Red Memories / Tome 1 : Tainted Love
Patrick ne prit même pas le temps de respirer, tout défilait à la vitesse de la lumière dans sa tête : le smiley, le sang, la peur, Daniel, Shanna, la mort... Il priait presque à voix haute tant l'angoisse lui serrait les tripes. Il débarqua, en hurlant, au milieu du bureau de Gibbs comme une bombe :
- Stop ! Tout le monde s'arrête ! Qui est le traître ?!
- Et où tu étais toi ? questionna Daniel.
Il fut soulagée de la voir et la serra fort contre lui pour apaiser une partie de sa peur.
- Jane ? demanda Lisbon. Mais qu'est-ce qui vous arrive ?
- John le Rouge est ici ! Abby est formelle, il utilise un de vos ordinateurs !
- Mais c'est impossible ! protesta McGee. On l'aurait vu entrer !
- Parce que tu sais à quoi il ressemble, McGuignol ? lança Tony.
- Je monte chez le Directeur ! s'exclama Gibbs en prenant la direction des escaliers.
- Moi aussi ! continua Patrick en le suivant.
Ils montèrent les marches quatre à quatre et défoncèrent à moitié la porte d'entrée sans prendre le temps de frapper. Gibbs se jeta sur le Directeur :
- John le Rouge est ici, bouclez toutes les entrées et sorties !
- Papa ! s'exclama Shanna en descendant du canapé pour se blottir contre les mollets de Patrick.
- Ma chérie ! Dieu soit loué, tu vas bien !
- Gibbs, que se passe-t-il ? questionna calmement Vance.
- John le Rouge est dans nos locaux, verrouillez tout !
- Mais comment a-t-il put...
- Les ordinateurs, lui répondit Patrick. Il a très bien put se faire passer pour quelqu'un ou alors il a un complice.
Vance décrocha son téléphone, prévint tous ces agents de sécurité de se mettre sur le qui-vive et de condamner tous les moyens d'accès au QG. Il n'eut même pas le temps d'en savoir plus car Patrick et Gibbs étaient déjà redescendus, le laissant seul avec Shanna.
QG du NCIS, 22h45.
Cela faisait plusieurs heures que le blocus du NCIS avait été établit. L'équipe de Gibbs et Lisbon, avec l'aide précieuse de Nash et ses coéquipiers, s'étaient relayés pour les interrogatoires et avaient déjà put éliminer une bonne vingtaine de suspects. Abby examinait les vidéos de surveillance de la matinée, quant à Ducky, il tentait d'établir le profil psychologique de John le Rouge à partir du dossier envoyé par le CBI. Confortablement installé au bureau de Gibbs, il partageait son analyse avec Daniel, qui était formellement interdite d'interrogatoire.
- Ça fait combien de temps qu'on est là ? demanda Daniel, submergée de fatigue.
- Deux heures, lui répondit Ducky. Je suis désolé de t'imposer toutes mes réflexions, je dois t'ennuyer, n'est-ce pas ?
- Mais non... Faute d'un diner en amoureux, j'ai le portrait d'un serial killer...
Le docteur Mallard lui rendit un sourire, ils se tournèrent vers Shanna, qui dormait sur le fauteuil de McGee, une veste lui servant de couverture.
- Comment peut-on arriver à faire des choses pareilles, Ducky ?
- La haine est un bon mobile. La vengeance aussi, parfois... Ou alors c'est que cet homme, a une grande pathologie psychologique, voire même le gène du tueur.
- Parce qu'il y aurait un gène pour ça ?
- Ce n'est qu'une hypothèse émise par certains scientifiques... Mais elle expliquerait beaucoup de cas... Grand Dieu, plus j'étudie ce dossier, plus j'ai l'impression de lire un nouveau Charles Manson...
- Sauf que Charles Manson n'agissait pas lui-même. Certes, cela reprend plusieurs procédés... L'éviscération, les mots écrits avec le sang, la signature... Mais John le Rouge n'a pas de secte.
- Officiellement. Qui te dis qu'un petit esprit, qui aurait entendu parler de cela à la télévision, n'ai pas eut l'envie de faire pareil ?
- C'est bien cela qui fait le plus peur... Nous sommes entourés de tueurs potentiels...
- Et oui, hélas... Je suis persuadé que Patrick le retrouvera. Il a le même regard que Gibbs dans ces moments-là. Et crois-moi, quand Gibbs a perdu Shannon et Kelly, je suis sur et certain qu'il aurait poursuivit leur assassin jusqu'au fin fond de l'enfer. Si John le Rouge a peint les ongles de Sarah Jane avec son sang, c'était bien pour faire comprendre une chose à Patrick, car elle seule a eut cette marque.
- Et quoi, à ton avis ?
- Qu'il était le plus fort, qu'il avait déposé sa marque sur sa femme et que de ce fait, il l'avait emporté sur Patrick qui l'a provoqué.
Daniel poussa un profond soupir et retomba en arrière sur son siège.
- Comment te sens-tu ? s'inquiéta Ducky.
- Sous analgésiques... Je n'ai pas mal... Enfin, pas beaucoup...
- Que t'ont-ils donné ?
- Du Fentanyl... En comprimé...
- C'est très puissant ! Fais bien attention, Daniel, tu ne dois en prendre qu'un par jour, autrement, tu finiras droguée.
- Ne t'en fais pas, docteur Mallard, je fais attention. J'ai des personnes qui comptent sur moi... Tiens, la fine équipe est de retour...
Ducky constata que les trois équipes revenaient de leurs séances d'interrogatoire. Ils se groupèrent autour de Daniel et Ducky, essayant de parler bas pour ne pas réveiller Shanna. Gibbs prit la parole au nom de tous :
- Bon... Apparemment, nous avons à faire à un fantôme ou un infiltré.
- Ou alors il est déjà parti, remarqua Patrick.
- Les caméras de surveillance n'ont rien donné, reprit Gibbs, nous sommes revenus au point de départ. Alors, Ducky, ce profil ?
- Il est très complexe, Gibbs, vraiment. On peut penser qu'il s'agit d'un fou furieux, qui ne tue que pour le plaisir, mais c'est au contraire un génie, selon moi. Il agit de façon méticuleuse et veille à ne laisser derrière lui que sa signature. Depuis qu'il a Patrick en ennemi principal, il joue avec lui, comme avec une marionnette. On pourrait aussi assimiler cela au jeu du chat et de la souris. Il peut s'en prendre directement à des personnes qui sont chères à Patrick, comme il peut s'abattre sur une personne qui n'a qu'un infime lien.
- Comme l'ancien officier Marin ?
- Oui mais ici, je pense que c'est plutôt une menace envers Daniel malheureusement. Bien qu'elle n'est jamais servi chez les Marins, elle veille à leur protection, dans un certain sens. Il ne veut peut-être pas tuer une fois encore la personne que vous aimez, Patrick, mais peut-être juste vous faire peur.
- John le Rouge fait peur avant de tuer, lança Patrick avec aplomb. C'est comme si je sentais sa présence...
- Quoiqu'il en soit, conclut Ducky, je suis quasiment certain qu'il va recommencer.
- Peut-être, constata Harvey, mais il aura la moitié d'un bataillon à ses trousses.
Des bruits d epas se firent entendre derrière eux, Abby arrivait avec un plateau rempli de gobelets.
- Salut tout le monde ! J'ai apporté les cafés demandés.
- Abby, t'es un ange ! s'exclama Tony en prenant son gobelet.
- Ne m'insulte pas ! lui répondit-elle en le frappant derrière la tête. Daniel, café ?
Abby réalisa trop tard qu'elle venait sans doute de dire une bêtise. Après tout, si Daniel avait faillit mourir, c'était bien à cause d'un stupide café... Gibbs se racla discrètement la gorge, le reste de l'assistance baissa les yeux.
- J'ai arrêté, dit finalement Jones. Mais c'est gentil d'avoir pensé à moi.
- Excuse-moi, je t'ai peut-être...
- Non, t'inquiètes pas.
- Mais t'en es sûre ? Parce que ça ferait de la peine de t'avoir fait revivre, mentalement bien sûr, tout ce uqe tu viens d'endurer et vraiment si je t'ai...
- Abby.
- Pardon.
- Et avec les caméras ? Quelque chose ? demanda Gibbs pour changer de sujet.
- Que dalle... Pourtant, j'ai tout passé au peigne fin...
- Bah, si on ne sait pas à quoi il ressemble de toutes façons, on aura aucune de le coincer, lança Cho. C'est vrai, il a pas une étiquette de visiteur où il y a écrit "John le Rouge"...
- Une étiquette, répéta Patrick. Mais oui, une étiquette !
Ils s'échangèrent tous des regards interrogateurs.
- Et si tu faisais partager ? continua Daniel.
- Il avait pris pour pseudo "Agent spécial Rosso", il avait peut-être une étiquette à son nom !
- Il n'y a aucun agent Rosso à cet étage...
- Mais pas forcément du NCIS ! S'il s'est présenté comme visiteur, il peut se faire passer pour n'importe qui !
Un climat d'illumination divine planait au-dessus de la tête de Patrick alors que tous les autres essayaient de comprendre, surtout Abby qui avait eut beau tourner et retourner les images sans rien trouver...
- Ça veut dire qu'il nous espionne depuis le début, lança McGee. Si ça se trouve, il est n'importe où, il est peut-être même plus au NCIS...
- T'as toujours un temps de retard ou c'est parce que là tu es, il y a moins de réseau qu'ailleurs, McQuiche ?
Au moment où des pouffements de rires se faisaient entendre, il y eut une coupure de courant qui les plongea dans le noir complet. Ce qui les étonna le plus, ce passa sur l'écran plasma où un texte s'afficha en rouge, en majuscules, sur le fond noir : "PEEK-A-BOO". Ils n'eurent pas le temps de s'étonner plus longtemps : la grande baie vitrée qui donnait sur l'extérieur fut criblée de balles...