Derkomai's Mask

Chapitre 13 : Profitez des églantines

6917 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/03/2024 17:21

« L’appartement 13 ». Une demeure connue des enfants de Lavandia comme étant la tanière d’un horrible monstre. Les rumeurs disaient que lorsque l’on se promenait la nuit à proximité, on pouvait entendre des grognements et parfois même des cris clamant vengeance à qui voudrait l’entendre. Et le pire, c’est que personne ne voulait les croire. Ni le gentil papy qui y habitait habituellement, ni les adultes qui se contentaient de soupirer de lassitude à l’entente de toutes ces histoires.

Pourtant, ce matin, les grognements du monstre étaient encore bien audibles. Et les enfants obligés de passer devant l’appartement maudit pour rejoindre l’ascenseur de la résidence longeaient le mur opposé en priant pour ne pas se faire dévorer.

Toutefois, ils n’avaient pas grand-chose à craindre. Le fameux monstre qui les terrifiait dormait paisiblement, la bouche grande ouverte avec un léger filet de bave qui coulait sur son clavier.

- Sprint, grogna le pokémon électrique en tirant sur la combinaison de son maître.

Un grondement guttural lui répondit en même temps que le vieillard relevait sa tête, ses yeux à moitié ouverts et la marque des touches imprimées en rouge sur sa joue.

- Quelle heure est-il ? demanda le champion d’une voix encore somnolente.

Elecsprint s’empressa de ramener le réveil à son maître. Voltère y jeta un bref coup d’œil tout en étirant ses bras.

- J’aurais pu dormir encore un peu, remarqua-t-il.

Le pokémon gronda, tenant à rappeler au champion son devoir.

- Oh tu sais, un jour de plus, un jour de moins. Si les dresseurs veulent vraiment leur badge, ils sauront attendre. Et puis… je préfère que vous vous reposiez encore un peu avant de reprendre les combats.

Le monstre au pelage bleu retourna poser le réveil sur la table. Il avait compris le message, pas de combats d’arènes aujourd’hui non plus.

- Allez, je dois préparer le petit-déjeuner, se motiva le vieillard.

Il n’aurait pas à se donner cette peine ce matin. Confiture, café, pain, jus d’orange, tout était déjà posé sur la table.

- Tu t’es levée tôt pour préparer tout ça, remarqua Voltère.

A vrai dire, à partir du moment où le vieillard s’était endormi, la jeune fille avait fait une croix sur sa nuit de sommeil. Voltère ronflait si fort qu’il faisait trembler les murs, à tel point qu’au début elle avait cru qu’un monstre avait pris possession de l’appartement.

- Tu fais une drôle de tête, remarqua le papy.

- Rep, acquiesça le pokémon son bol de lait entre les pattes.

Elle aurait bien voulu que son ami de feu lui apprenne son secret pour dormir avec un troupeau de donphans juste à côté. Mais par respect pour le maître des lieux, Serena se contenta de répondre par un timide « je vais bien ».

Voltère s’assit à sa place et remarqua quelques débris de porcelaines par terre, juste en dessous de la chaise du type feu. Il se doutait que le monstre avait eu un petit raté avant de pouvoir correctement saisir le bol.

- Au fait Serena, il faudrait que tu expliques à Reptincel qu’il ne peut pas entrer dans ma chambre sans permission.

- Reptin ? ne comprit pas le métamorphosé.

- Je ne t’en veux pas Reptincel, c’est juste que je ne veux pas que tu recommences.

Le pokémon agita vivement la tête pour faire comprendre qu’il n’avait rien fait.

- Salam… Reptincel, ce n’est pas bien de mentir, le corrigea la jeune fille.

Sacha posa son bol et se releva brusquement sur sa chaise. Il n’avait rien fait, alors pourquoi l’accusait-on ? Et puis Serena devrait savoir qu’il n’était pas un menteur !

- Cel ! Reptin ! clama-t-il pour sa défense.

La flamme du pokémon s’était faite plus intense. Serena avait soudain du mal à remettre en doute la sincérité de son pokémon.

- Vous êtes vraiment sûr que…

Serena s’arrêta, cherchant la bonne tournure de phrase pour ne pas froisser le vieil homme.

- Je n’ai pas rêvé. Et je ne suis pas encore assez sénile pour inventer des choses, dit Voltère.

Les yeux de la jeune fille faisaient des va-et-vient entre le champion et son ami. Le vieil homme frotta sa barbe, comprenant bien l’embarra dans lequel il mettait Serena.

- C’est bien d’avoir confiance en ses pokémons. Mais en tant que dresseuse, tu dois savoir prendre du recul.

Serena ne savait plus qui elle devait croire. Elle plongea ses yeux dans ceux du reptile et lui demanda :

- Tu n’as vraiment rien fait ?

Sacha détourna vite la tête, trop déstabilisé par le regard qu’elle lui lançait. Il avait de la chance qu’avec la nouvelle couleur de ses écailles, leur changement de teinte n’était plus discernable. Mais si la jeune fille les avait touchées, elle aurait remarqué un brusque changement de température.

- Alors c’était vraiment toi ! se méprit la coordinatrice.

Sacha aurait voulu répliquer, mais cela signifiait s’exposer à nouveau au regard de sa dresseuse. Et cela, en ce moment, il en était bien incapable. Il secoua la tête. Serena était son amie, il n’allait tout de même pas avoir peur de la regarder. Il leva à nouveau les yeux vers elle pour clamer son innocence… mais elle avait les bras croisés et son visage sévère lui faisait bien comprendre que sa chance était passée.

- Rep, soupira-t-il.

Voltère avait fini ses biscottes et son café et il avait bien envie de savoir si Lavandia ne souffrait pas trop du récent ralentissement des serveurs. Il alluma la télévision et se mit en quête de la télécommande cachée sous les coussins.

« Voici maintenant la finale tant attendue ! »

Même sans regarder, Voltère devinait qu’il était sur la chaine « Direct Concours », surtout en entendant la voix si caractéristique de Viviane Meridian. Il n’était pas vraiment étonné que ce soit cette chaine qui apparaisse en premier sachant qu’il abritait une jeune coordinatrice sous son toit. Elle avait bien dû se trouver une occupation pendant qu’il se cassait la tête à décoder des paquets de données.

- Cel !

Le cri du pokémon fit sursauter le champion. Reptincel montrait la télévision d’une de ses griffes tout en tirant la robe de sa dresseuse.

- Flora ? s’étonna la jeune fille en s’approchant à toute vitesse du petit écran.

L’amie de Serena était en plein combat avec Givrali. Voltère eut un petit sourire et posa la télécommande sur le canapé.

- Tu la connais ?

Serena ne l’écoutait déjà plus, captivée par le combat qui se déroulait. La coordinatrice devait affronter un Typhlosion alors que son propre pokémon était de type glace. Même si Serena savait que l’avantage de type n’était pas l’assurance d’un combat gagné, elle ne pouvait s’empêcher d’être inquiète pour Flora.

Durant tout le combat, la kalosienne ne lâcha pas du regard le pokémon bleu qui sautait avec grâce, laissant à chaque fois une trainée blanche derrière lui pendant qu’il s’envolait au-dessus les flammes.

- Attention ! cria Serena.

Une Déflagration fonçait sur le pokémon poudreuse. Celui-ci ne paniqua pas et ouvrit la bouche pour générer un puissant Laser Glace. Serena fut stupéfaite, comme la plupart des gens qui assistaient au concours, de voir que les flammes étaient désormais emprisonnées dans des tourelles de glace. Elles continuaient de brûler dans leur écrin, déversant une lueur fantomatique sur le terrain qui sublimait le pelage bleu de Givrali.

Flora et son pokémon n’en avaient pas encore fini, les piliers se brisèrent et les éclats de glace au cœur de flamme entourèrent Givrali. Les deux longues excroissances qui tombaient de part et d’autre de son visage volaient au milieu du blizzard fantasque.

La forme de Givrali se fondit au milieu de la glace, le rendant indiscernable aux yeux de Typhlosion. Le pokémon feu subjugué par ce spectacle n’entendit pas l’ordre de son dresseur et finit gelé sur place, incapable de poursuivre. La commentatrice après avoir repris ses esprits s’empressa d’annoncer la victoire de Flora sous les clameurs d’un public charmé.

- Elle a gagné, souffla Serena en s’écroulant dans le canapé.

- Et sa prestation était incroyable. Dire que je l’ai rencontrée alors qu’elle n’était qu’une débutante, ça ne me rajeunit pas, soupira le vieillard.

- Cel, approuva Sacha les bras croisés.

Voltère leva un sourcil. A ce qu’il sache, Reptincel n’avait pas connu Flora à ses débuts.

- Si on essayait de la contacter, proposa Serena à son pokémon.

Sacha acquiesça, lui aussi voulait féliciter sa vieille amie. Serena se doutait que Flora passerait forcément par le centre pokémon. Ainsi, elle demanda à l’infirmière d’Algatia de faire passer le message.

Ce fut moins d’une heure plus tard que Flora rappela chez Voltère, ravie de revoir la kalosienne. Mais elle déchanta vite en remarquant le visage épuisé de Serena et surtout la longue bande blanche qui s’enroulait autour du cou de la jeune fille.

- Qu’est-ce qui t’es arrivé ?

Serena avait l’impression d’entendre sa mère. Elle fit de son mieux pour rassurer Flora à grand renfort d’euphémismes. La native d'Hoenn tapotait nerveusement son doigt sur son bras, montrant bien qu’elle ne croyait pas un traitre mot de la jeune coordinatrice.

- Ta dernière attaque était incroyable. Je ne pensais pas qu’on pouvait combiner ainsi le feu et la glace, remarqua Serena voulant se défaire des suspicions qui pesaient sur elle.

Flora hésita à répondre, mais finit par dire d’un ton renfrogné :

- Je t’avoue que l’idée de base ne venait pas de moi. Une amie m’a appris comment réaliser ce genre de combinaisons. D’ailleurs, peut-être que Sacha t’a parlé d’elle vu qu’ils ont voyagé un moment ensemble. Aurore, ça ne te dit rien ?

La jeune fille fit la moue, Sacha ne leur avait pas beaucoup parlé de ses voyages précédents et surtout…

- Ils étaient justes amis, précisa Flora.

- Je ne m’inquiétais pas ! s’écria Serena.

- Si tu le dis, se moqua la coordinatrice. Et Salamèche, comment va-t-il ?

Serena eut un petit sourire et prit dans ses bras le reptile qui essayait désespérément de se mettre au niveau de l’écran. La dresseuse faillit lâcher le monstre, surprise par son nouveau poids.

- Il a déjà évolué ? s’étonna Flora.

Serena souffla d’épuisement en reposant son pokémon.

- Oui, mais j’aurais préféré qu’il évite de se mettre en danger, expliqua la dresseuse.

- Un peu comme avec le chasseur de pokémon.

Flora venait peut-être de trouver un moyen de faire parler la jeune fille. Mais Serena ne répondait pas, le regard perdu dans le vide.

- Serena ?

La dresseuse fixait son ami de feu. L’attaque surpuissante, la pokéball qui n’avait pas fonctionné, le fait qu’elle n’ait pas pu le protéger correctement…

- Serena !? appela à nouveau Flora.

La coordinatrice sursauta. Comme si elle venait de se souvenir qu’elle était en plein appel.

- Tu penses qu’on pourra s’affronter ? demanda Serena. Comme tu es à l’autre bout de la région je ne sais pas si…

- Je ne vais pas te laisser remporter tes rubans si facilement, plaisanta la fille d’Hoenn. Même si c’est vrai qu’il va me falloir un peu de temps avant de te rejoindre. Mais profites-en pour te familiariser avec les concours, que je puisse t’affronter à ton meilleur niveau, finit-elle avec un clin d’œil.

Serena ne savait pas si elle pourrait offrir un combat digne de ce nom à Flora. Surtout qu’elle n’avait gagné aucun ruban pour l’instant.

- Reptin ! s’enthousiasma le type feu.

Toujours aussi optimiste. Mais cela rappela à Serena la promesse qu’elle avait faite à Atalante.

- Je n’ai pas l’intention de perdre, prévint Serena.

L’appel finit, Serena s’écroula sur sa chaise en se tenant la tête. Comment allait-elle parer les combinaisons de Flora ?


***


Sacha ne comprenait pas ce que son amie était en train de manigancer. Cela faisait plusieurs heures que la jeune fille fixait une feuille blanche. De temps en temps elle prenait un crayon de couleur, mais elle ne tardait pas à le reposer en poussant un râle de désespoir. Le métamorphosé commençait à croire que son amie avait pris trop de chocs électriques.

- Cel ? questionna le faux-pokémon d’une voix peu assurée.

- J’ai trouvé ! cria soudain Serena en se levant de sa chaise.

Elle attrapa un crayon rouge et se mit à barbouiller la feuille dans tous les sens sous le regard circonspect de Sacha. Une fois son travail achevé, la jeune fille eut un petit sourire. Elle faisait quelques mouvements de tête comme pour s’approuver elle-même.

- Ta-dam ! dit-elle toute fière.

Sacha fixa l’étrange fresque sans comprendre. Il ne voyait qu’un mélange de rouge et d’orange avec ce qu’il devinait être un reptincel difforme entouré de zigzagues jaune.

- Tu vas faire fureur si tu arrives à maîtriser cette combinaison.

Il voulait bien la croire, mais encore fallait-il qu’il comprenne ce qui était dessiné.

- J’espère qu’on y arrivera avant le concours de Vergazon.

Arriver à quoi ? Le faux-pokémon se concentrait intensément dans l'espoir de décoder cet amas de couleur.

- Ça ne va pas ? questionna Serena.

- Rep, mentit Sacha avec un sourire forcé.

La jeune fille plissa les yeux. La flamme sur la queue du lézard s’était faite plus petite et il faisait bien attention de ne pas croiser son regard.

- Donc… tu te sens prêt à apprendre Hydrocanon.

- CEL !?

Sacha ne comprit que trop tard le piège qu’elle lui avait tendu. Serena regarda à nouveau son dessin avec un soupir de désespoir.

- Je dessine si mal que ça ?

Sacha n’irait pas jusque-là. Après tout, il avait quand même réussi à reconnaitre un reptincel. La coordinatrice reprit son dessin et tout en montrant du doigt les différentes parties expliqua :

- Ça c’est toi. Je me suis dit que tu pourrais utiliser ton attaque Danse Flammes pour encercler notre ennemi. Ensuite, tu irais au contact en imprégnant ton Poing Eclair des flammes précédemment lancées. Tu sais, comme ce que tu avais fait contre Alty. Je pense que ça donnera une combinaison aussi belle que puissante, finit-elle en posant la feuille sur ses genoux.

Sacha acquiesça, l’idée lui paraissait bonne. Mais est-ce qu’il arriverait à l’exécuter ? Surtout que son attaque Poing Eclair…

- Voltère m’a dit que sa résidence possédait un terrain privé. On peut aller s’y entrainer.

- Sa…

Le monstre de feu n’avait pas l’air très motivé.

- Désolée, c’est vrai que tu dois encore être fatigué. On s’y mettra dès que tu auras retrouvé toutes tes forces, proposa la jeune fille.

Le pokémon acquiesça en jetant un coup d’œil à ses mains. Serena le sentait inconfortable. Peut-être n’aimait-il pas son idée mais ne voulait pas lui dire de peur de la froisser. La jeune fille enfila son manteau et remit son chapeau sur sa tête avant de proposer :

- Ça te dit d’aller faire un tour en ville ? On en profitera pour faire quelques courses.

A sa grande surprise, le pokémon refusa. Serena s’agenouilla pour essayer de comprendre ce qu’il lui arrivait. Mais le reptile la poussa gentiment tout en lui faisant signe de sortir sans lui.

- Tu es sûr ?

Le pokémon fit un geste de tête timide. Serena eut un pincement au cœur, mais finit par quitter l’appartement en laissant son monstre derrière elle.


***


Serena commençait à avoir mal aux jambes. Il faut dire que cela faisait déjà un moment qu’elle était dans la file d’attente et elle n’avait pas beaucoup avancé.

- Alors cela fera un million cinq cent mille pokédollars et… un million cinq cent mille ? Excusez-moi un instant… dit la caissière, rassurant un peu le pauvre client qui n’avait acheté qu’un Soda Cool.

Les gens qui patientaient derrière levèrent les yeux au ciel ou regardèrent leur montre en fronçant les sourcils. Il faut dire que depuis ce matin, les erreurs de ce genre s’enchainaient un peu partout dans la ville. Des feux de signalisation qui dysfonctionnaient, des panneaux d’affichages qui se trompaient d’information, des caisses qui tournaient au ralenti… tout cela mit bout à bout éprouvait les nerfs de la population de Lavandia.

- Pourquoi ça tombe toujours sur moi, se lamenta un des voisins de file de Serena.

Etrange, la jeune fille se posait exactement la même question. En plus, son panier commençait sérieusement à peser sur son bras. Pourtant elle n’avait pas pris grand-chose. Des pansements, des potions, de la nourriture, du matériel de couture et quelques cosmétiques et autres produits qu’elle considérait indispensable.

- Piègle ! s’enthousiasma son pokémon.

Il s’amusait à faire des figures sur les caddies des personnes juste derrière, provoquant grimaces et plaintes dans la file d’attente alors que les deux lapins électriques applaudissaient, impressionnés par la performance.

- Atten…

Trop tard, le monstre avait glissé et était tombé tête la première dans une pyramide de boîtes de conserve. Si cela avait été un jeu de Chamboule-Tout le pokémon aurait fait un carton plein, mais les regards noirs des employés et les soupirs agacés des autres clients signifiaient bien que le monstre n’aurait pas le droit à son grand prix.

Serena fut ainsi obligée d’abandonner sa place pour s’excuser et réparer les erreurs du panda.

- Pandes… s’excusait pour la énième fois le pokémon en tendant une boîte à Roussil.

- Ne t’inquiète pas pour si peu, le rassura la jeune fille.

Et effectivement, cette petite bêtise n’ennuyait pas Serena, surtout quand elle se remémorait tous les problèmes et soucis que lui avaient apporté son reptile de feu.

- Il est épuisant, se lamenta-t-elle.

Sur la pointe des pieds, le bras tendu à l’extrême, Serena sentit soudain une vive douleur déchirer sa jambe. Elle battit des bras dans le vide avec la boîte en aluminium toujours dans sa main avant de définitivement perdre l'équilibre.

- Nympha… souffla le pokémon après avoir entouré de ses rubans la taille de sa dresseuse et évité qu’elle ne pulvérise le record de Pandespiègle.

- Rou, gronda gentiment la renarde les bras croisés.

Serena resta un moment à fixer les étiquettes colorées. Est-ce que simplement penser à la salamandre suffisait à lui attirer des problèmes ? La jeune fille se remit correctement sur ses appuis, elle sentait une sorte de brûlure diffuse dans sa cuisse et son mollet. Elle posa avec précaution sa boîte de conserve sur la pile. Quand bien même il lui causait toujours des ennuis… elle préférait quand il était avec elle.

Leur travail fini, l’épreuve de la file d’attente terminée, il ne leur restait plus qu’à rentrer chez Voltère.

- Posi ! s’exclama le lapin en montrant un marchand de glace.

Ses yeux brillaient et l’excitation transparaissait dans sa voix. Serena fit mine de réfléchir sous le regard inquiet du petit pokémon.

- Vous en voulez aussi ? demanda-t-elle au reste de son équipe.

Ce fut un vrai élan de joie, même Roussil ne put s’empêcher de pousser une exclamation de satisfaction. Serena se garda bien de pouffer de rire. Après tout, ses amis avaient bien le droit à ce petit plaisir après ce qu’ils avaient vécu à la centrale.

Alors qu’elle les regardait se régaler, Serena ne pouvait s’empêcher de regretter que ce gourmand de Reptincel ne puisse pas en profiter.

- Rou ?

Serena remarqua sa glace qui fondait sur ses doigts. Elle écarta vite la crème glacée pour éviter qu’elle ne tache ses vêtements.

- Pourquoi il tenait tant à rester chez Voltère, soupira la jeune fille.

Une idée vint soudain lui titiller l’esprit. Elle se dépêcha de finir sa glace et pressa ses pokémons pour retourner chez le champion. Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt !

Elle entra en trombe dans l’appartement et appela son ami de feu. Mais elle ne reçut aucune réponse.

- Tu es déjà rentrée des…

- Où est-il !? cria-t-elle.

- Qui ça ? ne comprit pas le champion écrasé par le regard de la jeune fille.

- Salamè… Reptincel ! se corrigea-t-elle au dernier moment.

- Il me semble qu’il est sorti, réfléchit le vieil homme en se souvenant avoir entendu une porte claquer peu de temps après que la jeune fille ait quitté l’appartement.

- Et vous ne l’avez pas arrêté !? s’énerva la dresseuse.

- Tu sais c’est un Reptincel maintenant, il peut se promener seul.

- Vous ne comprenez pas c’est…

La jeune fille baissa la tête, essayant de calmer les tremblements qui la parcouraient :

- Ça lui est déjà arrivé de fuguer, finit-elle par expliquer.

Voltère croisa les bras, surpris que la jeune fille puisse croire que son pokémon s’était enfui.

- Tu crois vraiment qu’il te laisserait après avoir risqué sa vie pour toi à la centrale ? demanda l’inventeur avec un sourire moqueur.

La jeune fille ramena sa main près de son ruban, elle ne l’oubliait pas mais…

- Il l’aurait fait pour n’importe qui.

- C’est peut-être vrai, concéda le champion. Mais tu sais, j’ai l’impression qu’il n’aurait jamais eu la force de vous protéger et d’évoluer si ça n’avait pas été toi.

- Alors pourquoi est-il parti ? murmura la jeune fille.

La porte d’entrée grinça. Le reptile de feu ne comprit pas tout de suite pourquoi la dresseuse le regardait comme si elle venait de découvrir un pokémon légendaire.

- Reptin ? essaya Sacha pour la faire réagir.

- Tu n’étais pas… enfin… Qu’est-ce que tu faisais ? bredouilla-t-elle.

Le monstre se gratta la joue en détournant le regard.

- Tu vas le vexer si tu ne lui fais pas plus confiance, se moqua Voltère.


***


Sacha fermait les yeux, concentré sur la sensation de picotement qui parcourait ses mains. Respirer lentement, ne pas bouger, jusqu’à ce que naissent des petits arcs électriques entre ses griffes. C’était le moment. Le faux-pokémon donna un coup de poing dans le vide en même temps qu’il expirait.

"Encore loupé," soupira Posipi.

Sacha regarda sa main. Il avait essayé de s’entrainer seul pendant que Serena faisait les courses, mais il n’était arrivé à rien. Trop frustré pour dormir, il était finalement retourné sur le terrain de combat de la résidence pour poursuivre son entrainement. Sauf qu’après plusieurs heures, pas le moindre progrès n’était visible.

Négapi bailla, découvrant ses petites canines pointues. Sacha en avait honte, mais il avait réveillé les types électriques en pleine nuit pour leur demander leur aide.

"Ça aurait été plus simple si tu lui avais dit que tu avais du mal avec Poing Eclair," remarqua Négapi.

Sacha baissa la tête, il en avait assez de ne jamais réussir à produire d’attaques convenables. Et Serena semblait tellement tenir à cette combinaison qu’il n’avait pas eu le cœur de la décevoir. Quitte à sacrifier sa nuit de sommeil et, malheureusement, celle des deux lapins.

"On va te remontrer comment faire. Observe-nous bien," proposa Posipi.

Sacha acquiesça. Comme Roussil, l’utilisation d’attaques était naturelle pour les frères, alors ils étaient incapables de donner des astuces ou conseils au reptile.

" Reptincel, concentre-toi, " rappela Négapi qui voulait juste retourner dormir.

" Je suis concentré, se lamenta le faux-monstre, et mon prénom c’est Sacha. "

" Un prénom ? C’est une manie d’humain ça, " releva le pokémon aux joues bleues.

" C’est parce que j’en suis un. "

A cette remarque, Négapi explosa de rire. Il se tenait le ventre et se roulait par terre sous les yeux gênés de son frère.

" Comment tu peux dire ça de manière aussi sérieuse ?" s’esclaffa le monstre.

" Mais je ne plaisante pas, j’ai été transformé et…" bougonna Sacha.

" J’ai compris," le coupa Négapi. "Maintenant dépêche-toi d’apprendre à utiliser Poing Eclair qu’on puisse se coucher. "

Sacha sentait bien qu’il allait juste passer pour un fou s’il insistait. Il frappa ses joues, le plus important était l’entrainement, même s'il devait y passer toute sa nuit et la journée de demain. Mais cela n'était pas tout à fait dans les plans de ses professeurs. Posipi, constatant que tous les essais se soldaient irrémédiablement par un échec, proposa alors :

"Essaye de te souvenir de ce que tu as ressenti à la centrale et reproduis-le."

Sacha gratta sa tempe. Le combat contre Magnet était si confus qu’il ne gardait que peu de souvenirs. A part peut-être… Le reptile fouetta le sol avec sa queue. Le souvenir de Serena qui faisait barrage avec son corps pour le protéger électrifia sa mémoire. Comment tu as pu prendre autant de risque !? fulmina Sacha.

Le métamorphosé sentit l’air vibrer autour de lui. Il baissa la tête et découvrit que ses poings étaient nimbés par les éclairs. Ils se dissipèrent au bout de quelques secondes sans laisser de traces.

Si les deux frères se montraient déçus que la foudre n’ait pas duré plus longtemps, une autre personne peinait à retenir une exclamation de fierté. En effet, Serena épiait depuis un bon moment son ami à travers l’entrebâillure de la porte. Elle aurait peut-être dû l’arrêter plus tôt pour lui dire qu’elle trouverait autre chose et qu’il n’avait pas besoin de se donner autant de mal. Mais elle n’avait pas pu l’interrompre car voir son pokémon faire autant d’effort la rendait…

- Rou… chuchota le pokémon qui en avait assez de jouer les pots de fleur à attendre sans bouger.

Serena souriait, sa joue posée contre le rebord de la porte, incapable de détacher son regard du monstre qui bougeait sur le terrain. Elle était si captivée qu’elle ne faisait pas attention à ce que pouvait penser la renarde.

- Il est vraiment incroyable, chuchota la jeune fille.

Roussil leva les yeux au ciel. Sa dresseuse l’avait réveillée en pleine nuit pour l’aider à retrouver le fugitif et maintenant elle restait ici sans bouger. En même temps, la renarde se doutait que malgré toutes les menaces que Serena avait pu dire, elle finirait par abandonner dès qu’elle croiserait le regard de son faux pokémon. Et ça n’avait pas manqué, au point que Roussil se demandait si elle n’avait pas acquis des pouvoirs divinatoires.

- Tu y es presque, murmura Serena.

La renarde soupira, son amie ne devrait pas enchaîner les nuits blanches.

Sacha ne rentra qu’au matin à l’appartement de Voltère. Les lapins épuisés étaient partis se coucher avant lui. C’était bien normal après toute l’énergie qu’ils avaient dépensée pour l’aider. Il observa sa main et se concentra jusqu’au moment où elle fut entourée d’éclairs. Il cessa vite son attaque et tout content ouvrit la porte de l’appartement.

La première chose qu’il sentit fut une douce odeur sucrée avant de remarquer l’assortiment de profiteroles disposées sur la table et Serena assise juste à côté. A quelle heure s’était-elle levée pour préparer tout ça et surtout pourquoi ?

- Merci, se contenta-t-elle de dire.

Sacha remarqua soudain les cernes qui pendaient sous les yeux de son amie. Ne me dites pas que…

- Reptin, cel, rep ? questionna le monstre en la pointant du doigt.

- Juste une envie comme ça, dit-elle feignant l’ignorance.


***


La piste cyclable n’était plus que l’ombre de ce qu’elle avait été. Elle qui accueillait tous les jours des centaines de dresseurs se retrouvait maintenant désertée, une vraie route fantôme jonchée de débris en tous genres et maculée de trous. Certainement pas le bon endroit pour se balader.

Et pourtant, une femme aux cheveux violets marchait au milieu du champ de ruine. Elle ne s’arrêta qu’au moment où elle trouva un homme rondouillard assis contre la rambarde en partie défoncée.

- Comment était la route ? s’enquit-il.

La mécanicienne mit ses mains dans les poches de sa salopette tout en vérifiant que les caméras de surveillance étaient toutes bien hors service.

- Sinueuse, répondit-elle finalement.

L’homme éclata de rire avant de se relever et de dépoussiérer sa combinaison verte.

- J’espère que ça ne t’a pas empêché d’accomplir ta mission. A moins que notre chère Adèle ait hésité à ne plus être la chouchoute du vieux sénile, dit-il en plissant les yeux.

La femme tira un petit appareil de sa poche et le lança à son acolyte. Toutefois, elle avait mis tellement de force que l’objet frappa le front de l’homme. Il n’eut pas le temps de se plaindre, s’empressant de rattraper l’objet avant qu’il ne tombe par terre.

- T’es folle ! se plaignit-il.

- Venant de quelqu’un qui a manqué de peu de tuer le champion et par la même de nous attirer de gros ennuis, la punition est légère. Tu ne trouves pas Kel ? appuya-t-elle bien le prénom du bandit.

Le dénommé Kel en avait assez de ce faux nom. Et puis ce n’était pas de sa faute si le vieillard était revenu plus tôt que prévu. Lui, il était tranquillement en train d’accomplir sa mission quand tous ses écrans avaient viré au rouge.

- Je n’allais pas laisser ce vieillard tout gâcher alors qu’il ne restait plus qu’une heure de téléchargement. Ça non merci.

- Eh bien tu n’avais qu’à être plus rapide, se lassa Adèle.

- C’est pas une petite I.A ce truc !

- Je croyais que tu te vantais d’être le meilleur informaticien du monde. Et puis on n’aurait pas été obligé de faire tout ça si tu avais été capable d’en construire une.

Sa collègue en avait de bonnes. Bien sûr qu’il pouvait en créer une aussi, voire plus sophistiquée. Mais cela prenait du temps, des années et Max n’avait pas l’air très chaud à l’idée d’attendre. L’homme regarda en haut à droite tout en se remémorant la grimace de son chef lorsqu’il lui avait annoncé que l’opération du vol de l’I.A prendrait plusieurs mois. Heureusement que la mission était une réussite, sinon il aurait perdu le respect de son leader.

Kel remarqua les yeux glaçants de sa collègue qui essayait de percer ses pensées. Il n’aimait pas quand elle faisait cela, encore moins quand il avait l’impression qu’elle lui disait : « Du respect pour toi ? Mais tu rêves mon pauvre. »

Quoi qu’il en soit, le plan était une réussite. Du moins si elle avait correctement fait son travail. Kel se décida enfin à appuyer sur le bouton de la machine que lui avait jeté Adèle. Il attendit quelques secondes le temps que les bruits parasites se dissipent pour permettre d’entendre la voix bien connue de Voltère. Et le plus important, le vieil homme était en train de discuter avec les directeurs de la ligue ainsi que les autres champions d’arène sur leurs prochains plans pour arrêter la fameuse Team Magma.

- Il est vraiment stupide d’avoir centralisé toutes les communications des champions par son propre réseau.

- Pas si stupide que ça vu le mal qu’on a eu pour le pirater, dit Adèle d’un ton blasé.

- Chouchoute, tu l’aimais bien ce vieux. Et finalement ce n’était pas si compliqué avec mon virus.

- A condition d’accéder au data center planqué dans les tréfonds de New Lavandia, rappela Adèle.

- Stati ! gronda le pokémon en sortant de sa pokéball et en pointant Kel de sa minuscule patte.

- Je t’ai déjà dit de ne pas sortir sans autorisation, soupira la femme.

Elle lui caressa tout de même la tête, comprenant parfaitement la colère du petit monstre. C’était grâce à lui que le fameux virus avait été implanté aux serveurs, mais Kel ne lui accordait aucune reconnaissance. Pire même, l’Admin avait tout fait sauter sans même se préoccuper de si Statitik était toujours présent dans la salle.

- C’est bon, se défendit l’homme qui devinait parfaitement ce qui lui était reproché. De toute façon je ne pouvais pas savoir dans quelle salle il était avant que ton pokémon ne soit infiltré. Donc aucun risque là-dessus.

Adèle leva les yeux au ciel, Kel était vraiment le pire coéquipier possible. Même une gamine sortie de nulle part lui avait plus facilité la tâche que son propre « allié ».

- En fait Kel. Je comprends pour le piratage des communications, mais pourquoi Max voulait copier les données de l’I.A.

- C’est toujours utile. Et arrête de m’appeler Kel, on n’est plus à la centrale maintenant.

- Donc tu n’en sais rien, soupira-t-elle. Et c’est toi qui as commencé, je ne fais que te rendre la politesse.

L’homme croisa les bras d’un air boudeur. Il n’avait pas apprécié la première remarque de sa collègue, ni la deuxième d’ailleurs.

- Ce que je sais, ma chère Adèle, c’est que toute aide est la bienvenue quand on veut réveiller et contrôler un légendaire, rétorqua-t-il.

Il avait sorti plusieurs disques mémoires de sa poche et les exposait à la femme comme s’il s’agissait de trophées.

- Dis-moi Kel… pourquoi tu as rejoint Max ?

L’homme détourna la tête en se grattant la joue avant de répondre :

- Contrairement à toi, je ne faisais pas parti de la première Team qu’il a montée. Je l’ai rencontré alors qu’il était devenu un gars sans histoire, un peu froid mais vachement intelligent. Mais tu vois l’intelligence du gars qui prévoit tout.

- Avec une certaine bienveillance vis-à-vis de ses subordonnés.

- J’étais son assistant, pas son subordonné ! Mais ouais, je me sentais bien quand je travaillais avec lui et puis un jour…

- Il t’a dit qu’il reformait la Team et qu’il comptait sur ton aide.

- Assez pour me nommer Admin en tous cas.

La mécanicienne baissa la tête, semblant ressasser les éléments qui l’ennuyaient.

- Tu rêves ? demanda Kel en agitant sa main sous le nez de la femme.

- Tu sais. J’ai fait partie de la précédente Team Magma et je n’étais qu’une Sbire à l’époque. Je l’admirais. C’était un homme qui semblait froid, voir même calculateur. Mais quand ses subordonnés étaient en danger, aussi bas dans la hiérarchie soient-ils, il répondait toujours présent. Mais…

- Crache le morceau.

- Il avait des idéaux. Et les Admins de l’époque avaient tous en commun le fait de croire en ces idéaux. Alors que nous…

- C’est vrai que je m’en fiche un peu de son histoire d’étendre les terres… Mais ça ne change en rien ma loyauté ! se rebiffa Kel.

- C’est le problème. Nous, les Admins actuels, nous avons été nommés non pas parce que nous avons des idéaux, mais parce que nous l’admirons. Tu comprends ?

- Et ensuite ? Qu’est-ce que ça peut faire ?

La femme baissa la tête. Effectivement, cela ne changeait rien au fait qu’elle le suivrait jusqu’au bout mais…

- Tu ne trouves pas son regard… lointain ?

Cette fois Kel ne répliqua pas. Se contentant d’observer les bandes grises qui parcouraient sa combinaison.

- Moi je suis juste content de pouvoir définitivement quitter cette centrale et tous les idiots qui y travaillent.

- Personnellement, je les aimais bien. D’ailleurs, j’ai ma lettre de démission à donner, remarqua Adèle en sortant une enveloppe de sa poche.

Kel la lui chipa et se mit à lire le mot qu’elle contenait avec un petit rictus moqueur. La femme lui fit son fameux regard assassin, celui qui lui rappelait toujours que peu importe à quel point il lui était supérieur, elle aurait toujours le dessus. Docilement, il lui redonna le papier tout en marmonnant dans sa barbe :

- Je suis bien content de ne pas avoir à en rédiger une et…

Kel se figea. Il avait la sensation d’étouffer, d’être écrasé par une pression invisible. Et vu la tête de son acolyte, il ne devait pas être le seul à le ressentir. Ils se tournèrent en même temps et remarquèrent non loin un pokémon qui contenait son rire entre ses pattes.

- C’est toi Reptincel ? Tu ne devrais pas être avec Serena ? déglutit la femme.

Le pokémon s’avança vers eux. Les débris n’entravaient en rien sa progression, c’était comme s’il lévitait au-dessus d’eux.

- N’approche pas ! cria Adèle.

L’homme sursauta, c’était la première fois qu’il la voyait vraiment perdre son sang-froid. Le reptile l’écouta et s’arrêta, se tenant au milieu des morceaux de bétons et de verres gisant tels des cadavres sur la voie tortueuse.

- Lance-Flammes ! hurla la femme à son Démolosse qu’elle venait d’appeler.

La silhouette du reptile s’évapora au milieu du torrent de flammes. Les deux Admins s’échangèrent un regard, ne croyant pas qu’ils aient pu se débarrasser si facilement du monstre.

- Dépêche-toi de filer ta lettre de démission et ensuite on se barre, articula Kel d’une voix tremblante.

Le monstre de feu était pourtant toujours bien là. Mais il les observait depuis le ciel entouré d’une lumière rosée. Les écailles se transformèrent soudain en poils, les épaisses pattes en de fins membres et les traits rugueux s’adoucirent.

Alors je me suis inquiété pour rien. Ces humains n’ont aucune chance de les réveiller, ils n’en ont peut-être même pas la volonté.

Mew continuait d’observer ces petits être en contrebas qui s’agitaient sur le sol. Pouvait-il vraiment en être sûr alors que lui-même connaissait les capacités de cette espèce. Après tout, c’était grâce à certains d’entre eux qu’il avait changé. Quoique… dans ce cas précis, ce n’était pas tout à fait la même chose.

Les humains n’ont pas fonction de les réveiller, corrigea-t-il pour se rassurer.

Le pokémon eut un petit rire, comme s’il se moquait de sa propre bêtise.

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