Les Train Twins
Chapitre 12
La Tour Dresseur
Les Train Twins naviguaient sur wailord en direction de l’île sept, aussi appelée île l’infinité, avec leur matériel et leur nouveau compagnon. Scott n’était pas rassuré au début du voyage, il était tassé sur lui-même, adossé contre l’une des malles. Il n’avait pas le mal de mer en bateau car il utilisait ce moyen de transport depuis la petite enfance, son corps s’y était habitué, mais les voyages à dos de pokémon étaient nouveaux pour lui. Il ne savait pas trop si c’était le mal des transports ou simplement le stress. Il regardait avec attention les deux raichus des jumelles en train de jouer à la bagarre pour tuer le temps pendant le trajet, eux se tenaient sur le dos de wailord comme s’ils étaient sur la terre ferme, il n’y avait aucune différence. Ses trois nouveaux amis, assis autour de lui, discutaient de leur planning à venir.
« On ira chacun notre tour à la Tour Dresseur avant le début du festival, histoire d’économiser un peu avant de partir à Sinnoh.
- Je crois vous avoir déjà dit que je ne combattrai pas…
- Tu fais chier Fry ! Beugla Jessy. Tu te plains que t’as pas d’argent mais tu refuses de faire un truc facile pour en gagner !
- On a un accord, insista Fry d’une voix ferme. Je recommencerai à combattre une fois que je serai arrivé sur le continent.
- Mais on a quitté l’Archipel Orange ! C’est bien ce que tu voulais non ?
- Je n’irai pas à la Tour Dresseur.
- Arrêtez de vous disputer, s’il vous plaît, intervint Jenny d’une voix très douce. Si Fry ne veut pas y aller, il n’ira pas, n’essaye pas de le forcer Jessy.
- Excusez-moi… Fit timidement Scott en levant la main comme à l’école. C’est quoi exactement le concept de la Tour Dresseur ?
- T’es originaire de l’Archipel Arc-en-Ciel et tu ne connais pas la Tour Dresseur ? Répliqua Jessy en haussant un sourcil.
- S… Si… Répondit timidement Scott. J’y suis déjà allé pour réparer des trucs mais je ne me suis jamais intéressé au règlement de l’établissement. C’est euh… Comme une arène pokémon ?
- Pas tout à fait, répondit Jenny. La Tour Dresseur fonctionne un peu comme un donjon de jeu-vidéo : plus tu grimpes haut dans les étages et plus tes adversaires sont difficiles à battre. Si tu arrives jusqu’au sommet et que tu gagnes ton dernier combat, alors tu reçois une récompense.
- Et il y a combien d’étages en tout ?
- Huit, plus le toit, ce qui fait neuf combats en tout.
- Oh là-là, souffla Scott, ça doit être épuisant… Et super difficile.
- D’où le fait que je ne veuille pas y aller… Chantonna Fry.
- T’es vraiment fainéant et trouillard quand tu t’y mets ! Pesta Jessy.
- Eh ! Objecta Fry. Fainéant peut-être, trouillard non.
- En tout cas vous m’impressionnez… Reprit Scott avec un air enjoué. C’est la première fois que je rencontre des maîtres pokémon en vrai. Mes parents en ont côtoyé plein mais pas moi.
- Ah, mais Fry n’est pas un maître pokémon et je ne le suis pas non plus, précisa Jenny avec un petit sourire gêné. Seule Jessy l’est.
- Comment ça t’es pas maîtresse pokémon ? Releva Fry.
- Tu ne le savais pas ? S’étonna Jenny. Pourtant je croyais qu’on t’avait résumé nos exploits de jeunesse.
- Vous m’avez dit que vous aviez gagné toutes vos ligues.
- C’est le cas, mais il n’y a qu’une seule première place sur le podium et c’est Jessy qui est dessus à chaque fois. Moi je suis abonnée à la médaille d’argent. »
Fry écouta attentivement l’explication de Jenny et digéra l’information. Les quatre ligues principales du pays permettaient d’obtenir le titre de maître pokémon, cependant, au bout d’une compétition harassante, un seul dresseur, le grand gagnant du tournoi, obtenait le titre de Maître Pokémon. Ceux des seconde et troisième places recevaient le titre de "Top Dresseur". Fry réalisa seulement à cet instant que si les jumelles avaient fait toutes leurs ligues pokémon ensemble et que Jessy les avaient toutes remportées, cela signifiait qu’à chaque affrontement opposant Jessy et Jenny, Jessy était sortie vainqueur, privant ainsi sa sœur de toute chance de gagner le titre de maître que Jessy avait pourtant déjà obtenu à l’âge de onze ans, à la fin de la ligue de Kanto. Il était profondément choqué, consterné même. Il se tourna vers Jessy et haussa le ton.
« Mais sérieux Jessy, ça ne te serait pas venue à l’idée de la laisser gagner juste une fois ?
- Euh, pourquoi ? » Demanda Jenny avec un léger froncement de sourcils. Jessy se leva d’un bond, elle manqua de glisser sur le dos lisse de Wailord et pointa un doigt menaçant vers Fry.
« Ma sœur n’a pas besoin qu’on la laisse gagner, t’entends ?!? Elle aurait pas besoin de plus d’deux pokémon pour te donner la raclée de ta vie, alors un peu de respect !
- Hem, deux c’est peut-être un peu exagéré… Tempéra Jenny.
- J’suis pas en train de dire qu’elle est moins forte que moi, renchérit Fry visiblement perturbé, je dis juste que c’était égoïste de ta part de continuer à participer aux ligues alors que tu avais déjà ton titre de maître pokémon ! Face à des gens que tu ne connais pas je comprends très bien, mais ta propre sœur sans déconner !
- Et alors quoi ?!? S’exclama Jessy en levant les bras.
- Fry, Jessy n’a rien fait de mal. Elle aime les compétitions, c’est moi qui aurais fait preuve d’égoïste en la privant de ça.
- Hein ? Mais…
- Je n’ai pas besoin du titre de maître pokémon pour devenir professeure pokémon, insista Jenny avec beaucoup de sérieux. Ma mère ne l’est pas, mon grand-père ne l’est pas. Ce n’est pas grave d’arriver deuxième.
- C’est… » Fry finit par soupirer et relâcher brutalement ses épaules.
« Franchement je trouve ça abusé. J’vous comprends pas parfois. »
Et il se rassit en leur tournant le dos pour se calmer. Jessy voulut lui aboyer dessus mais Jenny posa une main douce sur le bras de sa sœur pour l’en dissuader. Scott, assis en tailleur et tassé sur lui-même comme un caratroc dans sa carapace osait à peine respirer et regardait la scène avec beaucoup d’embarras. Il se sentait responsable de la dispute alors qu’il n’y était pour rien. Jessy, visiblement contrariée, partit bouder loin de Fry, ce que leur permettait le dos immense de Wailord. Jenny et Scott se retrouvèrent seuls en face à face et Jenny lui sourit avec gentillesse, mais le garçon remarqua qu’elle se forçait un peu. Jusqu’à ce qu’ils atteignent leur objectif, Fry fit la sieste, Jessy sortit son carnet et sa guitare pour composer seule dans son coin et les deux derniers membres du groupe discutèrent posément de sciences pokémon.
Les Train Twins n’avaient pas prévu d’arriver aussi tôt sur l’île sept, le festival n’avait lieu que dix jours plus tard, Jessy et Fry auraient préféré rester plus longtemps au hangar mais Jenny avait insisté pour qu’ils accompagnent Scott. Cette décision leur posait un nouveau problème de pied à terre ; comme ils ne savaient pas dans quelles conditions ils pourraient répéter, ils avaient embarqué avec eux l’un des générateurs de Scott. Cependant, l’alimentation électrique n’était pas la seule difficulté, il fallait mettre les instruments à l’abri des intempéries, les transporter et limiter les nuisances sonores pour les habitants de l’île sept.
A cause de la présence de la Tour Dresseur et des ruines Tanoby, le centre pokémon de l’île de l’infinité était le plus vaste de l’archipel. Il faisait trois fois la taille de celui de l’île un. En ville et dans la campagne environnante, il y avait également quelques petits hôtels, des auberges et un camping. Le groupe ne débarqua pas sur l’île par le port, situé au sud de la ville, mais par la plage au nord. Depuis la rive, ils avaient une belle vue sur la Tour Dresseur qui se dressait majestueusement sur la presqu’île septentrionale.
« Je suppose que c’est ça la Tour Dresseur. » Dit Fry. Il n’avait toujours pas l’intention d’aller y combattre mais il ressentait une certaine exaltation en découvrant ces îles de l’Archipel Arc-en-Ciel, si différent du sien.
« Eh capitaine constat ! Lâcha Jessy encore agacée par leur dispute. Viens nous aider à décharger !
- Et on va où avec tout ça ?
- Au centre pokémon, il faut qu’on réserve une chambre.
- Et tu crois que l’infirmière Joëlle va nous laisser stocker tout ça ? Reprit Fry en haussant un sourcil. Je te rappelle que les autres infirmières n’étaient pas jouasses.
- Ouais ben pour l’instant on n’a pas vraiment le choix. On réfléchira une fois là-bas. T’façon on a son réparateur en otage, alors elle sera bien obligée de nous faire une fleur.
- Euh… Quoi ? » Bredouilla nerveusement Scott. Jenny sourit avec affliction et lui tapota l’épaule pour le rassurer.
Le quatuor se rendit au centre pokémon avec son éternel cortège de pokémon déménageurs. Le timide Scott, chargé comme un bourrinos de son propre attirail de dépanneur, se présenta auprès de l’infirmière Joëlle. Comme sur l’île un et dans tous les autres centres du pays, il y avait une petite chambre réservée à l’écart pour les ingénieurs et les techniciens de la maintenance. En cas de panne importante, ils devaient pouvoir venir n’importe quand et rester plusieurs jours, voire semaines si nécessaires. L’infirmière attribua une autre chambre à Jessy, Jenny et Fry. Comme son centre était vaste, elle était d’accord pour qu’ils stockent leurs instruments dans une salle mais il était hors de question de les laisser répéter dans l’enceinte de l’hôpital. Cela n’arrangeait pas les affaires de Jessy. Au diner, elle se triturait les méninges pour trouver une solution et ne touchait pas à son assiette de feuilletés féta-épinards et son riz aux algues, les spécialités du cuistot du centre pokémon originaire de Ferrum.
« Mange, ça va refroidir, finit par dire Fry.
- C’est déjà froid... Soupira une Jessy contrariée.
- Ecoute, j’ai une solution de secours, on en parlera demain matin si aucune de vous deux n’a de meilleure idée. »
Fry se tourna vers Jenny mais il était impossible de croiser son regard. Avec un sourire figé délicat, elle donnait la becquée à son raichu comme cela arrivait parfois lorsque Chu ressentait le besoin d’un instant de complicité avec sa dresseuse.
« Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider davantage, intervint Scott.
- Tu en as déjà fait beaucoup, lui dit Jenny avec douceur en remuant sa fourchette devant le museau de raichu.
- Rai-rai !
- Quelle solution ? Demanda Jessy en foudroyant Fry de son regard électrique.
- On en parlera demain…
- Maintenant ! » Ordonna Jessy.
Fry poussa un énorme soupir. Jessy était bornée et Jenny semblait bien décidée à ne pas lui venir en aide pour tenter de la canaliser, alors il comprit qu’elle ne le lâcherait pas tant qu’il ne lui aurait pas expliqué son idée. Il se leva en faisant la moue.
« Finissez vos assiettes et rejoignez moi dehors, on part en balade. »
Fry sortit prendre l’air et quelques minutes plus tard Jessy et Scott le rejoignirent.
« Jenny n’est pas avec vous ? S’étonna Fry.
- Elle a dit qu’on n’avait pas besoin d’elle, elle reste pour surveiller le matos. Maintenant tu vas m’expliquer oui ou merde ? » S’impatienta Jessy.
Fry resta silencieux un instant, il réfléchissait en regardant alternativement Jessy, très agitée, et Scott, un peu intimité de se retrouver seul avec Jessy et Fry. Le blondinet craignait d’être inutile mais il avait encore plus peur de vexer Fry en refusant de le suivre. Il sursauta légèrement lorsque Fry s’adressa à lui.
« Scott, tu connais bien l’île ?
- Quoi ? Non, euh pas-pas vraiment, je suis déjà venu plusieurs fois mais …
- Alors tu as une carte sur toi ?
- Oui ! Oui ça oui ! »
Dans un mouvement maladroit il confia à Fry une Navi-map. Fry n’avait jamais utilisé ce type d’appareil alors il continua de questionner Scott.
« Il faut trouver un endroit sec près de la ville, de préférence une zone rocheuse et obligatoirement au-dessus du niveau de la mer.
- Ah euh… Il y en a plein des endroits comme ça ici…
- Un endroit facile d’accès mais peu fréquenté, ajouta Fry en parlant vite.
- Hum… Plutôt au sud alors…
- Ok merci, répondit Fry tout en dégoupillant la pokéball de sa luxray. Il se tourna ensuite vers Jessy.
- Tu peux appelé Galop steu’plaît ?
- Faut que t’arrêtes de te la jouer mystérieux comme ça tout le temps ! Ronchonna Jessy en libérant son pokémon.
- Ça fait partie de mon charme, répliqua Fry avec un petit sourire en coin. En selle Scott, je te laisse Katy t’es plus léger que moi.
- Hein ?!? » S’écria Scott dans un début de panique. Jessy et Fry montaient sur le dos du galopa, le jeune champion tendit le navi-map à Jessy pour qu’elle puisse guider son pokémon.
- Il faut aller de l’autre côté du pont, à l’entrée du canyon si j’en crois la carte.
- Ok ok, y a intérêt à ce que ton idée vaille le coup.
- Mais-mais-mais je ne vais pas monter sur ta pokémon ! Chouina Scott, terrorisé, en regardant Luxray.
- Rah fais pas ta chochotte ! Monte sur Katy et que ça saute ! Beugla Jessy.
- Lu rayray. »
La luxray essaya de rassurer le jeune homme. Katy était une pokémon douce et gentille, ce qui n’était pas forcément le cas de tous ceux de son espèce, mais elle n’en gardait pas moins une allure féroce et inquiétante. Scott semblait paralysé et Jessy était excédée.
« On va pas y passer la nuit Scott ! »
Le jeune homme tremblait de la tête aux pieds, il voulut monter sur Luxray mais il n’était vraiment pas à l’aise, Katy le sentait. Il n’osait pas se cramponner à elle et avait peur de lui faire mal en tirant sur sa crinière.
« Ray ray… Fit doucement la pokémon, ce fut l’aboiement de trop qui déclencha une crise d’asthme. Scott voulut prendre sa ventoline et la fit tomber par terre.
« C’est pas grave Scott, on revient vite ! Veille bien sur lui Katy ! » Finit par déclarer Fry avec un sourire bienveillant alors qu’il sentait Jessy se crisper devant lui, sur le dos de galopa. Il craignait qu’elle ne se transforme en léviator et achève le pauvre Scott. En plus, lui aussi voulait en finir au plus vite et aller se coucher. Jessy lança aussitôt sa monture dans la direction indiquée par Fry. Une fois de l’autre côté du pont au sud de la ville, dans les plaines rocheuses qui marquaient l’entrée du canyon Sesor, Fry descendit de galopa et commença à explorer la zone à pieds, Jessy et Galop au pas derrière lui. Malgré l’heure estivale tardive, il faisait encore jour et il réussit à trouver ce qu’il cherchait. Il libéra son scarhino et lui désigna une paroi rocheuse sur un éperon, elle lui semblait prometteuse.
« Marvy, force cachée ! »
A l’aide de cette technique originaire d’Hoenn, Scarhino creusa un trou dans la pierre. Coup de chance, Fry avait bien repéré les lieux et la faille du pokémon déboucha sur une petite caverne. Fry et Marvy pénétrèrent à l’intérieur, l’espace n’était pas très vaste mais ça serait suffisant de l’avis du dresseur, il était soulagé d’avoir eu la main chanceuse ou plutôt la corne de scarhino chanceuse.
« Une base secrète, c’est ça ta super idée ? Dit Jessy en pénétrant dans la grotte à son tour.
- C’est comme ça que je trouvais des coins pénards pour camper loin de chez moi dans l’Archipel Orange. Et j’ai pas dit que c’était une super idée mais que faute de mieux ça pourrait dépanner.
- J’imagine qu’on pourra toujours répéter dehors et s’abriter ici au besoin… » Soupira Jessy. Elle n’avait pas de meilleure idée et cela la contrariait toujours, mais elle était suffisamment soulagée pour pouvoir s’endormir sans ruminer. Sur le chemin du retour, plus calmement, Jessy échangeait avec Fry sur les aspects pratiques.
« Ça m’étonnerait que les pokémon de Jane apprécient de transporter les instruments sur une telle distance tous les jours…
- On peut se rapprocher de la ville mais on risque de gêner les gens avec notre musique, objecta Fry.
- Il faut qu’on se fixe de toute façon. On va devoir stocker les instruments dans la base et camper sur place pour les garder. »
Scott n’avait pas bougé, il n’avait pas osé retourner à l’intérieur du centre. Jessy et Fry le retrouvèrent là où ils l’avaient laissé, il s’était assis dans une bande de pelouse et caressait tendrement la grande luxray de Fry lovée à ses côtés.
« Ça y’est, tu l’as apprivoisé ? Lança joyeusement Fry.
- Oui… Elle est gentille… Répondit Scott avec un sourire discret.
- En fait je parlais à Katy.
- Xray ! »
Jessy étouffa un rire tandis que Fry renvoyait Luxray dans sa pokéball. Au retour des deux dresseurs, Scott se sentait confus de les avoir plantés, mais ni l’un ni l’autre ne lui en tint rigueur. En revanche, Fry était un peu perturbé par l’attitude de Jenny. Il avait une drôle de sensation, elle était distante avec lui, elle l’ignorait presque. Il se leva en même temps que les autres, il était trop préoccupé pour faire la grasse matinée. Jessy avait expliqué à Jenny l’idée de Fry. Comme elle était contraignante, la jeune maitresse pokémon avait décidé d’aller à la Tour Dresseur avant qu’ils ne soient obligés de déménager tous les instruments. S’ils ne pouvaient pas répéter tous ensemble, il était inutile de brancher les guitares électriques et les amplis, alors lorsque Jenny était descendue pour le petit-déjeuner, elle avait ses chaussures de randonnée et son sac sur l’épaule.
« Puisque Jessy va à la Tour Dresseur, je vais en profiter pour aller visiter les ruines Tanoby.
- Non Jane ! Protesta Jessy. Il faut que tu répètes. T’es pas au point, aucun de nous n’est au point.
- Oh que si je vais y aller ! C’est l’un des plus gros sites archéologiques du pays et le seul endroit en dehors de Johto où on peut voir des zarbi sauvages. Je ne vais pas m’en priver.
- Tu pourrais très bien y aller après le festival !
- Je n’arrive pas à répéter sans toi de toute façon, répliqua Jenny sur un ton léger. Et puis j’ai besoin de décompresser un peu. Tu m’accompagnes Scott ? »
Elle offrit un beau sourire au jeune technicien qui se redressa d’un bond au garde à vous, les joues plus chaudes que celles d’un gruikui. En une demi-seconde, il avait complètement oublié les sollicitations de l’infirmière Joëlle.
« Oui ! »
Jessy soupira, résignée. Elle laissa à sa sœur sa journée de libre. Dans tous les cas, elle serait occupée à la Tour Dresseur de l’aube au crépuscule, elle ne risquait pas d’empêcher sa sœur de faire ce qu’elle voulait et Jenny avait clairement annoncé la couleur, donc une dispute en fin de journée ne réglerait rien. Alors que Jenny s’éloignait, talonnée par un Scott en mode voltoutou en laisse, Fry, pris au dépourvu, l’interpella.
« Eh ! Et moi je fais quoi ?
- Ce que ma sœur t’as dit : tu répètes. » Répondit simplement Jenny en lui adressant un bref coup d’œil et un petit sourire un peu fourbe. Sur ces mots elle quitta le centre pokémon avec son sac et son compagnon du jour en abandonnant sur place Fry en pleine sidération. Il aurait bien aimé visiter les ruines Tanoby lui aussi, mais non seulement Jenny ne l’avait pas invité, mais en plus elle lui avait fait comprendre qu’elle ne souhaitait pas sa compagnie. Fry en était désormais convaincu : elle était fâchée contre lui et il ne comprenait toujours pas pourquoi. Cette situation le perturbait d’autant plus que Jessy lui avait expliqué que Jenny ne boudait jamais très longtemps.
Au sud de l’île, au niveau des portes des ruines Tanoby, se trouvait une petite bâtisse servant d’office de tourisme, de bureau d’accueil et de boutique de souvenirs. Les visites des ruines étaient libres et gratuites mais il était possible de louer un audio-guide ou de réserver pour une visite guidée. C’était également à cet endroit qu’il fallait louer une embarcation pour se rendre aux ruines lorsque l’on n’avait pas de pokémon capable de surfer. Jenny et Scott s’arrêtèrent brièvement à la boutique pour regarder les livres vendus sur place. Scott était intrigué par un livre sur l’alphabet zarbi situé sur le dernier rayonnage. Il se hissa sur la pointe des pieds pour tenter d’attraper un exemplaire, ses doigts effleuraient le bas de la tranche mais il ne parvenait pas à s’en saisir. Jenny vint à son aide, elle se mit à son tour sur la pointe des pieds et leurs trois centimètres d’écart firent la différence. Jenny attrapa le livre et le lui donna avec un sourire charmant. Scott se sentait mort de honte. Il savait que la nature était ainsi faite : il y avait les grands et les petits, mais ce n’est jamais marrant d’être dans la catégorie des défavorisés. Ils achetèrent chacun un ouvrage puis repartirent en direction des ruines, avec le raichu de Jenny en guise d’escorte. Sur le chemin, Scott aperçut des kadabra et des alakazam postés en hauteur sur les roches du canyon, éloignés les uns des autres de plusieurs dizaines de mètres. Bien qu’il ne soit pas très bon dresseur, il comprit rapidement en les observant que ces pokémon étaient domestiqués, ils avaient l’air de monter la garde.
« Jenny, tu as vu ces pokémon là-haut ? Qu’est-ce qu’ils font d’après toi ?
- Oui je les ai vus… D’après le guide, ils sont là pour contenir le pouvoir des zarbi et protéger les visiteurs en cas d’attaque.
- Contenir leur pouvoir ? Répéta Scott avec étonnement. Les zarbi sont si puissants que ça ?
- Individuellement non, mais en groupe ils sont capables de modifier l’espace et peuvent créer des illusions très réalistes. D’après la légende, ce seraient eux qui auraient fait émerger l’île sept de l’océan et qui auraient sculpté le canyon.
- Woh. Et… Et tu penses que c’est vrai ?
- Hum… Oui je le crois. Aurais-tu la trouille Scott ? Demanda Jenny avec un sourire filou. Le jeune homme rougit immédiatement en croisant son regard.
- N… Non ! C’est pas ça, je n’y connais pas grand-chose en pokémon alors je suis étonné de savoir qu’il existe des pokémon aussi puissants à l’état sauvage. Je pensais que seuls les pokémon légendaires avaient de tels pouvoirs.
- Tu sais réparer les pokéballs et tu n’y connais vraiment rien en pokémon ? Demanda Jenny alors qu’elle libérait son wailord.
- Rien c’est exagéré, je… Waaaah ! »
Scott glissa en grimpant sur le dos de Wailord et manqua de se retrouver à l’eau. Jenny le retint en lui attrapant la main avec un réflexe d’insécateur. Elle le tira vers elle pour qu’il vienne sur une partie de la peau moins glissante. Les deux ados se bousculèrent un peu, collés l’un contre l’autre. Jenny souriait amusée, elle relâcha la main de son camarade une fois assurée qu’il avait bien retrouvé son équilibre. Scott, lui, se retrouva dans un état fébrile en quelques secondes. Le contact de sa main douce, fine et chaude, puis de leurs deux corps l’un contre l’autre un bref instant lui avait fait perdre le fil de ses pensées et il était dans un état second. Jenny lui dit quelque chose, il n’entendit rien. Il n’entendait rien d’autre que les battements de son propre cœur, plus lourds et assommants que les cris du ramboum de Fry quand il imitait la grosse caisse. Il ne voyait rien d’autre que la silhouette de Jenny debout devant lui avec son sourire magnifique, le décor semblait s’être effacé pour ne laisser qu’une espèce de brume rose enveloppée autour d’elle, angélique.
« Scott ! Tu m’entends ?
- Hein ? Que ? Quoi ? Dit brusquement Scott en comprenant que Jenny lui parlait.
- Tu étais parti loin visiblement, soupira la rouquine en posant son poing sur sa hanche.
- Loin ? Loin de quoi ? Demanda Scott qui n’avait pas encore complètement retrouvé ses esprits.
- Rairai ! Se moqua Chu.
- Vraiment très loin alors ! S’amusa Jenny. Je disais que tu étais dans la lune ! Fais attention, c’est comme ça que tu trébuches.
- Ah, oui, oui désolé, hem. »
Malgré les très courtes distances séparant les différentes chambres des ruines Tanoby, il préféra s’asseoir sur Wailord et éviter une nouvelle maladresse. Une fois sur place, les deux adolescents s’engouffrèrent dans le premier tumulus. Jenny était fascinée par les immenses gravures qui recouvraient les murs de pierres millénaires, Scott ne l’était pas moins. Il jetait régulièrement des coups d’œil dans son nouveau livre. Après plusieurs visites de chambres antiques, ils échangèrent leurs livres. Tous deux assis sur wailord, adossés l’un à l’autre, ils se plongèrent dans leur lecture, sans que Scott ne se rende compte de cette soudaine proximité, il était trop concentré sur ce qu’il lisait. Comme elle s’y connaissait plus que lui, il bombardait Jenny de questions sans la regarder et sans tenir compte de la douce sensation dans son dos alors qu’elle se retournait de temps en temps pour lui répondre. Jenny poussait parfois quelques soupirs de relaxation, elle se sentait bien au soleil, au milieu de ces ruines ancestrales et en compagnie de quelqu’un qui parlait son langage. Elle aimait profondément sa sœur jumelle, mais loin de sa mère et de son grand-père, les discussions pouvaient parfois lui paraître fades dès qu’il n’était plus question de compétition pokémon ou de musique. Dans le tertre suivant, Scott se rua sur les lignes d’écriture zarbi au fond de la salle. Jenny le suivit d’un pas lent, elle aimait visiter les sites historiques, cela lui procurait une profonde sensation de sérénité sans qu’elle comprenne réellement pourquoi.
« Selon les archéologues, le premier alphabet serait apparu lorsque les hommes ont découverts les zarbi il y a plus de trois mille ans. Ils se sont inspirés de leurs formes pour organiser leur langage et l’alphabet zarbi aurait succédé aux hiéroglyphes et au cunéiforme dans certaines régions du monde.
- Tu t’y connais en archéologie ? Demanda Scott sans la regarder, il était hypnotisé par le mur couvert de signes zarbi.
- J’ai lu la plupart des ouvrages de ma grand-mère… Elle a étudié l’archéologie pendant que mon grand-père étudiait la pokémonologie, finalement elle est devenue son assistante mais elle n’a jamais pu se résigner à revendre ses livres.
- Elle a bien fait… Tiens, ici il est question de la création du monde par Arceus.
- Tu arrives à le lire ? S’étonna Jenny. Ce matin tu savais à peine ce qu’était un zarbi.
- Je me fie à ce qui est écrit là-dedans, répondit Scott en brandissant le livre qu’il avait acheté. C’est assez simple en fait. »
Il s’approcha de la stèle et commença à lire à voix haute.
« L’enfant du chaos, berceau du monde, créa six gardiens en Hisui. Ensemble au Mont Couronné, ils façonnèrent les océans, les terres de feu et de glace. Pour peupler l’ailleurs, Arceus créa les entités du vide… »
Avec un petit sourire absent, Jenny le regardait en silence en balançant très lentement la tête de droite à gauche, décidément ce garçon était brillant et plein de ressources. Les deux adolescents passèrent de chambre en chambre toute l’après-midi. Une fois arrivés dans la dernière crypte des ruines, ils n’avaient encore vu aucun zarbi, Jenny était déçue mais Scott le semblait encore davantage. Sa curiosité intellectuelle paraissait sans limite.
« Où sont les zarbi alors ? Finit par demander Scott avec de grands yeux d’enfant émerveillé.
- Je vais te montrer quelque chose… » Dit Jenny en souriant. Elle sortit de son sac en bandoulière son pokédex. Elle régla son appareil en mode radio, elle avait préparé la fréquence en avance. De multiples sons étranges sortaient du petit ampli, ils étaient aigus et cristallins. Ces bruits donnèrent le frisson à Scott, ils ressemblaient à la fois à des rires d’enfants et à des cris de pokémon, ils étaient indéfinissables.
« Qu’est-ce que c’est ?
- Les zarbi. » Répondit Jenny en souriant. Il était rare de voir des zarbi, même dans les ruines, la plupart du temps ils restaient dans leur dimension mais il était possible de les entendre grâce à une simple radio. La belle rousse espérait malgré tout en apercevoir un ou deux, alors avec Scott ils passèrent leur journée entière dans les ruines Tanoby, sans succès. Jenny restait globalement contente de sa journée. Elle se disait qu’elle y retournerait peut-être avant leur départ pour Sinnoh. Scott, lui, était au nirvana. Dans son esprit, c’était comme son premier rencart.
A leur retour, il fut alpagué par l’infirmière Joëlle, elle semblait très inquiète pour ses appareils. Elle insista pour que le jeune homme jette un coup d’œil à ses appareils de transfert dans la soirée. Scott fut rattrapé par sa conscience professionnelle. Il voulut quitter Jenny, mais lorsqu’elle réalisa que Jessy n’était pas encore rentrée, contrairement à Fry qui errait comme un couillon dans le hall, elle suivit Scott à pas de delcatty jusqu’aux machines à transfert et elle s’installa sur une chaise à quelques mètres de lui pour continuer sa lecture des livres sur les zarbi. Fry ruminait beaucoup, il essayait de se rappeler à partir de quand Jenny avait commencé à se montrer distance. Il en était venu à la conclusion que leur dernière discussion remontait à leur voyage à dos de wailord, lorsqu’il s’était disputé avec Jessy à propos des ligues pokémon. Qu’avait-il pu dire à ce moment-là pour que Jenny se mette ainsi à l’ignorer délibérément ? Bien déterminé à avoir le fin mot de l’histoire, il rejoignit Scott et Jenny. Le technicien avait déjà du mal à se concentrer sur ses circuits intégrés en sachant que la jolie dresseuse se trouvait à deux mètres de lui, mais la présence de Fry essayant de faire la conversation était encore plus déstabilisante.
« Alors c’était bien votre promenade dans les ruines Tanoby ? »
Scott s’attendait à ce que Jenny réponde mais elle n’en fit rien. Comme avec les dragueurs du dimanche, elle se contenta de sourire en silence sans prendre la peine de regarder Fry dans les yeux. Pris de court, Scott marmonna une réponse évasive.
« Ah euh oui, oui… »
Après un nouveau blanc gênant dans la conversation pendant lequel Scott essayait de tourner correctement son tournevis, Fry fronça les sourcils et se décida à prendre le tauros par les cornes.
« Jenny, tu peux me dire ce qui ne va pas ? J’ai l’impression que tu m’en veux. »
Jenny referma doucement son livre. Elle dénia enfin regarder Fry en lui adressant un sourire poli et superficiel.
« Rien, il n’y a rien et tout va bien.
- C’est à cause de notre discussion sur les ligues pokémon ? J’ai dit un truc blessant ?
- Fry, tout va bien. » Répondit Jenny sur un ton étrangement ferme avant de se lever et de s’éloigner, son livre sous le coude. Fry soupira bruyamment.
« Puff… Elle me fait toujours la gueule. J’comprends vraiment pas pourquoi !
- Euh… Eh bien, hem, je… Euh… »
Fry mit un certain temps à comprendre que Scott voulait parler, il finit par le regarder avec de grands yeux ronds intrigués.
« Tu disais Scott ?
- Euh, si je peux me permettre… Enfin, je crois comprendre où… Où est le problème.
- Sérieux ? S’étonna Fry. Ah bah explique-moi steu’plaît. »
Scott posa ses outils sur le côté et s’adossa à la machine pour parler à Fry d’une voix humble.
« Tu penses que tu l’as défendue mais en réalité, si j’ai bien tout suivi, tu as surtout sous-entendu qu’elle ne pourrait jamais gagner contre sa sœur… En d’autres termes : tu es persuadé que Jessy est bien meilleure que Jenny et que c’est immuable. »
Il y eut un gros silence de consternation. Scott pinçait si fort les lèvres qu’il grimaçait à moitié, il redoutait d’avoir mis Fry en colère mais ce n’était pas du tout dans le tempérament du champion. En revanche, ce dernier se sentait complètement con…
« Merde, t’as raison. »
Fry, abasourdi par sa propre impolitesse, demanda à Scott :
« Qu’est-ce que je peux faire pour rattraper le coup ?
- Euh, c’est à moi que tu demandes ça ? S’étonna Scott.
- Y a que nous deux dans la pièce Scott.
- Je n’en sais rien, répondit Scott hébété. Je n’ai pas de petite amie, je ne sais pas comment on réconforte une fille.
- Jenny n’est pas ma petite amie et tu la comprends bien mieux que moi visiblement. »
Les mots de Fry firent rougir de plaisir le jeune blondinet. Scott avait envie d’aider son nouvel ami et il se mit à réfléchir. Une main sur le menton, il partagea ses premières idées.
« Tu devrais commencer par aller regarder un de ses matchs à la Tour Dresseurs demain. Arrange-toi pour qu’elle te voit, regarde comment elle combat et fais-lui un compliment. Quand elle se sera radoucie après ça, excuse-toi platement et ça devrait aller mieux… Je crois.
- T’es un lover toi en fait. » Dit Fry avec humour et reconnaissance en même temps. La blague n’avait pas l’air d’amuser Scott pour autant.
« Merci de tes conseils vieux ! »
Fry s’éloigna d’un pas lent, Scott soupira.
« De rien… » Marmonna-t-il avec lassitude. Il avait souvent l’impression de n’être qu’un spectateur du monde, lui aussi aurait aimé se disputer avec une fille pour se réconcilier ensuite et la draguer, mais la théorie et la pratique étaient deux choses bien différentes. L’électronique au moins ce n’était pas aussi risqué.
Le fonctionnement de la Tour Dresseur était le suivant : parmi les inscrits du jour, neuf joueurs étaient tirés au sort et placés à chaque étage de la tour en fonction de leurs niveaux. Ensuite, les candidats restants, toujours dans un ordre aléatoire, montaient les uns après les autres. Lorsque le premier dresseur arrivait à battre celui assigné au premier étage, il pouvait monter à l’étage suivant et en cas de défaite il était éliminé et sortait du bâtiment. En cas de victoire, le processus se répétait ainsi jusqu’au dernier étage. Les dresseurs qui atteignaient le toit et remportaient leur dernier match recevaient une grosse récompense mais cela arrivait rarement. Les dresseurs assignés à chaque étage recevaient eux une récompense proportionnelle à leur nombre de victoires multipliée par un coefficient correspondant au numéro de leur étage. Chaque gagnant avait le choix entre toucher de l’argent ou récupérer l’un des prix proposés à la boutique de la Tour Dresseur. Après avoir dépensé tout leur argent dans l’achat des instruments de musique pour Fry et elles, les jumelles étaient surtout intéressées par les récompenses en cash. Jessy était revenue victorieuse avec 900 pokédollars en poche et, comme convenu, c’était au tour de Jenny de tenter sa chance à la tour.
Il n’y avait pas beaucoup de gradins à la Tour Dresseur ; généralement, chaque étage n’avait que quatre rangées en forme de U autour du terrain, dont ils étaient séparés par un panneau de plexiglass. Les spectateurs étaient donc relativement rares et la majeure partie des visiteurs préférait regarder le spectacle depuis les écrans installés dans le hall ou via le site internet de la tour qui retransmettait une partie des matchs en direct. Le toit était dépourvu de gradin pour des raisons de sécurité, il n’était donc pas possible d’assister en live aux meilleurs combats. Fry arriva à la tour après le début des combats, en compagnie de Scott. Le petit technicien n’avait pas su résister à l’envie de voir Jenny combattre. Jessy avait refusé de les suivre car elle préférait s’entrainer à la guitare acoustique, elle avait d’ailleurs clairement dit à Fry qu’elle préférait qu’il reste pour répéter avec elle et John. Le jeune homme lui avait répondu tout aussi franchement qu’il voulait juste voir un match de Jenny et qu’il reviendrait après. Jessy ne s’y était pas opposée, elle aimait trop les compétitions pokémon pour refuser à son camarade d’assister à un combat, surtout un combat de sa sœur.
Les deux garçons cherchèrent Jenny des yeux dans le hall et ne la trouvèrent pas, ils en conclurent qu’elle avait déjà dû commencer ses matchs et s’en allèrent consulter le panneau d’affichage. Le nom de Jenny était en effet parmi les premiers participants de la liste. Ils glanèrent quelques informations autour d’eux pour savoir à quel niveau elle était et s’il restait de la place dans les gradins. Un dresseur qui attendait son tour leur désigna les écrans alignés contre un mur et devant lesquels s’était amassée la foule. Il y en avait neuf : un par étage plus le toit. Même de loin, ils reconnurent la chevelure rousse de Jenny au quatrième étage. En jetant un coup d’œil aux autres écrans, ils virent que personne ne combattait encore au-delà du cinquième. Ils rejoignirent ensuite l’ascenseur des spectateurs.
« On n’a qu’à aller au sixième, dit Fry. Tout le monde va se ruer au cinquième et comme ça on aura le temps de s’installer avant que Jenny ne termine son cinquième match. »
Scott réfléchit un instant.
« Humm… Je pense qu’on devrait plutôt aller au huitième étage directement.
- Au huitième ? S’étonna Fry. On va attendre trois plombes.
- Peut-être, mais si Jenny nous voit déjà installés en arrivant à l’avant dernier niveau, elle comprendra qu’on la prend au sérieux.
- Pas bête… Mais si elle perd ses matchs précédents on ne la verra pas combattre du tout et on aura perdu notre matinée. On devrait plutôt aller au septième histoire d’assurer le coup.
- Tu penses qu’elle va perdre ?
- Je ne pense rien, je suis juste prudent et lucide. »
Scott ne répondit rien, alors qu’ils entraient dans l’ascenseur Fry vit à son expression qu’il était contrarié. Alors qu’ils étaient plantés devant les boutons, d’autres personnes pénétrèrent dans l’ascenseur et appuyèrent sur les boutons, cinquième pour l’un, sixième pour l’autre. Fry fixait Scott mais le blondinet évitait soigneusement de regarder Fry dans les yeux, alors finalement le jeune champion poussa un profond soupir et relâcha ses épaules avant d’appuyer sur le bouton "8". Scott jeta un rapide coup d’œil au panneau de commande puis pinça les lèvres en regardant l’éclairage blafard au-dessus de sa tête. Fry trouvait qu’il avait désormais l’air bien moins contrarié. Au huitième étage, les gradins étaient encore vides, seuls deux types étaient installés sur la rangée du fond, adossés au mur et discutaient en se montrant mutuellement des photos sur leurs smartphones. Fry et Scott s’installèrent au premier rang et prirent leur mal en patience. Une quarantaine de minutes plus tard, alors que Fry dormait assis sur son banc affaissé sur le côté et uniquement retenu par l’épaule de Scott qui, bien que mal à l’aise, n’avait pas eu le cœur de le réveiller ou de le repousser, l’ascenseur par lequel étaient venus les deux garçons s’ouvrit et déversa une dizaine de spectateurs dans la grande salle. Une deuxième fournée arriva quelques minutes plus tard, puis une troisième, d’autres venaient par les escaliers. Le mouvement de foule réveilla Fry. Il ouvrit un œil sur les deux.
« Hum ? Ça, ça sent le challenger en approche… »
Le dresseur du huitième étage pensa comme Fry en voyant ses gradins soudain remplis à craquer, il commença à s’agiter tout seul, il s’étirait et sautillait sur place comme s’il s’échauffait pour une course à pieds. Scott referma son livre et attendit les yeux rivés vers l’escalator réservé aux combattants. Jenny finit par faire son entrée, en soignant son allure et son style comme d’habitude. Le pas léger et aguicheur, elle s’avança sur le terrain. Le public était majoritairement masculin, c’était un classique quand Jenny sortait combattre, mais toutes et tous regardaient la Top-Dresseuse avec excitation. Ils avaient vu ses précédents matchs ou avaient entendu les autres entraineurs en discuter dans le hall, ils savaient qu’ils auraient le droit à un bon spectacle. Le dresseur du huitième n’était pas au courant, lui. Il savait juste que seuls les excellents dresseurs arrivaient jusqu’à cet étage, il regarda débarquer Jenny, un peu déstabilisé par sa beauté et son sourire enjôleur. La jeune fille salua les spectateurs et croisa par hasard les regards de Fry et Scott assis au premier rang. Le coin de sa bouche tressaillit légèrement, c’était à peine visible mais elle semblait d’encore meilleure humeur lorsqu’elle détourna les yeux de ses amis pour se concentrer sur son nouvel adversaire.
« Bonjour, dit Jenny d’une voix charmante avec une petite révérence qui donna immédiatement le smile au dresseur du huitième.
- Salut… Dit lentement le jeune homme. Vu que tu es arrivée jusqu’ici, j’imagine que tu n’es pas n’importe qui.
- Peut-être, je te laisse vérifier. » Répondit Jenny avec un petit clin d’œil malicieux.
La règle du jour imposait des combats en duo et les participants devaient utiliser les mêmes pokémon à chaque étage. Le joueur du huitième avait sorti un mackogneur et un ectoplasma. Avec beaucoup de sensualité, Jenny se saisit de deux de ses pokéballs et les balança sur le terrain, libérant ainsi son braségali et son raichu. Elle avait choisi ses deux pokémon les plus puissants, c’était nécessaire pour arriver en haut de la Tour Dresseur. Elle se pavanait dans la tour avec l’allure d’une dresseuse en quête de reconnaissance, mais contrairement à sa sœur avide de combat et de gloire, tout ce que désirait Jenny c’était l’argent de la récompense. Elle soignait son style juste pour le show et un peu aussi pour séduire Fry et les quelques autres beaux gosses dans la salle.
« Gali, Chu, plus que deux niveaux et ensuite on pourra prendre un repos bien mérité !
- Je ne te laisserai pas arriver jusqu’au toit tu sais ?
- Et moi je forcerai le passage, répliqua Jenny avec filouterie. Honneur aux dames ?
- Si tu y tiens : Mania à toi l’honneur, double-baffe !
- Macko ! »
Chose rare, le dresseur avait une mackogneur femelle. Il profita de la réplique de Jenny pour lancer l’offensive sans qu’elle ne s’y attende. Il n’était pas au huitième étage pour rien : jolie fille ou pas, il se méfiait de tous ses adversaires. Le sourire de Jenny se tordit légèrement alors que ses deux pokémon se prenaient tour à tour une grosse gifle, elle se sentait un peu comme si elle venait de s’en prendre une aussi, mais grâce à ça elle cernait un peu mieux son adversaire.
« Chu : cage-éclair sur cette mackogneuse ! Gali danse-flammes, encercle-la !
- Rai rai ! »
Son raichu profita de sa proximité avec la mackogneur pour l’électrocuter avec sa cage éclair et l’immobiliser. Aussitôt son attaque terminée, il bondit loin de son adversaire et se positionna entre braségali qui crachait ses danse-flammes et l’ectoplasma qui préparait visiblement une attaque sans attendre l’ordre de son dresseur. La cage-éclair avait paralysé de nombreux muscles de son corps, alors la mackogneur, un genou à terre, ne pouvait presque plus bouger, elle n’arriverait pas à sortir du cercle de flammes avant un moment. Gali et Chu se retournèrent vers l’ectoplasma une lueur de défi dans le regard, Jenny avait la même.
« A nous… Murmura Jenny avec un sourire confiant.
- Ball’ombre !
- Ecto ! »
La ball’ombre était déjà prête dans sa patte depuis un moment, à peine avait-il entendu le "b…" que l’ectoplasma avait lancé sa boule d’énergie négative sur Chu. La ball’ombre heurta raichu de face, l’ectoplasma tenta aussitôt d’en envoyer une seconde sur le même adversaire, devinant les grandes capacités d’esquive du braségali, mais Chu, agacé, réagit cette fois en lançant une boule élek. Les deux sphères se heurtèrent et explosèrent dans un souffle qui se ressentit jusqu’aux gradins en faisant vibrer les panneaux de plexiglass.
« Oh là doucement oh ! Vous êtes en milieu clôt ! » Brailla l’arbitre.
Le souffle de l’explosion fit voler les cheveux et la robe de Jenny à la manière de Marylin Monroe et sans se soucier de l’arbitre, la sublime top-dresseuse lança ses prochains ordres.
« Lance-flamme ! Coup d’jus ! »
Les éclairs et les jets de flammes fusaient dans tous les sens. Derrière les panneaux de plexi, le spectacle était impressionnant, les spectateurs ayant assistés aux matchs précédents ne regrettaient pas d’avoir tenus jusqu’au huitième match. Le gros ectoplasma était plutôt agile et essayait d’éviter les attaques, mais face à deux adversaires en même temps, c’était une mission impossible. Tour à tour, le pokémon spectre fut brûlé et électrocuté. Comme son camarade il posa un genou à terre et grimaça, mais son dresseur gardait confiance malgré la situation défavorable.
« Ghost : gaz toxik !
- Ecto… Bwaah ! »
L’ectoplasma ouvrit la gueule pour libérer son gaz mortel comme une haleine nauséabonde. Des spectateurs inquiets cherchèrent un vêtement à se mettre sur la bouche mais l’attaque était parfaitement contrôlée et ne toucha que Gali et Chu. Jenny plissa légèrement les yeux sans perdre son sourire. Il fallait vite en finir.
« Chu, éclair fou ! Gali, déflagration ! »
Son braségali toussait, empoisonné par le gaz toxique, tandis que le raichu pugnace fonçait sur l’ectoplasma et lança son éclair fou. La puissance d’un fatal-foudre concentrée dans une attaque physique fit beaucoup de mal à l’ectoplasma. Raichu fila ensuite le plus vite possible à l’autre bout du terrain pour laisser le champ libre à son partenaire. Le dresseur de l’ectoplasma tenta de réagir avant qu’il ne soit trop tard.
« Vibrobscur !
- Ecto…
- Bras-raww ! »
Le jet de flammes surpuissant de braségali en forme de pentacle traversa le terrain pour aller carboniser l’ectoplasma. Sa vague ténébreuse de vibroscur fut sa dernière attaque contre Gali avant que Ghost tombe évanoui sur le sol. Son dresseur le renvoya dans sa pokéball. Empoisonnés mais encore en forme pour combattre, braségali et raichu prirent une pause bien méritée de quelques secondes avant de se tourner vers la mackogneur, toujours prisonnière des flammes.
« Elle est fantastique… » Souffla Scott, subjugué par Jenny en plein combat. Fry lui jeta un regard en biais, il ne fit aucun commentaire.
Dans un timing presque parfait qui fascina le public, les dernières danse-flammes disparurent et la mackogneur encore partiellement paralysée se retrouva de nouveau face à ses deux adversaires.
« Chu, utilise repos pour récupérer de l’énergie.
- Rai… Répondit le raichu avec reconnaissance pour sa dresseuse.
- Gali, à toi de jouer ! Stratopercut !
- Mania dynamopoing ! »
Braségali était affaibli par le poison, Mackogneur par la cage éclair, pourtant l’affrontement entre les deux pokémon de type combat restait impressionnant, à la fois violent et d’une technicité sidérante. Jenny et son rival étaient tous deux d’excellents dresseurs avec des pokémon au niveau exceptionnel.
« Double pied !
- Frappe atlas ! »
Braségali lança deux coups de pieds successifs dans la tête de mackogneur, elle fut déstabilisée mais, par chance pour elle, elle réussit à attraper son adversaire et à lui infliger la frappe atlas. Les deux pokémon sautèrent et se fracassèrent au sol. Le combat était digne d’un match de catch.
« Flammèches ! »
La petite attaque feu n’avait pour autre but que de brûler légèrement les mains de la mackogneur et l’obliger à lâcher prise. Libéré, braségali eut le loisir d’attaquer à nouveau. Il n’attendit pas l’ordre de sa dresseuse et cracha un lance-flamme sur la catcheuse pokémon. Mackogneur était trop affaiblie pour avoir la force d’esquiver le jet de flammes. Jenny sourit avec satisfaction, elle savait qu’elle avait gagné. Braségali recula un peu en respirant fort, il était fatigué. En entendant les pas de son partenaire à côté de lui, Chu ouvrit un œil. Son repos l’avait requinqué.
« Rai ?
- Chu, finit-la : attaque tonnerre. »
Chu se redressa pour le final, il serra ses petits poings avec fermeté, ses joues beiges grésillèrent bruyamment avant que le tonnerre jaillisse et s’abatte sur la pauvre mackogneur épuisée. Elle s’effondra évanouie sur le sol qui vibra sous son poids. L’arbitre leva son bras du côté de Jenny en signe de victoire et soupira de soulagement, il trouvait que les deux dresseurs prenaient un peu trop leurs aises. Il craignait pour la sécurité, heureusement qu’il n’y avait plus de spectateur sur le toit. Le public applaudit avec ferveur, certains spectateurs sifflaient même pour féliciter Jenny. La rouquine se rapprocha de ses deux pokémon pour les caresser tous les deux, puis elle retira un instant la main de la tête de son raichu pour saluer la foule avec un sourire séduisant et le V de la victoire entre ses doigts. Son adversaire renvoya mackogneur dans sa pokéball avant d’aller saluer Jenny à son tour.
« Bravo, tu étais impressionnante.
- Merci beaucoup ! Tu ne te débrouilles pas trop mal toi non plus, répondit Jenny avec politesse.
- Au fait, moi c’est Eden, c’est quoi ton nom ?
- Jenny, Jenny Ketchum.
- Ket… Ah ah, je comprends mieux ! » S’écria Eden avec un rire de surprise. Malgré sa défaite, il n’avait pas perdu son sourire fier, mais lorsqu’il reprit la parole, il avait la voix faussement assurée caractéristique des types galants et maladroits quand ils essayent d’inviter une fille à sortir.
« Je suis content de t’avoir rencontré et affronté Jenny. Je ne sais pas si t’es au courant mais il y a un festival de musique sur l’île la semaine prochaine, tu voudrais bien m’y accompagner ?
- Je suis au courant, ma sœur et moi on y joue.
- T’es sérieuse ? Pouffa Eden que la surprise rattrapait à nouveau.
- Très sérieuse, répondit Jenny avec son sourire avenant. Je ne suis malheureusement pas libre, une autre fois peut-être… Mais j’espère te voir dans le public. Et pas au bras d’une autre fille hum ? Sinon je serais vexée. »
Elle lui fit un clin d’œil et un petit signe de main avant de quitter le terrain pour accéder à l’escalier menant au toit. Près des cages d’escaliers étaient installées de petites infirmeries équipées de machines à soin similaires à celles des centres pokémon. Fry haussa un sourcil en voyant la mine un peu dépitée d’Eden qui s’était pris un râteau. Il se demandait dans quelle mesure elle aurait accepté son invitation s’il n’y avait pas eu leur propre concert. Scott et lui redescendirent au rez-de-chaussée pour assister au dernier match de Jenny sur leurs smartphones. Il était inutile de vouloir s’approcher des écrans du hall car une foule compacte était déjà amassée devant. Braségali et Raichu étaient en train de combattre un aligatueur et un imposant monaflémit quand le téléphone de Scott se mit à sonner, l’infirmière Joëlle de l’île l’appelait pour une urgence. Le blondinet abandonna Fry pour se précipiter au centre pokémon. Fry appréciait Scott mais il fut soulagé de le voir partir, il préférait être seul avec Jenny pour faire ce qu’il avait à faire… Le jeune champion attendit près de la grande porte de la Tour Dresseur jusqu’à ce que Jenny soit prête à sortir avec sa récompense. Il poireauta longtemps et la jeune fille finit par venir vers lui en l’apercevant adossé contre le mur, les bras croisés. Jenny, les mains attachées dans le dos et un sourire flegmatique sur le visage, tourna sur elle-même devant Fry.
« Alors ? Tu es venu me voir combattre et tu te dis que finalement je ne suis pas si nulle que ça ?
- J’ai jamais pensé que tu étais nulle, dit doucement Fry avec humilité. Ta sœur a raison : je suis sûr que dans un combat à la loyale tu me mets la misère.
Le sourire de Jenny se changea pour devenir plus mignon et plus sincère.
- Je vois que monsieur a pris des leçons de courtoisie…
- Désolé de t’avoir vexée. Je voulais juste dire que je trouvais Jessy égoïste et finalement c’est toi que j’ai insulté. C’était nul de ma part.
- Du coup maintenant tu insultes ma sœur à la place ?
- C’est… Un fait, elle est égoïste. Je l’aime bien, mais elle est égoïste.
- On est tous égoïstes Fry. Chacun à notre manière.
Il soupira.
- Tu dois avoir raison. Encore désolé.
- Tu es presque pardonné… Dit-elle avec un air malicieux en tapotant son index sur ses lèvres. Plus qu’un petit bisou et on tourne la page.
- Jenny… Reprit Fry avec une intonation de sermon.
- Tu me dois bien ça. »
Il soupira à nouveau, blasé et lui fit un smack rapide.
« C’était le dernier. » La prévint Fry en la pointant du doigt. Guillerette, Jenny s’éloigna en sautillant. Comme elle lui tournait le dos, il finit par sourire à son tour, soulagé, avant de lui emboiter le pas. Ils sortirent tous les deux de la Tour Dresseur en fin d’après-midi et rentrèrent au Centre Pokémon. Ils trouvèrent Jessy à fond dans sa musique sur la terrasse, sa guitare acoustique et son carnet de chansons entre les mains, quelques mélomanes la regardaient et l’écoutaient à distance. Fry partit à la recherche de Scott dans les couloirs du centre. Il interrogea l’infirmière Joëlle et la jolie soignante le laissa exceptionnellement passer la porte de la salle de soin principale. Fry y trouva le technicien, à genoux, la tête fourrée dans le coffrage d’une des machines de soin à moitié démontée, au milieu de ses outils.
« Eh ! »
Scott sortit son nez de l’appareil et faillit se cogner le front dans la canette de soda cool que lui tendait Fry. Il avait aussi un dorayaki dans la main.
« Cadeau. Tu devrais faire une pause.
- Ah, euh… Merci, fit Scott, pris au dépourvu même s’il appréciait l’intention de Fry.
- C’est pas grand-chose pardon, mais je tenais à te remercier pour tes conseils.
- Mes conseils ? Répéta Scott en s’asseyant par terre et en ouvrant la canette.
- Avec Jenny. T’avais raison, j’ai pu m’excuser, tout est rentré dans l’ordre.
- Ah. Tant mieux… » Répondit le jeune mécano avec une petite moue tristounette qui étonna Fry.
« J’aurais dû te demander ce que tu voulais avant de te ramener ça au hasard, t’aimes peut-être pas le soda cool ou les haricots rouges…
- Non-non, ça va ! Je t’assure c’est très bien, merci encore ! »
Un gloussement les fit se retourner, les jumelles étaient à l’autre bout de la salle. Jenny leur fit de grands signes et cria d’une voix joyeuse :
« Coucou Scott ! Fry, tu viens répéter dehors ? Tu sais bien qu’on ne peut rien faire sans toi ! »
De loin, les garçons virent Jessy ajouter quelque chose mais n’entendirent rien. Fry était prêt à parier son plus beau t-shirt qu’elle avait dû dire un truc du genre "il ne faut pas exagérer", sans doute en plus vulgaire et désagréable. Fry leva la main pour leur indiquer qu’il les avait entendues.
« Je crois que Jenny en pince pour toi… »
Le visage écarlate et les yeux fuyants de Scott en disaient long sur le fond de sa pensée. Fry sourit du coin de la bouche.
« Jenny en pince pour tous les beaux garçons qui passent à sa portée. Je ne suis pas sûr qu’elle sache vraiment ce que c’est que d’être amoureuse de quelqu’un. »
Scott médita ces paroles avant de répondre dans un petit soupir.
« Mouais… En tout cas, elle n’en pince pas pour moi.
- J’en serais pas si sûr que toi… »
Scott écarquilla les yeux, il aurait pris une attaque cascade sur la tête que ça lui aurait fait le même effet. Fry, plongé dans ses pensées, ne fit plus attention à l’émoi de son nouveau camarade.
« Bah, te prends pas la tête avec les filles Scott, ça n’apporte que des embrouilles crois-moi. »
Et sur ces mots, Fry planta Scott avec son cerveau en ébullition.
A suivre…