Derkomai's Mask
Chapitre 5 : Tu regretteras d'avoir accepté cette coréopsis
6728 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 28/01/2024 16:45
Les fourrés offraient un couvert sûr pour moi et mes pokémons. Cette forêt semblait être le lieu de prédilection des pokémons insectes vu leurs nombres. Sur chaque arbre on pouvait apercevoir des chenipottes dont le corps rouge contrastait fortement avec le reste de l’environnement. Je manquai de peu de trébucher sur un cocon recouvert de piquants. Il me jeta un regard mauvais, même s’il ne pouvait pas bouger mieux valait rester prudente.
Je retrouvai l’homme qui s'était arrêté au milieu du chemin. Bien cachée au milieu de la végétation, je prenais le temps de l'observer. Il portait une tenue ressemblant à celle des marins et un bandeau entourait sa tête. Son t-shirt rayé bleu et blanc et ses collants aux mêmes motifs étaient complétés par un short aux bords déchirés. Un autre homme un peu plus grand mais habillé de la même façon finit par arriver. Mes soupçons ne tardèrent pas à se confirmer lorsque l’un d’eux montra une cage où était enfermée Piko.
- Avec ça, le vieux sera bien obligé de nous aider à trouver la caverne Fondmer ! s’exclama le bandit.
- Tu crois vraiment que ce sénile peut nous être utile ? répondit son complice.
- Je te rappelle que c’est un grand marin qui a beaucoup voyagé, il a forcément des informations.
- Je ne le sens pas trop ton plan. Tu as juste entendu que notre chef cherchait cette caverne et tu t’es lancé sans réfléchir sur la première piste que tu as trouvée alors qu’on ne nous a encore rien demandé.
- Pas besoin d’attendre ! Moi, je sais prendre des initiatives. Tu comprends ? Des i-ni-tia-tives, répéta-t-il en secouant la cage du goélise.
Le plus grand des bandits se contenta d'hausser les épaules, il n’avait pas l’air convaincu par les arguments de son ami.
- Salaaa ! entendis-je mon pokémon constatant qu’il était sur le point de s’élancer à l’attaque.
Je l’arrêtai au dernier moment et lui expliquai :
- Ça ne sert à rien de se précipiter, il vaut mieux rester discret et attendre le bon moment pour intervenir.
Mais le regard septique de mon pokémon me fit comprendre qu’il n’avait pas envie de patienter plus longtemps. Comment faire pour le raisonner ? Bizarrement ce fut mon aventure au village ninja qui me revint en mémoire à ce moment-là.
- Tu sais, il faut faire comme les ninjas ! dis-je tout en faisant un signe avec mes mains pour illustrer mes propos.
Je me sentis rassurée lorsque Salamèche acquiesça, mon exemple semblait avoir fonctionné.
- Bien, Roussil tu utiliseras Déflagration pour les distraire pendant que Nymphali et Pandespiègle iront récupérer Piko. Quant à toi Salamèche tu…
Je ne pus finir ma phrase car la salamandre n’était déjà plus là. Et lorsque j’entendis un cri, je compris immédiatement où le petit monstre était parti. Je portais mon regard vers les bandits pour voir Salamèche donner un coup de queue à l’un des malfaiteurs les pattes jointes comme les ninjas.
- C’est pas vrai ! me lamentai-je tout en saisissant ma tête entre mes mains.
Mais je n’avais pas le temps pour pester sur la bêtise de mon pokémon, il fallait immédiatement intervenir pour éviter que Salamèche ne soit blessé. Je me dépêchai d’ordonner à Roussil et Nymphali d’attaquer. La diversion permit à Pandespiègle de récupérer la cage, le goélise à l’intérieur battait frénétiquement des ailes, complètement paniqué.
- Tu vas regretter d’avoir défié la Team Aqua sale gamine ! s’énerva un des hommes à la marinière tout en envoyant deux pokémons que je ne connaissais pas.
Je saisis rapidement mon pokédex, il s’agissait d’un carvanha et d’un medhyèna. L’affrontement était inévitable et je n’étais pas rassurée à l’idée d’affronter deux pokémons dont j’ignorais toutes les capacités. Sans compter qu’il n’y avait plus Sacha et Lem pour m’aider. Je soufflai pour tenter de me calmer, d’abord récupérer des informations sur ces pokémons. Je tentai de consulter à nouveau mon pokédex, mais Carvanha me fonça dessus, j’eus juste le temps d’esquiver avant que sa mâchoire ne se referme sur mon bras.
- Pandespiègle, utilise Cogne !
La patte du panda s’illumina et il fonça vers Carvanha, mais il fut arrêté au dernier moment par Salamèche. Pourquoi avait-il fait ça ?
- Mèche ! me cria-t-il tout en mimant une croix avec ses bras.
Une mauvaise idée de l’attaquer directement ? C’était ce qu’il voulait me faire comprendre ? Mes pokémons évitèrent de justesse une attaque Morsure, je profitai qu’il soit occupé pour utiliser à nouveau mon pokédex sur Carvanha. Le talent peau dure… ça lui permettait de blesser l’attaquant lors d’une attaque directe ! C’est pour cela que Salamèche nous avait arrêtés ! Si Pandespiègle l’avait directement attaqué il aurait été gravement blessé.
- Très bien, nous allons utiliser des attaques à distance ! Nymphali, Vent Féérique et toi Roussil lance Déflagration sur Medhyèna.
Les deux attaques touchèrent leur adversaire et heureusement ce fut suffisant pour les mettre hors combat. Les deux hommes rappelèrent leurs pokémons et s’enfuirent rapidement. Je me dépêchai de libérer Piko, rassurée qu’elle ne soit pas blessée. Elle émit un cri de contentement, ravie de pouvoir à nouveau étendre librement ses ailes et puis son regard à mon égard semblait un peu moins menaçant. Pandespiègle s’approcha de Salamèche et le remercia pour tout à l’heure. Mais il y avait quelque chose d’étrange :
- Comment connaissais-tu le talent de ce pokémon ?
- Sa… dit-il gêné tout en se grattant la tête.
Il y avait quelque chose de curieux chez ce pokémon. Des fois il se comportait comme un jeune pokémon et d’autres fois on croirait qu’il avait l’expérience de nombreux combats. Mais il ne semblait pas vouloir s’expliquer et de toute façon, même s’il le voulait, je ne pourrais pas le comprendre. Enfin, Piko devait avoir hâte de retrouver son maître, inutile de la faire languir plus longtemps à cause d’un mystère dont je ne connaitrai probablement jamais la réponse.
Notre retour fut accueilli avec un cri de joie. Cet homme immense et au regard dur que j’avais rencontré la première fois avait disparu. Il pleurait de joie de retrouver son cher ami, le lien entre les humains et pokémons était vraiment quelque chose de profond et je ne cessais de le constater depuis le début de mon voyage. J’expliquais à Marco ce qu’il s’était passé dans le Bois Clémenti et lui demandais qui étaient ces hommes et cette Team Aqua auquel ils s’étaient vantés d’appartenir. Son regard s’obscurcit à mes paroles. Il semblait perdu dans ses souvenirs, mais il finit par m’expliquer :
- Oui, ce n’est pas la première fois qu’ils me prennent pour cible, à l’époque j’avais été sauvé par un groupe de jeunes dresseurs.
- Pourquoi vous ont-ils réattaqué ? Je les ai entendus parler de la caverne Fondmer…
- Dans mes souvenirs, ils voulaient utiliser mon bateau afin de s’enfuir après l’un de leurs mauvais coups. Mais aujourd’hui ils souhaitent atteindre cette caverne… il est vrai que je connais un pokémon qui aurait pu les aider à rejoindre les profondeurs des océans.
- Mais prendre un pokémon en otage… qui y a-t-il là-bas ?
- Je n’en sais rien, répondit-il un peu trop rapidement. Mais s’ils cherchent cet endroit alors… non, je n’arrive pas à comprendre… Est-ce qu’ils seraient prêts à commettre la même erreur ?
- Vous avez une idée de ce qu’ils manigancent, devinai-je.
Le marin passa ses doigts dans sa barbe, la peau de sa main était si fine que je pouvais aisément deviner toutes les veines qui la parcouraient. Mr. Marco semblait fort, mais maintenant, je me rendais compte qu’il n’était qu’un vieil homme aimant voyager sur les mers. Un homme qui ne souhaitait pas s’engager dans de nouveaux problèmes.
- Je pense que ni toi ni moi ne devrions nous impliquer dans cette affaire, trancha-t-il.
- Mais…
- Tu ferais mieux de te préparer, on va bientôt embarquer, dit-il coupant court à la conversation.
J’acquiesçai, c’est vrai que je ne devais pas oublier mon but premier.
***
Le « bientôt » du marin n’était pas le même que le mien. Si j’avais cru que cela n’était qu’une affaire de minutes, Marco m’avait vite corrigé en me parlant de plusieurs heures avant de pouvoir monter sur son bateau. Au moins, je pouvais profiter de ce lapse de temps pour régler un petit problème.
J’avais finalement trouvé un coin de plage loin de toutes habitations en bois. L’endroit idéal pour entrainer Salamèche à utiliser ses flammes. Je remarquai le regard réjoui de mon ami face à l’étendue bleue et, à ma grande surprise, il s’en approcha et entra dans l’eau jusqu’à ce que ses genoux soient submergés. Je n’étais pas très sereine de le voir ainsi patauger, mais tant qu’il restait près du bord alors… les vagues !
Je me précipitai vers lui et l’attrapai sous les aisselles pour le soulever aussi haut que je le pouvais. L’écume atteignit à peine mes genoux et continua sa route sans plus se préoccuper de moi. Je sentais Salamèche gigoter entre mes mains, la position ne devait pas être très confortable pour lui. Je le ramenai contre ma poitrine et le positionnai de telle manière qu’il ne glisse pas avant de rebrousser chemin vers un endroit plus sec. Mon pokémon gémissait, il n’avait pas l’air de comprendre le problème.
- Je ne pense pas que jouer dans l’eau soit une très bonne idée pour toi, dis-je essayant de garder mon calme alors que mon cœur battait encore à toute vitesse.
La salamandre cligna plusieurs fois des yeux et ouvrit grand la bouche comme si elle venait de se souvenir d’une vérité qu’elle connaissait. Je le posai sur le sable. Comment pouvait-il oublier que l’eau pouvait être fatale pour son espèce ? Ce n’était pas censé être quelque chose d’inscrit dans ses gênes ?
Mais mon ami continuait de regarder la mer avec envie. Finalement, cette méfiance de l’eau n’était pas aussi instinctive que ce que je pensais, ou alors mon mignon Salamèche n’avait aucune conscience du danger. Je soupirai, au vu de ses antécédents, il était évident que…
- Tu devrais faire plus attention à toi.
A ma remarque, il se contenta de frotter l’arrière de sa tête avec un sourire gêné. Décidément, je trouvais que ses mimiques ressemblaient beaucoup trop à celles de Sacha. Je retirai mes chaussures et mes bas noirs trempés à cause du précédent sauvetage et les posai sur un rocher du coin dont la surface était exposée à la chaleur solaire. Je remarquai un joli et volumineux coquillage accroché à la roche. Je voulais m’en saisir pour mieux l’observer, mais le petit reptile à mes pieds m’appela et me fit signe de ne pas aller au bout de mon idée.
- Perl ?
Je me reculai sous la surprise, je ne m’attendais pas à découvrir une petite tête rose dans cette carapace bleue. Maintenant, je me souvenais avoir déjà vu ce genre de pokémon au Grand Aquarium. Je ne pensais pas qu’ils pouvaient vivre hors de l’eau.
- Je ne voulais pas te déranger, m’excusai-je rapidement.
La fausse perle ne sembla pas m’en tenir rigueur et referma sa coque. Encore une fois, Salamèche venait de me faire la démonstration de sa connaissance des autres espèces de pokémons. Cela ne correspondait pas vraiment avec l’idée qu’il était un nouveau-né commençant tout juste à découvrir le monde.
- Mèche ? m’appela mon pokémon.
C’est vrai que je ne lui avais pas expliqué ce que je comptais faire en venant ici.
- Je sais que tu préfèrerais jouer, mais ce serait bien si tu apprenais à mieux contrôler ton attaque Flammèche.
Je pensais qu’il rechignerait à s’entrainer, mais il n’en fut rien. La flamme au bout de sa queue ondulait avec force et son regard s’était fait plus sérieux.
- C’est le bon esprit, l’encourageai-je.
J’appelai en renfort Roussil, avec elle il allait pouvoir progresser. Salamèche la dévisagea tout en croisant les bras, il n’avait pas l’air de comprendre comment elle pourrait l’aider. Il était vrai que leur manière d’invoquer les flammes étaient différentes, mais je ne doutais pas qu’elle ferait un parfait professeur. Surtout que…
- Sous sa forme de Feunnec, elle aussi crachait ses flammes par la bouche, elle pourra te conseiller.
Le visage de mon jeune ami s’illumina à ma remarque. Sa queue battait énergiquement le sable, y laissant son empreinte. Maintenant il avait juste hâte de commencer.
- Alors Roussil, tu as une idée par où il devrait débuter ? m’enquis-je.
Mon amie le regarda un moment, mal à l’aise.
- Toi aussi quand tu étais jeune, tu as dû apprendre à utiliser tes flammes.
Le regard que me lança alors la renarde me fit bien comprendre que non.
- Tu veux dire que tu as appris instinctivement ?
Roussil acquiesça. Si c’était si évident alors cela voulait dire que Salamèche était…
- Rou, dit le pokémon.
Je remarquai que le visage du reptile orange avait blêmit d’un coup. Mon premier pokémon n’hésitait pas à dire ses pensées et celles à l’encontre de Salamèche ne devaient pas être des compliments.
- Tu sais, tout le monde a son propre rythme. Si tu es un peu en retard par rapport aux autres, il suffit de t’entrainer et de les dépasser.
Pas sûre que mon discours était très convaincant. Toutefois, le lézard de feu releva la tête et me fit signe qu’il était prêt à essayer. Il prit une grande inspiration, retint quelques secondes son souffle avant d’ouvrir grand la gueule pour produire… une quinte de toux. Je m’accroupissais et lui frottais le dos espérant que ce mauvais moment passe rapidement.
- Sala, se lamenta le pokémon les larmes aux yeux.
- C’est encore trop tôt pour abandonner.
Le pokémon essuya le contour de sa bouche où avait coulé un peu de salive visqueuse. Roussil aussi s’était approchée, elle posa sa main poilue sur le ventre écailleux tout en disant quelques mots. Salamèche continua ses efforts pour cracher ses flammes. Au fur et à mesure que le temps passait, je pouvais sentir sa frustration monter.
- Rou, rou, roussil ! expliqua à nouveau mon amie.
J’aurais voulu pouvoir moi aussi lui donner des conseils, mais cracher du feu n’était pas vraiment ma spécialité. La flamme de Salamèche crépitait et il montrait les dents, il devait en avoir assez. Comme je m’y attendais, il répondit à Roussil avec un grand cri marquant son énervement. En revanche, je n’avais pas prévu qu’il crache en même temps une gerbe de feu, et encore moins que ces flammes se dirigeraient vers mes vêtements en train de sécher sur la roche !
Par chance, le coquiperl que j’avais dérangé précédemment cracha un jet d’eau pour contrer l’attaque, sauvant au passage mes affaires. Mais il ne s’arrêta pas là, Salamèche glapit de peur et se mit à sauter dans tous les sens pour éviter que les Pistolet à O ne l’atteignent.
- Calme toi Coquiperl ! C’était un accident ! essayai-je de raisonner le type eau.
Peine perdue, le pokémon ne diminua même pas la cadence de ses coups. Finalement, Salamèche vint se réfugier derrière mes jambes et bien évidemment, ce fut moi qui reçue en pleine tête le puissant jet d’eau. Le faux coquillage s’était enfin calmé, quant à moi, mes cheveux étaient trempés. Salamèche m’observait avec crainte, s’attendant à ce que je m’énerve.
- On va s’arrêter là, actai-je avec un sourire crispé.
***
Marco venait tout juste de finir les préparatifs pour notre départ. Le petit yacht à moteur se balançait doucement au rythme des flots et sa surface blanche miroitait sous l’effet du soleil. Le marin démarra l’engin, il s’ébranla avant de partir à toute vitesse en laissant une trainée d’écume derrière lui. Piko volait aux côtés du navire, elle se laissait porter par le vent sans faire le moindre effort. Très vite des pokémons aquatiques se joignirent à notre traversée. Des wailmers, de gigantesques wailords et d’autres pokémons aux multiples couleurs que je n’avais jamais vus s’amusaient dans l’eau azurée.
- Viens voir Salamèche, c’est magnifique ! appelai-je mon ami, mais je n’eus aucune réponse. Salamèche ? m’inquiétai-je en voyant que ses écailles avaient pris une teinte inhabituelle.
- Alors moussaillon, tu as le mal de mer ? se moqua Marco.
Comme seule réponse, le petit pokémon eut un nouveau haut le cœur et se précipita vers le bord du bateau. Je m’agenouillai à côté de lui, je ne savais pas vraiment quoi faire pour l’aider. Je lui caressai le dos et à ma grande surprise cela sembla réussir à le soulager légèrement. Soudain, un cri perçant me fit lever la tête, c’était Piko qui revenait à toute vitesse vers son maître.
- Il va bientôt y avoir une tempête, déclara le marin.
- Mais le ciel est bleu… répliquai-je ne voyant pas l’ombre d’un nuage.
- C’est pour ça que Piko est là ! Elle m’aide à prévoir les tempêtes et elle n’a jamais tort.
C’est ainsi que nous accostions à Myokara, un petit village au milieu de l’océan. Salamèche n’était pas mécontent de cette halte imprévue. Le temps était toujours aussi dégagé, mais en tournant mon regard vers l’immensité bleue, je constatai au loin que des nuages avaient obscurci le ciel et étaient déchirés de multiples éclairs. Je déglutis, si nous avions continué…
- Tu vois, elle n’a jamais tort ! sourit Marco en gratifiant le pokémon marin de quelques caresses. Je vais en profiter pour vérifier le navire, toi tu peux visiter l’île en attendant.
J’acceptai avec joie, surtout que ce village semblait adorable. Je commençai à flâner au milieu des étals des commerçants de rue. Il y avait surtout des articles de pêche, mais aussi de jolis bijoux créés à l’aide de perles et de coquillages.
- Tu ne trouves pas cela mignon ? demandai-je à mon pokémon, mais il avait encore disparu.
Je le retrouvai rapidement devant un grand bâtiment, le regard plein d’envie. L’écriteau à l’entrée indiquait qu’il s’agissait d’une arène… Sur ce bout de terre isolée ? Les dresseurs qui y venaient devaient vraiment être motivés. D’ailleurs en voici un qui sortait le sourire aux lèvres. Il devait probablement avoir remporté son combat et… Je tombai à la renverse, ce dresseur devait être tellement content qu’il ne m’avait pas remarquée et m’était rentré dedans.
***
Sacha se précipita vers Serena après que le garçon l’ait bousculée. Le métamorphosé se rassura vite, il n’y avait rien de grave. Toutefois, l’ancien humain était surpris d’avoir autant paniqué et il avait beau le tourner dans tous les sens, il n’arrivait pas à comprendre la raison de cette crainte disproportionnée. Est-ce que c’est mon changement en pokémon qui me rend aussi nerveux ? raisonna-t-il.
- Désolé, je ne t’avais pas vue, s’excusa l’inconnu tout penaud.
Sacha sortit de sa transe pour mieux détailler ce jeune garçon d’à peu près son âge. Le t-shirt de cycliste orange avait de quoi retenir le regard, mais ce fut un tout autre détail qui attira l’attention du faux pokémon. Sacha plissa les yeux, non seulement ce garçon avait les cheveux blancs, mais en plus sa coupe était vraiment étrange. L’ancien humain se rendit compte de sa méprise lorsque le dresseur débutant se baissa et tendit sa main vers la jeune fille. Ce n’était pas des cheveux, mais un bonnet qu’il portait sur la tête. Il n’a pas chaud avec ce soleil ? s’étonna Sacha. Soudain, alors que Serena venait de saisir la main tendue, le visage du garçon au bonnet prit une teinte rouge.
- Eh bien, je ne m'attendais pas à tomber sur une aussi jolie fille, pouffa-t-il en se grattant la joue.
Sacha émit un grognement, son ventre chauffait et ses écailles frémissaient. Le métamorphosé cligna des yeux. Depuis quand s’énervait-il pour si peu ? Il plaqua ses pattes devant sa bouche pour étouffer le grondement qu’il émettait tout en essayant de se persuader que ce n’était pas grave et que ce n’était pas la première fois qu’un garçon complimentait Serena. Oui, c’était comme d’habitude et comme d’habitude cela ne susciterait aucune émotion particulière en lui. Cependant, lorsqu’il reporta son attention sur la dresseuse et qu’il la vit rougir, la flamme au bout de sa queue flamboya.
- Je m’appelle Brice, et voici mon partenaire Arcko.
Il montra un pokémon vert à l’aspect de lézard solidement collé sur son épaule avec une brindille dans la mâchoire.
- Grâce à lui je viens de remporter mon deuxième badge ! rajouta-t-il tout fier.
- Je suis Serena et lui c'est Salamèche.
- Serena… quel magnifique prénom ! dit Brice les yeux fermés.
Il posa ses doigts sur son front dans un mouvement théâtral puis tenta de saisir la main de la jeune fille et cela resta une tentative puisqu’une attaque Flammèche vint lui carboniser le visage.
- Est-ce que ça va ? s’inquiéta Serena. Je suis désolée, mon ami ne maitrise pas encore parfaitement ses attaques et…
Elle se tût en remarquant le sourire satisfait de son pokémon et la flamme de sa queue qui ondulait paisiblement.
- Ne me dis pas que tu l’as fait exprès, comprit la dresseuse désemparée face à ce comportement.
Le pokémon croisa les bras et détourna le regard. Honteux de sa réaction et en même temps heureux d’avoir brulé le bonnet ridicule du garçon.
- Salamèche, tu ne peux pas attaquer les gens comme ça, le gronda-t-elle.
- Ce n’est rien, il est peut-être juste jaloux, plaisanta Brice en se relevant.
- Jaloux ? Mais de quoi pourrait-il être jaloux ? s’étonna Serena.
Les mots de l’infirmière lui revinrent soudain en mémoire. Si Salamèche la prenait vraiment pour sa mère, alors comme un enfant il ne devait pas aimer qu’elle accorde de l’attention à d’autres personnes. La jeune fille ne pouvait toutefois pas le laisser se comporter de la sorte. Son jeune ami devait apprendre à se contrôler.
- Tu dois t’excuser Salamèche, ordonna-t-elle.
- Mèche, protesta le pokémon.
- Brice ne t’a rien fait alors…
- Il veut peut-être juste un combat ? proposa le garçon avec un sourire amusé dessiné sur les lèvres.
Serena, à cette remarque, observa son petit monstre. Salamèche aimait se battre donc il était possible que son attaque soit une manière maladroite de défier son nouvel adversaire.
- C’est vrai Salamèche ? s’enquit Serena.
De la fumée sortit des narines du monstre alors qu’il criait « bien sûr » en langage pokémon.
- Si tu veux te battre, demande-le un peu plus gentiment, soupira la jeune fille.
Brice accepta avec joie le match amical. Il envoya son Arcko, un jeune pokémon qui ne manquait pas d’assurance. Sacha souriait, pour une fois il avait le droit à un combat équitable.
- Utilise Ecras'Face, ordonna le dresseur.
Le pokémon vert sauta en l’air sans délai, il répondait parfaitement aux directives de son maître, mais en attaquant ainsi il perdait un temps précieux. Et cela n’échappa pas à l’ancien dresseur.
- Salamèche esquive !
La queue d’Arcko ne rencontra que le sable. Le pokémon feu se tenait prêt, attendant le prochain ordre.
- Et maintenant, Griffe, enchaina Serena.
Sacha profita de l’immobilité d’Arcko pour le toucher. Le pokémon plante grimaça sans pour autant lâcher la brindille dans sa bouche.
- Utilise Gros-Yeux, demanda Brice.
La salamandre orange ne pensait pas que le vert se remettrait aussi vite de son attaque. Flippant, pensa Sacha face au regard que lui lançait Arcko.
- Et maintenant Balle Graine !
Le métamorphosé recula un peu gauchement pour les éviter. Les projectiles jaunes soulevèrent du sable le faisant toussoter. Les graines continuaient de le poursuivre et il courut sur le sable espérant qu’elles ne le rattrapent pas. Sacha ne doutait pas qu’il devait être ridicule en ce moment.
- Contre avec Flammèche !
Sacha ouvrit grand la gueule, mais rien ne se produisit… Les graines s’abattirent sur lui en un déluge. Concentre-toi Sacha ! se molesta-t-il. Le sable projeté tout autour de lui finit par atteindre ses yeux. Il essaya de rapidement s’en débarrasser, mais il entendait déjà l’autre dresseur donner un ordre. Dans son état il était impossible d’éviter le coup.
- Esquive sur ta gauche ! indiqua la dresseuse.
Il suivit sa directive. Sacha entendit Arcko pester d’avoir loupé une cible si facile alors que son dresseur lui donnait un nouvel ordre. Au grand étonnement de l’ancien humain, il parvint à esquiver les coups suivants grâce aux indications de Serena. D’autant plus étonnant que lui-même avait eu besoin de temps pour réussir un tel tour avec Pikachu. Mais avec elle cela semblait naturel. Les derniers grains de sables furent enfin chassés de ses yeux et l’adversaire lança une nouvelle salve de graines. La salamandre prit une grande inspiration. L’air n’allait pas seulement dans ses poumons mais aussi dans un endroit proche de son estomac. Sacha sentit ce point s’échauffer, jusqu’à ce que finalement, il ouvre la gueule. Attiré par ce soudain appel d’air, la rafale de flammes remonta dans sa gorge et s’échappa de sa gueule pour percuter les projectiles de son adversaire créant un épais panache de fumée.
- Salamèche ! cria Serena.
Sacha n’avait pas besoin de plus d’indications pour comprendre ce qu’elle voulait. Bien qu’il manquât plusieurs fois de glisser sur le sable, le faux-pokémon profita du couvert de la fumée afin de s’approcher du pokémon plante.
- Griffe !
Le type feu le toucha, mais ses mains tremblaient encore à cause de Gros-Yeux. Il tourna la tête vers sa dresseuse, lui lançant un appel silencieux.
- Enchaine avec Flammèche ! ordonna immédiatement Serena comprenant son problème.
Sacha sourit avant de lancer son attaque qui atteignit sa cible. Lorsque la fumée se dissipa, son adversaire était étendu sur le sol, hors combat. Brice le rappela et le remercia pour ses efforts. Le pokémon orange souffla de soulagement, trouvant qu’il ne s’en était pas trop mal sorti. Trop occupé à reprendre sa respiration, il ne remarqua pas son amie qui s’approchait jusqu’au moment où elle le souleva dans les airs pour le faire tournoyer. Sacha sentit que son estomac n’appréciait pas ce petit tour de manège, mais la dresseuse s’arrêta juste à temps et l’étreignit contre elle.
- Tu as réussi ! C’est ta première victoire !
Sacha ne s’attendait pas à ce qu’elle se montre aussi heureuse pour lui. Des victoires, il en avait connu beaucoup en étant humain et elles étaient bien plus dures à obtenir que celle-ci. Mais en voyant le regard de sa dresseuse, il ne pouvait s’empêcher de se sentir fier. Il cacha sa tête dans les vêtements de son amie pour éviter qu’elle ne remarque son visage satisfait.
- Vous êtes incroyables tous les deux ! Ça se voit que vous avez longtemps voyagé ensemble, s’exclama le dresseur.
- En fait, j’ai rencontré Salamèche il y a seulement quelques jours.
- Quoi !? cria Brice.
- Il y a un problème ? demanda Serena.
- Non… c’est juste que vous semblez avoir déjà une grande confiance mutuelle et bien vous connaitre l’un l’autre, expliqua Brice.
Elle se tourna vers le petit pokémon orange après cette remarque, réfléchissant à ces paroles.
- C’est vrai que tu me rappelles quelqu’un mais…
- Ne t’inquiète pas, c’est sans doute moi qui me fais des idées ! se dépêcha d’intervenir Brice. Puis il ajouta pour mettre un terme définitif à la discussion : je voulais profiter d’être dans cette ville pour visiter la Grotte Granite, tu n’as qu’à m’accompagner. Je suis sûr qu’on va bien s’amuser.
***
Un peu après le village de Myokara se trouvait une grotte millénaire. Les nosféraptis avaient l’habitude de s’agglutiner au plafond rocheux, prêts à chasser les intrus trop bruyants.
- Pourquoi voulais-tu visiter cet endroit ? demanda la jeune fille pendant que la petite bande parcourait un long chemin creusé dans la roche probablement créé par une antique civilisation.
Des lanternes récemment installées évitaient aux jeunes explorateurs de se perdre, elles projetaient les ombres immenses de toutes créatures qui croisaient leurs faisceaux. Cette petite mise en scène avait le mérite d’accentuer le malaise déjà provoqué par le fait de se retrouver dans un lieu si étroit.
- Tu vas pouvoir le constater par toi-même, dit Brice avec un clin d’œil.
A ce moment le chemin s’ouvrit laissant place à une immense salle. Au fond, sur tout le pan de mur, étaient peints des monstres gigantesques et terrifiants. Le petit groupe ne put que s’émerveiller devant cet incroyable témoignage d’une époque inconnue. Un détail attira l’attention de Serena, un homme aux cheveux bleus et au costume élégant se tenait juste devant les peintures.
- Monsieur Rochard ! s’exclama-t-elle, heureuse de revoir l’homme qui l’avait aidée durant l’attaque de la Team Flare.
A l’entente de son nom, l’homme se retourna et sourit.
- Je ne pensais pas te revoir à Hoenn. Comment vas-tu depuis la dernière fois ?
Brice avait la bouche grande ouverte et jetait des regards perdus vers la jeune fille.
- Tu connais le maître de la ligue !? cria-t-il enfin.
Ce fut Pierre Rochard qui répondit :
- Nous avons combattu côte à côte lors de la crise de Kalos, et j’ai été impressionné par le courage de cette jeune fille.
Serena ne put s’empêcher de rougir face à ce compliment tandis que Sacha souriait, fier de son amie.
- Tu es vraiment quelqu’un d’extraordinaire… Accepte de devenir ma petite amie ! dit soudain Brice, mais il fut arrêté de nouveau par une gerbe de flamme.
Cette fois Serena ne dit rien, presque reconnaissante à son pokémon de la sortir de cette situation embarrassante.
- En fait monsieur Rochard, que faites-vous ici ? demanda-t-elle.
Le maître desserra sa cravate rouge avant de montrer la peinture derrière lui.
- Ceci est le vestige du fondement d’Hoenn et un témoignage de l'histoire de Groudon, Kyogre et Rayquaza.
Serena leva les yeux, se sentant minuscule devant les géants qui étaient représentés.
- Ces pokémons existent vraiment ? s’enquit Brice.
- Pour les avoir affrontés il y a peu, je peux t’assurer qu’ils sont bien réels.
La dresseuse aussi se souvenait les avoir aperçus à Desara lors de l’incident avec Hoopa. Cependant, les pokémons légendaires contrôlés à l’époque s’étaient vites écroulés dans la mer ne la laissant pas juger de leur pouvoir. Le maître de la ligue continuait de discuter avec Brice des titans d’Hoenn, n’hésitant pas à divulguer ses précieuses connaissances :
- Dans des temps reculés, on les appelait Béhémot le maitre des continents, Léviathan celui qui domine les océans, et Ziz le roi des cieux. Cela te donne une idée de comment les gens les voyaient à l’époque. Ils étaient une menace pour l’humanité, il suffit de jeter un coup d’œil à cette peinture pour comprendre à quel point leur pouvoir était terrifiant.
- J’ignorais que les pokémons pouvaient s’en prendre aux humains de leur propre chef, intervint Serena.
Elle se souvenait de tous les pokémons qu’elle avait rencontrés. Si on ne les ennuyait pas, ils étaient toujours prêts à aider les humains.
- Ils n’en ont pas particulièrement après les humains, c’est juste que ces pokémons sont en lutte perpétuelle, l’humanité subit les dommages collatéraux. Et puis, il ne faut pas oublier que c’est grâce à leur affrontement qu’est née Hoenn.
- Une région entière crée par des pokémons… s’étonna Serena.
La jeune fille sentit un frisson la parcourir, elle préférait ne pas affronter ce genre de monstre. Pierre afficha tout à coup un regard surpris, il se dirigea vers la jeune fille et s’accroupit au niveau du pokémon qui l’accompagnait. L’être de feu ne comprenait pas ce qui arrivait au maître qui l’observait dans une pose méditative, et sa dresseuse non plus d’ailleurs.
- Il y a un problème ? demanda-t-elle finalement.
- Non… désolé, dit-il en se relevant rapidement.
La vérité c’est qu’il trouvait Salamèche différent des pokémons habituels et il était incapable d’en comprendre la raison. Il soupira, ses recherches lui prenaient beaucoup de temps et il n’avait pas beaucoup dormi ces derniers jours, il devait se faire des idées. Il finit par souhaiter bonne chance à Serena pour ses futures compétitions et c’est ainsi qu’ils se quittèrent. Une fois à l’extérieur, un goélise arriva vers eux et se posa sur l’épaule de Serena.
- Piko ! C’est monsieur Marco qui t’envoie ?
Le pokémon fit un signe positif de la tête.
- Tu t’en vas déjà ? demanda Brice dépité.
- Oui, mais merci, j’ai passé une journée incroyable grâce à toi, dit-elle avec un grand sourire faisant chavirer le cœur du garçon.
***
Avant de reprendre le large, Marco proposa de prendre un repas dans un restaurant qu’il connaissait bien. C’était un bâtiment en bois aux couleurs de l’océan avec une enseigne en forme de barbicha. Les gens du coin s’étaient déjà massés sur la terrasse, surtout des marins dont le nez avait rougi. C’était une ambiance particulière ou les banales conversations pouvaient se transformer sans raisons en grands cris. Le garçon de table ne se préoccupait pas des marins moqueurs et ramenait tout un assortiment de fruits de mers sous les yeux émerveillés de la coordinatrice ainsi que de Sacha.
- Non Salamèche, l’arrêta Serena ayant tout de suite remarqué son regard.
Le métamorphosé baissa les yeux vers sa nourriture pokémon. Les croquettes disposées dans son assiette ne lui disaient toujours rien, surtout avec le festin qui était posé quelques mètres plus haut.
- Je vois que Salamèche sait ce qui est bon, s’amusa Marco.
- Ne l’encouragez pas.
Mais le vieux loup de mer ne se gênait pas pour partager son repas avec son amie pokémon. Sacha les regardait faire, il tendit les bras pour bien appuyer que si Piko y avait le droit, pourquoi pas lui. Surtout que je suis humain ! se lamenta-t-il.
- Ton pokémon a l’air d’être une forte tête. Tu ne lui feras pas manger ces croquettes industrielles.
- Mais si je le laisse manger comme moi il va tomber malade, rappela Serena.
- Tu n’as pas le choix alors, tu vas devoir apprendre à cuisiner pour lui, sourit Marco.
Serena n’y avait pas pensé, mais effectivement ce serait peut-être la solution. Elle trouverait bien quelques recettes sur son navi-map et si elle pouvait cuisiner des plats qui ressemblaient aux siens, mais avec des ingrédients bons pour les pokémons, Salamèche n’aurait plus de raison de rechigner à manger. Perdue dans ses plans, elle ne remarqua qu’au dernier moment que le pokémon s’était hissé sur ses genoux et se régalait des produits de la mer.
- Tu es pire qu'un goinfrex, se lamenta-t-elle.
Ils embarquèrent de nouveau sur le navire en fin d’après-midi. Les fruits de mers récemment ingérés et les roulis du navire formèrent un mélange détonant pour notre pauvre Sacha. Serena se gardait de lui dire un « je t’avais prévenu » devant l’air misérable du pokémon. La traversée fut longue, trop longue pour le nauséeux qui rendit plusieurs fois son repas durement acquis à l’océan.
L’étoile du grand Polagriffe avait déjà pris sa place dans le ciel depuis un moment quand ils arrivèrent à Poivressel. Serena salua le vieil homme avant de se diriger vers le centre pokémon. Il était difficile de s’orienter, les lampadaires s’étaient déjà éteints et la nuit était dure à percer du regard. Heureusement pour Serena, elle pouvait compter sur ses deux pokémons feus pour lui éclairer le chemin jusqu’au lit douillet qu’elle avait mérité.
***
Les humains avaient enfin quitté la Grotte Granite, un petit pokémon rosé s’aventura dans les lieux jusqu’aux fresques. Les autres monstres l’observaient, intrigués qu’une telle créature soit ici. Le monstre flottait à la hauteur des peintures des géants, effleurant l’antique image de sa patte. Ces titans ne devaient jamais arriver jusqu’au bout de leur tâche, il s’en faisait le serment : ce monde continuerait à vivre, pour toujours.
L'erreur qui permettra de compléter AZOTH est-elle apparue ?