"Je t'attendrai"

Chapitre 20 : Chapitre vingtième,

4731 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:38

Chapitre vingtième,

 

 

Et là, elle se propulsa.

Le sol se tassa sous l’impulsion et la puissance destructrice de ses jambes, l’air compressé se relâcha soudainement, ses muscles se contractèrent, et elle se propulsa. Shado ne vit absolument rien venir. Il la vit simplement disparaître comme par magie, il vit un tourbillon d’air se former devant lui, et l’instant d’après, elle surgissait sous son nez. La rapidité de ses mouvements était telle qu’il ne parvenait pas à la fixer plus d’une fraction de seconde et lorsqu’il sentit l’avant-bras de la jeune femme venir heurter son cou, il ouvrit de grands yeux surpris et cracha. Elena l’attrapa à la gorge avec une force implacable, il fut entraîné dans les airs et sentit quelques secondes après, son corps s’écraser avec violence contre un mur qui se brisa aussitôt. C’était donc ça. Elle voulait l’emmener ailleurs. 

Il ouvrit un œil tant bien que mal, et croisa ceux d’Elena. Un frisson lui parcourut l’échine. Les vaisseaux noirs qui les parsemaient semblaient s’agiter. Ils prenaient en ampleur, remplissant petit à petit le blanc de ses yeux, et convergeaient tous vers les iris écarlates de la sabreuse dont les pupilles étaient devenues pareilles à celles d’un félin. De près, c’était encore plus impressionnant. Il n’avait jamais vu ça. Et jamais il n’aurait espéré avoir la chance de voir un tel phénomène. L’immense pouvoir débordant d’obscurité qu’elle avait en sa possession semblait incontrôlable, même pour elle, et se répercutait sur son physique, ce qui en était d’autant plus effrayant.

Shado ne parvint pas à déterminer combien de temps précisément il resta prisonnier d’Elena, entravé par sa surprise, mais aussi par la force surnaturelle de la métisse. Il la vit trancher des tas des portes, la sentit briser des dizaines de mur, tantôt avec son poing, tantôt avec le corps de Shado. Et lorsque celle-ci se débarrassa enfin de lui et qu’il dut lutter pour garder son équilibre tout freinant la glisse de ses pieds sur le sol, ils se trouvaient à l’opposé même de la pièce dans laquelle ils venaient de se battre à l’instant. Il s’agissait d’un hall entièrement vide et ponctué d’énormes piliers ronds, une pièce toute faite de marbre gris, plus petite que la première, mais qui restait très grande.

Lorsque Shado parvint à encaisser la totalité du choc, il se courba légèrement et toussa pendant quelques secondes. Il sentait encore sa poigne puissante autour de son cou. Elle ne l’avait pas manqué, la garce ! Lorsqu’il eut retrouvé son souffle et ses moyens, il essuya le filet de bave dégoulinant sur son menton et se passa une main sur son visage aux traits parfaits, loin d’être affolé. Puis, il se redressa lentement et considéra la métisse imposante et impassible qui se dressait devant lui. C’est alors qu’il fut giflé par l’effroyable énergie, la majestueuse présence, la beauté ténébreuse dont elle était pourvue. Elena avait changé. Ou plutôt, elle était redevenue celle qu’elle avait été. Elle était retournée à sa nature première de prédatrice et ce constat arracha un frisson d’excitation à Shado. Après toutes ses années... Son but était enfin exaucé. 

Il plongea son regard dans celui d’Elena et fut presque aussitôt absorbé par ses prunelles couleur sang, dans lesquelles il se noya instantanément. Il n’avait aucun mot pour décrire ce qu’il y trouvait. C’était comme un rêve éveillé. Cependant, le bretteur fut rapidement ramené à la réalité lorsqu’il la vit brandir ses deux sabres et prendre une posture offensive. Il ouvrit grand ses yeux en la voyant disparaître, et eut juste le temps de lever son arme pour contrer les siennes. Cette fois-ci, il ne se ferait pas avoir ! La violence du choc fut inouïe, une bourrasque de vent naquit, les deux longues chevelures des adversaires se soulevèrent. S’il avait hésité ne serait-ce qu’une fraction de seconde, sa tête serait déjà tombée sur le sol. 

Shado regarda Elena. Son aura, son énergie était encore plus forte depuis qu’ils s’étaient éloignés. Elle pouvait enfin se relâcher. Mais alors qu’il tentait d’analyser l’essence de son pouvoir, il sentit son talon glisser légèrement en arrière. Tout alla très vite. Il tenta de résister, en vain. Ses jambes plièrent, et il grimaça en sentant le sol s’enfoncer sous ses pieds. Elle avait pris le dessus. 

  • Tu ne peux pas gagner, lâcha-t-elle, le visage dur.

  • Ah oui ? Ricana-t-il. Omoshiroi*.

Alors, comme elle l’avait souvent fait contre lui, il usa toute sa force à dévier ses sabres d’à peine un millimètre et parvint de justesse à se soustraire à son attaque. Il bondit sur le côté et vit Elena stopper le mouvement de ses bras avant même qu’ils n’aient touché le sol. L’espace d’un instant, le bretteur fut déconcerté. Comment avait-elle pu arrêter, si rapidement, une telle offensive en plein élan ? 

Mais il se reprit rapidement et revint aussitôt à la charge. Il fit un magnifique bond en l’air en repliant ses jambes sur lui-même et brandit son sabre au-dessus de la tête d’Elena. A sa plus grande surprise, il ne la vit même pas bouger, et au lieu d’essayer d’esquiver, elle croisa ses deux lames, prête à l’accueillir. Shado ouvrit grand ses yeux, mais presque aussitôt, sa surprise se transforma en une excitation mal contenue, et un immense sourire étira ses lèvres.

La rencontre fut aussi puissante que la première, mais cette fois-ci, des deux côtés. Shado mit tout son poids sur son sabre, permettant ainsi à son corps de rester en l’air, et donnant par la même occasion bien plus de force à son attaque. Il chercha le regard d’Elena derrière ses épées, mais n’eut pas l’occasion de chercher très longtemps, car sans qu’il ne s’y attende, elle disparut. Il écarquilla ses yeux quand il la vit le contourner à une vitesse effroyable, et il la sentit dans son dos avant même qu’il ne commence à retomber au sol. Dès lors qu’elle s’approcha de lui, il fut saisi d’un frisson glacial qui parcourut son corps tout entier. Qu’est-ce que c’était... ? Elena vint se poster sur son côté droit et se pencha sur lui, jusqu’à être assez proche pour lui souffler à l’oreille :

« Shinjimae*. »

La bouche de Shado s’ouvrit de stupéfaction et il sentit avec netteté le sabre d’Elena venir taillader son dos, exactement comme il l’avait fait avec celui de la servante aux cheveux bleus. Puis, elle lui asséna un terrible coup de pied à même la plaie, et il alla s’écraser au sol un peu plus loin. Shado resta inconsciemment plus longtemps au sol. Il n’avait pas rêvé. Il avait senti l’aura ténébreuse de l’escrimeuse venir caresser son être, et il avait ressenti à cet instant précis quelque chose qu’il n’avait jamais connu. L’espace d’un instant, Shado s’était senti comme une proie, dominée par un prédateur. Et il avait eu peur. Oui, pour la première fois, il l’avait sentie, cette sensation qu’il méprisait tant : la Terreur.

Cependant, contre toute attente, le sourire qui étira les lèvres de Shado fut encore plus enthousiaste que les précédents. Sugoï*, songea-t-il en écarquillant ses yeux d’euphorie. Elena était si forte... C’était bien digne d’elle !

Sans perdre une seconde, il se releva, grimaçant de douleur et vit le regard animal d’Elena posé sur lui. Il regarda son sang couler sur le sol avec indifférence et eut un nouveau sourire.

« Tu m’as eu, concéda-t-il avec calme. Demo*... »

A ces mots, il se releva et son regard se fit bien plus déterminé. Il détailla l’apparence d’Elena. Elle était désormais pieds nus, et uniquement vêtue de son short noir et de bandages dissimulant son buste, et son dos esquinté. Il apercevait d’ici les différentes cicatrices jonchant ses mollets et la naissance de ses cuisses, ces cicatrices qu’il connaissait par cœur, ces cicatrices dont la majorité avait été causé par lui en personne. Ses pieds, ses jambes, ses mains, ses bras, et même son regard étaient ensanglantés. Son aura était d’une obscurité sans pareille, et les ténèbres rouges de son énergie semblaient prendre la forme réelle de flammes écarlates émanant de son corps. Shado essuya le liquide rougeâtre qui glissait de sa bouche. Il était vrai qu’elle était incroyable terrifiante ; il n’avait jamais vu pareil pouvoir. Et puis, ce regard... Ce regard sanguinaire... 

Mais lui aussi, il était puissant. 

Shado était un tueur né. Il était de ces personnes nées pour le meurtre, qui n’avait vocation qu’à détruire le monde autour d’eux. Dès sa plus tendre enfance, il avait développé une sorte de haine méprisante envers le monde entier, ce monde pathétique empli de faibles et de futilités. Il avait grandi en faisant le mal autour de lui, jusqu’à ce que la torture et le meurtre de sa grande sœur lui vaillent d’être exclu du village. Bien évidemment, il était revenu. Il avait tué ses parents et ses frères de ses propres mains, et avait mis son village natal en feu sans le moindre remord, avant de prendre le large, à la recherche de quelque chose qui pourrait captiver son attention plus d’une seconde. Tout ce qu’il aimait, c’était la violence. La violence et le sang. 

Il avait navigué en tuant tous ceux se trouvant sur son chemin, même – surtout – les innocents, tout en prenant soin de ne pas se faire connaître de la Marine. Il avait navigué, en prenant goût pour la manipulation et la séduction que son physique parfait lui permettait d’utiliser. Il avait navigué, tué, brûlé, violé, torturé, jusqu’à prendre en main l’équipe de Charles, pour faire passer l’ennui. Les jours, les semaines, les mois étaient passés, et la haine, la lassitude de Shado prenaient en ampleur. Pour occuper ses journées, il avait appris le maniement du sabre, une arme bien pratique pour massacrer les familles, et avaient pris du plaisir à faire souffrir ses victimes. 

Et c’était alors qu’il l’avait vue. Il se souviendrait toute sa vie de ce jour où il avait décidé d’aller piller cette petite île dont il ne savait rien, sur un pur coup de tête, car les contrats commençaient à se faire rares, et que les affaires ne marchaient pas trop. Il se souviendrait toute sa vie de ce moment où, après avoir fait débarqué la totalité de ses hommes sur place, il en avait retrouvé la moitié morte, et l’autre moitié terrorisée. Il se souviendrait toute sa vie de cet instant où, descendant de son bateau aux côtés de ses bras droits et de Charles, il l’avait vue, au sommet d’une montagne de cadavres, sabre à la main. 

Cette image avait été gravée dans sa mémoire pour le restant de son existence. A l’époque, les mots lui avaient manqué pour décrire cette incroyable présence, sombre, terrifiante et surpuissante. Son court carré de cheveux noirs bouclés et emmêlés à l’allure sauvage, cette expression à la fois sereine et féroce, ses joues tâchées de sang, et surtout : ses prunelles dorées dans lesquelles brillaient la lueur la plus animale qu’il ait eu la chance de voir. Les yeux de Shado s’étaient écarquillés comme jamais ils ne l’avaient fait. Il n’avait pas prononcé la moindre parole. Il avait juste plongé son regard dans celui de cette adolescente basanée et sanguinaire, puis s’était jeté sur elle avec un cri euphorique, l’empêchant de justesse de tuer Logan et Snaky.

Le combat avait duré des heures, des heures durant lesquelles Shado avait vécu les plus beaux instants de sa vie. Et il ne pensait pas se tromper en affirmant que malgré elle, Elena avait aimé se battre contre lui. Elle ne s’en était peut-être même pas rendu compte, mais au-delà de la rage qu’elle avait éprouvé à l’égard de sa personne, il avait vu ses yeux briller d’excitation et de surprise lorsqu’il l’avait poussée dans ses retranchements. Comme lui, elle avait enfin trouvé un adversaire contre lequel elle pouvait se battre sans retenue, même s’il s’agissait d’un monstrueux psychopathe n’ayant aucun respect pour le maniement des sabres. Comme lui, elle était née pour tuer. Comme lui, elle était un véritable monstre. Il l’avait enfin trouvée. Cette personne capable de le stimuler comme jamais il ne l’avait été, cette personne capable de lui donner un véritable combat, cette personne dont il avait sans cesse rêver. C’était ce qu’il avait pensé. Et dès lors, cette enfant d’à peine dix-sept ans à l’époque avait été l’objet d’une sorte d’obsession folle qui avait germée en lui. 

Mais tout avait changé, par la suite. En l’enrôlant dans son équipe, Elena avait commencé à prendre du recul sur la situation, et elle s’était fermée. Elle avait refusé de se battre contre lui et s’était isolée dans son propre entraînement. A chaque mission, elle revenait avec sa proie, mais elle revenait aussi plus... Plus humaine. Elle s’en voulait de faire un tel travail, même si c’était pour sauver son village et il le lisait sur sa figure. Il avait tout essayé, durant plus de deux ans, pour la faire redevenir celle qu’elle était, la poussant à bout chaque jour qui passait. Il l’avait provoquée, l’avait torturée, l’avait blessée aussi physiquement que psychologiquement, l’avait humiliée, mais rien n’y avait fait. Elle n’avait jamais cédé. 

Cependant, quand elle était revenue de son séjour chez les Mugiwara avec cette femme, Nami, Shado avait été frappé par le changement radical dans le comportement d’Elena. Ces types... Ils l’avaient transformée. En quoi ? Il ne savait pas. Mais l’animosité de ses yeux avait été remplacée par des émotions bien trop humaines à son goût : la tristesse, la culpabilité, le désir de protéger, et surtout, l’amour. La rage de Shado à ce simple constat avait été destructrice et il avait vu le monde s’écrouler autour de lui. Personne ne lui prendrait Elena. Personne.

Mais aujourd’hui, leurs vies à tous les deux prenaient un nouveau tournant. Après tant d’années passées à l’atteindre, le véritable pouvoir d’Elena était enfin révélé, et Shado ressentait à nouveau cette même décharge qui l’avait saisie lors de leur première rencontre. Elle était là, blessée, tâchée de sang, ses longs cheveux ébènes à l’allure sauvage, sabres à la main. C’était leur toute dernière confrontation, ils le savaient aussi bien l’un que l’autre. C’était un combat à mort, et il n’était pas sûr qu’un des deux puisse survivre, ils le comprenaient aussi. 

A cet instant précis, il n’y avait qu’eux deux. Shado et Elena. Et il lisait dans son regard que ses pensées prenaient exactement la même tournure que les siennes. Il s’était trompé, au final. Elena n’était pas exactement comme lui. Elle n’avait pas choisi la voix qu’elle avait emprunté, contrairement à lui. Mais lorsqu’ils se battaient l’un contre l’autre, il n’y avait plus rien autour. Le monde, les sentiments, les valeurs n’existaient plus. Il ne restait plus qu’eux deux, leur corps, leurs sabres, et leur âme. 

Le cœur de Shado se mit à battre plus fort. C’était l’ultime bataille. C’était le combat final, et il savait que ce serait la plus belle confrontation de sa vie. Il comprenait à son regard qu’Elena allait absolument tout donner pour gagner, à la fois pour protéger ceux qu’elle aimait, pour elle et son honneur. Mais il savait aussi que si elle se battait en cet instant précis, c’était également pour le plaisir de combattre au péril de sa vie, de se jeter corps et âme dans une bataille sanguinaire dont aucun ne connaissait l’issue, de tomber et de se relever malgré tout, de repousser ses limites, et aussi, de ressentir cette folle adrénaline du combat parcourir ses veines lorsqu’on voyait la fin arriver. Sur ce point là, elle était exactement comme lui. Elle avait le goût du combat.

Et ce fut pour cela que Shado décida d’être sérieux, à son tour. Il releva son regard vers elle et aussitôt, sa propre aura prit une teinte violacée, presque aussi sombre que celle d’Elena, mais d’une toute autre façon, d’une toute autre portée. Son énergie n’était pas bestiale comme celle de son adversaire, elle était plus simple, plus humaine, moins débordante, mais tout aussi menaçante.

Leurs regards se croisèrent, s’accrochèrent. Et à cet instant précis, deux sourires s’affichèrent sur leurs lèvres respectives. Carnassier et enragé pour Elena, ravi et excité pour Shado. Ils plièrent tous deux leurs jambes, prirent chacun une position d’attaque. Et là, le bretteur s’écria avec passion :

« Tout commence maintenant, Elena ! »

De son côté, Sanji était resté dans la salle principale, salle dans laquelle les centaines de mercenaires inconscients jonchaient encore le sol, salle devenue vestige de tous leurs combats. Le blond passa ses bras sous le corps d’Estel et la souleva avec précautions. Tentant de remplacer la grimace de douleur qui crispait son visage par un sourire, la jolie femme aux carré de cheveux bleus le remercia du regard, n’ayant plus la force de parler. Prenant soin de ne pas toucher son dos ensanglanté, il la déposa sur le dos de Franky et la couva du regard, ce qu’elle lui rendit. Puis, il regarda Chopper juste à côté, qui lui, avait pris une Nami évanouie dans ses bras.

« On va se rendre au bateau, déclara le médecin des Mugiwara. Je leur ai déjà attribué les premiers soins, mais là-bas, je m’occuperais bien mieux d’elles. »

Sanji lui adressa un regard entendu, avant de souffler, les yeux rivés sur les deux corps des jeunes femmes blessées :

  • Je vous les confie.

  • Tu ne viens pas ? S’enquit Franky.

  • Non. Je crois en Chopper, je sais qu’il les soignera. Mais...

Sanji jeta un coup d’œil au trou béant qui avait été creusé dans le mur d’en face, par lequel était sorti Elena. Il ne pouvait pas se résoudre à revenir au bateau sans elle.

  • Ne t’en fais pas, reprit Franky. J’ai compris. Revenez vite, et surtout, avec elle !

  • Ramenez-la-nous en bonne santé, renchérit Chopper. On compte sur vous !

Et sur ce, ils se hâtèrent de sortir par la porte principale désormais inexistante, avant de disparaître dans l’ombre du couloir. Sanji regarda de nouveau à travers le trou causé par Elena. Ce n’était pas qu’il ne croyait pas en elle et en sa force, mais il avait vu le pouvoir briller dans les yeux de Shado. En réalité, il avait confiance en elle. Il savait qu’elle ferait tout pour gagner. Mais Shado était un adversaire d’une puissance totalement différente de toutes celles qu’il avait rencontrées. Et puis, Elena éprouvait une telle colère envers sa propre personne qu’il avait plutôt peur pour ce qu’elle était capable de s’infliger. 

« Elle va gagner. »

Sorti de ses pensées, Sanji releva la tête et croisa le regard de son Capitaine, qui répéta devant ses sourcils froncés :

« Elle va gagner, coûte que coûte. » 

Sanji détailla le visage de Luffy qui se tenait à ses côtés : lisse et impassible, mais les yeux brillants d’une détermination, d’une confiance sans faille. Lui aussi, il croyait en elle. Le cuistot se passa une main dans les cheveux et jeta sa cigarette au sol. Oui, concéda-t-il intérieurement. Evidemment qu’elle allait gagner. Alors, il échangea un regard entendu avec le brun, avant de poser son regard sur le bretteur resté scotché depuis dix minutes, un peu plus loin.

Zoro n’avait pas esquissé le moindre mouvement depuis le départ d’Elena. Son unique œil était resté rivé sur le dernier endroit où il l’avait vue, et il semblait plongé dans une réflexion des plus profondes qui soient, le visage légèrement déformé par une surprise mal contenue. 

« Zoro. » Lança le cuistot.

Mais il n’obtint aucune réponse. Alors, Sanji s’avança près de lui. Les yeux fermés, d’un air naturel et serein, il vint se placer dans son dos. Et alors, sans crier gare, il lui assena une terrible gifle sur le derrière du crâne. Presque instantanément, Zoro s’ébroua, comme réveillé d’un très long sommeil.

  • Non mais ça va pas ? S’insurgea-t-il avec violence, une veine sur la tempe.

  • C’est toi qui m’a pas l’air dans ton état, rétorqua Sanji d’un ton calme et maîtrisé. Ça fait plus de dix minutes qu’elle est partie, tu peux m’expliquer ce que tu fous encore là, à rêvasser ?

Zoro allait répliquer, mais il se tut, et ferma la bouche. Ce cuistot...

Sanji lui tourna le dos, venant marcher aux côtés de Luffy, puis lui lâcher avec un regard en coin :

« Qu’est-ce que t’attend, cactus ? On y va ! »

 

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Omoshiroi : Intéressant.

Sugoï : Super, génial.

Shinjimae : Va en enfer.

Oma Korence : Prépare toi à mourir.

Demo: Mais/Cependant

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