L'inconnue de Trafalgar Law.

Chapitre 15 : Infiltration, grand rêve et opération.

5463 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a plus de 3 ans

bonjour à tous et a toutes, j'espère que vous avez passez une bonne semaine. je vous retrouve ce dimanche avec la suite de votre fanficition. J'espère qu'il vous plaira, bonne lecture !









" Liv,

 

Je ne sais pas tellement par où commencer, je n'ai vraiment pas l'habitude de faire ce genre de chose mais on m'a conseillé de t'écrire et j'ai trouvé que ce n'était pas une si mauvaise idée.

 

Je n'ai pas les mots adéquats pour te dire à quel point je suis désolé pour ce que j'ai fait cette nuit-là. Ça n'aurait jamais dû arriver. Je n'ai pas d'excuses.

Hier j'ai entendu ta chanson, si c'est vrai que tu me pardonnes, je serais prêt à tout pour te retrouver. J'aimerais qu'il n'y ait plus de secrets entre nous.

 

Tu me manques tellement. Il ne se passe pas un jour sans que ton visage ne m'apparaisse, pas une nuit ou je n'aspire pas à tes bras et à ta peau. Dans toute l'horreur de cette soirée il y a néanmoins une chose qui est vraie : Je t'aime. Plus je suis loin de toi plus je t'aime Liv. Je ne peux pas, je ne peux plus être séparé de toi plus longtemps. J'irai où tu voudras, tu n'as qu'un mot à dire enfin à écrire. Donne-moi un lieu, une date, une heure et j'y serai sans faute et sans retard.

 

J'espère que cette lettre te trouvera en bonne santé, que tu accepteras de me répondre et de me revoir.

 

À jamais à toi,

 

T.D.W.L "

 

 

Law

 

Durant le voyage mon équipage a évidemment appris pour l'attaque et la blessure de Liv. Si je n'avais jamais entendu parler d'elle j'aurais quand même été obligé d'aller la soigner. Ils m'ont tous sauté dessus pour me supplier de le faire. J'ai joué la surprise avant de leur dire que nous nous mettrions en route sans délai alors que nous suivions déjà le cap depuis un moment.

Je suis dans ma cabine, allongé sur mon lit, plongé dans d'intenses réflexions sur la meilleure façon de procéder à l'opération. Je me redresse et me saisis de mes livres. Je connais ce genre d'intervention mais je ne l'ai jamais pratiquée. En plus le temps passera plus vite si je me plonge dans l'étude.

 

Au bout d'un jour et demi de trajet supplémentaire nous arrivons enfin sur l'île où Liv m'attend pour son opération. Je suis un peu fébrile mais pressé. Je suis déjà allé faire du repérage autour de l'hôpital. Il y a des journalistes et des marines un peu partout, ça va être une galère.

On frappe à ma porte.

- C'est ouvert, entrez.

Pinguin et Shachi entrent dans la pièce.

- Comment tu te sens capitaine ?

- Pas trop mal malgré les circonstances. J'ai hâte de commencer.

- Comment tu vas rentrer dans l'hôpital ?

- Avec mon fruit du démon ce ne sera pas un problème.

- Tu vas y aller seul ?

- Oui je pense que c'est le plus prudent, personne doit savoir qu'on était là donc vous me laissez gérer. Voilà le plan, je vais m'introduire dans l'hôpital à l'aide de mon fruit. Une fois à l'intérieur, je retrouve Liv et je l'opère en douce pendant la nuit. Après ça je serai à plat, il faudra que je me fasse discret avant de ressortir. Vous, vous n'avez rien à faire d'autre que de m'attendre ici. C'est bien compris ?

- Compris Capitaine !

 

Plusieurs heures passent, j'attends que la nuit tombe pour sortir du sous-marin et me rendre à l'hôpital. Le chemin se fait sans le moindre encombre, il n'y a personne dans les rues. Je marche tranquillement. En arrivant aux abords de l'hôpital je constate qu'une ceinture de gardes entoure ce dernier. Je suis incapable de déployer ma Room aussi loin. Il faudrait que je m'avance mais je me ferais repérer directement.

- Je peux vous aider ?

Je me retourne d'un bloc et tombe nez à nez avec l'être le plus étrange qu’il m'ait été donné de rencontrer.

- Par Ivankov la grande reine des Okama ! Trafalgar Law est ici !

Merdre, qu'est-ce que je peux faire ?! Vite réfléchis Traf ! Je lève la main.

- Roo...

- Ho ça va, pas la peine de prendre ton air de méchant garçon. Tu viens voir Liv ?

- Qu...quoi ? Comment tu peux le savoir ?

- Je suis maligne. Alors, qu'est-ce que tu lui veux ?

La personne devant moi fronce les sourcils, elle semble très en colère contre moi.

- Je viens la soigner.

- La soigner ? Toi ?

- Je sais que ce n'est pas une information que beaucoup de gens connaissent mais il s'avère que je suis médecin, chirurgien même. Ce n'est pas qu'un simple surnom effrayant, c'est vraiment mon métier.

- Hors de question que tu t'approches d'elle, je ne sais pas ce que tu lui as fait mais elle est éteinte depuis. Elle commençait tout juste à remonter la pente et te revoilà.

- Excuse-moi mais t'es qui exactement ?

- Je m'appelle Do, elle a dû te parler de moi non ? Apres tout, vous vous êtes vus régulièrement. Je suis ce qui se rapproche le plus d'une mère chaton... enfin disons plutôt une tante un peu timbrée, en tous les cas je ne te laisserai pas l’approcher.

Effectivement Liv m'avait déjà parlé de cet individu. Elle ne lui rendait pas justice dans ses descriptions. C'est un sacré travestissement.

- Si je l'opère pas elle va mourir.

- Quelqu'un est en route pour s'en occuper.

- Quelqu'un qui n'arrivera pas avant plusieurs jours, et encore si tout se passe bien sur la mer. Elle a besoin de cette opération le plus rapidement possible et je suis là moi.

Il ne me répond pas.

- S'il te plaît, on tient tous les deux à elle, d’accord. Je te jure que je resterai pas. Je l'opère et je m'en vais.

- Juré ?

- Juré.

Un long silence s'installe à nouveau entre nous.

- Bien, il faut qu'on te fasse entrer. Reste là je reviens, on va dire que tu es le chirurgien arrivé plus tôt que prévu mais tu dois avoir l'air crédible.

Il s'en va et me laisse seul de longues minutes. Il réapparait avec les bras chargés de vêtements.

- Change-toi.

Je me sens vraiment bizarre quand ce gars-là me regarde. Je commence à enlever mes vêtements mais j'ai des frissons partout.

- Tu pourrais te tourner, je suis pudique.

- Tu m'en diras tant...

Je sens son regard qui me parcourt de la nuque jusqu'au cul. Bon sang, je ne me suis jamais senti aussi... acculé de toute ma vie.

- Sérieusement, retourne-toi.

- Oui bon ça va...

Je finis par mettre les vêtements qu'il m'a apportés. Il s'agit d'un costume noir classique avec un veston, un pantalon et une veste.

- Je savais que Liv avait d'excellent goûts en matière d'hommes.

Je frissonne.

- Si tu le dis...

J'enfile par-dessus le tout une blouse blanche avec des stylos à la poche. C'est très crédible.

- Et maintenant la touche finale !

- Hors de question que je porte cette chose.

- Tu veux passer incognito oui ou non ?

- Évidemment !

- Donc enfile-moi ces lunettes illico !

- D'accord mais compte pas sur moi pour mettre la moustache.

- Tu la mettras.

- Non.

- Si.

- Non...

- Tu vas mettre cette moustache mon garçon, foi de Dominique démoniaque l'Okama!

 

J'ai fini par la mettre. Je vois que dalle avec ces lunettes en cul de bouteille mais faut bien avouer que je suis méconnaissable.

- Et bien voilà ! Tu es parfait !

- Ah ? Bah merci.

- Mais de rien mon chou. Bien, maintenant je vais te prendre le bras comme ça, voilà, et nous allons entrer par la grande porte.

Il me tâte le bras sans se gêner.

- Et bien dites-moi docteur vous êtes solidement charpenté.

Nous passons devant plusieurs marines qui nous fixent avec un léger doute.

- Qui est avec toi Do ? Demande l'un d'eux en s'avançant vers nous, une cigarette au bout des lèvres.

- Roooooh tu es jaloux Luca, c'est parce que je lui tiens le bras.

Il se met à rire.

- C'est sûrement ça oui. Répondit-il avec un petit clin d'œil.

- Ne t'en fais pas mon chaton, ce n'est que le chirurgien de Liv.

- Déjà ? Il ne devait pas être là avant plusieurs jours pourtant.

- Il faut croire qu'il s'est pressé. On va pas s'en plaindre.

- Ha non pas du tout, allez-y.

Nous entrons dans l'hôpital. C'est fou mais je m'y sens toujours mal à l'aise malgré mon métier. Sûrement à cause de ce qui m'est arrivé durant les six mois passés avec Corazón. Le soleil vient de passer l'horizon. Les lumières s'allument dans les couloirs. Il y a peu de monde à part quelques infirmières qui galopent de-ci de-là.

L'une d'entre elles s'avance.

- Bonjour, vous êtes ?

- Le chirurgien de Liv-y... Valentine.

- Ho déjà !? C'est parfait, on avait peur que vous ne soyez pas là à temps... elle ne va pas très bien.

- Montrez-la moi.

- Bien docteur, venez.

Do m'abandonne là aux bons soins de la demoiselle.

- L'hôpital n'est pas très grand et on ne pouvait pas la déplacer, elle est trop mal en point, elle n'aurait pas survécu au trajet.

Mon cœur se serre, je me doutais que c'était vraiment critique. 

- On a fait ce qu'on pouvait pour éviter l'infection mais le couteau a traversé plusieurs zones délicates.

- Je vais voir tout ça, ne vous en faites pas. Je suis là maintenant. Elle s'en sortira.

Nous traversons l'hôpital et nous nous rendons dans une zone reculée.

- Elle a été placée dans une chambre particulière. Des journalistes sont parvenus à s'infiltrer ici ces derniers jours. Ils n'ont vraiment aucun scrupule. Voilà, nous y sommes. Je vous laisse aller la voir, pendant ce temps je vais préparer la salle d'opération. Ça vous va ?

- Parfait allez-y.

J'attends qu'elle ait tourné à l'angle du couloir pour entrer dans la chambre. Elle est là, ma Liv, allongée sur le lit, les cheveux en bataille et les lèvres sans couleur. Je m'approche un peu plus pour observer les différentes perfusions qu'ils lui donnent. Tout m'a l'air en ordre. Son cœur a l'air de battre parfaitement normalement. Je tire la chaise vers le lit et m'assois près d'elle. J'attrape une de ses mains glacées.

- Je suis là Liv-ya, je vais te soigner, je te le promets.

Je porte sa main à ma bouche et y dépose mes lèvres avant de glisser mon nez sur son poignet pour sentir son odeur. J'ai envie de la serrer contre moi de toutes mes forces mais c'est impossible. Je pose mon front sur sa main, je ne sais pas si elle m’entend mais je lui parle.

- Quand j'ai vu l'article dans le journal... j'ai cru que j'allais m'effondrer. Tu es tellement importante pour moi Liv. Tu vas faire honneur à ton prénom et vivre, d'accord ? Dans quelques minutes on va t'emmener au bloc et je t’opèrerai.

Je reste un petit temps près d'elle, lui caressant la joue et le front. J'ai envie de l'embrasser mais je n'en ai pas le droit. Je me contente de la regarder dormir. Dans le couloir j'entends qu'on amène un brancard. La porte s'ouvre sur l'infirmière de tout à l'heure et de deux autres. En moins de dix minutes nous sommes dans la salle d'opération et je me mets au travail.

 

 

Liv

 

Où est-ce que je suis ? C'est quoi toutes ces portes ?

J'avance dans un couloir sombre qui s'étend au-delà de ma vision. Je passe devant des dizaines de portes toutes différentes. Je marche et pourtant je ne vois jamais le bout du couloir. Je me mets à courir, les portes autour de moi ne sont plus que des traînées colorées. Soudain j'en entends une qui s'ouvre dans mon dos, je m'arrête. Mes pas ne font aucun bruit alors que je m'approche pour regarder par l'entrebâillement.

C'est la cuisine de chez Baba Kudan avant qu'elle n'enlève toutes les portes de la maison pour que je ne puisse plus entrer et sortir comme bon me semble. Je repense à ce jour où je suis partie de la maison en empruntant un passage et que je n'ai pas pu revenir. Il a fallu que je prenne le bateau etc... ça a été un horrible voyage mais je l'avais mérité.

Grand-mère est assise à la table près de la fenêtre, elle regarde les nuages qui défilent dans le ciel. Elle a une arme de poing démontée devant elle. Elle s'inquiète... pour moi ? Je le sais, c'est toujours ce qu'elle fait lorsqu'elle a du souci. Elle prend une arme, la démonte et la nettoie, même si elle est déjà parfaitement entretenue. Je m'avance dans la pièce.

- Mamie ?

Ma voix ne semble pas pouvoir l'atteindre, elle ne me voit pas. Je fais quelques pas de plus et regarde par-dessus son épaule. Sur la table il y a un journal, il annonce ma mort.

Je suis morte ? Comment ? Quand ? Je palpe mon corps, pourtant il n'a rien... je... mes doigts rencontrent une tache humide et chaude, je baisse les yeux sur mes mains rougies et ma blessure goutte sur le parquet sans âge. Baba tourne son visage vers la table, je vois de grosses larmes qui roulent sur ses joues ridées, son expression sempiternellement agacée a disparu, elle est comme déchiffonnée par le chagrin.

- Baba ! Ne pleure pas, je ne suis pas morte... je ne peux pas être morte.

Je rassemble mes souvenirs, cherche le dernier en date. Une femme qui me tient par l'épaule et une douleur atroce. Ça y est ça me revient ! Je me suis faite poignarder. Je ferme les yeux et me concentre. Je ne sens pas mon corps mais... je crois que j'entends des choses, il y a comme des voix autour de moi, des petits bips réguliers et comme un ballon qu'on gonfle et qu'on dégonfle. Je suis à l'hôpital ! Je dors, je suis en train de rêver ! Je regarde mes mains... mais... elles devraient être déformées, quand je rêve et les vois elles le sont toujours, mais pas là. Je ne m'en suis pas aperçu mais je me retrouve à nouveau dans le couloir. Il faut que je trouve mon corps. Je marche sans but ce pendant qui me semble des heures. J'ouvre des portes au hasard sur des souvenirs ou sur des chambres d'hôtel vides. Je panique à nouveau lorsque l'une d'elles s'ouvre en face de moi. J'entends des rires d'enfants qui résonnent.

 

Je me précipite et me trouve dans l'encadrement de la porte.

Je suis sur le perron d'une maison. Le toit s'avance sur une terrasse de bois qui offre de l'ombre.

- Maman !! Regarde ce que j'ai trouvé.

Une enfant aux cheveux blonds court dans ma direction mais au moment où elle finit de monter les escaliers elle tourne sur la droite et va à la rencontre de quelqu'un d'autre.

- Qu'est-ce que tu as là ma douce.

C'est moi, je suis assise dans un fauteuil enveloppé dans une couverture. J'ai posé mon livre sur mes genoux et je caresse le front de la petite fille avec tant d'amour que ça me soulève le cœur.

- J'ai trouvé une jolie plume, regarde ! On pourra l'encadrer et la mettre avec les autres quand papa et moi on aura trouvé à quel oiseau elle appartient ?

- Bien sûr ma chérie, où est ton père d'ailleurs ?

- Il arrive avec Lov.

 

Lov ? C'est le prénom que je rêve de donner à mon fils si un jour je devais en avoir un. La curiosité me pousse à m'avancer un peu plus. Je descends les marches et suis le chemin. Il est parsemé de lumière qui filtre à travers les arbres que le vent fait bruire. Il fait beau et doux, je suis dans une forêt et pourtant je sens l'odeur de la mer. C'est un rêve, un doux rêve. Je me fige sur la route. Il y a quelqu'un au loin qui marche lentement avec quelque chose dans les bras, quelqu'un que je reconnais sans mal. C'est Law plus vieux, il tient un enfant, notre enfant...

- Tu vois Lov... ta maman en a un peu assez de toi par ce que tu fais que brailler à cause de tes dents qui poussent, malheureusement tu n'as pas hérité de sa jolie voix mélodieuse. Donc, ton papa qui t'aime très fort, moi, t'emmène faire une promenade pour qu'elle puisse se reposer un peu. Ne pense pas qu'elle ne t'aime plus. Je suis même jaloux tu sais, je suis sûr qu'elle m'aime un peu moins depuis que ta sœur et toi êtes venus au monde. Je ne vous en veux pas... j'ai seulement hâte que vous partiez et que je puisse la retrouver pour moi tout seul.

Il rit, ce qu'il peut être beau. Il a les yeux rivés sur le bébé dans ses bras, son visage est souriant, si aimant...

- Non je mens, ne grandit pas trop vite...

Il se penche et embrasse le front du petit avant de le caresser du bout de son nez. Je m'approche un peu plus, l'enfant n'a pas encore un an, il a les cheveux noirs de son père, il tourne le visage vers moi et ouvre les yeux. Ce sont les miens, il a mes yeux. Je porte la main à ma bouche, j'ai envie de pleurer. Je recule de plusieurs pas avant de courir vers la porte, laissant derrière moi ce rêve merveilleux, car ça ne peut pas être autre chose. Si je reste ici je vais me perdre.

Je passe la porte et la claque derrière moi. Je m'y adosse et glisse tout du long. Seigneur, je ne savais pas qu'il y avait ce rêve au fond de mon cœur. Les images de cette vie si simple et idyllique me collent encore à la rétine. Retrouver ce couloir noir et froid me donne la chair de poule.

 

"Liv..."

 

Quelqu'un m'appelle, je regarde tout autour de moi. C'est comme si le son venait de partout à la fois. Il faut que je me concentre.

 

" je suis là Liv-ya "

 

Je suis bloquée dans ma propre tête, il faut que je sorte de là. Je me redresse et fais face à la porte juste devant moi. Je rassemble tout ce qu'il me reste d'énergie et de conscience. Je veux retrouver mon corps. JE. VEUX. RETROUVER. MON. CORPS !

J'ouvre la porte d'un coup et entre en trombe dans... une salle d'opération. Il y a des gens penchés sur moi. Je fais le tour de la pièce, il y a mon corps sur une table grise qui semble glacée. Des tubes me sortent de la bouche et du nez, diverses perfusions sont accrochées à mes bras. J'entends des murmures, les personnes présentes échangent quelques mots. Je regarde chacune d'elles, mon cœur rate un battement quand je reconnais Law. Les sourcils froncés, un masque devant la bouche, les mains gantées et ensanglantées. Une machine s'emballe une seconde, il lève les yeux sur le moniteur.

- Tout va bien, continuons.

Je m'approche et regarde au-dessus de l'épaule d'une infirmière. Il y a une masse visqueuse, rouge et sanguinolente au milieu de morceaux de papier bleu. Je me demande si c'est la réalité ou un nouveau rêve dans mon cerveau embrouillé.

- Bien, vous pouvez partir, à partir de là je peux me débrouiller tout seul.

- Mais docteur c'est dange...

- Laissez-moi je vous dis.

La pièce se vide, nous sommes seuls. Mon corps, lui et... moi.

- Room ! T'en fais pas Liv-ya, il est hors de question que je te laisse mourir.

La sphère bleue nous enveloppe puis il se met au travail. C'est fascinant de voir son fruit à l'œuvre. Il n'utilise pas d'outils et pourtant ma chair bouge et se découpe par endroits. Il extrait un morceau rose, long de 10 ou 15 cm qui a l'air très abîmé qu'il pose dans une coupelle de métal. L'opération dure un certain temps et je reste là à le regarder faire.

Soudain le paysage se brouille comme une goutte d'encre dans l'eau, moi aussi je me mélange dans l'univers coloré autour de moi.

Je suis debout dans une chambre d'hôpital et je contemple mon corps endormi. Law est encore là, il est en train de me faire ma toilette. Il passe un linge humide sur mon visage puis dans mon cou. J'ai l'air vraiment mal en point, mes joues sont creuses, mon teint et mes lèvres sont gris. Il soulève les couvertures et fixe mon ventre. De nombreux points de suture forment une ligne courbe de sous mon nombril à sous ma côte. Cette cicatrice-là ne sera pas très vendeuse... tant pis. Il tâte la peau vérifiant que tout va bien. Quelqu'un entre dans la pièce derrière moi. C'est Do, je sursaute en le découvrant dans une tenue d'infirmière très peu orthodoxe. Je finis par en rire.

- Voilà mon garçon, elle est sauve. Tu es vraiment un sacré bon chirurgien.

- Merci, je... je pouvais pas l'abandonner.

- Pas une deuxième fois.

Law se crispe d'un coup, il serre les mâchoires avant de se détendre et de pousser un profond soupir.

- Alors vous êtes au courant...

- Je sais que vous étiez ensemble et que vous ne l'êtes plus... elle ne m'a rien dit. Je suis juste assez observatrice et je la connais bien.

Law ne répond pas, il se contente de me regarder tout en caressant mon visage, dégageant quelques mèches blondes.

- Personne ne doit savoir que c'est moi qui suis venu la soigner. Je ne veux pas qu'elle ait plus de problèmes à cause de moi.

- Malgré toutes les contraintes qui pèsent sur elle, Liv est un être profondément libre. Personne ne lui dira jamais vraiment ce qu'elle doit faire.

- Ça c'est bien vrai...

- Si les gens venaient à savoir, je dirai que je suis venu car mon équipage est fan d'elle, ce qui est vrai. Je nierai toute relation avec elle. Quelle qu’elle soit.

- Tu as bien raison, sa carrière est plus importante que tout le reste. D'après toi, dans combien de temps elle pourra de nouveau chanter ?

 

Law

 

- Chanter ? Elle va déjà avoir du mal à revivre simplement et normalement. Si je m'écoutais, je vous l’enlèverais sur le champ pour la prendre avec moi durant sa convalescence pour que vous la laissiez tranquille. Je te préviens le travelo, je te jure que si j'apprends qu'elle a repris le travail plus tôt que prévu je te retrouve et je te démolis.

 

Pour qui il se prend celui-là ! J'ai qu'une seule envie là tout de suite, c'est de me jeter Liv sur l'épaule et de me barrer avec le temps de sa convalescence, mais ce serait beaucoup trop dangereux et surtout je suis sûr que ce n'est pas ce qu'elle voudrait.

- Si je te demande ça c'est parce qu'on dépend tous d'elle.

C'est ce qu'elle me disait il y a longtemps, je tourne mon regard vers elle, qu'est-ce qui se passerait si elle ne pouvait plus jamais chanter ou monter sur scène ? Qu'est-ce qu'elle deviendrait ? Chasseuse de prime à plein temps peut-être...

- Je vois que tu es toujours amoureux d'elle...

Je regarde à nouveau le manager.

- Ne te moque pas de moi...

- Je ne me moque pas, ce n'est pas digne d'une Lady.

- Tes fringues non plus si je peux me permettre.

Qu'est-ce qui lui a pris de se saper comme ça.

- Quoi ? Ça ne te plaît pas, une jolie infirmière sexy pour te seconder ?

- Excuse-moi mais tu n'es rien de tout ça...

Il se met à rire à gorge déployée.

- Je ne suis simplement pas à ton goût voilà tout.

- On va dire ça oui.

Un silence s'installe entre nous, il pousse finalement un soupir.

- Elle t'aime toujours...

Je ne réfléchis pas vraiment avant de lui répondre.

- Je sais. Tu sais, j'ai eu des aventures, avec des femmes je veux dire, mais Liv c'est...

- C'est elle, point.

- Voilà.

Je me penche au-dessus d'elle et lui embrasse le front. Je devrais être parti depuis des heures mais c'est plus fort que moi. J'aimerais voir ses yeux avant de m'en aller.

- Bien... tu sais ce qui nous fait gagner de l'argent si Liv ne chante pas ?

- Non mais tu vas me le dire...

- Les scandales...

Je n'ai pas le temps de faire le moindre geste qu'il se met à hurler comme une gonzesse.

- AU SECOURS ! À MOI !! QUELQU'UN S'EST INTRODUIT DANS LA CHAMBRE DE MISS VALENTINE !!

- Tu te fous de ma gueule !?

Ni une ni deux je passe par-dessus le lit en évitant de faire du mal à Liv. J'ouvre une Room pour m'échanger avec un objet dans la pièce d'en dessous. L'opération m'a pompé un maximum d'énergie, je suis complètement à plat. Putain ! J'ai même pas pu la voir se réveiller. Je reste un moment dans la pièce alors que j'entends des bruits de course dans le couloir. Comment je vais me sortir de là ?

- Fouillez toutes les chambres, on m'informe que l'individu traverse les murs et qu'il porte une tenue de médecin !

Mais merde ! Je me colle près de la porte et au moment où quelqu'un l'ouvre je l'attaque sans ménagement et l'assomme d'un coup précis. C'est un marine. Il me reste assez de jus pour ça. À l'aide de mon fruit j'échange nos vêtements le plus vite possible puis je sors. Seulement, un commandant me saisit par l'épaule alors que j'essayais de me faufiler en douce.

- Où tu crois aller comme ça gamin ? Vraiment tous des chiffes molles de nos jours. Va filer un coup de main aux autres.

Je suis le mouvement, on remonte en ouvrant toutes les portes qu'on trouve. À l'intérieur les patients sont terrifiés.

- On devrait arrêter ça, certains patients sont peut-être cardiaques.

- Qu'est-ce qu'on peut faire alors... mais attends t'es qui toi ?

- Je suis nouveau.

- Je vois ça, mais ta tête me dit vaguement quelque chose

- Écoute on n’a pas le temps de discuter, on a un intrus à retrouver.

- Oui pardon t'a raison.

 

Je trouve finalement un moment pour bifurquer et quitter mon groupe. Il faut que je me sorte de là sans qu'on me remarque. Je retourne sur mes pas et redescends vers le rez-de-chaussée.

- QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE TRUC ? UN OURS POLAIRE ?

- IL FAIT DU KUNG FU !

Je ferme les yeux et me pince l'arrête de nez. J'y crois pas.

- Capitaine !!

Mais ta gueule putain !! Je fini par sortir de ma cachette et me jette dans la mêlée du grand hall de l'hôpital. Bepo, Pinguin et Shachi sont là et se battent avec bon nombre de marines. Pourquoi ils n'ont pas attendu que je ressorte comme c'était prévu.

Je finis par me frayer un chemin jusqu'à eux en jouant des coudes. Mon second me repère sans mal, il est à deux doigts de se jeter sur moi les yeux tout embués de larmes. Je lui lance un regard qui l'en dissuade dans la seconde.

- C'est bon les gars on bouge.

Il ouvre grand les porte et sort à la lumière du petit matin. La ligne de marines cède sans mal malgré leurs armes à feu. Ce qu’ils peuvent être nuls au tir ! Nous nous engouffrons dans une allée délimitée par des grilles ; derrière, des dizaines de journalistes prennent des photos. C'est un cauchemar ! Je baisse ma casquette de marine sur mon visage. J'entends les journalistes qui nous posent des questions alors que nous sommes en train de fuir (enfin courir après des intrus pour ma part), c'est vraiment des charognards !

- Ho non on lui voulait pas de mal, on est juste super fan d'elle donc quand on a su pour sa blessure on a pas pu faire autrement que de rappliquer vous voyez. C'est que notre capitaine est...

- Je te tiens !!

Je me suis jeté sur Shachi avec tout le désespoir que j'avais en réserve. Je lui murmure à l'oreille.

- Je te jure Shachi que si on retourne au sous-marin sains et saufs je te tue ! Maintenant boucle-la et cours !

 

Il se dégage d'un mouvement d'épaule. Moi je tombe par terre sur le cul et laisse le reste des marines me dépasser. Un des derniers se retourne.

- Ça va mec ?

- Ouais pas de soucis, avance je vous rejoins tout de suite.

Il ne cherche pas plus loin et se remet à courir.

Je me lève à mon tour sans prendre garde aux journalistes autour de moi. Au bout d'un moment quand je me retrouve seul je prends un chemin détourné pour rejoindre le sous-marin. Quand j'y arrive, d'autres membres de mon équipage sont là sur la plage mais je ne vois pas les trois débiles. Je cours vers la porte.

- Un marine !!

Tout mon équipage se met en branle prêt à me mettre en pièce. J'enlève prestement ma casquette.

- Calmez-vous les gars, c'est moi.

- CAPITAINE !

- Oui oui, moi aussi je suis content de vous revoir, mettez les machines en route, dès que les trois clampins rappliquent on se casse.

- Oui capitaine !

Au bout de quelques minutes nous les voyons qui courent vers nous à toute vitesse, il reste quelques marines à leurs trousses. Ils finissent par sauter dans le sous-marin et nous nous éloignons pour ne plus jamais revenir.

On est mal... je ne sais pas comment tout ça va finir mais je le sens mal. Apres avoir passé le plus gros savon de leur vie à Bepo, Pinguin et Shachi, je retourne dans ma cabine et en fais très vite le tour pour trouver ce que je cherche, une boîte en métal qui ferme avec une clef remplie de papiers plus ou moins important. Je la dégotte au fond d'un tiroir, je vide son contenu sur mon bureau et y place alors la chose la plus précieuse que je n'ai jamais posséder... le cœur de Liv.

Je ne sais pas ce qui m'a pris... je venais de finir l'opération et... je lui ai pris son cœur. Pourquoi j'ai fait ça ? Je m'assois sur mon lit, la tête dans les mains. Je l'ai fait par pur égoïsme, par possessivité... au moins je suis sûr de la revoir au moins une fois pour que nous puissions nous expliquer. C'est un coup bas mais je ne voyais pas d'autre solution. Je regarde la boîte en métal dans laquelle bat lentement le cœur de Liv, je referme la boîte à clef et la range près de mon lit. Je me lève à nouveau et vais chercher une chaînette argentée, j'y glisse la clef et me la mets en pendentif. Personne ne doit pouvoir ouvrir cette boîte à part moi. Son cœur... est à moi. 


Et voila, c'est tout pour cette fois, on se retrouve bientôt pour la suite.

 

Laisser un commentaire ?