Foutue malédiction

Chapitre 1 : Retrouvaille ?

1929 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/05/2018 00:49

L’humidité accentuait l’odeur des plantes du jardin, ou peut être celle de la bataille qui avait vu naitre un nouvel arbre en plein milieu. Il régnait une ambiance étrange, à la fois pleine de joie et de confusion. Les habitants affluaient de partout jusqu’au parc pour tomber dans les bras des uns et des autres, entre les larmes et les éclats de rire. Un brouhaha de discussions excitées au milieu desquelles Rumple et Alice faisaient bande à part. Le premier avait décidé de s’éclipser, discrètement, il n’y aurait de toute façon personne pour s’inquiéter de son départ. Il avait tort de le penser toutefois, les regards de la blonde et du Capitaine étaient fixés sur son dos. Un baiser sur son front sortit Alice de ses pensées, elle se lova davantage contre Robin.


« Tu vas bien, Tower Girl ? »


L’intéressée haussa légèrement les épaules.


« Je ne peux toujours pas approcher mon Papa mais… »


Elle releva un regard lumineux sur sa compagne et ce sourire si franc.


« Tu es là ! Nous nous sommes retrouvées. »


L’archère acquiesça d’un léger signe de tête, elle vola un baiser furtif avant d’être interrompus par les ambulanciers venus prendre soin du Capitaine.


« Nous allons le transporter à l’hôpital pour des examens complémentaires, voulez-vous venir avec nous ? »


Le regard d’Alice avait quelque chose du désespoir lorsqu’elle observa les personnes autour d’elle. Régina fit un pas un avant, un sourire rassurant.


« J’y vais, ne t’inquiète pas, tu seras la première au courant de tout.

-Merci ! Merci beaucoup !

-C’est ce que les familles font, elles prennent soins les uns des autres. »


Elle serra la compagne de sa nièce dans ses bras. Ce n’était que quelques minutes, un bref instant d’acceptation après une malédiction au cœur de laquelle Alice s’était sentie tellement isolée. Et voilà que tout reprenait sa place, le bon, comme le mauvais.


« Famille… 

-Oui Tower Girl, Famille. »


Le sourire éclatant de Régina trouva écho sur les lèvres d’Alice.


« Prenez soin l’une de l’autre d’accord ? Je vous tiens au courant. »


Robin acquiesça.


« Tu peux compter sur nous. »


La lumière des gyrophares éclaboussa le parc jusqu’à disparaitre complètement lorsque l’ambulance tourna au coin de la rue. Le jardin se vidait comme il se remplissait, les gens venaient, se retrouvaient puis repartaient ensemble, bras dessus, bras dessous au milieu de bavardages incessants. C’est qu’il y’en avait des choses à se raconter et des souvenirs à partager. Des mois dans la peau d’un ou d’une autre à vivre d’autres histoires, à se construire d’autres vies. Un peu plus tard viendrait sans doute le temps des questions. Mais pour le moment, il s’agissait de savourer. Alice quitta les bras de sa compagne pour se rapprocher de l’arbre imposant. Ce n’était que maintenant qu’elle se rendait compte de tout ce que ça représentait. Savoir qu’elle avait participé à briser la malédiction lui donnait le vertige. Elle, Alice, la fille de la tour que tout le monde avait toujours trouvé un peu fofolle et naïve. C’était finalement de son innocence qu’elle tirait tant de pouvoir, même Rumple n’avait pas su y résister. Elle sentit la main de Robin dans son dos et se blottit contre elle. L’odeur de son parfum envahit son environnement, elle réalisait maintenant combien il lui avait manqué. Combien tout lui avait manqué. Elle se demandait si elle était la seule à avoir perdu quelque chose lorsque la malédiction s’était brisée. Son père désormais ne pouvait plus l’approcher. Tous ces moments qu’ils avaient partagés sans le savoir, s’étant rapprochés malgré eux. Aucune malédiction n’avait jamais vraiment réussi à briser les liens lorsqu’ils étaient simplement trop forts. Les Charmants avant eux en avaient déjà fait la démonstration éclatante, Henry et Cendrillon, elle et son père, et puis elle et Robin et tant d’autres encore. Voilà, prenez ça bande de méchants, vos malédictions ne fonctionnent jamais réellement. Elle esquissa un sourire, léger et un peu triste. C’était sa mère qu’elle avait combattu, même si elle ne la considérait pas comme telle, n’en demeurait pas moins qu’un lien du sang les unissait. Elle n’avait aucun regret pourtant, pas après tout ce que Gothel leur avait fait subir.


« Je suis désolée de t’avoir repoussée, tout à l’heure…

-Tu n’étais pas toi-même.

-Non… Mais quand même. »


Robin haussa les épaules avec désinvolture.


« Je voulais juste te sauver, quoiqu’il arrive. J’étais plus inquiète pour toi que pour moi.

-Même après que je t’ai miniaturisé ?

-Honnêtement ? Je ne pensais qu’à toi, j’avais peur que tu disparaisses comme les autres. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si c’était arrivé.

-Tu te serais trouvée une famille de rats, non ? J’ai toujours vu les rats comme de grands voyageurs. »


Robin cligna des yeux puis elle éclata de rire.


« Tu imagines la tête de ma mère ? »


Elles rirent de bon cœur. Robin approcha son visage de celui d’Alice, doucement, elle posa ses lèvres sur les siennes. Elles partagèrent un long baiser et cette fois-ci, il n’était pressé par aucune urgence. Il n’y avait ni malédiction, ni sortilège diabolique, rien qu’elles deux et des retrouvailles à partager. Leurs corps se rapprochèrent tandis que l’échange s’intensifiait, la main de Robin voyagea sur la joue d’Alice pour mieux profiter de l’instant. Elles se séparèrent à bout de souffle, partageant le sentiment de vide qui les avait habitées pendant si longtemps et qu’elles pouvaient maintenant combler. Front contre front, dans les bras l’une de l’autre, elles s’installèrent dans un silence confortable tandis que la nuit au-dessus de leurs têtes s’étirait vers sa fin. L’humidité leur chatouilla doucement les narines sans venir altérer leurs sourires. La fatigue avait pourtant fait son œuvre et le froid s’installa assez pour faire frissonner Alice. Robin repoussa une mèche de cheveux du visage de sa compagne.


« Je crois qu’il est temps qu’on rentre, Tower Girl. »


Elle réfléchit un instant avant de rajouter :


« Qu’est ce que tu dirais d’un chocolat chaud au bar avant d’aller prendre un repos bien mérité.

-J’adore l’idée ! »

Le regard d’Alice se porta sur l’arbre inquiétant. Le choc de ce qui venait se produire n’était pas complètement digéré, ni toutes les conséquences qui allaient avec. C’était sa propre mère qui se tenait là. Robin dû lire dans ses pensées parce qu’elle proposa :


« Tu veux que je te laisse quelques minutes ?

-Ouais… Ca t’embête pas ?

-Non, bien sûr que non. Je t’attends juste à l’entrée, ok ?

-Oui, d’accord. »


Alice regretta son départ presque aussitôt, lorsqu’elle sentit la chaleur et la sécurité de leur étreinte disparaitre. Mais elle avait besoin d’un peu temps pour parler à un arbre. D’aucun l’aurait trouvé folle, comme d’habitude. Et elle s’en moquait, comme toujours.


« J’aurais aimé que ça se passe autrement, vraiment. Tu sais, c’est ton choix plus que le mien. »


Elle haussa les épaules.


« J’ai fait la paix avec ça. J’espère que tu pourras aussi et que tu seras heureuse. Moi je te promets de faire mon mieux. »


Alice sourit et posa sa main sur la surface rugueuse. La seconde d’après elle était projetée violemment dans les airs par la force d’une aura pourpre en provenance de l’arbre. La détonation magique se répercuta en écho sur les bâtiments alentours.


« Alice ! Alice !! »


L’archère courut rejoindre sa compagne allongée sur le sol.


« Alice ? Réponds-moi ! Parle-moi ! »


Elle serra contre elle le corps inconscient de la blonde, du sang s’écoulait d’une entaille au front.


« Alice ! »


La panique prenait le dessus, Robin se força à se calmer pour vérifier la respiration. Elle déglutit en sentant le souffle chaud contre sa peau.


« Alice, réveille-toi, s’il te plait. Allez Tower Girl, ne me laisse pas… S’il te plait… »


Elle s’apprêtait à l’embrasser parce que dans les contes de fée, cela marchait toujours. Mais cette fois-ci, elle n’en eut pas besoin. La blonde cligna des yeux, les sourcils froncés de douleur.


« Hé, te voilà… Doucement… Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais on dirait que tu as pris un sacré coup.

-Je… »


Alice gémit de souffrance.


« Ma tête…

-Oui, tu es blessée, il y a un peu de sang, mais ça n’a pas l’air très grave. Je vais appeler une ambulance, d’accord ? Reste tranquille, je prends soin de toi.

-Qu’est ce qui s’est passé ?

-Je ne sais pas… »


Robin sortit son téléphone d’une main, tenant toujours sa compagne de son autre bras.


« J’ai vu ce… truc violet, la détonation et toi qui volais. C’est peut être un dernier sortilège de Gothel, j’en sais rien.

-Gothel ? Un sortilège ? »


Alice était complètement perdue. Elle tenta de se redresser mais c’était sans compter sur la vigilance de Robin.


« Hé… Tu dois être un peu sonnée, reste allongée.

-C’est Margot, avec un T, c’est ça ? »


Robin écarquilla les yeux autant de surprise que de choc.


« Je qu… Quoi ?

-Je crois que c’est le coup sur ma tête qui me rend un peu plus folle que d’habitude. Désolée mais je comprends rien de ce que tu dis. »


Alice porta la main jusqu’à son front, y récoltant un peu de sang au passage.


« Aïe… »


Robin avait pratiquement cessé de respirer. Au loin, la sirène de l’ambulance se faisait entendre. Quelques curieux s’était rapprochés, certains avaient même l’air d’offrir leur aide mais elle ne les entendait pas.


« Comment tu m’as appelé ?

-Heu… Margot ? C’est pas ça ? Désolée pourtant d’habitude je me souviens bien des prénoms, ce sont les gens qui ne se rappellent pas du mien. 

-Alice ? »


La blonde fronça les sourcils mais elle cessa aussitôt parce que ça faisait mal.


« Aïe ! Alice ? Je sais pas qui est Alice, mais moi c’est Tilly. »

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