Derkomai's Mask
Cinquante. C’était le nombre de dresseurs inscrits au concours. Serena avait été la dix-neuvième à passer, il restait donc encore à voir les performances de trente et un coordinateurs. Et chacun d’eux, comme tous ceux passés avant, devait monter sur scène, saluer la foule, exécuter une performance d’environ trois minutes et enfin quitter les feux des projecteurs pour laisser sa place au suivant.
Attendre de passer, attendre les résultats, toujours attendre. Est-ce que les organisateurs de cette compétition prenaient un malin plaisir à jouer avec les nerfs des concurrents ? Serena commençait sérieusement à y croire. Elle regrettait les phases qualificatives des salons. Vous montiez sur scène, vous exécutiez la performance à thème et presque dans la foulée le résultat était annoncé. Une méthode expéditive, qui ne vous laissait pas le temps de souffler entre l’action et l’inertie. L’angoisse et l’anxiété existaient toujours, mais on manquait de temps pour en avoir vraiment conscience.
Là, Serena avait tout le loisir de repenser à sa performance. Evidemment, les seuls moments qui martelaient sa tête étaient ceux où elle avait mal coordonné un de ses pas ou que l’attaque n’était pas arrivée pile au moment qu’elle voulait. Elle comptait ses erreurs tout en comparant sa prestation aux autres. Même sans compter Atalante, Serena avait l’impression que tout le monde faisait mieux qu’elle.
La jeune fille avait le sentiment que la température dans la salle d’attente avait encore augmenté. Et ce n’était pas uniquement dû aux types feus qui attendaient à l’extérieur de leurs pokéballs. Les bavardages perdaient aussi en force au fil du temps. Les grandes tirades et les déclarations de victoire du début s’étaient tues. C’était tout juste s’il y avait un commentaire quand un dresseur passait, à la rigueur une blague pour détendre l’atmosphère suffocante.
Seul Liseron restait fidèle à lui-même. Ce garçon avait une grande maîtrise dans l’art du persiflage et il n’hésitait pas à utiliser cette « qualité » pour faire redescendre sur terre les dresseurs qui quelques secondes avant se prenaient pour les rois du monde. Personne n’osait le contredire ou protester car nul ne pouvait nier le talent du dresseur au sourire sardonique.
Serena le regardait faire. Le comportement du dresseur l’agaçait, mais elle ne serait clairement pas la rebelle du groupe. De toute façon, Liseron n’avait rien dit au sujet de sa performance alors elle n’avait pas vraiment de raison de faire un coup d’esclandre. En même temps, être ignorée ne la rassurait pas non plus. La dresseuse leva la tête vers les néons dont la lumière était atténuée par la poussière. Elle était déjà au courant qu’elle ne pourrait pas gagner, mais quitte à perdre elle voulait au moins que ce soit d’une manière décente.
Le dernier coordinateur salua la foule. Serena souffla, elle allait enfin être fixée. Elle n’était pas la seule à être dans cet état, tout le monde n’avait qu’une hâte : être libéré de l’incertitude. La présentatrice Viviane Meridian n’était pourtant pas encore disposée à faire cette faveur aux valeureux concurrents. Elle préféra s’adresser à la foule et leur donner une longue explication sur comment ils devaient voter pour leurs coordinateurs favoris. Dix, ils devaient choisir les dix dresseurs qui selon eux méritaient d’accéder à la seconde phase.
- C’était plus simple quand c’était uniquement le jury qui choisissait, pesta un coordinateur.
- Moi aussi je n’aime pas voir mon travail jugé par des gens qui n’y connaissent rien, renchérit un autre dresseur. Au moins, pour la deuxième phase, ce sera juste le jury qui évaluera les prestations.
- Encore heureux, tu imagines le bazar s'ils avaient aussi changé ça !
La rumeur se répandit, comme si se plaindre allait changer quoi que ce soit aux résultats. La présentatrice Meridian hurla à nouveau, brisant les oreilles des dresseurs épuisés. Le décompte avait été fait, il était temps d’afficher le visage des sélectionnés. Le grand écran plasma attira encore une fois tous les regards. Les visages d’Atalante et de Liseron apparurent en premier, mais personne n’en fut étonné. Maintenant, les gens rassemblés dans la petite pièce retenaient leur souffle dans l’attente désespérée de voir des traits familiers.
Serena fermait les yeux. Finalement, elle ne voulait pas savoir. La jeune fille s’effrayait de ses propres contradictions, mais c’était plus fort qu’elle. Les cris de joie fusaient aux quatre coins de la pièce, ils représentaient une chance en moins pour elle d’être parmi les élus.
- Sala ! entendit-elle.
C’était son pokémon ? Du moins ça y ressemblait. Elle osa ouvrir les yeux, tous les visages étaient finalement affichés. Elle commença par le dernier, ce n’était pas elle. Elle continua de remonter une à une les photos. Toujours pas, toujours pas, et son cœur qui cognait au point de faire vibrer ses poumons. Elle s’arrêta, détailla avec attention chaque trait d’un visage qu’elle pensait connaître. Toujours peu sûre d’elle, la jeune fille baissa son regard vers ses pokémons, leurs sourires satisfaits lui firent bien comprendre qu’elle ne se méprenait pas. Sixième. Elle était sixième !
- On a réussi ! cria Serena.
Cette explosion de joie lui valut les regards hargneux des autres participants, mais elle ne les remarqua pas, trop occupée à féliciter ses pokémons.
- Bien, nous allons maintenant passer au tirage au sort des combats, proposa une Viviane déchainée très vite encouragée par les cris de la foule.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Cette fois on ne perdait pas de temps. Le visage de Serena se ferma alors qu’un goût acre emplissait sa bouche en voyant le visage de son premier adversaire.
- Atalante, dit-elle hébétée.
Elle espérait que quelqu’un vienne lui dire que ce n’était qu’une mauvaise blague, ou un cauchemar. C’était sans doute ça, elle était dans son lit et à cause du stress, elle rêvait de la compétition. Bientôt, elle allait se réveiller et le monde aurait la décence de ne pas lui mettre la meilleure coordinatrice d’Hoenn comme premier adversaire. Surtout quand on savait la promesse qu’elle avait faite à une certaine salamandre.
Serena baissa la tête vers son monstre, espérant qu’il demande de lui-même à ne pas affronter la Top coordinatrice. La jeune fille savait que Salamèche n’était pas bête, même s’il aimait foncer, il se rendrait forcément compte cette fois de la différence de niveau. Mais son ami était déjà en train de pratiquer quelques étirements sans se soucier du fait qu’il allait être envoyé directement au hors combat. Serena ramena sa main contre son cœur, comment lui dire… Montre toi ferme et explique-lui que se battre contre Atalante n’est pas raisonnable, souffla la raison de Serena.
- Roussil, tu veux bien combattre avec moi pour le premier tour ? demanda la jeune fille avec un sourire crispé.
Serena n’aurait jamais cru qu’il était possible d’autant s’insulter soi-même. Pourtant, c’était bien ce que son moi et son surmoi étaient en train de faire vu comment elle se dégonflait. De toute façon, la renarde n’accepta pas et fit bien signe que la dresseuse devait parler au principal intéressé. Tu ne m’aides pas, se lamenta Serena. La jeune fille prit pourtant son courage à deux mains et se mit à genou pour parler au reptile de feu.
- Je suis désolée Salamèche, mais ce combat risque d’être difficile, trop pour ton premier match officiel…
Le cri du pokémon feu la coupa, elle fut surprise du regard qu’il lui lançait, il mélangeait colère et peine.
- Crois-moi Salamèche, j’ai confiance en toi, mais ce match n'est pas…
- Mèche ! cria de nouveau le pokémon.
Le feu brulait les entrailles du métamorphosé en voyant ces grands yeux bleus qui jugeaient sa faiblesse. Atalante était forte, et alors ? Le métamorphosé était quand même le finaliste de la ligue de Kalos, le dresseur au style imprévisible. Il trouverait bien une solution pour contrer la Top coordinatrice, Serena n’aurait qu’à suivre.
- De toute façon, peu importe le pokémon que tu choisiras ça ne changera rien, vint se moquer Liseron.
Par pitié, tout sauf les commentaires du blond ! Serena se sentait déjà suffisamment mal comme ça sans qu'il vienne en rajouter. Mais Sacha eut beau le fusiller du regard, le coordinateur ne se priva pas de vérifier sa montre dorée et de rappeler d'une mine faussement concernée:
- Tu es la première à passer. Dépêche-toi d’y aller et de te faire éliminer qu’on puisse commencer le vrai concours.
- Saaaa, siffla Sacha.
Serena n’aimait pas le ton que prenait son pokémon et à en juger par la réaction de Liseron, lui non plus n’avait pas apprécié. Son visage était blême, sa bouche s’ouvrait et se fermait comme pour chercher ses mots et il avait glissé une de ses mains dans la poche de son veston bleu. La dresseuse était surprise de cette réaction, elle le fut encore plus en voyant que l’expression de Liseron se muait en un profond dégoût. Pas celui qu’on éprouvait face à quelque chose qu’on n’aimait pas, mais quelque chose de plus primaire, instinctif, comme une phobie.
Liseron finit enfin par bouger et se dirigea vers la porte. Son pas était moins assuré et sa main ne quittait pas sa poche comme si elle agrippait quelque chose. Il jeta un dernier regard au petit être orange et finalement quitta la salle sous le regard étonné de tous les dresseurs présents.
- Qu’est-ce qui lui a pris ? s’étonna Serena. Quoi qu’il en soit Salamèche tu…
Il ne lui laissa pas le temps de terminer. Il se dirigea vers la porte laissée entrouverte et s’engagea dans le couloir qui mènerait au terrain. Serena venait de faire, devant tous les dresseurs présents, la preuve de son incroyable autorité et cela lui valut l’hilarité de ses compères. Rouge de honte, elle se leva et quitta la salle pour rejoindre son pokémon.
***
Tranquillement assise sur le terrain de combat, Alty nettoyait avec attention ses ailes cotonneuses. Il faut dire qu’elle n’avait pas grand-chose d’autre à faire vu que ses adversaires étaient en retard. Viviane vérifiait sa montre, prête à disqualifier la concurrente si elle ne se présentait pas dans les cinq prochaines minutes.
Atalante soupira, elle n’en voulait pas vraiment à Serena de la faire patienter. Au contraire, elle se doutait que la jeune fille devait être en train d’hésiter sur quel pokémon utiliser pour l’affronter. A choisir, la Top coordinatrice miserait sur Roussil malgré le désavantage de type. C’était la mieux coordonnée avec Serena lors de la première épreuve et celle qui semblait avoir le plus d’expérience. La star des concours devait avouer qu’elle avait hâte de faire ce combat, elle voulait voir ce que cette Serena valait et si elle avait le potentiel de se tenir parmi les plus grands.
Atalante remarqua que la foule dans les gradins était bien agitée. Elle tendit l’oreille pour entendre quelques brides de conversation et ne mit pas longtemps à comprendre le problème. Un peu partout, des lamentations s’élevaient à grand coup de « quand est-ce que ça commence ? » Le public avait pardonné Serena pour son premier retard, pas sûr qu’ils excuseraient celui-là.
- Tu as de la chance Serena. Je suis disposée à t’accorder une seconde faveur, pouffa Atalante.
La Top coordinatrice fouilla dans ses manchons cotonneux et en tira un micro-oreillette. Elle était bien décidée à faire en sorte que son public ne s’ennuie pas et pour ça, elle devait assurer le show. Son altaria comprit immédiatement ce qu’elle voulait et vola jusqu’à sa dresseuse pour l’entourer de ses ailes en formes de nuage. Atalante tendit la main vers son public et avec un clin d’œil doublé d’une voix enjôleuse annonça :
- C’est l’heure du spectacle magique d’Atalante !
Les gens se levèrent, applaudirent, scandèrent le nom de la Top coordinatrice. Et c’est dans cette ambiance survoltée que notre cher Salamèche entra sur le terrain accompagné de sa dresseuse paniquée.
Il y eut un grand silence quand le public les remarqua. Même Atalante perdit son rythme et manqua de peu de trébucher, heureusement son pokémon était là pour la rattraper discrètement. Salamèche était sans aucun doute le pokémon le plus faible de l’équipe de la jeune fille, voir même de toute la compétition. Le choix de la kalosienne était si aberrant qu’Atalante se demandait si Serena avait bien compris qui elle devait affronter, ou bien elle lui faisait une mauvaise blague.
- Serena, je ne pense pas que Salamèche soit un choix très judicieux… essaya de sourire la meilleure coordinatrice d’Hoenn.
Inutile de lui dire, la kalosienne en avait parfaitement conscience, mais le petit monstre refusait de l'écouter alors...
- C'est lui qui tient à combattre, avoua la jeune fille les épaules voutées.
Atalante retira son oreillette, ayant du mal à croire ce qu’elle venait d'entendre. Une sorte de supplication silencieuse de ne pas prendre ce match trop au sérieux et ainsi épargner au faible reptile des blessures inutiles.
Cette Serena se moquait d'elle ? Encore la Top coordinatrice pouvait comprendre que le jeune Salamèche n'ait pas un caractère facile ou envisager que la coordinatrice débutante ait du mal à dire « non » à son partenaire. Oui, Atalante aurait mille fois préféré… du moins elle aurait accepté ces excuses. Mais comment s'en convaincre quand les vraies pensées de la menteuse étaient si lisibles. Quelque chose du genre : « Que ce soit lui ou un autre de mes pokémons, de toute façon ça ne changera pas grand chose. » et Salamèche avait bon dos avec son « caractère obstiné ». Génial, splendide, son adversaire venait sur le terrain sans la moindre ambition de gagner. Une belle perte de temps en somme. Dire que la star des concours espérait que cette ancienne artiste devienne un jour une redoutable coordinatrice, capable de la pousser dans ses retranchements et de la faire briller comme jamais. Elle s’était trompée en beauté. Elle ne tirerait jamais rien d’une dresseuse avec aussi peu de volonté. Atalante soupira, elle n’avait plus du tout envie de se battre.
- Bien ! Nous allons pouvoir commencer le premier combat. Vous avez cinq minutes pour faire briller vos pokémons ! s’enflamma la commentatrice qui ne voulait pas perdre plus de temps.
Sacha était prêt à en découdre, Serena beaucoup moins. La cloche retentit, la kalosienne donna son premier ordre. Elle se rassura en voyant que son pokémon l’écoutait toujours, mais ce ne fut qu’une maigre consolation. Les flammes que le reptile avait lancées furent comme absorbées par le plumage d’Alty. Les ailes blanches brulaient, mais l’oiseau n’était pas affecté. Il s’envola laissant derrière lui une trainée de feu qui faisait scintiller le terrain de combat. Serena contempla le monstre bleu sans remarquer ses points qui descendaient à une vitesse folle. Ce ne fut que lorsqu’Alty passa devant le panneau d’affichage que la jeune fille remarqua que le cercle lumineux en dessous de sa photo s’était réduit d’un bon quart. Juste en parant l’attaque de Salamèche !? se terrifia Serena.
Sacha ne prenait pas compte de la panique de son amie, plus occupé à chercher un moyen de vaincre le partenaire d’Atalante. Il faut dire que la réflexion n’était pas simple avec ce monstre ailé qui n’arrêtait pas de lui foncer dessus.
- Attention !
Le cri de Serena lui permit de se dégager juste avant d’être atteint par Dracochoc. Sacha frissonna en remarquant le trou qui s’était formé à l’endroit où il se tenait quelques secondes plus tôt. C’est moi qu’il vise… C’était une constatation évidente et pourtant le métamorphosé venait tout juste d’en comprendre le sens. Il avait beau essayer de se contrôler, l’angoisse d’être atteint par une attaque ne le quittait pas. Il n’arrivait pas à penser à autre chose et dans ces conditions, impossible d’élaborer une stratégie.
Alty se posa au sol. Sacha se recula, paniqué à l’idée de ce que le pokémon lui réservait. Il fut brutalement arrêté par un obstacle dans son dos. Sacha sursauta et se retourna rapidement avant de se rendre compte que c’était la jambe de Serena qu’il avait percuté.
- Sala ! se souvint brutalement Sacha en ramenant son attention sur le monstre ailé.
Mais l'altaria n’avait pas bougé de sa place et se contentait de bailler.
- Salamèche, on devrait s’arrêter là, avoua Serena.
Sacha s’y opposa immédiatement et préféra foncer vers son adversaire avec l’espoir que le corps à corps fonctionnerait mieux que les attaques à distance. Alty regarda d’un œil ennuyé le petit monstre faiblard qui courrait vers lui. Il ne s’inquiéta pas des griffes qui fondirent sur lui et se contenta de les repousser du revers de son aile duveteuse.
- Ça ne te fait rien ? interrogea Atalante. Après avoir vu ta peur juste à l'idée que ton ami reste seul, je ne pensais pas que tu le laisserais se faire ridiculiser en public.
Serena se crispa et lança un regard nerveux à la salamandre. Le reptile soufflait bruyamment, arrivant déjà à ses limites.
- J’ai essayé de lui expliquer mais c’est lui qui tenait à tout prix à combattre ! se défendit la jeune fille.
- Ne rejette pas la faute sur Salamèche ! la réprimanda Atalante. En fait, tu devrais même le remercier. Il doit bien être le seul pokémon à accepter de se démener pour une dresseuse qui imagine sa défaite avant même le début d’un combat.
Serena resta tétanisée. Mais elle ne pouvait pas donner tort à son adversaire, à aucun moment elle n’avait pensé l’emporter.
« Abandonne ! »
Serena se tourna vers les gradins, elle ne savait pas d’où ce cri était venu. Il avait juste émergé de la foule, suffisamment fort pour dominer les autres sons.
« Tu nous fait perdre notre temps ! »
Encore ? La voix était différente, mais elle aussi venait des gens massés dans les gradins.
« Dégage ! »
Une nouvelle clameur, très vite suivie par d’autres du même acabit. Certaines personnes s’étaient même levées pour s’assurer que leur voix parvienne bien à la kalosienne. En entendant le cri de douleur de son pokémon, Serena reporta son attention sur le terrain et se dépêcha de lui donner ses directives. Elle essayait de faire abstraction des braillements du public, mais la colère des gens se faisait de plus en plus forte. Ils la huaient, se moquaient de l’idiotie de la jeune fille, critiquaient ceux qui avaient fait la bêtise de voter pour elle lors du premier tour.
- Mèche ! appela son pokémon la pressant de lui donner un nouvel ordre.
Mais la jeune fille bafouilla, s’empêtra dans ses mots qui devinrent un charabia incompréhensible. Son ami avait besoin d’elle, mais elle n’arrivait même pas à articuler correctement. Cela fit encore plus jaser la foule.
Serena avait du mal à respirer, elle avait l’impression que l’air était devenu une matière visqueuse qui dégoulinait dans ses bronches. Elle lança un regard de détresse à son adversaire, mais celle-ci se contenta de répondre acerbe :
- Je vais te donner un conseil : ne perds pas ton temps ni celui des autres à participer aux concours.
Atalante avait veillé à articuler chacun de ses mots pour bien faire comprendre qu’elle n’attendait plus rien de son adversaire. Serena sentit une brulure partir de son estomac, remonter derrière son sternum jusqu’à atteindre sa gorge. Elle voulait s’en aller, partir loin d’ici et ne plus jamais revenir. Je ne veux plus jamais faire de concours…
Sacha n’entendait plus d’ordres depuis un moment. Il se tourna vers la dresseuse, se demandant ce qu’elle faisait. Le faux-pokémon écarquilla les yeux. Son amie tremblait, sa peau était pâle, elle ne regardait même plus le combat en train de se dérouler. Elle était complètement paniquée. Sacha voulait lui redonner confiance et il avait réalisé l’exploit de faire tout l’inverse. Mais il ne savait pas quoi faire pour l’aider à part gagner ce combat. Fichu corps ! Tout serait réglé si j’avais plus de force !
- Alty, inutile de faire payer Salamèche pour l’incompétence de sa dresseuse, soupira Atalante.
Le métamorphosé se tourna vers la Top coordinatrice. Alty avait cessé ses attaques et retournait d’un pas nonchalant vers sa maîtresse. Il ne comprenait pas, c’était lui qui perdait, lui qui manquait de force alors pourquoi dire quelque chose d’aussi horrible au sujet de Serena.
Un frisson parcourut le corps du reptile. Il concentra son ouïe sur ce brouhaha indéchiffrable qu’il avait ignoré jusque-là. La vibration sonore vint frapper son tympan, s’amplifier à travers sa chaine ossiculaire jusqu’à atteindre sa cochlée. L’information mécanique fut transduite en un ensemble de signaux électriques et acheminée à son cerveau pour y être interprétée. L’information tourna un long moment entre les différentes aires cérébrales jusqu’à ce que Sacha en découvre le sens. Ils la critiquaient, arguaient qu’elle n’était qu’une idiote. Toute cette haine dirigée vers Serena terrifiait l’ancien humain.
Il se dépêcha de rejoindre la jeune fille qui agrippait nerveusement ses épaules. Elle murmurait des bouts de phrase de prime à bord incompréhensibles.
- Je suis irrécupérable.
Ce fut la seule chose que la jeune fille articula clairement. Sacha la regardait, n’osant pas l’appeler, trop craintif qu’elle pose sur lui des yeux remplis de haine. Le bip régulier du chrono continuait, les cris de soulagement se faisaient entendre dans tous les coins de la salle.
Si seulement j’avais gagné, tu n’aurais pas eu à subir tout ça.
- Salamèche, l’appela Atalante. Ce n’est pas de ta faute, tu ne peux pas aider une coquille vide.
Une coquille vide ? répéta abasourdi le métamorphosé sans quitter du regard la dresseuse qui ne réagissait pas. Est-ce que gagner aurait vraiment tout arrangé ? se questionna soudain Sacha.
Son visage brulait. Il toucha la peau écailleuse de sa joue, elle était bouillante. Il leva la tête vers les spots lumineux qui pendaient au plafond, c’était sans doute de là que venait la chaleur qu’il ressentait. Il contempla la fausse lumière et quand il posa à nouveau son regard sur Serena, des petits phosphènes persistaient et troublaient sa vue.
Atalante et tous ces gens, ils la critiquaient sans même la connaitre. Serena l’avait toujours aidé, encore plus depuis sa métamorphose. Et eux, ils se moquaient, dénigraient celle qui n’avait pas hésité à braver la pluie pour retrouver le faible monstre qu’il était. Non, ce n’était pas la faute des autres. C’était lui, uniquement lui qu’il fallait blâmer. Ce dresseur déguisé en pokémon qui ne pensait qu’au combat et qui avait ignoré les sentiments de son amie.
Les éclairs lumineux qui troublaient sa rétine cessèrent. Sacha quitta la jeune fille pour se rendre au centre du terrain. Il scruta les grimaces des humains inconsistants, il écouta les voix bourdonnantes, il respira cet air gâté par l’odeur âcre de ses propres attaques.
Je voulais t’aider. Mais c’est toi qui as veillé sur moi, qui m’as protégé, qui… m’as laissé t’accompagner. Et moi, je t’ai ignorée.
- Sala, appela-t-il sa dresseuse d’une voix douce.
Il ne pensait pas qu’elle l’entendrait, encore moins qu’elle lèverait la tête pour le laisser voir ces yeux bleus emplis de doutes et vides d’espoir. Il prit une grande inspiration, elle ne lui pardonnerait pas pour son comportement mais au moins…
Sacha hurla. Son diaphragme écrasa ses poumons, pressa les alvéoles jusqu’à ce qu’elles soient vides de tout air. Les commérages moururent sur les lèvres pendant que toute l’attention était maintenant concentrée sur la faible créature.
« Personne ne se moque de ma dresseuse, » la voix intangible du pokémon avait réussi à trouver un sens parfaitement palpable dans l’esprit des spectateurs. Plus personne ne savait quoi dire, on se regardait, on attendait que quelqu’un ose répliquer. Mais rien, tous se dégonflaient, même Atalante ne s’essayait pas à faire un commentaire.
Serena observait les gradins silencieux, elle était peut-être la seule à ne pas avoir compris le sens exact des paroles de son ami. Mais elle s’était au moins rendue compte qu’il avait cherché à prendre sa défense. Elle se concentra sur le reptile dont la flamme avait légèrement faibli. Elle peinait encore à y croire, ce petit être venait de terrifier tous ces gens avec un simple cri. Tu es vraiment incroyable, peut-être trop pour moi, constata la jeune fille.
- Sa ! cria Sacha en montrant le chronomètre qui entrait dans les trente dernières secondes du temps imparti.
- Tu crois qu’on a une chance ? demanda-t-elle.
Il haussa les épaules et fit signe que cela lui importait peu.
"Si on les fait taire, moi ça me va," finit-il par dire en lançant un regard de défi aussi bien à Atalante qu’aux gens massés dans les gradins.
Les mots du lézard étaient toujours incompréhensibles, mais Serena se mit à sourire avant de briser le silence avec un rire cristallin. Sacha gonfla les joues et prit un air vexé pour mieux cacher sa joie de voir son amie se détendre.
Quand Serena parvint à calmer les spasmes qui secouaient ses côtes, elle ramena sa main contre le ruban bleu qui ornait sa tenue. Salamèche n’en faisait qu’à sa tête, la mettait dans des situations impossibles mais… elle avait le sentiment qu’il veillait toujours sur elle. Une sorte de chaleur qui l’entourait en permanence et qui lui rappelait qu’elle n’était pas seule.
- Salamèche, on n’abandonne pas avant la fin ! cria Serena
Sacha aimait ce regard et il allait veiller à ce qu’il ne disparaisse pas. La flamme de la salamandre se mit à flamboyer plus ardemment. Devant ce regain d’énergie, la Top coordinatrice fit signe à son pokémon de retourner au combat. Alty s’éleva dans les airs, ses ailes se mouvaient sans faire le moindre bruit.
- Tu penses pouvoir le faire descendre ? s’enquit Serena avec un sourire dont on n’aurait pas su dire s’il était nerveux ou assuré.
- Mèche, acquiesça le faux pokémon.
- Alors utilise Flammèche.
Sacha sentit son visage bruler. Il ouvrit grand la gueule et cracha une gerbe de flamme qui se mua en un tourbillon de feu encerclant son adversaire. Le pokémon dragon se posa au sol, replia ses ailes autour de son corps et observa posément les flammes qui tournoyaient autour de lui. Il ne doutait pas qu’il pourrait les traverser sans dommage, mais il ne voulait pas se contenter de quelque chose d’aussi simple.
- Tu gardais cette Danse-Flammes comme atout ? s’étonna Atalante. Ça ne changera rien. Alty, Pouvoir Lunaire.
Alty étendit ses ailes de part et d’autre de son corps. Une boule d’énergie se matérialisait devant lui. Il ne restait plus qu’à relâcher l’attaque pour créer un magnifique feu d’artifice. Une forme orange émergea soudain du mur de flammes et se retrouva devant l’altaria.
- Comment !? s’écria Atalante devant l’apparition.
- Griffe !
L’attaque du reptile déchira la boule rose qui explosa en paillette. Atalante voyait ses points baisser, elle ne s’attendait pas à une telle contre-attaque.
La foule restait sidérée. Cette faible dresseuse ne faisait que se débattre contre la grande Atalante, mais elle se débattait avec brio.
Le pokémon feu préparait une nouvelle attaque sous les directives de sa dresseuse, la grande inspiration qu’il prenait montrait qu’il était prêt à les abattre. Atalante ne bougeait pas malgré le cri de son pokémon, totalement envoutée par l’alchimie qu’elle ressentait chez ses deux adversaires. Le cri strident de l’horloge fit sursauter Sacha et arrêta son attaque par la même occasion.
- Et la victoire revient à Atalante ! Félicitation ! cria Viviane après un temps.
Sacha regarda le panneau pour bien s’assurer qu’il n’y avait pas d’erreur. Il devait néanmoins se rendre à l’évidence, Atalante remportait la victoire haut la main. Et la foule ne se privait pas de l’acclamer.
Le métamorphosé n’avait plus la force de rester debout. Il s’assit au milieu du terrain. Il avait perdu, mais cette déception était différente de celle des combats d’arène. Cet échec était beaucoup plus amer, plus énervant. Une présence à ses côtés lui fit lever la tête, ses yeux croisant ceux bleus azurés de sa dresseuse. Elle le prit dans ses bras et posa son front contre le sien. Sacha s’immobilisa, il sentait que le flux de sang qui passait dans ses écailles s'accélérait.
- Tu t’es bien battu pour ton premier concours, je suis fière de toi ! Et puis… merci de m’avoir redonné du courage, lui murmura-t-elle.
Sacha se détendit, il profitait du doux contact. Il ferma les yeux, espérant qu’elle ne s’écarte pas trop rapidement. Atalante les observait, à la fois intriguée et amusée.
- Finalement, je dois admettre que c’était une bonne idée d’utiliser Salamèche, pouffa-t-elle avant de quitter la salle.
Les deux vaincus étaient de retour dans la salle d’attente. Les prochains coordinateurs se préparaient avec leurs pokémons à passer: nerveux, confiants, tous exaltaient leur espoir de l’emporter, mais pour la kalosienne, le concours était fini.
- Désolé, on a perdu dès le premier combat, s’excusa Serena auprès de ses pokémons.
Roussil se saisit de la main de sa dresseuse, Nymphali enroula son ruban autour du bras de la jeune fille pendant que Pandespiègle, gêné, rehaussait ses lunettes sans oser se rapprocher. Ils n’avaient vraiment pas envie que Serena se sente triste pour une simple défaite. La kalosienne se sentait bien, ses pokémons la soutenaient et c’était le plus important.
"Excusez-moi aussi, finalement je n’ai pas pu…" dit Sacha tout penaud, le dos vouté.
"Serena n'aurait pas trouvé la force de sourire sans toi," le contredit Nymphali, très vite approuvée par les autres.
"Même si tu aurais pu éviter d’attendre les trente dernières secondes pour prendre sa défense," remarqua quand même Roussil faisant grimacer le reptile.
Sacha était quand même surpris de la réponse du type fée et lui demanda :
"Tu es vraiment sûre qu’elle va bien ?"
Le pokémon fée dévisagea le faux pokémon un moment avant d'enrouler un de ses rubans encore libre autour du bras du reptile. Nymphali se plaça de telle sorte que Serena ne puisse pas voir l'étrange circuit qui venait d'être créé. Sacha ne bougea pas, se concentrant sur ce drôle de capteur qui effleurait ses écailles. Il sentait des décharges diffuses, une sorte de soupe électrique qui se diffusait sous sa peau. L’ancien humain fit la moue, il pensait qu’être ainsi relié lui donnerait les mêmes capacités que Nymphali. Mais il devait se rendre à l’évidence, il était incapable de déchiffrer ce genre de message. Nymphali se détacha finalement de l’humaine et du reptile puis demanda :
"Tu as compris ?"
"Pas vraiment," avoua le métamorphosé.
"Pourtant, c’était assez clair," pouffa le pokémon aux longues oreilles.
Sacha comprit qu’elle ne lui en dirait pas plus. Au moins, Nymphali n’avait plus l’air de lui en vouloir. Il se tourna vers la nouvelle coordinatrice qui arborait un grand sourire. Je préfère quand tu es comme ça, se rassura Sacha.
Ils observèrent les combats suivants. La finale opposait Liseron à Atalante et sans surprise, le combat se finit par la victoire de l’actuelle championne.
***
Serena observait les journalistes massés à l’entrée de la salle de concours. Elle avait eu du mal à quitter le bâtiment avec cette marée humaine qui bloquait la sortie à l’affut de la grande gagnante du jour. Atalante… la jeune fille n’avait pas pu la voir après son combat et peut-être était-ce pour le mieux.
Le soleil était sur le point de disparaitre derrière les immeubles, un doux vent caressait le visage de Serena faisant légèrement voler ses cheveux. Elle respira à plein poumon. La montagne, la mer, la plaine immense, leur odeur imprégnait le vent du soir. Serena était sur le point de partir quand quelqu’un dans son dos la poussa. La jeune fille retrouva par miracle son équilibre et se retourna vivement vers la personne qui lui avait fait cette mauvaise blague. Elle eut la surprise de découvrir une silhouette vêtue d’un long manteau avec un large chapeau pour couvrir sa tête. L’étrange personne baissa légèrement ses lunettes de soleil, laissant à Serena l’occasion de mieux voir son visage.
- Ata…
- Chut ! l’interrompit la Top coordinatrice déguisée.
La kalosienne jeta un regard nerveux aux journalistes qui attendaient toujours à l’entrée. A vrai dire, se retrouver seule face à sa précédente adversaire la rendait mal à l’aise, surtout après ce qu’il s’était passé.
- Comment va Salamèche ? s’enquit Atalante.
Le concerné grogna, il n’avait pas oublié les mots blessants qu’elle avait proférés contre son amie.
- Salamèche ! Ne fais pas ça ! paniqua Serena.
- Ne le gronde pas trop fort, il cherche juste à te protéger, remarqua Atalante.
Serena baissa les yeux vers son monstre. Il avait croisé ses bras et détournait le regard, comme gêné par ce que venait de dire la star des concours.
- Je sais. Je m’énerve toujours contre lui alors qu’il fait tout son possible pour m’aider, avoua Serena en agrippant le bord de sa robe. Je dois être une dresseuse insupportable.
- Je ne pense pas que Salamèche se démènerait autant pour une dresseuse qui n’en vaut pas la peine, la contredit Atalante.
La jeune fille ne cacha pas sa surprise face à ces mots de réconforts. Elle était persuadée qu’Atalante lui en voulait toujours pour sa piètre performance.
- Est-ce que… est-ce que je pourrai à nouveau t’affronter ? questionna Serena.
Atalante tourna la tête vers les montagnes visibles au loin. Elle remit correctement ses lunettes teintées devant ses yeux puis expliqua :
- Je ne veux pas d’un combat ennuyant.
- Je comprends, souffla Serena en baissant la tête.
- C’est pourquoi, je ne t’affronterai pas avant que tu ne sois qualifiée pour le grand festival, ajouta la Top coordinatrice.
Serena releva la tête et remarqua cette main que son adversaire lui tendait. Elle hésitait à la prendre, se demandant si Atalante ne se moquait pas d’elle.
- Hey ! Atalante ! furent-elles soudain interrompues.
La Top coordinatrice se jeta sur le blond qui venait de crier et lui bloqua la bouche de sa main.
- Idiot ! Triple idiot ! Tu crois que je porte tout cet attirail pour quoi ?
Liseron se dégagea de la prise et tira sur sa veste pour enlever les plis qui venaient de se former.
- On peut y aller ? se contenta-t-il de dire.
Atalante ne pouvait pas faire autrement. Avec Liseron dans les parages, les journalistes n’allaient pas tarder à la remarquer. Elle s’apprêtait à partir en courant quand Serena murmura :
- Je ne perdrai pas la prochaine fois.
Atalante sourit. Finalement, cette fille serait peut-être le nouveau talent qu’elle attendait.
- J’ai hâte de voir ça, répondit la Top coordinatrice en prenant la pose.
La kalosienne était à nouveau seule avec le pokémon feu. Elle s’étira un peu, tendant ses bras vers le ciel. Serena était passée par beaucoup d’émotions aujourd’hui, se demandant sans cesse si elle avait vraiment sa place ici. Maintenant elle était décidée, elle ferait tout son possible pour qu’Hoenn l’accepte en tant que coordinatrice.
- Atalante est extraordinaire, mais nous ne resterons pas à la traine, nous allons la surpasser, déclara la jeune fille.
Sacha l’observait. De la fierté, c’était le sentiment qu’il avait. Elle semblait être à nouveau capable de marcher sans hésitation, de relever les défis qui se dresseraient devant elle avec comme objectif de vaincre cette Atalante.
- On y va Salamèche, encouragea la jeune fille.
Elle n’hésita pas à avancer alors que Sacha restait immobile à la regarder s’éloigner. Il baissa la tête, tentant d’étouffer cette pointe de tristesse qui s’insinuait lentement en lui.
- Salamèche ? l’appela Serena.
- Mèche ! cria Sacha en guise de réponse avant de courir vers elle.
Serena a repris confiance. J'ai atteint mon objectif, je n'ai plus de raison de rester.
***
Atalante explorait la ville en compagnie de Liseron. La galerie marchande était presque vide, les vitrines des magasins étaient pour la plupart masquées par d’épais rideaux métalliques.
- Tu l’apprécies vraiment ? s’enquit le garçon.
- Oh oh ! Aurais-tu peur qu’elle te vole ta place de meilleur rival ? se moqua Atalante.
- Je serai toujours meilleur qu’elle, répondit Liseron d’un ton narquois.
- Pas tant que tu chercheras juste à être vu par les autres.
Le blond se contenta de lever les mains en l’air en signe de reddition. Toutefois, son regard redevint plus sérieux alors qu’il expliquait :
- Je ne te parlais pas de cette Serena.
- De qui donc alors ? Je n’ai pas vu d’autres dresseurs prometteurs lors de ce concours.
- Ce truc qui l’accompagne.
- Ce truc ? Tu parles de Salamèche ?
- Oui… Salamèche, comme tu dis.
Liseron s’était arrêté à côté d’une vitre fissurée et y observait son reflet. Atalante le regardait sans rien dire, craignant ce qui allait suivre.
- A quoi je ressemble ? demanda-t-il enfin.
- Un garçon blond un peu plus grand que moi avec une tenue bleue et un sourire prétentieux collé au visage, décrit la coordinatrice.
- Et lui ?
Atalante posa un doigt sur sa lèvre, faisant mine de se concentrer avant de répondre :
- Un petit reptile orange avec une flamme au bout de sa queue qui tient plus à sa dresseuse qu’il ne le laisse paraitre.
- Une apparence, murmura le garçon en parcourant de son ongle la fissure.
- Liseron ? s’inquiéta Atalante.
- Je l’ai regardé longtemps, je me suis concentré et pourtant… Je n’ai pas vu la limite. Il avait l’apparence d’un pokémon, l’odeur, les pouvoirs, les caractéristiques et malgré ça je… Est-ce que je redeviens fou ?
Atalante tapa du bout de son doigt la surface réfléchissante. Liseron tourna la tête vers sa vieille amie qui lui souriait.
- Tu as fait beaucoup d’efforts pour sortir du torrent dans lequel tu étais tombé. N’y replonge pas.
Liseron se regarda une derrière fois dans le miroir improvisé avant de soupirer :
- Tu as raison. Ce n’est qu’un Salamèche sans manière. Un petit pokémon sans importance qui ne tiendra pas une seule seconde face à ma magnifique Machopette.
- Et c’est reparti, soupira Atalante sans pour autant cacher son soulagement.