L'inconnue de Trafalgar Law.

Chapitre 4 : Une douille ?

6214 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 4 ans

Hello tout le monde ! je vous reviens aujourd'hui avec mon chapitre quatre, j'espère qu'il vous plaira et que vous passerez un bon moment en le lisant.

Bonne lecture.

 

-Law-

 

Pourquoi est-ce que je regarde encore cette photo ? Ça va faire un mois et demi depuis cette nuit sur l'île hivernale. Je n'arrive pas à la faire sortir de ma tête, Liv... Pourtant il le faut ! J'ai vraiment d'autres chats à fouetter. Je traque une pourriture de kidnappeur d'enfants, il faut que je me concentre. Pour le moment je ne sais pas grand-chose à part qu'il sévit dans tout North Blue. Il s'agit d'une bande organisée, ils mettent à sac des petits villages, tuent les adultes et récupèrent les enfants. Faut vraiment être une bande d'énormes fouille-merde pour faire un truc aussi dégueulasse.

 

Nous avons découvert ça en nous arrêtant sur une île il y a peu. On a débarqué et tout ce qu'on a trouvé c'est un village à moitié incendié, les cendres encore chaudes. On a cherché des survivants mais il n'y en avait aucun, et parmi tous les corps aucun enfant. Pourtant il y avait une aire de jeu et une école. Les jeunes avaient tout simplement disparu, ça m'a immédiatement mis la puce à l'oreille. Les jours qui ont suivi je lisais attentivement le journal le plus souvent possible à la recherche d'informations qui pourraient m'être utile. Il n'y avait rien à part des signalements d'enfants disparus. La marine n'a pas l'air de beaucoup se bouger le cul pour arrêter tout ça.

 

Aujourd'hui on va arriver sur une île où il y a une très grande ville. On pourra passer inaperçu et mener l'enquête tranquillement. Je me demande si Liv pourrait être ici, après tout c'est un endroit pour elle... Mes camarades sont tous très excités, apparemment elle a sorti un nouveau single et ils n'ont pas encore pu l'écouter. Ils espèrent pouvoir l'entendre une fois qu'on sera arrivé. On a passé énormément de temps en mer, les pauvres sont en manque de civilisation. Je dois bien avouer que moi aussi.

 

Ça fait un moment que les mécanos me disent qu'ils ont besoin de pièces et de faire un entretien complet du Polar Tang. Selon eux "il ne faut pas attendre que ce soit cassé pour réparer". Ils ont parfaitement raison. Ce sous-marin est vraiment une merveille, c'est l'un des plus beaux cadeaux qu'on m'ait jamais fait, Bric à Brac a vraiment fait un travail de génie, si on m'avait dit quand je l'ai rencontré qu'un jour il arriverait à fabriquer quelque chose qui fonctionne parfaitement je l'aurais jamais cru. Bref, je ferais mieux de me lever, ça commence à s'agiter dans tout le bateau.

 

Je vais rejoindre les autres dans la salle commune. Il y a toujours un poster de Liv sur le mur. Après de longues négociations j'ai fini par leur autoriser d'en garder un. "C'est de la santé pour les yeux Law. Ça nous redonne du courage durant nos longues périodes en mer de la voir ! Tu ne peux pas nous refuser ça." C'est ce que m'a dit Shachi et c'est ce qui m'a décidé également. Ils s'étaient alors lancés dans une réunion au sommet afin de choisir lequel ils allaient afficher. Certains voulaient mettre une affiche avec plusieurs photos et d'autres une photo d'elle à taille réelle. Après plusieurs très longues minutes de débat il fut décidé que le poster changerait toutes les semaines et qu'ils tireraient au sort tous les lundi matin celui d'entre eux qui aurait le droit de le choisir. On était lundi et mon équipage était religieusement assis en cercle.

- Capitaine nous avons besoin de votre main innocente.

Je soupire, c'était soit moi soit Bepo, ils me fatiguent. Je plonge la main dans le chapeau que me tend Pinguin et tire un petit papier, je l'ouvre et je lis.

- Clione.

Puis je m'en vais vers la cuisine, j'ai vraiment la dalle. Je me fais un café et prends un fruit dans la corbeille puis je me dirige tranquillement vers la salle de contrôle où je trouve Bepo en train de naviguer sous les flots. Je m'assois à côté de lui et pose mes pieds sur le tableau de bord. Je soupire à nouveau, j'en peux plus d'être entre ces quatre murs. Je regarde par la vitre le paysage marin. Il y a pas mal de poissons et il n'a pas l'air d'y avoir beaucoup de fond.

- On arrive bientôt ?

- Oui encore un peu de patience capitaine, une fois qu'on aura l'île en visuel j'en ferais le tour histoire de trouver un endroit discret où accoster. Je sirote tranquillement mon café à côté de mon plus ancien camarade.

- Tu as vu le dernier journal qu'on a réussi à avoir ? Me demande mon second.

- Non pas encore.

- Tu devrais. Il me le lance sur les genoux.

- Des infos sur les enlèvements d'enfants ?

- Non pas du tout.

Il m'intrigue ce matin, j'ouvre les pages à la recherche de l'article censé m'intéresser. Dès que je le vois je manque de m'étrangler avec mon café. C'est lui ! C'est le gars du restaurant, celui qui a récupéré le corps du pirate. Alors comme ça il s'appelle Loyd.

- Qu'est-ce que c'est que ça !?

- Apparemment il est monté en grade, regarde un peu la liste de ses "arrestations" si on peut appeler ça comme ça.

Je parcours les photos d'une dizaine de pirates, tous morts d'une balle dans la tête, d'après les légendes. Je ne comprends pas, pourquoi le sniper ne se montre pas ? Si c'est un marine c'est lui qui devrait prendre du galon, pas ce fanfaron. Mais... peut-être que ce n'est pas un marine justement, dans ce cas quel serait l'intérêt de tirer sur des pirates pour l'un d'entre eux. Mon cerveau tourne à plein régime. En tout cas c'est forcément quelqu'un de discret qui ne veut surtout pas se montrer. Mais c'est évident !

- Tu en penses quoi Law ?

- Je pense que c'est un chasseur de prime... S’ils ont un arrangement tous les deux ça peut faire une sacrée équipe. Le chasseur tue et empoche la prime quand l’autre récupère les lauriers et monte en grade. Personne ne sait que le sniper existe, il peut vivre sa vie tranquillement sans que qui que ce soit ne s'intéresse à lui.

- À part nous.

- Oui, à part nous. Ça voudrait dire que c'est quelqu'un de constamment proche de lui. Quelqu'un qui le suivrait à la trace.

Je lis une sorte de biographie du bonhomme ennuyeuse à mourir et sûrement truffée de mensonges. Soudain une petite ligne en bas de l'article me fait tiquer.

 

"Vous savez je ne fais que mon devoir, je débarrasse le monde de la vermine que sont les pirates. Je ne rate jamais une cible. Si je vous ai dans mon viseur vous êtes mort."

 

Non mais quel gros con ! Ça me débecte les gars comme lui.

- Quel connard, il doit pas être si redoutable que ça si il a besoin de quelqu'un pour tuer à sa place. D'ailleurs je me demande pourquoi le sniper tue systématiquement les pirates, il me semble qu'en dessous de cent millions de berrys les primes sont divisées par deux quand le pirate est mort, non ?

- Oui tu as raison, je ne sais pas non plus.

Je continue à réfléchir à la question et la réponse me vient tout naturellement.

- S’ils ne mouraient pas c'est sûr que certains pourraient parler et dévoiler l'embrouille.

 

Je finis par me lever pour aller dans mon bureau. J'ai vraiment beaucoup de travail, comme toujours. Je n'arrive pas à me concentrer, tout le sous-marin est en effervescence, on a tous vraiment hâte de pouvoir remettre le nez dehors. L'équipage est survolté, je les entends d'ici. Finalement Bepo fait une annonce depuis la salle de contrôle.

- On est arrivé aux abords de l'île, j'en ai fait le tour et ai trouvé une grotte parfaite pour émerger. Préparez-vous les amis, on va pouvoir mettre pied à terre.

 

Je montre rien mais j'ai envie de sauter de joie, je me balance en arrière sur ma chaise en soupirant et m'étirant de soulagement. Enfin ! J'ai besoin de prendre le soleil, on en a tous besoin. Nous accostons dans l'heure qui suit. La grotte est vaste et plutôt sombre mais c'est une cachette parfaite. Nous arrimons le polar Tang puis une nouvelle négociation commence entre mes camarades. Qui va aller en ville en premier ?

Depuis que nous avons pris la mer c'est la marche à suivre. On ne se rend jamais tous d'un coup dans une ville ou un village qu'on ne connaît pas. Voir débarquer un groupe de vingt ou trente personnes d'un bloc ça éveille forcément les soupçons et les gens risquent de prendre peur. Donc comme d'habitude ils forment plusieurs petits groupes et décident de partir les uns après les autres à environ trente minutes d'intervalle.

Étant le capitaine je pars en dernier, Bepo, Shachi et Pinguin viennent avec moi. Au bout d'une heure et demie je peux enfin me mettre en route. C'est une île printanière ! Il y fait vraiment doux et le vent a une odeur d'arbre fruitier en fleurs. Si j'étais pas aussi retors je pourrais gambader, je laisse ça à Bepo, il est en train de se rouler dans l'herbe comme un chaton d'une tonne cinq.

J'ai beau avoir grandi, je ressens toujours une vive appréhension à l'idée de rentrer dans une nouvelle ville et de me retrouver confronté à des gens que j'ai jamais vu. Mes mésaventures avec Cora sont encore présentes au fond de moi. Mais comme toujours je vais surmonter ça et entrer dans cette ville la tête haute.

Apres étude de la topographie nous nous trouvons sur une île printanière de type montagneuse. Il doit y avoir de la neige dans les hauteurs. Les premières maisons que nous rencontrons sont en bois sombre sur plusieurs étages et ont des balcons fleuris. Plus nous avançons plus il y a de maison et plus le nombre d'étages les constituant augmente. Nous arrivons finalement à l'entrée de la ville de Monicha. Les rues sont larges et pavées, il y a énormément d'animation, des centaines de badauds se promènent tranquillement entre les échoppes aux façades de bois peintes et aux vitrines colorées. J'aperçois un groupe de mon équipage au loin, ils se fondent parfaitement dans le décor. Moi en revanche avec Bepo c'est toujours un peu compliqué mais les gens pensent que c'est un Zoan et ne posent donc pas de question. Le groupe nous repère et s'approche tranquillement.

- Te voilà capitaine ! Cette ville est géniale, il y a vraiment tout ce qu'il faut, on a croisé le groupe des mécanos, ils ont trouvé ce dont ils avaient besoin. Ils commenceront la révision du Polar dès demain matin, quoi qu'il se passe on sera ici pour au moins cinq ou six jours donc ils ont dit "faites pas de vagues".

- On fait comme d'habitude, on bouge par petit groupe, on paie ce qu'on consomme et pas de bagarre. Si vous croisez d'autres groupes faites passer le message.

- Oui capitaine on n’y manquera pas.

 

Nous avançons encore, nous enfonçant un peu plus dans la ville. Il y a des banderoles avec des fanions entre les maisons. C'est vraiment une ville très sympathique, il a l'air de faire bon y vivre, comme à Pleasure Town, la fameuse "ville d'à côté" de Corazón. Tiens, je pense beaucoup à lui aujourd'hui. Il me manque tellement, il ne se passe pas une journée sans que j’aie envie de le voir, qu'il soit près de moi pour vivre de folles aventures avec nous. Il m'avait promis qu'une fois que je serais guéri on ferait le tour du monde ensemble. Finalement ça ne s'est pas fait et ça ne pourra plus jamais se faire. Je me suis à nouveau retrouvé seul, sans Cora-san. Je touche mon torse au niveau de mon cœur, les tatouages c'est pour lui, mon Jolly Roger c'est pour lui aussi. Tout ce que je fais aujourd'hui c'est pour lui, pour réaliser son rêve, celui de me voir libre.

 

Je repère quelques marines, mais eux aussi sont en train de flâner. Je reste tout de même sur mes gardes. Nous décidons de nous arrêter à une terrasse pour boire un verre et grignoter quelque chose. Une serveuse vient prendre notre commande et nous apporte nos boissons. Au bout de cinq minutes je vois au loin un nouveau groupe de mes compagnons en train de courir. Ils ont tous un immense sourire sur le visage, l'un d'eux a une grande affiche froissée à la main qui vole derrière lui. Ils sont poursuivis par un monsieur plutôt âgé et bien portant brandissant différents ustensiles de ménage qu'il leur jette en criant.

- Rendez-moi ça, voyous !! C'est la dixième qu'on me vole aujourd'hui ! Revenez ici, scélérats !

Mes camarades me passent devant sans me voir. Qu'est-ce qu'ils ont chouré ceux-là ! Je leur ai bien dit pas de vol. Je me renfrogne et plonge le nez dans ma bière, qui est vraiment excellente au passage. Je verrai bien ce soir, je vais leur passer un savon dont ils se souviendront.

L'après-midi avance doucement et l'air devient plus frais. Il est temps de rentrer au sous-marin. Les échoppes s'allument petit à petit, remplissant la ville de lumières multicolores. Des vendeurs de nourriture ambulants parcourent les rues, tractant leur chariot et s'arrêtant pour servir des clients. Bepo en arrête un, il veut une crêpe, finalement je me laisse tenter aussi, ça sent vraiment très bon. Nous continuons tranquillement notre route. Je suis vraiment pas pressé de retrouver les autres, j'ai envie d'être seul un moment mais il faut que je mette cette histoire d'affiche au clair. Bepo s'arrête à nouveau à une charrette et prend un grand gobelet de vin chaud. Je ne connais pas du tout cette boisson, ça sent vraiment très bon les épices. J'y trempe mes lèvres et... mais c'est super bon ce truc-là ! Nous continuons à marcher et au bout d'un certain temps nous nous retrouvons devant la grotte, j'entends des cris et du chahut qui vient de l'intérieur. J'ai absolument pas envie d'y aller. C'est décidé, demain j'irai me prendre une chambre à l'hôtel. J'ai envie d'être tranquille. Je me prépare à trouver mes gars complètement fous. En entrant dans la grotte je me rends compte que les cris viennent de l'intérieur du sous-marin. Ils sont complètement fous comme je l'avais prévu. J'entre finalement dans le bâtiment en me pinçant l'arête du nez. C'est une fois dans la salle commune que je comprends pourquoi ils sont si agités. L'affiche qu'ils ont volée est là, placardée par-dessus le poster de la semaine.

- Elle est là les mecs !! Elle est sur l'île en ce moment même ! Et regardez, Taaaadaaaaa le concert a pas encore eu lieu ! C'est dans deux jours et nous on sera là et on pourra retourner la voir et peut-être même découvrir sa nouvelle chanson en live !! Liv Valentine, nous voilà !!

Shachi et Pinguin se jettent dans la mêlée en criant leur joie.

 

Liv est ici... ça veut dire que j'ai peut-être une chance de la revoir. Je me sens plein de vie tout à coup, presque lumineux mais je suis chamboulé, cette nouvelle me retourne complètement la tête. Reprends-toi Law t'es pas ici pour ça, tu dois enquêter sur les disparitions d'enfants.

- On ira hein ?! Pas vrai Capitaine ?

Ils me tirent de mes pensées.

- Vous irez où vous voudrez, vous êtes des adultes non ?

- Et toi capitaine tu viendras avec nous ? On ne sait toujours pas si tu as aimé ou non le concert de la dernière fois.

- C'est parce que moi-même j'en sais rien.

 

En réalité j'ai adoré la regarder sur scène, c'est son domaine ça se sent. Certaines de ses chansons m'ont donné sacrément chaud.

Évidemment que j'irai avec eux, c'est l'occasion de la revoir et qui sait... elle m'a dit qu'elle aimerait repasser du temps avec moi non ? Donc peut-être qu'après le concert elle trouvera un moyen de me contacter et qu'on pourra aller se faire des cochonneries. Je me sens en train de ricaner. Je suis bien incapable de dire si j'ai aimé ou non sa musique, parce qu'en fait c'est elle que j'ai-OULA oublie ça Traff. Ça c'est non, non, NON ! No way ! Pas de sentimentalisme par ici, reprends-toi immédiatement ! Je me mets une paire de claques mentales.

- Law ça va ? Tu fais une de ces têtes, t'es un peu rouge, t’as de la fièvre ? Me demande Pinguin.

- Non laisse tomber tout va bien.

Assez rêvassé ! Je me détourne, il faut que je récolte des infos. Je décide de repartir en ville.

 

Durant les deux jours qui ont suivi j'ai appris pas mal de choses concernant les enlèvements d'enfants. En m'éloignant du centre-ville j'ai trouvé les quartiers un peu plus chauds. Vraiment pas beaucoup plus chauds cela dit, cette île on dirait vraiment pas qu'il s'y passe quoi que ce soit de fâcheux, mais en fouinant un peu j'ai réussi à dégoter les noms de quelques personnes que je suis allé interroger. Ils étaient vraiment pas contents de me voir et certains ont été particulièrement difficiles à faire parler, mais quand on sait où appuyer pour faire mal les langues se délient beaucoup plus facilement. J'ai appris que cette île est une sorte de point de ralliement. Les différentes équipes se rassemblent avec les enfants qu'ils ont réussi à choper et les embarquent tous vers une autre destination. Il y a d'autres îles pivot comme celle-ci sur North Blue d'après ce qu'ils m'ont dit. Par contre aucun de ceux que j'ai interrogés ne semblent savoir à quoi les enfants sont destinés. La plupart semble penser qu'ils seront vendus comme esclaves. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai de gros doutes sur la question, ça fait quand même beaucoup d'enfants...

 

Je réfléchis alors que je laisse retomber la main brisée d'un de mes informateurs. Je suis dans une zone de chargement maritime au milieu de conteneurs et d'énormes sacs de grains. L'air sent la marée et l'atmosphère est vraiment lourde. J'y ai trouvé quelqu'un pour m'informer. Je baisse les yeux vers lui, il est misérable et se tient la main en criant. Je pose la mienne sur sa bouche. Il me dégoûte ce connard à pousser des gamins dans le dos pour les faire monter sur un navire qui les enverraient il ne savait où, et pourquoi ? Pour de l'argent. J'ai envie de le tuer.

 

Tout à coup je ressens un violent frisson, quelqu'un nous observe. Je n'ai pas le temps de faire le moindre geste qu'une détonation retentit, je la reconnais immédiatement, je l'ai déjà entendue il y a un mois et demi de ça. La balle me frôle la joue en m'entaillant puis traverse le front de l'homme près de moi. Je déploie ma Room le plus loin possible et je trouve ce que je cherche. Le sniper est là. D'un geste j'échange ma place avec celle d'un petit tube de métal qui se trouvait là. Je ne sais pas comment il a fait mais il a roulé sur le côté avec son arme avant que je ne lui tombe dessus en sortant de ma Room. Il se relève avec précipitation dans une roulade. On se fixe un moment, il est entièrement recouvert de vêtements noirs aux plaques de métal sombre et aux nombreuses poches. Il mesure à peu près un mètre soixante-quinze. À sa ceinture j'aperçois deux autres armes, deux armes de poing massives. Une capuche cache l'intégralité de son crâne et une écharpe lui remonte jusqu'au-dessus du nez. Ses yeux sont dans l'ombre. Je remarque néanmoins une mèche de cheveux blonds sur son front. Il se tient fermement sur ses jambes légèrement écartées, son arme pointée sur moi. S’il tire il est mort je suis dans ma Room je contrôle absolument tout ce qui s'y passe. Finalement il lâche son fusil et se met à courir. La vache il a une sacrée accélération ! Je m'élance derrière lui, mon pouvoir se dissipe. Alors que je ne suis plus qu'à une cinquantaine de centimètres de lui il s'arrête brusquement et écrase son dos contre mon torse. Choqué par un tel revirement je tombe à la renverse et lâche mon nodashi. Il met un coup de pied dedans le faisant tomber des conteneurs. J'aperçois la lueur de ses yeux bleus. Il me fixe un demi-seconde puis il sort quelque chose de sa poche qu'il me lance sur le ventre. Dès que l'objet entre en contact avec moi il émet un son et une lumière si vive que je me recroqueville sur moi-même, les mains plaquées sur les oreilles. C'en est fini de moi, je vais crever ici parce que j'ai été trop con et que je m'en suis pris à quelqu'un dans la précipitation. Je n'arrive pas à me concentrer pour ouvrir une nouvelle Room, je suis fini. Pourtant rien ne se passe, pourquoi il ne me tue pas !? Finalement j'ouvre les yeux et le vois qui court au loin. Je me relève en dérapant sur le métal. Je décide de le suivre, je récupérerai mon sabre plus tard. Il saute de caisse en caisse pour rejoindre le sol dans un grand fracas. Je suis toujours à sa poursuite, je le vois qui ouvre la porte d'un des conteneurs, entrer dedans et refermer derrière lui. Je suis perplexe, est-ce qu'il est vraiment stupide ? Finalement je m'arrête devant la porte et écoute, il n'y a aucun bruit à l'intérieur. Tout ce que j'entends c'est mon sang qui pulse dans mes oreilles, mon cœur qui cogne contre mes côtes et ma respiration haletante qui remplit la nuit. Je suis couvert de sueur. Finalement je déploie à nouveau ma Room et vais à l'intérieur, je me retrouve au milieu de tout un tas de caisses et de marchandises. Je dois bien me rendre à l'évidence, il n'y a personne. Ni une ni deux je retourne au-dehors et cours récupérer mon nodashi puis je me précipite à l'endroit où se trouvait le tireur au tout début, il y a laissé ses affaires, je pourrais en apprendre plus sur lui ! Je me dépêche mais en arrivant sur les lieux il n'y a plus rien. Plus de sac à dos, plus de fusil, rien. Comment a-t-il fait pour revenir ici aussi vite et sans que je ne le voie, il n'y avait qu’une seule sortie pourtant. Finalement je reste caché dans les hauteurs. Je suis à trois cents mètres du corps sans vie de mon informateur, mon pouvoir ne s'était encore jamais déployé aussi loin. Je décide d'attendre de voir ce qui va se passer. Je m’attends à voir débarquer le marin associé au sniper mais personne ne vient, même après plus d'une heure. Finalement je décide de me lever et d'aller examiner le corps et les alentours. Je récupère la balle avec difficulté dans le conteneur, elle était profondément enfoncée dans le mur en face, ayant traversé le crâne puis une couche de métal pour se retrouver là. Je ramasse également le petit tube brillant qui m'a servi pour échanger ma place. Je l'observe un moment sans comprendre. Je décide de mettre le tout dans ma poche puis je repars sans jeter un regard au cadavre. Étonnamment je ne ressens plus autant d'appréhension vis à vis du tireur d'élite. Il ne m'a pas tué alors qu'il aurait pu le faire, je me demande pourquoi ?

 

 

- Liv-

 

PUTAIN DE MERDE !! Mais qu'est-ce qu'il foutait là ! Je suis adossée à un conteneur le cœur battant à tout rompre, j'ai la bouche tellement sèche qu'on dirait un vieux bout de papier. Qu'est-ce qui m'a pris de tirer quand même, mais que je suis conne, conne, CONNE ! Je me tape la tête contre le métal. J'étais trop excitée, je suis trop excitée. Tirer alors qu'il était là, j'ai bien failli le toucher en plus ! Ça m'a tellement grisé que je n’ai pas pu me retenir. Il faut vraiment que je fasse quelque chose pour mon addiction à l'adrénaline. En même temps je me sens tellement euphorique, je souris de toutes mes dents, mon cœur est rempli de joie, j'ai adoré ça, il faut que je recommence ! 

C'était quoi ce pouvoir Law !? Comment tu as fait pour te déplacer si vite ?

Heureusement j'ai pu sortir de sa zone d'effet rapidement. Je l'ai échappé belle. Mon dieu je suis toujours en vie !! Je lève les bras au ciel, lui offrant mon visage tout sourire, je ris. L'adrénaline parcourt toujours mon corps, je me sens forte et sur le qui-vive, rien ne m'échappe.

Je repense à Law, ça me fait un plaisir fou de l'avoir revu et de savoir qu'il est sur cette île avec moi. J'aurais voulu lui parler mais je me serais grillée. Je me relève péniblement, je tremble de partout c'est délicieux. J'ai eu le temps de récupérer mon arme et mon sac, si j'avais dû les laisser derrière moi ça aurait été une catastrophe.

Ça m'apprendra à me mêler de ce qui ne me regarde pas. Loyd a pas du tout l'intention de se frotter aux individus qui enlèvent tous ces enfants. C'est vraiment qu'un gros lâche. Puis il fait vraiment attention à rien. Je ne me suis jamais introduite aussi facilement quelque part que dans son bureau. Ça a des bons côtés de vivre et de se déplacer sur un cuirassé de la Marine transformé en bateau pour ma tournée. Je ne sais pas du tout quel baratin il a servi à ses supérieurs pour que ce soit possible mais il l'a fait, ça il est doué pour baratiner. Du coup ça fait un moment que j'arpente le bateau jusqu'à fond de cale, touchant et traversant toutes les porte que je peux. C'est le lieu que je connais le mieux. C'est une aubaine qu'il ne soit pas au courant pour mon pouvoir. Ça me donne une longueur d'avance sur lui et sur la Marine en général. J'enlève mes vêtements noirs et les fourre dans mon sac à dos. J'y range également mes pistolets, je démonte mon arme et la range dans son sac. Puis je me dirige tranquillement vers la ville, je rentre dans un restaurant et vais aux toilettes comme si de rien n’était, j'ouvre la porte d'un des toilettes et ressors dans ceux de mon hôtel. Je me regarde dans la glace, j'ai failli crever et tout perdre mais je suis rayonnante.

 

-Law-

 

Pourquoi mon lit est-il si dur...j'ouvre les yeux et tombe nez à nez avec une tasse de thé oubliée de la veille. Je me suis encore endormi sur mon bureau. Je me redresse, une feuille me colle au visage, je l'enlève d'un revers de la main. C'est la page du journal concernant ce marine Loyd, en étudiant un peu plus en profondeur ses victimes et en retrouvant leurs noms dans des journaux plus anciens je me suis aperçu que c'étaient tous de vraies raclures. J'en ai donc conclu que le sniper ne tue pas n'importe qui. Sur le bureau posé devant moi, le tube métallique et la balle récupérés sur les lieux de l'assassinat. Aujourd'hui je vais me rendre dans une armurerie pour faire examiner tout ça, peut-être qu'on pourra m'en apprendre plus. Je m'occupe de faire deux trois choses avant de quitter à nouveau le sous-marin. Même si je l'avais voulu on n’aurait pas pu partir, une bonne partie du Polar Tang est démontée, on est bloqué ici pour encore trois ou quatre jours. J'ai prévenu tout le monde de la présence du sniper dans la ville. Mais que selon moi on ne craignait absolument rien. Je me déplace dans la ville à la recherche d'une armurerie. Je finis par en trouver une un peu excentrée. J'y entre et découvre un lieu que je n'avais encore jamais vu, les murs sont entièrement recouverts d'armes à feu. Sur une étagère une cinquantaine de fusils sont adossés les uns contre les autres. Leur crosse vers le bas, le nez en l'air. Un petit homme chauve aux lunettes en cul de bouteille sur lesquelles se posent des sourcils gris et en broussaille se trouve assis derrière le comptoir, il est absorbé par sa tâche. Je m'approche de lui et me racle la gorge.

- Bonjour...

- Laissez-moi encore une petite seconde Monsieur et je suis à vous.

Il ne relève pas le nez, passant un coton dans la rainure d'une arme entièrement noire, pas une trace de bois ne la compose. Ça me rappelle celle que portait le tireur d'élite.

- C'est un vrai petit bijou cette chose-là, la pointe de la technologie en matière d'arme à feu. Me dit-il en relevant la tête. Il a une moustache touffue en dessous d'un nez en patate.

Ses yeux sont énormes au travers de ses lunettes, on dirait un gros crapaud moustachu, je me retiens de rire. Il attrape une branche et les fait glisser sur son crâne, je m’attends à ce que ses sourcils lui tombent sur les yeux mais non. Il me détaille quelques secondes.

- Désolé jeune homme mais je ne peux rien faire pour toi, je ne fais pas les sabres, j'ai bien quelques couteaux mais tu n'en aurais aucune utilité. 

Je vois qu'il fixe mon nodashi.

- Non vous vous trompez, je ne suis pas là pour lui et je suis sûr que vous pouvez m'aider.

- Très bien et en quoi ?

Je sors de ma poche le cylindre brillant, la balle toute racornie que j'ai eu un mal fou à faire sortir du métal et pose le tout devant lui sur une sorte de petit tapis de velours.

- Est-ce que vous pouvez me dire quelque chose au sujet de ceci ?

L'armurier remet ses lunettes sur son nez, je le sens qui se crispe une seconde, il pousse un soupir d'admiration et de surprise.

- Et bien et bien... où avez-vous trouvé ça ?

- Quelqu'un a essayé de me tirer dessus avec.

Il ne relève pas la tête et se saisit de la balle.

- Je n'ai jamais vu de balle de ce type si grosse. Mais j'en connais bien la forme pour l'avoir eue sous les yeux n’y a pas moins de cinq minutes. Je ne sais pas qui a voulu attenter à votre vie mais ce n'est pas Joe le rigolo, croyez-moi. Regardez, voilà une balle comme la vôtre, pas du même calibre mais ce sont les mêmes, ça ne fait aucun doute.

Il sort de sous son établi une petite boîte qui cliquette et prend un tout petit cylindre doré et le pose à côté du mien sauf que celui-là a une petite tête pointue.

- Normalement les balles ressemblent à des billes de plomb classiques mais ces dernières années est apparu ce type de balle, la partie qui se détache s'appelle la douille, grâce à elle on peut déduire un certain nombre de choses concernant l'arme du tireur.

Il sépare le cylindre de la tête et fait couler de la poudre sur son bureau.

- Tout en un ! Les armes qui utilisent ce genre de projectiles sont bien plus puissantes et performantes que les autres, plus rapides, plus précises, ça traverse tout.

Je sens dans sa voix toute la passion qui l'anime, l'amour et l'admiration qu'il voue à ces objets. Je ne comprends pas bien comment on peut à ce point aimer des instruments de mort comme ça. Après il y a bien des gens qui sont passionnés par les sabres, pourtant ils ne m’inspirent pas la même méfiance, au moins celui qui tient un sabre dans ses mains je peux le voir.

- Je veux bien vous croire, celle-ci a traversé une couche de métal de trois centimètres au moins et bien entamé une seconde. J'ai vraiment eu beaucoup de mal à la sortir.

Il regarde le morceau gris tout aplati que je lui ai apporté.

- Comme je vous le disais je n'en ai jamais vu de si grosse, à en juger par la taille de la douille elle doit provenir d'un grand fusil comme ceux-là, il me montre d'un doigt l'étagère derrière lui. Je ne savais même pas que ça pouvait exister une arme si grosse pour ce type de balles.

- J'ai eu la chance de pouvoir le voir, il ressemblait beaucoup à ce petit pistolet tout noir que vous aviez à l'instant.

- Ça ne m'étonne pas, il n'y a qu'une seule personne à ma connaissance qui fabrique toutes ces armes en métal noir. Comme je vous le disais je n'ai jamais entendu parler d’un fusil qui ressemblerait à mon pistolet mais si comme vous me le dites il en existe, vous pouvez être sûr que c'est cette même personne qui les a mis au point. Je n’ose même pas imaginer le recul que ce monstre peut avoir...

Il récupère la douille qu'il fait tourner entre ses doigts.

- Vous savez qui c'est ?

- Un fabricant d'armes de génie ça c'est sûr ! Il vit quelque part sur North Blue c'est tout ce que je sais, personne ne le connaît ni ne l'a jamais vu.

- Comment vous êtes-vous procuré celle-ci alors ?

- C'est un ami qui me l'a rapportée de l'un de ses voyages. Autant vous dire que je ne m'en suis jamais servi. C'est un objet de collection. Je donnerais cher pour voir le fusil dont vous parlez.

- Ça ne m'a pas plu à moi de le voir.

- J'imagine mon garçon. Mais si tu l'as vu c'est que t'étais bien trop près pour qu'on te tire dessus avec. D'après la taille de la douille je peux te dire qu'avec il est possible de tirer à au moins un kilomètre, si ce n'est plus. Tu as affaire à un sacré sniper mon petit, va falloir assurer tes arrières.

Il rigole tranquillement en secouant sa moustache, ça ne semble pas l'ébranler plus que ça de savoir que je suis potentiellement la cible d'un tueur.

- Donc vous ne pouvez pas me dire d'où vient cette balle.

- Non malheureusement.

Je récupère les morceaux de métal et les remets dans ma poche.

- Je vous remercie pour toutes ces informations. 

Je tourne les talons.

- Au revoir et faites attention à vous. Me dit-il alors que j'ai la main sur la poignée de la porte.

- Merci, au revoir. Je sors à nouveau dans la rue et décide de retourner au Polar Tang.

 

Je suis encore à quelques mètres de la grotte et pourtant j'entends déjà du grabuge, de la musique et des éclats de voix. En arrivant près du sous-marin je trouve mon équipage en train de danser et de chanter avec les mécanos qui travaillent pas loin.

- Qu'est-ce que vous foutez ? Je leur demande, perplexe.

La voix de Liv retentit dans toutes la grotte.

- C'est ce soir le concert Law, t’as quand même pas oublié !?

J'avais complètement oublié...  

 

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Voilà voilà, j'espère que ça vous a plu, on se retrouve dans deux semaines pour la suite !

 

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