Mechamon Iris

Chapitre 40 : À la croisée des chemins

2615 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 7 mois

VI - Safrania


Chapitre 40 - À la croisée des chemins


Vingt-quatre Septembre.


Notre première vraie mission en tant que révolutionnaires commence aujourd’hui.


Mon nom est Farida. C’est tout ce que vous aurez besoin de connaître à mon propos, pour le moment.


Je me situe présentement à l’intérieur d’une voiture tout-terrain louée chez un concessionnaire de la ville de Parmanie.


Du moins, sur le papier. En réalité, nous n’avons rien à payer, car cette petite ville côtière au sud de Kanto est secrètement contrôlée par un clan de mercenaires, s’en servant de couverture afin de dissimuler leur village, caché au cœur de la Forêt Spectrale.


Et l’une des personnalités les plus importantes de ce clan se trouve présentement assise à l’arrière du véhicule que je conduis.


Anzu Fuschia. La jeune fille portant le titre de Spectrum. Un assassin légendaire et sanguinaire, capable à elle seule de terrasser une armée toute entière.


“ Je viens de sentir un frisson parcourir mon corps… j’espère qu’aucune de vous deux n’a eu des pensées désagréables vis-à-vis de moi ! ” , dit-elle, avec méfiance. Je me contente d’éviter son regard suspect, me concentrant sur la route.


“ Je garde toujours une pensée désagréable à ton égard dans un coin de ma tête, si cela peut te rassurer. ” Lui répond notre seconde passagère. Une jeune fille à l’apparence d’une pré-adolescente, tout comme le Spectrum.


Cette dernière est un mystère complet. Ses origines nous sont totalement inconnues, et possède des capacités dépassant notre compréhension.


Pour preuve, elle est capable de contrôler un Mechamon Soldat sans pokéball. Et elle aurait le pouvoir de transformer Azul Leeves, l’homme à l’origine de notre désertion, en une sorte d’être divin.


Cette dernière information reste à confirmer, puisqu’ils sont autant informés que nous sur le sujet.


Bref. Le nom de cet enfant est Ember.


Ma mission consiste à escorter et à protéger ces deux jeunes filles à Safrania. La ville ayant été prise d’assaut par le plus grand groupe criminel du pays. La Team Rocket.


Nous nous sommes séparés en plusieurs groupes, avec plusieurs objectifs différents. Le nôtre est censé atteindre le dojo de la famille Leeves, afin qu’Ember puisse s’y entraîner.


J’ignore si cela en vaut réellement la peine, mais le major semble persuadé qu’elle est la clé pour libérer Kanto du joug de son gouvernement tyrannique.



La route entre Parmanie et Safrania est longue. Et cela fait plus de quarante minutes maintenant que les deux filles à l’arrière se chamaillent pour le moindre petit désaccord.


Je suis surprise de voir que leur amitié reste inébranlé malgré autant de discorde. Personnellement, en cas de forte opposition, j’ai tendance à soit abandonner le dialogue, soit y mettre un terme par la violence.


Mais aussi étonnée que je puisse être, au bout de quarante minutes de cris, je ressens un certain niveau de haine grandir en moi. C’est pourquoi je décide de mettre un terme à leurs débats en m’incrustant à la conversation, leur demandant si elles se sont déjà rendues à Safrania.


Ember répond que non. Anzu nous donne la réponse inverse.


“ Sérieux ?! T’es déjà sortie de Parmanul ?!! ”, s’étonne la première.


“ Respecte un peu le nom de mon village !!! Et oui. Une partie de notre entraînement consiste à connaître les villes dans lesquelles nous pourrions être envoyés en mission un jour. ”


“ Oh. C’est genre des sorties scolaires. ” , dit Ember, banalisant autant que possible l’entraînement des ninjas du clan Fuschia.


Dans tous les cas, il est bon de savoir que nous avons un potentiel guide parmi nous.


“ N'empêche, avec Farida au volant, ça ne change pas vraiment de lorsque nous étions avec Azul. ” , affirme Anzu.


Ember se tourne instantanément vers son amie, outrée.


“ Tu rigoles ?! Ils n’ont rien à voir l’un avec l’autre !!! ”


“ Ah… Désolée. Je ne voulais pas te blesser— ”


Avant que la jeune fille ne puisse finir sa phrase, l’autre lui répond avec un regard mêlant de la peur et un grain de folie.


“ Si Azul était au volant, on serait déjà toutes mortes… Sérieusement, si tu penses que les gens qui ont leurs permis dans des paquets de céréales ne sont que des légendes, alors essaie de le laisser toucher à une voiture… Ou même une moto… ”


Je note cette information dans un coin de ma tête. Sait-on jamais.


“ J.. Je voulais dire, dans leurs comportements, ils ont tous les deux ce truc, tu sais ? ” , reprend la jeune kunoichi, cherchant à écarter Ember de ses souvenirs traumatisants.


“ Ce truc…? ”


La fille aux cheveux noirs me fixe dans le rétroviseur intérieur. Et il est difficile de me concentrer sur la route avec ses deux yeux écarlate posés sur moi.


Finalement, après une très longue minute d’observation, la jeune pré-adolescente s’exclame à haute voix.


“ Oh ! Ce truc ! ”


“ Oui ! Et puis il y a ça aussi ! ”


« Ça » ?


“ Hmhm ! Tu as raison !! ”


De quoi elles parlent…? Serait-ce de la télépathie ?


N'empêche, mis à part sa conduite dangereuse, je me demande quel genre de personne est Azul Leeves. Je décide donc de poser la question à voix haute.


Les deux filles commencent alors à énumérer, chacune leur tour, des qualités liées au jeune homme.


“ C’est un beau gosse. ”


“ Un goujat. ”


“ Un homme à femmes. ”


“ Tu veux pas plutôt dire un homme-femme ? ”


“ Les deux s’appliquent. ”



Suis-je vraiment si similaire à cette personne…?



Les heures s’enchaînent tandis que nous traversons les routes nous séparant de Safrania.


Quinze. Quatorze. Treize.


C’est finalement juste avant la longue autoroute 12 que nous ferons une pause, afin que tout le monde puisse se rafraîchir. Puis, suivant les panneaux en direction du nord, nous finirons par nous arrêter à Lavanville pour la nuit.


Une très longue nuit, à subir les coups de pieds d’Ember qui bouge dans son sommeil, ainsi que les craintes du Spectrum, qui semble avoir peur des fantômes.


Note à soi-même : ne plus jamais céder aux caprices de deux gamines qui ne veulent pas dormir seules.


Le lendemain à l’aube, nous partons en direction de l'ouest. Autoroute 8. Il s’agit de la dernière ligne droite. Mais nous ne sortons pas directement à Safrania. Les entrées et sorties sont normalement contrôlées par la mafia. Il nous faut donc abandonner la voiture avant, et infiltrer la ville à pied.


Je vous épargne les détails qui ne sont pas très intéressants. Étant moi-même une experte dans ce genre d'opérations, accompagnée qui plus est d’une kunoichi de Parmanie, l’infiltration se passe sans encombre.



Safrania. La seconde plus grande ville de Kanto. Connue comme étant le carrefour du pays dû à sa position centrale sur la carte.


En temps normal, il s’agit d’un endroit extrêmement attractif, tant pour les touristes que pour ceux qui souhaitent y vivre.


Les raisons sont multiples. Déjà, comme expliqué plus tôt, la ville est très bien située. Avec Azuria au nord, Lavanville à l’est, Carmin sur Mer au sud et Céladopole à l’ouest. Non seulement Safrania est au centre du pays, mais elle est également entourée de villes tout aussi attractives.


Ensuite, Safrania elle-même est une ville magnifique. Abritant plusieurs instituts de recherche mécaniques ainsi que le quartier général de la très célèbre Sylphe SARL, tout le centre-ville est une gigantesque exposition des capacités technologiques de ces derniers.


Tous les bâtiments brillant de rose et de bleu fluorescent à la nuit tombée. Plusieurs escalators et ascenseurs permettant de donner plus de verticalité aux rues. Même les métros semblent tout droit sortis d’un film de science-fiction, circulant dans des sortes de tubes transparents traversant la ville.


Aussi, Safrania est une ville riche en diversité. Constituée de nombreux districts dédiés aux cultures de plusieurs pays, il n’est donc pas difficile de trouver un travail ici grâce à son industrie florissante.


Bref. En arrivant, la première chose me sautant aux yeux est l’absence de monde dans les rues. Il y en a, mais très peu. Et tout le monde semble être à cran. Cela confirme les informations que nous avons.


Je constate également que les réactions d’Ember contrastent avec l’ambiance des habitants. Celle-ci semble plus heureuse que jamais.


“ Cette ville a l’air trop cool ! Vous croyez qu’on aura le temps d’explorer plus tard ?! ”


“ Si la mission se déroule bien et que le groupe du major parvient à déloger la Team Rocket… ” , je lui réponds sur un ton neutre, ne souhaitant pas partir victorieuse trop vite.


Anzu, contrairement à son amie, semble moins enthousiaste. À vrai dire, elle a presque l’air vexée.


“ T’as l’air beaucoup plus excitée que lors de ton arrivée à Parmanie… ”


“ Évidemment. Tu veux vraiment qu’on en parle de ton village nul ? ”


“ IL EST PAS NUL MON VILLAGE !!! ”


Voyant que les deux filles sont reparties pour se chamailler, je décide de les interrompre, leur rappelant notre mission actuelle.


“ Spectrum. Saurais-tu nous guider jusqu’au dojo des Leeves ? ”


“ JE NE SUIS PAS LE SPECTRUM !!! Et non. Je ne connais pas l’adresse de tous les habitants de Safrania non plus. ”


Je vois… C’était une erreur d’attendre quoi que ce soit de sa part. J’en prends note.


Utilisant les instructions que le major a notées sur un papier, je guide notre groupe à travers la ville.


L’objectif se situe au nord de Safrania. Cela fait une sacrée distance à pied, mais nous n’avons pas le luxe d’emprunter les transports en communs. Après tout, ceux-ci semblent complètement à l’arrêt. 


Ce n’est pas grave. Nous ferons plusieurs pauses afin de nous réhydrater.











“ Nous y sommes. ”


“ ENFIN !!! ”, hurle Ember, les jambes tremblantes et le visage trempé de sueur.


“ T’es peut-être rapide, mais niveau endurance… Comment dire…? ”, Anzu en profite afin de se moquer d’elle.


Malgré mon détachement total vis-à-vis de leurs querelles constantes, je ne peux m'empêcher d’avoir de la peine pour Ember. Après tout, nous venons de marcher pendant presque quatre heures dans une ville où tout semble plus proche que ce qu’il en est réellement.


Je décide donc de lui sourire gentiment, avant de lui offrir quelques mots rassurants.


“ Il ne nous reste plus qu’à monter ces marches, et nous serons au dojo. ”


Le regard terrifié de la jeune fille se lève peu à peu, de plus en plus haut, tandis qu’elle compte le nombre de marches qu’elle doit encore monter. Finalement, elle tombe à genoux, ses yeux dépourvus de toute lueur.


“ EMBER ?!! ”


Le Spectrum se jette au chevet de son amie, la secouant comme un soldat suppliant son camarade de rester en vie. Je ne comprends pas… Est-ce un décalage générationnel ?



J’ai finalement pris la décision de transporter notre compagnon à terre sur mon dos, la reposant une fois au sommet.


Celle-ci observe les alentours avec grand intérêt. Un intérêt plus calme que lorsqu’elle a découvert la ville, plus tôt.


La maison des Leeves se situe dans les hauteurs, nous offrant une magnifique vue sur une partie de Safrania. Une partie plus archaïque, puisque nous sommes loin du centre-ville.


L’endroit est constitué de deux bâtiments. Une maison de taille moyenne, ainsi que le dojo, juste à côté. De plus, un grand terrain semble s’étendre à l’arrière. Le tout, encerclé d’arbres aux feuilles rougeoyantes, nous rappelant que nous sommes déjà en Automne.


Tout est très calme. Trop calme. Je ne me suis jamais rendu dans un dojo, mais je m’imaginais ce genre d’endroit comme étant plus bruyant.


Soudain, un son retentit. Il s’agit de la sonnette. Notre amie la kunoichi se tient de manière nonchalante face à la porte, le doigt posé sur le bouton tant redouté.


“ Anzu ?!! Ça va pas ?!!! ” , crie Ember en attrapant son amie par le col.


“ Bah quoi ? On ne va pas passer la journée devant la porte, si ? ”


Anzu marque un point. Mais j’aurais peut-être aimé prendre un peu plus de temps afin d'analyser la situation.


Alors que les deux jeunes filles se battent pour savoir s’il fallait sonner ou toquer, la porte s’ouvre. Derrière celle-ci, apparaît une femme aux cheveux rouges, portant des vêtements étrange. Un mixte entre une tenue de combat et une robe d'affaires.


Un instant, cette description physique… Ne me dites pas qu’il s’agit de…!


“ ...... ”


Cette dernière fixe Ember, bouche bée, sans rien dire. Elle semble choquée de la voir ici. Et en retour, Ember la fixe également. Pour être plus précise, elle fixe son décolleté extrêmement plongeant, d’un air encore plus surpris.


Mince… Je peux le sentir sous ma peau. Ce sentiment de danger imminent.


J’attrape la capuche de notre jeune amie, la tirant dans ma direction afin de l’éloigner de la femme aux cheveux cramoisis.


L’expression de cette personne vire de l’étonnement au désespoir en voyant Ember prendre de la distance. Elle s’avance alors, comme par réflexe, posant lourdement ses mains sur les épaules de la jeune fille.


“ Ha… Pardon. Je ne m’attendais juste pas à voir un tel petit ange en ouvrant la porte. ” , dit-elle, presque en bégayant.


Elle ment. Enfin non. Elle est bel et bien surprise de nous voir ici, mais ce n’est pas dû au fait qu’Ember soit « un petit ange ». Elle sait des choses que nous ignorons.


Et pendant que j’essaie de trouver un moyen de nous sortir de cette situation périlleuse, la gamine concernée semble de plus en plus choquée maintenant qu’elle a une meilleure vue sur le décolleté de—


“ Hey. Olga. J’ai capté un signal provenant de… Hah ? ”


Une nouvelle voix, plus aiguë, provenant de l’intérieur de la maison, nous parvient. En regardant dans sa direction, je vois une jeune fille, aux longs cheveux noirs et aux yeux rouges, ressemblant légèrement à Ember.


En l’entendant, notre propre gamine à la chevelure d’ébène regarde par-dessus l’épaule d’Olga, ses yeux s'écarquillant en voyant la personne à l’intérieur de la maison.


D’une voix tremblante, elle prononcera le nom de cette dernière.


“ S.. Sabrina…! ”


En retour, Sabrina fixe la scène, presque inexpressive. Je vois ses lèvres bouger afin de murmurer quelque chose, mais le son ne nous parvient pas.


Finalement, c’est un autre prénom qui sortira de la bouche de la jeune fille, à un volume légèrement plus élevé.


“ Emily… ”


Emily ?


Nous nous tournons toutes en direction d’Ember, dont des larmes se forment peu à peu aux coins de ses yeux.


Elle parvient finalement à se libérer de l’emprise d’Olga, fonçant droit dans la maison des Leeves avant de sauter dans les bras de Sabrina, la faisant tomber au sol.

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