Noriko
Une immense lumière venue droit du ciel s'abattît sur l'échafaud, grillant le bois et faisant fondre l'acier sur son passage. La foudre s'était abattue sur Luffy et Baggy. Noriko voulut crier mais aucun son ne sortit de sa bouche. Soudain, un éclat de rire retentit à travers la place. Le capitaine des chapeaux de paille se tenait au milieu des décombres, sans une égratignure.
- Ah. Bah non... Je suis vivant !
Il aperçut ses amis, leur fit signe et s'approcha d'eux en courant.
- Eh ! Les amis !! J'ai vu l'échafaud ! Bah Nori, pourquoi t'es attachée ?
- ESPÈCE DE SOMBRE CRÉTIN !!
Malgré ses poignets liés, Noriko attrapa Luffy par le cou et le secoua de toutes ses forces.
- J'ai failli y passer et c'est tout ce que tu trouves à dire !?
- Mais-qu'est-ce-que-j'ai-en-core-fait ?
- Tu te rends compte de la peur que j'ai eu !? Comment tu fais pour te mettre dans des situations pareilles, hein !?
La pluie s'abattit de nouveau sur eux, et de nouveau, on ne voyait plus rien. Noriko se laissa tomber à genoux sur le sol, en soupirant. Ses forces l'avaient complètement abandonnée et son soulagement avait fait place à de la fatigue.
- Mais qu'est-ce qui m'a pris d'accepter un capitaine pareil...
- Tu as sommeil ? Tu veux de la viande ?
- Rah ! Je vais te tuer !!
Luffy éclata à nouveau de rire. Il fut pourtant de courte durée, un soldat venait d'essayer de l'embrocher.
- Faut qu'on s'arrache les gars ! lança joyeusement le capitaine après avoir pris soin de projeter le Marine dans les airs.
- Nori-jolie, tu peux marcher ?
- Je ne sens plus mes jambes mais oui, je crois. Zoro ? J'irai plus vite sans mes liens, tu peux me les couper ?
Le bretteur à trois sabres n'eut pas le temps de répondre car des Marines leur fonçaient dessus, venant de tous les côtés.
- Pas le temps, je m'en occuperai plus tard, viens !
Zoro attrapa son amie par la taille et la balança sur son épaule tel un vulgaire sac de patates, puis se mit à courir, précédé de Luffy et suivi de Sanji.
- Eh ! Attends !! cria la jeune fille.
- Non mais qu'est-ce qu'il te prend !? On ne t'a jamais appris à traiter les dames !?
- Je t'ai pas demandé ton avis ! Elle peut à peine marcher, tu voulais la laisser là !?
- C'est à moi de la porter !
- Ferme-la et cours espèce d'abruti !
Tout en s'enfuyant, Zoro et Sanji continuaient de se disputer et de se regarder en chien de faïence. Luffy, lui, rigolait.
Noriko était secouée et rebondissait au rythme des pas de Zoro. À l'aide de ses coudes, elle avait pris appui sur l'épaule de son ami et décrivait tout ce qu'il se passait derrière.
- Ils nous poursuivent !
- Comment tu sais ? On ne voit rien !
- Je sais ce que je dis ! s'agaça-t-elle.
Elle envoya un torrent d'eau derrière eux et entendit les soldats gémir et se plaindre, lui signalant qu'elle avait atteint sa cible. Satisfaite, elle essaya de nouveau de défaire ses liens à l'aide de ses dents.
- Tu pourrais arrêter de bouger !?
- Tu crois que c'est facile !? s'énerva-t-elle. Tiens ? On dirait que la pluie se calme.
Les Chapeaux de Paille s'arrêtèrent.
- On aperçoit la mer au loin, le port est par là, indiqua Sanji qui essayait d'allumer une cigarette malgré tout.
- Allons-y.
- Vous pouvez me détacher avant ?
- Bah ? C'est qui ca ? demanda Luffy.
- RORONOA ZORO !
Devant eux, une jeune femme se tenait au milieu de la route, leur barrant le passage. Toujours perchée sur l'épaule de son ami, Noriko se tortilla pour essayer de voir ce qu'il se passait.
- Tu la connais ? demanda Luffy.
- Oui, répondit le bretteur à trois sabres.
- Comment tu peux connaître une fille aussi jolie, toi ? s'énerva le jeune cuistot.
En face d'eux se tenait Tashigi, bien décidée à prendre sa revanche sur Zoro et à l'arrêter après avoir appris qu'il était un pirate.
- Je suis ici pour récupérer le wadô ichimonji, et je ne te laisserai pas partir tant que je n'aurai pas réussi !
Zoro eut un sourire mauvais. Il posa Noriko avec précaution et d'un coup sec, trancha ses liens sans l'égratigner. Cette dernière le remercia en se frottant les poignets.
- Luffy, je te confie Noriko. Partez devant.
- Compte sur moi !
Luffy étendit ses bras et attrapa la jeune fille.
- Mais je vais bien, je t'assure.
- Tu peux marcher, maintenant ?
Même si ses jambes la faisaient toujours souffrir, elle ne voulait pas être un fardeau pour ses compagnons.
- Je tiens debout, et je pense pouvoir courir...
Luffy la fit monter sur son dos sans lui demander son avis.
- Pas le temps ! En route ! dit-il d'un air enjoué.
Emportée par l'élan de son capitaine, elle passa ses bras autour de son cou afin de ne pas tomber en arrière.
- Eh Zoro, si tu lui fais du mal, t'auras affaire à moi! cria Sanji avant de partir en courant, faisant allusion à Tashigi.
Zoro ne répondit pas et dégaina un seul de ses sabres, persuadé que ce sera suffisant pour battre son adversaire.
La pluie était désormais très fine, rendant leur visibilité meilleure.
- On arrive à l'entrée de la ville, indiqua Sanji.
- Tu es sûr ? lui demanda Luffy.
- Je reconnais la rue, c'est par là qu'on est arrivés.
- Ça veut dire que le port est droit devant !
- C'est pas vrai ! Regardez justement devant ! leur dit Noriko.
- Où ça ? questionna Luffy.
- Mais devant toi !
- Bah, pourquoi il est là lui, qu'est-ce qu'il veut ?
- C'est un colonel de la Marine, il est là pour nous !
- Tu le connais ? demanda Sanji.
- Non, je sais juste qu'il est colonel.
En effet, grâce à sa moto que lui seul pouvait faire fonctionner, Smoker les avait rapidement rattrapés.
- Te voilà enfin...
Au milieu de la route, il attendait qu'ils s'arrêtent devant lui afin de s'adresser à eux.
- Je suis Smoker, colonel de la Marine et Logue Town est sous ma juridiction. Comment j'ai pu ne pas te reconnaître ?
- Comment ça ?
- Ce n'est pas à toi que je parle, imbécile, mais à celle que tu portes sur ton dos ! Noriko, Chapeau de Paille, vous êtes tous les deux en état d'arrestation et je ne vous laisserai pas vous enfuir.
- Eh, Luffy ?
- Sanji, partez devant tous les deux, je vous rejoins tout de suite, répondit son capitaine en déposant Noriko à terre.
- À ta place je n'y compterais pas trop. Tu as fait parler de toi sur East Blue, mais c'est ici que se termine ton voyage. Quant à toi, nièce de Mihawk, tu es officiellement devenue pirate ? C'est en voyant les torrents d'eau au milieu de la place que j'ai compris qui tu étais. J'ai été stupide de ne pas faire de lien avec ton ancien avis de recherche, même si tu as grandi, j'aurais dû te reconnaître.
- L'ancien avis ? Tu devrais être contente Nori, ta nouvelle photo n'a pas encore fait le tour de toutes les bases.
- Luffy, c'est pas le moment...
- Ne t'en fais pas pour ça, ça ne saurait tarder. Les bottes que tu portes à tes pieds, tu les as volées à un soldat de la Marine, n'est-ce pas ? Sache je ne tolère pas qu'on se moque impunément de mes hommes.
Sachant qu'il avait raison, Noriko ne sut quoi lui répondre. Elle se remémora le jour où elle les avait volées. Contrainte de fuir et d'abandonner tout ce qu'elle possédait, elle avait été tiré de son sommeil et s'était enfuie pieds nus, au milieu de la nuit. Le gérant de l'auberge où elle logeait l'avait reconnue et avait appelé la Marine. Lorsque deux soldats l'avaient attrapée, elle avait lutté et s'était défendue de toutes ses forces. À cause de l'adrénaline et de la peur qu'elle avait ressenti ce jour-là, ses souvenirs étaient vagues, mais elle se revoyait debout, devant eux, les jambes tremblantes, contemplant les deux corps d'un air horrifié. Ignorant les détails de la lutte, elle avait dû envoyer de l'eau comme elle le pouvait, si bien qu'elle avait certainement fini par les noyer. C'était la première fois qu'elle ôtait la vie de quelqu'un et elle ne s'était jamais sentie aussi vivante. C'était eux ou elle, et cette fois-là, elle comprit qu'elle aussi avait le droit de vivre et que désormais, elle serait prête à tout pour y arriver. Ce fut la voix de Luffy qui la ramena à la réalité.
- Tu ne toucheras pas à un seul de ses cheveux tant que je serai là. À cause de mes bêtises, elle a failli être grièvement blessée et je ne me le pardonnerai jamais.
- Luffy...
- Je vais te battre, continua-t-il sans relever l'interruption de Noriko. Ensuite, j'irai sur Grand Line et je deviendrai le Roi des pirates !
- Arrête de raconter n'importe quoi ! cria le colonel.
- Sanji, allez-vous-en !
Sur ces mots, il étendit son bras, l'enroula autour de la taille de ses deux amis qui furent compressés l'un contre l'autre, pour le plus grand bonheur du jeune cuisinier et les envoya en l'air, en direction du port. Sanji et Noriko hurlèrent de rage et de peur. Smoker n'intervînt pas, inspira dans son cigare et soupira.
- Tu me compliques vraiment les choses. Finissons-en. Je m'occuperai de ton amie plus tard.