Red Memories / Tome 2 : Tigre, tigre...
- Daniel, commença Ducky, j'ai des informations très importantes pour toi, viens tout de suite.
- J'arrive.
Elle poussa un ouf de soulagement, enfin une occasion de sortir Patrick de la salle d'interrogatoire. Cowls et le Directeur avaient tous deux tournés la tête vers elle, attendant une réponse à leurs regards inquisiteurs.
- Ducky veut me voir en salle d'autopsie.
- Parfait, marmonna le Directeur. Sortez-moi Jane de là, emmenez-le avec vous, et arrangez vous pour qu'il ne remonte pas. Agent Cowls, vous prenez la place de Jane.
Le jeune agent fit un signe de tête tandis que Daniel passait à ses côtés, sentant le regard de Vance peser sur ses épaules. Elle le savait dans une colère noire, la crispation de sa main sur sa canne ne faisait que renforcer le malaise déjà présent. Daniel ouvrit la porte de la salle d'interrogatoire, seul Patrick ne tourna pas les yeux vers elle :
- Ducky nous demande en bas, Patrick.
Après avoir adressé un dernier regard au suspect, il se leva, et laissa Cowls refermer la porte de la salle derrière lui.
Salle d'autopsie, QG du Ncis - 20h15.
L'ascenseur descendait au troisième sous-sol, mais l'atmosphère entre Daniel et Patrick était déjà glaciale. Pas un regard, pas un mot, depuis leur sortie de la salle d'interrogatoire. Daniel ne savait même pas quoi lui dire, ce n'était pas la première -et sûrement pas la dernière- fois qu'il lui désobéissait. Il semblait de ne pas avoir conscience des risques qu'elle encourait, ou simplement de son rang de chef d'équipe. On aurait dit qu'il la considérait uniquement comme son épouse, et qu'il oubliait qu'elle avait des responsabilités. Entre la colère et le désespoir, elle se risqua à lui faire une remarque :
- Je t'avais pourtant dis de ne pas y aller...
Il se contenta de faire "oui" de la tête, ce qui eut pour effet de la mettre vraiment en colère. Tout comme le faisait Gibbs, elle arrêta l'ascenseur en cours de route. Dans la lumière bleutée, elle se rapprocha de Patrick :
- Tu ne te rends pas compte que je peux perdre ma place à cause de tes idioties ?
- Vance ne te renverra jamais.
- Ah bon ? Pourtant il y a quelques minutes il était prêt à m'envoyer trier les archives !
- Il ne fera pas ça parce que tu es trop importante dans l'affaire Gibbs.
Ce nom la fit frissonner, elle hésita entre éclater en sanglot ou continuer calmement :
- Ne... Ne parle pas de ça, s'il te plaît... J'aimerais qu'à l'avenir, tu prennes un peu plus conscience de ce que tu fais.
- Tu es énervée parce que Tony t'as donné de mauvaises nouvelles, avoue-le. Vous êtes tous frustrés parce que vous n'avez pas pu le sauver à temps.
La colère montait en Daniel, pour la première fois, son envie de le frapper allait devenir réalité. Ces paroles blessantes faisaient remonter des souvenirs pénibles, la nuit, la tempête, le pont du bateau, les cris...
- Tu n'étais pas là, et ce n'est pas le sujet maintenant. Pour y revenir, soit tu arrêtes de me désobéir, soit je t'enferme à double tours dans un placard à balais pour le restant de cette enquête. Et pas de commentaires.
Elle fit repartir l'ascenseur. Au changement de lumière, Patrick remarqua que les yeux de Daniel étaient brillants de larmes par sa faute. Elle ne répondit pas à son regard, fixant les portes grises en métal devant eux. L'ascenseur s'ouvrit dans le couloir blanc qui menait à la salle d'autopsie. Les portes coulissantes s'ouvrirent et ils virent Ducky assit devant son bureau, triant des papiers.
- Tu as quelque chose pour moi, Ducky ?
L'espace d'une seconde, il crût entendre Gibbs. Cette réaction le fit sursauter, mais il constata que ce n'était que Daniel et Patrick, dans l'embrasure des portes.
- Ah , vous voilà. Daniel, je vais tout t'expliquer, assieds-toi là.
Elle s'assit sur la première table d'autopsie, Patrick derrière elle. Ducky commença ses explications, papiers en main.
- J'ai analysé les lettres que ton suspect avait adressé à cette jeune femme. De toute évidence, il n'acceptait pas la rupture, et lui en voulait particulièrement pour ça. Il mentionne diverses menaces, mais plus sous le coup de l'émotion.
- Tu crois qu'il ne les pensait pas vraiment ?
- Oui je le crois. Je pense qu'elle était une sorte d'idéal pour lui, il était obsédé et ne pouvait pas se passer d'elle. Il a put considérer la rupture comme une trahison.
- Mais jusqu'où serait-il allé pour ça ?
- En réalité, cette jeune femme était tout ce qu'il avait de plus cher au monde. Le mode opératoire de John le Rouge est beaucoup trop violent, beaucoup trop cruel. Même s'il était dans une colère noire, il n'aurait jamais mis ses menaces à exécution...
- Donc... tu penses qu'il ne l'a pas tuée ?