Derkomai's Mask

Chapitre 44 : Elle voudrait arracher les pétunias

7024 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/11/2024 21:31

Une salle vide, aucun dresseur en vue, les conditions idéales pour éviter que Dracaufeu ne se sente mal à l’aise. Donc, maintenant, pouvait-il se dérider un peu et se détendre. A croire que c’était elle qui le rendait anxieux, et Serena allait vraiment finir par s’en vexer.

- Tu as une préférence en musique ?

- Dr… Dra.

S’il pouvait se montrer encore moins enthousiasme ce serait parfait. Elle s’assit au bureau, cherchant dans la compile, se demandant si finalement elle n’était pas en train de forcer la main à son pokémon. Juste une danse, au moins une danse pour en avoir le cœur net. Elle appuya sur play, écouta les premières notes pour se donner une idée de la chorégraphie avant de revenir vers son dragon.

- On va commencer comme ça : tu croises vers la gauche puis tu glisses ce pied vers la droite, deux, trois, quatre, cinq. Fente sur ta jambe droite, six, ensuite tu tournes vite les chevilles à gauche, sept, avant de les remettre du bon côté, huit. Là, tu marques un temps et tu pousses avec ta jambe gauche, neuf, dix et enfin tu arrives pieds joints les genoux légèrement pliés. On va répéter cette séquence jusqu’à ce que tu y arrives avant d’enchainer sur la suivante, ça te va ?

- Dra… Dracau ?

- D’abord les pieds, on voit le reste après, promis, sourit-elle.

- Dracau… dracaudra, dracau.

- C’est vrai que c’est toujours mieux d’avoir une vue d’ensemble… Très bien.

Elle se pencha sur le clavier, la manche de son T-shirt glissait sur son épaule dévoilant le haut de sa clavicule qui fit détourner le regard au reptile. Le haut-parleur crachota un instant une onde qui s’étendit et se détendit comme un élastique le temps que la jeune fille prenne place au centre de la piste. Sacha écarquilla les yeux, il pourrait peut-être s’en sortir sur la première partie, mais la deuxième accélérait subitement, intégrant quelques mouvements de ce que l’autre danseur lui avait appris ce matin, ses pieds bougeant à toute vitesse sans qu’elle perde le sourire. Il… Il était vraiment censé réussir à faire ça ?

- On le travaillera petit à petit, pour l’instant le début : tu croises.

- Cau.

- L’autre jambe devant.

- Dracau ?

- Non… pas celle-là, enfin si, mais ne la recule pas.

- Caufeu ?

- Hum… Bien tenté le demi-tour, mais tu n’es toujours pas à l’endroit.

Elle pouffa avant de se rendre compte que le dragon n’avait pas très envie d’en rire.

- Ne te décourage pas, ça va bien finir par venir, c’est comme…

Comme quoi justement ? Il n’avait encore rien réussi pour elle à part les combats, et on ne pouvait pas non plus assurer que ces derniers étaient une réussite.

- On dirait que je ne vais pas avoir le choix, murmura-t-elle.

Elle hésita tout de même. L’idée la gênait, sans doute à tort alors qu’il n’y avait rien de franchement extraordinaire. Toutefois, elle n’était pas mécontente que personne ne soit là pour la voir placer les mains du reptile sur ses épaules. Par contre, s’il pouvait arrêter de la dévisager comme si elle était la personne la plus bizarre qu’il ait jamais vu, ce serait gentil.

- Ne regarde pas tes pieds, c’est important que tu gardes une vision dégagée.

Il releva la tête, trouvant un autre point d’accroche dans les yeux de sa partenaire.

- Dégagée, j’ai dit, se crispa-t-elle. Et plus souples les épaules.

Le dragon n’émettait que des gargouillements indéchiffrables, tellement guindé et crispé qu’on aurait pu croire que sa vie en dépendait. Finalement, son plan pour aider Dracaufeu avait l’air d’avoir l’effet inverse.

- On croise, essaya-t-elle quand même.

Serena le sentit s’appuyer sur elle, baissant par reflexe la tête pour vérifier qu’il ne faisait pas d’erreurs dans ses pas, s’arrêtant juste à temps quand il remarqua qu’il s’était beaucoup trop approché du visage de Serena. Les joues rouges, elle recula la tête, touchant du bout de sa chaussure le pied du monstre qui devait bouger.

- Et on gliss- ouah !

Une Balayette comme on en voyait rarement et le reptile dans sa confusion avait gardé le pied en l’air, désaxant son centre de gravité pour suivre celui de la jeune fille qui virait à l’horizontale. Ah ça, pour suivre une chorégraphie c’était compliqué, par contre pour l’accompagner dans ses chutes c’était le champion. Et pour mettre ses pattes ou le museau là où il ne fallait pas et la faire éclater de rouge, il était le maître absolu !

- On… On va faire une petite pause, se dégagea-t-elle à toute vitesse.

Elle tira sur son short, comme pour amener le tissu sur ses jambes qui gardaient la sensation du frottement des écailles.

- Dra…

Ce n’était pas possible, ne lui dites pas qu’elle avait réussi à encore plus le démoraliser qu’avant !

- On reprend après, insista-t-elle.

Il réfléchit un moment avant de finalement l’aider à se relever et secouer négativement la tête.

- Pourquoi ? se désespéra-t-elle.

"Parce que ce n’est pas moi."


***


Les dortoirs étaient toujours un lieu privilégié pour les bavardages, et malgré l'épuisement général, ceux de l'Ecole des dresseurs ne faisaient pas exception à la règle. Toutefois, Serena en avait vite eu assez de devoir se justifier que si elle devait dormir par terre, c'était bien parce qu'elle n'avait pas trouvé assez de coussins, et ce ne serait pas le lit à côté d'elle qui y changerait quelque chose ! Ainsi, adossée contre le flanc de son dragon, la jeune fille se concentrait sur sa broderie, écoutant d'une oreille le fait que les coordinateurs qui n'avaient pas au minimum quatre rubans et qui pensaient encore pouvoir se qualifier au Grand Festival étaient de beaux rêveurs – la kalosienne ne fit aucune remarque du haut de ses deux rubans.

Elle releva son ouvrage au moment où une tête de reptile venait se poser sur ses genoux. Elle en profita pour lui grattouiller l'arrière des cornes, sachant pertinemment que son ami dormait profondément. C'était quelque chose qu'elle avait appris chez lui : plus il se ferait distant la journée, plus il viendrait se coller contre elle une fois la nuit tombée. Serena soupira, rangeant le tissu dans son sac, priant pour que son cadeau, une fois terminé, lui redonne du baume au cœur.

Les discussions s'étaient tût depuis un moment, et il était aussi temps pour la jeune fille d'éteindre les feux, ou du moins de s'allonger un peu plus contre le reptile tout en continuant ses paresseuses caresses. Si elle avait dû répondre aux autres de manière vraiment sincère tout à l'heure, elle aurait avoué qu'elle ne pouvait plus se reposer sans sa bouillotte favorite. Mais allez le leur expliquer sans qu'ils se fassent des idées.

- Quel genre d'idée ? murmura-t-elle.

Elle ferma les yeux, sa main posée sur le front de son partenaire, en se disant que quitte à ce qu'il se colle à elle, il pourrait au moins la prendre dans ses bras.

Serena s’effondra sous la lourdeur de toute la fatigue accumulée, un sommeil profond dont son corps se délectait de chaque seconde, sachant instinctivement qu’il n’aurait pas le droit à unegrasse matinée et qu’il avait donc intérêt à récupérer le plus rapidement possible. C’était sans compter sur une certaine coordinatrice qui décida d’écourter le temps de repos.

- Flora… Flora !? se réveilla-t-elle en sursaut.

- Chut !

D’un signe de tête entendu, Serena chuchota à son dragon de se réveiller. Il bailla longuement, avant de lui aussi remarquer l’intruse.

- Dra…

- Venez avec moi, dit simplement Flora.

Sacha se refusait cependant à bouger, hésitant à retourner se coucher et à laisser Serena avec la coordinatrice. De toute façon il ne voyait pas comment il pourrait les aider.

- Ça va te plaire, lui promit Flora.

Il hésita encore un peu avant de finalement se décider à les suivre jusqu’au terrain à l’extérieur de l’école.

- On a peu de chance de trouver un moment pour s’affronter demain, expliqua Flora.

- Un traitement de faveur ?

- Un petit rattrapage, rien de plus.

Utiliser un charmillon pour ce match improvisé était plus qu’étonnant. Un superbe pokémon à n’en point douter, mais il n’en demeurait pas moins un insecte face à un dragon de feu ce qui, beaucoup en conviendrait, n’était peut-être pas le choix le plus judicieux.

Toutefois, il restait un pokémon de Flora, et les ailes qui saupoudraient de paillettes cette fin nuit dès son entrée sur le terrain prouvaient qu’il n’en était pas à son coup d’essai en matière de concours. Sauf qu’ici, il n’y aurait pas de jury, ni compteur de points, ce serait juste un accord tacite entre les jeunes filles pour faire comme en compétition. Encore fallait-il que Dracaufeu comprenne que ce n’était pas une confrontation de force et qu’il devrait donc se méfier de ce qu’il devait déjà considérer comme un adversaire faiblard.

- Ne le sous-estime pas, précisa la jeune fille.

Elle s’attendait à ce qu’il lui rit au nez, et honnêtement ça l’aurait peinée mais elle aurait compris sa réaction. Cependant, à sa grande surprise, le pokémon feu prit son conseil en compte. Plus que ça, il se mit en position défensive, les muscles tendus, ses narines dilatés à l’extrêmes, ses écailles dressées analysant la moindre variation d’air et ses ailes déjà en position en cas de décollage d’urgence. Euh… est-ce que Dracaufeu avait senti quelque chose qui lui échappait sur la dangerosité de Charmillon ? Attention, elle ne disait pas qu’il ne fallait pas être méfiant, mais là c’était peut-être un peu trop disproportionné.

- Je ne le croyais pas si prudent, s’étonna Flora. Et il fait bien, sourit-elle largement.

Sacha n’avait tout simplement pas oublié que Charmillon était le premier pokémon capturé par Flora, le premier à avoir participé à un concours et à remporter de nombreuses victoires par la suite y compris face à des coordinateurs comme Zoé et son Chaglam. Bref, c’était un vétéran et le métamorphosé anticipait déjà un Vent Argenté, l’une des premières attaques que son adversaire avait apprises et dont la maîtrise s’approchait de la perfection.

Toutefois, les pokémons n’étaient pas limités à leurs attaques, quelque chose que Flora avait amélioré lors de son périple après la Coupe Marc, et son ancien compagnon de voyage allait pouvoir en mesurer les progrès dès maintenant. Sacha écarquilla les yeux quand des sécrétions engluèrent sa mâchoire, à peine le temps de lever les griffes que d’un mouvement de tête, Charmillon lui fit manger la poussière.

Sacha connaissait bien Charmillon, mais cela ne servait pas à grand-chose quand on vous lançait à la figure un Vent Argenté et qu’on le combinait avec Psycho. Le métamorphosé fit plusieurs roulés boulés sur lui-même avant d’avoir enfin une ouverture.

- Lance-Flammes !

Ce que le pokémon insecte détourna sans peine, devenant l’œil du cyclone qui balaya à nouveau le reptile. C’était clair à présent, si Sacha voulait s’en sortir il devrait utiliser toute sa force et son expérience des arènes. Pas pour autant qu’il arrêterait de suivre les ordres Serena, juste qu’il allait subtilement l’amener vers la meilleure solution pour l’emporter.

- Pause, pause, PAUSE ! les arrêta Flora en battant des bras.

Serena la dévisagea sans comprendre ce qu’il lui prenait, et son reptile de feu n’avait pas l’air d’être plus au fait qu’elle.

- Il y a un problème ? demanda Serena.

- Pas vraiment un problème, corrigea rapidement la coordinatrice. Plus une impression de… tu vois, c’est ta manière de combattre avec Dracaufeu.

- Je ne suis pas sûre de te suivre.

Flora grimaça, elle avait elle-même vécu cette période et elle savait à quel point c’était désagréable quand on vous le faisait remarquer, et ce serait encore plus difficile pour Serena compte tenu de ce qu’elle ressentait pour le dresseur au Pikachu.

- Comment te dire ça, réfléchit-elle en se grattant l’arrière de la tête, parce que dans le fond, je comprends que tu te sois naturellement mise à l’imiter pour mieux maîtriser Dracaufeu. Après tout c’est le genre de pokémon qui lui irait parfaitement, mais…

- Mais… ? répéta la kalosienne.

- C’est Serena que je veux voir combattre avec Dracaufeu, pas Sacha.

Le visage du métamorphosé se décomposa, se souvenant soudain du départ de Flora, celui pour lequel il ne s’était jamais demandé exactement pourquoi ils s’étaient séparés, acceptant juste les choses comme elles venaient.

- Qu’est-ce qu’il y aurait de mal à s’inspirer de…

- Tu sacrifies ton propre style pour cela, répondit Flora, la pire chose à faire pour un coordinateur.

Sacha serra le poing, comprenant de mieux en mieux ce qui avait motivé Flora à stopper son voyage avec lui. En fait, elle n’avait pas besoin d’en dire plus, tout était très clair à présent. Quant à Serena… Elle avait ramené sa main contre son cœur, réfléchissant aux paroles de son amie. Oh, d’accord, elle aussi, elle aussi elle était partie à cause de lui, il avait compris le message.

- Dracaufeu ?

Il déploya ses ailes.

- Attends ! Qu’est-ce qui te prends ?! paniqua Serena.

Désormais assis sur le toit de l’école, les cris de la jeune fille n’avaient plus d’effets sur lui. Et puis pourquoi voudrait-elle qu’il revienne d’abord ? Il la gênait, et comment ne pas lui donner raison quand visiblement il l’étouffait avec son style de combat.

"Si vous préfériez que je ne sois pas là, il fallait le dire tout de suite," rumina-t-il.

- Viens, je crois qu’on peut accéder aux toits par les escaliers, l’entraina Flora.

Elle se sentait coupable vis-à-vis du dragon sans réussir à en cerner la raison précise. Si quelqu’un devait se sentir vexer, c’était bien le dresseur du Bourg-Palette, à moins que…

- Il le voit comme son père ? demanda-t-elle.

Serena trébucha.

- Huh ? se tourna-t-elle vers la coordinatrice.

- Eh bien oui, il sait ce que représente Sacha pour toi donc il doit le considérer comme son…

- Stop, stop, STOOOOP ! Il n’a jamais rencontré Sacha, il ne l’a même jamais vu !

- Mais tu lui en as parlé.

- Pas de cette manière ! cria-t-elle. Tout ce qu’il sait c’est que Sacha est un dresseur qui ne répond jamais quand je l’appelle, avoua-t-elle la mine renfrognée.

- Moi aussi il ne me donne pas trop de nouvelles.

Serena ne savait pas vraiment si elle pouvait s’en rassurer. D’un côté, s’il avait contacté la coordinatrice d’Hoenn, Serena n’aurait plus eu aucun doute sur le fait qu’il l’évitait, mais de l’autre, cela ne faisait que confirmer le silence radio du garçon… Hormis la lettre, sauf que depuis quand Sacha écrit des lettres ?

- Tu m’en veux ? demanda Flora.

- Pourquoi ?

- Ce que j'ai dit sur ton style.

La jeune fille poussa un soupir et laissa retomber ses épaules.

- Non. Non et à vrai dire je pense que tu as raison. Je… Pikachu et les autres pokémons de Sacha, ils étaient prêts à tout encaisser pour lui, et à surpasser leurs limites pour l’aider, tu vois c’était... C’est bien le genre de Dracaufeu de penser comme ça, sauf que je ne veux pas que ce soit le cas. Je voudrais qu’il se protège, que ma manière de combattre avec lui l’aide à se protéger.

Flora lui donna un petit coup de coude avant de sourire et de lui dire :

- On dirait que je me suis inquiétée pour rien.

On ne pouvait pas vraiment appeler ça un accès vers le toit, plus un vieux velux poussiéreux qui grinça de manière inquiétante quand Serena tira dessus puis quand elle s’accrocha aux rebords et jeta un coup d’œil dehors.

- C’est accessible ? questionna Flora en fronçant les sourcils.

- Oui.

- Je veux dire vraiment accessible ?

Serena avait de toute façon déjà posé le pied sur les tuiles et remontait la pente à quatre pattes en se répétant de ne pas regarder en bas. Les pièces d’argiles vibraient sous ses mains et elle regrettait de ne pas avoir demandé à Nymphali de la tenir en rappel, quoique cela aurait sérieusement limité sa zone d’exploration et bien sûr, il fallait que le pokémon se pose à l’opposé de l’endroit où elle était sortie.

Elle souffla en arrivant au sommet de la pente et commença avec précaution la descente, les pieds devants comme dans un toboggan, et si au début elle n’avait pas l’intention de se laisser glisser, une tuile changea quelques peu ses plans.

- Ah ! hoqueta-t-elle.

Elle dégringola sur les fesses, pas même le temps de crier tant elle était surprise. Elle vit la pointe de ses pieds passer au-delà de la gouttière, puis la cheville, le début des mollets et… On l’attrapa juste à temps, le dragon s’écrasant à moitié sur elle, la queue enroulée autour de ses jambes pour être sûr qu’elle ne prendrait pas la poudre d’escampette.

- Caufeu ! gronda-t-il.

- Tu n’avais qu’à pas monter sur le toit !

"TU n’avais pas à monter sur le toit !"

Elle gonfla les joues, peu disposée à entendre les reproches du reptile. Sacha souffla et souleva prudemment la jeune fille au creux de ses bras.

- Attends ! Je peux descendre toute… Bon d’accord, se résigna-t-elle en jetant un coup d’œil vers le vide.

Il la ramena sur la terre ferme, sachant pertinemment qu’elle lui referait le même coup s’il décidait de remonter.

- Tu peux m’expliquer maintenant ?

- Dra. Caudra, dénia-t-il.

- Tu as bien compris que ce n’était pas contre toi ?

Non, bien sûr que non, c’était contre Sacha, certainement pas contre lui qui était si doué en cuisine, en performance, en couture et pour se battre avec elle. Ça c’était sûr, rien à voir avec Sacha ! Il expira bruyamment. Inutile de s’énerver : Sacha ou Dracaufeu, son rythme ne changeait et ne changerait pas, et quand on n’y arrivait pas il suffisait juste de revenir à ce qu’on faisait avant, de reprendre son tempo habituel et tant pis pour le reste. N’était-ce pas ce que l’arène de Yantreizh lui avait appris ?

Je reviens à ce que je suis. Je reviendrai tôt ou tard à ce que je suis.


***



Mme Godeau, fière gestionnaire de la mirobolante collection de livre de l’Académie des dresseurs, glorieuse gardienne de l’entrée de la bibliothèque, organisatrice émérite d’une centaine d’expositions dans ses couloirs, aimait son métier à un détail près : le dimanche. Le sacro-saint dimanche que normalement toute institution vénérait, sauf ici où on n’hésitait pas à la faire revenir à deux reprises dans le mois pour contempler des étudiants bachoter du matin (9h !) jusqu’au soir à l’approche des examens.

Ce n’était pas faute d’avoir essayé de convaincre la directrice, la petite gamine de directrice pour être exact, de l’hérésie d’un tel fonctionnement. Mais Roxanne était une enfant têtue, déjà que la bande de voleurs qui sévissait sur la route adjacente à la ville ne la faisait pas changer d’avis, alors ce n’était pas les évènements de la Devon Sarl qui la persuaderait de donner à cette brave Mme Godeau sa semai- de veiller à la sécurité des étudiants en fermant exceptionnellement la bibliothèque.

Mme Godeau s’arrêta de courir le souffle court, les quelques étudiants encore inconscients du désastre d’il y a quelques instants la regardaient avec de grands yeux abasourdis. Elle remonta ses lunettes de ses doigts tremblants, repensant à la pauvre victime à côté de son bureau, la vision d’horreur de cet être crachotant ses derniers râles dans une agonie beaucoup trop longue.

- J’avais prévenu, je l’avais prévenue, grinçait-elle des dents.

Ses bas de contention, ceux qui n’avaient pas la moindre once de glamour même avec de la dentelle, lui cisaillaient les mollets déjà altérés par la macération. Les meurtriers riaient peut-être derrière cette étagère, ou celle d’après, mais s’ils croyaient s’en sortir… Godeau en faisait une affaire personnelle.

Ecumant de rage, elle traversa le couloir à grands pas, inspectant les fissures entre les rangées de livre bien que son instinct lui soufflât déjà où elle devait se rendre. Ses talons claquèrent dans les escaliers, le teint rouge vif, hors d’haleine quand elle sauta par-dessus la dernière marche avant de se mettre à couvert derrière les étagères.

Le pokémon qu’elle avait exclu à peine une trentaine de minutes plus tôt reniflait les couvertures de livres, amenant à la bibliothécaire l’affreuse prémonition des flammes affluant des naseaux, vandalisant les fragiles pages du savoir.

- Ah ça non ! brailla-t-elle.

Sous-effectif du week-end obligeait, Godeau devenait la grande (et seule) garante de la sécurité face à des monstres qui n’avaient déjà plus à faire preuve de leur barberie ou de leur malveillance. Elle pointa un doigt vers eux, triturant sa carte de fonctionnaire pour calmer l’anxiété, le souvenir de la tragédie du rez-de-chaussée l’empêchant de redescendre et d’attendre les secours par crainte qu’un évènement plus terrible encore se produise et qu’elle regrette toute sa vie de n’avoir rien fait pour l’en empêcher.

- J’ai pourtant été claire, éructa-t-elle. Pas de types feus en dehors de leurs pokéballs, et s’il ne l’accepte pas alors il attendra dehors.

Son bras avait fait un grand arc de cercle vers la fenêtre, les lèvres retroussées comme si elle était un Molosse prête à mordre. Elle avançait vers la propriétaire du pokémon, provoquant un mouvement de recul chez cette dernière, et elle faisait bien quand on savait le genre de crime qu’elle avait commis. Et ce n’était pas les soupirs agacés des bacheliers forcés de lever le nez de leurs manuels qui la sauveraient.

- Déjà que madame la directrice vous fait une faveur en vous laissant utiliser ses locaux, mais cela ne vous suffit pas, non. Il faut que vous veniez ici perturber nos étudiants et enfreindre toutes les règles que vous pouvez, en veillant bien à punir de la plus cruelle manière qui soit toute personne qui oserait s’opposer à vous.

Serena se retrouvait bien incapable d’échapper à la bibliothécaire et aux postillons qui mitraillaient désormais son visage. Elle jeta un regard noir à son reptile de feu, lui rappelant que c’était bien à cause de lui et de son refus catégorique d’attendre dehors qu’elle se retrouvait dans une telle situation. Donc, il avait intérêt à la sauver, et… Qu’est-ce qu’il fait avec ce livre ?! Le pokémon feuilletait les pages d’un air concentré, comme plongé dans une intense lecture le rendant incapable de voir la détresse de sa dresseuse, chose tout à fait impossible puisqu’il ne pouvait pas lire. Comment pouvait-il croire qu’il ferait illusion surtout que…

- Tu le tiens à l’envers ! s’indigna-t-elle qu’il puisse la penser si bête.

Le pokémon hoqueta des flammes de surprises et Serena ne put qu’écarquiller les yeux en anticipant l’odeur des feuilles roussies qu’elle allait bientôt sentir.

- Vous pouvez m’expliquer Mme Godeau ?

La nouvelle arrivante avait retiré l’ouvrage des mains du reptile juste à temps, un ton étrangement autoritaire de la part d’une étudiante. Serena déglutit, s’attendant à un nouveau coup de sang de la bibliothécaire face ce qui devait déjà être étiqueté de pimbêche à couette dans sa tête. Mais la femme pinça juste les lèvres, réajustant son col avant de se tourner vers celle qui paraissait n’avoir que quelques années de plus par rapport à Serena.

- Jugez par vous-même, dit-elle en pointant du doigt le reptile. Le règlement est assez clair il me semble.

- C’est pour cela que vous m’avez contactée en urgence ? haussa-t-elle un sourcil.

Serena n’en revenait pas qu’on puisse entendre une pointe d’exaspération dans la voix de l’étudiante, surtout vis-à-vis de son ainée.

- Non, madame. La raison est un acte de vandalisme des plus honteux, que dis-je un véritable assassinat qui met en péril la santé mentale de tous ceux présents sur le campus, à commencer par la mienne.

- Et qui est… ? s’impatientait la fille en faisant rouler sa cravate entre deux doigts.

- Ceci, décréta Godeau en tirant de sa poche trois bouts de plastiques noirs et une électrovanne qui firent blêmir Serena. Etrangement, elle est tombée peu de temps après que je leur ai refusé l’entrée… Je vous l’avais dit Roxanne ! Je vous l’avais dit que gérer une bibliothèque seule, un dimanche, relevait de l’impossible et vous ne m’avez pas cru !

Roxanne retint un soupir exaspéré. C’était donc cela la « catastrophe » comme l’avait si bien dit Mme Godeau quand elle hurlait au visiophone. La raison pour laquelle elle s’était jetée dans la bibliothèque une pokéball à la main pour finalement ne découvrir que les regards surpris et un peu ennuyés des élèves, comme si rien ne s’était passé… Ce qui était le cas en somme, n’en déplaise à ceux qui élevaient au rang de dieu les cafetières à moitié prix de chez Persians.

- Mme Godeau, certains étudiants voudraient emprunter des livres et vous attendent avec impatience, conserva-t-elle son calme.

- Mais ils…

- Ou bien vous préférez que nous discutions des étudiants que vous avez engagé pour vous « aider », et je précise bien « aider » et pas « faire votre travail » pendant que vous partez acheter votre machine à expresso.

Godeau rentra la tête dans ses épaules, espérant que la gamine-directrice n’était pas au courant de ses pauses café du matin (de 9h à 10h30) du midi (11h30 à 15h), du goûter (de 15h30 à 17h30) juste avant la fin de son service (à 17h30) au moment où l’équipe du soir prenait la relève.

- Les livres… Un Dracaufeu… On ne peut pas laisser… bégaya-t-elle.

- Si c’est ça qui vous inquiète, rassurez-vous. Je l’écraserai avant qu’une seule flamme ne touche les couvertures.

- Bien Madame la directrice, s’avoua vaincue Godeau avant de partir en trottinant.

Serena n’en revenait pas, la directrice de l’école, la plus haute autorité de cet établissement, était cette fille qui ne devait même pas avoir atteint la vingtaine ?!

- Dracau, remercia le pokémon loin d’être surpris du jeune âge de la figure d’autorité de l’Académie des dresseurs. De toute façon, s’il y comprenait quelque chose en autorité, Serena n’aurait pas eu autant de problèmes durant son voyage, ni même aujourd’hui.

- Il faudra quand même rembourser la machine, précisa Roxanne.

Son petit sourire laissait sous-entendre qu’elle les croirait s’ils se disaient non coupables. Malheureusement, Serena s’était montrée confiante envers son pokémon et sa fameuse « bonne idée » qu’il lui avait vendu pour distraire la gardienne. Quelque chose du genre jeter un caillou et se faufiler pendant que Godeau cherchait d’où provenait le bruit, ce qui en soit avait été le plan du dragon… au détail près qu’il avait utilisé la cafetière.

- Est-ce que ça pourrait attendre un mois… ou deux ? quémanda Serena dont le budget était déjà bien amputé par sa précédente ardoise.

Roxanne haussa les épaules, ayant plus dit ça pour la forme que pour jouer les greffières, son regard glissant déjà sur les journaux aux pieds de la table, ceux que Serena consultait peu de temps avant que Godeau ne vienne l’interrompre. Des périodiques et leurs gros titres aguicheurs parlant de Ligue, du retour de Pierre Rochard à la tête du Conseil 4, des différents incidents naturels, tout un méli-mélo d’évènements à sensation sans réelle cohérence et dont on oubliait l’existence une fois la journée passée. Alors qu’est-ce qui pouvait bien pousser cette coordinatrice à se replonger dans ces feuillés abandonnés de tous ?

- Si tu veux les derniers potins, je te conseille plutôt cette rangée, plaisanta Roxanne.

Serena les observa d’un air résigné avant de s’accroupir pour ramasser ceux qui trainaient.

- Tu cherches quelque chose de précis ? devina la championne.

La jeune fille mordilla sa lèvre, mais quelque part elle n’avait rien à perdre à demander un peu d’aide.

- Une amie m’a dit qu’elle avait affronté la Team Aqua, mais j’ai un peu de mal à la croire, feignit Serena.

- Flora ?

- Vous en avez entendu parler ?

- Comme la plupart des champions… et des gens d’Hoenn.

Roxanne s’était dirigée vers l’un des alignements de revues et les faisait défiler avec précaution.

- Je suis originaire de Kalos, se défendit la jeune fille d’un rire nerveux.

- Oh… Bienvenue dans notre région alors, et désolée que les conditions actuelles ne soient pas les plus idéales pour un voyage. Ah, le voilà.

Elle tira le journal et le tendit à la jeune fille. Toujours incapable de décrypter l’alphabet de la région, Serena ne s’attarda pas sur les caractères d’imprimeries et se concentra directement sur la photo centrale où les deux légendaires s’affrontaient, du moins ce qu’on devinait être les légendaires vu la distance à laquelle le cliché avait été pris et le jaunissement du papier. Juste à côté, une photo plus petite montrait les sauveurs de la région : Flora bien sûr, son petit frère, un autre garçon un peu plus vieux, et enfin…

- Sacha, murmura-t-elle abasourdie.

- Tu le connais ?

- C’est un ami.

Qui visiblement avait affronté d’autres organisations maléfiques avant de rencontrer la Team Flare, chose que Serena trouvait difficilement croyable à moins d’être un aimant à criminel. Peut-être l’explication de pourquoi le Trio Rocket ne le quittait jamais. Cette constante universelle, inaltérable qui vous assurait que tout était sur les bons rails : Sacha et Pikachu, la Team Rocket, appelez l’un et vous aurez forcément l’autre. Alors qu’est-ce qu’ils faisaient à Atellanes sans Sacha ? Et il ne fallait oublier la lettre, celle qu’il avait écrite alors qu’il ne trouvait soi-disant pas le temps de téléphoner…

La sonnerie retentit, Serena remercia Roxanne et rangea le journal avant de remarquer une autre revue dans le bac d’à côté. Elle la saisit machinalement, essayant de lire le peu de symboles qu’elle connaissait.

- « Les dix astuces pour se faire aimer de votre dracaufeu ? » l’aida Roxanne par-dessus son épaule.

- Ah… s’étouffa Serena.

- Vous ne vous entendez pas ? s’étonna la championne.

- Normalement ! glapit la coordinatrice.

- Heu…

- Non, ce que je veux dire : on s’entend normalement donc pas besoin de plus. Et puis, qui a besoin d’astuces pour se faire aimer de son dracaufeu de toute façon ?!

- Pas si fort, lui rappela Roxanne.

La championne ne s’expliquait pas l’emballement soudain de la jeune fille, ni la raison pour laquelle elle trouverait étrange que des dresseurs cherchent à gagner l’affection de leurs pokémons. Serena ne lui donna pas plus d’explications, pressant son pokémon pour qu’ils quittent la bibliothèque.

Roxanne continua de les observer à travers la fenêtre, le pokémon n’avait pas l’air emballé de la suivre et trainait des pieds, la tête basse, à croire que Serena avait peut-être bien plus besoin de ces dix astuces qu’elle ne le pensait. La championne tourna les pages sans baisser la tête. Pas besoin de plus, se répéta-t-elle, la curieuse certitude que le dragon ne s’en contenterait pas.


***


Madame Godeau aussi catastrophée soit-elle d’ouvrir la bibliothèque alors que la Team Magma devait encore roder dans les parages, n’avait en réalité pas grand-chose à craindre. Mérouville avait beau être une ville sympathique, les bandits préféraient le calme et la tranquillité des galeries du Tunnel Merazon.

Ignacio chassa d’un revers de manche la fumée qui grimpait le long de son pantalon. Cela faisait depuis un moment qu’ils avaient terminé leur mission et il ne comprenait pas pourquoi son compère rechignait autant à rentrer au quartier général. Et en fait, il ne comprenait pas non plus pourquoi il n’était tout simplement pas rentrer de son côté en laissant Kelvin en plan, surtout quand il lui avait proposé de se rendre dans ces galeries abandonnées comme s’ils étaient deux conspirateurs. Ou bien… Kelvin lui avait paru très hésitant ces derniers jours, comme s’il mourrait d’envie de lui dire quelque chose mais se retenait, et finalement il l’emmenait en tête à tête dans cet endroit isolé…

- J’aimerais bien quelques explications, se crispa Ignacio. Surtout quand tu oublies d’inviter Courtney.

Kelvin détourna le regard ce qui fit redoubler les inquiétudes du blond. Quand il y pensait, l’Admin lui avait même confectionné un gâteau pendant qu’ils étaient à Mérouville. Et il était plutôt bon, un geste vraiment étonnant de la part de ce soi-disant génie imbu de sa personne.

- Cette garce… déglutit l’Admin avant d’avouer : Elle a pas voulu venir.

- Et le gâteau ?

- Quel gâteau ?

- Celui que tu m’as fait !

- Bah, je cuisine quand je suis anxieux et je vais pas tout manger seul donc… Attends un peu, qu’est-ce qu’il a à voir avec Courtney ce gâteau ?

- Rien.

Ignacio se détendit un peu, à moitié rassuré sur son collègue – on rappelait quand même que ça l’affichait mal pour un Admin de préparer des tartes. Le blond toussota un peu, demandant juste pour être sûr :

- Tu es sûr de lui en avoir parlé ?

- J’ai essayé ! se rebiffa-t-il. Mais elle s’est juste montrée…

Ignacio roula des yeux face au gamin qu’il avait en face de lui.

- Quoi Kelvin ? Incapable de comprendre ton incroyable talent, d’admirer ton intellect ? Oh, oui, mais vraiment quelle idiote !

- C’est pas ce que j’ai dit, grinça-t-il.

Il triturait ses doigts, ayant pour une fois perdu sa belle assurance.

- Que ce soit Max ou Courtney… Tu ne trouves pas qu’ils se comportent bizarrement ?

- C’est tout ce que tu as à dire ? soupira le blond.

- Ne fais pas comme si tu n’avais rien remarqué, se rembrunit Kelvin. Bien sûr, je sais, Max n’a jamais été expressif et Courtney sait te balancer les pires insultes comme si elle t’annonçait la météo mais leur regard en ce moment… De temps en temps chez elle, quoique ça devient de plus en plus fréquent, mais chez Max c’est tout le temps, absolument tout le temps comme s’il n’était plus avec nous.

Ignacio fronça les sourcils. Il ne pouvait nier une part de vérité dans les propos de son camarade, mais c’était juste une impression, et il l’avait fait poireauter dans le coin juste pour ça : une intuition.

- Pour des gens qui « ne sont plus avec nous », je les trouve pas mal actifs. Moi, je crois juste que t’apprécie pas qu’elle se rapproche de plus en plus de Max et que tu te retrouves sur la touche.

Kelvin esquissa une grimace de frustration. Il avait ses différents avec la femme, mais il n’empêchait :

- Quand je te dis que j’ai essayé, je me moque pas de toi. Je suis allée la voir et elle était prête à m’écouter, enfin, l’écoute de d’habitude : parle et je verrai ensuite si je te ris au nez. Mais je crois qu’elle a senti dès le début que j’étais sérieux et c’est pour ça… Elle m’a dit qu’elle n’avait pas de temps à perdre, sans même me laisser parler pour mieux pouvoir me démonter après. Elle m’a très clairement coupé avant que j’aie pu dire quoi que ce soit, comme si elle avait peur de l’entendre, que quelqu’un d’autre l’entende et… On était seul, j’en étais certain et elle sait qu’elle peut me faire confiance là-dessus – je trafiquais des caméras et des micros avant de savoir parler alors tu peux pas me piéger là-dessus – mais elle avait quand même peur. Et y a pas que ça.

- T’es parano, asséna Ignacio.

Kelvin se figea. Il ne pouvait pas nier que lui-même s’était posé la question, surtout en bon scientifique qu’il était. Et il n’aurait sans doute pas fait plus d’esclandre s’il n’avait pas découvert ceci :

- Je dois te dire un truc, soupira-t-il. Il se trouve que j’étais un peu vexé que Max refile toutes les analyses à une intelligence artificielle. Je ne pensais pas à mal, mais tu vois, pour avoir la pleine efficacité de ce truc, le mieux est d’y allier le cerveau d’un génie dans le domaine. Mais il voulait pas m’écouter, alors je me suis dit que je n’avais qu’à lui prouver que j’avais raison.

- Viens-en à l’essentiel, soupira Ignacio.

- Le truc que cette machine analyse, déglutit Kelvin, c’est des ondes. Ça étudie des ondes, et c’est pas celles de Groudon.

- Parce que tu en as vu beaucoup des ondes de Groudon ?

- Non… mais je sais, je sens que c’est pas ça.

Son camarade avait une mine réellement effrayée qui déconcerta le blond.

- Et donc… reprit Ignacio en prenant le ton le plus détaché possible. Qu’est-ce qu’elle en fait de ces ondes ?

- Les neutraliser. Le programme tourne en boucle avec cet objectif.

Oui, c’était ça, tous les jours, Magnet analysait cette onde, la déformait, l’utilisait, échouait puis recommençait et… On l’empoigna par l’épaule. Kelvin donna un violent coup de coude en arrière pour se dégager mais regretta vite son geste en sentant la douleur monter. Une veste renforcée ? D’où les gens portaient des vestes renforcées ?!

- Je peux savoir ce que des sbires Magma font ici ?

Juché derrière lui se tenait un homme d’à peu près sa corpulence et qui semblait plus qu’en colère de les voir. Kelvin devait reconnaître qu’il avait de l’assurance, pas comme l’autre gars en tenue de chantier qui les observait de loin en tremblant.

- J’allais te poser la même question, nargua Kelvin. Il y a de plus jolis endroits pour une balade. Ah et pour info…

L’importun esquiva d’un cheveu l’attaque Gyroballe de Chartor, se préparant à contre attaquer avant de vite changer d’avis en voyant des rochers se matérialiser au-dessus de lui. Sa mine assurée se décomposant quand Ignacio ordonna à son Limagma de relâcher Eboulement.

- On n’est pas des sbires ! hurla Kelvin pour qu’il l’entende au milieu de tout ce raffut… s’il avait encore une boite crânienne pour entendre, bien entendu.

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