Les Train Twins
Chapitre 22 : Bêtes de combat (ou comme un jeudi)
7801 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 14/11/2021 15:01
Chapitre 22
Bêtes de combat (ou comme un jeudi)
Pour se changer les idées, s’éloigner de l’humeur massacrante des jumelles et échapper à leur mère dictatoriale, Fry décida d’aller affronter la championne locale. Le jeudi, après le petit-déjeuner, il quitta donc le laboratoire à pieds. Il croisa le professeur Jacky Léon en sortant, il trouvait qu'il avait triste mine, il se demandait si ce n'était pas à cause de la perte de son seul carnet à dessins contenant des filles dénudées... Sur la route en terre battue, Fry prit la direction de l’arène du Bourg Palette.
Douze ans avant la naissance des jumelles, le volcan de l’île de Cramois’île était entré en éruption et avait englouti la petite ville comme un nouveau Pompéi. Heureusement, les habitants avaient été évacués. Auguste avait un temps maintenu un semblant d’arène dans un abri des îles écumes, mais l’arène du feu avait définitivement et symboliquement fermée ses portes lors du départ en retraite du vieux champion. Désormais, Cramois’île n’était plus qu’un site touristique pour les amateurs de pokémon feu et les randonneurs. En prévision de la catastrophe anticipée par les volcanologues, la Ligue Pokémon avait autorisée la construction d’une nouvelle arène à la sortie du Bourg Palette, quelques années avant l'éruption. C’était désormais dans ce petit musée de la ligue de la région que se disputaient les matchs pour le badge volcan. Les dresseurs nostalgiques et les conservateurs avaient bataillé pour que le badge reste le même que celui de leurs ancêtres, mais la championne de l’arène actuelle, Violine Léon, la tante des jumelles, n’avait pas un seul pokémon feu dans son équipe, elle s’était spécialisée dans les pokémon de type fée et affectionnait aussi le type normal.
L’arène n’était pas très grande, du moins en comparaison des autres arènes de Kanto. Au centre du rez-de-chaussée, immédiatement devant la grande porte double de l’entrée, s’étalait le terrain de combat, très simple et sobre comme un gymnase de lycée. En face, côté champion, un grand escalier de bois et de ciment montait jusqu’à une mezzanine. Au premier, une large balustrade faisait intégralement le tour du bâtiment, des spectateurs pouvaient s’aligner le long des barrières pour regarder le match, même si l'arène était déserte la plupart du temps. De chaque côté de l’entrée principale, deux petits escaliers en colimaçon menaient à l’étage, ce qui évitait aux retardataires désireux d’assister au match de traverser tout le terrain pour se trouver une bonne place dans les loges. Des statues d’humains et de pokémon étaient alignées contre les murs de chaque côté du terrain, Fry fit le tour et reconnu quelques personnages malgré la différence d’âge : Sacha Ketchum, accompagné de son fameux pikachu (Fry remarqua au passage la légère ressemblance avec Jessy et Jenny dans les traits du garçon), le professeur Chen et son petit-fils Régis, le professeur Jacky Léon et Al, accompagnée de son évoli, à l’époque où elle était jeune et mince. Deux de leurs enfants étaient également représentés : les maîtres pokémon Izzy et Antony. Il manquait plus de la moitié de la fratrie, mais Fry commençait sérieusement à se demander si cette arène n’était pas une sorte de monument dédié à la gloire de la famille Léon, ce qu’il trouvait un poil mégalo mais expliquait peut être une partie du tempérament des jumelles, qui pourtant n’avaient que le nom « Ketchum » à la bouche. Il n’eut pas le temps d’aller regarder l’exposition permanente à l’étage, car une voix cynique s’éleva en écho autour de lui.
« Bienvenue dans le temple du culte de la personnalité… »
Fry se retourna et vit une grande femme brune, d’une petite trentaine d’années, en train de descendre le grand escalier de ce hall of fame. Fry trouva la ressemblance avec maître Al assez frappante : sa fille cadette était son portrait craché, l’embonpoint en moins et évidemment rajeunie de trente ans. Elle n’avait clairement pas la beauté de la professeure Léon, elle n’était pas laide pour autant et son polaire moulant mettait bien en valeur sa poitrine généreuse. Elle avait un regard plutôt doux, toutefois elle dégageait quelque chose de plus féroce encore que sa sœur au caractère de cochignon. Elle sourit avec beaucoup d’assurance au jeune homme.
« Tu dois être Fry, l’ami des jumelles.
- Lui-même.
- Flo m’a prévenu que tu allais passer.
- Vous êtes Violine, la championne du Bourg Palette ? Demanda Fry pour faire la conversation alors qu’il connaissait déjà la réponse.
- Et de Cramois’île, enfin pour ce qu’il en reste. Certains insistent pour que je rappelle cette double casquette. Et toi tu es le nouveau champion de l’archipel Orange à ce qu’il paraît.
- En théorie du moins, en pratique c’est autre chose… Avoua Fry, la championne lui répondit avec un sourire provocateur et une certaine exaltation dans la voix.
- Ça ne te dérange pas si je ne te ménage pas alors ? J’ai beau être l’avant dernière arène avant la ligue, le niveau des dresseurs est souvent décevant, je dois m’adapter pour en laisser gagner quelques-uns… J’ai envie de me donner à fond pour une fois.
- Pas de soucis, quand je peux faire plaisir à une dame… Répondit Fry avec un sourire charmeur. Violine lui rendit son sourire.
- Si tu y tiens tant que ça, reviens quand tu auras dix-huit ans et on pourra s’amuser autrement… En attendant, un trois contre trois ça te va ? Le premier qui remporte deux manches à gagner.
- Euh oui… Baragouina Fry, un peu déstabilisé par la réponse de la championne de dix-sept ans son ainée.
- Un dernier détail : je suis spécialiste des pokémon fées.
- Eh bien je me passerais de mon scarhino dans ce cas. » Dit simplement Fry alors qu’ils s’installaient tous les deux sur le terrain encerclé de statues. Violine, le poing gauche sur la hanche regardait le jeune homme en tapotant ses pokéballs de la main droite. A l’autre bout de l’arène, Fry l’invita du bras.
« Les dames d’abord. »
Violine réprima un rire et attrapa une pokéball sans pour autant la lancer.
« T’es un beau parleur on dirait, ça me plait… Susurra la championne avec un sourire en coin. Mais j’aime bien les surprises, pas toi ? Choisis ton partenaire, aller… »
Fry était malin et prudent en matière de combat pokémon, il espérait qu’en faisant les yeux doux à Violine, elle lui laisserait l’avantage mais visiblement la championne était plus rusée que lui et elle avait envie de jouer. Le match s’annonçait plus difficile que prévu, pourtant il avait hâte de combattre. Il agrandit son sourire charmeur et attrapa une de ses pokéballs.
« Allons-y pour notre premier combat de la Ligue Indigo ma Riha ! »
Violine lança sa pokéball en même temps et libéra une gardevoir femelle.
« Ta pashmilla est trop mignonne ! S’exclama Violine. J’adore les pokémon kawaï et costauds à la fois ! Gaïa psyko ! »
L’élégante gardevoir écarta les bras et déchargea sa puissante vague psychique sur Riha. Fry et sa pokémon ne s’attendaient pas à ce que la championne entame les hostilités aussi directement. C’était quasiment l’attaque la plus puissante de gardevoir. Fry déglutit avec difficulté en regardant la psyko frapper Riha, les poils de son corps se hérissèrent, il devait faire attention et réagir vite.
« Regard touchant !
- Mia… »
Le regard implorant de pashmilla lui permit de créer une ouverture, il fallait enchainer rapidement. "Pourvu que Riha prenne conscience du danger" songea Fry, il avait peur qu’une autre attaque psyko de cette ampleur ne la mette hors-jeu.
« Mégaphone ! »
Pashmilla n’avait rien à envier à Ramboum pour son mégaphone. Gardevoir encaissa l’attaque, Violine souriait de toutes ses dents.
« Pas mal mon petit champion ! Voyons comment ta mignonne encaisse ça : pouvoir lunaire !
- Mur lumière ! »
"Oh la vache, elle ne fait pas semblant la tatie !" pensa Fry alors que gardevoir envoyait son rayon de lumière féerique sur Riha. La pashmilla se protégea avec son mur lumière, elle était déstabilisée par la force de son adversaire, surtout après quasiment deux ans d’oisiveté. Violine lança très vite son prochain ordre, elle avait sur le visage une expression de jouissance nette et elle ne laissait pas une seconde de répit à Fry, le jeune homme ne s’attendait pas à ça.
« Feuille magik !
- Balle graine ! »
Les attaques végétales se croisèrent, l’espace de quelques secondes l’arène sembla se transformer en jungle verte un jour de tempête.
« Pouvoir lunaire !
- Souplesse ! »
Ce fut au tour de Violine d’être surprise : Riha fonça sur gardevoir dans une charge si rude qu’elle ressemblait davantage à un tauros qu’à un pashmilla. Dans sa course, la pashmilla évita de justesse le rayon lunaire avant de frapper avec l’agilité et la force d’un kicklee. Gardevoir profita de cette proximité pour utiliser de son propre chef un vampibaiser. Pashmilla sentait son énergie vitale s’évaporer, elle ne pourrait lancer qu’une dernière attaque, après elle serait trop faible pour combattre. Fry avait immédiatement capté la dangerosité de la situation, il cria :
« Dernier recours ! »
La plus puissante attaque physique de Riha vint à bout de la gardevoir qui tomba à genoux. Elle aurait volontiers lancé un dernier choc mental mais sa tête, cognée coup sur coup par la souplesse et le dernier recours, la faisait trop souffrir.
« En voilà un garçon bien vaillant ! Commenta Violine d’une voix chantante tout en rappelant sa gardevoir dans sa pokéball.
- C’était fantastique Riha, merci ! Déclara Fry avec un réel soulagement, il avait gagné de justesse cette première manche.
- Ça fait un point pour toi, on va donc passer au niveau du dessus… Gloussa Violine en dégoupillant une autre pokéball.
- Ah parce que vous avez plus puissant que ça en réserve ? Rigola nerveusement Fry,
- Tu verras bien champion. »
Elle lui fit un clin d’œil. Fry était à la fois mal à l’aise et exalté. L’excitation au combat de Violine était contagieuse, et il arrivait à faire abstraction de sa drague à peine voilée.
« Momo !
- Mimi ! »
Violine éclata de rire en entendant les deux surnoms énoncés l’un après l’autre, elle trouvait ça drôle. Un mimiqui apparut sur le terrain en face de colhomard. En lui-même, Fry pouffa de soulagement, il n’aurait pas aimé qu’elle envoie son mimiqui au premier tour. Malgré tout, colhomard restait désavantagé et pour une obscure raison, la chanson de Shoko lui revint à l’esprit.
« Bulle d’ô ! » Ordonna-t-il très vite, il avait la désagréable impression qu’il ne fallait surtout pas laisser l’avantage à Violine. La championne était toujours aussi rayonnante.
« Ombre portée ! »
Alors que les bulles d’ô éclataient autour des oreilles de mimiqui, une ombre glissa de sous sa fourrure pour se répandre sur le sol. L’ombre inquiétante prit la forme d’une grande flèche et soudain, elle fila comme un éclair fou jusqu’à colhomard. L’ombre portée atteignit sa cible. Momo grogna sous la surprise et la douleur, il cracha aussi de nouvelles bulles d’ô dans un réflexe défensif. Fry était plutôt doué pour cerner ses adversaires et s’y adapter, pour lui il était clair que Violine était du genre à miser sur la force brute plutôt que sur la stratégie, elle lui rappelait un peu Jessy et sa façon de combattre. Vu que Mimiqui avait l’avantage, Fry estima qu’il n’avait plus qu’à lui aussi frapper dans le tas.
« Tranche nuit ! »
L’imposant colhomard faisait six fois la taille du petit mimiqui et il se jeta sur lui pour lancer sa technique implacable. Mimiqui disparut furtivement pour esquiver l’attaque et réapparut à quelques mètres derrière Momo. Le colhomard fit volte-face et cracha quelques bulles d’ô supplémentaires, c’était la seule attaque capable de frapper mimiqui à cette distance.
« Martobois ! » Cria Violine avec un sourire confiant.
L’ombre de mimiqui s’étendit sur le sol pour former une immense massue spectrale. Elle s’abattit lourdement sur le colhomard, pétrifié de stupeur. L’attaque le mit K.O. sous les yeux médusés de Fry. La bouche entrouverte, le champion ne trouvait rien à dire. Violine le contempla avec amusement.
« Un partout mon grand. »
Toujours un peu sous le choc, Fry renvoya colhomard dans sa pokéball et prépara la ball de Katy. A sa connaissance, il n’existait aucun pokémon ayant le double type sol-fée, du moins sur le continent, alors il ne risquait pas de se retrouver dans une situation extrêmement désavantageuse pour sa luxray. En revanche, il croisait mentalement les doigts pour que Violine n’ait pas en stock un pokémon plus puissant que gardevoir et mimiqui.
« Katy tout repose sur toi ma belle !
- Ah ah ! Cette dernière manche s’annonce intéressante ! » Jubila Violine. Elle lança sa copainball.
En voyant la copainball dans la paume de Violine, Fry avait deviné ce qui allait en sortir, il ne fut donc pas surpris en découvrant un nymphali athlétique au milieu du terrain, ça l’avait d’ailleurs un peu rassuré, il avait confiance dans les capacités de sa luxray pour vaincre une évolition.
« Attraction ! Cria Fry.
- Regard touchant ! »
Violine aurait volontiers demandé une attaque franche dès le départ, mais la petite stratégie de Fry l’obligea à changer ses plans. Violine était maitresse pokémon, diplômée de la prestigieuse université de Safrania, elle savait donc évaluer le niveau d’un pokémon en l’observant quelques secondes à peine. Or, la luxray avait un excellent niveau, probablement équivalent à celui de son nymphali, si elle se laissait aller dès le début de cette dernière manche, Fry risquait de gagner facilement.
« Vampibaiser Lint.
- Nympha… »
Le sourire charmant et, faussement, assuré de Fry vacilla légèrement quand il comprit à quel point Violine était rusée. Son pokémon était sous le charme de luxray, il aurait des scrupules à l’attaquer, sauf si sa technique lui permettait de se rapprocher intimement, et quoi de plus doux et sournois qu’un baiser maléfique ?
« Voix enjôleuse ! »
Encore une technique permettant de contourner les effets de l’attraction. Décidément, Fry se dit qu'il avait mal jugé Violine, elle était clairement plus subtile que les jumelles, sans doute était-ce la différence d’âge et d’expérience.
« Coup d’jus ! »
La puissance électrique de luxray n’avait pas grand-chose à envier à celle de Chu et Pit, mais coup d’jus n’était pas la technique la plus adaptée pour affronter un pokémon isolé, surtout après avoir été ramollie par un regard touchant.
« Champ brumeux !
- Nymphaa… »
Fry devina aisément pourquoi Violine avait choisi cette nouvelle technique : c’était un moyen d’empêcher luxray de paralyser son adversaire avec ses attaques électriques. La championne d’arène était en train de le priver de tous ses atouts les uns après les autres.
« Etincelle ! »
Katy lança un nouvel éclair sur nymphali, elle n’avait pas encore la force nécessaire pour l’abattre.
« Encore voix enjôleuse ! »
Luxray faiblissait à vue d’œil. Fry avait totalement revu son jugement : Violine était une excellente stratège, une fois passé son enivrement des premiers instants du combat face à un adversaire de haut niveau.
"Si elle continue elle va gagner…" songea Fry en sentant sa tension monter. Un frisson lui parcourut l’échine, il redressa son torse large et musclé. Perdre son tout premier match de la ligue de Kanto ? Jamais !
« Hurlement !
- Lux… RRROOOOOOARRR ! »
Le cri bestial de Katy tétanisa nymphali, c’était plus de la surprise que de la peur, en affrontant sa belle et délicieuse luxray (il était toujours victime de son attraction), il ne s’imaginait pas qu’elle soit capable de rugir comme Raikou le dieu du tonnerre. Sa stupeur créa l’ouverture dont Fry et Luxray avaient besoin.
« Eclair fou ! »
Katy se jeta contre Lint et l’électrocuta. L’attaque électrique était puissante, assommante, folle… Mais Fry préféra assurer le coup et ne laisser aucune ouverture jusqu’à la fin.
« Crocs éclairs ! »
Après l’éclair fou, la luxray planta ses crocs électrifiés dans la nuque de nymphali et lança une dernière décharge électrique qui acheva nymphali.
« Eh ben… Souffla Violine, impressionnée, en regardant son pauvre Lint évanoui par terre.
- Vous êtes vraiment très forte… Soupira avec soulagement Fry, il était quand même passé à un cheveu de la défaite.
- Merci mon beau, répondit Violine avec un clin d’œil. Tu es très fort aussi, à la hauteur de ton titre de champion. »
Violine sortit de sa poche un petit étui mauve foncé. Elle en sortit un badge volcan flambant neuf qu’elle vint accrocher au pull jaune de Fry. Le jeune homme se laissa faire, un peu ému en regardant du coin de l’œil son tout premier badge de Kanto. Il serait bientôt majeur, le début de son voyage initiatique était loin, mais il se sentait transporté comme un gosse de dix ans.
« Au fait, ça se passe comment avec les filles au laboratoire ? Demanda Violine en le sortant de sa rêverie.
- Plutôt mal pour ne rien vous cacher. Elles se disputent sans arrêt, soit avec Florine soit avec Robin…
- Hum… »
Violine se contenta d’hocher la tête avec affliction. Visiblement, elle était très au courant des tensions qui existaient entre les jumelles et le reste de la famille. Elle finit par soupirer avec mélancolie avant de regarder Fry avec ses grands yeux verts foncés. Elle avait les mêmes iris que Maître Al, Florine et Robin.
« Ne sois pas trop dur avec les jumelles d'accord ?
- Pourquoi vous me dites ça ?
- Leur père était le grand amour de leur vie et elles l’ont perdu, aucune femme ne peut se remettre totalement après ça. »
Malgré la prestance de la championne, Fry décela une lueur de tristesse au fond du regard de Violine, quelque chose lui disait qu’elle aussi avait perdu un être cher, probablement un homme vu le contenu de leur conversation. Il n’en saurait pas d’avantage et c’était mieux ainsi, une nuit entière à écouter les lamentations de Seb lui avait suffi. Il réfléchit un instant à ce qu’il pourrait bien répondre à Violine et en repensant à sa conversation avec Robin, il eut une idée.
« Dites, dans votre famille, il n’y aurait pas quelqu’un qui possèderait des instruments de musique et qui pourraient nous les prêter ?
- Des instruments ? Non, je suis désolée. Jessy et Jenny sont les seules musiciennes… Quoi que, tu pourrais quand même demander à leur grand-mère Ondine.
- Ondine, la championne d’Azuria ? Demanda Fry pour être sûr d’avoir bien compris.
- Oui. Les sœurs sensationnelles organisaient des spectacles aquatiques à l'arène d'Azuria. A part Ondine, toutes les autres sont retraitées maintenant, mais elles pourront peut-être t’aider.
- Merci du conseil ! Et merci pour le match ! Lança Fry avec un sourire charmant sur le seuil de la porte de l’arène.
- Je t’en prie, c’est toujours un plaisir d’affronter les beaux garçons. »
Fry fila aussitôt. Sur le chemin du retour vers le laboratoire, il essaya de ne pas imaginer Violine en train de lui faire ce qu’il appelait désormais un "coup à la Jenny". La rançon de la gloire des jeunes et séduisants champions comme lui, c’était aussi d’attirer les milfs… Il traversa la place du marché du Bourg Palette et un machopeur-livreur était en train de décharger de lourdes caisses de limonades en bois devant la boutique d’un épicier primeur. Fry posa distraitement les yeux sur les caisses avant de se figer sur place, traversé par un éclair de génie.
« Mais oui… »
Jenny s'était réveillée ce jeudi matin sans sourire. Elle ne souriait quasiment pas depuis qu’elle était rentrée, ce n’était pas nécessaire. Ici, inutile de faire semblant, il n’y avait personne à amadouer, personne à séduire, personne à convaincre… Et cette tension ambiante permanente ne donnait pas envie de sourire. Elle savait que ce n’était ni la faute de Robin, ni celle de Seb, non, c’était Florine et Jessy les seules responsables. La rouquine se redressa et jeta un coup d’œil au lit de sa sœur, Jessy dormait toujours ou du moins elle faisait semblant, Jenny avait un gros doute mais qu’importe, vu la journée merdique de la veille, aujourd’hui elle avait décidé de ne s’occuper que d’elle-même.
Jane se leva et s’habilla. Les deux raichus étaient encore assoupis, lovés l’un contre l’autre sur leur gros coussin moelleux au centre de la chambre. Les pas pourtant légers de Jenny sur le plancher finirent par leur faire dresser l’oreille, mais dans l’aube claire ils prirent le parti de rester coucher plutôt que de la suivre dans le couloir, pour une fois ils seraient plus paresseux que Fry…
Jenny comptait bien profiter de cette pause forcée au Bourg Palette pour étudier la pokémonologie et préparer son concours d’entrée à l’université. Après le petit-déjeuner et le départ de Fry pour l’arène locale, elle rejoignit sa mère au laboratoire dans l’idée de lui emprunter des livres. Devant le rayonnage de livres se trouvait un carton plein de pokéballs en mauvais état.
« Maman, c’est quoi toutes ces pokéballs ?
- Ah ça, soupira Florine, ce sont des pokéballs cassées, je dois les remplacer. On doit faire ça la semaine prochaine avec papa.
- Certaines ont l’air réparable. Tu veux que je m’en occupe ?
- Tu sais réparer les pokéballs toi maintenant ? S’étonna Florine.
- Oui, quelqu’un m’a appris… Répondit Jenny avec un sourire absent.
- Alors là vas-y, fais-toi plaisir ! » S’écria Florine, heureuse de cette proposition. Jenny retourna en trottinant jusqu’à sa chambre, Jessy avait disparu. Elle ne se posa pas de question et se contenta de fouiller dans son sac à bandoulière pour sortir sa boîte de tournevis. Elle s’arrêta un instant pour la contempler. Encore une fois, un coin de sa bouche se redressa pour fendre sa pommette… Quelle ironie que seul le souvenir de Scott la fasse esquisser un sourire ces jours ci. Chassant cette pensée, elle redescendit au labo, tournevis à la main.
Avec la furtivité d’un farfuret, Jessy était passée de la chambre à la salle de bain, de la salle de bain à la cuisine et de la cuisine au jardin. Elle s’était assurée de ne croiser personne, elle avait attendu que Seb parte pour l’école avec Robin et que Jenny file au laboratoire, pour sortir de sa tanière. Elle n’avait pas très envie de croiser Fry non plus, mais elle l’avait aperçu par la fenêtre descendre le long escalier de ciment qui menait à la route. Elle tournait comme un némélios en cage. Pendant sa soirée d’exil à Cramois’île, après avoir traqué des pokémon feu avec son équipe pour se défouler, elle avait pas mal cogité sur ce qu’elle pouvait faire. Une seule chose lui était venue à l’esprit. Il y avait au moins un "dossier en suspens".
Jessy était plantée dans la pâture, encadrée par les deux raichus qui la regardaient en se demandant ce qu’elle allait faire. Jessy dégoupilla une à une toutes ses pokéballs. Autour d’elle furent bientôt réunis galopa, dracaufeu, tengalice, aquali, mysdibule, maskadra en plus de Pit et Chu. La mare était trop loin pour qu’elle libère lamantine. Les pokémon comprirent que quelque chose allait se passer. Elle les regarda tous rapidement à tour de rôle avant de déclarer :
« Je vais vous présenter votre nouveau camarade, mais je vous préviens ce n’est pas un cadeau, alors tenez-vous prêts. »
Elle sortit de sa sacoche sa dernière hyperball, mysdibule et galopa frissonnèrent, ils avaient assisté à la capture de lucario et ils appréhendaient ces présentations. La mélodelfe de Justine observait la scène de loin avec une certaine anxiété. Après sa bagarre contre Robin la veille, elle se demandait ce que la jeune humaine tête brûlée allait encore générer comme catastrophe. Elle interpella son mâle, un mélodelfe appartenant autrefois au père de Seb, et ses compagnons de jeunesse : Farfaduvet et Nymphali. L’ancienne équipe de Justine se rapprocha de Jessy et des siens. Posé sur le toit du laboratoire, Spyke, le dracaufeu de Florine, scrutait lui aussi l’assemblée d’un œil suspicieux. Encerclée par tous ces pokémon en alerte, Jessy fixa l’hyperball pendant un long moment avant de ses décider à l’ouvrir.
Lucario sortit à genoux de sa ball, il se sentait mal… C’était donc cela la "capture" ? Cette sensation étrange de confinement oppressant, comme une attaque ligotage, et en même temps une impression d’être dans un cocon protecteur, totalement sécurisé et apaisant, ça devait être la même sensation que dans un œuf de pokémon juste avant l’éclosion. Il tenta de se mettre debout mais ses jambes flageolaient et il était affamé. Jessy ne l’avait pas fait sortir depuis le jour de sa capture, elle ne l’avait pas emmené dans un centre pokémon pour le soigner, il s’était juste reposé dans sa ball, il était très loin d’être au top de sa forme. Son aura réagit rapidement, il y avait tellement de pokémon autour de lui, seuls un ou deux semblaient hostiles. Il releva la tête, évidemment il s’agissait de ceux qu’il avait déjà affronté dans la forêt de Verchamps : mysdibule, dracaufeu, Chu et tengalice. A côté d’eux, Pit mais aussi Médie et Galop le regardaient avec inquiétude, ça aussi Lucario le sentait grâce à son aura, mais ça ne le gênait pas d’intimider les autres pokémon, bien au contraire. Il analysa très rapidement le décor et la situation. Il ne reconnaissait pas du tout le paysage, les odeurs et les auras étaient radicalement différentes de ce qu’il avait connu toute sa jeunesse à Sinnoh, il comprit vite qu’il avait changé de région et qu’il était désormais à des centaines, peut-être même à des milliers de kilomètres de chez lui.
La zone était peu urbanisée et très vallonnée, il apercevait de hautes collines, presque des montagnes au loin. S’il pouvait les atteindre, il saurait trouver un abri, mais pour l’heure, il était encerclé par une douzaine de pokémon, s’échapper ne serait pas une mince affaire. Trois pokémon vol seulement contre tout le reste en terrestre, il fallait tenter par le haut, s’il réussissait à passer par-dessus ce bâtiment étrange avec une hélice sur le toit, il pourrait mettre suffisamment de distance avec les autres pokémon pour leur échapper et le gros dracaufeu posé sur les tuiles semblait peu réactif.
Brusquement, Lucario bondit sur le toit, Etna et Mask déployèrent leurs ailes pour le rattraper, mais la plus rapide fut Jessy. Elle lança son hyperball et le laser renvoya immédiatement le pokémon à l’intérieur de sa capsule. Spyke regarda d’un œil morne le jet de lumière rouge happer le lucario. La rouquine le libéra quasiment aussitôt et Lucario réapparut au centre du cercle de pokémon, il était complètement perturbé.
"Luc luc ?" (C’était quoi ça ?) Songea Lucario.
Il tenta à nouveau de filer par le toit mais Jessy le renvoya une nouvelle fois dans son hyperball avant de le relâcher. Lucario se tourna vivement vers l’humaine et l’étrange sphère jeune et blanche qu’elle tenait dans la main. Cette arme… C’était ce truc qui le maintenait prisonnier. S’il voulait retrouver sa liberté, il devait la gagner. Il était encore affaibli, mais il n’avait pas le choix. Il lança une aurasphère en direction des pokémon les plus faibles, c’est-à-dire ceux de Justine. Heureusement, les deux mélodelfes réagirent assez vite avec une force cosmik pour protéger leurs alliés et l’aurasphère explosa contre le bouclier de lumière. Lucario tenta de filer par la mince ouverture qu’il avait créée dans le cercle du côté des pokémon fées effrayés plaqués au sol, mais le dracaufeu de Florine, qui avait pourtant l’air si amorphe, s’était envolé à la vitesse d’un latios et se dressait désormais rugissant devant le lucario. Spyke était un mâle bien charpenté à la peau rouge, il était encore plus grand qu’Etna.
« Grawww ! »
Lucario fit machine arrière, il tenta une ruse du côté de galopa mais le cheval de feu le tint en respect avec quelques flammèches, ce n’était pas très impressionnant, car Galop ne voulait pas risquer de mettre le feu à la pâture, ses petites flammèches avaient déjà commencé à noircir le gazon. Lucario aux abois changea de direction à nouveau et finit par tomber nez à nez avec Jessy. L’humaine aux cheveux couleur goupix… Il se rua vers elle et Pit s’interposa dans une attaque souplesse vigoureuse. Il frappa lucario au visage et le pokémon tomba au sol. Le regard plein de haine, il créa une petite aurasphère et la lança vers Jessy, mais il avait mal visé. La maîtresse pokémon ne bougea pas d’un millimètre pour l’éviter, l’orbe passa au-dessus de sa tête et fila dans les airs jusqu’à arracher un quart du feuillage du gros arbre près de l’étang. Quelques roucoups et un cornèbre avec un grelot coque s’envolèrent brusquement en panique.
« Gling gling »
« Crôa ! » Protesta le cornèbre mécontent au son de sa clochette.
Chu utilisa sa cage-éclair pour immobiliser Lucario. Le pokémon resta cloué au sol en grimaçant de douleur. Face contre terre, il essayait de se redresser mais c’était difficile. Il n’avait absolument pas récupéré de son affrontement lors du festival du "Son des forêts", alors ses attaques étaient trop faibles. Il tremblait à quatre pattes comme un vulgaire rattata en essayant vainement de se redresser au milieu de tous ces pokémon domestiques en train de le toiser.
La professeure Florine Léon traversa la pâture au pas de course, elle fulminait.
« Non mais c’est quoi ce souk ?!? Hurla Florine en accourant auprès de Jessy.
- C’est ce connard de Lucario qui a bousillé nos instruments !
- Et c’est quoi la suite du programme : il bousille mon labo ?!? Ça ne va pas la tête de laisser sortir un pokémon que tu ne maitrises pas ici ?!?
- C’est bon je gère ! Râla Jessy avec mauvaise humeur.
- Tu gères que dalle oui ! » Répliqua Florine.
Lucario de nouveau debout décida de profiter de cette intervention pour attaquer par surprise. Il fonça en direction des deux humaines en tentant un poing boost. Il se retrouva figé en plein élan, le bras tendu en avant à moins d’un mètre de Florine. Lucario serra les dents et avec difficultés il pencha la tête pour chercher qui l’avait arrêté. A sa droite, la mélodelfe de Justine avait utilisé son métronome pour l’immobiliser. Une ombre inquiétante vola par-dessus la troupe et vint se poser lourdement à côté de Florine, c’était son dracaufeu. Le pokémon fusilla lucario du regard. Bientôt, un rafflesia et un gravalanch approchèrent du cercle déjà bien fourni de combattants. Après s’être assurée que Lucario ne tenterait rien contre la professeure, Mélodelfe le libéra lucario. Dracaufeu et gravalanch montrèrent les crocs et Florine soutint le regard noir du nouvel arrivant, il capta son aura : elle ressemblait à celle de Jessy, elle transpirait d’assurance et de férocité.
« Ici t’es chez moi, c’est MON territoire. Attaque-moi encore une seule fois et tu rentreras à Sinnoh en pièces détachées. Je n’ai pas l’indulgence de Jessy. »
Florine se retourna vers sa fille et cracha plus qu’elle ne parla :
« Quant à toi, je te jure que si ton monstre abime ne serait-ce qu’une brique de mon labo, j’appelle Antony et tu comprendras ce que c’est qu’une humiliation publique… »
Jessy foudroya sa mère du regard mais ne dit rien. Florine n’avait que peu de leviers pour influer sur sa fille. La seule chose qu’elle pouvait attaquer c’était son orgueil, et la seule chose capable de blesser l’orgueil de Jessy, c’était une défaite. Or, il y avait au moins deux dresseurs pokémon dans sa famille qui étaient plus puissants qu’elle. La menace ne tenait pas la route, Antony, ou plutôt Maître Antony, ne se déplacerait pas juste pour affronter sa nièce et la punir, mais elle avait au moins le mérite de faire comprendre à Jessy que Florine en avait vraiment marre et qu’elle arrivait à bout de patience.
« Rai rai ? Demanda Pit, un peu anxieux.
- T’inquiète… » Lâcha Jessy en jetant un dernier regard agressif dans le dos de sa mère qui s’éloignait, escortée par son rafflesia et son gravalanch personnels.
« J’pense qu’il commence à piger dans quelle merde il s’est foutu. »
Lucario était épuisé, mais son cœur était encore rempli de haine et de colère… Il posa à nouveau son attention sur Jessy. Il rassembla ses dernières forces pour créer une petite aurasphère, elle vrombissait dans sa patte. Jessy soutint le regard de Lucario. Provocatrice, l’humaine siffla entre ses dents :
« Vas-y, essaye pour voir. »
Lucario serra les dents en toisant sa dresseuse, il mourrait d’envie de faire exploser son aurasphère sur son crâne, sa patte tremblait mais il ne bougea pas d’un millimètre. Il sentait toute la tension autour de lui. Lentement, il pencha la tête sur la droite, Wal la tengalice faisait vibrer ses feuilles d’un air menaçant, elle préparait une attaque tranche. Il pencha ensuite la tête à gauche : le raichu de Jenny se tenait à un mètre de lui, les joues surchargées en électricité, prêtes à lancer une attaque fatal foudre au moindre geste suspect de Lucario. Même avant cela, il y avait tellement d’électricité dans l’air que Lucario soupçonnait le pokémon de déployer une cage éclair autour de lui pour l’empêcher d’approcher Jessy.
Toujours animé d’un désir malveillant, Lucario, prudent, décida de reculer de deux pas en arrière, son aurasphère tournoyant toujours au creux de sa paume. Il sentit un vent glacé souffler dans son dos, il tourna la tête à quatre-vingt-dix degrés et jeta un coup d’œil derrière lui : Loyal, l’aquali de Florine, se trouvait là, il préparait un laser glace. Lucario avait enfin réalisé : il était encerclé et il était prisonnier de l’hyperball, il ne pouvait pas fuir. Bien sûr, il pouvait quand même attaquer Jessy pour se défouler, elle était là, juste devant lui, à porter de tir, une cible idéale. Mais ensuite, il devrait subir les trois attaques simultanées de ces pokémon, prêts à tout sacrifier pour défendre cette humaine et son nid. Et évidemment, il ne serait pas libéré pour autant…
Lucario ne comprenait pas, il ne comprenait pas comment on pouvait s’attacher autant à des humains. Dégoûté, il laissa mourir l’aurasphère au creux de sa patte et lança un regard mauvais mais désespéré à Jessy, un de ceux qu’ont les prisonniers lorsqu’ils savent qu’il n’y a plus d’échappatoire possible. La dresseuse lut dans son regard qu’il s’était enfin résigné.
« Ecoute-moi bien, reprit Jessy d’une voix calme mais autoritaire. T’as bousillé tout notre équipement, tu as donc une dette envers nous et je peux t’assurer que d’une façon ou d’une autre, tu vas la rembourser cette dette. Je trouverais bien un moyen de te rendre utile.
- Louc… Grogna le pokémon en fixant Jessy du regard, ce qui signifiait approximativement en langage pokémon : "Va te faire foutre."
- Je ne te comprends pas encore très bien mais j’ai l’impression que cette réponse n’était pas très sympa… Chantonna Jessy avec un sourire tordu, elle savait qu’à la fin elle aurait le dessus.
- Louc ! » Répéta le pokémon en criant, cette fois Jessy vint se coller nez à museau, elle pouvait sentir le souffle du pokémon sur son visage.
« T’as de la chance d’être un pokémon, j’ai trop de respect pour ceux de ton espèce, tu aurais été un humain je t’aurais taillé en pièce… Mais je te préviens, tu peux faire toutes les conneries que tu veux, je ne te libérerai pas. Et à chaque fois que tu m’en feras bavé, je te le rendrai au centuple, tu peux me croire. Alors, si tu veux que ta vie reste supportable petit Lucario, tu as intérêt à te tenir à carreau.
- Louc…» Souffla le pokémon avec témérité. Alors que Jessy allait répliquer, Pit le raichu décida d’intervenir.
« Rai raichu rai rai ! Raichu rai rai ! »
Lucario se retourna vers le pokémon, c’était à lui qu’il s’adressait et non à sa dresseuse. Jessy l’avait compris elle aussi, elle était néanmoins intriguée par ce que Pit lui avait dit. A peu de choses près, Raichu venait de crier :
"Ça ne sert à rien de lui tenir tête ! T’auras jamais le dernier mot avec elle !"
Jessy ne savait pas comment elle devait prendre cette réflexion de la gueule de son propre meilleur ami pokémon.
« Lucario… Luca lucario luca ? (Bah voyons… Et de quoi tu te mêles toi ?)
- Rai raichu chu ? Chu churai, raichu rai rai. Raichu chu rai raichu. (Tu n’as pas compris ce qu’elle t’a dit ? Elle ne te relâchera pas, tu es coincé avec nous désormais. J’aimerais autant me faire un ami plutôt qu’un ennemi.)
- Luca lucario ! (Je ne me soumettrai jamais à un humain !)
- Rai ? (Pourquoi ?)
- Luc ? LUC ? S’emporta le pokémon. Luca lucario luc lucario luca ?!? » (Pourquoi ? POURQUOI ? Et vous comment pouvez-vous accepter cette vie servile auprès de ces humains monstrueux ?!?)
Il se tourna alors vers Médie et Galop, il les toisa du regard comme pour les prendre à parti.
« Luca ? Lucario ! (Alors ? Vous ne dites rien !)
- Aquali aqua aqua. » Répondit posément Méditerranée avant d’ajouter :
« Aquali aqua… Aquali. » (Les humains n’ont rien de monstrueux. Du moins pas celle-là… Ni ceux de son clan.)
Aquali désigna d’un hochement de tête Florine, à l’autre bout du terrain, hors de portée de voix, en train d’examiner un bébé chinchidou que Jenny serrait contre elle. Le petit pokémon semblait rayonner de bonheur. Lucario regarda rapidement la scène et s’en détourna tout aussi rapidement, avec une grimace de dégoût.
« Je vous laisse le gérer… » Finit par annoncer Jessy à ses pokémon, tout en adressant un dernier regard assassin à Lucario.
Les pokémon de Jessy ne semblaient pas emballer à l’idée de rester en tête à tête avec lucario, mais ils avaient compris qu’il n’y avait pas d’autre alternative. Il refusait d’obéir à Jessy et il risquait de s’affaiblir et de mourir de faim s’il restait plus longtemps dans sa pokéball.
Jessy s’en alla chercher de la nourriture pour Lucario. Elle n’était pas jouasse à l’idée de lui offrir son premier repas après un tel accueil, mais il fallait bien qu’il mange. Elle aperçut Seb qui revenait au laboratoire sur le dos d’un grand arcanin après avoir déposé Robin à l’école. Elle se refusait à lui parler, il suffisait d’attendre qu’il laisse sortir ses pokémon. Elle s’adressa à sa leuphorie, à peine sortie de sa safari-ball. A la demande de Jessy, le pokémon amitieux se rendit auprès de lucario pour le soigner avec ses e-coques et ses vibra-soins, il lui apporta aussi la purée de baies que Jessy avait versée dans une assiette. Lucario fut d’abord étonné, mais la gentillesse de leuphorie le conforta dans sa fausse idée que les pokémon étaient les seuls à réellement prendre soin les uns des autres.
Lorsqu’il eut récupéré ses forces, Lucario tenta une nouvelle fois de s’échapper, les pokémon de Jessy le retinrent contre son gré à coup de cage-éclairs, de para-spore, de méga-sangsues et de doux parfums. Mélodelfe et Leuphorie étaient désolées par ce spectacle, la pauvre leuphorie fut obligée de soigner Lucario une deuxième fois. Elle essaya de lui expliquer qu’il devait se ménager, pour son bien, et que, pour le bien des autres pokémon qui vivaient au laboratoire, il devait arrêter de se montrer agressif et violent. Lucario l’écoutait silencieusement avec un air renfrogné. Il avait toujours le regard noir mais sa haine n’était pas dirigée contre la leuphorie, pas plus que contre les mélodelfes ou mêmes les raichus.
Depuis la fenêtre du laboratoire, Seb regardait ses pokémon en pleine conversation avec lucario.
« C’est pas dangereux de le laisser en liberté ? Demanda-t-il, préoccupé.
- Ne t’inquiète pas, les autres pokémon le surveillent, répondit Florine sur un ton beaucoup plus calme que celui avec lequel elle avait réprimandé sa fille. Mon expérience me laisse penser qu’il n’y a que comme ça qu’il va s’adoucir.
- Espérons… »
Fry était enfin revenu après son match contre Violine.
« Ca y est ! J’ai mon tout premier badge de Kanto ! » Annonça joyeusement le jeune homme en brandissant le badge Volcan devant Jenny en blouse blanche, elle était en train de remplir une mangeoire de croquettes pour pokémon. Son visage radieux se crispa quelques peu quand il vit les dégâts causés par Lucario dans le parc du laboratoire Pokémon : buissons arrachés, herbes brûlées et trous dans le sol en mode obus explosés.
« Il s’est passé quoi ici ?
- Devine… Soupira Jenny en posant le sac de croquettes.
- Jessy a laissé sortir Lucario ?
- Bingo…
- Hum… Je crois que je vais me dépêcher de faire ma petite affaire avant que Jessy ne trouve encore pire qu’attaquer son petit frère et libérer Lucario.
- Ta petite affaire ? Répéta Jenny avec une drôle d’expression.
- D’ailleurs toi tu devrais pouvoir me renseigner… » Reprit Fry en lui souriant malicieusement.
A suivre...