Les Train Twins
Chapitre 27
How to save a life
Depuis son hyperball dissimulée sous le lit de Robin, Lucario entendait vaguement des cris et des gémissements de douleur. Ce n’était pas très net…
Pour échapper au courroux de sa mère, le petit garçon avait caché l’hyperball sous le sommier, puis il avait oublié de l’emmener en vacances. Il s’en était rendu compte sur la route pour Lavanville, mais s’il en parlait à son père, il risquait d’être puni. Le petit garçon, en pyjama dans le salon douillé de ses grands-parents avec son bol de céréales et sa tasse de chocolat chaud, réfléchissait à un moyen de prévenir Fry…
Pendant ce temps, au Bourg Palette, les tortures de Florine continuaient et Lucario se reposait. Les sons de l’extérieur sont extrêmement étouffés depuis l’intérieur d’une pokéball. On s’y sent bien, comme dans un cocon, un œuf ou les bras d’une mère. Lucario y somnolait au chaud. Lui qui haïssait les humains et ne voulait surtout pas être capturé, il avait pris goût au confort de l’hyperball, si rassurante. Cette tranquillité, cette quiétude, c’était comme un rêve qui n’en finit pas...
Mais les cris persistaient, il n’arrivait pas à en faire abstraction à cause de son aura. Il s’agitait, son rêve tournait au cauchemar. Ces cris lui rappelaient sa mère et ses amis de Verchamps fuyant dans la bérézina les monstres de métal rasant la forêt.
L’hyperball tremblait, animée par une force intérieure puissante, elle roula jusqu’au bord du lit. Puis, poussée par les lois de Newton, elle parcourut encore plusieurs centimètres sur le parquet. Robin n’avait pas verrouillé la ball comme sa sœur lui avait demandé et Lucario jaillit hors de son hyperball.
Aussitôt sorti de sa capsule, il fut assailli de sons sinistres et d’auras oppressantes : le rire fou de Jérôme Vecken, les ondes négatives de Zoroark et Ténéfix, le chant sinistre des zarbi, la peur de Fry, les hurlements de Jessy et Jenny, le râle de Florine… Il se crispa et se tourna brusquement vers la balustrade de la mezzanine pour regarder en contrebas, un peu perturbé par la couche de cristal qui recouvrait les murs et les meubles derrière lui.
Jérôme ne remarqua rien, il était pris dans son délire et Zoroark était concentré sur l’illusion qu’il devait créer pour son maître. Lucario ne voyait pas le décor fantasmé destiné à Florine et Jérôme, lui il voyait juste le laboratoire. Le ténéfix en revanche remarqua le nouvel arrivant. Son regard de diamant croisa celui de Lucario, le pokémon de Sinnoh en perçut immédiatement toute l’hostilité. Il vit Florine dénudée, blessée et couverte de sang près du Ténéfix. Il n’appréciait pas plus la professeure Léon que sa propre dresseuse, mais il avait compris qu’elle était la mère du petit Robin, leur odeur était la même. Il capta l’aura du fou furieux en train de rire aux éclats, elle était infâme, hystérique et meurtrière. Il captait aussi l’aura de Jessy, toujours plus forte que le reste, elle dégageait une telle peur, une telle angoisse… Il n’avait pas réussi à l’intimider dans la forêt de Verchamps, alors qu’il avait tout donné, mais aujourd’hui elle était terrifiée, terrifiée à l’idée de perdre sa maman. Les cris déchirants des jumelles appelant Florine depuis la pièce d’à côté lui remuèrent les tripes et ravivèrent le plus douloureux souvenir de sa mémoire : la mort de sa mère. Lucario devint plus fou encore que Jérôme, si cela était possible.
« Luaa !!!
- Ténéé ! »
Ténéfix anticipa les choses et balança une balle ombre vers Lucario, il bondit pour l’éviter. Il sauta en équilibre sur la rambarde de la mezzanine et lança une aurasphère puissante. Le vif ténéfix l’évita, mais l’attaque toucha le zarbi H se trouvant sur la trajectoire. La balle ombre de ténéfix détruisit le lit de Robin, les plumes de lackmecygnes de son oreiller volaient partout. L’aurasphère de lucario mit K.O. le zarbi H et abima la barrière de cristal de l’escalier derrière laquelle se trouvaient Fry et les jumelles. La couche de cristal se régénérait déjà lentement. Le zarbi D semblait en panique, seul il pouvait maintenir la muraille de cristal mais son énergie allait se consumer à toute vitesse. Le souffle de l’aurasphère et l’évanouissement du zarbi H perturbèrent Zoroark. Il cessa son emprise sur Florine et Jérôme, pour les deux humains ce fut un retour brutal à la réalité. La disparition de l’illusion de Zoroark sortit de force Jérôme de son délire de vendetta. Il leva les yeux vers le Lucario dressé au premier étage.
« D’où il sort celui-là ?!?
- Téné téné ! »
Lucario lança une nouvelle aurasphère, sur Zoroark cette fois. Le pokémon venait à peine de stopper son illusion, il n’eut pas le temps de réagir et de se protéger. Il fut abattu en une seule attaque. Jérôme Vecken écarquilla les yeux, sidéré. Il n’avait jamais vu un pokémon d’une telle puissance.
De l’autre côté du mur de cristal, Jessy et Jenny sentirent une violente secousse et entendirent des explosions semblables à des attaques de pokémon provenant du laboratoire.
« C’était quoi ça ?!? » Demanda Fry avec anxiété.
Les sirènes de la police et des pompiers résonnaient dans la campagne environnante, les secours arrivaient à fond la caisse. Ils y étaient presque, il fallait sauver leur mère avant qu’il soit trop tard. Les jumelles ne voyaient que des ombres s’agiter derrière la strate de cristal, mais il y avait bien un combat pokémon. Jessy avait l’impression qu’il s’agissait des aurasphères de Lucario, pourtant il n’était pas censé être ici. Jenny vit la barrière de cristal se fragiliser, elle donna un violent coup de coude à sa sœur et à Fry, ensemble ils encouragèrent leurs partenaires pokémon à briser les cristaux.
Le laboratoire était en ruines. A l’intérieur, Ténéfix s’excitait sur le Lucario, il venait d’abattre mushana. Le pokémon psy avait fait l’erreur de s’approcher pour l’hypnotiser. Lucario avait un niveau nettement supérieur au sien et le pokémon de Jérôme ne résistait que grâce à son esquive hors du commun et à sa double résistance combat/psy qui le rendait insensible à la moitié des techniques de lucario, dont les aurasphères.
« Tu ne me priveras pas de ma vengeance ! Plutôt crevé !!! »
Il envoya au combat son dernier pokémon, un roucarnage, sans lui donner d’ordre, juste pour occuper Lucario le temps qu’il achève son crime. Il se jeta sur Florine et la saisit à la gorge. Affaiblie, elle essaya de dégager les mains de Jérôme mais c’était inutile, il avait trop de force. Alors, dans un ultime éclair de lucidité, elle tendit le bras vers le zarbi. Lucario évita la cru-aile maladroite du roucarnage affolé, prisonnier du laboratoire, et regarda horrifié l’humaine se faire étrangler, il voulait la sauver. Il vit son bras tendu et, pour la première fois de sa vie, il obéit à un humain. Il projeta une aurasphère sur le deuxième zarbi et l’acheva en un coup. Le zarbi tomba mollement sur le sol, à l’instar du bras de Florine. Privée d’oxygène, elle avait perdu connaissance, son esprit embrumé dessinant vaguement une dernière fois les traits de Sébastien. Aussitôt, Lucario se rua physiquement sur Jérôme Vecken et le heurta avec violence. Sous le choc, l’assassin lâcha sa victime et fut propulsé contre le bureau et la chaise derrière lui. Florine fut ballotée comme un vulgaire sac de farine. Jérôme grogna. Ses deux derniers pokémon réagirent pour défendre leur dresseur et se jetèrent sur Lucario. Peine perdue, ténéfix et roucarnage ne faisaient pas le poids contre Lucario.
Zarbi K.O., la barrière de cristal disparut comme par enchantement. Fry et les jumelles se précipitèrent dans le laboratoire avec Pit, Chu, Marvy et Kathy.
« Maman !!! » Hurla Jenny en voyant Florine, inconsciente sur le sol.
Sur ordre de Fry, Scarhino se jeta sur l’agresseur de Florine et le maintint au sol avec force. Jessy regardait son lucario aux prises avec deux pokémon en même temps, après quelques secondes de consternation et d’analyse de la situation, elle cria :
« Lucario ! Tu dois utiliser ta griffe acier sur ténéfix ! Le spectre ! »
Lucario lui jeta un coup d’œil furtif, Jessy s’était tournée vers son raichu.
« Pit débarrasse toi du roucarnage !
- Rai-chuuu ! »
Il foudroya l’oiseau en un éclair. Roucarnage se fracassa sur l’escalier en métal de la mezzanine.
« Téné !
- Attrape-le avec vitesse extrême et frappe avec griffe acier !!! » S’égosilla Jessy.
Lucario finit par la comprendre et suivit ses conseils. En boostant sa vitesse, il coinça le ténéfix dans un angle et l’acheva d’un violent coup de griffe acier. Un calme de post-apocalypse tomba sur le laboratoire, tandis que Pit et Lucario échangeaient un regard essoufflé et que Jessy se jetait à genoux près de sa mère et de sa sœur.
Jenny examinait Florine en s’efforçant de garder son sang-froid, les marques bleues-violacées autour de son cou l’inquiétaient davantage que les multiples coupures sanguinolentes impressionnantes visuellement, mais visiblement superficielles pour la plupart.
« Comment va Maman ?!? S’inquiéta Jessy à l’adresse de Jenny.
- C’est faible mais elle respire… Je crois que ce taré a essayé de l’étrangler. Il faut qu’elle voit un médecin tout de suite ! »
Jessy foudroya Jérôme Vecken, toujours bloqué au sol par Scarhino, d’un regard tellement sombre et menaçant qu’il était clair qu’elle rêvait de le tuer. A cet instant, la police armée, menée par l’Agent Jenny et son caninos, débarqua dans le laboratoire.
« Police de Jadielle ! Plus personne ne bouge ! »
La capitaine de brigade analysa rapidement la situation, elle connaissait la professeure Léon et l’air de famille avec ses filles était flagrant, restait les deux hommes dans l’angle du laboratoire. Fry regarda l’agent Jenny.
« Ce type a attaqué la professeure ! Cria Fry.
L’agent Jenny hocha la tête.
- Passez-lui les menottes ! Ordonna-t-elle à un de ses hommes.
- Non ! Lâchez-moi ! J’y étais presque !!! Florine !!! » Beugla Jérôme Vecken dans un sursaut de force. Il bouscula Scarhino, le pokémon ne s’attendait pas à un tel regain de force de la part d’un humain, mais Pit réagit au quart de tour et l’électrocuta avec une cage éclair pour le paralyser. Les adjoints de l’agent Jenny purent le mettre en état d’arrestation sans problème après ça. Ils confisquèrent les pokéballs du bandit et renvoyèrent ses pokémon K.O. dedans. Jane, les larmes aux yeux, supplia la cheffe de la police.
« Agent Jenny notre mère est blessée ! Il lui faut une ambulance ! C’est grave !
- Elle est déjà là ! Périmètre sécurité ! Cria la policière en direction de la porte. On a une femme au sol dans un état grave ! »
Les pompiers déboulèrent avec leurs kits de premiers secours, Jenny leur laissa la place. Elle rejoignit sa sœur et la serra contre elle. Fry arriva derrière les jumelles et les enveloppa à son tour toutes les deux de ses bras, dans un geste réconfortant.
Les secouristes placèrent Florine dans une couverture de survie avec un masque à oxygène, puis ils l’installèrent rapidement sur un brancard. Elle avait l’air de reprendre conscience mais elle gardait les yeux fermés et gémissait des choses incompréhensibles. Les pompiers n’avaient pas l’air trop inquiets, mais il fallait absolument l’hospitaliser rapidement, alors ils ne trainaient pas. Ils avaient vu les deux autres blessés et sollicitèrent d’autres ambulances.
Tout le monde sortit du laboratoire, les policiers étaient venus à six mais vu l’ampleur du carnage, ils furent obligés d’appeler des renforts. Ils ramassèrent dans le jardin et le salon les complices de Jérôme Vecken, maintenus sous la bonne garde des pokémon des Train Twins. C’était presque inutile, le seul encore en état de s’enfuir était l’homme aux pokémon plante, mais il était toujours coincé sous son tropius assommé. Deux policiers firent monter Jérôme Vecken dans le panier à salade, il continuait de brailler des insultes à l’encontre de Florine. Malgré la cage-éclair et les menottes, il essaya de fracasser la vitre en cognant dessus avec son crâne.
« C’est qui ce malade ? Finit par demander Fry, dépassé par les évènements en le regardant de loin.
- Aucune idée, jamais vu… » Souffla Jessy épuisée, toujours collée à sa sœur et à Fry.
Pit, Chu, Lucario, Katy et Marvy se tenaient alignés derrière eux et tentaient de reprendre leur calme après cette rude épreuve.
« Je suis désolée jeunes gens, mais je vais devoir vous poser pas mal de questions, leur annonça l’agent Jenny.
- Qui vous a appelé ? Finit par demander Jane. Je croyais que Jess et Fry n’avaient pas eu le temps…
- C’est moi. »
Les jumelles se retournèrent brusquement, derrière eux se tenait un homme aux cheveux longs et roux, au visage grave et au regard glacé, son cornèbre domestique posé sur son épaule. Jane le reconnut immédiatement mais elle était perplexe.
« Oncle Kyle ? S’étonna Jenny.
- C’est son cornèbre qui est venu nous chercher. » Précisa Jessy.
Elle s’avança vers Kyle et leva la main vers Cornèbre pour le caresser doucement sous le bec.
« Merci... »
Il croassa avec gentillesse, le son du grelot tintait aux oreilles de Jessy. Ce bruit avait quelque chose d’apaisant. Elle sourit avec un air fatigué au cornèbre, Fry fut bluffé par sa douceur et sa délicatesse. Jane remercia le mari de sa tante avec une profonde reconnaissance.
« On va commencer par prévenir le reste de votre famille, expliqua l’agent Jenny aux ados.
- Vous n’arriverez à joindre personne, ils sont à leur réunion à la con au Plateau Indigo, dit Jessy en retirant sa main du plumage de cornèbre.
- Si ! Objecta sa jumelle avant de se retourner vers la policière. Sébastien Lavandson, c’est notre beau-père. Il est à Lavanville pour quelques jours.
- D’accord, je vais commencer par lui. On va quand même essayer de prévenir le professeur Jacky Léon le plus vite possible. On a besoin de lui pour gérer tous ces pokémon. »
Le reste de la journée fut presque aussi éprouvant que le début. Les trois adolescents furent questionnés pendant des heures. De ce qu’elles avaient entendu des témoignages des trois complices de Jérôme Vecken, aucun d’eux ne savait qu’il voulait commettre un assassinat, même s’ils avaient quelques doutes, il ne leur avait rien dit pour qu’ils acceptent la mission. Il les avait embauché pour faire diversion et leur avait proposé de voler les pokémon. Il y avait des policiers et des pompiers partout sur le terrain du laboratoire. Les jumelles avaient interdiction de rentrer dans leur propre domicile tant que la police n’avait pas fait tous les relevés nécessaires, or l’agent Jenny leur avait annoncé la couleur : elles ne pourraient probablement pas rentrées avant plusieurs jours.
Le laboratoire proprement dit était dans un état de dégradation qu’il n’avait jamais connu, Jenny se disait que sa mère et son grand père en feraient une syncope lorsqu’ils découvriraient les dégâts. La police essaya de rassembler toutes les pokéballs volées. Quand les pokémon qui étaient restés en liberté, paralysés ou endormis se réveillèrent, la panique les assaillit en voyant toute cette agitation dans leur maison habituellement si paisible. Fry et les jumelles essayèrent de les calmer tant bien que mal.
A force d’essayer de joindre tous les membres de la famille Léon, les policiers réussirent à faire revenir au Bourg Palette Jacky et sa femme, accompagnés de Violine en début d’après-midi. Al se jeta sur les jumelles pour s’enquérir de leur état de santé. La réaction de Jacky en voyant l’état de son laboratoire était proche de ce qu’avait deviné Jenny. Il poussa un cri suraigu en s’arrachant les cheveux avant de tomber à genoux sur le carrelage explosé. Sébastien en revanche ne pointa pas le bout de son nez. Tout le monde l’avait deviné, mais l’Agent Jenny leur confirma : il s’était directement rendu à l’hôpital auprès de Florine. Rien ne comptait plus pour lui que Florine, en dehors de Robin, toujours en sécurité chez ses grands-parents paternels.
Le soir venu, les jumelles et Fry furent installés dans la maison d’Al et Jacky pour la nuit. Fry n’y était allé qu’une fois, pour récupérer les instruments des filles. Elle était grande mais aussi déserte, sur les cinq chambres initiales du pavillon, seule celle du vieux couple était toujours occupée. La chambre d’Aline au rez-de-chaussée avait d’ailleurs été réaménagée en bibliothèque et celle de Félix juste en face était plus un débarras qu’une chambre, malgré la présence du lit, fort encombré par ailleurs. Jessy et Jenny se virent attribuer l’ancienne chambre de Florine et Violine. Fry lui eut l’immense privilège de pénétrer dans la chambre des maîtres Antony et Izzy. Après les émotions négatives de la journée, cette sensation-là fut beaucoup plus agréable. Même les légendes ont eu une enfance, avec des peluches pokémon duveteuses et des posters de dessins-animés collés sur les murs en lambris. Fry contempla un long moment les deux lits superposés encastrés le long du mur. Lequel allait-il choisir pour la nuit ? Le jeune homme détourna ensuite son regard vers les vitres. Le jardin du couple Léon jouxtait celui du laboratoire, et depuis les doubles fenêtres de la chambre des garçons, on voyait très bien ce bâtiment désormais gardé par la police.
Jessy s’était installée sur la terrasse. Le soleil était en train de se coucher dans son dos. Elle regardait alternativement le laboratoire au loin et l’hyperball au creux de sa main. Elle écoutait attentivement les sons qui l’entouraient. Le calme était enfin revenu au Bourg Palette. Après un bref regard sur sa gauche pour vérifier qu’il n’y avait personne non plus dans le salon, elle dégoupilla son hyperball. Elle poussa un profond soupir et déglutit avec difficulté avant de libérer Lucario. Le pokémon semblait encore tendu après les évènements de la matinée. Il jeta à sa dresseuse un regard hautain et pour une fois, au lieu de soutenir son regard, Jessy baissa les yeux. Avec humilité, elle posa un genou à terre comme un chevalier devant son roi. Au vu de son égo, ce geste lui demandait un effort démesuré.
« Merci Lucario… Merci d’avoir sauvé ma maman, dit Jessy d’une petite voix douce de fillette.
- Lu… »
Le lucario était déstabilisé. C’était la première fois qu’il voyait Jessy ainsi. La rouquine, après une nouvelle inspiration profonde, releva la tête.
« Si tu le souhaites, et si tu me promets de ne plus jamais attaquer d’humain, j’accepte de te libérer.
- Lu ? »
Lucario était de plus en plus perturbé, il ne s’attendait pas à une telle abnégation de la part de Jessy.
« Et si tu souhaites rentrer à chez toi, à Sinnoh, je veux bien t’y emmener aussi.
- Lu… »
Lucario l’avait compris. Il sentait la douceur et la chaleur de son aura, sa reconnaissance était sincère. Il se mit à réfléchir en fixant ses pieds. La liberté… Elle lui manquait, c’était certain, mais que ferait-il une fois libre, à Verchamps ou ailleurs ? Il pourrait retourner vivre dans une forêt, avec des pokémon sauvages, il se ferait sans doute de nouveaux amis, mais trouverait-il une famille ? La vie au laboratoire lui paraissait paisible avant l’intervention de ce fou furieux avec son ténéfix. Lucario s’était lié d’amitié avec les pokémon de Seb, il commençait aussi à apprécier ceux des jumelles et de Fry. Il avait rencontré ce mignon petit garçon blond et, pour la première fois de sa vie, il avait ressenti de l’empathie et même de l’affection pour un être humain. Il savait que Jessy, malgré son mauvais caractère, était capable d’aimer ses semblables, tout comme elle aimait son raichu et ses autres pokémon. Il le sentait grâce à son aura, il avait capté les sentiments de Jessy pour ses grands-parents, pour sa mère, pour sa jumelle et pour Fry aussi… Ce n’était pas la famille qu’il voulait, ce n’était pas la famille qu’il aurait choisi, mais ça restait une famille, avec des liens forts et où l’on se protège les uns les autres. C’est ce qu’Aquali avait tenté de lui expliquer. Lucario planta son regard de braise dans celui, foudroyant, de Jessy.
« Lu. Luca, lua… »
Il leva la patte et la tendit en avant. Jessy mit un certain temps à comprendre ce qu’il voulait. Elle réalisa alors qu’il voulait faire comme Pit et elle : il voulait faire un check. Émue, elle s’efforça de ne pas le montrer, mais face au pouvoir de l’aura de lucario c’était totalement vain. Sans se relever, elle serra son poing qu’elle vint coller à celui de Lucario. Avec un petit sourire maladroit, elle lui demanda :
« Est-ce que tu veux… Un nom ?
- Lu. Lucario.
- Alors on reste sur Lucario. »
Avec un sourire plus large et plus mignon cette fois, elle fit un deuxième check plus franc et se redressa. Jessy et son pokémon n’échangèrent plus de parole, elle décida de le laisser sorti pour toute la nuit et probablement pour un moment beaucoup plus long, il tiendrait compagnie à Pit et Chu, après tout, ils étaient partis pour vivre ensemble pendant plusieurs décennies.
Jessy ne l’avait pas remarqué, mais Fry était assis sur le rebord de fenêtre de la chambre d’Izzy et Antony, juste au-dessus de la terrasse. Il était caché par le pendant du toit de la véranda. Il aimait bien s’installer ainsi lorsqu’il était chez lui, sur l’île Pomelo. Il avait observé et écouté toute la scène en silence. Il sourit au ciel du crépuscule avec un air absent. La journée avait très mal commencé, mais elle se terminait plutôt bien en fin de compte.
Le lendemain, les jumelles rendirent visite à leur mère à l’hôpital de Jadielle en compagnie de Fry, laissant Jacky et Al gérer la police et le défilé des journalistes devant le laboratoire saccagé. Lorsqu’ils entrèrent dans la chambre, la professeure dormait encore. Les médecins lui avaient posé une minerve pour protéger son cou. Sous la blouse d’hôpital et le drap blanc, les adolescents ne pouvaient pas voir les multiples bandages posés sur son corps couvert de coupures. Jérôme Vecken, dans son délire fanatique mélangeant la haine et l’attirance physique bestiale pour Florine, avait épargné son visage.
La professeure était une femme solide qui bossait jour et nuit, mais l’épreuve de la veille l’avait vraiment épuisée et les antidouleurs l’avaient achevée. Seb était là lui aussi, assis sur une chaise au bord du lit, il s’était endormi la tête sur le matelas près des jambes de Florine, il lui tenait fermement la main dans son sommeil. En voyant cette scène, Fry eut plus de peine pour Seb que pour Florine, il se disait que ça devait lui rappeler la mort de sa première épouse. Jenny fut soulagée de voir sa mère en relativement bon état, ni elle ni Fry n’osait les déranger dans leur sommeil, Jessy n’eut pas la même délicatesse. Elle toussa bruyamment. Seb ouvrit un œil vaseux.
« Hummm ? Oh vous êtes là… »
Il se redressa et bailla comme un monaflémit. Il mit sa main droite devant sa bouche, mais sa main gauche refusait toujours de lâcher Florine. La mère des jumelles mit plus de temps à émerger. Cette fois, Jessy eut la patience d’attendre que sa mère reprenne ses esprits à son rythme. Florine posa d’abord son regard sur Jane, pour vérifier de ses propres yeux qu’elle allait bien. Comme elle ne disait rien, sa fille pensa que son regard appuyé était une tentative pour communiquer.
« Ça va maman ? Demanda Jenny d’une voix douce.
- J’ai un peu de mal à bouger le cou mais à part ça, ça va, répondit-elle d’une voix rauque. Et au labo ? C’est comment ? »
Les jumelles échangèrent un regard exorbité, après l’horreur qu’elle avait vécue, elle ne se préoccupait que de son laboratoire. Jenny, malgré toute son intelligence sociale ne savait pas comment répondre à la question de sa mère. Elle était déstabilisée, en plus elle savait que si elle disait la vérité, sa mère allait se lever d’un bond pour foncer au Bourg Palette en trainant sa perf de paracétamol…
« Euh… Papi fait l’inventaire des pokémon retrouvés avec les policiers, il n’en manque visiblement aucun et l’ordinateur fonctionne encore. »
C’était à peu près toutes les bonnes nouvelles qu’elle pouvait lui donner.
« Tiens d’ailleurs, ça c’est ton équipe. » Ajouta Jessy en déposant d’un geste maladroit six pokéballs recroquevillées sur le plateau à roulette près du lit.
« Ils sont tous en forme, t’inquiète pas, précisa la rouquine.
- Et l’autre malade il est où ?
- La police l’a emmené avec ses complices.
- J’espère qu’ils vont l’enfermer à double tour et jeter la clef dans les abysses d’Atalanopolis… Grommela Florine.
- La police nous a posé pas mal de questions, dit Jessy, elle voulait faire la conversation mais ne savait pas quoi dire d’autre. On n’a pas trop su y répondre. C’était qui ce taré ?
- Pfff, personne. Un gamin des rues embrigadé dans la Team Rocket. Ne t’en fais pas pour la police, je gère.
- Oui m’enfin d’abord tu te reposes Flo… Objecta Seb en resserrant l’emprise de sa main sur celle de sa femme.
- C’est ton Lucario qui m’a sauvé. Il va bien ?
- Oui, il est chez mamie en liberté. Je crois qu’il ne nous causera plus de problème.
- Heureusement que vous étiez là… » Soupira Florine. Les jumelles étaient assez étonnées, elles s’attendaient presque à ce que leur mère leur dise merci, mais il ne fallait pas en attendre trop visiblement.
« Je ne suis pas stupide vous savez ? Je n’ai pas vu l’état du laboratoire mais j’ai remarqué que tout le monde prenait bien soin de ne pas m’en parler… Même papa. Votre aide sera la bienvenue pour tout remettre en état.
- Man’ on ne va pas rester au Bourg Palette cent-sept ans non plus… Répondit Jessy avec un soupir, elle était blasée, mais il n’y avait pas d’agressivité dans sa voix.
- Vous n’avez rien de mieux à faire pour l’instant et je vais avoir besoin de vous, répondit Florine sur un ton sans réplique.
Jessy fronça légèrement les sourcils.
- Mamie Ondine compte sur nous pour son spectacle. Et on doit racheter des instruments, pour ça il faut qu’on bosse, et pas gratuitement.
- Des instruments… Répéta Florine en levant les yeux vers le plafond. Jessy, tu es un grand maître pokémon, ne gâche pas ce talent là pour une de tes lubies obsessionnelles. Et n’entraine pas Jenny et Fry là-dedans. Bientôt eux aussi deviendront maîtres pokémon, ne les détourne pas de cette voie-là. »
Jessy sentait la colère monter en elle, mais quelque chose la déstabilisait : pour une fois sa mère lui avait fait un compliment et en plus elle l’avait dit calmement, sans hausser le ton, sans râler. Coup de grâce, elle avait brandi le double argument Fry-Jenny : ce serait de la faute de Jessy s’ils n’arrivaient pas à devenir maîtres pokémon tous les deux. Elle savait que Fry était venu sur le continent en partie pour ça, et dans les îles Sévii il lui avait déjà fait la morale à propos des ligues pokémon qu’elle avait toutes remportées, laissant Jenny sur le carreau. Alors la réflexion de sa mère remuait le couteau dans la plaie… Jessy faisait la moue, son regard électrique était éteint. Elle se contenta d’hocher la tête bizarrement comme un ponchien en plastique posé sur une plage arrière de voiture.
« J’ai soif, je vais chercher un truc à boire… » Marmonna-t-elle avant de quitter la pièce.
Fry et Jenny ne disaient rien. La musique leur manquait, mais Jenny revoyait encore dans son esprit l’état effroyable du laboratoire, elle savait que le remettre en état était la priorité absolue, tant pis pour l’arène d’Azuria et tant pis pour Hoenn et le concours de la Voix des Forêts. Fry, lui, n’avait pas du tout prévu de finir en ouvrifier du bâtiment, mais il était nourri, logé et blanchi à l’œil, il ne pouvait pas protester. De plus, cette pause forcée au Bourg Palette lui permettrait de terminer la ligue de Kanto. Il avait déjà les badges marais, foudre, volcan, cascade et terre. Sans l’incident de la veille il aurait désormais le badge roche en plus. D’ici la fin de l’année, il aurait largement le temps de récupérer les trois derniers, mais la Ligue Indigo n’aurait lieu qu’à la fin du mois de juin, qu’allait-il faire pendant tout ce temps ? Il craignait de n’avoir en effet rien de mieux à faire que de participer à la restauration du labo… La voix de Seb les sortit de leurs réflexions.
« Florine, tu ne devrais pas l’embêter avec ça, surtout après ce qui s’est passé hier.
- C’est précisément à cause de ce qui s’est passé hier que je la secoue. Sans la présence des filles et de Fry, je serais morte et des centaines de dresseurs auraient perdu leurs pokémon.
- C’est le hasard ça, la faute à pas de chance…
- Tu dis ça parce que j’ai survécu. Tu deviendrais quoi sans moi, tu peux me le dire ?
- J’en aurais voulu à la terre entière et je serais mort de chagrin, mais ce n’est pas une raison pour obliger tes filles à rester. Il y a déjà Al et Violine, tu n’as pas besoin de deux gardes du corps supplémentaires, trois si on compte Fry.
- On va vous laisser ! » Annonça précipitamment Jenny en agrippant le bras de Fry, ils devaient fuir cette discussion.
« Maman essaye de te reposer s’il te plaît, toi aussi Seb. »
Sébastien les salua d’un petit geste amical de la main, mais au moment de sortir de la pièce, Fry se rappela de sa discussion avec Jessy dans la Forêt de Jade. Il se dégagea de l’emprise de Jenny et se retourna vers Florine avec un air grave.
« Vous savez, les combats pokémon m’auraient opposé à Jessy et Jenny, mais la musique nous a réuni. Alors arrêtez de dire que c’est stupide ou que c’est juste une lubie. »
Sur ces mots, il quitta la pièce avec une attitude digne et fière. Seb cligna des yeux en le regardant sortir, impressionné par son aplomb. Jenny sentit ses joues la chauffer :
"Qu’est-ce qu’il peut être classe et charismatique quand il veut…" songea la jeune fille sur le seuil de la porte.
Une fois hors de vue du professeur Léon, Fry détala comme un laporeille. Courageux mais pas téméraire, il craignait la réaction de Florine, même alitée dans un lit d’hôpital il fallait s’en méfier. C’était inutile ; une fois les deux ados partis, Florine passa une main sur ses yeux, elle était éreintée. Elle avait envie de voir son fils aussi, mais elle préférait qu’il reste chez ses grands-parents, loin de l’hôpital et de cet évènement traumatisant. Seb baissa son visage près de son autre main et déposa un doux baiser dessus.
Au bout du couloir, Fry attendit que Jenny le rejoigne.
« Ta mère n’est pas croyable… Elle échappe à une tentative d’assassinat et on la retrouve égale à elle-même.
- Ça c’est parce qu’on est là. Elle est comme Jessy, il faut toujours qu’elle joue aux dures, même quand elle est ébranlée… Soupira Jenny. Enfin, tant que Seb est avec elle tout ira bien, du moins jusqu’à ce qu’elle découvre l’état du labo…
- On devrait demander de l’aide à Scott pour ça.
- Ça ne va pas non ? Râla Jenny. En plus on ne sait pas où il est vu qu’il ne répond pas à tes messages.
- Ah, donc tu y as pensé, répliqua Fry avec un sourire amusé.
- Là tout de suite, je m’inquiète plus pour Jessy que pour maman.
- Je vois de quoi tu parles… Mais toi, tu es sûre que ça va ? »
Jenny et Fry échangèrent un regard intense. Dans les yeux bleus vifs de la belle rousse, Fry vit le désir chasser sa préoccupation, quelques secondes de plus et il était persuadé qu’elle allait encore tenter de le séduire. Au fond, elle l’impressionnait plus encore que Jessy et Florine, elle était costaude comme un Regirock. Ça le rassurait aussi ; en la trouvant en sous-vêtements sous sa blouse de laborantine, seule dans le salon avec l’un des envahisseurs, il s’était imaginé le pire… Mais elle se comportait normalement, donc il en conclut qu’il ne l’avait pas violenté. Les mots de Seb résonnaient dans sa tête : "Jenny est un peu comme un pokémon de type roche. Pour briser la roche, il faut se lever de bonne heure."
La dresseuse était touchée par la sollicitude de Fry à son égard. Il veillait sur elle et sa sœur comme un frère, elle trouvait cela attendrissant et elle était heureuse qu’il soit là. Elle lui sourit, avec beaucoup de charme et de chaleur, mais sans arrière-pensée pour une fois, contrairement à ce qu’il croyait. Elle cherchait à sonder le fond de son âme derrière ses grands yeux bruns.
« Oui, ça va. Ne t’en fais pas pour moi.
- Tu joues les mignonnes, mais c’est toi la plus solide des trois n’est-ce pas ?
- Percée à jour, répondit Jenny avec un clin d’œil.
Son compagnon ne put retenir un rire léger et soulagé.
- Eh eh... Ne t’inquiète pas. Concentre-toi sur ta mère, Jessy j’en fais mon affaire. » La rassura Fry.
Les deux ados se dirigèrent vers la sortie de l’hôpital. Fry fit un détour par le distributeur de boisson pour récupérer Jessy. Si Fry pouvait toujours voyager sur sa békipan, il préférait le confort du dos d’Etna, alors il estimait que c’était à lui plutôt qu’à Jenny d’aller la chercher. Il la trouva assise seule sur un banc du couloir, le regard perdu dans le vague, une canette de limonade vide à la main.
« Jess ? Fit doucement Fry en s’arrêtant devant elle. Ta mère doit se reposer, on va rentrer au Bourg Palette. Jane nous attend dehors, tu viens ? »
Jessy bougea très légèrement la tête. Elle l’avait entendu, elle ne se leva pas pour autant. Elle baissa les yeux vers le sol.
« Dis Fry… » Commença Jessy d’une voix éteinte après un long silence. Le jeune homme était intrigué après l’avoir entendu l’interpeller sur un ton qui ne lui ressemblait pas, il s’approcha davantage. Les yeux bleu de Jessy lui paraissaient presque doux pour une fois.
« Est-ce que tu comptes continuer avec nous ?
- De quoi tu parles ?
- Je veux dire, après ce que tu m’as dit dans la Forêt de Jade… Tu vas continuer de voyager avec nous ou tu préfères faire cavalier seul ?
- Tu t’inquiètes pour ton groupe ?
- Euh… Oui... »
Fry était persuadé d’avoir compris, mais la réponse hésitante et faiblarde de Jessy le remplissait de perplexité. Non, décidément Jessy pensait à autre chose mais ne voulait pas en parler, ou du moins ça la dérangeait d’en parler.
« Je croyais que tu disais toujours ce que tu pensais ? Aller, crache le morceau. » Dit Fry en venant s’asseoir à côté d’elle. Jessy fit la moue, elle regarda sur le côté en se frottant le bras gauche. Sur un ton bourru trahissant sa gêne, elle lui répondit d’une voix rapide :
« J’ai pas envie que tu nous lâches, pas que pour le groupe, c’est… Perso aussi.
- Perso ? S’étonna Fry.
- Tu es… Un pote… Non. Non en fait t’es carrément un ami Fry. »
Elle leva les yeux vers lui avec une certaine déférence.
« Tu ne peux pas me planter comme ça, ça se fait pas entre amis. »
Le sourire de Fry devait être particulièrement fier et satisfait car les joues de Jessy se mirent à rougir, elle grogna.
« Ça te fait rire ce que j’te dis ?
- Non ! Non pas du tout, ça me fait super plaisir en fait ! T’es pas aussi sans cœur que tu en as l’air. Déjà tu sais pleurer et en plus tu sais ce qu’est l’amitié entre les êtres humains, tu m’impressionnes là.
- Arrête de te foutre de moi ! S’offusqua Jessy, les joues pourpres de honte.
- Ok-ok j’arrête, abdiqua Fry avec un sourire coquin. Bien sûr que je reste… Mais à deux conditions.
- Lesquelles ? Demanda la rouquine avec méfiance.
- D’abord, que tu sois plus gentille avec Robin. Je suis très sérieux : c’est ton frère et c’est un bon gamin. Ensuite, on fait le tour des villes avec une arène. Comme ça, entre chaque concert, je pourrai me remettre à la compétition et affronter tous les champions du pays. Je veux reprendre du poil de la bête…
- C’est d’accord ! Le coupa Jessy. Pour les deux conditions, c’est d’accord. »
D’une manière très masculine elle tendit la main à Fry. Il parut surpris pendant quelques secondes, puis il serra fermement la main de Jessy comme s’il s’agissait d’un camionneur quadragénaire. La poignée de main à la scarabrute lui donna l’impression que Jessy voulait lui broyer les doigts. Il rit intérieurement : "Cette nana est vraiment improbable !"
La bonne humeur de Fry s’envola en quelques secondes lorsqu’il repensa brusquement à l’incident avec Lucario au Festival des Forêts et à la pulsion de Jessy lorsqu’elle cherchait sa sœur lors de l’attaque du laboratoire. Son sourire s’ébranla et il reprit sur un ton beaucoup plus grave.
« En fait j’ai une troisième condition… »
Jessy se raidit, elle relâcha sa poignée de main mais Fry ne retira pas la sienne, il tenait toujours les doigts de son amie. En la regardant droit dans les yeux, il ajouta :
« Je ne veux plus jamais que tu risques ta vie comme tu l’as fait à Verchamps. Tu nous as tous fait flipper ce jour-là, ne recommence pas. »
Ils se fixèrent quelques secondes en silence jusqu’à ce que Jessy se décide à hocher lentement la tête.
« D’accord…
- Tu me le promets ? Insista Fry.
- Je te le promets… » Murmura Jessy.
Alors Fry retrouva le sourire et, avec un plaisir un peu sadique, il resserra ses doigts pour écraser ceux de Jessy dans une nouvelle poignée de main virile. La rouquine ne faiblit pas, rassurée par les demandes réalisables de Fry, elle s’imaginait déjà en train de le provoquer au bras de fer.
A suivre…