Eight Travelers - EN PAUSE
Pendant ce temps, à l’extérieur
Un homme mine. Armé d’une pioche, il la lève, l’abaisse… Mais il a beau continuer, il ne trouve rien. Il balance la pioche sur le côté.
(J’ai beau creuser, creuser, et encore creuser, je trouve pas la moindre pépite…) Il pense. (La poisse me colle à la peau ! Je croyais enfin tenir ma chance de reprendre ma vie en main.)
Il se frappe un peu le visage.
(Quel imbécile ! Je me suis même endetté pour en arriver là. Qu’est-ce que je vais dire à ma femme ?)
Il reste en silence un long moment. Il ne remarque alors pas les trois jeunes femmes et fille qui approchent de lui.
(Qu’est-ce que c’est que ça ?) Pense la plus jeune
-Excusez-moi, Monsieur. J’aimerais vous acheter ces pierres.
Le travailleur se retourne brusquement. Il semble surpris, en voyant Tressa, Primrose et Ophilia arriver vers lui, Tressa souriante, et Primrose et Ophilia l’air tout aussi surprise que lui.
Elles viennent de se séparer du groupe, qui était parti dans les égouts. Et la jeune Tressa était déterminée à faire prospérer, même pour deux jours, son petit commerce !
-Vraiment ?! Demande l’homme
-Oui ! Je veux vos pierres ! Insiste Tressa
-Eh bien… Dans ce cas, je vous les vendrais bien pour une cinquantaine de feuilles…
-Vendu !
Ils se serrent la main. L’homme tend son sac de pierre à Tressa, tandis qu’elle lui tend un petit sac de feuilles.
-Je vous remercie… Soupire l’homme
-Moi de même ! Répond Tressa
Elle lâche un lumineux sourire, alors que l’homme, toujours aussi confus, part plus loin.
-Est-ce que tu viens de dépenser cinquante feuilles pour de simples pierres noires ? Demande Primrose
-Primrose, je pense qu’elle sait ce qu’elle fait. Souffle Ophilia
Tressa ne les écoute pas, et frotte une ou deux pierres avec ses manches. Elle finit par sourire.
-Aha ! Je le savais !
Tressa sort du petit sac une gemme magnifique, brillante de vert et de bleu, une couleur véritablement sublime !
-Tressa ? Mais ou as-tu trouvé… Demande Primrose
(Sous cette couche de crasse, une magnifique gemme attendait patiemment qu’on la découvre !) Pense la marchande
Elle se tourne vers ses amies.
-Il me suffisait de nettoyer un peu ces pierres ! Regardez comme elles sont belles !
-Oui, tu as raison, elles sont magnifiques ! S’écrie Ophilia
Les yeux des jeunes filles brillent un peu. Certes, elles sont adultes, mais qui peux résister à de telles beautés ?
-J’ai l’impression de retomber en enfance, ici, en pamoison devant une pierre ! Affirme Primrose
-C’est bon parfois de retomber en enfance, Primrose ! Reprend Ophilia
-Je suis certaine qu’elles pourront se revendre à prix d’or. J’en ai un sac plein ! Reprend Tressa
-Voilà qui devrait rembourser le budget prune de ce cher Cyrus ! Sourit Primrose
Elles se mettent à rire en cœur.
-Tu as l’œil, petite oisonne.
-Pardon ? Souffle Tressa
Le comité se retourne. Un jeune homme arrive. Il a la peau plutôt mate, des cheveux noirs et yeux bruns. Il porte un gilet rouge, ainsi qu’un bandeau rouge autour du crâne. Il porte un pantalon verdâtre, et dans son dos repose un immense sac à dos marron. Sous son gilet, il n’a pas de haut à proprement parlé, mais un bandage au niveau des pectoraux. Enfin, sur le bandeau rouge du haut de son crâne, une petite plume crème se laisse porter par le vent.
Il sourit en coin, faisant pétiller ses yeux de malice, et sort de sa poche… L’exacte même pierre que celle de Tressa !
-Hé ! Ce sont les mêmes pierres que celles que j’ai achetées ! S’écrie Tressa
-Tout juste. Je suis un marchand itinérant. Je m’appelle Ali.
-Tressa. Moi aussi, je suis marchande itinérante.
-Primrose, ancienne danseuse d’Ombrelle.
-Ophilia, prêtresse.
Ils s’inclinent tous poliment.
-Je n’avais jamais vu de pierres luisantes comme celles-ci.
La jeune marchande sourit.
-A première vue, on dirait de vulgaires cailloux, mais je ne suis pas née de la dernière pluie ! Affirme Tressa
-Tu as vraiment l’œil pour ce genre de choses, Tressa ! Sourit Ophilia
Ali reste une seconde en silence, avant de lancer :
-Tu n’as pas la moindre idée de ce que tu viens d’acheter, pas vrai ? Souffle Ali
-Comment ça ?
Ali ricane un peu.
-C’est de la célestite. C’est un minerai relativement rare, mais on peut en dénicher sans trop de mal si on sait où chercher. Il parait parfaitement quelconque de prime abord, mais avec un peu d’huile de coude… le voilà qui se change en une splendide pierre précieuse.
-Tu m’apprends quelque chose ! Répond Tressa
Ali cligne un peu des yeux.
-Donc tu as acheté toutes ces pierres comme ça, sans savoir ? Sourit Ali. Tu es une vraie oie blanche, toi.
-Une oie blanche ? Insiste Primrose
-Enfin, continue comme ça. A la prochaine, petite oisonne ! Fait Ali
Ali fait un signe, et part sans plus attendre. Tressa fait un pas en avant, mais s’arrête. Ali est déjà trop loin. Elle grimace un peu.
-Une oie blanche ? Quel toupet ! Reprend la danseuse
-Primrose, ne créer pas de scandale, s’il te plait… Tente Ophilia
(Hmph. Si je suis une petite oisonne, lui, c’est un vilain merle…) Pense Tressa
Tressa attrape son chapeau et lâche un grand sourire.
(Enfin, je n’ai pas le temps de me préoccuper de lui. J’ai des pierres à vendre !)
-Tressa ? Insiste Ophilia
-J’ai du travail ! Qui m’aimes me suive ! Lance la marchande de façon grandiloquente
Elle commence à partir vers la place au sud de la ville.
-Attends nous !
La danseuse et la prêtresse suivent immédiatement Tressa. Elle est maintenant sur la place sur, à l’est, juste devant les escaliers qui montent aux mines.
Tressa dépose son sac, et en sort un petit tapis rouge. Elle le déplie, rapidement, l’étale sur le sol. Elle prend le petit sac rempli de célestite, et dépose une à une les pierres sur le tapis. Quelques personnes la regardent, interloqués.
-Tressa, que fais-tu ? Demande Primrose
-Aidez-moi, vous deux ! Insiste Tressa
-Mais… Tente Ophilia
-Approchez, Mesdames et Messieurs ! Coupe Tressa
La jeune marchande fait de grands gestes de bras.
-Soyez les premiers à mettre la main sur l’un des trésors les plus rares du pays !
Une jeune femme approche.
-De l’or ? Elle demande
-Non ! Encore mieux que de l’or ! Reprend Tressa. Ouvrez grand vos yeux, et contemplez la chatoyante célestite !
Tressa ouvre les bras, afin de montrer la majesté de la célestite.
-Oooh ! Fait la cliente
Ophilia et Primrose se regardent. En un clin d’œil, elles se comprennent.
-La célestite, la pierre la plus belle de la région, voir du continent tout entier ! Crie Primrose
-C’est une occasion en or, ne la laissez surtout pas passer ! Renchérit Ophilia
Un homme arrive.
-Regardez comme ça brille ! Lance une cliente
-Je veux voir ! Fais un autre client plus loin
-Alors ? N’est-ce pas magnifique ? Insiste Tressa
-Je n’avais jamais rien vu de pareil ! Reprend une cliente
-Cette pierre est tout simplement éblouissante !
Tressa fait un clin d’œil.
-Ça oui, mais saviez-vous que l’éclat de la célestite n’a d’égal que sa rareté ?
Des cris impressionnés partent de l’assistance.
-Alors, n’hésitez pas ! C’est peut-être votre seule chance d’acquérir un tel joyau ! Reprend Tressa
-J’en prend une !
-Oh ! Moi aussi !
-N’hésitez plus, ou bientôt, il n’y en aura plus ! Insiste Primrose
-C’est un plaisir de faire affaire avec vous ! Sourit Tressa
Le trio continu de fonctionner encore un bon moment. Enfin, bon moment, tout est relatif. En effet, les pierres sur le tapis disparaissent de plus en plus rapidement. Un client en amenant deux autres.
Bientôt, il n’y a plus aucune célestite sur le tapis de Tressa. Elle lâche alors un éclatant sourire.
(Pfiou ! Ces pierres se sont vendues comme des petits pains.) Pense la marchande
Tressa lève un bras, triomphante.
(Comme je le pensais, mon séjour dans cette ville s’avère très fructueux ! Il faut que je refasse le plein !)
-Quelle réussite ! S’exclame Ophilia
-C’est grâce à notre fabuleux talent d’oratrice, chère Ophilia ! Sourit Primrose
-Merci, toutes les deux ! Vous m’avez beaucoup aidé ! Affirme Tressa
Elles se sourient.
-Je vais immédiatement repartir chercher des célestites ! Reprend Tressa
-Très bien… Souffle Ophilia
Ophilia baisse un peu le regard.
-Ophilia ? Demande Primrose
-J’aimerais voir comment vont les autres dans les égouts. Je t’avoue que je m’inquiète un peu…
-Tu n’as pas vraiment tort, ils mettent du temps à revenir. Reprend Primrose Et je doute que le kidnappeur, s’il existe bien, soit une bande.
-Ils prendraient autant de temps contre une personne seule ? Souffle Tressa
-Voilà pourquoi je veux aller voir. Affirme Ophilia
-Je pense que je devrais t’accompagner. Reprend Primrose
Elle se tourne vers Tressa.
-Tu penses que tu pourras te débrouiller seule ? Elle demande
-Bien sûr, je ne suis pas une enfant ! Reprend Tressa
-Alors nous revenons vite. Ne quitte pas la ville, surtout !
-Mais…
Primrose lâche un petit sourire, et commence à partir.
-A tout à l’heure !
-A tout à l’heure. Lance Ophilia
Elle part à son tour. Tressa reste quelques secondes à les regarder, puis part plus loin, souriante.
-Bien, allons chercher cette célestite !
Un peu plus tard
-Approchez !
Après avoir récupéré quelques célestites, en les rachetant à des mineurs confus, Tressa s’est reformé un stock plutôt respectable de nouvelles pierres vertes. Elle s’est remise au même coin, mais puisque l’heure est différente, certains mineurs ayant finis de travailler sont là.
Une nouvelle vague de clients approche, alors que Tressa lance :
-Soyez les premiers à voir la plus rare…
Elle entend des bruits de pas rapides provenant de derrière elle. Elle se retourne. Elle reconnait alors Ali, arriver comme une flèche, et se plaçant à gauche d’elle. En un éclair, un tapis bleu apparait sous les pieds d’Ali. Et sur ce même tapis…
Tressa rêve, ou est-ce de la célestite ?
-Mesdames et Messieurs, approchez et préparez-vous à être époustouflés ! Cette pierre qui brille de mille feux n’est autre que l’inimitable célestite ! Lance Ali de façon triomphante. Saisissez cette occasion unique de vous procurer l’une de ces splendides gemmes à un prix défiant toute concurrence !
-Quoi ?! S’égosille Tressa
Deux clients arrivent vers Ali, l’air plutôt curieux. Tressa manque de faire un scandale. Sa bouche s’ouvre et se ferme plusieurs fois, ne sachant que dire.
-Hé hé hé ! Ricane Ali
Il jette un regard à la marchande, lui faisant pousser un grognement d’exaspération.
(C’est vraiment un sale coup de s’installer juste à côté de moi… Mais je ne vais pas me laisser faire, ça non !)
-Leur beauté est indéniable. Souffle un client
Cependant, son regard s’attarde également sur l’étal de Tressa, faisant gagner un sourire à la marchande.
-Mais en quoi sont-elles différentes de celles d’à côté ?
-Vous ne trouverez pas de célestite plus pures que les miennes. Regardez-les !
Ali insiste en prenant une célestite, et la pointant vers l’homme.
-Elles sont complètement translucides. On n’y décèle pas la moindre impureté, pas le moindre défaut !
Une jeune cliente approche, ce qu’Ali remarque immédiatement.
-Elles sont resplendissantes, n’est-ce pas, Mademoiselle ? Presque autant que vos yeux.
-E-eh bien, dit comme ça… Souffle la cliente
(Il se rabaisse à flatter les clients, en plus ? Il devrait avoir honte !) Pense Tressa
Tous les clients regardent Ali et son étal. La pauvre Tressa ne peut que contempler ses clients potentiels partir à l’étal de son concurrent, sans qu’elle puisse faire quelque chose.
-Avez-vous une fille, mon bon Monsieur ? Demande Ali
Il remarque quelque chose à la ceinture du client. Une poupée de chiffon.
-Cette poupée vient de Graben, si je ne m’abuse. J’imagine qu’il s’agit d’un cadeau précieux pour une précieuse petite fille.
-C’est exact.
-Il est clair que vous êtes un père qui aime choyer son enfant adorée. Pensez-vous vraiment qu’une poupée suffise ?
Le client semble légèrement perdu.
-La célestite est aussi pure, aussi innocente et aussi belle que l’amour d’une fille. Chaque fois qu’elle la verra scintiller, elle pensera à son cher père qui la lui a offerte. Son éclat créera un lien entre vous, quelle que soit la distance qui vous sépare…
Il s’éclaircit un peu la gorge.
-« Mon cher Père, ou vos voyages vous emmènent ils ? Mon cher Père, quand rentrerez-vous auprès de moi ? ». A n’en pas douter, il s’agit là du plus beau cadeau que vous puissiez lui faire !
-J’imagine déjà son sourire.
Le client commence à sourire.
-Vous m’avez convaincu, jeune homme. J’en prends une.
-Je vous remercie, mon bon Monsieur. Sourit Ali
-Qu-quoi ?! S’étouffe Tressa
-Approchez ! Il n’y a pas un instant à perdre si vous souhaitez faire l’acquisition d’un rare fragment de célestite !
Une cliente va de l’autre côté.
-Vous n’en trouverez nulle part ailleurs ! Vous ne serez pas déçus, je vous le garantis !
Les clients s’amassent autour d’Ali. S’approchant de plus en plus prêts, alors que les yeux de Tressa ne peuvent que contempler son échec.
-Mettez m’en une, s’il vous plait.
-Une pour moi aussi !
-Merci, merci beaucoup ! Sourit Ali
-Grrr… ! Grogne Tressa
Lorsque les clients quittent enfin l’étal, Ali n’a plus aucune célestite, alors que le tapis devant Tressa brille encore de vert.
Ali se tourne alors vers Tressa, en rangeant son tapis.
-Pfiou ! Tu as vu ça ? Les affaires marchent du tonnerre !
Il regarde Tressa.
-Enfin, pour certains d’entre nous…
Tressa reste en silence une minute.
-Tu gagnes cette manche. Elle capitule
-Je n’allais pas me laisser damer le pion par une petite oisonne. Rétorque Ali
Tressa sourit en coin.
-J’avoue que je n’avais jamais vu quelqu’un vendre ses marchandises comme ça.
-C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Si tu veux survivre dans ce monde, tu dois apprendre à faire vibrer la corde sensible et à délier les bourses. Affirme Ali
-Mais le travail de marchand ne se résume pas à vendre !
La marchande s’avance vers Ali, relativement furieusement.
-Un bon marchand doit comprendre les besoins de ses clients et leur vendre ce qui leur convient le mieux !
-Je ne leur vends peut-être pas ce dont ils ont besoin, mais c’est ce dont ils ont envie. Quel mal y a-t-il à enjoliver la réalité ?
-Enjoliver ? Insiste Tressa
-Les mots d’un marchand sont comme la lame d’un guerrier. Ne l’oublie pas, petite oisonne.
Ali termine de rouler son tapis, et part, sans plus de cérémonies. Tressa le regarde partir, et serre les poings.
-Grr !
Elle range furieusement son tapis dans son sac, et part le plus loin possible. Quelle humiliation, par ce stupide vaurien…
Tressa s’arrête alors. Elle renifle un peu l’air. Une délicieuse odeur de viande flotte dans l’air. Elle se tourne vers un étal. Elle remarque enfin qu’elle est au beau milieu du marché du sud, et que ce très cher Ali est devant un étal de boucher.
Son ventre se met à gronder devant les viandes rouges du boucher.
(Je meurs de faim…)
Elle soupire.
(Mais après un échec aussi cuisant, je dois faire des économies…)
-Vos meilleures boulettes de viande, s’il vous plait !
Le boucher tend une brochette à Ali, qui la regarde goulûment. Tressa le regarde en silence.
Finalement, son rival se tourne vers elle, et en la remarquant, sourit un peu.
-Ah, si c’est pas ma petite oisonne. Tu as l’air affamée. Reprend Ali
Il tend sa brochette vers elle.
-Tiens. J’imagine que tu dois te serrer la ceinture.
Mais Tressa se retourne brusquement.
-Garde les ! Ordonne Tressa. Je refuse d’accepter la pitié d’un rival.
-Comme tu voudras.
Comme pour défier la marchande, il mord dans une boulette de viande.
-Mais au fait, comment tu en es venue à faire ce boulot ?
Tressa le regarde à nouveau.
-Mes parents sont marchands, donc ça coulait de source. Et maintenant, je parcours le monde en apprenant les ficelles du métier en chemin.
-Tiens donc. Mon père est un marchand, lui aussi.
Il mord à nouveau, et continu :
-Dans le Sud, tout le monde connait Maruf le marchand. Il avait tellement de bagou qu’il aurait pu vendre du sable en plein désert. Mais il n’a jamais raconté le moindre mensonge.
Tressa fait un pas en avant, intéressée.
-En quelques mots, mon père pouvait convaincre n’importe qui d’acheter ce qu’il vendait, et ses clients repartaient toujours satisfaits de leur achat.
Ali se met à sourire.
-On aurait dit de la magie. Il avait le don de trouver les mots justes pour révéler la beauté de ses marchandises à ses acheteurs.
Tressa reste en silence.
-C’est pour ça que j’ai décidé de lui succéder.
-Tu as repris le commerce familial ? Demande Tressa
Ali baisse un peu la tête et répond :
-Non, je me suis enfui de chez moi.
-Quoi ?!
Ali agite sa brochette de viande.
-Je t’épargne les détails. Ainsi va la vie, c’est tout.
-A vrai dire, ce n’était pas si différent pour moi. Reprend Tressa en souriant
-Hé hé, tu m’en diras tant… Ricane Ali
Le marchand termine enfin sa brochette. Il s’étire un peu, et commence à reculer.
-Bon, j’ai une grosse journée qui m’attend demain. Bonne chance quand même, hein ?
-Bonne chance à toi aussi, que le meilleur marchand gagne !
Alors qu’Ali commence à partir, il s’arrête en remarquant quelque chose dans le dos de Tressa. Elle se retourne.
Derrière elle, Morlock, le chef de la région, suivit de son sac de muscles qu’est Omar, arrivent.
-Tiens, tiens. Ton affaire semble avoir du succès…
Omar lâche un sourire mesquin.
-… aussi illégale soit elle.
-Je peux savoir qui vous êtes ? Demande Ali
Omar avance d’un pas brusque.
-Ne me parle pas sur ce ton, blanc bec. Cet établissement appartient à monsieur Morlock, comme tout ce qui se trouve dans cette ville.
-Ahem ! Je confirme. Souffle Morclok
-Admettons. Mais en quoi est-ce que ça rend mon affaire « illégale » ? Insiste Ali. Je veux bien que l’or vous appartienne, mais ces gemmes n’étaient que des vulgaires cailloux avant que je les polisse.
Omar croise les bras.
-Ton arrogance finira par t’attirer des ennuis, jeune homme. Comme ces terres appartiennent à monsieur Morlock, il est en droit de superviser toutes les transactions commerciales qui s’y déroulent. A partir de maintenant, ton petit commencer de cailloux tombe sous sa tutelle.
-Ah oui, vraiment ? Insiste Ali. Ça me semble drôlement arbitraire, tout ça.
Il avance nonchalamment, fermant même les yeux.
-Enfin, ce ne serait pas la première curiosité observée dans cette ville. A moins que vous ne soyez pas au courant, Monsieur Morlock ? Voyez-vous, le cours de l’or…
Il sourit.
-… est dix fois supérieur au prix que vous proposez à vos mineurs.
Morlock reste en silence, mais semble vraiment mécontent.
-Ali, ce n’est peut-être pas le meilleur moment… Tente Tressa
Ali secoue la tête.
-C’est le moment idéal, bien au contraire. Ils flouent d’honnêtes mineurs pour se remplir les poches. Sur mon honneur de marchand, je ne tolérerai pas cette escroquerie !
Morlock le regarde, et se tourne finalement vers Omar.
-Omar, montre à cette petite fourmi du désert ce qui arrive aux parasites qui tentent de salir ma réputation.
-Prêt à te faire écrabouiller, blanc bec ? Défie Omar
-Essayez seulement pour voir. Rétorque Ali
Le jeune homme sourit, et met ses poings en avant.
-Ne me sous estimez pas. Je suis rompu à la pratique de tous les arts martiaux. « Ali, une armée à lui tout seul », comme ils disent dans le Sud. Il suffit de prononcer mon nom pour terrifier ceux qui osent faire du tort aux petites gens. J’ai perdu le compte des scélérats que j’ai tués, tous d’une seule main.
Omar fait légèrement craquer ses os.
-Eh bien, dans ce cas, tu feras un excellent adversaire.
Ali fonce alors vers Omar. Celui-ci sourit. Ali tente un coup de poing. Mais Omar esquive. Il attrape le crâne d’Ali. Ali ne peut pas réagir.
Il balance la tête d’Ali vers l’arrière, et lui donne un coup de poing au visage. Ali se prend le coup en pleine tête.
-Ali ! Crie Tressa
Il reste debout une seconde, titubant, et tombe au sol, presque complètement assommé. Tressa secoue la tête.
-Une armée à toi tout seul, hein… Elle souffle
Ali redresse un peu la tête.
-Ha… Un marchand n’a pour arme que ses mots… il se retrouve sans défense sur un vrai champ de bataille. Mon combat était perdu dès l’instant ou on en est venus aux mains.
Ali tombe alors brusquement dans l’inconscience.
-Que cela te serve de leçon, petite fourmi. Lance Morlock
Tressa le regarde.
-Hmm ? Tu sembles avoir du mal à écouler tes marchandises. Mais ne t’inquiète pas, je vais t’en débarrasser.
Morlock s’approche de Tressa.
-Ces pierres m’appartiennent. Est-ce bien clair ? Enfin, si tu y tiens tellement je te permettrai d’être ma petite fourmi ouvrière. Tu me trouveras dans mon amour. Passe me voir si tu veux un vrai travail.
Il se retourne. Tressa peste un peu, en baissant la peste.
-Mouah ha ha ha ha !
Toujours en riant, Morlock par au loin. En un geste, il ordonne à Omar de prendre Ali. Omar l’attrape, et pose Ali sur ses épaules, pour le transporter plus loin.
Tressa aimerait le poursuivre alors qu’il part plus loin, mais elle sait qu’elle n’a absolument aucune chance.
(Cet homme est odieux ! De quel droit est-ce qu’il profite des gens pour se remplir les poches ? C’est une honte !)
Tressa baisse les yeux.
(Ali… Je n’approuve pas du tout ce qu’il fait… mais je suis bien d’accord avec ce qu’il a dit à Morlock.)
Elle laisse s’échapper un sourire.
(Même s’il aurait pu faire preuve d’un peu plus de diplomatie… Je dois le sauver.)
Elle redresse la tête.
(Morlock a dit que je le trouverais dans son manoir… Allons lui rendre une petite visite.)
Elle commence à marcher, mais s’arrête brusquement.
-Mais je n’aurais aucune chance, toute seule…
Elle hoche la tête.
-Direction les égouts !