Remonte des profondeurs de ton subconscient
La journée de travail était terminée. Je rentrais dans l'appartement. Quand j'ouvris la porte je vis de la lumière
"J'ai oublié d'éteindre..."
J'enlevais mes chaussures que je laissais dans l'entrée avant de me diriger vers la cuisine et ouvris le frigo pour y trouver une bouteille de thé glacé. J'ouvris le tiroir où j'avais caché le journal intime de ma moitié. Je m'asseyais au bar, où se trouvait mon verre de ce matin. Étrangement il n'y était plus. Je me retournais et le vis lavé en train de sécher à côté de l'évier. J'étais surpris de ne pas me rappeler de l'avoir fait
"C'est moi qui l'ai lavé, dit une voix de fille"
Je cherchais d'où elle provenait : c'était la nouvelle Isla, assise dans la même position qu'avant dans son fauteuil. Je savais qu'il était vain de crois qu'elle était revenue, le ton de sa voix - indifférent - n'était pas celui habituel de celle que j'aimais. Elle pointa du doigt le carnet
"Tu tiens un journal intime ? On dirait celui d'une fille, tu sais que c'est malpoli de lire celui d'un autre ?"
Je soupire et range le carnet avant de lui demander :
"Tu veux manger ?
-Pourquoi pas"
Tout le long de cette courte discussion, elle avait été distante. Je me mis à la cuisine, j'avais envie d'une omurice ce soir. J'en fis deux, une pour moi et une pour la nouvelle Isla avec un sourire nostalgique. Je sortis le ketchup et mis le tout à table. Je lui souhaitais un bon appétit avant de prendre la sauce et de tracer un coeur sur mon repas.
"Pourquoi tu fais un coeur ?
-J'aimais une personne... mais elle est partie maintenant..."
En relevant la tête je vis dans ses yeux une lueur qui n'allait pas avec le comportement habituel de cette Isla. Je décelais une impression de déjà-vu dans son regard. Mes yeux s'ouvrirent en grand de surprise.
"Ça te dit quelque chose ?
-Bien sur que non, je suis née ce matin"
Je savais, bien évidemment, qu'elle mentait. Je mangeais avec appétit ce soir-là. Après le repas, je sortis le journal intime. Je l'ouvris
"Ce journal appartenait à mon ancienne partenaire, que j'aimais
-Ah, répondit-elle avec son indifférence habituelle
-Cette fille a du être désactivée la semaine dernière. Cette fille avait ce corps...
-C'est pour ça que tu pleurais ce matin ?
-Oui... tu lui ressembles, physiquement du moins. Comme je l'ai souvent dit depuis que je travaille ici, les Giftias auxquels ont remplace l'intelligence artificielle ne sont et ne seront plus les mêmes..."
Une larme coula le long de ma joue et je l'essuyais, je me sentais stupide de penser encore autant à elle alors qu'elle aurait voulu que je l'oublie et que je trouve quelqu'un d'autre. Après avoir brièvement discuté de mes souvenirs d'Isla avec la nouvelle, je montais me coucher avec une boule dans le ventre. Je comprenais ce qu'avait ressenti Miru quand elle avait retrouvé son amie qui n'était la même que physiquement.
"Tsukaaasaaaa, debout"
Une blanche, à côté de moi, me secouant. Un contact familier sur mon dos, j'eus un sourire. L'esprit encore embrumé je faillis enlacer la nouvelle Isla. Comment l'aurait-elle pris ? Je m'assis et me frottais les yeux.
"Tu peux descendre pour que je me change ?"
Elle s'exécuta, je me demandais si c'était une coïncidence ou si elle savait intuitivement ce que faisait l'ancienne Isla... Une fois en bas je préparais un thé et deux petits-déjeuners. Elle était déjà au bar et attendait patiemment quand j'étais descendu. Nous mangeions en silence. Je sentais qu'Isla voulait briser la glace, mais étais-je prêt à travailler avec une personne qui était et n'était pas à la fois celle que j'aime ? Après ça nous allions travailler. Ensemble, la seule différence par rapport à il y a peu est que nos doigts ne sont pas entrelacés. Inconsciemment j'avais commencé à faire le deuil d'Isla. Puis j'eus une idée, une idée qui me dirait si oui ou non, l'Isla que je connaissais, chérissais et aimais était encore là, à l'intérieur d'elle.
"Je crois qu'on a plus beaucoup de thé, ça te dirait de venir avec moi en chercher après le travail ?
-Pourquoi pas !, dit-t-elle avec un entrain que je ne lui connaissais pas"
Nous entrions ensemble dans le vestiaire. Nous métions tout deux nos uniformes. Nous allions ensuite dans la salle. Les regards se braquèrent vers nous, avec une note d'espérance, espérance de voir revenir Isla mais ils retournèrent vite à leur travail constatant que rien n'avait changé. Ils la pensaient disparue pour toujours mais je la savais dissimulée quelque part au fond de la nouvelle Isla. J'allais m'assoir à mon bureau où se trouvait déjà trois missions. Pour la première une Giftia arrivant bientôt à la date limite mais que nous savions réticente à nous remettre son androïde. Nous allions commencer par ça, le reste n'était que des missions banales.
"Allez Isla, tu viens ?
-J'arrive"
Elle se leva et me suivit à lextérieur. Nous primes la voiture et commencions à rouler. Isla se tourna vers moi :
"Dis... je ne t'embête pas ?
-Pourquoi tu m'embêterais ?
-Parce que... tu sais... j'ai le même corps que celle que tu aimais"
Je fis non de la tête et regardais du côté de la vitre, les yeux écarquillés en me demmandant ce qui avait pu arriver pour, qu'en une nuit elle passe de totalement indifférente à gentille et altruiste. Ce changement de caractère, qui se rapprochait de ma moitié coïncidait avec la lecture du journal et ce matin. Rien qu'hier, en lui montrant le journal, j'ai réveillé quelque chose en elle. Nous arrivions vite sur les lieux, je n'avais pas vraiment eu le temps de réfléchir, je n'avais pas encore déterminé si elle était en train de se créer son caractère ou si elle redevenait petit à petit lIsla que nous connaissions. Nous sortions de la voiture. Nous allions sonner au portail, un vieil homme en déambulateur ouvrit la porte. Nous nous avançions, il nous invita à entrer, déjà un bon signe. Pendant qu'Isla faisait connaissance avec le Giftia, un garçon de 17 ans, je partais avec son propriétaire dans la salle à manger. Je lui présentais le document à signer et commençais à expliquer les possibilités. Il prit le papier dans les mains et le déchira, d'abord en deux, puis en quatre, en huit, en seize et jetais le tout à la poubelle
"Je ne vous donnerai pas mon fils. Je le garderai jusqu'à sa mort !"
Je me levais et pris d'une rage sans nom je lui criais :
"Vieil abruti ! J'ai vu un Giftia qui n'a pas été désactivé à temps ! Il vous tuerait et tuerait d'autres personnes qui subiront votre choix stupide ! Je sais ce que c'est de perdre un être cher, si vous ne nous donnez pas votre fils..."
Puis en baissant la voix en me rasseyant
"Il deviendra un monstre surpuissant sans aucune once d'humanité"
Je me levais et sortais en lui notifiant bien que nous repasserions dans une semaine pour le récupérer. Isla me suivit de près, elle se tenait la tête et grimaçait.
"Ça va ?
-Oui... juste un peu mal à la tête"
Elle me lança exactement le même sourire que celui que m'offrait Isla quand elle mentait. Nous rentrions au bureau et l'heure d'aller chercher le thé arriva vite...