Eight Travelers - EN PAUSE
Bonne lecture à tous !
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Il y a huit ans...
Tout commença dans les Hautes Terres. Ces terres rocheuses, grises, imposantes et si austères. Des terres escarpées, dangereuses mêmes pour ceux qui tenteraient de s’y rendre.
Et ces terres étaient d’autant plus dangereuses... Qu’elles étaient en guerre.
Le royaume de Cornebourg, royaume le plus prolifique et paisible des Terres Hautes, était en guerre contre un royaume voisin, dont l’histoire oubliera le nom.
La guerre faisait rage. Des cris d’hommes, des bruits de métaux qui s’entrechoquent, une odeur âcre de sang...
Mais, au milieu de cet enfer désorganisé, un guerrier se tient fièrement devant les hommes de l’ennemi, vêtus de rouge. Un guerrier lui habillé de bleu. Sous ce tissu lui formant comme une chemise en haut et une robe découpée en bas se trouvait un pantalon noir, une chemise blanche, et d’immenses manches noires lui couvrant l’intégralité du bras.
Sur ces mains reposaient des gants de métal lourds. Tout, jusqu’à ces grandes bottes noires, inspirait la puissance chez cet homme.
Une ceinture noire à ceinturon de fer porte une épée d’une forme si étrange... Elle semble droite, mais est légèrement courbe sur le bout, pour former une pointe plutôt plate.
Enfin, son regard. Brulant d’une flamme déterminée par la victoire, alors qu’ils sont noirs. Ses cheveux, entre noirs et gris, sont courts et plaqués vers l’arrière. Son visage est plutôt carré, et parcourus de cicatrices, traces de nombreuses batailles passés, malgré ses seulement 27 ans.
Mais surtout, il vient de vaincre, à lui seul, une dizaine de gardes armés, guidés par un capitaine. Celui-ci, à terre, peste :
-Par les enfers ! Est-ce un homme ou une bête ?
Quelques soldats, résistants, coururent vers le chevalier. Mais celui-ci, de quelques mouvements à peine, les abats à l’épée.
-Il est seul, mais il se bat comme dix ! Repris le capitaine
D’autres soldats arrivèrent, mais le chevalier les tuaient un à un. Un des soldats sembla avoir une réalisation soudaine, et s’écria :
-Que les Dieux aient pitié de nous... C’est la Lame inflexible de Cornebourg !
Il avait un regard terrorisé.
-Olberic Eisenberg !
Ledit Olberic avança, épée en avant.
-Ainsi, vous connaissez mon nom. Inutile donc de tergiverser. Lequel d’entre vous souhaite mourir le premier ?
Le capitaine se releva.
-C’est vous qu’allez y passer, ouais. Regardez autour de vous. Vous avez aucune chance !
Il se tourna, et montra des dizaines de gardes qui arrivaient.
-Des renforts ennemis arrivent sur le flanc gauche ! Lança un soldat ennemi
Le capitaine se figea. En effet, des chevaliers arrivèrent derrière Olberic.
-Protégez messire Olberic, soldats ! Les gardes noirs ont les coudées franches depuis trop longtemps ! Lança celui qui semblait être le capitaine de ce régiment
-Chargez ! Hurlèrent tous les chevaliers amis d’Olberic
-Bah ! Aucune importance. On en a fini ici. Répond le capitaine ennemi
Il se retourne vers ses soldats.
-Sonnez la retraite ! On se replie vers le point de ralliement !
Les soldats s’enfuirent alors. Olberic rangea son épée, et parti avec les chevaliers.
-Messire Olberic. Je craignais d’arriver trop tard. Affirma le capitaine allié
-Oh, j’étais de taille à leur résister. Repris Olberic
Il détourna le regard.
-Pouvez-vous tenir cette position ?
-Vous partez pour le camp de Sa Majesté, Messire ? Demanda le capitaine
-En effet. Notre adversaire nous a pris en tenaille et nous n’avons reçu aucun ordre de la couronne. Cela... m’inquiète. Soupira Olberic
-Sa Majesté est en sécurité, Messire...
-Je le sais. Messire Erhardt veille au grain.
Olberic sourit involontairement.
-C’est le plus habile des chevaliers du royaume. Après vous, Messire, bien sûr. Rassura le capitaine. Avec messire Erhardt à ses côtés, Sa Majesté ne court aucun danger.
Olberic secoua la tête. Erhardt... Son frère d’arme... Le seul homme de toute l’armée qui est capable de le vaincre en combat singulier...
Mais, même avec tous ces exploits en tête... Olberic n’arrivait pas à être moins inquiet. Mais était-il plus inquiet pour son roi... Ou Erhardt ?
-Peut être. Mais nous devons nous en assurer. Repris Olberic. Et je tiens à faire le point sur la bataille. De plus, un encouragement royal remonte toujours le moral des troupes.
-Fort bien, Messire. Nous tiendrons cette position. Affirma le capitaine
-Soyez prudents. Et puissent les Dieux guider vos lames.
-La vôtre également, Messire Olberic.
Olberic parti en courant vers le camp du roi, plus au nord du champ de bataille.
Mais, lorsqu’il arriva à quelques mètres à peine du camp... Il fut soudain pris de nausées abominables. Une odeur lui attaqua les narines, comme pour le forcer à vomir.
Il avança alors plus vite, et s’arrête. Les yeux écarquillés de surprise, il murmura :
-Miséricorde...
Des corps. Des dizaines et des dizaines de corps, étalés sur le sol, laissés à l’air libre avec les insectes qui leur volent autour.
Olberic courut vers l’un des corps, et l’examina. Il constata avec horreur :
-La garde personnelle de Sa Majesté... massacrée jusqu’au dernier homme. Qui a pu faire une chose pareille ?
Il se releva d’un coup, prit de panique.
-Erhardt ! Où est Erhardt ?!
Olberic se mit à courir, le plus rapidement possible, vers le camp du roi.
(Une escouade ennemie ? Leur chef, même ? Par les Dieux, qu’est ce qui a bien pu causer un tel massacre...) Pensa Olberic
Il arriva enfin devant la tente du roi. Là, il voit Erhardt. Son frère d’arme. La Lame Ardente de Cornebourg. L’exact opposé d’Olberic : Longs cheveux bouclés blonds, une tenue rouge, des yeux verts souvent vides... Et une épée fine, faisant directement écho à l’épée au bout plat d’Olberic.
Devant lui, à genoux, se trouvait le roi de Cornebourg, le roi Alfred. Un vieil homme noble et digne.
-Ainsi... c’était vous... Murmura le roi
Erhardt ne répondit rien.
-Majesté ! S’écria Olberic
Erhardt, comme pour répondre au cri d’Olberic, sorti sa lame et la tendit devant le roi.
-Erhardt ! Mais que se passe-t-il ici ?! Continu Olberic
Il fit un pas. Ce bruit fut le signal pour Erhardt. D’un mouvement précis, il abattu son épée sur le roi.
La gorge tranchée, le roi tombe au sol, mort. Son sang recouvre l’épée de sa Lame Ardente.
Erhardt regarda un peu son épée pleine de sang. D’un air presque... Fasciné.
Olberic, quant à lui, fut choqué. Bien plus qu’il ne l’a jamais été. Il trembla même un peu sous la surprise.
-Que... qu’avez-vous fait ?!
Erhardt se retourna. Il tendit son épée vers son frère d’arme. Olberic sorti son épée aussi.
-Argh ! Gémit Olberic
Alors qu’il grimaça, Erhardt sourit, et lança de sa voix si douce d’habitude... Mais qui prend ici une tournure sadique et froide :
-Seriez-vous donc aveugle ? J’ai tué le roi de mes propres mains.
Erhardt rangea son épée et recula vers le roi.
-Mais quelle est donc cette folie... cette trahison innommable ?! Essai Olberic
Erhardt laisse s’échapper un petit ricanement.
-Une folie ? Loin de là. Mais libre à vous d’y voir une trahison.
-Je vous croyais mon ami... mon frère ! Cria Olberic
Il attaqua, et Erhardt le dévia avec son épée. Olberic tomba au sol.
-Aaargh ! Il gémit
Erhardt le regarda de haut.
-Nous étions comme frères, en effet... Combien de fois avons-nous ainsi croisé le fer à l’entraînement ?
Il sourit.
-Et combien de fois vous l’ai-je répété ? J’anticipe chacun de vos coups et chacune de vos attaques.
-Tout comme je devine les vôtres ! Rétorqua Olberic
-Ah, mais vous n’avez pas encore tout vu. Il me reste une botte que je gardais en prévision de ce jour !
Olberic se relève, en rage, et vise Erhardt de son épée. Celui-ci fait de même. La Lame Ardente et la Lame Inflexible de Cornebourg croisent le fer. Les deux lames s’entrechoquent.
-Ah !
Olberic se réveille d’un coup de son lit. Il est habillé en cuir, comme un simple paysan.
Cela fait huit ans.
-Toujours ce même cauchemar... Soupire Olberic
(Même après huit ans... je ne pourrais alors jamais oublié ?)
Olberic se lève en silence. Il entend alors un bruit venant de derrière la porte.
-Ah, Philip. Que veux-tu ?
Une voix d’enfant sort de derrière la porte.
-Fichtre ! Comment vous avez su que c’était moi, m’sieur ?
Un petit garçon entre dans la sobre maison de pierre. Il est brun, vêtu de cuir sombre et d’un vêtement blanc. Ce petit se nomme Philip. Il est le plus jeune garçon du village.
-Il faut toujours rester sur ses gardes, même lorsque l’on se repose. Répond Olberic. Vois-tu, un chevalier...
Olberic hésite, mais finit par se couper. Il secoue finalement la tête.
-Non, je ne suis pas un chevalier... Je ne suis qu’un homme portant une épée, rien de plus.
-Si vous le dites, Messire. Souffle Philip. Mais y a des tas d’hommes armés d’une épée qui sont incapables de faire la moitié de ce que vous faites.
Le petit se met soudain à sourire.
-Oh, j’allais oublier ! Le chef du village vous cherche. Il dit qu’il veut vous parler. Mais il n’a pas dit de quoi.
-Va donc lui dire que j’arrive. Souffle Olberic
-Oui, m’sieur ! Je vais le prévenir tout de suite, m’sieur. Vous le trouverez sur la place. Vous savez où c’est.
Philip sort. Olberic croise les bras et se met à penser.
(Combien d’années se sont écoulées depuis la chute de Cornebourg ? Mon suzerain tué, mon pays dévasté... puis cette longue et inutile errance.)
Rien qu’au souvenir de ces actes odieux, Olberic tremble de rage et de frustration. Mais il se calme. Cela ne sert à rien de s’énerver.
(Il m’aura fallu un certain temps avant de m’installer dans ce village où je gagne désormais ma vie comme mercenaire sous un nom d’emprunt. Repousser les bandits qui s’attaquent aux villageois, apprendre aux jeunes à manier une arme... Cette vie n’est pas palpitante, certes, mais elle m’assure ma pitance.)
Il soupire mélancoliquement.
(Je n’ai connu que les champs de bataille. La valeur d’un homme comme moi se mesure à l’épée qu’il porte à son côté et à la vigueur du bras qui la manie. Alors que vaut cet homme lorsque sa lame ne peut sauver celui qu’il a juré de servir ? Voilà donc des années que je cherche une réponse acceptable à cette question. En vain, hélas.)
Olberic décroise les bras.
-Tout ce que je sais, c’est que j’ai une dette envers ce village. Une dette dont je compte bien m’acquitter.
Olberic se tourne vers la porte.
-Mais inutile de passer la matinée à ressasser tout cela. Le chef du village m’attend.
Olberic sort de chez lui, et arrive dans le village de Paveton.
Ce petit village, niché au cœur des montagnes des Hautes Terres, est le plus petit village de la région. Il a aussi un certain charme : les maisons sont en pierre grises lourdes mais étrangement chaleureuses. Il existe aussi des petits champs bucoliques avec des moutons qui broutent tranquillement leur herbe. La laine de Paveton est d’ailleurs l’unique attrait commercial du village.
Si Olberic avait décidé de partir dans ce village, c’est en très grande partie pour sa tranquillité... Mais aussi, il faut l’avouer, car quelque chose le rattache à ses montagnes sobres. C’est ici qu’il a toujours vécu, après tout.
Olberic fait quelques pas, mais se fait immédiatement arrêté par deux gardes. Enfin garde... Des paysans qui prennent les armes pour défendre le village des bandits.
L’un des deux gardes est brun, semble plus jeune, et porte du vert. L’autre, presque plus mature, à les cheveux noirs et du cuir marron pour vêtement.
-Bonjour, Monsieur ! Souffle le premier
-Patrouille matinale au rapport. Rien à signaler ! Reprend le second
-Ravi de l’entendre. Affirme Olberic
Mais il tique sur quelque chose.
-Vous êtes deux aujourd’hui ? La tournée d’inspection ne nécessite qu’un seul homme, d’habitude. Il souffle
-Oui, Monsieur. Le chef du village a jugé qu’il valait mieux. Des brigands sévissent dans les collines en ce moment. Affirme le jeune
-Un pauvre marchand s’est fait étriper pas plus tard qu’hier. Un spectacle à vous glacer le sang. Reprend le mature
-Nous vivons une époque bien troublée. On n’est jamais trop prudent. Souffle Olberic. Il parait que le chef du village veut me voir.
-Ah oui. Je l’ai entendu dire qu’il vous cherchait. Il doit encore être sur la place. Affirme le garde aux cheveux noirs
-A présent, si vous voulez bien nous excuser, Monsieur... Patrouille matinale, en avant, marche !
Les deux partent sans plus de cérémonies.
(Ils sont vraiment de bons amis, tous les deux...)
Il soupire, et se dirige vers la place du village.
(Quelle époque... J’ai l’impression que nous subissons des vols par des brigands tous les jours...)
Olberic se tourne, et jette un regard vers les montagnes. Le village étant assez haut, il permet de voir loin, très loin dans les montagnes.
Il voit brièvement un homme. Regardant l’horizon.
-Lorie... Ou peux-tu bien être...
Olberic ne fait pas plus attention à cet homme. Il le voit cependant ici tous les jours. Il doit vraiment penser à cette « Lorie ».
Pensif, Olberic arrive finalement à la place. Là-bas, il voit le chef, un vieil homme au chapeau et à la chemise bruns, avec un sympathique petit haut vert lui formant comme une cape.
-Ah, Berg. Vous voilà. Il souffle
A côté de lui se trouve une femme plutôt âgée habillée d’une robe blanche et d’un tablier rose. Elle lui souffle poliment :
-Bien le bonjour, Monsieur.
Olberic s’incline légèrement. Cette femme, il la connait assez bien ; c’est la mère de Philip après tout.
-Bonjour à vous.
Il se tourne ensuite vers le chef.
-Philip m’a fait savoir que vous vouliez me parler.
-Oui, oui. J’irai droit au but. On nous a signalé la présence de bandits dans les collines. Affirme le chef.
Olberic croise les bras.
-J’ai constaté que vous avez fait doubler vos patrouilles.
-Oui... Je comptais également vous demander votre aide.
Il soupire.
-Les villageois n’osent plus s’aventurer dans les collines de peur de croiser des bandits. Nous ne pouvons donc ni relever nos pièges ni chercher du bois de chauffe...
Le chef s’avance un peu.
-Une situation pour le moins délicate, vous en conviendrez. Insiste le chef
-Je m’en occupe. Où puis-je trouver ces malandrins ? Demande Olberic
-Je crains de ne pouvoir vous indiquer précisément où ils se cachent. J’ai bien envoyé des hommes à leur recherche, mais...
Il secoue la tête.
-En attendant, pourriez-vous entraîner la milice ? Nos hommes sont pleins de bonne volonté, mais ils s’avèrent bien incapables de faire la différence entre la pointe d’une épée et son pommeau.
Olberic hoche la tête.
-C’est comme si c’était fait.
La mère de Philip s’avance d’un pas.
-Monsieur ? Si ce n’est trop vous demander... Mon Philip pourrait-il participer à l’entrainement ?
-S’il le souhaite, il est le bienvenu.
-Oh ça, il ne demande pas mieux, croyez moi. Il me harcèle à ce sujet depuis des semaines !
-C’est un brave garçon ! Reprend le chef. Il a du cran et de l’ambition. Il s’est choisi un excellent modèle en la personne de Berg.
La mère soupire et semble regarder dans le vide.
-Mon mari est mort, vous savez... pendant la guerre... Et mon fils arrive à un âge où il a besoin d’un père...
Olberic la regarde en silence. Elle semble réaliser ce qu’elle disait, puisqu’elle se reprend immédiatement :
-Oh non ! Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire !
Olberic sourit.
-Votre fils est déjà un atout précieux pour ce village. Je serais honoré de l’entraîner.
-Vous êtes trop bon, Monsieur.
-Alors, c’est décidé. Entraîner ce garçon comme il le faut et faites en sorte que sa mère soit fière de lui. Décide le chef
-Comptez sur moi. Affirme Olberic
Il se retourne. Les deux gardes de tout à l’heure arrivent vers Olberic.
-Oh, est ce déjà l’heure de l’entrainement ?
Les deux hochent la tête.
-Sire Berg, si vous pouviez...
Olberic hoche la tête.
-Bien. Venez, et montrez-moi de quoi vous êtes capable.
C’est le garde en noir qui s’avance d’abord. Il lance à Olberic une épée, et en prend une lui-même.
Olberic se prépare à parer un coup... Qui ne vient jamais. L’autre est sur la défensive, et n’ose pas bouger.
En absence de mouvement, c’est Olberic qui fait le premier pas. Il court vers l’homme, et tente un coup frontal. Comme prévu, l’autre se protège avec son épée.
Olberic le frappe. Plusieurs fois. Mais l’autre se protège toujours. Cependant, Olberic repère la faille. Un coup rapide dans les côtés, et le noir tombe à terre.
-Ça sert à rien, Monsieur. On est pas de taille face à vous ! Lance le garde, à terre
-Vous hésitez trop. Répond Olberic. Se protéger est important, c’est vrai... Mais vous ne l’emporterez jamais s’il vous manque le courage de frapper.
-Si vous le dites...
Olberic se tourne vers l’autre. Il semble déterminé.
-Bien, à vous.
-Oui.
Il prend l’épée de son camarade, et fonce d’un coup vers Olberic. Celui-ci se défend.
Mais l’autre continu. Il attaque. Encore et encore.
Olberic sourit. Il y a une ouverture sur la gauche. Il l’exploite sans hésitation. Le jeune tombe au sol.
-Rhaaa... ! Je me suis encore fait avoir. Peste le garde en vert
-Quant à vous, vos attaques téméraires offrent trop d’ouverture à l’adversaire. Souffle Olberic. Voilà pourquoi la moindre contre-attaque a raison de vous. N’oubliez pas qu’il faut trouver l’équilibre en toute chose.
-L’équilibre, pigé. Je tâcherai de m’en souvenir, Monsieur.
Olberic l’aide à se relever. L’autre est déjà debout. Il sourit, et leur affirme :
-Cela étant dit, si vous combattez côté à côté, vous devriez très bien vous compléter l’un l’autre.
-C’est exactement ce que je me disais, Monsieur. Affirme le garde vert
-On serait plus efficace ensemble que séparément, pas vrai ?
-Qu’est-ce que t’en dis, l’ami ? On fait équipe ?
-Deux têtes valent mieux qu’une, hein !
Les deux amis sourient.
(Ils sont si...)
-Quelque chose ne va pas, Monsieur ? Demande le garde en noir
-Comment ? Non, tout va bien. Désolé. Sort brusquement Olberic
Devant les regards inquiets et confus des gardes, il se dépêche de reprendre :
-Excellente idée. Entrainez-vous ensemble et vous deviendrez un jour des soldats dignes de ce nom.
Les gardes sourient.
-Entendu ! Souffle le vert
-Dans ce cas, si vous le permettez, on va partir tous les deux en patrouille. Reprend le marron
-Bonne idée. Allez-y.
Les deux gardent partent.
-M’sieur ! A moi, s’il vous plait !
Olberic se retourne. Derrière lui, Philip vient d’apparaitre, armé d’une épée en bois, l’air déterminé.
-Tu n’es pas encore prêt. Travaille plutôt tes positions.
-Oooh... Soupire Philip
Olberic sourit devant ce caractère si déterminé.
-Fais les exercices que je t’ai montrés et nous nous entrainerons bientôt ensemble. Tu as du talent, petit.
-C’est vrai ?
Olberic hoche la tête.
-Rares sont les garçons de ton âge capables d’apprendre aussi vite à manier l’épée. Et j’en ai entrainé plus d’un, crois-moi.
-Fichtre ! M-merci, m’sieur.
Philip sourit.
-Mon père... Il... il n’est plus parmi nous, vous savez... Il est mort à la guerre.
-C’est ce qu’on m’a dit. Souffle Olberic
-C’est ma mère qui s’occupe seule de moi maintenant, m’sieur. Mais bientôt... bientôt, je serai un homme ! Et ce sera mon tour de m’occuper d’elle !
Olberic sourit.
-Elle a de la chance d’avoir un fils aussi courageux.
-C’est pour ça que je veux devenir plus fort, m’sieur ! Je dois protéger ma mère et le reste du village. Après tout ce qu’elle a sacrifié pour moi, c’est le moins que je puisse faire !
Olberic reste en silence quelques instants.
(J’ai eu moi aussi quelqu’un à protéger, autrefois...)
-M’sieur ?
Olberic secoue la tête.
-Ce n’est rien. Juste de vieux souvenirs. Continue à t’entrainer et tu seras bientôt un homme digne de ce nom, petit.
-Comptez sur moi, m’sieur !
-Aaaaaaaaahhh !
Les deux hommes se retournent. Un homme complètement paniqué, un simple fermier, court dans leur direction.
-Des brigands ! Ils nous attaquent ! Il crie
Olberic avance d’un pas. L’autochtone s’arrête, et reprend à peu près son souffle.
-M-monsieur Berg ! Des brigands ! Ils viennent des montagnes !
Olberic n’attend pas, et court vers la sortie nord du village, donnant directement sur les montagnes.
Là-haut, quelques brigands se battent contre les deux gardes qu’Olberic vient d’entrainer. Les brigands sont hélas plus nombreux... Au moins le double, voir le triple.
-Bah ! Ces bouseux savent pas à qui ils ont affaire. S’écrie un brigand
-On est plus nombreux qu’eux ! Encerclez-les ! Lance un autre
-Etripez-les avant que le patron découvre qu’on a été ralentis par des pouilleux ! Termine un troisième
-Essayez un peu, sales brutes ! Lance le jeune vert
-Vous ne passerez pas ! Rétorque l’autre
-Maudits soient ces culs-terreux ! Ils savent se battre ! Continu un autre brigand
Olberic arrive enfin. Il a pris son épée, sa fidèle épée, qui l’accompagne depuis déjà des années, dont la pointe est reconnaissable entre mille.
-Monsieur ! S’écrie-le garde aux cheveux noirs
-Beau travail. Vous avez fait ce qu’il fallait pour les tenir en respect. Souffle Olberic. Laissez-moi me charger du reste.
-Non, mais t’es qui, toi, au juste ? Provoque un brigand
-S’il s’imagine qu’il va nous mettre la pâtée à lui tout seul, c’est un cinglé de première. Provoque un autre
Olberic sort son épée, et reste en silence.
-T’en as une jolie petite épée, dis donc ! Lance le brigand semblant les commander. J’en connais un rayon sur les chevaliers errants, tu sais. J’en ai zigouillé des tas, et des plus coriaces que toi.
-Je t’assure... Je le sens pas, celui-là. Souffle un autre
-Vous avez tous les deux raison. Coupe Olberic. Je ne suis qu’un simple chevalier errant et mon nom n’a aucune importance.
Olberic fronce les sourcils.
-Mais si vous êtes venus chercher les ennuis... vous allez les trouver.
-Boucle-la ou je te coupe la langue ! Provoque un brigand
-Assez discuté ! On va l’embrocher ! Fait l’autre
Les trois gardes arrivent vers lui. Olberic n’hésite pas. Il fonce aussi.
Il abat son épée dans le ventre du premier brigand. Un autre tente de le frapper au visage. Olberic se protège de son bras. Et il l’attaque. Un troisième arrive vers la droite. Un coup, et il est au sol.
Trois gardes arrivent d’un coup. Mais Olberic se prépare. En une seule taillade horizontale, les trois tombent au sol.
Les brigands sont vaincus.
-Toi... Souffle un brigand au sol. Toi, tu sais te servir d’une épée, pour sûr. Mais on a pas dit notre dernier mot, ça non.
-Attends seulement que le patron apprenne ce qui s’est passé. T’es un homme mort, t’entends ?
-On verra ça le moment venu... Provoque Olberic
-Au secours ! Mon fils !
-Lâchez-moi, espèce de sale.... gnnnn !
Olberic se retourne. Il croit bien reconnaitre ces voix...
-Hum ?!
Les brigands s’enfuient. Olberic se tourne, et voit la mère de Philip, en pleurs, accompagnée de chef du village, des deux gardes du village qui étaient là, et de leur capitaine.
-Monsieur Berg ! Ils... Ils me l’ont enlevé !
Olberic étouffe un cri de surprise.
-Mon pauvre Philip... Il essayait de me protéger, mais ces... ces sauvages... !
-Malédiction ! Crache Olberic
Le capitaine de la garde baisse un peu la tête.
-Pardonnez-moi... Ils étaient si nombreux, et...
-Cela n’a plus aucune importance ! Il faut sauver le garçon ! Coupe le garde vert
-On sait ou les trouver, maintenant. Ils se terrent dans une grotte en plein cœur des montagnes. Reprend le garde marron
-Alors, allons-y ! Les Dieux seuls savent ce qu’ils comptent faire de lui... Reprend le jeune garde
-Attendez. Souffle Olberic
-Mais m’sieur ! Il faut intervenir ! Ils risquent de tuer le petit ! Continu le vert
-Si vous partez, qui protégera les femmes et les enfants lorsque les voleurs reviendront ? Non... Vous feriez ainsi exactement ce qu’ils espèrent vous voir faire.
-Par tous les Dieux... Y a donc rien à faire, m’sieur ?
Olberic ne réfléchit qu’une seule seconde.
-Je vais partir à la recherche du garçon.
-Seul ?! Mais ms’ieur, même vous... ! Commence le garde défensif
Olberic se retourne.
-Restez ici pour défendre le village. Au moins jusqu’à ce que vous soyez sûrs qu’ils ne reviendront pas. Affirme Olberic
-Chef ?! Souffle la mère de Philip
-Vous êtes le seul espoir de ce garçon, Berg. Vous êtes notre seul espoir. Pouvons-nous compter sur vous ? Demande le chef
-C’est comme si c’était fait. Reprend Olberic
-Par pitié, Monsieur ! Ramenez le moi sain et sauf ! Supplie la mère
-Vous avez ma parole.
Olberic court, et part sans plus attendre dans les montagnes.
-Bien, je dois absolument trouver ce camp.
En marchant, il pense :
(Philip... Pourquoi as-tu fait une chose pareille... Tu es bien trop jeune et impulsif... Mais... J’aurais peut-être dû l’entrainer, moi aussi...)
Alors qu’il peste contre le garçon et contre lui-même, il entend une voix qui le coupe dans ses pensées.
-Mais où sommes-nous...
-Je vous l’avais dit qu’il fallait que j’en prenne une autre !
-Thérion, avec toi, le verbe prendre prend un tout autre sens...
-Et ? On ne serait pas perdu dans les montagnes !
-Calmez-vous enfin ! Qu’ils sont bruyants...
-En effet.
Olberic avance un peu, et tombe sur un groupe de six personnes et de deux bêtes. Un groupe très coloré. Il voit notamment une prêtresse se tourner vers lui.
-Oh ! Un villageois !
-... Que faites-vous ici ? Il y a de nombreux brigands sur cette route... Demande Olberic
-Nous savons nous défendre. Mais dans ce cas, qu‘est-ce que vous faites ici ? Demande une jeune femme ressemblant à une chasseuse
-Je viens chercher un jeune garçon. Souffle Olberic
La dernière jeune femme, vêtue de rouge et assez légèrement, lance :
-Vous voulez dire, comme celui que des hommes ont amené à l’instant ?