocher brun-rouge situé à côté de Marguerite. La jeune femme réalisa alors que ce n'était pas un rocher ordinaire. La chose se mit à bouger, à baver même... Puis, dans un bruit qui ressemblait plus à cliquetis d'horloge détraquée qu'à un cri de pokémon, la chose déplia une énorme pince, massive et coupante. Deux petits yeux s'ouvrirent, ils semblaient sortir d'un long sommeil et exprimaient un profond mécontentement. Le monstrueux pokémon fixa Marguerite de ses pupilles pleines de rancoeur. Il dégagea du sable ses multiples pattes et fila aussi sec vers Marguerite, en faisant claquer ses pinces en l'air pour l'impressionner. Paniquée, la jeune femme recula rapidement sur le sable.
« Jonathan... Jonathan ! »
Elle suppliait son ami, situé à l'écart de lui venir en aide mais John ne bougeait pas. Sa manternel à côté de lui tanguait de droite à gauche et lui lançait régulièrement des regards inquiets. Elle avait envie d'intervenir mais Jonathan ne lui disait rien.
Marguerite et Natu s'enfuirent en direction de John et Maelle qui étaient les seuls à pouvoir les aider mais Marguerite glissa sur le sable et s'étala de tout son long à quelques mètres du pokémon sauvage. Manternel fit un pas en avant.
« Attends ! Ordonna John.
- Man !
- Jonathan !!!
- Na-tuuu !!! »
Le monstre se rua sur Marguerite, alors Natu s'envola et s'interposa entre sa maîtresse et l'agresseur qui préparait une force-poigne. Natu ouvrit son bec, déploya ses ailes et une grosse vague noire et oppressante de ténèbres vint frapper le pokémon crabe sauvage. Le choc était si violent que le pokémon fut balayé. Marguerite à genoux dans le sable regarda la scène, ébahie. Cette fois, Jonathan se précipita vers elle et la releva rapidement. Il tenait une petite boule bleue dans sa main. Il la confia à Marguerite.
« Lance-lui ça dessus.
- C'est... C'est une filet-ball ?
- Oui. Vas-y, capture-le.
- Le capturer ? » Répéta Marguerite incrédule.
Jonathan la poussa légèrement vers l'avant pour qu'elle se rapproche du monstre assommé. Natu le surveillait de ses petits yeux perçants, prêt à réattaquer si l'affreux pokémon tentait de faire du mal à sa maîtresse.
Marguerite prit un peu d'élan et lança sa ball qui tomba mollement dans le sable quelques mètres devant elle. Elle pinça les lèvres, honteuse tandis que Jonathan la forçait à s'approcher encore un peu plus du pokémon sauvage. Sans faire de commentaire, il lui donna une autre filet-ball. Cette fois, Marguerite plissa les yeux et prit une profonde inspiration pour se concentrer. Elle dégoupilla la filet-ball et la jeta sur le monstre.
La ball s'ouvrit dans un jet de lumière rouge et emprisonna l'imposant pokémon. La filet-ball retomba et roula dans le sable. Elle s'agita légèrement avant de se verrouiller définitivement sur le pokémon sauvage.
Jonathan soupira de soulagement. Comme Marguerite restait immobile, il alla ramasser la filet-ball lui même et la lui tendit.
« Cette chose, c'est un krabboss n'est ce pas ?
- Bien vu. Je reconnais bien là le petit rattata de bibliothèque qui connaît l'encyclopédie pokémon par cœur. »
Marguerite admira la filet-ball avec un petit sourire emprunt de fierté. Elle se tourna vers son Natu pour le féliciter et poussa un petit cri de stupeur.
« Natu ? Jonathan ! Qu'est ce qu'il a ?!? »
John se retourna à son tour et vit l'oiseau en train de briller tout en sautillant sur place. Le dresseur sourit du coin de la bouche.
« Ah ça... »
Sous les yeux hébétés de Marguerite, le pokémon grandit et grossit jusqu'à devenir un Xatu. Il déploya avec élégance ses ailes, cinq fois plus longues que les précédentes. L'oiseau poussa un cri de joie.
« Xu xu !
- Il... Il a évolué c'est ça ?!? » Demanda Marguerite, plus excitée qu'une petite fille. Jonathan hocha positivement la tête en souriant. Marguerite rayonnait, elle n'avait jamais vu un pokémon évoluer jusqu'à aujourd'hui. Bien sûr, elle avait lu des tonnes d'articles scientifiques sur la question mais le voir en vrai était un instant magique... Elle ressentait également un sentiment de fierté pour son Natu devenu Xatu, elle n'arrivait pas bien à se l'expliquer mais il était là.
Dans leur coin, à l'écart, Empiflor et Kecleon avait observait la scène comme s'ils avaient été au cinéma. Kecleon se blottit au creux des feuilles de Florie, il commençait à se sentir apaisé. L'empiflor quant à elle trouvait que décidément, cette jeune humaine était charmante et parfaite pour son maître. Quand elle était là, il semblait toujours plus heureux...
Marguerite et Xatu avaient eu assez d'émotions pour la journée, Jonathan abandonna l'idée de les entraîner. Après tout, Natu avait évolué c'était déjà un grand pas en avant. Son intuition lui disait qu'elle aurait vite besoin de se servir de ses pokémon, beaucoup plus vite qu'elle ne l'imaginait et beaucoup plus vite que lui le souhaiterait...
Au lieu de s'entraîner, ils s'installèrent tous les deux avec Florie et Kecleon au bord de l'eau, pour regarder le soleil se coucher sur la mer. Assis à côté de Jonathan, la tête posée sur son épaule, ses pieds nus frottant le sable, Marguerite admirait le paysage. La lumière du crépuscule changeait le bleu de l'eau en un orange flamboyant. Sa main droite était enlacée dans celle de John, et dans la gauche elle tenait la loveball de xatu qu'elle faisait rouler entre ses doigts. Elle posa un regard doux sur la capsule rose et blanche.
« Jonathan ?
- Oui ?
- Comment as-tu fait pour enfermer natu dans une loveball ?
- Tu ne devines pas ? Toi qui as lu tant de livres sur les pokémon.
- Tu as utilisé Tornade qui est une femelle, pour capturer natu qui est un mâle.
- Exact. Tu vois, tu as deviné. »
Il l'embrassa sur le front et Marguerite eut un sourire amusé.
« Il n'est pas un peu trop petit pour elle ?
- Ce n'était qu'une étourvol quand je l'ai capturé, souviens-toi. Et puis, toi et moi non plus nous n'étions pas faits pour être ensemble, nous venions de deux mondes totalement différents... Pourtant nous sommes bien là aujourd'hui. »
Marguerite regarda tendrement son compagnon, elle ne se lassait pas de ses yeux plein de malice, de son visage d'aventurier serein et de son sourire de conquérant... Elle trembla. Au début elle pensa que c'était l'émotion, mais la température baissait encore plus vite que le soleil au dessus de l'océan. Jonathan la vit grelotter.
« Il commence à faire froid, rentrons dans ma cachette. »
Sa "cachette", Marguerite l'appelait intérieurement "notre nid d'amour" comme si elle était xatu et lui étouraptor. Elle dû remettre ses chaussures pour escalader la paroi rocheuse.
Dans la grotte, il est vrai qu'ils étaient à l'abri du vent mais il ne faisait pas très chaud non plus. Lombre ronflait toujours sur le lit de Jonathan. Le jeune homme dut le réveiller, un peu à contre coeur.
« Aller debout Lambert, la meilleur place est pour Madame. »
Il poussa du pied son pokémon qui caqueta avec mauvaise humeur et se laissa glisser sur le sol rocailleux inconfortable. Marguerite s'assis sur le lit tiède - la place avait été chauffé par Lombre. Elle regarda Jonathan qui sortait de son sac de voyage une autre couverture, les, joues de la jeune femme prirent une teinte colhomard.
« Je... On peut se serrer sur le lit si tu veux, pour dormir tous les deux... »
Jonathan jeta un rapide coup d'oeil à Marguerite. Il répondit d'une voix un peu bourrue pour cacher sa propre gêne.
« Ce sera trop inconfortable. Ne t'en fais pas, je vais m'installer à côté de toi sur ma couverture, ce ne sera pas la première fois que je dors dans des conditions difficiles. La nuit prochaine on pourra la passer dans un centre pokémon. »
Le visage de Marguerite reprit peu à peu une couleur normale, mais alors qu'elle se détendait un peu, un sentiment de frustration germait dans son coeur. Mine de rien, depuis qu'ils se connaissaient, c'était la deuxième fois que John repoussait ses avances.
Jonathan laissa sortir son étouraptor. Immédiatement, les deux humains et les deux pokémon se sentirent beaucoup plus à l'étroit. John se tourna à nouveau vers Marguerite pour se justifier.
« Tornade nous tiendra chaud cette nuit.
- Je peux laisser sortir xatu ?
- Bien sûr. »
La jeune fille allongée sur le lit dégoupilla sa loveball et libéra Xatu. Lambert grogna, il serait encore plus à l'étroit.
« Si tu n'es pas content Lambert, tu retournes dans ta ball.
- Lombe, lombre...
- J'aime mieux ça, répondit John, satisfait.
- C'est la première fois de ma vie que je vais dormir habillée, murmura Marguerite.
- Tuaurastropfroidsituesnue. Répondit rapidement John sans la regarder.
- Non je veux dire, c'est la première fois que je dors en vêtements ville et pas en chemise de nuit...
- Oh. On règlera le problème demain, promis. Hem. »
Jonathan s'allongea sur sa couverture repliée, à côté de Marguerite en lui tournant le dos. Elle ne pouvait pas voir sa mine confuse, perturbée même.
Marguerite elle était emmitouflée dans le sac de couchage de Jonathan. Il était imprégné de son odeur... Marguerite adorait ça.
Etouraptor se nicha à côté de son maître. Les paupières closes, elle déploya une de ses ailes pour recouvrir Jonathan, Marguerite et Xatu comme s'ils avaient été ses bébés étourmis. Avec cette couverture vivante de chair et de plumes, John eut tout de suite plus chaud. Xatu roucoula de bonheur entre lui et étouraptor.
Jonathan commençait à s'assoupir. Dans un souffle somnolent, Marguerite l'appela.
« Jonathan ?
- Oui ?
- Je t'aime... »
Il y eut un silence.
« Je sais. »
Marguerite se recroquevilla dans son sac de couchage. John se retourna vers elle et, comme étouraptor, il glissa son bras par dessus Marguerite pour la serrer contre lui, dans un geste tendre et protecteur.