Nouvelles d'Overwatch
Chapitre 20 : Outils de Paix (1 sur 2)
3078 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 12/02/2019 20:54
*Avant la Crise Omnic*
Il faisait chaud. Très chaud même. Le Moyen-Orient, c’était un tout autre climat que le Canada, pays d’origine du majors Presley.
Randy Presley, 26 ans avaient fini ses études d’ingénieur il y a trois ans. Un bel avenir l’attendait dans une compagnie de construction, où il aurait un beau salaire de cinq milles dollars canadiens par mois. Mais ce projet avait été retardé.
L’armée canadienne devait fournir un contingent de casque bleu à l’ONU pour une force d’interposition. Randy avait mis tous ses projets de côté pour s’engager. Les images des conflits en cours l’avaient marqué. Il voulait aider, faire une différence.
Et même si ça voulait dire vivre au milieu d’un désert brûlant, dans un bâtiment préfabriqué à la climatisation insuffisante. Au moins il était utile.
Ce jour-là, Randy jouait aux cartes en buvant une boisson glacée. Quand soudain des bruits de moteurs se firent entendre. Il releva la tête vers les dunes qui entourait la petite base. Un convoi de camions s’approchait. Bizarre, le ravitaillement ne devait arriver que dans deux jours…
- Continuez la partie sans moi, dit-il à ses camarades de jeu tout en posant ses cartes.
Il avança vers une des tours de guet de la base qu’il grimpait rapidement.
- Qu’est-ce qu’on a soldat ? demanda-t-il à la sentinelle.
- Je sais pas, major, répondit la soldate, tout en regardant le convois de ses lunettes. Ce sont des véhicules militaires standard mais ils n’ont pas de marquage.
- Ici le major Presley, dit Randy en sortant son communicateur. Que toute la base passe en état d'alerte. Ce n’est pas un exercice.
Puis, il se saisit d’un mégaphone.
- Convois non-identifié, cria-t-il vers les véhicules. Veuillez cesser d’avancer et identifier vous !
Les véhicules continuaient leur route à pleine vitesse, en plein vers la porte de la base. Merde !
Les règles d’attaques des casques bleus étaient parmi les plus strictes au monde. Ils étaient censés être une force neutre, qui ne prenait pas partie. Or, il suffisait d’un mort, d’une escarmouche qui dégénère, pour que ce statut soit remis en cause. Les factions en guerre cessaient de leur faire confiance et tout le processus de paix s’effondrait.
Presley aurait pu ordonner à ces forces de tirer. Mais en tant que casque bleu, il ne voulait pas le faire. Le problème était que les camions se rapprochaient de plus en plus. Dans une minute à peine, ils seraient aux portes.
- Convois inconnu, cessez votre avance maintenant ! cria-t-il de nouveau.
Aucun changement.
- C’est mon dernier avertissement, arrêtez-vous ou nous ouvrirons le feu !
Ils étaient maintenant à une centaine de mètre à peine.
- Tours 3 à 6, dit Presley à son communicateur, tirez sur le convoi. Visez les roues en priorités !
La moitié de leur tour étaient équipés de mitrailleuses légères et les soldats portaient des fusils d’assauts. Mais ils tiraient sur de solides véhicules militaires, disposant de pneus blindés. Leur attaque ne fit que ralentir le convoi.
La porte fut défoncée par le véhicule de tête, tandis que le camion continuait sa course vers un baraquement. Il fut finalement arrêté par un renforcement en béton, à trois mètres du bâtiment.
Puis il explosa.
Presley en avait les yeux écarquillés d’horreur. Le camion devait être bourré d’explosif car le baraquement entier venait d’être réduit en cendre. Il y avait plusieurs dizaines de soldats à l’intérieur…
Une autre explosion retentit et Randy se sentis aspiré vers le sol. Le temps sembla s’arrêter tandis qu’il contemplait le sol de sable vers lequel il se dirigeait. Sable qui se retrouva bientôt dans sa bouche et ses oreilles.
Un horrible bourdonnement résonnait dans sa tête. Il entendit une autre explosion, beaucoup plus proche de lui. Le bruit était horrible, résonnant dans ses oreilles et les assourdissant. Le major se mit lentement à genoux, hurlant tout en se tenant les oreilles de ses deux mains. Tout son corps n’était plus que souffrance.
Lorsqu'il fut de nouveau capable de regarder autours lui, la base, sa base, n’était plus qu’une ruine fumante.
***
- Bienvenu monsieur Lindholm, dit le vigil avec un air souriant.
- Jour, répondit Torbjörn sans s’arrêter.
Le vigil était quelqu’un de très poli et exceptionnellement souriant. Pas lui.
Il avança à travers les hangars et ateliers de la Guilde des Cuirassés, jusqu'à atteindre son lieu de travail.
- Une attaque à la voiture suicide tue 73 casques bleu canadien, disait une voix féminine non loin. Le Canada annonce le retrait de son contingent, d’autres pays envisage de les imiter…
La voix s'arrêta quand Torbjörn appuya sur le bouton off de la radio, faisant se retourner un technicien non loin.
- Au travail, on reste concentré, lui dit l’ingénieur. Les infos, on les écoute quand le boulot est fini !
Il entendit un bruit de pas derrière lui et un snap de bouton.
- ...a déclaré le ministre de la défense canadienne, reprit la radio. Sandie Tayla, la PDG d’Omnica Corporation, a aussi fait une déclaration.
- Arrête de te montrer désagréable juste pour être désagréable Torby, dit l’individu qui avait rallumé la radio, un beau jeune homme aux cheveux blond et aux yeux bleu. Notre ami technicien peut très bien écouter et fournir un travail efficace.
- J’en suis pas si sûr Sven, répondit Torbjörn.
- Allez, viens voir comment le titan a progressé, ça te remontera le moral.
- Mouai.
Les deux ingénieurs s’éloignèrent, Torbjörn grognant à moitié dans sa barbe imaginaire tandis que Sven souriait largement.
- ...sans erreur humaine, disait la voix de Sandie à la radio, cet incident aurait pu être évité. Sans humain sur le champ de bataille, aucun parent n’aurait à déploré la mort d’un fils ou d’une fille aujourd'hui….
Le son s’éloigna tandis que Sven et Torbjörn entrait dans le hangar. Ce dernier était immense. Le toit atteignait bien une quinzaine de mètre de haut. Mais il fallait bien cette espace pour le projet sur lequel il travaillait.
Ledit projet était un immense robot de forme humanoïde, actuellement au centre du hangar, entouré d'échafaudages. Tout autours se trouvaient des stocks de matériels, petits ateliers et bâtiments préfabriqués. Et juste devant, une large zone dégagée.
- Ah, quelle merveille ! dit Torbjörn en contemplant la machine, un large sourire apparaissant sur son visage.
- Ce sera une merveille lorsqu'il marchera Torby, lui dit Sven. En attendant, c’est juste un gros trou dans le budget de la guilde.
- Pfff ! Il va marcher, tu vas voir !
Les deux ingénieurs se mirent en route vers un poste de contrôle situé non loin.
- Je pense toujours qu’on aurait dû utiliser des stabilisateurs EFG-233, dit Sven.
- Ça aurait réduit l’efficacité de 20% ! protesta Torbjörn.
- Mais ça aurait permis au titan de marcher deux semaines plus tôt.
- Créer un chef d’œuvre prend du temps.
- Ah ah, tu es trop perfectionniste mon ami.
- Et toi pas assez !
Ils entrèrent dans le centre de contrôle, déjà remplis par des dizaines d’assistants, techniciens et autres ingénieurs de l’équipe. Les deux s'installèrent à leur poste et se mirent au travail. Il y avait de nombreuses vérifications à faire avant de lancer la séquence de test.
Deux heures plus tard et ils avaient fini. Le titan fut alors activé. Le sol trembla légèrement tandis que les immenses moteurs de la machine se mettaient en marche.
- Les stabilisateurs ne vont pas tenir...dit Sven.
- Laisse leur le temps de démarrer ! répondit Torbjörn.
Puis les tremblements cessèrent et le titan se mit en marche. C’était un pas parfait, comme un humain aurait pu le faire. Un humain de dix mètres de haut.
- Ah ah ah ! Tu vois ! s’exclama Torbjörn, tout en enthousiaste.
Il se retourna vers le reste de la salle.
- Lancer le programme de construction !
Le titan n’avait pas de pilote. C’était un drone, qui exécutait des programmes informatiques préprogrammés.
A l’activation du programme de construction, le titan se saisit de matériaux non loin et se mit à les assembler. Des outils géants sortirent de son corps et de ses mains pour travailler la matière brute et la rendre utilisable. En moins d’une heure, la charpente d’un immeuble de dix mètres était construite. Une autre heure plus tard et les murs étaient ajoutés.
- Il marche ! s’exclama Torbjörn. Il marche !
- Et bien Torby, dit Sven. Désolé d’avoir douté de toi…
- Ouai, t’aurais pas dû, répondit l’autre ingénieur, faisant rire son collègue.
Torbjörn se retourna pour observer le titan en action. Ça c’était une belle invention. Un titan était un sacré investissement, mais à la fin, il était bien plus rentable que les outils de construction habituel. Grâce à lui, fini les crises de logements. Il serait possible de construire une petite ville en quelques mois.
C’était le genre de succès qu’il cherchait. Le genre de succès qui le rendait fier.
Le reste de la journée fut passé à prévenir les dirigeants de la guilde de leur réussite, à conclure d’autres test et à concevoir des documents de présentation pour de futurs clients. Torbjörn détestait cette phase du travail et il avait demandé à être affecté sur un autre projet le plus vite possible.
- On fera au mieux, lui avait dit une cadre de la guilde.
- Ouai bha faite en sorte que ce “mieux” soit dans une semaine et pas trois mois, ok ?
- Vous savez que je ne peux rien promettre, monsieur Lindholm.
La réponse de Torbjörn fut une série de grognement perdu dans sa barbe imaginaire.
- Quand même, sacré histoire cette attaque kamikaze, lui dit Sven, alors qu’il était sur le chemin du retour.
- Mouai. Pauvres types. Mourir comme ça, c’est pas une bonne mort.
- Ça va relancer le débat sur l’intelligence artificiel en combat et le déploiement d’armée robotique, dit Sven. Si la guilde joue bien, on pourra obtenir de bon contrats.
- Pfff, donner des armes à des machines est une mauvaise idée.
- Va dire ça aux soldats morts.
- On fait tout une histoire pour quoi ? Trente types ?
- Soixante-treize.
- Bon, soixante-dix types. Lors des guerres mondiales, y’en avait cent fois plus qui mourrait chaque jour.
- Mais nous ne sommes plus aux guerres mondiales, mon ami. Nous sommes à une période de paix et de prospérité sans égale. Le peuple n’accepte plus que soixante-treize des siens puisse mourir dans un pays lointain, lors d’une guerre qui ne les intéressent pas. Pas alors qu’il y a d’autre solutions.
- Mouai. Et bah les gens sont cons.
- Peut-être, répondit Sven en rigolant. Mais dans ce cas, nous sommes obligés de faire avec.
Les deux ingénieurs se séparèrent là, Sven rentrant chez lui en voiture, tandis que Torbjörn utilisait un transport en commun. Il atteint bientôt sa résidence, une petite maison avec jardin situé dans une banlieue résidentielle.
- Comment c’est passé ta journée ? lui demanda Ingrid, sa chère et tendre épouse, lorsqu'il rentra.
- Fantastique ! Le titan a finalement fonctionné.
- Oh bravo !
- Et toi, comment ça c’est passé? Le futur mioche ne te pose pas de problème ?
Tout en parlant, Torbjörn s’était rapproché de sa femme, avait délicatement écarté les cheveux près du ventre et coller son oreille contre celui-ci. Ingrid était à un stade de grossesse avancé, au point qu’il était parfois possible d’entendre le “futur mioche”.
- Cela devient plus dur de travailler longtemps, surtout sur notre sujet actuel.
- Vous allez droit dans le mur avec cette théorie sur la fracturation hydraulique, je vous l’ai dit !
- Ce n’est pas ce que pense mes collègues, dit gentiment Ingrid.
Elle était chercheuse pour l’état. Torbjörn l’avait rencontré lors de leurs études, il y a quelques années à peine.
- Et le drone, il fait son job ?
- Ton assistant est géniale, Torby. Le travail serait dix fois plus difficile sans lui.
Pour aider sa femme dans sa grossesse, Torbjörn avait construit et programmé un drone domestique. Le genre qui allait chercher des documents ou aider Ingrid à se déplacer. C’était comme ça qu’on faisait une bonne IA : en lui donnant une seule tâche, qu’elle continuait de façon répétée. Tous ceux qui cherchait à imiter l’esprit humain était juste des idiots qui jouait avec le feu. Comme si la Terre avait besoin de plus d’humains….
- Tu as entendu ce qui est arrivé à ses pauvres soldats canadiens ?
- Pas comme si c’était possible de pas en entendre parler… A croire qu’il se passe rien d’autre sur cette planète.
- C’est surtout les conséquences politiques qui prêtent à débat. Les lois sur l'intelligences artificiels pourraient être modifiés.
- Bha, tu sais ce que j’en pense, dit Torbjörn en s’approchant de la cuisine. Bref, tu veux quelques choses pour le… Eh ! C’est quoi cette odeur ?!
Il s’approcha du four d’où émanait un délicieux fumet de tarte à la pomme.
- Tu as cuisiné, Ingrid ? Dans ton état ?
- Tu me diras comment tu trouves la tarte, j’ai essayé une recette avec de la farine de seigle.
La réponse de Torbjörn se perdit dans des grognements d’où émanait des bribes comme “devrait pas se fatiguer”, “trop dangereux”, “sérieusement irresponsable !”. Il se mit à cuisiner tandis qu’Ingrid activa la radio, avant d’aller l’aider.
- Madame Tayla, dit un présentateur. Les premiers rapports indiquent que les voitures kamikazes étaient pilotées par des intelligences artificielles. Est-ce que cela ne montre pas qu’il faudrait maintenir l’interdiction d’armes autonomes ?
- Au contraire, répondit la PDG. Cela montre la stupidité de ses interdictions. Les terroristes n’hésitent pas à utiliser des IA de combats mais nous non, juste par peur superstitieuse ? Nous nous imposons un désavantage alors que…
La suite fut coupée car Torbjörn avait changé de chaîne.
Les jours suivants, Torbjörn continua de préparer le dossier de vente du titan, tout en harcelant ses supérieurs pour être affecté à un autre projet. La grossesse d’Ingrid devenait de plus en plus handicapante, au point qu’elle avait dû cesser de travailler.
Et presque chaque jour, la presse faisait ses gros titres sur le débat qui faisait rage à l’ONU : fallait-il lever les interdictions sur les IA de combats ?
Au début du 21e siècle, alors que la technologie d’intelligence artificiel prenait son essor, de nombreux collectif de scientifique avait fait pression sur l’ONU pour réguler l’IA et, le plus important, interdire sa militarisation.
- ...mais si les soldats avaient été des robots, dit Sven. Il n’y aurait pas eu de mort. Tu peux retourner ça comme tu veux, c’est juste mathématique.
- Laisser le contrôle d’armes à des IA est trop dangereux, répondit Torbjörn. Les risques de piratages, malfonctions…
- Sont les mêmes que pour beaucoup d’autres objets ! On laisse bien les IA conduire des voitures. Et ne parlons même pas du Titan ! Tu imagines les dégâts qu’il pourrait causer si sa programmation devenait folle ?
- Mais avec des robots militaires, les dommages seraient encore plus catastrophiques ! C’est le principe des robots militaires : ils sont conçus pour faire des dégâts !
- Ça dépend de la quantité qui en est construite. Mais la principale question est de savoir si le risque vaut le coup. L’événement de la semaine dernière laisse penser que oui. Sans même parler des gains d’efficacités.
Torbjörn était à court d’argument. Aussi se contenta-t-il de grogner.
Ils semblaient que les dirigeants du monde soient d’accord avec Sven car, quelques jours plus tard, de nombreuses limitations sur les IA militaires furent levé. L’ONU autorisait désormais les pays membres à fournir leur contingent de casque bleu sous forme de robots de combats ou de drones télécommandé. D’un coup, toutes les entreprises de robotiques lancèrent des programmes de recherche et développement.
- Nous allons nous associer avec les Laboratoires SST pour développer un drone de combat terrestre, expliqua un dirigeant de la guilde à Torbjörn. Et nous te nommons chef de projet, avec Sven comme second.
- Un drone, on est d’accord ? Pas un robot ?
Un drone était piloté à distance par un humain. Un robot était entièrement autonome. Pour Torbjörn la différence était essentiel. Il ne voulait pas que les armes qu’ils créent se retrouvent pilotés par des IA.
- Oui, un drone Torbjörn promis. Crois-moi, je n’ai aucune envie de voir une foule de manifestant anti-IA venir devant la Guilde chaque jour. Omnica Corporation peut affronter ça s’ils veulent, nous non.
- C’est aussi que ce serait sacrément une mauvaise idée.
- D’un point de vue purement technique, se passer de pilotes humains coûterait moins cher et enlèverait le problème de la communication des instructions. Mais bon, les opinions publiques de beaucoup de pays ne sont pas prête à l’accepter et leurs gouvernements veulent des drones.
- Tant mieux. Allez, j’ai du travail à faire.