NiGHTS : Before the Dreams
Lunington était l’un de ces petits villages d’Écosse où tout le monde connaissait tout le monde. Bien qu’isolé de la civilisation, il était en quelques sortes célèbre pour son Beffroi.
Le Beffroi de Lunington.
Il était assez particulier. En effet le bâtiment était plus élevé que la moyenne. Beaucoup pensait qu’il était si grand et si haut dans le ciel, que ce dernier serait capable de toucher la Lune.
Comme tout clocher, il possédait une horloge sur chacune de ses faces. Mais pas n’importe quelles horloges. Ces cadrans étaient en réalité des cadrans astronomiques. Et ça n’était pas tout. A toute heure, le clocher sonnait gaiement l’air d’une comptine, d’une petite chansonnette et pas ce tintement de cloche si habituel.
Concernant le village en général, il était plutôt peuplé. Il y avait, commerces, écoles, activités sportives. Pas besoin de parcourir les nombreux kilomètres qui séparaient Lunington de la grande ville pour subvenir à différents besoins.
Toutes ces caractéristiques faisaient de ce village, un havre de paix mais aussi un lieu touristique très côté.
Dans sa chambre lavande, une petite fille fixait par la fenêtre le grand Beffroi, avec grande admiration. D’une main, elle s’amusait à enrouler une mèche de ses cheveux bruns. Elle était silencieuse et se contentait d’admirer de ses grands yeux verts, la vue qui s’offrait à elle.
Elle bailla un coup, puis se frotta les yeux. Sa nuit avait été rude. Pas de cauchemars, mais un rêve bien étrange. Elle avait rêvé qu’elle était Alice et que c’était elle qui se retrouvait dans le Pays des Merveilles.
Elle adorait ce conte. Quel enfant ne rêvait pas d’aller dans un monde imaginaire ?
Mais quelque chose l’avait quelques peu effrayé. Elle se souvint s’être réveillée plusieurs fois dans la nuit, comme si son cerveau lui sonnait l’alarme. Mais elle ne savait pas le pourquoi du comment.
La petite fille soupira et se hâta à son bureau, où elle sorti un petit carnet de notes à spirales.
« Journal de Rêves »
Elle avait pris pour habitude de noter tous les rêves dont elle se souvenait. Elle trouvait que cela l’aidait à faire travailler son imagination et ainsi à être plus créative. Après tout ça fonctionnait ! Sa chambre était remplie de dessins en tout genre, de notes et d’histoires sans queue ni tête. Mais tant qu’elle comprenait tout ce bazar, cela lui convenait.
Elle se hâta à noter son rêve et acheva son écrit juste à temps.
« -Cassie ma chérie, il est l’heure d’aller à l’école ! »
Cassie regarda son radio réveil. Il affichait huit heures moins dix.
« -Oh non je vais être en retard…Encore. »
Elle laissa échapper un soupir d’exaspération. C’était une plaie pour elle d’aller à l’école. Mais elle n’avait pas le choix, il fallait y aller.
En catastrophe, elle se chaussa de sa paire de tennis couleur pêche, enfila en quatrième vitesse son grand cardigan rose et pris son sac à dos, où elle fourra en vitesse trois crayons, un cahier, son journal et son carnet à dessins.
Elle dévala les escaliers aussi vite que possible jusqu’à ce que sa mère se mette en travers de son chemin, ce qui l’arrêta net.
« -Maman laisse-moi passer je vais être en retard ! » dit-elle en sautillant frénétiquement.
« -Chérie, tu as dix ans et tu n’es toujours pas capable de vérifier l’heure sans que je te prévienne. » Lui répondit sa mère.
« -Pardon maman, j’avais la tête ailleurs… » Elle fixait maintenant ses baskets.
Sa mère ne put s’empêcher de rire et de lui déposer un baiser sur son front.
« -Comme toujours ma Cassie… »
La petite se frotta le front, faussement gênée et fila le plus vite possible dehors. Elle ne s’arrêta pas de courir, dévalant les rues. A cette heure-ci, seuls les anciens étaient de sortie puisque les adultes étaient au travail et les enfants à l’école.
Cassie était si pressée qu’elle n’avait pas prêté attention à l’ombre qui la suivait depuis quelques temps déjà, avec grande attention.
« -Oh madame Moïra !!! »
La petite freina aussitôt, pile devant celle qu’elle avait aperçue.
« -Et bien Cassie tu n’es pas censée être à l’école ?
-Je m’y rends justement !!
-Bien alors je ne te retiens pas plus, ma grande » Lui dit la vieille dame, tout sourire.
Mais Cassie se mit à sautiller à nouveau mais cette fois-ci d’excitation.
« -Oh madame Moïra, vous avez vu quelque chose au sommet du Beffroi hier soir ?! »
L’ombre, cachée tout près des deux femmes, déglutit de peur en entendant Cassie. Moïra elle, fut pris d’un fou rire.
« -Tu es encore avec cette légende n’est-ce pas ?
-Oh mais comprenez-moi, elle est si fascinante ! Je la connais plus que par cœur, vous savez !
-Vraiment ? »
Cassie reprit sa respiration.
« -Oui ! Selon les plus anciens de Lunington il paraîtrait que toutes les nuits, une mystérieuse créature jouerait de la flûte tout au sommet du Beffroi !
-Oui pour attirer les petits enfants et les emmener dans une grotte pour ne plus jamais revenir…
-Oh…Mais non pourquoi penser de telles choses… ?
-C’est pourtant ce qu’est la légende.
-Oh… »
Cassie s’était calmée, déçue. Moïra lui répétait toujours cela mais elle n’arrivait pas à accepter cette possibilité.
« -Bon sang Cassie, file à l’école où ta mère va encore faire des siennes. » Lui dit-elle d’un ton doux.
Elle écarquilla les yeux. L’école ! Elle avait complètement oublié cela ! Elle remercia sa vieille amie et repprit sa course folle jusqu’à l’école.
« -Ah les jeunes… ».
Cassie arriva à destination à huit heures quinze, précisément. Quinze minutes de retard…Elle soupira, essoufflée et angoissée.
« -Mademoiselle Jones, va finir par me détester encore plus… »
Elle arpenta les couloirs blancs de l’école le plus discrètement possible. A chaque fois qu’elle les traversait, elle ne pouvait s’imaginer dans un hôpital où bien un asile. Les couloirs étaient si sombres et vides qu’elle avait peur qu’un monstre survienne d’un coup, pour l’attraper et la dévorer toute crue. Encore son imagination qui faisait des siennes.
L’écolière s’arrêta devant une porte de couleur menthe, et frappa timidement à la porte, se refermant sur elle-même.
Ce fût sa Maîtresse qui lui ouvrit la porte, plutôt mécontente. Cassie entra tête baissée dans la classe, face à la vingtaine de paire d’yeux qui la regardait avec insistante.
« -A nouveau une panne de réveil miss Horeira ?
-Non, mademoiselle Jones… » Murmura Cassie, tout en s’installant timidement à sa place, situé à l’avant-dernier rang, tandis que plusieurs élèves se moquaient d’elle.
« -Cassie ça n’est pas contre toi, mais il serait temps que tu te prennes en main et que tu arrives à l’heure, surtout que ton niveau est loin d’exceller celui de la classe.
-Je sais mademoiselle Jones… » Continuait-elle de répéter tout bas.
« -Très bien. Donc, nous parlions du Moyen-Age. »
La leçon fut difficile à suivre. Cassie avait la tête ailleurs. Elle faisait l’effort de prendre des bouts de cours, mais ses notes n’avaient aucun sens.
« Elle me déteste, tout le monde me déteste, je suis nulle, une bonne à rien » Se répétait-elle, silencieusement dans sa tête.
L’ombre qui la suivait depuis le début, Fallen, était cachée dans les buissons et n’était qu’à quelques mètres de la salle de classe dans laquelle se trouvait Cassie.
« -Le Maître ne sera pas déçu, elle est absolument parfaite. » se disait-elle.
Malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe d’empathie envers la petite humaine. Elle n’avait jamais vraiment pu s’intéresser à un Visiteur d’aussi près. Wizeman devait avoir de très bonnes raisons pour lui avoir ordonné de surveiller cette petite en particulier, même si elle ne voyait pas à quoi servirait des Ideyas brisés. Ils ne valaient rien après tout ? Où peut-être que ses connaissances étaient trop limitées.
« Fallen ! »
Elle sursauta. Elle sorti un petit miroir de poche et l’ouvrit. Mais à la place de voir son reflet, Fallen vit le reflet de son très cher confident.
« -Oh, oui Selph ? »
Car oui, Selph avait cette capacité de voyager dans les miroirs ce qui était une sorte de moyen de communication très utile.
« -Le Maître attends des nouvelles.
-Et bien dis lui que tout se déroule à merveille, et que sa cible est parfaite. »
Elle lui adressa un sourire chaleureux, que Selph lui rendit avant de disparaitre progressivement.
***
La fin de l’école arriva finalement, plutôt vite. Cassie fut l’une des dernières à sortir, sa maitresse l’ayant retenue un petit moment.
« -Cassie, si tu as des soucis tu peux m’en parler tu sais.
-Tout va très bien mademoiselle Jones, je suis très heureuse. »
Elle l’avait dit en étant sur la défensive, comme si elle se sentait attaquée. Elle était ensuite sortie au plus vite, sa mère l’attendant à la sortie.
Elle grimpa à l’arrière de la voiture, comme surexcité de rentrer chez elle.
« -Alors cette journée ?
-Superbe, comme toutes les autres » Avait-elle répondue du tac au tac.
Sa mère la regarda au travers du rétroviseur comme inquiète, tandis que sa fille lui faisait un grand sourire.
« -Maman s’il te plait démarre, tu sais que Dollina n’aime pas être toute seule !
-Tu joues encore avec cette poupée ? Cassie allons…
-Maman allez rentrons ! »
Sa mère soupira et démarra en direction de leur maison. Le trajet ne fut pas long. Cassie l’avait passé en chantonnant la mélodie de tout ce qui passait à la radio, ce qui avait fait rire sa mère.
Une fois arrivée, elle fila au plus vite dans sa chambre. Dollina, sa poupée de porcelaine l’attendait bien sagement sur son lit.
Cassie était sûrement trop grande pour jouer à la poupée. Mais c’était son père qui le lui avait offert.
Ses parents étaient divorcés et elle ne voyait que très peu son père. Alors elle comblait ce manque avec Dollina.
Elle adorait cette poupée, avec ses cheveux bouclés et ses lèvres en forme de cœur.
Elle discuta dans le vide pendant quelques minutes avec elle, puis s’attela à faire ses devoirs. Mais elle n’avait pas envie de les faire alors elle nota vaguement ses exercices et rangea ce maudit cahier de cours.
Elle se tourna les pouces pendant un petit moment, jusqu’à ce que sa mère l’appelle pour dîner. Elle lui avait préparé des épinards à la crème et des œufs au plats, ce que Cassie aimait beaucoup, ce qui était étonnant pour une enfant de son âge.
Elle souhaita brièvement une bonne nuit à sa mère, et après s’être lavée et vêtue de son pyjama, Cassie ouvrit la fenêtre de sa chambre et s’installa sur sa banquette pour à nouveau observer le paysage.
Elle n’attendait qu’une chose : Voir cette créature sur la pointe du Beffroi. Elle se laissait caresser le visage par cette douce brise de Printemps, tandis qu’elle commentait la vue dans sa tête.
Elle resta comme cela pendant une heure, et s’avoua à nouveau vaincue par le sommeil et décida donc d’aller se coucher.
Quant à Fallen, elle l’observait depuis le rebord de la fenêtre, pendant quelques minutes, avant de retourner dans la Night Dimension.
Elle avait beaucoup de choses à faire.