Nouvelles d'Overwatch

Chapitre 29 : Coup d'Envoi (1 sur 5)

2220 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/06/2019 16:20

*Durant la Crise des Omniums*


Gabriel pressa la gâchette de son fusil à pompe et la tête de l’omnic voler en éclat. Dans un même mouvement, il se cacha derrière une armoire et rechargea son arme. Puis, il attendit.


Le vent soufflait non loin, agitant la fenêtre à moitié ouverte. Un rat courrait sur la table de la salle, grappillant quelques miettes de pains. Mais le bruit le plus audible venait du co-équipier de Gabriel, dont la respiration trahissait la nervosité.


- Capitaine, on devrait…commença-t-il à murmurer.


Mais ce dernier le fit taire d’un geste impérieux. Maintenant était le temps du silence, leur meilleure protection.


Puis Gabriel l’entendit. Le caoutchouc qui se colle à la pierre, dans un bruit, normalement presque imperceptible. Mais pour le jeune capitaine américain, c’était comme un hurlement.


Poc. Poc. Poc. Une sueur froide coula dans son dos. A côté, la respiration de son binôme devenait encore plus forte. Bon sang, cet idiot allait les faire repérer…


Poc. Puis plus rien. Gabriel n’hésita qu’une seconde. Il sortit de son couvert, pointa son arme vers le plafond et tira. La détonation retentit, puis quelque chose tomba au sol.


- Foutus craztoast, murmura Gabriel.


Désormais, ce n’était plus qu’un amas de caoutchouc, de métal et de plastique. Une seconde plus tôt, il s’agissait d’un Traqueur omnic. Petits, à la forme vaguement humanoïde, ces maudites bestioles étaient capables de compacter ou d’étendre la masse gélatineuse qui leur servait de corps. Ajoutez à cela une capacité à s’accrocher partout, à sauter sur une hauteur raisonnable et une carabine avec silencieux intégré.

Ces saloperies étaient la plaie des combats urbains. Leur tactique la plus courante consistait à s’accrocher au plafond et à attaquer d’en haut. Mais ils pouvaient être beaucoup plus fourbe. Il y a quatre mois, un Traqueur caché dans un frigo avait tué trois soldats avant de se faire repérer.


A côté, le premier omnic tué par Gabriel était bien plus basique. Un simple corps humanoïde, fait de fibres et de métaux bon marchés. Avant la guerre, il s’agissait d’ouvriers. Aujourd’hui, les omniums avaient remplacé un de leurs bras par un fusil et envoyé ces « ouvriers » tuer les civils des zones sous leur contrôle ou servir de troupes d’appoints. Désormais, on les appelait les « Nettoyeurs ». Ou « Exterminateur », si on voulait donner dans le dramatique.


Gabriel se tourna vers son binôme.


- Quand je reste immobile, tu restes immobile, lui dit-il dans un murmure glacial. Quand je me tais, tu deviens aussi muet qu’une tombe.


L’homme, un jeune soldat nommé Cody, déglutit.


- Bien capitaine, réussit-il néanmoins à murmurer.


Ce type illustrait une vieille demande de Gabriel : ne faire entrer dans son unité que des soldats ayant une expérience du combat. Mais non. La hiérarchie persistait dans ses vieilles méthodes. Il suffisait qu’une recrue se montre « à haut potentiel », soit entrainé une année environ et hop ! On la jugeait digne d’entrer dans un commando d’élite.

Alors certes, Cody savait bien tirer. Il connaissait les manœuvres par cœurs et pouvait engloutir des kilomètres en marches forcés, avant de se battre pendant plusieurs heures.

Mais il lui manquait des tripes. Ce sang froid que l’on acquière uniquement après avoir affronté la mort. Le genre de truc qui permettait de rester immobiles comme une statue, car vous saviez que, dehors, des prédateurs vous cherchaient.


Sans rien ajouter, Gabriel se remit à avancer, Cody juste derrière lui. Il grimpa un petit escalier jusque à côté de la salle à manger. A l’étage, il se cala contre une porte et écouta. Rien. Il ouvrit précautionneusement, dévoilant une coquette chambre d’adultes, avec un beau lit double en vieux bois. Une pointe de jalousie traversa Gabriel. Il y avait là plus d’espace que dans tout l’appartement où il avait grandi. Enfin, pas comme si ça avait de l’importance aujourd’hui…


Il s’accroupit, entendit Cody faire de même et avança prêt d’une fenêtre. Doucement, silencieusement, il posa son fusil par terre. Puis, Gabriel sortie une petite longue vue.


De cette fenêtre, il pouvait voir l’ensemble de la ferme. Cette dernière n’était pas le genre « petit endroit bucolique » des dessins animés ou de la pub pour nourriture. Non. C’était une ferme industrielle, grande, massive, encombrés d’entrepôts, de résidences secondaires, de batterie d’élevage industriel (Gabriel plaignait les commandos ayant dû avancer par ce côté-là) et de réservoirs. L’endroit tenait plus du petit village que du cadre de carte postale. Enfin, maintenant, il tenait surtout de la zone de guerre.


- Capitaine Reyes, statu, demanda quelqu’un dans son oreillette.


La voix de l’individu semblait étouffée, comme si la personne portait un masque.


- En approche de l’objectif, murmura celui-ci.


- Serez-vous capable de le détruire à temps ?


- Occupez-vous de votre travail et laissez-moi faire le miens, répondit Gabriel avec hargne.


- Dépêchez-vous alors. Contact dans sept minutes.


Ces officiers de l’Air Force étaient des plaies, toujours à se croire meilleur que vous. Gabriel n’y pouvait rien si la mission prenait du retard. Une compagnie d’infanterie devait lancer une attaque de diversion pendant que son commando infiltrait la ferme. Normalement, ladite compagnie aurait dû occuper les omnics pendant six heures. Mais les conscrits qui la composaient en avait à peine tenu deux, avant de piteusement battre en retraite. Ça voulait dire plus d’omnics pour Gabriel et son commando. Et donc forcément, une progression plus lente.


Leur mission était de détruire un générateur de bouclier, planqué en plein milieu de la ferme. Ce truc protégeait toute une batterie d’artillerie, située un peu plus loin. Ces canons, c’était à un escadron de bombardier de s’en occuper. Le même escadron dont le chef venait de parler à Gabriel.


Toute la subtilité, c’est que Gabriel et son commando devaient détruire le générateur quasiment au même moment que l’attaque de l’escadron (« quasiment » étant, à cette échelle, une grosse poignée d’heures). Car si le générateur pétait trop tôt, les omnics reculeraient leurs canons pour les mettre à l’abris. Mais chaque seconde où il était encore intact obligeait les bombardiers à s’exposer. Et les omnics possédaient tout un tas de canons antiaériens.


Enfin, tout cela n’aurait bientôt plus d’importance. Car en dépit de l’incompétence de ses alliés, Gabriel était arrivé à temps. De cette fenêtre, il pouvait voir le générateur : quatre gros rectangles métalliques, reliés entre eux par des fils bleutés et qui dégageait un doux vrombissement. Le reste de son commando était tout autour, prêt à attaquer de tous les côtés à la fois. Ils leur suffisaient d’éliminer les gardes et l’affaire serait pliée. Gabriel repéra une poignée de Nettoyeurs, en train de trainer des cadavres vers une fosse. Pas un problème. Un Traqueur se cachait entre deux citernes à lait. Pas un problème non plus. Et il y avait un…


- Merde, jura Gabriel.


- Capitaine ? demanda Cody.


- Bastion, répondit l’officier.


L’infanterie de choc ennemi. Ou de défense. Les bastions étaient des omnics humanoïdes armés d’un fusil d’assaut au bras et d’une mitrailleuse dans le dos. Ils pouvaient se déployer à l’horizontale, en « mode tourelle », pour utiliser leur plus grosse arme. Comme celui que voyait Gabriel.

Cette maudite machine s’était particulièrement bien placée. Juste sur le toit d’un petit local, à deux mètres du générateur. De là, il avait une vue absolument dégagée sur tous les environs. Impossible d’approcher de la cible sans qu’il vous remarque.


Autant dire échec et mat. Le commando de Gabriel ne possédait rien capable de détruire ce monstre. Les bastions étaient blindés et capable de s’autoréparer. Même une grenade ne suffirait pas à le mettre hors d’état. Il encaisserait et se réparerait.

Un tir de fusil à pompe dans la tête aurait pu le détruire. Mais cela voudrait dire s’approcher. Et il n’y avait aucune cachette sur le chemin du Bastion. Ce dernier pourrait les tuer dix fois avant qu’un fusil à pompe n’arrive à porter.

Une autre technique s’appelait « feu continu ». Il s’agissait tout simplement de concentrer un feu d’arme légère sur le Bastion, de préférence à un endroit clés. En théorie, avec cette tactique, n’importe quelle unité pouvait détruire un Bastion. En pratique, il fallait une discipline de malade. Et, surtout, ne pas mourir pendant que l’omnic répliquait. Or, en l’absence de couvert à courte portée, le Bastion pourrait massacrer tout le commando avant que le « feu continu » fonctionne.


Bon sang, c’est pour ça qu’il y avait un assaut de diversion ! Pour que les unités lourdes, comme ce Bastion, soit plus loin à se battre et pas ici à protéger un objectif stratégique ! Les commandos étaient rapides et discrets. Des maîtres de l’attaque surprise et de l’embuscade. Mais ils manquaient de puissance de feux. Détruire des Bastions n’était pas leur rôle !


Ni leur objectif d’ailleurs, se rappela Gabriel. Il serra les dents, avant de ranger sa longue-vue. Puis, il activa son oreillette.


- Lancez une frappe sur le générateur quand il sera désactivé, dit-il à l’officier de l’Air Force.


- Ce sera fait, répondit l’intéressé. Dès que vous l’aurez mis hors service.


Son ton laissait clairement entendre qu’il en estimait Gabriel incapable. Mais ce dernier était trop concentré pour relever l’insulte.

Cody et lui redescendirent précautionneusement au rez-de-chaussée. Tout en se faisant, Gabriel écoutait les rapports du reste de son commando. Une poignée de soldats étaient retardés par quelques omnics. Mais la majorité avait achevé d’encercler le générateur. Le capitaine ordonna à quelques-uns d’attaquer les Nettoyeurs.


Gabriel se trouvait maintenant caché derrière un gros tracteur, Cody juste à côté de lui. De là, ils étaient encore cachés du Bastion. Après, il n’y avait plus qu’un terrain dégagé. Gabriel sortit une grenade et attendit.


Non loin, quelques détonations se faisait entendre, tandis que ses troupes affrontaient les Nettoyeurs. Mais elles furent bien vite recouvertes par un bruit de moteur, venant du ciel. Gabriel leva les yeux et vit l’escadron de bombardier, grossissant de seconde en seconde. Non loin, le vrombissement venant du générateur augmenta subitement. Une semi-sphère transparente apparut alors, les isolants du ciel.


- Une minute avant contact, informa l’officier de l’Air Force. Vous nous le détruisez ce générateur, oui ou non ?!


Gabriel l’ignora. A la place, il activa le canal de son commando :


- Jaime, attaquez le bastion, ordonna-t-il.


Il y eut un court silence.


- Demande confirmation de l’ordre, demanda une voix masculine, probablement Jaime.


- Attaquez le bastion, répéta Gabriel.


Nouveau silence.


- Affirmatif, déclara finalement Jaime.


Une détonation retentit alors, à l’exact opposé de l’endroit où se trouvait Gabriel. Celui-ci sortie alors de son couvert et se mit à courir vers le générateur.


Il entendit le bruit que faisait des balles en ricochant sur le métal. Et vit le Bastion, qui lui tournait son « dos », tirer de sa mitrailleuse lourde. Un bref cri de souffrance retentit. Puis, le Bastion se retourna.


Gabriel dégoupilla la grenade avec ces dents, la lança, puis se jeta au sol. Il ne vit donc pas son projectile tomber sur plusieurs des câbles du générateur. Ces derniers furent sectionnés par l’explosion, tandis que les rectangles métalliques recevaient plusieurs éclats.


La demi-sphère dans le ciel disparut soudainement. Un bombardier tira alors un missile, qui fila droit vers le générateur. Gabriel l’aurait entendu siffler, s’ils n’avaient plaqué ses mains contre les oreilles.


Cet artifice ne l’empêcha pas d’entendre l’explosion. Encore moins d’en ressentir son souffle brulant. Le capitaine pria pour qu’il n’y ait pas d’éclat de métal. Que ce soit la chance, ou une réponse à ses prières, il n’y en eut pas.


Lorsque Gabriel se releva, Bastion, local et générateur étaient réduit à l’état de débris informe, tous pulvérisé par le missile. Il avait réussi. Mission accomplit.


- Jaime, statu, demanda-t-il en activant son oreillette.


Seul le silence lui répondit.


Laisser un commentaire ?