Les Train Twins

Chapitre 9 : Sex ball

10367 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/10/2021 23:14

Chapitre 9

 

Sex ball

 

« Aller ! Ça veut dire quoi deux trains d’avance ? » Insistait Jenny. Cela faisait plus d’une demi-heure qu’ils avaient quitté l’île Shamouti et elle ne lâchait pas l’affaire. Les trois adolescents naviguaient sur Wailord avec tout leur matériel en direction de l’île Citrus, leur nouveau pied à terre. Jenny, à genoux devant Fry le tannait pour avoir des détails sur sa relation avec Azura, le garçon s’efforçait de l’ignorer. Dans le fond, il était agacé, mais l’attitude de Jenny avait aussi quelque chose de très amusant.

« Mais dis-moi !

- Fiche lui la paix Jane, râla Jessy.

- Ne me dis pas que tu as eu des relations sexuelles avec elle ?

- Je ne répondrai pas à cette question ! S’écria Fry avec un rire nerveux.

- Ce n’est vraiment pas juste ! Tu as dit que j’étais plus sexy qu’elle !

- Jenny ça suffit ! Gronda Jessy avec autorité. Laisse le tranquille, ça n’te regarde pas et j’ai vraiment pas envie d’entendre ce genre de truc ! »

Jenny soupira avec mauvaise humeur et se résigna. Elle se leva et s’éloigna le plus possible des deux autres vers la queue de son Wailord. Elle sortit de sa sacoche un livre sur la technologie Gigamax. Elle s’adossa à la grosse malle qui contenait la batterie de Fry et s’installa pour lire à l’abri des regards de ses compagnons. Fry cligna des yeux, perplexe.

« Je rêve où elle boude là ?

- T’inquiète, ça ne dure jamais longtemps avec Jane. »

En l’absence de Jenny, pour tuer le temps sur le dos de Wailord, Jessy et Fry étaient obligés de se faire la conversation. Jessy n’était pas bavarde par nature et Fry, même s’il commençait à l’apprécier, ne savait toujours pas trop par où commencer avec Jessy.

« Au fait, je sais ce que fait ta mère, je sais ce que font tes grands-parents, mais ton père il fait quoi dans la vie ? J’ai cru comprendre qu’il était maître Pokémon lui aussi.

- Il est explorateur, dit Jessy avec une pointe de fierté dans la voix.

- Ca consiste en quoi ?

- Il part dans des zones inconnues ou pas habitées et il les cartographie. Après il envoie à notre mère et à d’autres chercheurs comme elle des infos sur l’environnement, le climat et les nouvelles espèces pokémon, des trucs comme ça.

- C’est passionnant ! » S’écria Fry avec des étoiles dans les yeux. Lui qui n’avait jamais quitté l’Archipel Orange, en entendant la description de Jessy, il voyait déjà Sylvain Ketchum comme un héros.

« Et c’est pas dangereux comme travail ?

- Si, c’est pour ça que c’est impératif d’envoyer des maîtres pokémon pour ces missions de reconnaissance, confirma Jessy.

- Je suppose qu’il ne doit pas souvent rentrer au Bourg Palette lui non plus. »

La mine sinistre de Jessy parlait d’elle-même. Il commençait à deviner pourquoi les jumelles ne rentraient pas souvent au Bourg Palette, non seulement Jessy ne s’entendait pas avec sa mère mais les filles devaient être déçues lorsqu’elles rentraient et que leur père était absent. La rouquine s’était brusquement fermée comme un crustabri. Fry s’en voulait un peu, elle avait l’air contente de parler de son père jusqu’à ce qu’il évoque le Bourg Palette. Il eut une idée. Il se leva pour aller chercher sa guitare acoustique, il se permit de prendre aussi celle de Jessy et de la lui donner. La jeune fille sortit de ses sombres pensées et regarda l’instrument à corde qu’il lui mettait sous le nez, elle semblait surprise. Fry lui offrit un de ses sourires charmants dont il avait le secret, ce qu’intérieurement Jessy classait comme un sourire à la Reese Morgan, et il s’assit en face de Jessy. Il commença à jouer un des premiers morceaux pop-rock de Peterson, avant qu’il ne se lance corps et âme dans le Métal.

« Parfois, j’ai peur de demander,

Où ce chemin va m’emmener.

Mais ce n’est pas ça qui va m’arrêter.

Les gens disaient que j’étais bon à rien,

Turbulent, plus vif qu’un capumain,

Ils se trompaient !

C’est ce jour parfait

Où j’ai prouvé qui j’étais.

C’est un jour parfait,

Je peux tout recommencer.

C’est mon jour parfait

Hier ou demain peu m’importe,

Une deuxième vie, une autre chance

J’attrape les dés et je relance !

Pour ça, c’est un jour parfait… »

Fry jeta un rapide coup d’œil à Jessy, il attendait de voir si elle allait le suivre. Avec un léger sourire en coin, Jessy commença à l’accompagner à la guitare. Comme il ne reprenait pas le chant, elle finit par se décider à chanter à sa place.

« Un jour, tout le monde m’a applaudi,

Mes pokémon avaient grandi,

Je crois que moi un peu aussi…

Debout ! Ce n’était encore qu’un rêve,

Laisse tomber ce passé qui s’achève,

Pense au présent, je vais de l’avant ! »

Fry se remit à chanter avec elle sur le refrain :

« C’est ce jour parfait,

Où j’ai prouvé qui j’étais.

C’est un jour parfait,

Je peux tout recommencer.

C’est mon jour parfait,

Hier ou demain peu m’importe,

Une deuxième vie, une autre chance

J’attrape les dés et je relance ! »

A l’autre bout du dos de wailord, Jenny jeta un coup d’œil par-dessus son épaule en direction du duo, elle boudait toujours mais cette chanson en binôme l’étonnait un peu. Décidément, Fry savait y faire avec Jessy. A cette pensée, Jenny le trouvait encore plus séduisant, ce qui l’agaçait encore plus. « Deux trains d’avance… » Bougonna la rouquine dans son coin. Elle se renfrogna de nouveau dans son livre de science, tandis que Fry et Jessy chantaient toujours ensemble.

« Pour ça c’est un jour parfait.

Maman était si fière de moi,

Comme papa, ma sœur et toi.

Je peux vous prouver que je suis encore,

Bien à la hauteur de vos efforts !

- Ce jour parfait…

- Ce jour parfait…

- C’est un jour parfait…

- C’est un jour parfait…

- Ce jour parfait !

Après un bref échange de sourires, les deux ados reprirent en duo spontanément :

« Ecoutez bien tous ceci :

C’est un jour parfait…

Je serai maître pokémon !

Ce jour parfait,

Rien n’est stoïque dans ma vie !

C’est un jour parfait…

Rien ne m’arrêtera jamais.

Je crois maintenant que je comprends,

Ce qu’est un jour parfait, vraiment.

Salarsen, Moufflair, Ixon, tous avec moi !

La victoire est à portée de nos doigts !

Un jour parfait,

C’est un jour parfait,

Aujourd’hui est un jour parfait… »

Les deux adolescents reposèrent leurs guitares en silence. Fry était satisfait de voir Jessy de nouveau de bonne humeur.

« Tu sais que tu chantes mal ? » Finit par dire Jessy avec un air moqueur. Fry grimaça, oui il le savait, même si peu de gens avait eu le courage de lui dire en face, et il était sidéré que la rouquine lui balance la réflexion comme ça alors qu’il s’efforçait de lui remonter le moral. Comme si elle devinait sa pensée, elle lui fit un petit check dans le haut du bras. Fry n’avait pas mal mais il se frotta machinalement le bras, peut-être était-ce un moyen de soigner son égo plutôt que son bras. Alors Jessy reprit sa guitare et tout en sifflant elle se mit à jouer "Wind of change" de Scorpions. Du regard, elle encouragea Fry à la suivre. Avec un petit soupir résigné, le jeune homme peu rancunier reprit sa guitare pour accompagner Jessy.

C’est ainsi que se poursuivit la traversée jusqu’à l’île Citrus. Jessy et Fry jouèrent de la musique en tête à tête et Jenny resta dans son coin jusqu’à ce qu’ils accostent. Le grand déménagement reprit avec les bras musclés de braségali, lockpin et tengalice pour porter les malles les plus lourdes et le dos chargé de galopa. Alexandra les accueillit à leur retour à l’étoile de Jade.

« Enfin de retour ! Alors, c’était comment l’île Shamouti ?

- C’était super, pas vrai Jessy ? Lança Fry.

- Yep, on s’est bien éclaté !

- Aah ! Je suis contente que vous ayez apprécié votre séjour. »

Jenny ne fit aucun commentaire et arbora un sourire de façade.

« J’ai négocié avec la mairie, à partir de mercredi vous avez le droit de jouer sur la scène publique en face de la plage coquiperl. Je vous donnerai quelques banderoles pour faire la promotion de l’hôtel. Considérez-moi comme votre nouveau sponsor.

- C’est génial ! Merci beaucoup Alexandra ! » S’exclama Jessy.

Mercredi, les Train Twins s’installèrent sur la petite scène aménagée sur la longue esplanade qui séparait les hôtels de la côte sud de la plage. Comme ils n’avaient que peu répété depuis leur retour de l’île Shamouti, ils décidèrent de rejouer les mêmes morceaux que lors de la fête de la Légende plus quelques classiques de rock et folk-rock qu’ils connaissaient. Les passants s’arrêtaient rarement pour les écouter jouer. Celles et ceux qui s’attardaient le faisaient avec une lueur coquine dans le regard. Selon leur inclination, les spectateurs dévoraient des yeux Fry ou les jumelles, au choix. Conscients de leurs charmes, Fry et Jenny y étaient habitués depuis longtemps, mais Jessy s’en agaçait, elle captait bien le désintérêt général des promeneurs pour leur musique. Le lendemain ne fut guère mieux.

« Les gens ne s’arrêtent pas, c’est pénible ! J’comprends pas ! Après notre succès à Shamouti… C’est quand même pas l’ocarina d’Azura qui faisait la différence nan ?

- On joue de la musique d’ambiance dans la rue, commenta Fry, ce n’est pas un vrai concert, les gens ne sont pas là pour nous écouter.

- Mais Alexandra veut qu’on fasse de la pub pour son hôtel, si les gens ne s’arrêtent pas ils ne risquent pas de deviner qu’on est sponsorisé par l’Etoile de Jade.

- Et tu proposes quoi alors ? Demanda Fry.

- Si on faisait monter ton ramboum sur scène avec nous, ça ça attirerait l’œil ! Lança Jessy.

- Désolé mais John n’est pas encore prêt. Il ne maitrise vraiment qu’un seul morceau.

- Eh bien il faut le jouer ! Mais j’admets que ce n’sera pas suffisant… Il faut qu’on change notre playlist. Faut que ça bouge !

- Si tu veux mon avis, dit doucement Jenny, il faut revoir notre mise en scène.

- Hors de question qu’on mette des tenues de soubrettes comme au Oh que si ! La prévint Jessy.

- Des tenues de soubrettes ? Releva Fry avec amusement mais aussi un certain intérêt à peine dissimulé.

- Et je suis d’accord avec toi : il faut revoir notre répertoire, mais je te rappelle qu’on a déjà fait le tour des musiques qu’on savait jouer tous les trois et on y retourne dans deux jours.

- On peut piocher dans celles qu’on répète actuellement, proposa Fry.

- Il faut surtout des trucs qui bougent ! Des trucs qui les forcent à s’arrêter ! Radota Jessy, agacée par le problème.

- Je sais, déclara Jenny : on va chanter "la Sexball" de Gorythmixte.

- Il est hors de question que je chante cette horreur ! Protesta Jessy. Fry se frotta l’arrière du crâne.

- Moi je l’aime bien cette chanson, mais c’est un peu risqué quand même… Des gens vont être choqués.

- Vous rigolez ? C’est précisément l’effet escompté ! Il faut qu’on marque les esprits ! S’écria Jenny en frappant dans la paume de sa main. Vous jouez les nunuches là tous les deux !

- T’es sûre qu’Alexandra sera ok ? Insista Fry.

- Je ne vais pas chanter "touche mes pokéballs" Jane ! Gronda Jessy. Ce sera sans moi !

- Je m’en doutais un peu, ne t’inquiète pas je serai seule au chant pour celle-là, sauf si Fry veut s’y coller.

- Si je chante ça, je vais passer pour le pire détraqué sexuel de l’archipel donc non merci, si c’est toi ça passera mieux.

- Même ! Je refuse de t’accompagner là-dessus Jane ! Cria Jessy

Jenny fronça les sourcils.

- Jessy, tu veux vraiment gagner un concours de musique ? »

Elle attendit la réponse de sa sœur qui ne vint pas.

« Il ne s’agit pas d’un match pokémon ou d’un simple concours de talent, c’est un numéro de charme ! Plus tu auras de fans, plus il y aura de gens qui parleront de nous, dans les rues et sur les réseaux sociaux, plus on se rapprochera de la victoire. Alors puisqu’il s’agit de séduction, laisse-moi faire. »

Jessy ne trouva aucun argument à opposer à sa sœur. Jenny sourit avec satisfaction en voyant sa jumelle muette.

« On jouera donc la Sexball. »

Ils répétèrent cette nouvelle chanson pendant deux jours, sous l’œil attentif du ramboum de Fry qui devait apprendre les percussions sur ce morceau. Le pokémon aimait vraiment beaucoup jouer avec les trois humains et il prenait un réel plaisir à s’abreuver des musiques. Jessy était horrifiée de voir que John s’enthousiasmait sur la Sexball alors que le pokémon ne comprenait bien évidemment pas le sens des métaphores salaces.

La veille de retourner jouer sur l’esplanade, Jessy était partie se coucher de bonne heure. Elle était tenace mais les contrariétés avaient tendance à vite la fatiguer moralement. Elle avait besoin d’être un peu seule. Jenny trainait dans le salon, à nouveau plongée dans un de ses livres, elle semblait plus songeuse que réellement concentrée sur sa lecture. Elle jetait par intermittence des regards en direction des deux portes des chambres. Celle de Fry était entrouverte. Jenny finit par fermer son livre et se lever en direction de sa propre chambre. Fry était en train d’enlever son t-shirt dans l’intention de se rendre dans la salle de bain et de prendre une douche avant de dormir. Jenny était adossée à la porte de la chambre des jumelles et l’observait avec un regard intense et charmant de l’autre côté du corridor.

« Tu ne vas pas te coucher ? » Demanda Fry à Jenny lorsqu’il croisa par hasard son regard en sortant de sa chambre. La rouquine s’approcha de lui à pas de chaglam.

« Je te plais, n'est-ce pas Fry ?

- Bah euh... Oui. » Répondit le jeune homme après un moment d'hésitation, il sentait venir le piège. Il ne pouvait pas décemment dire que non, elle ne l'aurait pas cru. Aucun homme hétérosexuel quel que soit son âge ne pouvait rester indifférent au charme de Jenny Ketchum.

« Mais malgré tout, tu ne veux pas sortir avec moi ? Susurra-t-elle d’une voix suave.

- Non Jenny et je t’ai déjà dit pourquoi.

- Et ce malgré mes atouts incontestables ? »

Elle suivait amusée le regard de Fry sans arrêt en train de se poser sur son décolleté. Fry essayait de regarder Jenny dans les yeux mais c'était presque pire que de regarder sa poitrine. Ses yeux d’un bleu profond étaient comme deux lovdisc en pleine attraction.

« Qu'est-ce... Qu'est-ce que t'essayes de m'faire là ? Demanda Fry, troublé.

- Je veux m'assurer... »

La jeune fille fit glisser un doigt sur le torse nu de Fry qui avait de plus en plus de mal à contenir ses pulsions.

« Que tu sauras te concentrer sur les choses importantes, quand le moment sera venu... Je peux te faire confiance, Fry ? »

La sensualité de sa voix lorsqu'elle avait dit "Fry" était à la limite du supportable pour le jeune musicien et les doigts délicats de Jenny descendaient toujours plus bas sur son ventre…

« Euh, oui... Oui bien sûr... » Balbutia Fry.

"Résiste Fry, bordel résiste ! Oh merde, mais qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je suis collé à la fille la plus sexy de tout l'archipel, elle me drague et moi je reste planté là sans rien faire ! Sérieux c'est quoi mon problème ? J'suis gay ou quoi ?!?"

Cette fois, Fry décida de prendre le tauros par les cornes. Du vent les grands principes de "je ne sortirai pas avec la nana avec laquelle je bosse", Jenny était trop craquante et sa petite escapade avec Azura n’était pas suffisante pour rassasier l’appétit d’un jeune homme de dix-sept ans. Au moment où il voulut se saisir des bras de la rouquine pour la rapprocher de lui et l'embrasser fougueusement, la dresseuse recula brusquement, sans se rendre compte de ce que Fry avait l'intention de faire. Elle lui sourit avec bonne humeur mais toute sa sensualité avait disparue, pour une fois elle ressemblait presque à sa sœur dans ses bons jours.

« Ah je suis rassurée ! Je compte sur toi alors Fry ! Bonne nuit, à demain ! »

La jeune fille tourna les talons, guillerette, et s’enferma dans sa chambre avec sa sœur. Elle laissa Fry planté dans le salon près de la porte de la salle de bain comme un simularbre paralysé, sa branche principale aussi dure que celle du pokémon roche.

« J'y crois pas ! Elle me fait quoi encore celle là ?!? » S’écria-t-il à voix haute.

Fry prit une bonne douche froide puis imita les jumelles en allant se coucher, lessivé.

Le lendemain, ils prirent leur petit déjeuner en plein air sur la plage coquiperl avant d’installer leurs instruments. Du réveil jusqu’à la fin de leur installation, Fry eut du mal à penser à autre chose qu’à son étrange discussion avec Jenny la veille. A l’heure de commencer à jouer sérieusement sur l’esplanade, le trio fit un rapide briefing sur leur programmation du jour. Fry libéra son ramboum et s’installa à la batterie. Jessy s’enquit auprès de sa sœur et lorsque la basse et la guitare furent parées, la rouquine fit un signe de main à Fry.

« Espérons que ça marche, soupira Fry en regardant John.

- Ram-ram ! » S’enthousiasma Ramboum, il était vraiment heureux de pouvoir jouer en public avec ses amis humains, il se sentait fier et c’était plus agréable que de combattre au stade Pomelo. Le pokémon avait aussi compris que Fry et les jumelles attendaient beaucoup de sa prestation et loin de le stresser, cela le motivait encore plus, il voulait montrer à tous ce qu’il avait appris de mieux avec son dresseur. Rassuré par la confiance de John, Fry se tourna vers sa batterie et commença à marquer le rythme de "Should I stay or should I go". Normalement la musique de The Clash commençait par un solo de guitare électrique, mais ils étaient tous tombés d’accord que Ramboum imitant la batterie était le meilleur moyen d’attirer du public, alors pour l’instant seul Fry tapait sur sa batterie. Ramboum capta le rythme qu’il connaissait par cœur désormais et, avec sa grande gueule ouverte et ses oreilles vibrantes, il commença à pulser un son proche de celui de la batterie. Quelques curieux leur jetaient des regards interrogateurs, Fry cessa de frapper ses caisses pour se contenter de la cymbale et laissa John gérer. De rares passants s’arrêtaient, mais ceux qui le faisaient souriaient, agréablement surpris. Jessy contemplait Ramboum avec un certain émerveillement dissimulé derrière son regard fier et foudroyant. Au fond d’elle, elle songeait "Il est quand même foutrement doué." Elle se tourna vers ses quelques spectateurs et commença son solo de guitare. Cette fois, la plupart des gens qui passaient dans la rue et qui avaient un minimum de culture musicale reconnurent ce classique vieux de soixante-dix ans. Quand le morceau commença vraiment, Ramboum s’avança devant la scène, il se tenait aux côtés de Jessy. Elle se mit à chanter avec toute la fougue qui la caractérisait. Le duo Jessy-John avait quelque chose d’hypnotique. Pour le refrain, Jenny vint accompagner sa sœur, et là, la magie opéra vraiment. Les jolies jumelles, rockeuses du jour en compagnie d’un ramboum mélomane était un tableau unique en son genre. Fry finit par reprendre toute la batterie en même temps que ramboum ce qui doublait les percussions de manière très entrainante.

Cette première chanson fut un succès, la présence de John sur scène avait attiré du monde, enfin un petit public s’était rassemblé devant le groupe. Les applaudissements étaient enthousiastes après la prestation du ramboum. Fry félicita son pokémon et les filles lui firent des petits signes de mains positifs pour l’encourager, le ramboum débordait d’assurance et d’enthousiasme. "Tant mieux", songeait Fry, car le morceau suivant serait plus compliqué pour John. Comme il fallait deux guitares, Fry avait confié les percussions à son Ramboum et jouait de la guitare électrique en binôme avec Jessy. C’était l’occasion de montrer à tous le talent de son pokémon sans subterfuge, mais il n’y aurait plus personne pour aider Ramboum à trouver le rythme. Jenny se concentrait sur le chant et n’avait pas d’instrument. Jessy fit la moue tout en préparant sa gratte, elle regarda sa sœur, à qui elle confia le micro avec un air mécontent. La Sexball était un morceau dynamique, facile à jouer et entrainant, mais les paroles étaient très explicites et, bien que soulagée de ne pas avoir à la chanter elle-même, Jessy n’approuvait toujours pas cet ajout à leur répertoire. Jenny au contraire était radieuse, elle savait que sur cette chanson-là, elle pouvait utiliser ses propres points forts. Dans le groupe Gorythmixte, c’était un homme avec une voix plutôt aigue qui chantait la Sexball et les paroles étaient prévues pour un homme, c’était précisément pour ça que Jenny savait qu’elle allait faire un carton avec ce morceau. Après une nouvelle synchronisation, Jessy et Fry commencèrent à jouer ensemble et John marqua le rythme. Jenny, dans son attitude voluptueuse, put commencer à chanter de sa voix un peu plus grave que celle de sa sœur.

« Belle enfant par ici, entre je t’en prie,

A ta place je ne prendrais pas de gants,

Dans mon arène tout est permis !

Les saintes nitouches, les filles sexy,

De mimi dresseuses j’en ai vu tant et tant,

Mais attraction les a toutes mises dans mon lit !

Un doux baiser et les voilà à mes pieds,

Tu seras bientôt toi aussi prise dans mes filets…

Ma poissirène, ma rosabyss,

Baby, Kalos t’attends pour un french kiss ! »

Jenny fit glisser la fermeture de sa robe d'un coup sec, laissant découvrir au public sa vraie tenue de scène. Les sifflements épatés puis les cris de joies et de folie commencèrent à fuser dans l'assemblée. Fry leva les yeux de sa gratte, il voyait la jeune fille de dos, il ne comprenait pas. Jessy aussi tourna le regard vers sa sœur, intriguée. Elle la vit retirer sa robe dézippée d'un grand geste théâtral et la jeter sur la scène, aux pieds de Fry. Jessy faillit tomber à la renverse et Fry s'arrêta de jouer quelques secondes mais personne ne s'en aperçut. Il regardait, la bouche béante, le corps presque nu de Jenny qui ne portait qu'un petit bikini triangle à ficelle rouge pourpre. La belle rousse gardait le bras avec lequel elle tenait son micro brandit en l'air. Jessy devint rouge de colère envers sa soeur. "La garce ! Nous faire un coup comme ça sans prévenir !" fustigeait Jessy dans sa tête, malgré tout la dresseuse-musicienne continuait de jouer, en apparence imperturbable, contrairement à Fry. Le jeune mâle ne pouvait détacher ses yeux de cette silhouette tout simplement divine. Jessy vociféra après lui, comme un séviper furieux.

« Fry ! Remets-toi à jouer ! »

Sa soeur jumelle, toujours dévorée des yeux et applaudie par son public rapprocha son micro de sa bouche pour chanter à nouveau mais avant, elle jeta un regard en arrière et murmura à l'intention de Fry.

« Les choses importantes Fry... »

Fry, rouge comme son colhomard, baissa brusquement les yeux sur sa guitare et se remit à jouer du mieux qu'il pût, son esprit fulminait.

"Se concentrer sur les choses importantes, se concentrer sur les choses importantes… Merde, mais elle est complètement folle ! Se concentrer sur les choses importantes, se concentrer sur les choses importantes, se concentrer sur les choses importantes..." Et tandis qu’il répétait ces mots comme une incantation contre une malédiction, Jenny reprit son chant avec le refrain :

« Simularbre est dressé,

Drattak prêt à s’envoler !

Je t’attendais ma belle,

Ton tylton me donne des ailes,

Je crois que je vole,

Touche mes pokéballs,

Ca y’est je viens,

D’atteindre mon larcin !

J’ai une surprise pour toi :

Un capumain et ses cinq doigts.

Aller super nana,

Enfourche ponyta,

Pars à la conquête des Gaules.

Et touche mes pokéballs !

Imagine-toi une danse-draco sur ta peau,

Tu connaîtras les délices de Kanto,

Et mes petits plaisirs de fripouilles. »

Après le refrain, la chanson se déclinait ainsi, couplet après couplet, avec des métaphores parfois très explicites… A la fin, Jenny triomphante salua la foule en délire. Elle fit un clin d’œil à plusieurs anonymes. Fry avait arrêté de jouer à la fin du morceau, il était encore sous le choc. Il entendait les cris et les sifflets totalement hystériques de leur public amassé en masse autour de la scène ce qui ne l’aidait pas à émerger. Non seulement Jenny n’avait pas prévenu Jessy et Fry de ce qu’elle allait faire, mais en conséquence aucun des deux ne s’attendait à attirer autant de monde d’un coup et encore moins des gens dans cet état d’exaltation. Jenny fit de grands signes à sa sœur pour l’inciter à venir chanter avec elle la troisième et dernière chanson prévue. Jessy s’approcha de mauvaise grâce, il fallait d’abord changer les instruments. Jenny souriait comme une reine de beauté, elle espérait bien attirer autant de monde. La dernière chanson était la plus difficile, elle leur avait demandé beaucoup de travail en peu de temps… Cette chanson punk-rock était normalement chantée par un homme, en l’occurrence l’ex-champion de Galar, Peterson. Il l’avait écrit en collaboration avec le groupe de Strykna : Smogo et les toxiques. Le rythme de la musique était très rapide et assez destroy, or maintenant que Jenny avait chauffé l’assistance il fallait assumer. Jenny récupéra sa basse, Fry reprit sa batterie et laissa son Ramboum se reposer sur le côté. Jessy se concentra, c’était à elle de chanter en première.

« A dix ans t’es parti, en bon crétin fini !

Tu te casses les dents sur tous les racailloux…

T’as perdu embrylex, explosé ton pokédex !

Tu passes tes nerfs sur rondoudou…

T’es la terreur des bacabouh !

T’as jamais été foutu de t’faire une topteam…

Alors j’crois que tu repasseras pour la dream-team… »

L’enchainement avec le refrain fut très rapide, Jenny et Fry l’accompagnaient pour cette partie :

« Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

Y a pas que les pokémon dans la vie !

Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

La tête dans les étoiles, les pieds dans le puits !

Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

T’es nul, tu te plantes à chaque fois !

Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

Laisse tomber, rentre chez toi !

- Aller ramboum on est repartis pour de nouvelles aventures ! » Lança Fry avec une voix forcée un peu bébête pour marquer la transition. Jenny s’occupa de chanter le couplet suivant :

« Tu rêves de capturer Xernéas,

Mais t’as même pas pécho kokiyas !

Tu fais pitié, juste une fois regarde toi dans la glace !

Tu rêves de vaincre Nabil,

Mais tu charges comme un débile.

Prends un prozac mec, j’te sens fébrile !

Parfois faut savoir arrêter l’ohmassacre…

C’est pas toi qui va casser l’crabaraque ! »

Et tous ensembles, les membres des Train Twins chantèrent le refrain :

« Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

Y a pas que les pokémon dans la vie !

Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

Y a l’alcool et les potes aussi !

Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

La tête dans les étoiles, les pieds dans le puits !

Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

La tête dans le cul, les pieds aussi ! »

La chanson devait se poursuivre avec un solo de batterie, mais Fry avait beaucoup travaillé avec John pour que le ramboum et lui fassent un duo. Le public semblait subjugué par le jeune batteur et son partenaire.

« Je sais que je peux le faire ! » Brailla Fry avec sa voix faussement stupide.

Jessy enchaina avec un riff de guitare électrique, il était dur, elle faisait encore quelques fausses notes et elle avait mal aux doigts à force de l’avoir répété.

« J’y arriverai ! J’y arriverai ! J’y-a-rri-ve-rai ! Chantonna Fry.

- Non jamais ! » Beugla Jessy en sueur sur sa guitare et Jenny enchaina au chant en solo :

« Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

Y a pas que les pokémon dans la vie ! »

Jessy se chargea de la phrase suivante :

« Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

La tête dans les étoiles, les pieds dans le puits… Ramoloss ! »

Et le trio termina avec le dernier refrain devant une foule déchainée qui ne pouvait s’empêcher de danser :

« Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

Y a pas que les pokémon dans la vie !

Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

Y a le sexe et les meufs aussi !

Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

Y a pas que les stades et tes balls dans la vie !

Eh mec ! Relax relax relax reviens sur terre !

Y a la drogue et Y**P*** aussi ! »

Les spectateurs qui s’étaient amassés autour de la scène étaient conquis, Jenny toujours en bikini leur faisait de grands signes de mains pour les saluer. Jessy était essoufflée par le morceau et bluffée par leur succès. La réaction de la foule était radicalement différente que les jours précédents.

Fry était en nage, John aussi, la batterie était l’instrument central du morceau de Peterson et le rythme effréné les avait épuisés. Alors que Jenny parlait au public dans le micro pour faire la publicité de l’étoile de Jade, Fry libéra son colhomard et retira son t-shirt sous les yeux pétillants des demoiselles de l’assistance. Il fit signe à Momo de les arroser John et lui avec son pistolet à ô pour se rafraichir.

« Kyaaaaahhh ! »

Les cris féminins hystériques d’hormones chauffés à blanc intriguèrent Jessy qui regarda derrière elle pour voir Fry torse-nu en train de prendre sa douche froide devant la foule. L’eau ruisselait sur ses pectoraux bronzés et luisants, il passait les mains dans sa chevelure soyeuse pour dégager son visage, il souriait et soupirait de plaisir au contact frais de l’eau glacée. Jessy pesta comme un arbok en colère.

« Mais c’est pas vrai ! Y en a pas un pour rattraper l’autre ! Vous avez fini de vous exhiber comme ça ?!?

- Tu permets que je me rafraichisse ? » Protesta Fry, contrairement à Jenny, il se fichait bien de l’effet qu’il produisait sur les spectateurs et les spectatrices.

« Encore merci à tous ! Rendez-vous demain même heure même endroit ! » Clama Jenny, radieuse en faisant le signe des cornes avec les doigts. Elle commença par remettre sa robe et débrancher son micro. Jessy attendit que la foule se disperse un peu pour foncer vers sa sœur tel un rhinocorne en train de charger, elle affichait un visage furieux.

« Y’a des fois je me demande ce qui te passes par la tête ! » Hurla-t-elle à peine arrivée devant sa sœur qu’elle pointa du doigt. « T’es vraiment cinglée Jenny ! Et faire ça sans prévenir ! Tu voulais que je fasse une crise cardiaque c’est ça ? Un AVC ?!?

- Le public était conquis ! Jubila Jenny.

- Et tu t'es exhibée devant Fry ! Cria Jessy. Jenny était sceptique.

- C'est quoi le rapport avec Fry ? Il fait partie du groupe, c'est notre rôle à tous les trois de plaire au public... Attends un peu, t'es jalouse là ?

- Non j'suis pas jalouse, je suis outrée ! Choquée ! Ma petite soeur joue les stripteaseuses ! C'est quoi la prochaine étape : le tapin ?

- Eh oh ça va Jess, du calme, dit Jenny sur un ton moins enjoué cette fois. Il faut que tu comprennes un truc : si tu veux que notre groupe marche, il va falloir soigner la mise en scène. Les filles nues, ça a toujours plu et quelle chance incroyable : nous sommes des filles ! Et de jolies filles en plus !

- Alors là… Grogna Jessy en grinçant des dents. Si tu crois que je vais prendre modèle sur toi et m’abaisser à ça, tu rêves. J’ai ma fierté, j’ai ma dignité et tu sais quoi ? J’suis une dresseuse, une championne même, un guerrier ! Pas un mannequin pour sous-vêtements ! »

Sur ces mots, Jessy, qui avait de plus en plus de mal à contrôler ses nerfs, préféra faire volte-face et s’éloigner avant d’avoir des pulsions meurtrières envers sa sœur. Elle descendit de l’estrade dans un bond en laissant en plan ses deux partenaires avec le matériel à ranger.

« N'empêche je n'comprends toujours pas pourquoi t'es plus choquée que Fry m'ait vu en bikini plutôt que la foule ! » Cria avec une malice à peine dissimulée Jenny après sa soeur qui s'en allait d'un pas lourd. En colère, Jessy répliqua en se retournant à peine :

« Si on a embauché un batteur c’est pour qu’il joue ! Pas pour qu’il te mâte ! Arrête de le déconcentrer sinon je vous abandonne tous les deux sur une île déserte ! »

L’idée paraissait en réalité assez séduisante à l’esprit de Jenny mais sa sœur lui manquerait trop au bout de quelques jours. Elle rit toute seule en s’imaginant la scène. Fry, assis devant sa batterie entre colhomard et ramboum, une serviette sur les épaules, avait écouté la dispute sans intervenir. Lorsque Jessy fut hors de vue, Jenny vint le voir avec son sourire d’ange et sa démarche de démone.

« On remballe le matos et on reprend là où on s’est arrêté hier soir ? Lança Jenny avec un clin d’œil.

- Sans façon, je suis hors service pour la soirée. » Répondit Fry avec un sourire affligé. Jenny étouffa un petit rire et elle aida son camarade à ranger le matériel pour le rapatrier à l’hôtel. Une partie des spectateurs était restée longtemps après la fin des chansons, ils étaient tombés en pâmoison devant Jenny et Fry. Jessy, elle, resta longtemps sur les nerfs, elle avait besoin de se défouler, elle mourrait d’envie de dégainer ses pokéballs, mais en l’absence de dresseur à son niveau elle était instinctivement retournée à l’hôtel de Jade, sa colère et sa frustration la dévorant de l’intérieur. Jessy adorait l’Archipel Orange, mais plus le temps passait, plus elle se sentait prisonnière de ces îles, comme elle s’était sentie prisonnière du Bourg Palette avant son départ pour son voyage initiatique. Trouverait-elle pour autant des adversaires à sa mesure ailleurs ? En huit ans, elle n’avait perdu que deux combats. Ces deux combats la hantaient jour et nuit car ils l’avaient humilié, pourtant elle maudissait le monde entier d’être si faible face à elle, elle aurait voulu mordre la poussière une fois encore, dans un contexte plus "noble", trouver un rival digne d’elle comme son grand-père Sacha avait su en trouver… Quand elle était envahie par ces pensées négatives, elle prenait sa guitare pour se calmer. Sauf que là, si elle prenait sa guitare, elle repenserait aux fesses de sa sœur en train de se dandiner en bikini sur la scène, ça lui donnait envie de prendre ses pokéballs… Et le cercle vicieux reprenait ainsi sans fin dans son esprit fou de rage. Dans le hall de l’hôtel, quelqu’un l’interpella et l’extirpa de ces ruminations.

« Jessy ! »

La rouquine se retourna en reconnaissant la voix d’Alexandra. La directrice de l’hôtel s’approcha d’elle, son sourire accueillant s’effaça en voyant la mine renfrognée de Jessy.

« Tu es toute seule ? Comment s’est passé le concert ?

- C’était bien… En fait les gens ont carrément adoré.

- A voir ta tête de skelenox on ne dirait pas. »

Jessy frotta son bras nerveusement, son regard sombre évitait soigneusement de croiser celui d’Alexandra, il valait mieux éviter de lui donner les détails du concert. Si elle apprenait que Jenny avait fait passer son hôtel pour une maison close, elle risquait de ne pas apprécier. Alexandra retrouva doucement son sourire bienveillant.

« Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais tu veux faire un petit match contre moi pour t’aider à te détendre ? »

Une lueur d’intérêt s’éveilla dans les iris bleus de Jessy et Alexandra lui fit signe de la suivre.

« Les dresseurs se font rares en ce moment, on est en pleine saison des ligues à Kanto et Johto… Il ne faudrait pas que je perde la main, n’est-ce pas ? » Demanda Alexandra à la jeune fille pour tenter de lui redonner le sourire. L’arène de l’île Citrus se trouvait en extérieur, elle était cloisonnée par un mur de trois mètres extrêmement solide, surplombé de plaques de plexiglass et on n’y accédait qu’en passant par le grand hall de l’Etoile de Jade. Seuls les clients de l’établissement et ceux des deux hôtels voisins pouvaient regarder les matchs depuis les fenêtres de leur chambre. Les chambres les plus chères étaient celles qui donnaient sur la mer, mais un supplément était aussi facturé à ceux qui voulaient une belle vue sur l’arène. Les six pokémon d’Alexandra étaient là, ils jouaient et s’entrainaient en toute liberté sur le terrain. Ils s’écartèrent pour laisser passer leur dresseuse. Dans un claquement de doigts, elle fit signe à son ossatueur et à son gallame de se préparer à combattre. Alexandra dirigeait ses pokémon comme elle dirigeait ses employés : avec autorité mais bienveillance, elle ne demandait jamais plus que les efforts qu’ils étaient capables de fournir. Alexandra aimait les battants et les audacieux, c’est en partie pour ça qu’elle appréciait Jessy, dont l’arrogance laissait rarement un bon souvenir chez ses adversaires.

Jessy regarda les deux pokémon d’Alexandra, elle avait choisi ses meilleurs combattants, cela lui fit plaisir. Son ossatueur était un ossatueur d’Alola, contrairement aux races autochtones il avait la peau noire et son arme en os était presque toujours enflammée aux extrémités grâce à de la graisse qu’ossatueur brûlait avec son feu follet.

« Un match double alors ? Finit par demander Jessy.

- Tu sais que c’est la règle ici.

- Pas de soucis : Misdy, Galop, c’est l’heure de se défouler un peu ! »

Si l’objectif avait été de vaincre Alexandra par tous les moyens, Jessy aurait envoyé Méditerranée, avec un combo danse-pluie/fatal-foudre, elle aurait probablement pu mettre KO le duo de pokémon adverse en un coup. Ce qu’elle voulait, c’était se défouler et il fallait un minimum de difficulté pour ça, or Misdy était douée pour les combats en corps à corps intenses et Galop avait besoin d’une remise à niveau après tous ces mois oisifs passés au Bourg Palette.

« Danse-lames Ossa ! Gal, utile ton reflet ! »

Le pokémon psy d’Alexandra fit apparaître une douzaine d’illusions de lui sur le terrain, impossible d’identifier le vrai Gallame. Pendant ce temps, Ossatueur boostait son attaque. Jessy n’était pas dans un bon état mental pour faire de la stratégie, elle voulait un déluge de force brute.

« Galop vive attaque ! Trouve-moi le vrai Gallame ! Misdy, tu vas t’occuper d’Ossatueur ! »

Tandis que le pokémon feu de Jessy partait au galop à l’assaut des reflets de gallame, Mysdibule attaqua Ossatueur avec une technique de son cru. Elle choisit de tenter une morsure, Ossatueur esquiva en faisant un bond en arrière, Jessy et sa pokémon furent surprises par sa rapidité.

« Roue de feu ! » Ordonna Alexandra avec un large sourire confiant.

Mysdibule n’eut pas le temps de se protéger des flammes qui l’enveloppèrent, la pokémon hurla de douleur, les attaques feu étaient super efficace contre elle. Au même moment, Galopa finit par trouver le vrai Gallame, il esquiva lui aussi avant d’être heurté par l’équidé.

« Ok il va falloir ruser, lâcha Jessy avec un sourire tordu. Doux parfum !

- Mysdiii ! »

La mysdibule ouvrit grand sa deuxième gueule d’acier et répandit sur tout le terrain un parfum enivrant sensé réduire les capacités d’esquive des deux pokémon adverses.

« Galop danse-flamme ! » Cria Jessy alors que mysdibule commençait à peine sa technique. Les deux pokémon d’Alexandra se retrouvèrent prisonniers des flammes et considérablement ralentis. Le combat s’annonçait féroce et très physique, or Jessy était une habituée de ce type d’affrontement.

« Coupe psycho ! Lança Alexandra pour son Gallame. Osmerang !

- Empal’Korne ! » Riposta Jessy, elle n’avait pas besoin d’aider Misdy pour contrer l’os-boomerang. Gallame frappa violemment Galopa avec son attaque psy. Jessy et Alexandra ne voyaient rien à cause du cercle de flammes, mais elles entendirent Galopa crier de douleur puis Gallame crier à son tour lorsque l’empal’korne l’embrocha. Mysdibule de son côté utilisa un coup bas pour éviter l’attaque d’ossatueur et répliquer par la même occasion. L’ossatueur d’Alola préféra sortir de la danse-flamme, en tant que pokémon de type feu et spectre il en avait la possibilité, contrairement à Gallame. Le pokémon utilisa ses pouvoirs spectraux pour viser mysdibule à travers le rideau de flammes avec un nouvel ossmerang, Alexandra était fière de l’ingéniosité de son pokémon, même si les années d’entrainement à ses côtés étaient en grande partie à l’origine de ce résultat. L’osmerang frappa mysdibule qui ne l’avait pas vu venir. Jessy fronça les sourcils.

« Galop ! Occupe-toi de l’ossatueur ! »

Galop jaillit hors des flammes et tenta de frapper l’ossatueur avec un bélier mais l’équidé passa à travers du corps fantomatique de l’ossatueur, le pokémon d’Alexandra riait à moitié en voyant l’expression perplexe du galopa.

« Ce n’était pas très malin d’utiliser la danse-flamme, tu n’es visiblement pas habituée à affronter des ossatueurs d’Alola. » Dit Alexandra avec la voix des vieux dresseurs lorsqu’ils font la morale aux plus jeunes sans en avoir l’air. Le visage de Jessy se crispa un peu plus, elle n’aimait pas faire des erreurs et encore moins qu’on lui fasse remarquer, le bon point de la situation c’était que Jessy ne pensait plus à sa sœur en bikini ni à la Sexball.

« Vent féérique ! Galop utilise ta hâte ! »

Une belle lueur rose rayonnait par-dessus les danse-flammes et on entendit une nouvelle fois Gallame hurler, tandis qu’ossatueur essayait de frapper galopa avec son osmerang. En boostant sa vitesse, Galopa pu échapper à l’os-boomerang. Alexandra se concentra sur son seul pokémon en mauvaise posture, elle semblait toujours très en confiance.

« Gal téléport ! »

Gallame réapparut hors du cercle de flammes, désormais mysdibule était la seule coincée dans la danse-flammes et Galopa se retrouvait seul face à deux adversaires. Alexandra était ravie, elle avait l’impression de mener le combat, pourtant Jessy ne se démonta pas une seule seconde. Depuis son premier combat contre Alexandra quatre ans plus tôt, la championne s’était améliorée, Jessy l’avait remarqué, mais ce n’était rien par rapport aux progrès faramineux de la rouquine. La jeune fille avait remporté trois autres ligues depuis celle de l’Archipel Orange, elle n’avait pas encore mysdibule à l’époque, ni tengalice. Elle avait affronté l’ossatueur et le persian d’Alola d’Alexandra avec sa sœur et leurs deux raichu. Brusquement, Jessy se remit à sourire, son regard bleu électrique lançait des éclairs, enfin un peu de challenge.

« Galop, hypnose ! »

Galopa décida de viser l’ossatueur qui fut comme paralysé, mais l’attaque ne parvint pas à l’endormir, qu’importe ce serait suffisant songeait Jessy. Gallame fonçait sur lui.

« Coupe psycho ! Osmerang !

- Rebond ! »

Galopa et Gallame se croisèrent comme dans une joute de chevaliers. Grâce au rebond, Galopa évita l’attaque retardée d’Ossatueur, encore un peu perturbé par l’hypnose.

« Galop, Misdy retour ! »

Alexandra ne comprit pas tout de suite de quoi il retournait : Galopa sauta à travers ses danse flammes puis bondit à nouveau de l’autre côté du terrain avec mysdibule accrochée à son dos. En surgissant à l’improviste les deux pokémon sautèrent sur Gallame qui ne put les esquiver.

« Mass d’os ! Cria Alexandra que la surprise ralentissait un peu.

- Mâchouille !

- Close combat !

- Déflagration !

- Gaallaame !

- Ossaa !!!

- Mysdiiiii ! »

Le final était digne d’un match de ligue. Ossatueur abattit son os en flammes sur Mysdibule mais elle se retourna dans un mouvement vif et incroyablement gracieux, compte tenu du contexte brutal. Sa mâchoire arrière se referma dans un claquement bruyant sur le corps spectral de l’ossatueur. Le pokémon hurla de douleur. Gallame dans une attaque quasi-suicidaire fonça sur Galopa pour l’achever avec un close-combat mais l’équidé l’arrêta dans sa course avec une déflagration d’une puissance inouïe. Le jet de flamme surpuissant brûla le pelage du Gallame qui s’effondra sur le sol, il n’avait jamais eu à encaisser une attaque de type feu aussi ardente. La puissante mâchoire de mysdibule souleva l’ossatueur d’Alola et le jeta aux pieds de sa dresseuse. Le pokémon laissa tomber son os sous le choc, il essaya de se relever mais il grimaçait sous la douleur, il n’était clairement plus en état de combattre.

« Bravo Ossa… Et bravo à toi Gallame. » Alexandra savait que Gallame ne pouvait l’entendre mais elle tenait à le féliciter aussi. Elle les renvoya tous les deux dans leurs pokéballs. Les autres pokémon d’Alexandra sur la touche étaient agités, ils avaient envie de combattre eux aussi, mais la puissance de leurs adversaires les avaient effarouchés sur la fin. Le persian d’Alexandra grimaça en repensant à son match contre les raichu des jumelles. Il était bien content d’être resté vautré au bord du terrain plutôt que d’aller affronter ces monstres.

« Tu es encore plus forte qu’avant, c’est impressionnant.

- Merci, répondit simplement Jessy.

- Fry et ta sœur doivent être rentrés, tu devrais aller les voir. Je ne sais pas ce qui t’a contrarié à ce point mais ça ne vaut certainement pas le coup de se fâcher avec ces deux-là. La famille c’est précieux… Et puis Fry est un garçon génial, tu t’en rendras vite compte. »

Jessy se contenta d’hocher la tête en réprimant une petite moue. Elle était plus ou moins calmée, ce match lui avait fait du bien, elle pouvait reprendre une conversation normale avec ses amis. Alexandra avait deviné juste, les deux ados étaient en train de déposer tous leurs instruments à la consigne.

« Ah te revoilà ! Lança Fry avec les sourcils froncés. Sympa de nous avoir laissé tout ranger seuls… »

Jenny lui donna un violent coup de coude dans le dos, il n’avait pas encore pris l’habitude de se taire lorsque Jessy était dans sa phase "mania" de léviator.

« Vous n’aviez qu’à demander de l’aide à vos groupies, rétorqua Jessy avec mauvaise humeur.

- Ockpin pin…

- Brasé !

- Alta… »

Protestèrent les trois pokémon de Jenny qui avaient dû porter plus de matériel que d’habitude en l’absence de Tengalice et Galopa. Scarhino et Ramboum regardaient alternativement Fry et les trois autres pokémon-porteurs en train de râler. Ils n’en pensaient pas moins mais n’osaient pas intervenir.

« Je serais revenue vous aider, il fallait m’attendre, j’avais juste besoin de me vider la tête.

- Ouais ben moi aussi j’avais hâte de venir me détendre à l’hôtel je te signale.

- Bon ça suffit, intervint Jenny. Je crois qu’on s’est assez disputé pour aujourd’hui. On va commencer par tous aller se laver car on ne sent pas trop la rosélia après un concert pareil.

- Je vais d’abord piquer une tête, répondit Fry en se dirigeant avec ses pokémon vers la plage privée de l’Etoile de Jade.

- Bonne idée tiens, j’ai déjà mon bikini ! »

Jessy se prit la tête entre les mains, affligée, sa sœur lui sourit avec gentillesse.

« Aller… Viens avec nous ! »

Après un moment d’hésitation, Jessy alla enfiler son maillot de bain rapidement avant de les rejoindre. Jenny et Fry étaient dans l’eau en train de nager tandis que les pokémon de Fry restaient sur la plage. Les deux pokémon porteurs lui jetèrent des regards en biais. Jessy marmonna quelque chose pour elle-même avant de s’approcher de Ramboum.

« Tu étais génial aujourd’hui John, j’crois bien que le meilleur batteur de l’archipel c’est toi en fait.

- Bam ? »

Le pokémon la regarda avec étonnement et Jessy lui sourit de toutes ces dents, Ramboum fut flatté et il ne lui en voulait plus du tout pour le matériel. Jessy caressa ses gigantesques oreilles.

« Sans rancune scarhino ! » Ajouta-t-elle avant de rejoindre sa sœur et Fry dans l’eau. De loin, le jeune homme avait vu la rouquine parler à son ramboum et il avait également remarqué le changement de comportement de son pokémon. Il ne fit aucune remarque, sa propre rancœur très superficielle s’était envolée. Dans le fond, il comprenait ce qu’avait dû ressentir Jessy suite à la "surprise" de Jenny, il n’était simplement pas fan de ses réactions excessives.

Après leur baignade, ils remontèrent jusqu’à leur chambre. Debout dans l’ascenseur, entre Jenny en bikini et Jessy en maillot de bain deux pièces rouge carmin, certes plus décent et avec un peu plus de tissu que celui de Jenny, mais encore terriblement sexy, Fry fixait le plafond en remerciant l’inventeur du caleçon large.

« Toujours fâchée ? Finit par demander Jenny d’une voix douce en se penchant un peu avant pour regarder sa sœur.

- Humf… » Se contenta de répondre Jessy. Elle n’était plus en colère et sa mine était à peine contrariée, mais elle n’était pas encore tout à fait mûre pour reprendre le dialogue. Aussitôt rentrés dans leur suite, Jenny s’enferma dans la salle de bain. Fry et Jessy se retrouvèrent en tête à tête dans le salon autour de deux limonades. Fry regardait son verre avec dépit, il aurait préféré quelque chose de plus fort que du sucre dilué dans l’eau gazeuse. Jessy aussi faisait la moue en regardant John vautré sur le canapé, il essayait de se détendre après sa dure journée de travail, mais Chu n’arrêtait pas de lui chatouiller les pieds.

« Je ne peux pas croire que la musique ce soit juste un numéro de charme, geignit Jessy alors que Ramboum grognait après le raichu. La musique c’est… C’est un langage merde ! C’est exprimer ce qu’on ressent dans nos tripes !

- Je suis d’accord… Mais de ce point de vue, on peut dire que Jenny exprime ce qu’elle est.

- En chantant touche mes pokéballs ? Demanda Jessy en haussant un sourcil.

- Aaah… Oui, affirma Fry sans une miette de doute. On se connaissait depuis une semaine et elle s’est allongée sur moi pour me rouler une pelle alors que je n’étais pas consentant. Et hier soir j’ai bien cru qu’elle allait faire pire que ça…

- Pas consentant ? C’te blague ! J’ai jamais vu un type résister à Jenny. Tu ne vas pas me faire croire qu’elle ne te plait pas, surtout pas après son exhibition de tout à l’heure.

- Bah évidemment qu’elle me plait, mais on ne se connaît pas vraiment…

La rouquine, plutôt étonnée, le regarda avec un air goguenard.

- Oh j’y crois pas… Un garçon de dix-sept ans qui se soucie de savoir si la fille qui lui plaît et qui le kiffe grave est vraiment faite pour lui. Tu recherches une relation durable à ton âge ? Tu penses au mariage aussi non ? Au nombre d’enfants ? Ah ah…

- Eh oh c’est bon arrête de te foutre de moi ! J’ai fait mon gentleman, c’est plutôt un bon point pour moi non ? A votre âge vous cherchez toutes le prince charmant ! Rétorqua Fry.

- Toutes je sais pas, mais Jenny et moi sûrement pas ! » Déclara Jessy et Fry la toisa en pensant très fort qu’il doutait qu’elle ressente un sentiment quelconque pour un autre être humain mais s’abstint de le dire à voix haute.

« Pour ta gouverne, c’est vrai que je ne suis pas vraiment du genre à me soucier du caractère de la nana qui me plaît d’habitude, la preuve avec Azura… Sauf que là j’ai décidé de voyager avec elle. Imagine que Jenny et moi on sorte ensemble et qu’on finisse par s’engueuler à ne plus pouvoir se voir en peinture, eh ben bon courage à vous pour vous trouver un batteur remplaçant. Et adieu le continent pour moi ! Je me retrouverais à nouveau tout seul, comme un osselait solitaire…

-Tu vas me faire pleurer cow-boy, ricana Jessy.

- Enlève-moi ce sourire de ta face... J’aime bien jouer avec vous deux, j’ai pas envie de me fâcher pour une histoire de cul ou une amourette de roman photo, ce n’est pas mon truc.

- Ah ouais ? Et c’est quoi alors ton truc ? Demanda Jessy.

- Je suis d’accord avec ce que tu disais tout à l’heure : la musique ça doit servir à exprimer ce qu’on ressent dans les tripes. Mais pour moi ça sert aussi à se vider la tête, à déconner, à respirer autre chose que cette foutue odeur de pamplemousse !

- Euh… C’est quoi le rapport avec le pamplemousse ? Demanda Jessy en haussant un sourcil.

- Pardon, je m’égare. Et toi alors ? Tu ressens quoi quand tu joues ?

- M… Moi ? Jessy fut prise au dépourvu par la question.

- Bah ouais, c’est toi qui viens de me faire une tirade sur l’expression des sentiments dans la musique, alors vas-y. Dis-moi tout.

- Si je pouvais expliquer ça avec des mots j’aurais pas besoin de la musique ! Répliqua Jessy.

- Ah c’est facile comme réponse ça… Se moqua Fry lorsque Jenny revint derrière eux sans crier gare.

- Eh bien… Je vois que vous vous entendez bien tous les deux finalement ! »

Fry se retourna et sourit chaleureusement à son amie.

« Ouais, comme de vrais noeunoeufs !

- C’est quoi cette expression ? Rigola Jessy.

- Bah ça veut dire qu’on s’entend comme si on était d’une même fratrie, comme des jumeaux si tu préfères.

- Oh tu serais étonné de savoir comment les jumeaux peuvent parfois ne pas s’entendre… » Commenta Jenny. Les deux sœurs s'échangèrent des regards provocateurs mais avec une complicité sans pareille. Fry le remarqua immédiatement. Toute la rancœur de Jessy contre sa sœur s’était enfin envolée.

« Mouais, vous m’avez l’air de bien vous entendre quand même les sœurs cauchemars.

- Eh ! Comment tu nous as appelées ?!? » Cria Jessy.

Le jeune batteur fila dans la salle de bain en se marrant, tandis que Jessy lui lançait la canette de limonade vide qui heurta le mur.

« On a fait un bon choix en le prenant comme batteur, dit Jenny en souriant.

- Ouaip, répondit simplement Jessy avec le même sourire. Bon Jane, il faut qu’on rediscute de nos choix de chansons et de la mise en scène…

- Roh là là, tu vas encore me faire la morale pour le concert de tout à l’heure ?

- T’es à l’aise toi mais moi non, finit-elle par dire calmement. C’est pas à ça que je pensais quand j’ai dit que je voulais monter un groupe de musique, et je crois que c’est pareil pour Fry.

- Ok ok, de toutes façons je chante moins bien que toi, les gens finiront par le remarquer même si je leur montre de la peau. »

 

A suivre…

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