Dans les royaumes des Eternels

Chapitre 7 : Will, Destiny, Des hommes et des labyrinthes

Chapitre final

3408 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/09/2018 22:37

Peu de gens le réalisent, mais la mer et ses vagues forment un labyrinthe, peut être le plus grand que tous. Vous le savez, sans le savoir. C'est pour cela que vous avez peur d'embarquer même à bord du plus sûr des navires et que voir la terre disparaître vous serre le cœur. Vous savez que chaque vague, chaque ridule sur le sable et entre les coraux forme un embranchement de ce dédale. On pourrait s'y perdre. Nombreux s'y sont perdus et seule Death peut les en extraire, Death et le Hollandais Volant. Ayez peur de l'océan, chuchotent les mères à leurs nouveaux-nés et fredonnent les vieillards d'une voix qui se nouent.

C'est un sage conseil, songe Destiny en parcourant ce labyrinthe aquatique qui fait et ne fait pas tout à fait partie de son domaine. La plupart l'écoutent. Pas tous. Destiny croise souvent sa sœur qui soupire tristement avant de sourire et d'aider les noyés à s'extraire de l'eau oppressante. De fait, il croise souvent sa fratrie dans cette partie du labyrinthe qui forme son domaine. La mer invite au rêve d'absolu et au désir charnel. Sa violence intrinsèque détruit ces rêves et ces désirs, réduisant les hommes au désespoir et à la folie. A la fin, il ne reste que Death pour recueillir les morceaux fracassées des âmes humaines qui s'y sont aventurées, et que Destiny pour tout observer.

Jadis, il n'était pas le seul à la faire. Elle était là aussi, flottant alanguie parmi ses propres ondes, observant le tout avec amusement. Elle, celle que les hommes appellent Calypso, Mami Wata, Magwayen ou Yemandja. Celle que certains ont appelé Poséidon, Ryujin ou Varuna, refusant de croire qu'une telle puissance soit féminine. Fous et ignorants, voilà ce qu’ils sont tous. Elle est bien plus que ça. Elle est l'océan primordial, source de vie et de mort, chaos absolu, l'un des premiers êtres à s'être éveillé à la conscience après les Éternels. Lui donner un nom est déjà presque une insulte à sa puissance.

Elle n'est plus là cependant et aujourd'hui son absence se fait presque violente, songe Destiny. Étrange. Il n'est pas plus proche d'elle que des milliards d'êtres qu'il observe, sa fratrie y compris. Destiny n'est proche de personne. Ce n'est pas dans sa nature, pas plus que la joie est dans celle de Dream ou la mélancolie dans celle de Destruction. Il est, voilà tout. Alors si aujourd'hui Calypso surgit dans ses pensées, c'est que quelque chose se trame.

Destiny ouvre son livre.

Nul autre que lui ne peut lire ce livre. Il en connaît toute les pages, parfois même celles qui ne sont pas encore écrites.

Il sait maintenant pourquoi Calypso l'obsède soudain. Ce n'est pas elle mais ce qui lui arrive qui l'émeut. L'un des siens, un jour, subira un sort comparable. Arraché à son domaine, séparé de son pouvoir, réduit à l'impuissance. Mais sera-ce Death ou Dream dans la cage de verre ?

Assez. S'attarder sur le futur n'est pas une chose sage. Le présent doit seul importer.

Il y a un frémissement dans le labyrinthe aquatique qui confirme les soupçons de Destiny. Ce qui se passe aujourd'hui n'a rien à voir avec une affaire de famille. Non, les enjeux sont bien moins, et terriblement plus, importants.

Combien de temps depuis que Calypso est emprisonnée ? Combien de jours, de mois, de décennies ? Combien de larmes ? De sa prison de chair, elle hurle sa rage et sa douleur. Mais pour Destiny, pour son livre cela n'a pas d'importance. Les enjeux sont bien plus grands que la souffrance de la déesse. Certes, les mers sont plus sûres depuis son emprisonnement, mais elles ont perdu de leur beauté et de leur magie. C'est leur destin, mais ce destin est advenu bien trop tôt, à cause de la rancœur d'un homme. Les vagues, les poissons, les coraux, tous exigent le retour de leur maîtresse.

Destiny n'est pas tenu de les écouter. Il n'y a nul traité entre son domaine et celui de Calypso. Il entend leur détresse cependant et consulte à nouveau son livre. Son hypothèse se confirme. Quelque chose se préparent. De nouveaux chemins se créent dans le labyrinthe. L'un d'eux apparaît sous ses pieds, sillon frémissant d'eau salée.

Destiny avance d'embranchement en embranchement. Bientôt résonnent les cris des blessés et le crépitement du bois qui brûle. Le destin, bien sûr est aveugle, mais Destiny peut lire à défaut de voir la scène.

Il y a un bateau qui brûle et s'enfonce doucement dans l'eau. Son nom n'a pas d'importance. Un autre s'éloigne, sombre navire aux voiles déchirées. Destiny n'a pas besoin de poursuivre sa lecture pour savoir qu'il s'agit du Black Pearl. Un vaisseau maudit a une destinée qui se perçoit de très loin. Le troisième vaisseau, Destiny le connaît aussi. C'est le Hollandais Volant qui charge sa cargaison d'âmes perdues. Assise sur le cabestan effondré, Death les regarde partir en leur faisant un signe de la main. Elle les reverra, un jour ou l'autre, pour les prendre sous son aile.

Très vite, le Hollandais s'éloigne, et ce n'est pas une coïncidence qu'il soit présent, tout comme pour le Pearl. Il n'y a pas de coïncidences dans le jardin de Destiny, juste des destinées qui se mettent en marche. Destiny lit et sait désormais que deux malédictions seront bientôt levées. L'équipage du Pearl l’indiffère, mais il est plaisant de savoir qui celui qui a emprisonné Calypso et clame avoir dompté les Sept Mers peut compter les années qu'il lui reste à vivre.

La pensée est perturbante cependant. Le Hollandais doit avoir un capitaine. Il y a toujours eu un vaisseau pour conduire les âmes des morts et offrir une alternative aux désespérés. Le Hollandais doit naviguer avec un capitaine et un équipage. Sinon, la réalité se déliterait.

Oui, réalise Destiny, le Hollandais doit avoir un capitaine et voilà pourquoi il est là.

« Tout s'éclaircit pour l’Éternel, confirme le livre. Il sait pourquoi il est là. Il écoute le Hollandais se laisser lentement engloutir par les eaux froides de l'Atlantique et il sait... »

Oui, Destiny sait qu'il y a sur son pont un homme qui répugne à descendre s'enfermer dans les entrailles nauséabondes du Hollandais. Jusqu'à aujourd'hui, il était sa plus récente recrue. Il n'est pas là par peur de la mort, ni par désir d'immortalité. Il ne craint pas la première et a trop goûté à la seconde. Il y a trois semaines, il était en train de désespérer, accroché à un canon au fond de la fosse de la Barbade, incapable de respirer comme de mourir. L'impuissance et l'absence de changement, voilà ce qui l'effraie. Il regarde partir le Pearl sans colère et sans haine. Il les a laissé au fond de l'océan. Il n'éprouve qu'indifférence pour Barbossa et ses hommes, tout comme pour le navire qui brûle. Il regarde le navire s'éloigner cependant, se demandant si ses anciens compagnons sont proches de vaincre la malédiction. Il ne se retourne pas quand il entend un grand bruit d'éclaboussures, pensant qu'un marin aura préféré la noyade aux flammes.

L'immortalité fait perdre conscience de l'écoulement du temps.

Sinon, Bill le Bottier songerait qu'un navire marchand anglais parti de Liverpool met deux à trois mois à rallier Port Royal en cette saison et que ce navire doit voguer depuis six semaines, que ce même navire a pu transporter à l'aller une lettre de lui déclarant que suite au décès de sa sœur il était plus que décidé à récupérer son petit William et que celui-ci pourrait donc fort bien se trouver sur le navire.

N'est-ce pas la raison pour laquelle il a décidé de quitter le Pearl et la piraterie, sans le confier à son équipage ? Pour cela qu'il a été abandonné à un cruel oubli ?

Il n'y songe pas. Peut-être que cette pensée est trop douloureuse. Peut être qu'il commence déjà à oublier les détails du monde des vivants. Il ignore en tout cas ce qui se passe derrière lui et, en soupirant, descend dans les profondeurs du Hollandais qui disparaît de la surface et du monde des vivants.

Mais Destiny sait. Il sait que, si le père s'était retourné, il aurait sauté, sans un instant d'hésitation, prêt à subir la vengeance de son nouvel équipage ou à le supplier d'accepter son fils à bord. Il ne l'a pas vu cependant et ignorera longtemps qu'il l'a frôlé à cet instant et a failli laisser son corps sans vie derrière lui.

Destiny, lui, n'ignore rien et se tient prêt de l'enfant et assiste à son plongeon. Quand il jaillit des eaux, le souffle cours et s'agrippe désespérément à une planche pour monter dessus avant de sombrer dans l'inconscience, Destiny est là encore.

Death le rejoint et s'agenouille pour saisir la tête de l'enfant.

-Pauvre amour, murmure-t-elle.

-Celui-ci n'est pas à toi ma sœur.

-Pas encore. Mais avant que le devoir m'appelle, je peux bien lui tenir compagnie.

Destiny ne proteste pas. Sa sœur a d'étranges éclairs d'humanité.

Ils demeurent quelques minutes en silence, la planche, l'enfant et l’Éternelle dérivant loin du navire en flamme et Destiny marchant à leurs côtés. Comme s'est écrit, un quatrième bateau surgit bientôt de la brume. Un cri de fillette attire l'attention des marins. William Turner est hissé à bord.

« Le destin, comme disent les humains, est en marche », lit Destiny.

Il reprend sa route.

 

Le temps passe. Bien sûr, c'est ce qu'il fait. Destiny ne pense plus à Calypso, au Hollandais ou à William. Il sait qu'à un croisement leurs destinées se réuniront. D'ici là, il a d'autres destins à lire et à observer. Des rois vivent et meurent, des malheureux aussi. Tous forgent à leur manière l'avenir du monde. Certains ont droit à une ligne, d'autre à paragraphe entier dans le livre de Destiny et des échos de leurs vies se font entendre dans le jardin.

Le monde entier, après tout, fait partie du jardin de Destiny. Seulement, nous ne savons pas que nous marchons sur les chemins tracés par son livre.

Will Turner n'a pas conscience que chacun de ses pas dans les rues boueuses de Port Royal se fait aussi dans le domaine de Destiny.

« Je rêve souvent de la mer et de la fois où je t'ai rencontré, lui dit un jour Elizabeth Swann. Et toi, de quoi rêve-tu ?

Ils sont dans les jardins de son père, et encore assez jeunes pour que personne ne hausse le sourcil quand la fille du gouverneur et son protégé courent et jouent entre les haies soigneusement taillées.

-De profondeurs et de ténèbres. De trois femmes qui tiennent un fil au-dessus de ma tête. D'un poignard et d'un cœur.

Rares sont ceux qui rêvent des Parques. L'enfant l'ignore.

-Je n'envoie que des rêves appropriés, déclare Dream, le visage fermé, quand Destiny l'interroge en tenant son sceau entre ses doigts. C'est dans le cadre de mes fonctions d'avertir par des rêves ceux aux destinées exceptionnelles.

-En général peut être. Pas ici. Certaines destinées n'ont pas à être choisies ou pressenties.

Drema ne s'incline pas ni ne s'excuse. Les rêves cessent et le livre cesse à nouveau de mentionner Will Turner.

Pour un temps.

 

Destiny continue à parcourir le labyrinthe de son jardin et son livre continue de lui dévoiler les destinées des mortels et des immortels. Les allusions à Will Turner se précisent au fil des pages et des années jusqu'au jour où les mots s'affichent sur une double page du livre.

« William Turner se dirige vers la demeure du gouverneur, une épée sous le bras et le cœur léger, inconscient de ce qui l'attend. »

 

Il y a des destinées que l'Eternel suit de loin dans son livre. Celle-ci exige désormais qu'il l'observe plus attentivement. Il continue sa marche et peu à peu, les hautes haies de son jardin deviennent les basses bicoques de Port Royal.

Destiny est là quand Will Turner fait le choix d'embarquer à bord d'un vaisseau volé à sa Glorieuse Majesté avec un pirate retord. Il lit chaque détail de sa plongée dans le monde de la piraterie, chaque allusion à Bill le Bottier qui tombe dans les oreilles grandes ouvertes de son fils. Nul hasard là dedans. Le destin s'écrit tout seul.

Le ciseau des Parques et le pistolet de Jack Sparrow coupent le fil de la vie du capitaine Barbossa. La malédiction du Pearl est levée et les Caraïbes recommencent à respirer. Death elle-même receuille l'âme du pirate et quitte les lieux comme si tout était terminé.

« Ce qui s'est passé n'est qu'un frémissement, la contredit le livre, mais nul ne demande à Destiny ce qu'il sait.

C'est exact, et Destiny ne cache ni ne révèle ce qu'il sait. Il observe et il lit. Tout est là, écrit sur le livre des destinées.

La Compagnie des Indes Occidentales entre en jeu, conduite par un homme assoiffé de gloire et de contrôle absolu. Jack Sparrow remue les Caraïbes pour échapper au Hollandais et obtenir l'immortalité, sans comprendre qu'il lui suffirait de refuser de mourir pour l'obtenir. Will Turner est emporté dans cette valse d'egos et d'ambitions démesurées. Ces humains vivent la vie comme un jeu d'échec. Tous se croient le roi ou la reine et voient le jeune Turner comme un pion. En vérité, sur ce plateau ils ne sont que les fous et les tours et ils oublient ce qui se passe quand un pion atteint l'autre bout du plateau.

Lorsque Will rencontre Tia Dalma puis le Hollandais, le monde frisonne sur son axe. Nul ne le remarque, sauf Calypso. Cette nuit-là, elle brûle un amas hétéroclite d’arêtes de poissons, d'os de poulets, d'encens et de rubans. Elle ignore lequel de ses visiteurs la libérera, lequel abattra Davy Jones, lequel le remplacera, mais elle remercie le destin qui les lui a envoyé. Destiny reçoit la prière avec indifférence. Il observe, mais n'agit pas.

Will Turner continue de ne sembler que croiser de plus grandes destinées que la sienne. De plus glorieuses. Il n'est qu'un messager pour Davy Jones, un homme facile à manipuler pour Beckett, Barbossa et Jack Sparrow. Et s'il est aimé par Elizabeth, la jeune femme se voit portée vers une plus grande destinée que lui. Ils le voient comme un homme loyal et ingénu, ingénieux certes, mais avec l'étoffe d'un lieutenant, pas d'un capitaine.

A part Dream, nul ne connaît mieux leurs rêves que Destiny. Davy Jones, maître de la mort et de la mer. Beckett, maître des Sept Mers et pourfendeur de la piraterie. Elizabeth Swann, Roi de la piraterie et femme libre. Jack Sparrow, pirate, capitaine immortel du Black Pearl.

Will Turner, sauveur de son père, époux d'Elizabeth.

Parfois, les petites ambitions conduisent loin.

« Les regards des Éternels glissent sur William Turner », approuve le livre. Dream dispense ses rêves et ses cauchemards avec la même largesse. Desire se plaît à attiser leurs désirs et s'est trouvé/e un jouet. Despair rôde autour de Davy Jones et entretient les souffrances d'Elizabeth. Death offre une épaule compatissante à l'orpheline. Delirium entoure Jack Sparrow de ses attentions et dispense sa folie douce parmi ses compagnons.

Les événements se précipitent et peu à peu, l'herbe du jardin fait à nouveau place au labyrinthe aquatique. Les vaisseaux grincent en se balançant sous le soleil des Antilles. Le vent s'est tu et la mer se fait d’huile en l'attente d'un dénouement. A la lisière de la scène, Destiny écoute, aussi attentif que la myriade de vagues qui l'entoure. Enfin, le vent se lève et les vagues se soulèvent sous la voix profonde de Calypso avant que la déesse ne se brise et ne se répande dans les abîmes.

Voilà, songe Destiny en tournant la page. L'immensité reprend ses droits, pour un temps. Bientôt, l'immense et l'inconnu ne se trouveront plus sur Terre mais, pour le moment, la mer retrouve son mystère et son impétuosité.

Sous les pieds de Destiny, un tourbillon se creuse, né de de la rancœur et de l'exaltation de Calypso. Le Pearl et le Hollandais s'embrassent au-dessus du gouffre et leurs équipages s'affrontent, mortels et âmes damnées de Davy Jones. Le fracas des canons et des épées est aussi tonitruant que la tempête qui se déchaîne. Le cri d'Elizabeth et le soupir de Death lorsque l'épée de Davy Jones transperce le cœur de Will Turner parvient néanmoins jusqu'à Destiny.

Voilà. Il tourne la page. Sur le navire au loin, le bras sans vie de Will Turner transperce le cœur trop vivant de Davy Jones. Le Hollandais s'empare de Will et entraîne l'homme et le navire sous les eaux.

Sur le pont du Hollandais, Death accueille d'un sourire William Turner. Incertain, celui-ci lui tend la main.

-Je vous connais, n'est-ce pas ?

-Bien sûr William. Tout le monde me connaît. Je suis heureuse de te rencontrer enfin, tu sais.

-Moi aussi, je crois, répond-il avec plus d'assurance avant de regarder autour de lui. Alors je suis le capitaine dorénavant ?

-Si tu veux. Tu peux également refuser. L'un de tes hommes peut transpercer ton cœur et prendre ta place. Bien sûr, tu devras alors venir avec moi.

Will Turner fronce les sourcils.

-Je ne crois pas. Je peux encore les aider n'est-ce-pas ? Elizabeth, Jack et le Pearl ? Dans ce cas, comment leur refuser mon assistance ? Non madame, je dois vous demander de quitter le pont de mon navire, à moins que vous ne souhaitiez vous joindre à nous pour la bataille à venir.

-Je ne le puis. Retourne te battre, William. Nous nous reverrons bien assez tôt. Après tout, ne travaille-tu pas pour moi désormais ?

Elle se dresse sur la pointe des pieds pour embrasser le front de Will Turner et poser sa main sur la plaie à sa poitrine qui se referme, ne laissant qu'une cicatrice. A nouveau, le Hollandais s'élance vers la surface. La clameur des combats reprend puis s'apaise, définitivement et les navires s'éloignent.

Il ne reste en ces lieux que Destiny et Calypso, présente dans chaque vague tranquille à la surface de l'océan et dans un tourbillon, invisible désormais à la surface, qui continue de s'enfoncer entraînant toujours plus profond l'âme hurlante de Davy Jones.

Voilà, songe Destiny en tournant une nouvelle page. La mer a repris ses droits. Déjà, des vaisseaux s'abîment de l'autre côté du monde et des marins prient pour une destinée plus clémente que la mord froide qui les attend. Nul Dieu ne répondra à leurs prières, Calypso n'a aucune pitié et Death est trop consciencieuse pour les épargner. Le Hollandais peut seul leur offrir une alternative. Seulement, il n'avait jamais été prévu que cette alternative soit proposée par un cœur froid et des lèvres glacées. Will Turner tend une main compatissante, son père derrière lui à la barre.

Destiny hoche la tête, satisfait. Le regard plongé dans son livre, il reprend sa marche. D'autres destinées s'écrivent déjà dans son livre, d'autres chemins se créent dans le labyrinthe de son domaine.

Bien loin de lui déjà, Will Turner pose son regard sur l'horizon, ignorant ce que lui réserve le destin, ignorant d'en être l'instrument.


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