Donjon Mystère - La porte du devenir

Chapitre 7 : Le château de la reine

3983 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/12/2021 01:55

      Le lendemain – enfin si on peut appeler ça un lendemain, le ciel restait noir – les villageois firent l’effort de se lever tôt pour nous saluer avant notre départ. Sylveroy comptait les revoir, mais pour moi, ce n’était qu’un aller simple. Alors je m’excusai une dernière fois pour la gêne occasionnée, sans compter celle qui allait potentiellement se faire entendre depuis le château de leur reine. Celle vers qui nous nous dirigions les poings fermés.

Tu es prête, Sylveroy ?

- (Sylveroy) Plus que jamais, mon cher ami.

- (Bulbizarre) Parfait ! Dans ce cas…

Commençai-je, en saluant une dernière fois nos compagnons de la dernière soirée, avant de me retourner vers notre objectif du jour :

- (Bulbizarre) Allons sauver nos proches !

 

La porte du devenir – Chapitre 7 : Le château de la reine

 

Nous arrivâmes face à son gigantesque château. Au moins deux fois plus grand que celui de Sylveroy, je m’en rends compte maintenant que je suis en-dessous. Peut-être qu’un drapeau y est accroché, je n’arrive même pas à le percevoir d’ici. Honnêtement, j’m’en fiche un peu, on sait tous pourquoi on est ici, alors arrêtons de divaguer et allons droit au but !

- (Bulbizarre) NIDOQUEEN !!!

Hurlai-je, en défonçant d’un coup de boule la porte d’entrée.

- (Sylveroy) Elle n’était pas fermée.

Fallait pas l’dire, rhô là là, c’était plus stylé comme ça !

- (Nidoqueen) Effectivement, elle ne l’était pas !

Exclama en retour notre adversaire, en sortant soudainement de l’ombre depuis le sommet de ses escaliers. Le hall d’entrée était similaire à celui de Sylveroy, à la différence de sa propreté. Tout était parfaitement en état, rien de cassé. Les lumières dominantes n’étaient pas blanches, mais rouge. Un rouge sang. Nous étions seuls, étrange si l’on part du principe qu’elle nous attendait… !

Elle, elle nous regardait de haut, comme si son corps ne le lui permettait pas déjà ! Son sourire narquois me mettait hors de moi, comment pouvait-elle tant se plaire à être une ordure !?

- (Nidoqueen) Bienvenue à vous, en tout cas !

- (Sylveroy) En garde, Bulbizarre… !

Pas la peine de m’le dire deux fois !

- (Bulbizarre) Où est Sabelette !?

- (Nidoqueen) La princesse ?

… Pardon ?

- (Nidoqueen) Dans sa chambre, elle a besoin de repos.

Je ne savais quoi répondre. Elle me sortait ça comme si de rien n’était, comme si tout était normal !

- (Nidoqueen) Pourquoi fais-tu cette tête, n’étais-tu pas au courant de sa destinée ?

Sa… destiné ?

- (Nidoqueen) Ou alors cela n’est-il que le retour de bâton ? Après tout, tu l’as abandonné à son sort.

- (Bulbizarre) Je… !

… Mince… elle a raison.

- (Sylveroy) Il suffit !

Soudainement, mon amie visa d’une main fermement contractée sa cible, avant de lui élancer sa plus puissante attaque Tranch’Herbe. Des tas de petites feuilles pointues se projetèrent sur Nidoqueen, qui bondit dans les airs pour tout esquiver avant de ratterrir face à nous, à notre hauteur. N’oublions pas le tremblement de terre qui suivit son impact au sol, il me déstabilisa et me fit trébucher. J’étais encore sous le choc de ses paroles, je ne pensais pas à me redresser…

- (Nidoqueen) Tu attaques sans prévenir, maintenant ? Tant mieux !

Elle se cogna les poings en se léchant les babines.

- (Nidoqueen) Toi aussi, t’as envie de passer à la partie la plus intéressante !!

- (Sylveroy) J’en ai surtout assez, de tes reproches incessants ! Tu veux nous prouver qu’elle est mieux à tes côtés, alors fais ce que tu sais faire de mieux et amène-toi ! En attendant…

Elle se mit en garde à son tour.

- (Sylveroy) Nous savons que tu veux en faire une arme !

… Oui, c’est vrai ! J’ai été horrible avec Sabelette, mais si je lui présente mes excuses, si elle me pardonne… !

Je n’eus le temps d’y penser plus longtemps, que les deux ennemies s’élancèrent l’une sur l’autre : la confrontation débuta ! Nidoqueen cognait au corps-à-corps, mais pas Sylveroy. Elle fit mine de lui foncer dessus, mais à l’instant où elle allait se prendre un coup, une aura violette entoura ses pieds : elle bondit en arrière et esquiva surprenamment la charge adverse, avant de la contrattaquer avec ses pouvoirs psychiques.

- (Nidoqueen) Prends ça !

D’un mouvement de main, elle l’envoya valser contre ses escaliers, desquels elle s’enfonça assez violemment. Le bruit du béton s’explosant contre sa peau indestructible était assez effrayant, mais je n’avais pas le temps d’avoir peur !

Nidoqueen se releva rapidement, son visage crispait un sourire angoissant. Tout cela l’amusait. Elle refonça à la charge, et alors que Sylveroy s’apprêtait juste à refaire la même chose, elle posa brusquement ses mains à terre.

- (Nidoqueen) Essaie d’esquiver ça !!

Le sol se mit à trembler. Minute, elle va provoquer un séisme !? Mais… !? On est dans SON château, qu’est-ce qui lui p… !?

Je n’avais pas le temps d’y penser, tout se détruisait déjà ! Les piliers explosèrent, le plafond s’effondra, les rampent s’écroulèrent, la porte se fit ensevelir. Des débris me tombèrent droit dessus, bien heureusement, Sylveroy m’enroula d’un bouclier psychique qui me sauva. Mais elle… en plus de se prendre une partie de l’éboulement, Nidoqueen l’agrippa par surprise et la traîna jusqu’à l’autre bout de la pièce, la tête raclant le sol et ses débris sur tout le long de l’aller.

Elle la plaqua ensuite contre un mur, et alors qu’elle essaya de la repousser d’un geste psychique, l’autre reine lui attrapa férocement la main pour l’empêcher de procéder. Elle serrait fort, trop fort, je le voyais bien ! Sylveroy voulait hurler de douleur, mais sa bouche était recouverte par l’imposante main adverse. Nidoqueen, elle, gardait encore et toujours ce fichu sourire narquois !

- (Nidoqueen) Encore une fois, on voit qui tient le coup et qui se chie dessus après une seule charge ! Vous me répugnez, les types psy, votre corps n’est qu’un déchet au service de votre esprit ! Moi, j’appelle ça du gâchis !! Maintenant, soumets-toi !!

C’est hors de question !! Alors qu’elle avait le dos tourné, je brandis un lourds débris avec mes lianes pour le lui éclater sur le crâne ! Ça la déstabilisa, suffisamment pour permettre à Sylveroy de reprendre le contrôle de sa main. Elle la projeta donc d’un geste psychique, reprenant un souffle angoissé et douloureux, mais elle était libre !

Moi, je continuai ma stratégie ! Alors que Nidoqueen cherchait à se relever, j’attrapai le plus de débris possible pour les lui envoyer en plein dans la figure. Soit elle se les prenait et retombait, soit elle les faisait exploser en les frappant, mais devait rester au sol pour ! Dans tous les cas, je faisais gagner du temps à Sylveroy !

- (Nidoqueen) Espèce de sale gosse… !

Elle rattrapa l’un de mes débris pour me le renvoyer sauvagement. Je l’esquivai, mais lui laissa le temps de se redresser. Immédiatement, elle me chargea tel un Tauros !

- (Nidoqueen) DE QUOI TU TE MÊLES !?

Instinctivement, je me servis des débris à disposition pour grimper en hauteur comme sur une tour. Et dès qu’elle arriva sur moi, plus l’choix, je sautai de toutes mes forces pour esquiver son corps de monstre ! Ça fonctionna, je lui passai au-dessus, mais moi et les voltiges, ça a toujours fait deux ! À cette distance du sol, je suis sûr de m’briser quelque chose, surtout autour de tous ces débris pointus !

Alors une nouvelle fois par instinct, j’agrippai rapidement mes lianes à elle, comme quand tu essaies désespérément de te rattraper au-dessus d’un vide. Le fait est que je lui entourai le cou, et la force exercée par mon poids fit le reste : je la bousculai en arrière pour, de mon côté, ratterrir en douceur. Elle, elle planta son dos sur les dégâts de sa propre attaque, moi, je les esquivai de peu grâce à ma propre physionomie !

Ouf… j’ai vraiment eu beaucoup de chance, là ! Je me reculai doucement d’elle, alors que malgré tout, elle se relevai. Je tremblai, forcément, ce qui est en train de m’arriver est absurde ! J’veux dire… qui suis-je, pour affronter une reine ?

Sa carrure, ses muscles, sa violence, on dirait… lui.

Comment puis-je encore être en vie ? Ce genre de menace, ce n’est pas à un incapable comme moi de les affronter, je n’ai à priori aucune chance, je… !

« DE QUOI TU TE MÊLES !? »

… Qu’est-ce que ça veut vraiment dire, au fond ? Je ne suis personne, je n’ai aucun titre, aucun rôle ; je ne viens même pas d’ici ! Mais…

« Pourquoi fais-tu cette tête, n’étais-tu pas au courant de sa destinée ? »

Non… !

- (Bulbizarre) N’importe quoi, ce n’est pas sa destinée !

- (Nidoqueen) Hein… ?

- (Bulbizarre) Sabelette n’a qu’une destinée, et c’est de SORTIR DE CETTE FICHUE VIE INFERNALE !! Je l’éloignerai de vous, de sa mère, de tout, TOUS CEUX QUI LUI VOUDRONT DU MAL !!

- (Nidoqueen) Du mal, moi ? Nan… c’est tellement plus que ça !

- (Bulbizarre) Elle n’est qu’un moyen d’arriver à vos fins !

- (Nidoqueen) Et alors ? Si cela lui permet de vivre une meilleure vie, où est le problème ? Elle pourra se venger de sa mère, de son monde, de tous ceux qui jamais ne sont intervenus pour la sortir de là ! Je fus la première à lui tendre une main, alors hors de sa vue !

- (Bulbizarre) Non… ! Le premier à lui tendre une main… c’est Nidoran !!

- (Sylveroy) Maintenant !!

Parfait, je n’attendais que son signal ! Je bondis de toutes mes forces sur le côté, et le temps de se rendre compte de ce qu’elle allait se prendre ; Sylveroy avait déjà élancé son attaque ! Une redoutable, une surpuissante attaque psychique qui cette fois la blessa fortement ! Elle en hurla de douleur, alors que son corps se fit projeter dans le plus gros tas de débris de la pièce.

Nous nous regroupions, alors que nos regards fixaient le nuage de poussière entourant sa carrure. La victoire semblait notre, tout semblait enfin gagné !

Hélas…

- (Nidoqueen) Ah ah… ah ah ah… ! Je vois… vous la jouez comme ça, hein ?

Clama-t-elle en nous fixant sans se relever. Elle souriait toujours… bon sang !

- (Nidoqueen) Je pense qu’il est temps de vous faire calmer ! AMENEZ-VOUS, PROTECTEURS DE CE ROYAUME !!!

- (Sylveroy) Quoi… ?

Elle paniquait. Normal, je suppose. Étant une très puissante type psy, elle est capable de sentir les esprits sans même les percevoir. Là, ce n’était pas le cas. Et alors qu’elle scrutait les alentours en se demandant pourquoi, l’air tout aussi paniqué que prête à se battre ; le mien, mon regard, était fixé sur les deux Pokémon qui sortaient lentement de l’ombre, en face de nous.

J’écarquillai les yeux, je n’avais pas les mots pour ne serait-ce qu’avertir Sylveroy de l’horreur qui se tenait en face de nous. Mais elle le remarqua rapidement, elle aussi. Ces deux Pokémon qui encerclaient Nidoqueen, la laissant se relever sans que l’on puisse intervenir. Ils étaient droits, ne tremblaient pas, immobiles comme des statues quand elle ne leur donnait pas d’ordre. Et ces Pokémon, c’étaient…

- (Sylveroy) Spectreval… ?

- (Bulbizarre) N… NIDORAN !!!

Non… ! Une aura violette les entourait, ce n’était pas eux ! Mais alors… quand Sylveroy parlait de corruption… elle voulait parler de contrôle mental !? Nidoqueen n’a pas convaincu Spectreval de la rejoindre, elle l’a forcé ! Et Nido a subi le même traitement, il n’a plus le contrôle de son propre corps, c’est atroce !!

- (Bulbizarre) RELÂCHE-LES IMMÉDIATEMENT !!!

- (Nidoqueen) Vous voulez les reprendre ? Hé hé hé… il va falloir les cogner très fort, dans ce cas ! C’est le seul moyen d’enlever le sortilège !

Quoi !? Non !! Sylveroy est puissante, elle peut forcément… !

- (Sylveroy) Non, Bulbizarre, je ne peux rien y faire !

Me cria-t-elle avant même que je ne puisse finir de penser. En me retournant, je la voyais aussi tétanisée que moi. Son regard parlait à sa place : elle avait déjà tout essayé.

Mais alors, Nidoran… !

À peine eu-je le temps de me reconcentrer sur lui, qu’il se trouvait sur moi ! Il m’assigna un coup de boule et je m’écrasai sur le bulbe, déstabilisé par cette situation irrésoluble. Il était hors de question que je lui fasse du mal ! Je ne pouvais pas lever la main sur mon petit frère, jamais… !

Et je crois qu’il en était de même pour Sylveroy. Son partenaire était beaucoup plus agile, rapide et fort que Nido. Un adversaire à sa hauteur, entre autres. Elle non plus ne voulait le blesser, pire, les défaites du passé raisonnaient dans son regard.

Elle se laissait dominer, et moi aussi. Si ça continuait comme ça, on… !

- (Bulbizarre) … Ça suffit !! On… *souffle* on abandonne !

Hurlai-je finalement, en trainant du mieux que je pus mon regard vers cette fichue reine, celle qui nous regardait de haut, les bras croisés en train de se faire abattre par nos proches les plus précieux. Comme toujours… elle souriait d’un air narquois.

Je la hais…

- (Nidoqueen) Pfff… votre sens des priorités me fait pitié ! Vous auriez pu sauver votre peau, mais vous avez préféré vous laisser pourrir plutôt que de fuir en vous disant qu’ils vivront une meilleure vie à mes côtés !

Une… meilleure vie ? On ne parle pas de Sabelette, là, on ne parle pas de quelqu’un que vous pouvez convaincre en frappant là où ça fait mal… ! Nidoran, vous le contrôlez littéralement ! Son cerveau, son esprit, vous l’avez expulsé de son corps pour en faire votre pantin !

JE VOUS DÉTESTE !!!

- (Sylveroy) Bulbizarre… ! Arrête !

Hein… ? Qu’est-ce que… ? Maintenant que je m’en rends compte, j’étais en train de me relever. Ma rage parlait à ma place, j’allais bondir sur Nidoqueen quitte à faire valdinguer Nido ; qu’est-ce qui m’a pris !?

- (Nidoqueen) Bien, c’est l’heure de la sieste !

Et le temps que je me reconcentre sur elle, elle m’assigna un violent coup de poing qui m’envoya valser dans les pommes. J’avais perdu connaissance, j’avais… perdu cette confrontation.

… Hum… ? J’ai mal à la tête… j’ai froid… j’ai faim…

Aïe ! Ça pique… !

- (Sylveroy) Navrée, mais je dois couvrir tes blessures.

- (Bulbizarre) Hein… ?

J’ouvrai les yeux, enfin l’œil droit.

- (Sylveroy) C’est normal, ton œil gauche est en mauvais état.

Un œil au beurre noir… ? Ah ah… c’est bien le premier…

- (Bulbizarre) Que se passe-t-il… ? Où on est… ?

- (Sylveroy) Dans ses cachots. Nous avons perdu.

- (Bulbizarre) … Ouais, ça je savais…

Je me redressai avec difficulté, divaguant mon regard dans tous les recoins de la minuscule pièce dans laquelle nous nous trouvions enfermés. Les barreaux métalliques étaient rouillés, le sol et les murs d’une pierre rouge plus usée encore. De la mousse couvrait un recoin, une chaîne pendait contre un autre. L’odeur, elle, était indescriptiblement abominable. Un mélange de pipi et de transpiration… ah, bah je viens de le faire, finalement.

Et moi, dans tout ça ? En regardant mon corps couvert de bandages, mes vêtements à moitié déchirés, à moitié tâché de mon sang et de la poussière environnante, je ne suis pas bien fameux. En fait, je suis pitoyable.

- (Sylveroy) Non, tu t’es battu jusqu’au bout. Je ne te remercierai jamais assez pour cela.

- (Bulbizarre) Je n’ai pas servi à grand-chose.

- (Sylveroy) Jamais je n’aurai osé prononcer le mot « abandonner », pas face à elle. Mon égo, mon ridicule égo me l’interdisait, quitte à mourir des sabots de mon meilleur ami. Qui plus est, pour quelqu’un qui voulait fuir…

Elle termina de m’appliquer le dernier soin, ça piqua fort mais son toucher… était réconfortant.

- (Sylveroy) Je t’ai trouvé très courageux.

- (Bulbizarre) Merci… où as-tu trouvé tout ça ?

- (Sylveroy) C’est elle qui nous l’a donné… enfin balancé à travers les barreaux de la cellule. Je suppose qu’elle nous veut en vie encore un moment.

En la dévisageant et alors que ma vue s’adaptait à l’obscurité, je remarquai tout le sang séché qui recouvrait sa fourrure. Elle était tout aussi blessée que moi, mais n’avait utilisé le rouleau de bandages que pour moi, que pour ma santé.

- (Sylveroy) C’est normal, je…

- (Bulbizarre) Passe le moi, s’il te plaît.

Lui demandai-je en tendant une liane. Elle hésita, puis baissa la tête en acceptant de se faire soigner à son tour.

- (Sylveroy) C’est très humiliant.

- (Bulbizarre) Pourquoi ?

- (Sylveroy) C’était à moi de gérer la situation, c’était à moi de te protéger…

- (Bulbizarre) Non, Sylveroy, certainement pas. Tu ne te souviens pas ? On forme une équipe ! Je ne suis pas le mioche à sauver d’une menace inébranlable, je suis ton partenaire, je suis tout aussi actif que toi !

Elle ne rétorqua pas, alors que j’étalais les premiers bandages autour de ses bras.

- (Bulbizarre) Je… j’ai réfléchi à ma définition de l’héroïsme. Je sais que je ne suis pas au niveau. Être un héros, c’est suivre une mentalité avant tout. Mais cette mentalité te demande parfois de te mouiller, de te battre, de risquer ta vie pour autrui. Et dans ce domaine, je ne sers à rien. Je n’aime pas me battre et je ne veux pas apprendre à le faire ! Voilà pourquoi je ne suis personne, si ce n’est quelqu’un qui essaie de réparer ses erreurs.

- (Sylveroy) … Ton esprit s’embrouille, tu repenses au passé.

- (Bulbizarre) … Non, c’est bon. Je n’y penserai plus, je dois aller de l’avant. Le jour où Bourg-Trésor se fit détruire, j’ai été totalement inactif. Je n’étais pas non plus à la hauteur, très loin de là. Mais je m’en fiche, quelqu’un est mort dans la bataille qui a suivi et… j’aurai pu… j’aurai DÛ faire quelque chose ! J’veux dire, regarde où la volonté m’a mené !

- (Sylveroy) Dans un cachot ?

- (Bulbizarre) Exactement !

Exclamai-je avec le sourire, en terminant d’appliquer tous les soins nécessaire à son bienêtre. Elle se retourna pour me regarder avec doutes, mais j’étais sûr de moi.

- (Bulbizarre) Dans les cachots d’un château d’une reine tyrannique d’un territoire à sa merci, dans un monde inconnu aux êtres indéniablement méritants d’une paix que personne n’aurait jamais pu espérer vivre sans notre dérangement ! Je ne regrette rien, Sylveroy, absolument rien ! Tant qu’ils peuvent encore être sauvés, tant que tu es à mes côtés pour, alors je suis prêt à tout pour parvenir à mes fins ! Peu importe ce qui est et ce qui va arriver, je me suis senti revivre, je me suis senti utile ! Alors ne t’excuse pas, parce que tu ne perds pas seule. Et honnêtement… ça m’fait du bien, de perdre avec une amie… !

Ouais, ça change de d’habitude… *soupir*

- (Sylveroy) … Bulbizarre…

*BOUM*

Wow… ! On se retourna vers l’extérieur de la cellule. Ça venait de loin, très loin.

- (Sylveroy) Les habitants… !

- (Bulbizarre) Quoi ? Que se passe-t-il !?

- (Sylveroy) Je sens leurs esprits s’affoler ! Je crois que Nidoqueen est au courant. Elle sait qu’ils n’ont pas cherché à nous arrêter !

- (Bulbizarre) Non !! Elle va les massacrer, il faut faire quelque chose !

- (Sylveroy) Bon sang, si seulement j’étais en état d’utiliser ne serait-ce qu’un pouvoir psychique… !

Non ! Non non non !! Pas après ce discours de motivation !! Je m’élançais sur les barreaux, les cognant de toutes mes forces avec les pauvres lianes déjà bien égratignées. Ça ne servait à rien, nous étions bloqués en prison, seuls et sans le moindre espoir de sauver qui que ce soit ! Nidoran et Spectreval ne pouvaient nous aider, Sabelette ne pouvait nous aider, les habitants ne pouvaient nous aider, personne ne le pouvait.

C’est ce que je pensais, avant qu’une lueur jaune-orangée ne s’élance à toute vitesse sur nous. La couleur des flammes, oui, une puissante boule de feu allait s’exploser sur les barreaux. Bienheureusement, Sylveroy m’agrippa pour m’élancer avec elle vers l’arrière, auxquels cas je me serai fait griller sans équivoque.

Quand nous rouvrîmes les yeux, les barreaux fondaient. Le crissement des flammes, la lumière qu’elles apportaient et la chaleur qu’elles transmettaient me mit presque immédiatement les larmes aux yeux. Peu importe qui ce fut, être sauvé dans un tel brin de désespoir était digne d’un miracle.

Alors quand je vis sa figure s’approcher, suivis de près par un autre Pokémon quadripède, tous deux plus grands que moi et à l’air protecteur… je suppose que je me suis trouvé une vraie raison de pleurer.

- (Gruikui) Bulbizarre !!

- (Vivaldaim) Imbécile, t’as failli le blesser ! Bon sang, Bulbizarre, dis-nous que tout va bien !!

- (Sylveroy) Qui sont-ils, Bulbizarre… ?

- (Bulbizarre) Ce sont… !

Je n’arrivai pas à m’exprimer clairement, trop en pleure pour le formuler correctement. Alors je ne fis qu’une chose, une seule chose pour montrer à Sylveroy que tout allait bien, une unique chose pour leur exprimer ma fierté, quant à leur indiscutable courage.

Je sautai à travers les flammes pour atterrir dans leurs bras. Ils me reçurent avec tout autant de larmes, même s’ils cherchaient à le cacher.

Tout pouvait encore être arrangé, j’avais raison de ne pas perdre espoir !

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