Nouvelles d'Overwatch
Chapitre 27 : Gardien de Paix (3 sur 4)
2693 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 23/02/2019 14:18
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- Je voudrais faire du jeu de rôle ce soir, déclara Amélie.
- Oh. Et quels rôles pour qui ?
Ils avaient passé le reste de la soirée à parcourir un quartier du Cap, admirant le vieux style colonial des bâtiments, passant une demi-heure dans une boite de nuit et achetant leur dîner auprès d’un vendeur de rue. Finalement, ils étaient rentrés à la résidence prêtée par Overwatch en utilisant une voiture.
- Toi tu es le pauvre esclave enchaîné et moi je suis la belle aventurière qui vient te libérer.
- Hum hum. Tu veux que je mette un costume ?
- Non, pas besoin de costume. Par contre, tu n’auras pas besoin de ça.
Elle lui retira gentiment sa veste.
- Et il faut que tu sois attaché.
Un sourire au lèvre, Gérard se cala contre le lit et se laissa attacher dessus.
- Moi je voudrais que tu mettes un costume, dit-il.
- Oh...d’accord. Voyons voir ce que tu as…
Un téléphone se mit à sonner. Les deux perdirent leur sourire immédiatement.
Gérard avait trois téléphones. Un pour sa famille et ses amis et un autre pour son travail. Ces deux-là étaient actuellement éteints. Le troisième était réservé aux urgences. Il était toujours allumé.
Sans dire un mot, Amélie le détacha rapidement. Elle ne se plaignit pas et garda une expression neutre. Gérard l’avait prévenu de à quoi elle devait s’attendre en l’épousant. Et elle l’avait accepté.
Une fois les mains libres, Gérard saisit le téléphone. Et il écouta.
- Préparez mon armure, ordonna-t-il finalement.
Cette fois, Amélie ne put retenir un petit cri de surprise.
- Tu avais dit...commença-t-elle.
- Sauf imprévu, répondit Gérard, tout en remettant sa chemise. Mais je crains qu'à Overwatch, l’imprévu soit la norme.
***
- Si c’était pas ce bouclier, je t’aurais déjà tué trois fois, lâche ! cria Gabriel vers Jerry.
La première réponse qu’il reçut fut un tir de laser sur le wagonnet derrière lequel il se cachait une seconde plus tôt. Qui fut à moitié désintégré par l’impact. Dommage, Gabriel l’aimait bien ce wagonnet. Ou pas.
- Évidemment, c’est moi le méchant de l’histoire, dit ensuite Jerry.
Cette petite diversion avait permis aux deux autres agents de BlackWatch de s’approcher un peu plus de la porte, la vrai cette fois. Dès qu’ils y seront, ils pourront affronter le problème qu’était le fait qu’elle soit verrouillée et qu’une douzaine de Protecteurs devaient être positionné derrière.
- Y’a toute une compagnie qui est morte par ta faute et tu vends des armes à des terroristes. Mais ouai, à part ça tu es un petit saint.
- Les gradés m’avaient demandé de tuer sept bastions à moi tout seul dans une position tenue par l’ennemi. C’était une putain de mission suicide qui aurait rien changé. Pour ça que j’ai déserté !
Cette fois ce fut un tas de cailloux qui disparut. Gabriel n’avait jamais aimé les cailloux. Toujours à vous pourrir le dos et les fesses quand vous essayez de dormir dehors.
Il se cacha près d’un vieux générateur. Qui semblait avoir encore un peu de jus… Un sourire au lèvre, Gabriel sortit un petit dispositif d’une de ses poches et le colla contre la machine.
- Et le fait que l’armée est menée des expériences illégales sur nous ça personne n’en parle, hein ?! cria Jerry en s’approchant. Non ! Mais pour raconter comment toi et Morrison avaient “sauvé le monde” sur un coup de chance, ça y en a du monde !
Lorsqu'il fut près du générateur, Gabriel appuya sur un presse bouton. Le dispositif qu’il avait installé surchargea la vieille machine et plusieurs courant électriques furent attirés vers l’armure de Jerry. Celui-ci cria de douleur tandis que son équipement surchargeait.
Profitant de l’occasion, Gabriel dégaina ses armes et tira. Mais Jerry s’était déjà jeté à terre. Tout comme Gabriel, ses améliorations génétiques lui donnaient une vitesse surhumaine.
Mais cela ne découragea pas Gabriel, qui continua à attaquer encore et encore. Chacun de ses tirs se rapprochaient un peu plus de sa cible. Ce n’était qu’une question de seconde avant qu’il arrive à l’aligner. Et alors, ce…
- Aie ! cria Gabriel tandis qu’une balle l’atteignait à la hanche, heureusement dévié par son gilet.
Sur sa gauche, une membre des Protecteurs venait de tirer une rafale dans sa direction. Trois autres approchaient.
Étouffant un juron, Gabriel dû partir dans la direction opposée, renonçant à sa traque de Jerry.
Et comme une mauvaise nouvelle n’arrivait jamais seule, il reçut alors un message de son sniper.
- Plusieurs Protecteurs se sont lancé à ma poursuite, dit-il. Je n’arrive pas à porter la prisonnière et à maintenir la distance.
- Alors abandonnes la et sort de ces foutues mines ! Et appelle du renfort dès que tu seras à l’extérieur !
Ils avaient tenté de contacter la base d’Overwatch peu après le début de la fusillade, seulement pour se rendre compte que les Protecteurs utilisait un brouilleur.
- A vos ordres commandant.
Cela voulait dire que les Protecteurs allaient récupérer Nneka. Génial ! C’était vraiment une mission de…
- Installations des charges en cours, dit le spécialiste en explosif en voyant Gabriel arrivé. Ça ne devrait pas prendre beaucoup de temps.
Quelques petits blocs avaient déjà été installé sur la lourde portes blindés, tandis que le médecin de terrain faisait des tirs de saturations pour garder l’ennemis à distance.
- T’en as mis assez pour écarter le comité d'accueil derrière ? demanda Gabriel.
- Eeeh...non, commandant. Je…
- Vais y remédier de suite ! Allez dépêches !
Tandis que son agent se remettait au travail, Gabriel tira vers un Protecteur qui s’approchait un peu trop près. Il rata, mais le terroriste recula néanmoins.
Un rayon d’énergie coupa en deux le rocher derrière lequel Gabriel s’abritait une seconde plus tôt. Jerry avait réussi à faire redémarrer son équipement.
- Dépêches ! hurla Gabriel au spécialiste.
- C’est presque… Aaaaaah!
Un rayon venait de l'atteindre en plein torse, n’y laissant qu’un trou fumant.
Étouffant un juron, Gabriel se jeta au sol et attrapa le détonateur de feu son agent.
- Prépares toi, doc ! On évitera pas le comité d'accueil !
Puis il appuya.
Il y eut un “boum !” près de la porte, suivit d’un “siiiiiiink” alors qu’elle s’effondrait lentement. Gabriel se releva et rentra en plein dedans, transformant la chute lente en une chute instantanée. La lourde porte de métal produisit un épais nuage de poussière en s’effondrant.
Cela tombait bien, car il y avait une demi-douzaine de Protecteur juste derrière la porte, qui se mirent aussitôt à tirer dès que celle-ci tomba. La poussière les empêcha de viser. Mais ils utilisaient des armes automatiques. Gabriel sentis une balle l'atteindre à la jambe, une autre au bras, au torse, à l’autre jambe…
Il cessa de s’en préoccuper, cessa de penser à la douleur, pour juste foncer et tirer. Il devait se barrer d’ici ou il mourrait. Rien d’autre ne comptait.
Un Protecteur s’effondra, suivit d’un autre, créant une ouverture par lequel Gabriel et le médecin de terrain s’engouffrèrent. Courir, il devait courir. La douleur, c’était juste dans la tête.
En grognant, Gabriel s’effondra. Ses jambes n’étaient pas protégées par un gilet pare-balle et avaient été davantage touchés. Elles ne pouvaient plus supporter son poids. Ses améliorations génétiques les soigneraient...dans quelques heures. Trop tard quoi.
Le médecin s'arrêta soudainement.
- Qu’est-ce que t’attends ? demanda Gabriel. Le dégel ?! Allez, cours !
- Pas sans vous, commandant, dit l’autre en revenant de quelques pas.
- Tu les distancera pas en me portant…gnaaaa.
Gabriel se cala contre un mur (d’où ces très élégants grognements) et pointa ses pistolets vers leurs poursuivants.
- Va y, c’est un ordre.
Son agent sorti alors un pack d’explosif, qu’il posa contre une section du tunnel.
- Je l’ai récupéré sur notre camarade mort pendant que vous faisiez sauter ses charges. Ça va nous donner un peu de temps.
Il recula un peu, avant d’activer le presse bouton. La section du tunnel s’effondra, créant un petit éboulement qui bloquait le passage.
- Ah ah...bien joué mon gars, dit Gabriel entre deux grognements de douleur.
Il savait cependant que ce n’était que partie remise. Jerry et les Protecteurs allaient les contourner. Sans compter que d’autres forces devaient bloquer la sortie.
Au moins, ça laissait au médecin un peu de temps pour regarder l’état de ses jambes.
- Aoutch, dit son agent en regardant les blessures.
- Et en anglais, ça veut dire quoi aoutch ?
- Un os est touché. Les nanites du docteur Ziegler ne suffiront pas, même aidé par votre métabolisme. Il faut que j’enlève la balle pour les laisser agir.
- Et ça va prendre du temps ?
- Oui.
- Alors dépêches !
Le médecin lui injecta un anti-douleur, du genre ultra-costaud, quelques nanites pour commencer le travail sur d’autres plaies et se mit à l’œuvre.
C’était particulièrement stressant, surtout qu’il y avait des bruit autours. Les Protecteurs qui se demandaient comment passer. D’autres qui couraient dans toutes les directions. Jerry tira même une fois au rayon à travers l’éboulement mais ça ne fit que faire tomber davantage de rocher, mettant fin aux tentatives du déserteur. Heureusement, Gabriel et son agent s’était largement écarté avant de commencer l’opération.
Sauf que les bruits de pas se rapprochaient. Ils devenaient de plus en plus audibles.
- Encore combien de temps, doc ? demanda Gabriel, la voix rendu un peu pâteuse par l’anti-douleur.
- Je n’en suis qu'à la moitié.
- On n’aura pas la moitié…
Clang, clang. Les bruits de pas se rapprochaient. Ils avaient une consonance métallique. C’était bizarre.
- Ils seront sur nous dans quelques secondes ! s’exclama Gabriel. Lâche ces machins et prend ton arme !
- Ya commandant, répondit l’agent en s’exécutant.
Gabriel fit de même, saisissant ses pistolets tout en espérant que l'anesthésiant n’avait pas diminué sa visée.
Une silhouette déboula à toute vitesse près de leur couloir, avant de s’arrêter brusquement, faisant sursauter le médecin de terrain.
Gabriel êtait fier de son agent, car malgré la surprise, malgré la pression, malgré la situation, il ne gaspilla pas de munition en tirant. Il faut dire que les deux logos d’Overwatch peint sur l’armure de Gérard donnaient une indication très claire de son camp.
- Lieutenant Lacroix ?! s’exclama Gabriel.
- Au rapport, commandant. Il y a une douzaine d’hostile en approche de votre position et qui m’ont repéré. Je pense pouvoir les contenir.
- Comment diable êtes-vous arrivé ici ? Et reprend le travail toi ! poursuit-il vers le médecin.
- Par les tunnels, commandant, répondit Gérard, tandis que le médecin se remettait à ses soins.
- Ah ah. Vous vous croyez drôle, lieutenant ?!
- Très, commandant. D’ailleurs, est-ce toujours comme ça que BlackWatch “prend les choses en mains” ?
Gabriel lança un regard noir à Gérard, avant d’éclater de rire. Sous son casque, Gérard souriait. Il savait, de réputation, que le commandant Reyes respectait l’humour et le culot.
- Je vous aime bien, lieutenant. Mais sérieusement, comment saviez-vous que nous étions là ? C’était une opération secrète.
- J’ai une équipe qui surveille cette basse en permanence. Ils m’ont prévenu dès qu’ils ont détecté la fusillade. Comme vous m’aviez dit quelques heures plus tôt que vous “preniez les choses en mains”, il était facile de déduire que c’était vous. Et le fait que deux de vos agents aient été tué m’a fait penser que vous apprécieriez un peu d’aide.
- Attendez...vous connaissiez l'existence de cette base ? Mais pourquoi n’avez-vous pas déjà détruit les Protecteurs !
- Ça n’aurait pas servi ma mission.
- Donc détruire les Protecteurs n’aurait pas servi votre mission… qui est de détruire les Protecteurs ?! Et moi qui disiez bien vous aimez.
Gérard tourna la tête vers le tunnel dont il venait d’arriver. Il n’y avait toujours aucun bruit et, surtout, il ne sentait aucune impulsion. Ils avaient encore quelques minutes avant de devoir combattre.
Il se mit à genoux à côté de Reyes.
- Puis-je ? dit-il vers le médecin de terrain, en faisant mine de prendre sa tablette de donnée.
- Bien sûr, lieutenant, répondit l’agent.
Gérard retira un gantelet de son armure, saisit la tablette du médecin, puis tapota un peu dessus. Cela diffusa une vidéo qu’il montra ensuite à Reyes.
On y voyait une dizaine de soldats en uniformes, les mêmes de ceux de la base attaquée la veille. Ils étaient dans un petit village de maisons préfabriqués. Les soldats sortaient de force les habitants des maisons, rudoyant et frappant les habitants. Dès qu’un résistait, ils tiraient, tuant sur le coup des civils désarmés. Lorsqu’ils eurent fini leur mission, seul une demi-douzaine de cadavres restaient dans le village.
- Expulsions illégales menés par les Défenseurs des Terres, expliqua Gérard en remettant son gantelet. C’est en représailles que les Protecteurs ont attaqué une de leurs bases.
Après tout ils ne s’appelaient pas “Protecteur du Peuple” pour rien. Même si leurs actes de protections incluaient des attentats à la bombe contre des civils qui ne faisait pas partie de leur peuple.
- Milices d’amateurs, marmonna Gabriel. Mais les Protecteurs ont fait pire.
- Oui. Mais les neutraliser n’auraient fait qu’exposer leur peuple à la violence des Défenseurs, ces derniers devenus encore plus violent sachant leur ennemi vaincu. Le mouvement des Protecteurs n’aurait pas tardé à se reconstituer, encore plus radicalisé qu’avant. Pour les détruire définitivement, il faut s’assurer que les Défenseurs soient aussi neutralisés.
- C’est pour ça que vous perdiez autant de temps ?
- Oui.
- Magnifique démonstration, lieutenant. Bon et dans un registre plus concret, j’assume que vous n’êtes pas venu seul ?
- Il y a une cinquantaine d’agents autours de la base, prêt à attaquer à mon signal. Mais aucun d’eux n’a les accréditations nécessaires pour connaître l'existence de BlackWatch. Et comme je vous l’ai dit, j’aimerais éviter de détruire les Protecteurs.
- Ouai...dommage qu’ils ne partagent pas se sentiment… Aaaah !
Le médecin venait de commencer à extraire la balle, ce qui coupa court à toute conversation. Gérard se mit en position plus loin dans le tunnel. Deux minutes plus tard et il sentit une série de micro-impulsion lui picoter le bras.
- Hostiles en approche, dit-il vers les deux membres de BlackWatch.
- Je ne dois surtout pas être interrompu ! prévient le médecin, sans quitter la jambe des yeux.
- Ça devrait être possible, répondit Gérard.